Soutenir la création dans une institution patrimoniale : l’exemple de l’édition 2012 du festival Classique en images 

Une salle pluridisciplinaire unique en son genre

Les musées apparaissent souvent comme des lieux élitistes, et gardent une image peu populaire. On l’a vu, c’est notamment par le biais de la pluridisciplinarité que les musées renouent avec leurs publics de proximité. L’ouverture à la pluridisciplinarité est une tendance majeure des musées depuis une trentaine d’années, et l’auditorium du Louvre tente de garder son identité, celle d’une salle à la capacité de présenter une programmation unique en son genre grâce à des programmes transversaux. Selon Clémentine Aubry, l’administratrice de la DAMC, l’auditorium du Louvre est « un OVNI, un objet d’organisation assez inédit » . Ce sentiment est partagé par Sophie Walter, qui a assisté à toute l’évolution de la salle, de ses débuts à aujourd’hui, et qui a participé à l’élaboration d’une étude comparative entre les salles parisiennes. Le constat qu’elle en tire est le suivant : l’auditorium du Louvre est « une salle très spécifique pour la bonne et simple raison qu’on a un nombre de programmes qui est absolument énorme , et surtout un éventail de types de programmes qui est très très large […] Il n’y a pas de salles en France et même ailleurs comparables à celle-ci » . Ainsi, même si l’auditorium est discret tant il est intégré architecturalement dans le musée, il n’en demeure pas moins qu’il suscite une émulation permanente puisqu’il est occupé presque chaque jour par une manifestation. Cette analyse faite par Sophie Walter aujourd’hui correspond à ce qui avait été annoncé au moment de la programmation de préfiguration en 1989 : « L’auditorium du Louvre sera infiniment plus qu’une salle de conférence ou de colloque, annexe d’un grand musée encyclopédique. En particulier, sa configuration et son acoustique ont été conçues pour en faire un lieu de grande qualité pour la musique de chambre (420 places) et la projection de films (de tous calibres). Ce qui, par ailleurs n’empêchera pas d’y organiser parfois et même souvent des rencontres d’ordre intellectuel » . Pour perdurer dans cette voie, l’auditorium a su se distinguer face à l’essor de salles de même type un peu partout.

Se distinguer face à l’essor des auditoriums

L’essor des auditoriums est constaté dans le rapport public de la Cour des comptes de mars 2011. Cet essor est intégré dans une dynamique de développement culturel correspondant à une politique de l’offre qui a permis l’émergence de trois activités grâce à un « contexte budgétaire favorable dans lequel ont évolué les grands musées » durant la décennie 2000-2010 : les expositions temporaires, les éditions, et les auditoriums. « L’essor des auditoriums de musées » est également le titre d’un article de Paul Salmona en 2005 dans lequel il énonce l’idée d’un modèle original français dans la façon de concevoir les auditoriums de musées. S’il existe un modèle français, l’auditorium du Louvre peut-il néanmoins se distinguer dans le contexte parisien ?

