Situation de la faune sauvage au Cameroun

Situation de la faune sauvage au Cameroun

Importance de la faune sauvage

Longtemps restée à l’écart des grands débats, à l’instar de ceux suscités par les espèces ligneuses au Cameroun, la faune est de nos jours l’objet de nombreuses convoitises (Nlegue, 2002). Sa conservation devient désormais nécessaire eu égard aux nombreux rôles qu’elle joue (Mengamenya, 2004). C’est ainsi que Asibey (1974) souligne que la faune sauvage constitue une importante source de protéines animales pour 75% de la population humaine en Afrique et surtout au sud du Sahara. Au Cameroun, Ajayi (1979) a estimé qu’environ 80% des protéines animales consommées par les populations rurales de la zone forestière proviennent du gibier. On citera entre autres le rôle joué par les animaux dans la régénération forestière et le maintien des équilibres écologiques, la dissémination de certaines graines d’espèces forestières à travers le dépôt des crottes pendant le déplacement des animaux sauvages «zoochorie» (Anonyme). Sur le plan scientifique, Mengamenya, (2004) rapporte qu’il existe une multitude d’espèces sauvages pas suffisamment connues qui font aujourd’hui l’objet de plusieurs découvertes. Dans une étude récente, Ramade (1993) dénote que bon nombre des espèces sauvages sont utilisées dans la pharmacopée traditionnelle et moderne. Selon Carpeneto (1993), plusieurs Etats ont découvert l’intérêt économique que représente la faune à travers le tourisme de vision. Pour lui, la plupart des touristes qui viennent en Afrique sont motivés par le désir d’entrer en contact avec la «Vie sauvage»

La chasse

Mengamenya (2004) rapporte que la faune sauvage est généralement exploitée à travers le tourisme de vision et la chasse. Pour le même auteur, cette dernière s’illustre comme étant le système d’exploitation de la faune le plus répandu en milieu rural africain. Pour Anthony (2000), la chasse en brousse est la conséquence directe du développement accéléré de l’exploitation industrielle des ressources minières. D’après Cartmill (1993), ce système d’expansion économique dans les siècles passés a amené les populations africaines à considérer les animaux sauvages comme une importante ressource à l’égard de l’Europe et de l’Amérique du Nord.La chasse a été définie par le MINEF (1994) comme l’acte visant à poursuivre, tuer, capturer un animal sauvage ou guider des expéditions à cet effet. Le tourisme de vision consiste à photographier et filmer des animaux sauvages à des fins commerciales. De la loi forestière camerounaise N°94 /01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche et du décret N°95/466/PM du 20 juillet 1995, fixant les modalités d’application du régime de la faune notamment dans ses articles 2 et 3, il découle plusieurs autres définitions et concepts relatifs à la chasse. Gaspary (1999) relève que la chasse villageoise touche également les aires protégées. La perte de la biodiversité et la diminution des densités des populations des gibiers ne sont pas seulement liées à la chasse mais aussi à l’accroissement de la population humaine et la transformation des habitats (Eltringham, 1984). Mordi (1991) rapporte que la plupart des africains aujourd’hui ont perdu leur traditionnel respect quasi religieux pour les animaux sauvages et beaucoup ont adopté un régime alimentaire essentiellement protéique, orienté vers la consommation de la viande de brousse. Pour Kellert (1996) la perte de la biodiversité serait due à la généralisation de l’économie de marché, à l’introduction des religions occidentales et à l’apparition d’un gouvernement central et urbanisé qui ont rendu spirituellement inopérantes les valeurs tribales de conservation et de protection de la vie animale à cause de la non émergence de nouveaux fondements écologiques et éthiques. Bousquet (1991) pense pour sa part, que la résolution de l’incompatibilité entre conservation et développement se fait non pas par les sacrifices de l’un au profit de l’autre, mais par un zonage de l’espace en support à un aménagement du territoire, établi en fonction des vocations de chaque zone, des contraintes et de l’état initial du site.

