Sociohistoire de l’animation en institutions pour personnes âgées

Sociohistoire de l’animation en institutions pour personnes âgées

 Brève chronologie de l’animation pour personnes âgées : des débuts à aujourd’hui
 De la genèse aux années 2000

L’animation, comme beaucoup d’autres choses, ne s’est pas faite en un jour et a connu de nombreux changements. Depuis les années 1990, l’animation prend une place de plus en plus conséquente dans les structures d’accueil tant on pourrait penser que le concept est récent. Mais il en est tout autre.
L’animation pour personnes âgées et dépendantes est un modèle construit sur l’héritage de la conception des hospices. A la fin du XVIIIème siècle, l’exclusion de la société et l’enfermement étaient les maîtres mots pour toutes ces populations qu’étaient les « inadaptés, incapables, fous, déments, vieillards, aliénés6 ». Tous regroupés dans des lieux communs, asiles mais surtout hospices, une importance majeure était accordée au travail pour détruire l’idée que ces populations étaient justement incapables de travailler. Il faut noter qu’un travail correctement effectué était alors
récompensé. Cet attachement au travail était dû à diverses raisons : économiques (manque de main d’œuvre à cette époque), morales (on ne doit pas rester sans rien faire), en relation au maintien de l’ordre (contrôle facilité en groupes) et de rééducation (garder une chance de sortie). Cette manière d’agir des institutions se poursuit au XIXème et début du XXème siècle. Sur le plan législatif enfin, on retiendra l’article 41 du décret du 17 avril 1943 qui décrit le « travail » comme une « occupation » pour ceux qui sont en état de s’y livrer et on commence ainsi, implicitement, à parler d’animation, sans pour autant en utiliser le terme.
Plus récemment, dans les années 1960, la circulaire du 18 novembre 1963 définit de nouveaux objectifs en abordant le travail pour les vieillards sous une vision thérapeutique.
L’animation doit alors être « outil de l’humanisation des structures d’accueil pour personnes âgées» : un aspect social commence à émerger. On parle aussi, à cette même période, « d’ateliers thérapeutiques » et « d’activités occupationnelles ». Un des objectifs est alors de rendre le vieillard
utile autant qu’il le peut. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un débat est d’ailleurs ouvert quant à connaître « l’utilité sociale » de chacun, et plus précisément la valeur sociale de cette utilité. Autrement dit et à cette époque, le potentiel de la personne âgée et son âge avancé font de cette personne également un être moins rentable notamment dans le domaine économique La décennie 1960-1970 est synonyme d’un accroissement de la dimension thérapeutique dans le domaine gérontologique soutenant le caractère occupationnel. Diverses activités étaient alors proposées en fonction d’objectifs précis fixés par chaque établissement : occupation des vieillards, rupture de la monotonie (toujours d’actualité avec la lutte contre le sentiment de solitude), lutte contre l’alcoolisme, ouverture vers l’extérieur. Si les termes ont évolué aujourd’hui, on constate néanmoins une certaine continuité dans les faits. Ainsi, on observe une image bien négative et dégradée du vieillard, nécessitant de ce fait une dimension occupationnelle.
En outre, on distingue différents types d’activités séparant le manuel du culturel. Les activités manuelles caractérisées par le tricot ou la cuisine pour les femmes et le bricolage et jardinage pour les hommes. Souvent catégorisées par sexe, ces activités semblent être le reflet de notre société puisqu’une répartition des tâches par genre est de mise comme on peut le constater dans la sphère domestique. D’autre part, beaucoup participent aux activités récréatives et culturelles, comme les jeux de cartes, les conférences, les goûters ou encore le cinéma. L’ergothérapie est une méthode de plus en plus employée dans le champ gérontologique et amène par la définition qu’on peut en faire un caractère thérapeutique à l’animation en structures gériatriques tout en conservant l’aspect