La programmation musicale : comparaison avec l’auditorium du musée d’Orsay

La musique est apparue en 1986 à l’auditorium du Musée d’Orsay grâce à Michel Laclotte, son ancien directeur, avant l’introduction de la saison des concerts à l’auditorium du Louvre. « Faisant écho aux expositions, l’auditorium explore des répertoires de musique de chambre ou d’œuvres vocales : intégrales de compositeurs, œuvres oubliées, genres singuliers, opéras de chambre, etc. L’équipe de l’auditorium occupe une place remarquée dans le paysage de la musique classique » . La saison des concerts proposée par l’auditorium du Louvre n’est pas foncièrement différente de celle du Musée d’Orsay, puisqu’elle a été créée dans le même esprit, celui de décloisonner les arts visuels du reste de la production artistique. Toutefois, la saison de concerts du Louvre a su également se positionner sur la scène parisienne grâce à une programmation ambitieuse voire risquée, et par la création de véritables rendez-vous avec le public. Les concerts proposés par l’auditorium du Musée d’Orsay restent aujourd’hui très centrés sur un répertoire classique, de même que l’ensemble du musée est consacré à une période foisonnante mais restreinte, allant de 1848 à 1914. Le site Internet du musée propose une rubrique « musique » dans la section des « événements » . Pour la saison 2012-2013, l’auditorium consacre un cycle de concerts aux airs populaires des années 1870-1900 intitulé « L’air du temps », un cycle sur la musique ancienne italienne, ou encore un cycle dédié aux influences sur la musique qu’a eu le compositeur Giuseppe Verdi. Les concerts de l’auditorium du musée d’Orsay ont toujours été considérés comme des concerts raffinés et de grande qualité musicale. Cette programmation est devenue un élément de la carte d’identité du musée d’Orsay, celle-ci est à son image, celle d’un musée de grande renommée, qui excelle dans son champ d’activité. Les collections du musée du Louvre couvrent une période et des esthétiques beaucoup plus larges, et dès le départ, l’auditorium a opté pour une programmation également très large, transversale et très ouverte. La musique est en un témoin : « Au Louvre, nous ne souhaitons pas nous limiter à la musique médiévale, baroque ou romantique, mais comprendre tout le XIX ème siècle et la musique contemporaine, voire les musiques lointaines » . La saison de concerts dirigée par Monique Devaux est toujours encouragée par Henri Loyrette qui souhaite le maintien d’une vraie saison musicale. C’est un peu la programmation « bonne élève » de l’auditorium. Dès ses débuts, cette programmation à démontrer une capacité à présenter un répertoire pas toujours bien connu du grand public et même du public mélomane. En effet, la saison 1989-1990 a présenté entre autres une carte blanche à l’alto, un instrument mal connu voir « mal aimé », et une série autour des Transcriptions de l’Ecole de Vienne . Par ailleurs, l’auditorium du Louvre a mis en lumière des artistes devenus internationalement reconnus par la suite. La programmatrice des concerts n’est pas peu fière des artistes qu’elle a invités au cours des différentes saisons et n’hésite pas à revendiquer d’avoir lancé leur carrière. La cantatrice Nathalie Dessay, le violoniste Maxim Vengerov ou le pianiste Lang Lang auraient débuté en solo à Paris sur la scène de l’auditorium. D’ailleurs, il est impératif de noter sur les biographies des artistes diffusées en salle s’il s’agit de leur premier récital en France ou à Paris.