Situation de la faune sauvage au Cameroun

Richesse faunique au Cameroun

D’après Mengamenya (2004) le Cameroun renferme près de la moitié de la biodiversité africaine du fait de son étalement sur diverses zones écologiques, on y rencontre environ 250 espèces de mammifères parmi lesquelles 53% appartiennent à la zone forestière. Pour Vivien (1991), la zone au sud de la Sanaga est considérée comme l’une des plus riches en termes de biodiversité et comporte les espèces les plus endémiques, parmi lesquelles, Cercopithecus cephus, Cercoptthecus nictitans, Colobus satanas. Le même auteur rapporte que, certaines autres espèces comme Galago alleni, Genetta servaline, Artocebus calabarensis et Herpestes naso se retrouvent seulement dans la partie forestière délimitée par la côte atlantique à l’Ouest, du fleuve Congo et son affluent au Sud, la Sangha à l’Est et la limite de la forêt du Nord. Il estime à 542 le nombre d’espèces de poissons appartenant à 53 familles et 179 genres présents au Cameroun. Selon lui, près de 54% de cette ichtyofaune se trouve en zone forestière et près de 79 espèces d’oiseaux y sont endémiques.
Mengamenya (2004) estime à 850 le nombre d’espèces d’oiseaux présents au Cameroun avec des taux d’endémisme relativement supérieurs dans les forêts de montagnes. Le même auteur évalue à 38% le pourcentage d’espèces endémiques dans l’avifaune montagnarde. Depierre (1978) pour sa part, estime à 330 le nombre d’espèces de reptiles dont 4 espèces de tortues marines, 3 espèces de crocodiles, environ 200 espèces d’Amphibiens dont 63 endémiques ont été recensées. Mengamenya (2004) souligne que la grenouille géante (Conraua goliath) se rencontre surtout près des cours d’eau du Sud. Cependant, selon le même auteur, cette faune si riche et variée que compte le Cameroun est soumise aux problèmes majeurs de destruction de l’habitat animal, à l’exploitation intensive de la forêt et au braconnage. Ainsi, 40 espèces de mammifères et 8 espèces d’oiseaux sont déclarées par l’UICN (1990) comme étant menacées d’extinction.

Cadre légal et réglementaire des activités de chasse au Cameroun

Il existe un cadre réglementaire dans lequel s’exercent les activités de chasse. La loi stipule que tout procédé de chasse, même traditionnel, de nature à compromettre la conservation de certains animaux peut être interdit ou réglementé par l’administration chargée de la faune (art 81) ; dans l’article 80, elle prévoit que sauf autorisation spéciale délivrée par l’administration chargée de la faune, sont interdits : 1) la poursuite, l’approche et le tir de gibier en véhicule à moteur ; 2) la chasse nocturne, notamment la chasse au phare, à la lampe frontale et en général la chasse au moyen de tous les engins éclairants conçus ou non à des fins cynégétiques ; 3) la chasse à l’aide des drogues, d’appâts empoisonnés, de fusil anesthésique et d’explosifs ; 4) la chasse à l’aide d’engins non traditionnels ; 5) la chasse au feu ; 6) l’importation, la vente et la circulation de la lampe de chasse ; 7) la chasse au fusil fixe et au fusil de traite ; 8) la chasse au filet moderne.
«Sous réserve des dispositions de l’article 81 ci-dessus, la chasse traditionnelle est autorisée sur toute l’étendue du territoire camerounais, sauf dans les forêts domaniales pour conservation de la faune et dans les propriétés tiers» (art 86). En son alinéa 1er, l’article 87 précise que tout acte de chasse autre que le cas prévu à l’article 86 est subordonné à l’obtention d’un permis ou d’une licence de chasse. En ce qui concerne les armes de chasse, l’article 106 dispose qu’est prohibée toute chasse effectuée au moyen : – d’armes à feu susceptibles de tirer plus d’une cartouche sous une seule pression de la détente ; – d’armes ou minutions de guerre composant ou ayant composé l’armement réglementaire de forces militaires ou de police ; – de projectiles contenant des détonants ; – de tranchées de fusil de traite ; – de produits chimiques.
L’article 21 fait état de l’abattage ou de la capture des animaux dans un territoire de chasse. Celui-ci obéit aux prescriptions du plan de chasse fixé par le ministre chargé de la faune. Ce plan précise : – le quota d’abattage des différentes espèces ; – le quota de captures ; – les latitudes de prélèvements par type de permis.

Types de chasse

Selon le MINEF (1994), on distingue la chasse réglementaire (chasse légale et braconnage) et la chasse utilitaire (chasse de subsistance et chasse commerciale). La chasse de subsistance sert à l’autoconsommation, surtout en zone rurale, où elle fournirait plus de 80% des protéines animales Ajayi (1979). Le MINEF (1995) pour sa part considère la chasse commerciale comme celle à but lucratif et subordonnée à l’obtention d’un permis.

