Sociologie de la déviance et de la marginalité 

Sociologie de la déviance et de la marginalité 

Les premiers travaux : XVIIIème et XIXème siècles 

Dès le milieu du XVIIIème siècle, des intellectuels se sont intéressé aux normes sociales et à la définition de la marginalité, remettant en cause la prédominance de la religion dans le domaine juridique. Césare Beccaria, juriste et philosophe italien, propose dans son ouvrage Des délits et des peines (1764) une perspective rationaliste des peines en instaurant une proportionnalité de la peine par rapport au crime, ainsi que la séparation du religieux et du droit. Cette théorie est en fait l’application des principes des Lumières dans le système pénal. Ce traité est à l’origine d’une profonde réflexion sur les failles de la justice, mais aussi sur le profil (milieu social, motivations…)
des déviants. Les trois grands principes dont il est l’initiateur sont encore d’actualité : il y a tout d’abord la certitude de la peine (le déviant potentiel doit connaître les sanctions qu’il encoure), la proportionnalité de ces peines et l’origine législative du régime de pénalité. Selon ces principes, la liberté individuelle exige l’égalité des citoyens devant la justice.
En 1786, le britannique Jeremy Bentham publie Le Panoptique, dans lequel il prône une vision utilitariste des peines. Sa théorie de la dissuasion pénale s’illustre par une prédominance de la prévention sur la répression, même s’il ne sous-estime pas cette dernière. L’Assemblée législative ordonne elle-même la publication du livre, étant en accord avec le renouvellement de la pensée sur le droit pénal et la prison que propose Bentham. Le panoptique désigne une nouvelle forme d’architecture carcérale dans laquelle le gardien, au sein d’une tour dominant la prison, peut observer tous les détenus sans être vu. Cela doit créer « un sentiment d’omniscience invisible » chez le détenu. Parmi les autres penseurs utilitaristes, on trouve également John Stuart Mill qui a continué à développer la vision de Bentham au XIXème siècle. Malgré ce renouvellement intellectuel de la théorie pénale, beaucoup ont pointé l’inefficacité de ces nouveaux dispositifs par rapport aux taux de criminalité, d’où la naissance de la science criminologique au XIXème siècle, avec deux tendances.Tout d’abord il y a l’école du « crime en tant que fait social », qui admet que la criminalité est lié à l’industrialisation et à l’urbanisation des États modernes, donc au contexte social. En 1827, Guerry de Champneuf créé le Compte général de l’administration de la Justice, et invente de fait la statistique morale : il pense que c’est plutôt la tentation que le besoin qui conditionne la déviance, et justifie cela en proposant une carte de la France par rapport aux taux de criminalité, d’où le nom « d’école cartographique de la criminalité ». Pour Adolphe Quételet, appartenant à cette école, il existe un « homme moyen » aussi bien qu’un « penchant au crime » en fonction des déterminismes sociaux et environnementaux. Cette théorie a depuis été largement contestée, notamment par Maurice Halbwachs qui remet en cause cette vision fataliste de l’homme.
L’autre grande école de pensée née au XIXème siècle est celle du déterminisme biologique, qui considère le crime comme une pathologie. En 1876, le professeur de psychiatrie italien Césare Lombroso conclut que les criminels seraient une espèce particulière d’êtres humains, avec des attributs physiques héréditaires tels « un système pilaire peu développé, une faible capacité crâneuse, un front fuyant, une peau plus pigmentée, des oreilles volumineuses… ». Ces observations aboutissent en 1895 à L’Homme criminel qui, dès sa parution, est très critiqué, ce qui pousse son auteur à minimiser sa théorie en affirmant que « 35 à 40% des criminels appartiennent » à cette catégorie. Pourtant cette théorie est aussi partagée par d’autres personnes, elle exprime le darwinisme alors très influent à cette époque. Lombroso voulait ainsi une individualisation de la peine selon le type de criminel. L’époque est aussi caractérisée par la physiognomonie, qui consiste à établir des types de déviance selon les formes crâniennes et les attitudes physiques. C’est le cas de l’anthropométrie criminelle menée par Alphonse Bertillon dès les années 1870, et dont le sociologue Gabriel Tarde a remit en question la scientificité en arguant que les délinquants réagissent différemment selon la société, l’époque et le contexte, et surtout que c’est l’imitation qui est le fondement du lien social. La thèse de Lombroso est définitivement abandonnée en 1913 lorsqu’un médecin de prison anglais, Charles Goring, étudie des milliers de criminels et ne trouve aucun trait physique identique. Cependant, nous verrons plus loin que la tentation biologique reste très présente au XXème siècle, avec le développement de la génétique et des neurosciences cognitives ou bien avec l’eugénisme durant l’entre-deux-guerres, et ce alors que la sociologie naissante commence à faire de la déviance l’un de ses thèmes de recherche principaux.

