Soutenir l’investissement et la structuration des représentations du corps en psychomotricité 

Les bases neurophysiologiques

A la naissance, l’enfant ne dispose pas d’une structuration corporelle telle qu’on la connaît chez l’adulte. Il possède un système nerveux immature qui ne lui permet pas d’être dans une organisation motrice contrôlée et volontaire. Cependant, il est dôté de matériels neuro-physiologiques innés, lui offrant les potentiels de bases essentiels à son développement psychomoteur.
Si cet équipement est touché par une pathologie neurologique, une lésion cérébrale ou autre, le développement psychomoteur du sujet sera altéré : ses capacités et ses possibilités de ressentir et se représenter son corps seront impactées. Selon S. ROBERT-OUVRAY (1999a), « c’est le corps dans sa réalité physiologique qui est le passage obligé, le soutien et l’étai du développement psychoaffectif. »

Le corps biologique : l’organisme

La neuromotricité du bébé

Dans un premier temps de sa vie, l’enfant est soumis à une motricité réflexe, diffuse et incontrôlée du fait de l’immaturité de son système nerveux. S. ROBERT-OUVRAY (1999a) évoque l’importance de « repenser l’immaturité neuromotrice du nouveau-né non comme un handicap mais comme la condition fondamentale et nécessaire pour que s’établissent les articulations précoces corps psyché. »
Elle rajoute que « la psyché d’un sujet est le résultat d’un processus complexe qui ne peut pas exclure la motricité comme partenaire de sa construction, […]. Les niveaux d’organisation motrice et psychique sont liés par des processus dont le principe dynamique de base est le même. »
En ce sens, elle appuie sur le fait que le nouveau-né porte en lui-même ses potentialités de développement psychomoteur, et que les liens psychomoteurs sont « des liens d’étayage ». Ainsi, la structuration motrice étaye et soutient l’élaboration de la vie psychique.
« Il faut donc trouver dans l’immaturité neuromotrice du bébé des éléments physiologiques qui vont pouvoir s’articuler avec d’autres éléments permettant l’émergence d’une vie psychique. » précise S. ROBERT-OUVRAY (1999a).

Les équipements neuro-physiologiques

Le système nerveux

Nous distinguons le système nerveux central, constitué de l’encéphale (les hémisphères cérébraux, le tronc cérébral et le cervelet) et de la moelle épinière, du système nerveux périphérique, composé des nerfs crâniens et rachidiens.
Le système nerveux central est composé de la substance grise (le cortex et les noyeux gris centraux), contenant les corps cellulaires des neurones et servant de centre d’intégration et de relai ; la substance blanche, qui contient les axones des neurones (les faisceaux de fibre) responsables de la transmission nerveuse de l’information ; et les cavités épendymaires où circule le liquide cérébrospinal.
Les deux types de fonctions du système nerveux sont :
– Une fonction neuro-végétative : permettant la survie de l’organisme par le maintien de l’homéostasie,
– Une fonction de vie de relation : responsable de l’intégration et de l’analyse des informations reçues et de l’élaboration des réponses physiologiques et comportementales adaptées à l’environnement.
Le développement psychomoteur du sujet repose en partie sur la maturation du système nerveux, c’est-à-dire notamment du processus de myélinisation. Il s’agit de la formation d’une gaine de myéline autour des fibres nerveuses permettant l’accélération de la conduction du me ssage nerveux. Cette maturation neurologique s’effectue selon les lois de succession céphalo-caudale et proximo-distale : de la tête vers le bassin et de la racine des membres vers la périphérie.
Ainsi, la maturation neurologique conditionne par exemple le passage d’une motricité réflexe à une motricité volontaire et le rassemblement des schèmes de base.
Elle soutient également le traitement de l’information sensorielle qui dépend de plusieurs structures neuroanatomiques énoncées précédemment.

Le tonus musculaire

Selon S. ROBERT-OUVRAY (2020), « la tonicité est le système directeur de l’organisation motrice. » Nous retrouvons différents type de tonus.
Le tonus de fond est « la contraction minimale, ou l’état de légère excitation d’un muscle au repos. » (AMIEL-TISON, 2002, cité dans PIREYRE, 2015). Il permet le maintien des différentes parties du corps entre elles, puisqu’il joue un rôle sur la densité tissulaire et la coaptation articulaire. Ainsi, il « participe de la qualité de cohésion d’ensemble du corps, […] s’exprime en véritable contenance de soi-même, façon de se (re)saisir autour d’un centre et à l’intérieur de limites, [et il] soutient alors le sentiment d’unité corporelle et d’individuation » (ROBERT-OUVRAY & SERVANTLAVAL, 2015).
Le tonus postural correspond à l’état de tension minimal qui permet à l’organisme de conserver une posture, une mise en forme corporelle, et de maintenir l’équilibre statique et dynamique. « Il est alors lié à la vigilance et à l’éveil, dans une influence réciproque, intervenant dans la régulation de l’activité perceptive. »(ROBERT-OUVRAY & SERVANT-LAVAL, 2015).
Le tonus d’action, intentionnel ou plus ou moins conscient et automatisé, se définit par « la contraction musculaire dite phasique, permettant l’action et le mouvement, dans un déroulement spatialisé. » (ibid) Il est à la base de la motricité permettant la réalisation d’actions, de gestes précis, etc.
Sur le plan physiologique, la fonction tonique dépend de plusieurs structures: « son mécanisme est explicable par ses organes récepteurs (organes de Golgi, fuseaux neuromusculaires, motoneurones) et par l’action de ses centres nerveux supramédullaires (formations réticulaires et noyau rouge) » (ROBERT-OUVRAY, 2020).
Chez le nouveau-né, la tonicité primaire se caractérise par une répartition physiologique inégale du tonus. Le bébé est soumis à une hypertonicité périphérique, des muscles fléchisseurs, et une hypotonicité axiale et des muscles extenseurs.
La maturation du contrôle tonique est en lien avec la maturation neurologique. Elle permet une harmonisation de la répartition tonique chez l’enfant, condition de la coordination des schèmes moteurs (ROBERT-OUVRAY, 2020).
Par ailleurs, le tonus est également le substrat physiologique des émotions. « Les émotions sont une formation d’origine posturale et elles ont pour étoffe le tonus musculaire. » (WALLON, 1942, cité dans S. ROBERT-OUVRAY, A. SERVANT-LAVAL 2015). Le tonus est le premier mode de communication du nouveau-né lui permettant d’obtenir de son environnement ce dont il a besoin. A. BULLINGER (1999) précise que « si le bébé est débile sur le plan instrumental, par contre il est expert pour se faire comprendre, sa motricité de relation (tonus et mouvement) est tout à fait expressive et efficace. »
Ainsi, la tonicité est un « élément du domaine somatique et dépendant de la relation […] elle donne son unité au corps moteur et sert d’outil relationnel. » « A partir de ses composantes physiologique (le tonus), mécanique (la structure de tension) et psychologique (l’émotion et l’affect), la tonicité se définit comme l’ensemble vibratoire corporel qui met le sujet en rapport avec son espace interne et avec l’espace externe. C’est un élément limite entre l’espace corporel et l’espace psychique de l’être humain. » (ROBERT-OUVRAY, 2020).

De la sensation à la représentation

Il est intéressant de se pencher sur la façon dont les stimuli sensoriels sont reçus, traités et élaborés physiologiquement par les structures nerveuses de l’organisme, puisque c’est à partir de cette intégration sensorielle et tonique que l’enfant va pouvoir ressentir, percevoir et se représenter son corps, ainsi que le monde qui l’entoure. Il perçoit le monde par son corps.
Le développement psychomoteur est perceptivo-moteur : « il est la résultante d’interactions circulaires entre compétences perceptives présentes très précocement d’une part et sollicitation de l’environnement et productions motrices ultérieures d’autre part ». (A. Miermon, C. Benois-Marouani et M. Jover, 2015) In-utéro et à la naissance, l’enfant est plongé dans un bain sensoriel. Il reçoit des stimulations sensorielles provenant du milieu extérieur, de l’environnement physique et social, et aussi du milieu intérieur, de son corps (sensations de proprioception lorsqu’il se met en mouvement, de poids, etc.). Il vit alors une succession d’expériences sensorimotrices.

Le corps de l’enfant est d’abord pensé et investi par autrui

« Le corps relationnel »

« Le corps est en partie issu du discours de l’Autre, ou du désir de l’Autre. »(POINSO, 2018).
En effet, avant même sa naissance, l’enfant est investi par les pensées et les représentations que son parent se fait de lui, lorsqu’il lui imagine une histoire (comment il sera, ce qu’ils vivront ensemble, etc.). Ce sont les projections fantasmatiques élaborées par les parents sur leur enfant qui portent et créent premièrement ce dernier, qui lui confèrent une existence, un corps.
Dans les premiers temps de sa vie, les parents sont aussi amenés à nommer et commenter ce que leur enfant manifeste corporellement (lorsqu’il sourit, regarde quelque chose, s’agite, etc). Ils attribuent ainsi un sens à ses éprouvés corporels, qu’ils lui transmettent à travers leurs réponses verbales ou comportementales. Le corps est alors inscrit dans la relation et porté par « un bain de langage, dans un bain de significations et de partage. » (POINSO, 2018). GAUTHIER (1999) nomme cela « le corps relationnel », pour traduire « ce corps réel biologique traité, interprété et transformé par la mère. » Il met en avant ce que les corps partagent. CLAUDON (2013) nous dit en effet que « le corps réel dans sa relation précoce à la mère (soins, nourrissage, etc.) devient l’objet d’une histoire relationnelle. » Il rajoute également que celui-ci « est un cadre écologique pour l’émergence des représentations de l’espace, du temps et de l’objet. »
Ainsi, le corps prend d’abord forme dans la relation à l’autre et c’est à travers celle-ci que le sujet peut déployer ses potentialités de développement psychocorporel.

L’interprétation de ses éprouvés corporels par l’autre

A travers cette relation enfant-objet parental, on assiste en effet à l’investissement d’un sens, par autrui, chez les états toniques et les manifestations corporelles du nouveau-né.
En effet, comme je l’ai dit précédemment, lorsque l’enfant s’agite, pleure ou est en hypertonie, l’objet parental va interpréter ce qu’il perçoit chez son enfant et répondre en fonction. « C’est la mère qui va parler pour son enfant ce qu’elle ressent de lui : elle identifie les sensations et les sentiments de son bébé à partir de sa propre capacité à ressentir. Elle interprète ainsi l’univers psychocorporel de son bébé et lui donne un sens qui dépend de ses propres états intégrés, donc de sa propre histoire. » (ROBERT-OUVRAY,1999a).
BION conceptualise ce phénomène comme la « fonction alpha maternelle ».
L’objet-parental reçoit les éléments béta, éprouvés sensoritoniques et éléments psychiques non pensables et structurés par le nouveau-né (les ressentis corporels bruts), et il les détoxifie en leur attribuant une signification, les transformant ainsi en éléments alpha, éléments élaborés et structurant.
La fonction alpha est donc une fonction de transformation. Le parent va retourner ces éléments alpha à travers des vecteurs toniques, posturaux, verbaux…
Elle « transforme les impressions des sens et les expériences émotionnelles, pou r les rendre disponibles à la pensée. » (CICCONE et LHOPITAL, 2001). « Les éléments bêta, dans cette conceptualisation métaphorique, sont précisément des éléments corporels, des éprouvés sensoriels voire sensori-moteurs, des actes, des gestes et des comportements que la mère-psychique va ainsi rêver, psychiser et rendre assimilables ; métabolisés et restitués comme équivalents de signifiants archaïques, idéographiques ou pictographiques alors appropriés par la psyché naissante du bébé. » (JOLY, 2012).
Ce procédé, lorsqu’il est répété et inscrit dans une relation sécurisante et contenante, soutient l’intégration sensorielle et le développement psychique de l’enfant. « La capacité de la mère et du père à réagir aux différences et aux variations toniques du bébé, la capacité de s’accorder avec ses propres réponses toniques est une des conditions de l’intégration du nourisson. » (ROBERT-OUVRAY, 1999a).
L’enfant est donc porté par l’autre qui, lui prêtant aussi bien son corps propre que ses contenus psychiques, structure ses sensations corporelles en leur attribuant du sens. La fonction alpha permet une « capacité de rêverie transformatrice des états corporels (sensoriels, émotionnels) du bébé vers un espace sensoritonique orienté, organisé, apaisé et élaborable. » (CLAUDON et al, 2013). « L’expérience perceptive de l’enfant est un éprouvé qui s’organise et ne prend un sens spatial et temporel que parce qu’elle a pu être partagée et ressentie par l’autre, puis pensée, mise en mots, retraduite. » (SCHMID NICHOLS et WAMPFLERBENAYOUN, 2007) S. ROBERT-OURVAY (1999b) nous précise qu’en « nommant le vécu affectif du bébé, que ce soit du côté des affects douloureux ou du côté des affects de plaisir, en portant l’enfant en le touchant, en le soutenant, le parent donne un sens symbolique et un sens corporel à ce que vit l’enfant. Il donne une forme à un fond tonico-émotionel vécu par le bébé. »
Ainsi, l’organisation psychomotrice de l’espace du corps se structure dans la relation à l’autre qui se place comme un agent intégrateur extérieur.