Alors qu’on reconnaissait à Monique Devaux d’avoir le secret « d’oser la rigueur, d’exiger » et de ne faire « aucune compromission » , on lui reproche aujourd’hui un manque de renouvellement dans la programmation. Toutefois, des programmes risqués sont encore choisis, l’exemple actuel le plus emblématique, traité lors du stage, est sans doute celui de la création de tout un cycle consacré à un compositeur allemand mal connu, même du cercle des mélomanes, Friedrich Gernsheim . Le célèbre pianiste Jean-Frédéric Neuburger, dont la carrière se confirme de jour en jour, a accepté de jouer plusieurs œuvres de Gernsheim lors d’une carte blanche prévue en 2014, « Jean-Frédéric Neuburger et ses amis ».
Par ailleurs, la programmation des concerts a permis à l’auditorium de se distinguer dans le contexte parisien grâce à la création de nouveaux créneaux de programmation. En effet, les concerts consacrés aux jeunes talents ont tout de suite permis à l’auditorium de se positionner en fonction des autres salle parisiennes, et le créneau de programmation du jeudi à l’heure du déjeuner est devenu un rendez-vous incontournable pour les fidèles de la saison musicale du Louvre. Le choix de privilégier le créneau spécifique de la musique de chambre a lui aussi offert à l’auditorium l’opportunité de se démarquer. La création des séries « Quatuors à cordes » puis « Musiques de chambre au Louvre » autour de cycles proposant une dizaine de concerts par saison, le mercredi soir à 20h, est un exemple de manifestations très suivies par l’auditorium. Ces concerts prestigieux ont du succès et son présentés dans un créneau peu concurrentiel sur la scène parisienne.
Enfin, s’il est clair pour l’équipe du service que les concerts de musique classique sont organisés par une seule programmatrice, il n’en demeure pas moins qu’aux yeux du public, la musique tient une place plus large au sein de l’auditorium et du musée et n’est pas cloisonnée entre différentes programmations. Cet avis est partagé par Sophie Walter : « sous le chapeau musique, on montre des choses très différentes […] Du point de vue du public, la musique n’est pas uniquement classique et n’est pas figée » . En effet, la musique est un tout et apparaît sous différentes formes, que ce soit dans le cadre de concerts de musique de chambre, mais également lors de concerts dédiés aux musiques de l’Islam avec l’orchestre andalou de Fès, ou encore lors de prestations de « stars » de la musique actuelle ou du jazz comme le trompettiste Eric Truffaz, le DJ Joseph Ghosn intervenant dans une séance sur la transe organisée dans le cadre du cycle « Le Louvre invite Jean-Marie G. Le Clézio » , la chanteuse Camille ou encore le rappeur Oxmo Puccino. La musique intervient à l’auditorium sous des formes très diverses, seule ou accompagnée d’archives. La musique est ainsi représentée sous des formes très variées, ce qui fait la richesse de la programmation de l’auditorium du Louvre et la distingue d’une programmation plus restreinte comme celle présentée au Musée d’Orsay.
Même si les capacités techniques de la salle limitent les formats – il est en effet difficile de faire venir des formations musicales trop importantes au vu de la largeur de la scèn e – la musique tient toute sa place au musée du Louvre, au travers de programmes originaux.