La prédominance de la sociologie américaine dans la première moitié du XXème siècle

La sociologie américaine, à partir des années 1910 jusqu’aux années 1960, domine largement le champs d’étude de la déviance et de la marginalité. C’est par le biais de ce que l’on nomme « l’École de Chicago » (dite de l’interactionnisme symbolique) que cette prédominance se manifeste le mieux. En 1910 paraît l’ouvrage pionnier de William Thomas et Florian Znaniecki, Le paysan polonais. Les auteurs invente la notion de « désorganisation sociale » : les nouveaux migrants aux États-Unis sont confrontés à leur culture communautaire d’origine et à la culture individualiste américaine, ce qui provoque une perte de repères et facilite la transgression. Cette étude de la déviance sous l’angle de la culture est très féconde Outre-Atlantique, où la part de populations émigrées est importante. Ainsi le rôle de la ségrégation urbaine devient important pour comprendre la déviance.Autre étude fondamentale, celle de Frederic M. Trasher qui est l’un des premiers à parler des gangs ou bandes de jeunes délinquants8. Pour lui, ces gangs sont une alternative à ce que la société ne parvient plus à offrir à ces jeunes. Ils se constituent ainsi en une sous-société avec ses propres codes et sa hiérarchie, parce que la société traditionnelle lui refuse l’entrée dans sa sphère. Quelques années plus tard, Clifford Shaw inaugure la méthode sociologique du « récit de vie », il s’agit d’une enquête de terrain dans le milieu même d’un jeune délinquant, pour livrer une étude non remaniée, objective et fidèle à la réalité9. Dans les années 1930, la sociologie de la déviance est en plein essor.Un couple de sociologues, Eleanor et Sheldon Glueck, propose la théorie de la Life-Course Criminology (criminalité du cycle de vie) en faisant un rapport entre les turning points de la vie d’une personne (divorce, licenciement, décès d’un proche…) et l’entrée dans la déviance10. Durant la même période, le Belge Étienne de Greeff mène des enquêtes de terrains dans des quartiers difficiles en questionnant directement les délinquants. Il constate que ces jeunes déviants souffrent du sentiment d’injustice et de la mauvaise image de leur quartier. Ce sentiment d’injustice est encore constaté dans les années 1960 par Peter Blau, qui affirme qu’il est l’élément déclencheur principal de la déviance, devant le réel manque de ressources11. C’est ainsi la question du jugement ou du regard de la société dont il est question.

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Introduction  
Historiographie  
I – Sociologie de la déviance et de la marginalité 
A) Les premiers travaux : XVIII et XIXème siècles
B) La prédominance de la sociologie américaine dans la première moitié du XXème siècle
C) La sociologie de la déviance en France
II – Histoire de l’enfance et de la jeunesse  
III – Cinéma et Histoire 
ETUDE DE CAS
I – L’enfance irrégulière sur grand écran : origine et caractéristiques 
A) Un sujet peu abordé au cinéma avant 1945
1. Les premiers films sur l’enfance délinquante
2. Un nouveau regard sur l’enfance et la jeunesse au sortir de la Seconde Guerre mondiale
B) La puissance évocatrice de la jeunesse
1. Le recours à une large palette d’émotions
2. Le jeune délinquant, reflet des dysfonctionnements de la société
C) L’apport et l’influence du cinéma américain après 1945
1. James Dean, quand l’adolescent rebelle devient un symbole fédérateur auprès de la jeunesse
2. La construction d’un stéréotype cinématographique par Hollywood et son influence sur le cinéma français
II – 1939-1959 : Une représentation contrôlée de la jeunesse irrégulière  
A) La jeunesse délinquante au cinéma sous le régime de Vichy
1. Contrôle étatique et censure : les contraintes des équipes
de cinéma pour aborder la jeunesse délinquante
2. Apologie de la nouvelle pédagogie du régime et stigmatisation
des anciennes méthodes, l’exemple du Carrefour des enfants perdus de Léo Joannon
3. Usages politique et social du Carrefour des enfants perdus par la critique
B) L’après-guerre et la nouvelle législation sur la jeunesse délinquante
1. L’ordonnance de 1945 et sa transcription au cinéma
2. La figure paternelle du juge des enfants dans Chiens perdus sans collier
3. Des mesures répressives aux méthodes éducatives :
La Cage aux rossignols et son remake Les Choristes
C) Une délinquance relative
1. La prédominance de petits délits et une réinsertion sociale encore possible
2. Causalités de la délinquance juvénile
III – Une nouvelle représentation de la jeunesse délinquante à partir des Quatre-cents Coups 
A) Nouvelle Vague contre cinéma de la Qualité Française :
la jeunesse irrégulière comme enjeu
1. Les Quatre-cents Coups, une réponse à Chiens perdus sans collier
2. Filmer la jeunesse délinquante : un renouvellement esthétique majeur
3. L’émergence de la psychologie de l’enfant
B) Les nouvelles caractéristiques de la jeunesse délinquante
1. Une image plus pessimiste et réaliste
2. La formation des « bandes de jeunes »
C) La place des jeunes délinquants dans une société en mutation
1. Terrain Vague : des cités de grands ensembles qui
bouleversent la cohésion sociale
2. La délinquance juvénile : un phénomène exclusivement urbain ?
L’exemple de L’Enfance nue
3. La désintégration de la cellule familiale
IV – Un thème récurrent dans le cinéma français depuis les années 1990  
A) Une radicalisation de la jeunesse délinquante
1. L’escalade de la violence sur grand écran, un reflet de la réalité ?
2. La généralisation des drogues et des armes à feu
3. L’apprentissage de la délinquance et la notion de carrière déviante
B) Le « film de banlieue », un genre cinématographique ?
1. Une sous-culture juvénile codifiée
2. L’appropriation symbolique de l’espace public
3. Une jeunesse stigmatisée et victime de l’instrumentalisation médiatique
C) La démission progressive des institutions
1. La famille, encore et toujours
2. L’apparition de la délinquance à l’école
3. L’image négative des forces de l’ordre à l’écran
4. Un dialogue renoué avec les nouvelles figures de la médiation sociale ?
Conclusion  
Bibliographie

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