La construction de l’espace du corps s’édifie à travers la relation

L’intégration sensori-motrice et la régulation tonique

Selon S. ROBERT-OUVRAY (2020), « pour assurer notre identité d’être psychomoteur, nous avons dès la naissance à intégrer toute la structure et la dynamique de notre organisation motrice à partir de la mise en rapport et de la dialectisation des positions toniques primaires. »
Les états toniques primaires sont l’hypertonicité et l’hypotonicité. Ils peuvent être perçus sous un axe physiologique, l’hypertonicité des membres (périphérique) et l’hypotonicité rachidienne (axiale), mais aussi sous un axe relationnel ou réactionnel.
Ce dernier se traduit par une hypertonicité d’appel, l’enfant se tend lors d’un état de besoin, et une hypotonicité de satisfaction, une détente tonique lorsque l’autre a répondu à son besoin. J. DE AJURIAGUERRA décrit cette relation initiale, ce premier mode de communication parent-enfant, comme le « dialogue tonico-émotionnel ». Les variations toniques de l’enfant traduisent ses états affectifs et inversement. Lorsque l’objet-parental répond aux besoins physiologiques (soins, nutrition, etc.) ou psychiques (réassurance, attention), il soutient la régulation tonique ch ez son enfant.
Ainsi, ce dialogue tonique prend une fonction de communication non-verbale, à travers le tonus, mais également une fonction d’intégration psychomotrice complémentaire.
D’après S. ROBERT-OUVRAY (2020), le sujet se vit selon quatre niveaux d’organisation : tonique, sensoriel, affectif et représentatif. Ces niveaux, qui fonctionnent par couple d’opposition, s’étayent les uns les autres.
Le niveau tonique correspond à l’alternance des deux pôles toniques décrits précédemment, la tension (hypertonie) et la détente (hypotonie). Lors de la tension corporelle, le bébé a une « connaissance de la dureté de son corps » : le niveau sensoriel associe alors les sensations du corps ‘’dur-mou’’ aux états toniques ‘’tendudétendu’’. Lorsque l’objet-parental répond aux besoins de l’enfant, survient la détente corporelle et un sentiment de satisfaction, soutenu par la relation. Ainsi « les variations toniques et sensorielles prennent une valeur affective et communicationnelle » (ibid) : les niveaux tonique et sensoriel traduisent un couple opposé d’affects ‘’insatisfaisantsatisfaisant’’, c’est le niveau affectif.
Il est difficile de savoir quand l’enfant acquiert des représentations claires, les praticiens parlent ainsi de pré- ou proto-représentations. Dans la suite de la pensée de S. ROBERT-OUVRAY (2020), lorsque l’enfant ressent un besoin, qu’il est dans une association ‘’tendu-dur-insatisfaisant’’, il se représente cette expérience corporelle et relationnelle comme mauvaise (et inversement lors de la détente). Selon elle, « la bipolarité psychique est immédiate, elle s’étaye sur la dualité tonique et intéresse le Moi et l’objet. » Ainsi elle rapproche cela au concept de clivage de l’objet de M. KLEIN, en bon et mauvais objet, en lui prêtant un étayage corporel : la bipolarité des sensations corporelles dans l’organisation psychomotrice. Premièrement, l’autre et son corps propre sont vus par l’enfant comme des objets partiels ; chacun n’est pas encore un objet total puisque « la dialectique des positions extrêmes n’est pas activée ». C’est la dynamique intégrative, à travers le dialogue tonico-émotionnel, qui permettra ce rassemblement.
Ainsi, cette dynamique intégrative est rendue possible par un double système d’étayage interne (équipement neuromoteur) et externe (environnement). « Grâce à ce double étayage, l’enfant sort du sensorimoteur pour aller vers le symbolique.
L’enfant habite son corps, lui donne un sens psychique. » (ROBERT-OUVRAY, 1999b).
Cela s’expérimente donc dans le dialogue tonico-émotionnel, à travers toutes les interactions parent-enfant et les ajustements qui s’y passent. « C’est à travers le holding que cette intégration psychocorporelle est possible » (ROBERT-OUVRAY, 1999a).
Le holding est un concept proposé par WINNICOTT, désignant le terme de ‘’maintien’’ : « il fait référence aussi bien au soutien réel (la manière dont la mère tient l’enfant) qu’à l’ensemble des réponses maternelles aux besoins de l’enfant. » (KRYMKO-BLETON, 2013).
Il désigne la façon dont l’objet-parental porte son enfant, aussi bien physiquement que psychiquement. La manière de porter l’enfant dans ses bras, enveloppant, contenant et dans un certain état tonique (du parent), va induire une maintenance du corps et de la situation.