Un lien indéniable lien avec le musée

Ce qui fait de l’auditorium du Louvre une salle atypique est son inscription dans un musée atypique. L’auditorium a toujours revendiqué sont autonomie intellectuelle, incarnée dans la personnalité des programmateurs qui ont fait l’identité de la salle au fil des années.
Néanmoins, le service doit sans cesse légitimer sa place, et ceci passe par l’élaboration de programmes intrinsèquement liés à l’identité muséale, nécessaires à sa réputation et à sa distinction face aux institutions culturelles parisiennes.
Une grande partie de la programmation de l’auditorium permet d’offrir une tribune scientifique pour les enjeux muséaux en accompagnant et en prolongeant l’activité scientifique du musée. L’auditorium tire sa force de l’ampleur des collections de ce musée encyclopédique : archéologie, peinture, dessin, sculptures, objets d’art, offrant des possibilités multiples pour les conférences. Une collaboration de plus en plus poussée avec les conservateurs, soutenue par Michel Laclotte et Pierre Rosenberg , a succédé à la première phase d’incompréhension ressentie par certains acteurs du musée qui ne percevaient pas l’utilité de l’ouverture de l’établissement à d’autres disciplines. Un écho spécifique a ainsi été donné au métier de conservateur en privilégiant les nouvelles technologies permises par la salle. Des techniques audiovisuelles ont par exemple été utilisées pour la création en 1991 du cycle « L’œuvre en direct », devenu « L’œuvre en scène » en 2000. Ces cycles permettent de faire découvrir à un large public les enjeux du métier de conservateur tout en dépassant la simple conférence sur un objet. Ainsi, l’auditorium présente au moins une œuvre de chaque département par an, soit huit manifestations depuis la création du dernier Département des arts de l’Islam. L’équipement vidéo de la salle permet de faire de cette série de conférences une expérience originale soutenant le discours du conférencier. Parmi les œuvres présentées, on peut citer par exemple les estampes de la collection Edmond de Rotschild pour Le Mariage à la mode d’Hogarth, en lien avec l’exposition présentée en 2006, William Hogarth 1697-1764, ou L’atelier du sculpteur d’Adrien van der Werff (1659-1722) exposé dans le Département des peintures. D’autres cycles de ce type font appel aux technologies audiovisuelles de l’auditorium comme la série intitulée « Les journées d’actualité de la recherche » lancée en 2006-2007. Ces séances publiques s’intéressent aux enjeux et aux résultats des recherches du Département des peintures. Une séance a été consacrée en 2009 à La Vierge et l’Enfant avec sainte Anne de Léonard de Vinci, qui a ensuite fait l’objet d’une exposition temporaire très médiatisée au Louvre . L’importance accordée aux journées d’études scientifiques témoigne de la vision large que l’auditorium porte sur les œuvres du musée. En effet, grâce à cette salle, les collections sont appréhendées selon des angles d’approche variés, motivés par des préoccupations stylistiques et matérielles. Cette appréhension large du contenu muséal est également perceptible dans les manifestations qui accompagnent les expositions du musée, comme on a pu le voir avec l’exemple de la prochaine exposition temporaire De l’Allemagne, dont Henri Loyrette a souhaité qu’elle soit mise en valeur par l’ensemble des programmateurs de l’auditorium. Nous ne multiplierons pas les exemples pour montrer ce lien créé entre les programmations de la salle et le contenu du musée tant ils sont nombreux. Nous pouvons néanmoins insister sur la programmation littéraire de l’auditorium. Paul Salmona rappelle qu’« après des expériences isolées […], l’auditorium propose depuis 1993 un programme de lectures inspiré par les collections ou les expositions du musée. On a pu entendre Emmanuelle Riva, Charles Berling [ …] lire des journaux de Dürer ou de Champollion, la Conjuration de Catilina […] mais la salle se prête aussi à des expériences plus délibérément théâtrales comme la lecture intégrale de l’Enéide de Virgile, dirigée par Brigitte Jaques » . Les textes de la programmation littéraire sont choisis pour leur résonnance forte avec les collections du Louvre. La politique de cette programmation est de proposer au public des textes qui ne sont pas joués dans d’autres salles parisiennes et qui gardent un lien avec le musée. Ainsi, l’auditorium ne fait pas de concurrence déloyale à d’autres institutions et permet au public de découvrir un patrimoine peu ou mal connu.
Si créer des manifestations en lien direct avec les expositions du musée n’était pas la priorité de Guillaume Monsaingeon, elle a été celle de son successeur, Paul Salmona, et s’est développée sous la directive d’Henri Loyrette. Ainsi, le propos du programme culturel de l’auditorium peut élargir celui de l’exposition grâce à une ouverture sur d’autres problématiques et à une confrontation entre les disciplines. Si les conférences et les colloques constituent un complément intéressant au contenu du musée, les autres disciplines présentes à l’auditorium contribuent à la vie des expositions. Chaque programmateur joue le jeu et l’exemple le plus marquant a sans doute été l’exposition 2000 ans de création…d’après l’Antique qui a fait naitre une proposition culturelle composée de sept concerts, deux weekends de musique filmée, un film muet accompagné d’un concert, un cycle de cinéma, une pièce de théâtre, sept conférences et une journée-débat pour illustrer « l’influence des œuvres de l’Antiquité de la Renaissance à la période contemporaine » . L’ouverture du nouveau Département des Arts de l’Islam en septembre 2012 occupe également une place importante dans la programmation de l’auditorium avec notamment des cartes blanches confiées à des artistes comme l’écrivain turc Orhan Pamuk ou le cinéaste Abbas Kiarostami.

Une conception inédite et ambitieuse de la programmation

On l’a déjà vu au travers des exemples de l’introduction du cinéma et de la musique au Louvre, l’auditorium tente de se démarquer des autres salles de spectacles grâce à une programmation spécifique, en partie inspirée par l’ampleur des collections du musée, mais pas seulement. L’auditorium a su démontrer une capacité à développer des programmes très exigeants, capable de véhiculer une image rigoureuse mais ouverte de l’institution.

Des programmes transversaux et une qualité « Louvre » toujours exigée

Créer des thématiques transversales a été le fer de lance de Michel Laclotte durant son mandat. Cette transversalité est toujours perceptible aujourd’hui grâce à des programmes fédérateurs comme les « Duos Ephémères », nécessitant un intense travail de production en amont pour se procurer les films d’archives et créer une médiation avec les musiciens invités par l’artiste phare du programme. La prochaine carte blanche de ces duos est accordée au trompettiste Ibrahim Maalouf qui participera activement à la recherche de films muets en collaboration avec l’équipe de l’auditorium.
La qualité « made in Louvre » caractéristique de la majorité des manifestations de l’auditorium est aussi le résultat de l’association des possibilités spécifiques de la salle et d’une approche légitime au sein du Louvre. Cette association est une des clés de la proposition de programmes inédits. En effet, à son ouverture, la salle était considérée comme un équipement de pointe grâce notamment à son équipement audiovisuel. L’équipement technique a été mis à niveau au moment d’importants travaux en 2003. Comme on l’a vu précédemment, la capacité technique de la salle a permis de faire naître des programmes inédits en histoire de l’art. Le déroulé de ces programmes nécessitent un réel savoir -faire des régisseurs à même de répondre aux exigences techniques demandées par des séances comme « L’Œuvre en scène » ou les « Duos Ephémères ». Les Duos nécessitent en effet une très grande réactivité de la part des régisseurs vidéo qui doivent souvent alterner entre différents formats de diffusion, mais également des régisseurs son et lumière. Grâce à son équipement,l’auditorium a réussi à s’imposer face à d’autres institutions muséales qui n’étaient pas
capables techniquement d’organiser des conférences d’histoire de l’art aussi novatrices.
La salle a également su adapter son matériel pour permettre l’entrée du spectacle vivant au musée avec de la danse, du théâtre et de la musique. Ainsi, une réelle programmation de spectacle vivant continue d’être développée comme le montre la saison 2012-2013 qui prévoit par exemple des performances sur la scène de l’auditorium comme Uncovering that person de Matt Mullican ou Superstructure d’Hassan Khan.
L’auditorium du Louvre prend certains risques dans la programmation et propose des choix ambitieux et approfondis. La programmation des performances a par exemple invité en 2012 une grande dame de l’avant-garde américaine, Meredith Monk, pour un concert à l’auditorium, faisant ainsi écho aux performances de l’artiste au MoMA dans les années 1970.
Quant à la programmation des concerts, celle-ci avait par exemple fait le choix audacieux de consacré tout un cycle au compositeur Paul Hindemith . De même, quelle autre salle peut se vanter d’avoir pris le risque d’organiser pas moins de vingt-cinq séances autour de l’opéra contemporain avec sept compositeurs invités ? En effet, chaque programmateur essaie de privilégier la qualité et l’exploration des sujets, en évitant de simplement créer une animation superficielle dans le musée. La qualité des sujets et la transversalité sont donc des valeurs phares de la programmation. La dernière innovation en date est la programmation du cycle Clip&Clap conçu par Christian Labrande, consistant à faire découvrir un thème de la musique (la virtuosité ; les ambiguïtés de la voix ; qu’est-ce qu’un tube ? ; l’improvisation…) grâce à une formule spéciale oscillant entre la présentation musicologique, la présentation de courtes archives allant du clip à l’extrait de film de fiction, et deux courts concerts. Ce cycle connaît un succès grandissant, notamment auprès d’un public plus jeune, adepte d’une certaine transversalité. Ce succès a permis de faire évoluer le cycle en lui donnant plus d’importance.
La prochaine saison accueille des musiciens réputés de l’Orchestre National de Jazz aux quatre séances de la saison 2012-2013. Les coûts de production pour ces séances ainsi que le temps de préparation sont très importants. Cependant, la direction, cherchant à renouveler sans cesse le public, parie sur ce nouveau format en lui octroyant d’importants moyens en termes de promotion, malgré les restrictions budgétaires actuelles.
L’auditorium du Louvre peut apparaître élitiste tant la programmation est marquée par une exigence de qualité. Toutefois, l’auditorium a le mérite d’afficher une certaine honnêteté intellectuelle dans le sens où les programmateurs revendiquent cette qualité et ne cherchent pas forcément à s’insérer dans des discours parfois démagogiques de la politique culturelle.
L’auditorium a par exemple du mal à revendiquer ses qualités de médiateur culturel, alors que des événements majeurs jouent un rôle de démocratisation parfois plus essentiel que celui d’autres institutions qui ne manquent pas de l’afficher dans un discours. L’exemple le plus marquant de projet de médiation qui reste pourtant dans l’ombre et discret sur sa portée, est le projet développé par la programmatrice « jeune public » Isabelle Jacquot, « Viens lire au Louvre ». Ce projet nécessite une préparation tout au long de l’année en partenariat avec certaines classes de collèges classées ZEP (Zone d’éducation prioritaire). Cette année, le spectacle portait le titre « Lire le monde » suite à une rencontre de J-M G. Le Clézio avec les élèves chargés d’élaborer la manifestation. Les élèves ont conçu un spectacle de lectures portant un regard atypique sur les collections et sur la littérature. Le spectacle est conçu entièrement par les élèves chargés le jour J d’occuper les postes habituellement occupés par le personnel du Louvre. Les élèves sont en effet chargés d’effectuer la conception des programmes, le travail des régisseurs ou encore du personnel accueillant. Cet événement est très marquant pour les élèves et certains enseignants relèvent même un changement de comportement positif dans la classe pour certains élèves.
Ainsi, grâce à ses spécificités techniques, son inscription muséale, ses choix ambitieux, et son humilité quant à son rôle social, l’auditorium du Louvre propose une programmation atypique, qui ne s’apparente pas à celles proposées par les scènes conventionnées de type Scène Nationale.