occupationnel.
Dès les années 1970, on assiste à une politique dite « d’humanisation » des hospices menée par les pouvoirs publics. Celle-ci s’organise autour de quatre grandes lignes : la spécialisation des établissements en fonction de la population accueillie, une amélioration du confort de la personne âgée, la médicalisation des structures pour une meilleure qualité des soins, la mise en place d’activités pour permettre une vie meilleure aux pensionnaires. On laisse ainsi de côté l’occupation
pour parler doucement d’animation. En 1972, l’Académie Française décrit l’animation comme « une
méthode de conduite d’un groupe qui favorise l’intégration et la participation de ses membres à la
vie collective ». On déduit que l’animation n’est non pas définie comme un ensemble de techniques
ou d’activités mais comme une méthode soulignant de la sorte un aspect dynamique. C’est dans le cadre de cette même politique qu’on assiste à l’extinction des hospices pour laisser place aux maisons de retraite.
Entre 1980 et 1990, on s’intéresse davantage aux attentes et aux besoins de la personne âgée et les professionnels sont enclins à proposer une animation plus personnalisée. On cherche à mieux connaître la personne pour lui proposer des activités et un accompagnement qui lui sont adaptés. La dimension thérapeutique est alors d’autant plus mise en avant que la population accueillie est de plus en plus vieille et dépendante. C’est aussi par cette individualisation de l’animation que la personne âgée demeurera « actrice de son établissement9 » et de son projet de vie. On se pose également la question de savoir comment retrouver ou maintenir au maximum l’autonomie du sujet âgé. C’est dans l’apparition de nouveaux concepts comme la « communication », les projets « de soin », « d’accompagnement individualisé » et « institutionnels de vie » qu’on voit poindre un début de réponse.
La décennie est par ailleurs marquée par plusieurs circulaires et décrets qui légitiment et reconnaissent de plus en plus l’animation en institutions, même si pour la plupart il ne s’agit encore que de recommandations et non pas d’obligations. La circulaire Francheschi du 7 avril 1982 prévoit par exemple d’octroyer 1% du budget d’hébergement à l’animation.
Les années 1990 sont ponctuées d’une différenciation progressive entre les membres de l’équipe restreinte, c’est-à-dire ceux qui opèrent quotidiennement dans les structures et ceux qui interviennent plus occasionnellement. De plus, la notion d’animation va se construire autour de trois
axes : niveau institutionnel (à l’échelle de la structure), niveau individuel (centré sur la personne) et
niveau social (ouverture vers le groupe et l’extérieur). C’est au cours de cette période que des postes d’animateurs apparaissent. Ceux-ci cherchent à affirmer leurs compétences et savoir-faire dans les structures.
Plus récemment, la canicule de l’été 2003 s’est avérée être une évènement majeur pour notre société : elle a placé le sujet âgé voire très âgé au centre des discussions. On agit plus encore, depuis cet évènement, sur l’aspect relationnel, évitant entre autres l’isolement. L’animation sociale est d’ailleurs née pour répondre à cette problématique. Elle est aujourd’hui décrite comme « un élément important de l’animation ; elle vise le maintien et le développement du lien social et l’intégration de divers exclus 11 ». Cette meilleure prise en compte du public âgé et les problématiques récentes qui émergent quant à cette population en font aujourd’hui des individus avec lesquels les professionnels et autres intervenants doivent constamment s’adapter, étantdonné que l’animation qui leur est destinée semble être le reflet de notre société.