Les techniques de chasse

Pour Morris (1992), la chasse est, dans l’ordre d’apparition des différents «stades» de l’humanité, avec la cueillette, l’une des premières activités de l’homme. Selon lui, «les activités cynégétiques ont été chez homo faber, le cadre de conception, d’exercice, de ses outils et de ses aptitudes ; sa personnalité en est restée tellement façonnée qu’épris par les besoins cynégétiques, l’homme contemporain de la ville, les sublime dans le football, le handball…. des ersatz de chasse». Pour le même auteur, au-delà de cet urbain envahissant, la «faim de viande» de plusieurs peuples sylvestres ne s’assouvit encore que grâce aux trappes, trébuchets, collets, assommoirs, gluaux, appeaux, leurres etc., vestiges améliorés ou conservés des techniques de chasse ancestrales, auxquelles s’est ajouté le fusil moderne. Pour Mengamenya (2004), les moyens de s’approvisionner en ressource faunique évoluent dans le temps avec la découverte de nouvelles techniques de capture plus performantes.Auzel (1999) trace l’évolution progressive des techniques de chasse comme suit : chasse à courre qui se pratique à l’aide des chiens et des lances, chasse au filet, au piège à câble d’acier et enfin au fusil. Il souligne par ailleurs que l’utilisation du filet tend à disparaître alors que la chasse à courre et à l’arbalète sont restées aujourd’hui l’apanage des puristes pygmées. Mengamenya (2004) rapporte que l’apport en biomasse c’est à dire de la quantité de gibier fournie à travers les différentes techniques de chasse dans certaines régions du Cameroun peut se résumer comme suit : – dans le Dja selon Jeanmart (1997) : piégeage (89,5%), fusil (8,4%), autres (2,1%) ; – à Yokadouma d’après Ngandjui (1998) : piégeage (84,9%), fusil (11,98%), autres (3,12%) ; – à Campo Ma’an, Tsafack (2000) rapporte : piégeage (65,75%), fusil (32,6%), autres (1,65%).
Selon ce dernier auteur, cette évolution montre une diminution progressive du piégeage malgré son importance, au profit de l’usage du fusil tandis que les autres techniques traditionnelles se raréfient avec le désenclavement des zones.

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Table des matières

Fiche de certification de l’originalité du travail
Fiche de certification des corrections après soutenance
Dédicace
Remerciements
Avant-propos
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des abréviations
Résumé
Abstract
Chapitre 1. Introduction
1.1. Généralités
1.2. Problématique
1.3. Objectifs de l’étude
1.3.1. Objectif global
1.3.2. Objectifs spécifiques
1.4. Hypothèses de l’étude
1.5. Importance de l’étude
1.5.1. Sur le plan théorique
1.5.2. Sur le plan pratique
1.6. Organisation du mémoire
Chapitre 2. Cadre conceptuel et revue de la littérature
2.1. Clarification conceptuelle
2.1.1. La gestion
2.1.2. Pratiques et Techniques
2.1.3. Savoirs
2.1.4. Ressources naturelles
2.1.5. Perception
2.1.6. Biodiversité
2.1.7. Faune sauvage
2.1.8. Territoire de chasse
2.2. Revue de la littérature
2.2.1. Importance de la faune sauvage
2.2.2. La chasse
2.2.3. Situation de la faune sauvage au Cameroun
Chapitre 3. Méthodologie
3.1. Présentation et choix de la zone d’étude
3.1.1. Présentation de la zone d’étude
3.1.2. Relief et hydrographie
3.1.3. Végétation
3.1.4. Milieu humain
3.2. Choix de la zone de l’étude et échantillonnage
3.2.1. Choix de la zone d’étude
3.3. Collecte des données
3.3.1. Sources secondaires des données
3.3.2. Sources primaires des données
3.3.3. Technique d’échantillonnage
3.3.4. Matériel de collecte de données
3.4. Analyse des données
3.5. Limites de l’étude
3.5.1. Limites géographiques
3.5.2. Limites temporelles
3.5.3. Limites d’ordre conceptuel
3.5.4. Limites concernant la population de l’étude
3.6. Difficultés de l’étude
Chapitre 4. Résultats et interprétations
4.1. La chasse, une activité traditionnellement importante et réglementée
4.1.1. Les types, techniques et outils de chasse
4.2. Droits et responsabilités d’accès des populations aux différentes ressources forestières
4.2.1. Des changements importants dans l’occupation de l’espace et les pratiques de chasse à l’origine de la diminution du gibier
4.2.2. Les espaces disponibles pour la faune en réduction constante
4.3. Analyse de la diversité des pratiques de chasse et effet sur la disponibilité des ressources fauniques
4.3.1. Déréglementation et modification des pratiques de chasse
4.3.2. La chasse, une activité en régression, pratiquée surtout par les jeunes
4.4. Place de la chasse dans le revenu des paysans
4.5. Perceptions paysannes de la gestion actuelle des ressources fauniques
4.6. Vérification des hypothèses
4.6.1. Vérification de l’hypothèse HR1
4.6.2. Vérification de l’hypothèse HR2
4.6.3. Vérification de l’hypothèse HR3
Chapitre 5. Conclusion et recommandations
5.1. Conclusion
5.2. Recommandations
Références bibliographiques
ANNEXES
Annexe1 : fiche d’enquête
Annexe 2 : Guide d’entretien paysan sur la gestion des ressources forestières
Annexe 3 : Caractéristiques socioéconomiques de l’échantillon enquêté
Annexe 4 : Présentation du projet Duras
Bayiha

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