La maturation tonique et la construction de l’espace du corps

La maturation du contrôle tonique s’élabore à la fois par la maturation neurologique, qui harmonise physiologiquement la répartition du tonus dans le corps, et par les interactions relationnelles, qui permettent progressivement sa régulation et son contrôle. Cette maturation permet l’organisation psychomotrice, la structuration de l’espace corporel.
Selon S. ROBERT-OUVRAY (1999a, 2020), comme nous l’avons vu, l’enfant intègre tout d’abord son corps de façon partielle et construit une première forme d’unité motrice autour du sixième mois. D’un point de vue neuromoteur le tonus des muscles s’équilibre et s’harmonise suffisamment pour permettre à l’enfant de rassembler dans une globalité active fonctionnelle : on observe ainsi des actions de retournement.
L’enfant éprouve une première sensation d’un « soi psychomoteur unifié. »

Schéma corporel et Image du corps : deux notions intimement liés dans le développement du sujet

F. JOLY (2012) rappelle donc la dualité de ces deux grands types de figurations corporelles, le schéma corporel « du côté du substrat neuro-moteur » et l’image du corps « du côté du fantasme ». Cependant, si il est plus facile de les distinguer pour les évoquer de manière théorique, il ne faut pas perdre de vue que ces deux processus sont intrinsèquement liés dans le développement du sujet et qu’ils participent ensemble à sa structuration.
Ainsi, F. JOLY (2012) évoque la métaphore de l’arbre de D. ANZIEU : « le schéma corporel est structure, les images du corps viennent se surajouter, illustrer cette structure. […] Le schéma corporel c’est les racines, le tronc et les branches, et les images du corps représentent le feuillage, l’habillage. Le corps est “recolonisé” par l’image du corps mais pour ce faire il faut le préalable du schéma corporel ».
Le schéma corporel dessine la trame spatiale du corps et l’image du corps traduit l’investissement narcissique de cet espace.
Cette articulation permet de « percevoir enjeux psychiques et instrumentaux non pas comme deux domaines diamétralement opposés mais bien comme deux brins d’une même tresse, toujours en lien et en interaction et au cœur du développement du rapport de l’enfant à son corps. » (BOUTINAUD, 2017). Cette conceptualisation fait sens pour la pratique psychomotrice, puisque le psychomotricien considère les champs de la psyché et de la performance praxique comme s’influençant l’un l’autre réciproquement.

Des premières figurations corporelles en lien avec l’espace perçu

Selon ROCHAT, avant de connaître le soi qui impliquerait une activité cognitive de représentation mentale élaborée de l’objet, les bébés vivent des « états de soi situés », c’est à dire contextetuels, singuliers, agis et expérimentés dans l’environnement ici et maintenant.
« Cette proto-représentation de soi précoce et basique est fondée sur l’agir guidant l’activité sensori-motrice et constituant des « états situés » de soi, ceux-ci équivalent à des représentations de soi circonstancielles motrices et spatialisées. » (CLAUDON, 2013).
Ainsi, cette possibilité d’éprouver « le soi situé » dans l’ici et maintenant est à rapprocher de ce que P. CLAUDON nomme le « corps propre ».

« Le corps propre »

Selon P. CLAUDON (2013), la notion de « corps propre » désigne le corps du point de vue du sujet, « tel qu’il existe dans une réalité subjective de chaque instant et de chaque événement sensoritonique et relationnel. » Il est le corps en train d’être vécu puisqu’il « relève de l’action vivante en situation ici-et-maintenant ». Selon lui, il se constitue par l’intégration de deux états de soi : d’une part le corps comme objet, le corps organique, et d’autre part, le corps comme identité, le corps vécu dans son fonctionnement somato-psychique.
Cette intégration vivante et complexe de ces deux états institue le corps propre de l’enfant, c’est à dire « l’espace identitaire écologique de la rencontre. » (Ibid). CLAUDON signifie là, que c’est par son corps que le sujet perçoit les objets qui l’entourent. « Le corps propre devient pour l’enfant le lieu naturel (topos) de la rencontre avec l’objet et de la rencontre progressive avec soi-même. » (ibid).
Ainsi, il rajoute que « l’espace est organisé par le corps propre. » Le sujet percevant et organisant son propre espace, son corps, organise alors l’espace environnant. En effet, au cours de ses expérimentations sensorimotrices, de sa mise en mouvement corporel dans l’espace qui s’organise et se structure progressivement, l’enfant construit des repères topologiques sur son corps propre ; il va ensuite projeter ses repères sur l’espace environnant. SAMI-ALI parle de projection sensorielle.
Il y a donc là l’idée qu’on crée le monde en le percevant, que tout s’inscrit et part de notre corps propre.
Cette conception s’appuie sur les travaux de MERLEAU-PONTY, qui parlait de corps phénoménal pour traduire un corps, différent d’un organisme ou d’une mécanique neutre mais d’un corps source d’une expérience à la fois perceptive et expressive. Il dit ainsi que « le corps n’est pas un espace expressif parmi d’autres : il est à l’origine de tous les autres. » (MERLEAU-PONTY, 1945).

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Table des matières
Remerciements 
Sommaire 
Introduction 
Chapitre 1 : Le corps, un espace réel à organiser et percevoir 
I. Les bases neurophysiologiques
II. La nécessité de la relation à l’autre
Chapitre 2 : Le corps, un espace psychique à élaborer 
I. Se représenter son corps : des représentations plurielles
II. Des premières figurations corporelles en lien avec l’espace perçu
III. La constitution d’un espace psychique de soi
Chapitre 3 : Soutenir l’investissement et la structuration des représentations du corps en psychomotricité 
I. Le récit d’Antoine : ‘’une piscine à pompons’’ comme figuration de soimême
II. L’espace perçu et l’espace de soi
Conclusion 
Table des matières 
Bibliographie 

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