L’art contemporain présenté par l’auditorium

Les artistes vivants ont été un moteur de l’histoire du Louvre. En 1793, le musée se voulait un lieu ouvert au public et aux artistes qui pouvaient copier et exposer leurs œuvres. En 1953, Georges Sales demande à Georges Braque d’introduire une création, Les Oiseaux, dans l’antichambre du roi Henri II, renouant avec la commande de décors pérennes au sein du Palais. Le musée du Louvre a souhaité faire revivre cette tradition avec l’inauguration le 25 octobre 2007 d’un décor d’Anselm Kiefer qui a répondu à une commande en peignant un plafond monumental dans l’escalier nord de l’aile Sully. Depuis 2003, le musée « s’ouvre résolument à l’art contemporain, à l’occasion des expositions ou de manière plus pérenne dans le Palais du Louvre. Ainsi, il contribue activement à entretenir l’essentiel dialogue entre génies du passé et artistes d’aujourd’hui […] il souligne son inscription dans une modernité architecturale, muséographique et pédagogique en créant de nouveaux espaces, en réaménageant d’autres lieux qui le nécessitent » . Cette ouverture à l’art contemporain s’est concrétisée par la création d’un poste de conservateur spécialement chargé de l’art contemporain dans le musée, poste aujourd’hui occupé par Marie-Laure Bernadac. La conservatrice travaille en concertation avec la chargée de programmation en lien avec l’art contemporain à l’auditorium du Louvre, Marcella Lista. L’auditorium a donc un vrai rôle dans l’accompagnement de l’art contemporain dans le musée . Le cycle le plus emblématique de cet accompagnement est celui des « Faces à faces ». Ces soirées d’art contemporain sont proposées lors des nocturnes du vendredi. Elles sont l’occasion de donner la parole à des artistes du domaine des arts visuels dans une dimension critique au cours d’un dialogue avec un théoricien, un critique d’art ou un conservateur. On peut citer comme exemples une soirée dédiée à la scène conceptuelle russe en lien avec l’exposition « Contrepoint, l’art contemporain russe », des soirées avec le réalisateur Steve McQueen ou encore le sculpteur Tony Cragg. Actuellement, une exposition temporaire est consacrée à des œuvres de l’artiste belge Wim Delvoye . Outre l’exposition dans les appartements Napoléon III d’objets spécialement créés pour le Louvre et la conception d’une nouvelle sculpture monumentale pour la colonne du Belvédère, une immense flèche en acier Corten torsadée intitulée « Suppo » (en page de garde), l’œuvre de Wil Delvoye est mise à l’honneur à l’auditorium. En effet, l’artiste a participé à une de ces soirées « Faces à Faces », en compagnie de Tim Steiner, un homme dont le dos a entièrement été tatoué par Wim Delvoye.
L’auditorium du Louvre, grâce à ses programmes en lien avec l’art contemporain, permet d’accompagner la mission du musée consistant à rester « une maison des artistes vivants » qui les accueille par le biais de conférences, d’expositions temporaires, ou encore de commandes d’œuvres pérennes pour le musée. On est ainsi bien dans la continuité de l’histoire du Louvre. En effet, « dans l’Ancien Régime, dès 1725, l’Académie Royale des Beaux-Arts organise ses expositions dans le salon carré du Louvre, expositions d’artistes contemporains, annuelles puis biennales après 1737. Diderot témoigne dans ses chroniques que le goût d’une époque s’élabore dans ces salons ouverts au public » . Ainsi, en ouvrant ses portes à certains artistes plasticiens comme Anselm Kieffer, Wim Delvoye ou Joseph Kosuth , le Louvre contribue au développement contemporain de l’histoire de l’art. Ainsi, le musée du Louvre cherche à faire dialoguer des formes d’arts de différentes époques pour continuer à laisser ce lieu ouvert aux artistes vivants. On pourrait reprocher le manque d’originalité dans cette démarche, dans la mesure où celle-ci serait devenue une tendance générale, comme en témoignent les expositions du Château de Versailles. Toutefois, la démarche serait totalement différente de celle de Versailles selon Jean-Marc Terrasse, directeur de l’auditorium : « le cas de Versailles est très différent car les artistes invités sont des artistes qui font du « kitsch contemporain ». Ils ont l’intelligence d’aller chercher des gens qui font la même chose que ce qui se faisait à l’époque. C’est véritablement un dialogue entre deux visions semblables. Koons à Versailles n’interrogeait pas le statut de l’œuvre ». Au contraire, le dialogue avec l’art contemporain au musée du Louvre chercherait à interroger le statut de l’artiste et de ses œuvres. Cette volonté de créer un débat autour du rôle du musée et de l’artiste est relayée par différentes formules.