Un écrit important : le rapport Laroque

La question majeure de ce rapport se résume au maintien à domicile ou à l’institutionnalisation de la personne vieillissante. On s’interroge sur la pertinence d’un maintien à domicile pour des personnes fragiles et en difficultés pour certains actes de la vie quotidienne, en parallèle d’un désir bien ancré. Il s’agit d’une question d’actualité mais qui a déjà été posée dans les décennies précédentes et se posera encore probablement dans celles à venir. Déjà, à la fin du XVIIIème siècle, un comité de mendicité traitait du sujet, avec d’autres termes certes : « Art. 1er : il y aura deux espèces de secours pour les vieillards et infirmes : le secours à domicile, le secours dans les asiles publics. Art 2 : le secours à domicile sera le secours ordinaire12 ». Au début du XXème siècle, la loi du 14 juillet 1905 liée à l’assistance obligatoire pour les vieillards permet aux plus capables de finir leurs jours à domicile, toutefois l’intention de cette première moitié de siècle est de faire très fréquemment appel aux institutions, en l’occurrence les hospices.
Le rapport Laroque, autrement qualifié de « politique de la vieillesse », datant de 1962, aborde la question essentielle qu’est la place de la personne âgée dans notre société. Selon ce rapport, les personnes âgées sont membres de la société à part entière et ne doivent en aucun point en être exclues. Le placement serait une solution « exceptionnelle » pour les plus fragiles, autant physiquement que psychologiquement. Mais dès que cela est possible, le choix des plus désireux de rester chez eux doit être respecté. On ne doit pas oublier que c’est avant tout « l’expression d’une volonté 14», dans l’optique d’une cohésion sociale et de ce qu’on appellera plus tard le « vivre ensemble ». Le VIème Plan de développement économique et social (1971) a pris en compte le rapport Laroque.L’illustration pouvant en être faite est le développement des services de soins à domicile et d’aides ménagères permettant de conserver un tissu social et de lutter contre l’isolement. Toutefois, la crise économique des années 1970 va reléguer cette population au second plan, amenant avec elle d’autres problématiques qui paraissent alors plus urgentes. Sans pour autant les rejeter, les vieillards sont vus d’un aspect plus négatif puisqu’on s’intéresse à la médicalisation de ce public et on va d’ailleurs commencer à parler de « personnes âgées dépendantes ».Les suites du rapport Laroque montrent par ailleurs que le choix de passer sa fin de vie à domicile ne revient pas uniquement à la personne âgée. Sa décision peut malheureusement souvent lui échapper. En effet, comme il a été démontré dans les années 1990, le maintien à domicile ne coûte pas forcément moins cher qu’une institutionnalisation si l’intervention qui est apportée est de qualité. Pour des raisons financières et autres, la politique de maintien à domicile est avant tout unedécision émanant des pouvoirs publics comme les financements alloués ; en d’autres termes une décision collective avant d’être individuelle. Enfin, une réflexion collective entre tous les citoyens semble nécessaire pour « repenser la solidarité ». Ce sujet de discussion est une réalité pour chacun d’entre nous depuis la loi du 11 février 200516 relative à l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap, et en l’occurrence, les personnes âgées dépendantes.

Une recrudescence des postes d’animateurs dans les années 1990, mais une reconnaissance relative

L’animation en plein développement et occupant une place de plus en plus conséquente dans les établissements pour les personnes âgées et dépendantes, il a donc fallu trouver des professionnels pour répondre à une demande bien présente. Au-delà de cette demande, c’est la construction de nouveaux types d’établissement qui a permis une offre supplémentaire de postes d’animateurs en institutions pour personnes âgées.
Cette recrudescence des postes d’animateurs peut également s’expliquer par le fait que cela apparaisse aujourd’hui comme une obligation dans les conventions collectives d’établissements : des postes sont en effet dédiés à l’animation. Mr Bregeon, président de la section locale VMEH 4917, a remarqué une certaine forme d’ « institutionnalisation » dans les structures où il intervient, une plus grande formalisation des pratiques : « avant c’étaient les ASH (agents de service hospitalier, aujourd’hui mandatés à l’entretien des locaux selon des règles d’hygiène strictes pouvant soutenir les aides-soignants pour les repas si nécessaire) qui s’occupaient de cela quand on avait le temps,c’était un peu du bricolage. Avant l’animation, ce n’était que de l’occupationnel ». On peut en déduire que la professionnalisation de l’animateur a changé le cours de l’animation pour lui apporter une dimension plus thérapeutique.

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Table des matières

SOMMAIRE
Remerciements
Introduction
I – Le travail social dans l’animation en institutions pour personnes âgées et dépendantes
A. Sociohistoire de l’animation en institutions pour personnes âgées
1. L’animation, un concept ambivalent .
1.1 Etymologie et définitions
1.2. L’animation, au-delà de simples activités
1.3 Un sentiment d’appartenance plus ou moins explicite
2. Brève chronologie de l’animation pour personnes âgées : des débuts à aujourd’hui
2.1. De la genèse aux années 2000
2.2. Un écrit important : le rapport Laroque
2.3. Une recrudescence des postes d’animateurs dans les années 1990, mais une reconnaissance relative
3. Des objectifs qui évoluent au rythme des mentalités
3.1. De l’occupationnel au thérapeutique : vers une progressive réformation des pratiques
3.2. Des objectifs précis pour « rendre la personne âgée actrice »
B. Représentations sociales et problématiques de l’animation en institution
1. Vieillissement de la population et allongement de la durée de vie
1.1. Des données révélatrices du phénomène
1.2. Une question à mettre au cœur du débat public
1.3. L’apparition de nouvelles formes d’hébergement
2. La dépendance comme enjeu du lien social
2.1. Distinguer dépendance et perte d’autonomie
2.2. Financement et perspective d’évolution
2.3. La dépendance comme objet spécifique de l’animation
C. L’articulation du sanitaire et du social : un décloisonnement lent mais fondamental
1. Un assemblage historique
1.1. La psychiatrie à l’origine du décloisonnement
1.2. Des repositionnements nécessaires
1.3. La Loi HPST et l’apparition des réseaux : de nouvelles politiques publiques allant dans le sens d’une globalisation des pratiques
2. Un changement positif
2.1. Une demande sociale à prendre en compte
2.2. Une coopération dans un but commun : l’intérêt de la personne âgée dépendante
2.3. Un succès néanmoins relatif : encore des divergences aujourd’hui
II – Enquête sur une interaction : quels comportements adopter pour une intervention sociale de qualité ?
A. Une pluralité d’acteurs en interaction dans le projet commun
1. Les acteurs permanents : l’équipe restreinte
1.1. Le corps médical : infirmiers et aides-soignants
1.2. La direction : directeur et secrétaire
1.3. L’animation : animateurs et aides médico-psychologiques (AMP)
2. Les acteurs ponctuels : l’équipe élargie
2.1. La famille et les amis
2.2. Les bénévoles et les associations
B. Des entraves dans la relation avec la personne âgée dépendante
1. Plusieurs freins à une intervention sociale de qualité
1.1. L’existence ou non d’un projet commun
1.2. Des conflits bloquant l’équipe
1.3. L’absence de recensement du potentiel des membres de l’équipe
1.4. Le manque de temps
2. D’autres obstacles altérant la qualité de cette intervention
2.1. La liberté accordée à l’animateur
2.2. Les conditions financières et budgétaires de la structure
2.3. L’évaluation de l’animation
2.4. L’épuisement professionnel
C. Des réponses avec lesquelles il faut rester vigilant
1. Être bénévole, une fonction bien spécifique
1.1. La Charte des bénévoles et le triangle de communication
1.2. La formation, un phénomène en progression
2. La coordination d’une équipe
2.1. Un rôle souvent alloué à l’animateur
2.2. L’apparition de récents vocables : entre continuum, interaction et interdisciplinarité
2.3. Une équipe diversifiée dans l’optique d’un bien-vieillir idéalisé
Conclusion
ANNEXES
Annexe 1 : Grille « autonomie, gérontologique, groupes iso-ressources » (AGGIR)
Annexe 2 : Charte des droits et des libertés de la personne âgée en situation de handicap ou de dépendance
Annexe 3 : Charte du bénévole …

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