SITUATION ÉPIDÉMIOLOGIQUE DE LA TUBERCULOSE BOVINE EN FRANCE

SITUATION ÉPIDÉMIOLOGIQUE DE LA TUBERCULOSE BOVINE EN FRANCE

UNE INFECTION BACTÉRIENNE

La tuberculose bovine est une maladie contagieuse due à Mycobacterium bovis, bactérie appartenant au complexe tuberculosis. Ce complexe comprend entre autres Mycobacterium tuberculosis, agent de la tuberculose humaine. M. bovis est pathogène chez tous les mammifères. La culture des mycobactéries tuberculeuses nécessite deux à trois mois en laboratoire même si la croissance des colonies débute dès trois semaines selon le substrat utilisé (O.I.E., 2014). La persistance de M. bovis dans l’environnement, bien que très importante pour une bactérie non sporulée, est controversée en ce qui concerne ses conditions précises. Les études de laboratoire indiquent que les principaux facteurs influençant la survie de la bactérie dans le sol sont la température, l’humidité, le pH, l’exposition au soleil, l’oxygène et la microflore locale. Dans du lisier, utilisé pour l’épandage, il est attendu que la bactérie survive deux ans. Cependant, ces résultats sont des résultats de laboratoire et peuvent varier selon les conditions de terrain (Humblet et al., 2009). La tuberculose bovine est une maladie chronique des bovins, d’évolution lente. L’expression clinique de la maladie est rare, même lorsque plusieurs organes sont atteints. Les symptômes, lorsqu’ils existent, sont peu caractéristiques : l’anorexie, un amaigrissement, une dyspnée ou la toux. Le plus souvent, la contamination se fait via les aérosols, mais peut se faire également par ingestion (O.I.E., 2014).

Le typage moléculaire permet de distinguer les isolats de M. bovis. Une des méthodes est le spoligotypage. Elle consiste en l’analyse d’une région génomique spécifique des mycobactéries du complexe tuberculosis. Elle permet de connaître la présence ou l’absence de 43 séquences spécifiques nommées « spacers » (Haddad et al., 2004). Le profil moléculaire obtenu est le spoligotype. La distinction des isolats selon le spoligotype est une des méthodes employée pour investiguer l’origine d’un foyer en complément d’autres méthodes de typage moléculaire. Une base de données internationale en ligne (http://www.mbovis.org/) recense l’ensemble des spoligotypes identifiés dans le monde. Cette base de données permet d’obtenir des informations sur chaque spoligotype.

L’INTRADEMOTUBERCULINATION COMPARATIVE (I.D.C.)

A la différence de l’I.D.S., l’I.D.C. compare la réaction inflammatoire du bovin au contact de tuberculine bovine et de tuberculine aviaire. L’annexe B de la directive européenne 64/432/EEC précise que ce test est réalisé avec une injection de tuberculine bovine et une injection de tuberculine aviaire. Les deux doses de tuberculines injectées doivent être au moins de 2 000 UI dans un volume inférieur à 0,2 mL. L’injection de tuberculine aviaire doit être réalisée à 10 cm de la crête du cou. L’injection de tuberculine bovine est réalisée 12,5 cm plus bas sur une ligne parallèle à la ligne de l’épaule ou sur les côtés du cou. Il est également possible de réaliser une injection de chaque côté du cou, à des points identiques, au centre du tiers médian du cou. De même que pour l’I.D.S., le pli de peau au niveau du site d’injection doit être mesuré avec un cutimètre avant l’injection et 72 heures après l’injection. La lecture de la réaction pour un bovin se base sur la présence de signes cliniques d’inflammation et sur la comparaison des épaississements des plis de peau des deux sites d’injection (tableau 2). La réaction est dite positive en présence de signes cliniques ou si l’épaississement du pli de peau au niveau du site d’injection de la tuberculine bovine est supérieur d’au moins 4 mm à l’épaississement du pli de peau au niveau du site d’injection de la tuberculine aviaire. La réaction est négative en l’absence de signes cliniques d’inflammation et si la tuberculine bovine entraîne une réaction négative. La réaction est également négative en l’absence de signes cliniques d’inflammation avec un épaississement du pli de peau pour la tuberculine bovine supérieur de moins d’un millimètre, voire inférieur, à l’épaississement du pli de peau pour la tuberculine aviaire.

LORS DE SUSPICION

Que ce soit suite au dépistage, au contrôle à l’introduction ou à l’inspection d’abattoir, si l’infection par M. bovis est soupçonnée, le cheptel est considéré comme suspect. Il est alors placé sous Arrêté Préfectoral de Mise sous Surveillance (A.P.M.S.) et sa qualification « indemne de tuberculose bovine » est suspendue. Des enquêtes épidémiologiques sont alors réalisées. Le but de ces enquêtes est de repérer les élevages en lien épidémiologique avec le cheptel suspect. En premier lieu, les mouvements des bovins de l’exploitation suspecte sont étudiés. Les enquêtes « amont » cherchent les exploitations d’où proviennent les bovins achetés par le cheptel suspect. Ces exploitations peuvent être à l’origine de l’infection. Nous appelons ces cheptels, des cheptels amont. Les enquêtes aval cherchent les élevages des bovins vendus par le cheptel suspect. Ces cheptels peuvent avoir été contaminés par les bovins qu’ils ont achetés. Ces cheptels sont les cheptels aval. Les bovins vendus par les cheptels amont sont dénommés issus (i.e. « provenant du cheptel amont »).