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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I. L’entrée du spectacle vivant au musée du Louvre : le projet culturel de l’auditorium
Chapitre 1. Les enjeux de l’introduction du spectacle vivant au musée du Louvre
Chapitre 2. Une salle pluridisciplinaire unique en son genre
Section 1. Se distinguer face à l’essor des auditoriums
Section 2. Une conception inédite et ambitieuse de la programmation
Chapitre 3. L’instauration concrète d’un dialogue entre l’art du passé et l’art contemporain
Section 1. Accompagner l’activité du musée par l’introduction d’un regard multiple
Section 2. Le Louvre en questionnement : comment penser le musée du XXI ème siècle ?
PARTIE II : L’auditorium du musée du Louvre : un jeu de poupées russes
Chapitre 1. Les orientations successives de l’auditorium et sa place au sein du musée
Section 1 : L’auditorium : une goutte d’eau dans le musée ?
Section 2. Tensions entre entité muséale et autonomie intellectuelle
Chapitre 2 : Les difficultés d’inscrire les activités de l’auditorium dans un une institution muséale de grande envergure
Section 1. Un carcan administratif
Section 2. Une marque « Louvre » souvent difficile à dépasser
Chapitre 3. Une entité pluridisciplinaire redoutant la transversalité
Section 1. Des programmations cloisonnées
Section 2. Des directions cloisonnées
PARTIE III.Soutenir la création dans une institution patrimoniale : l’exemple de l’édition 2012 du festival Classique en images 
Chapitre 1. Classique en images : l’initiative d’une programmation originale, la musique filmée
Section 1. La musique filmée : une programmation inédite au cœur du projet de l’auditorium
Section 2. Classique en images : créer les archives de demain
Chapitre 2. L’auditorium du Louvre : une tribune pour les compositeurs contemporains le temps d’un festival
Section 1. L’intérêt artistique des cartes blanches au Louvre
Section 2. Une programmation propice aux décloisonnements
Chapitre 3. Réflexion sur la diffusion des œuvres de musique contemporaine
Section 1. Être compositeur au XXI ème siècle
Section 2. Une confrontation aux problèmes de diffusion
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE 
Table des matières

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