Les enquêtes épidémiologiques permettent également de définir les élevages ayant des pâtures voisines de celles du cheptel suspect. Si l’infection est confirmée dans un cheptel, l’abattage diagnostique des animaux en lien épidémiologique avec ce cheptel peut être demandé (article 23 de l’arrêté du 15 septembre 2003) : cette dénomination (abattage « diagnostique ») souligne la différence par rapport à l’abattage sanitaire, qui vise l’élimination d’animaux reconnus infectés, tandis que dans le cas de l’abattage diagnostique, comme son nom l’indique, il s’agit de se donner les moyens d’aboutir à un diagnostic direct (plus fiable que le diagnostic indirect comme une IDR) en effectuant les prélèvements sur l’animal abattu. Dans le cas de l’abattage sanitaire, la décision est ordonnée, tandis que pour l’abattage diagnostique, elle est seulement demandée au propriétaire, car dans le cas de l’APMS, le préfet ne dispose pas du pouvoir d’ordonner un tel abattage. Des contrôles par I.D.R. sont également réalisés dans le cheptel suspect. La suspension de qualification du cheptel est levée si toutes les I.D.R. sont négatives. Dans le cas contraire, les animaux réagissants, i.e. non négatifs, peuvent être envoyés à l’abattoir pour un abattage diagnostique (article 23 de l’arrêté du 15 septembre 2003) et la qualification demeure suspendue.

SURVEILLANCE DE LA FAUNE SAUVAGE

Les mammifères de la faune sauvage peuvent être infectés par M. bovis (Coleman et Cooke, 2001). Sous certaines conditions, ces mammifères peuvent constituer des réservoirs pour l’infection des bovins par M. bovis. Haydon et al. (2002) définissent un réservoir comme une ou plusieurs populations ou environnements épidémiologiquement liés dans lesquels l’agent pathogène peut se maintenir et contaminer la population cible. Des espèces de la faune sauvage sont décrites dans plusieurs pays comme réservoirs de M. bovis vis-à-vis de l’infection des bovins : le blaireau (Meles meles) en Grande Bretagne (Delahay et al., 2001), le phalanger renard (Trichosurus vulpecula) en Nouvelle-Zélande (de Lisle et al., 2001) ou le sanglier (Sus scrofa) en Espagne (Naranjo et al., 2008). Or, la présence d’un réservoir de l’infection des bovins dans la faune sauvage limite l’impact des mesures de lutte contre la maladie (Hars et al., 2010). La densité d’animaux est également un problème. En effet, la densité de population et les facteurs favorisant le rassemblement d’animaux de la faune sauvage sont corrélés à l’augmentation de la prévalence d’infection par les bactéries du complexe M. tuberculosis (Castillo et al., 2011). En France, le premier cas d’infection à M. bovis dans la faune sauvage a été détecté en 2001. Des lésions ont été observées sur un cerf élaphe (Cervus elaphus) tué à la chasse dans la forêt de Brotonne (Hars et al., 2006). Il est donc nécessaire de surveiller la maladie également dans la faune sauvage.

Jusqu’en 2011, la surveillance de la faune sauvage en France était uniquement de la surveillance événementielle. La découverte de cas reposait sur des découvertes fortuites lors d’éviscération d’animaux tués à la chasse, lors d’analyses d’animaux dans le cadre du réseau SAGIR, ou lors d’enquêtes épidémiologiques ponctuelles. Le réseau SAGIR est un réseau de surveillance épidémiologique de la faune sauvage. Ce réseau a été créé sur un partenariat entre l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et les Fédérations de chasseurs. Dans le cadre de ce réseau, les animaux de la faune sauvage trouvés morts ou malades, sont conduits au laboratoire départemental d’analyses vétérinaires pour établir le diagnostic (réseau SAGIR : http://www.oncfs.gouv.fr/Reseau-SAGIR-ru105).

 

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE
INTRODUCTION
1.UNE INFECTION BACTÉRIENNE
2.DISPOSITIF DE SURVEILLANCE DE LA TUBERCULOSE BOVINE EN FRANCE
2.1. Surveillance à l’abattoir
2.2. Dépistage prophylactique
2.3. Actions de police sanitaire
2.4. Surveillance de la faune sauvage
3.SITUATION ÉPIDÉMIOLOGIQUE DE LA TUBERCULOSE BOVINE EN FRANCE
3.1. La France est reconnue indemne de tuberculose bovine…
3.2. … Mais de nouveaux foyers sont détectés tous les ans
4.LES FACTEURS DE RISQUE ET FACTEURS ASSOCIÉS STATISTIQUEMENT
4.1. Facteurs à l’échelle de l’animal
4.2. Facteurs à l’échelle de l’exploitation
4.3. Facteurs à l’échelle de la région
4.4. Conclusion sur les facteurs de risque et facteurs statistiquement associés
CONCLUSION
SECONDE PARTIE : RECHERCHE PERSONNELLE
INTRODUCTION
1.MATÉRIELS ET MÉTHODES
1.1. Modèle
1.2. Protocole
1.3. Constitution des lots
1.4. Variables explicatives
1.5. Recueil des données
1.6. Méthodes statistiques
2.RÉSULTATS
2.1. Description des données
2.2. Données concernant les issus
2.3. Données concernant les cheptels exposés et non exposés
2.4. Régressions logistiques conditionnelles multivariées
2.5. Analyse de colinéarité des variables
2.6. Régressions logistiques conditionnelles multivariées
3.DISCUSSION
3.1. Résultats de l’étude
3.2. Aspects méthodologiques
CONCLUSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *