Situation de handicap lors des évacuations d’urgence

La loi du 11 février 2005 prône : l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées (1). Elle pose le principe que toute personne en situation de handicap a droit à la solidarité de la nation, l’accès aux droits fondamentaux ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté. Des dispositifs existent désormais pour compenser financièrement le handicap et imposer l’obligation d’accessibilité dans le cadre des déplacements, à savoir le cadre bâti (établissements recevant du public neufs et existants, locaux professionnels, logements), transports publics, voirie, espace public (1).

Elle offre une meilleure inclusion aux personnes en situation de handicap (moteur, sensoriel, cognitif, psychique, personnes à mobilité réduite, y compris de manière temporaire) dans la société française, en favorisant leur accessibilité dans tous les lieux de la vie publique et par conséquent leur autonomie (1), (2).

Lorsque nous parlons de l’accessibilité d’un bâtiment, nous pensons le plus souvent aux normes d’aménagements extérieurs destinés aux Personne à Mobilité Réduite (PMR) pour avoir accès aux bâtiments ainsi qu’aux agencements intérieurs permettant une meilleure circulation au sein des locaux. Cependant, il est tout aussi important de réfléchir aux aménagements à mettre en place pour ces personnes au niveau des issues de secours, afin de faciliter leur participation dans le cas où une situation d’urgence surviendrait.

Le lien entre la participation occupationnelle des personnes en situation de handicap et leur environnement :

Cette partie a pour but de montrer l’impact que peut avoir l’environnement sur la participation des personnes en situation de handicap au quotidien (16), (17), (18), (19). L’ergothérapie privilégie une approche centrée sur la personne. Pour cela des modèles conceptuels ont été créés et sont utilisés par les ergothérapeutes, afin de prendre en compte toutes les facettes de l’individu (20). Deux de ces modèles ergothérapiques offrent une approche intéressante des liens qui s’exercent entre la personne et son environnement. Ce sont : le Modèle de l’Occupation Humaine (MOH) (21), (22) et le modèle Personne-Environnement-Occupation-Performance (PEOP) (23).

Le MOH définit la personne comme étant un être occupationnel, qui voit sa participation occupationnelle influée par l’environnement dans lequel il évolue. Selon ce modèle, trois environnements existent : l’environnement physique (environnement bâti), l’environnement humain (la famille, la société, les cultures, les systèmes politiques) et l’environnement politique, culturel et économique de la personne (21) (9). Ces différents environnements peuvent faciliter l’engagement et la participation occupationnelle des individus ou en faire obstacles (17), (19), (24), (21), (22). Le PEOP, développe les mêmes concepts que le MOH. En effet, il démontre que la personne est en interaction constante avec son environnement (23). Afin que l’être humain soit épanoui et en bonne santé, il est primordial qu’il puisse participer aux activités qui lui sont signifiantes. Selon les résultats de certaines études, des facteurs vont influencer la participation des personnes en situation de handicap (17). On y trouve : l’environnement bâti, l’environnement naturel, les transports, les apports sociaux, l’environnement économique ainsi que les systèmes politiques (16), (17), (19). Ces résultats montrent également que les limitations de la participation des personnes en situation de handicap, se retrouvent notamment au niveau des structures publiques (16), (17), (18). En effet, l’environnement physique des domiciles ou des structures de vie accueillant les personnes vulnérables sont adaptés à leurs besoins (16), (17), cela comprend des aménagements leur permettant d’effectuer les activités de la vie quotidienne, ainsi que leurs déplacements de façon autonome et en toute sécurité. Les limitations se retrouvent en dehors de leurs foyers. Les difficultés évoquées sont principalement les déplacements en ville et l’accessibilité aux établissements publics et aux transports en commun (16), (18). En effet, les personnes en situation de handicap expriment des limitations dans leurs déplacements liées aux difficultés rencontrées pour se déplacer et s’orienter dans les rues (16). Pour les individus se déplaçant en fauteuil roulant, les obstacles rencontrés peuvent être induits par l’environnement bâti : le pavement des trottoirs, leur inclinaison, leur largeur. De même les difficultés d’accessibilité et de circulation dans les établissements publics, peuvent limiter et décourager leur participation (16), (17), (18). Certaines situations conduisent ces personnes à prendre des risques pour pouvoir se déplacer, par exemple rouler au milieu de la route en fauteuil, car le trottoir ne peut pas être utilisé (16).

L’environnement humain peut aussi être considéré comme un obstacle. En effet, le regard des gens exerce une pression sur la participation des personnes en situation de handicap, qui ont peur d’être jugées ou même de gêner lorsqu’elles ont besoin d’assistance pour accéder à un établissement ou prendre des articles sur des étagères situées en hauteur (16), (18). Certains établissements n’ayant pas entrepris des travaux d’accessibilité à l’extérieur et/ou à l’intérieur, justifient leur choix en argumentant que les personnes en situation de handicap étaient souvent accompagnées d’un aidant, ou que le personnel de l’établissement peut les aider (18). Cette vision impacte grandement la participation indépendante et/ou autonome de ces individus, qui se sentent obligés d’être accompagnés dans des déplacements qu’ils auraient pu effectuer seuls (16), (17), (18), (24).

Pour les personnes malvoyantes ou atteintes de cécité, l’environnement dans lequel elles évoluent sera ressenti en grande partie d’un point de vue sensoriel (16). En effet afin de compenser leur vue, elles vont affiner leur ouïe, odorat ainsi que leur sensibilité podotactile. Afin de se repérer, elles vont assembler l’ensemble des informations perçues par leurs sens. Dans un environnement familier, elles n’auront aucun mal à s’orienter et à se déplacer (16), mais dans des lieux inconnus, tout un travail de connaissance et de reconnaissance des lieux est effectué en amont, ce qui demande une grande charge cognitive (16),(17). Ces individus se concentrent donc davantage sur leurs déplacements que sur les événements qui se déroulent autour d’eux. Avec l’âge elles vont préférer restreindre leurs lieux de déplacement aux endroits accessibles et familiers, limitant ainsi leur participation dans la société (16), (17). De plus, l’environnement humain peut également être perçu comme un obstacle pour les personnes dont le handicap est invisible. En effet, si une personne malvoyante ne présente pas de signes distinctifs de son trouble, telle une canne par exemple et heurte un passant, elle sera mal perçue (16),(17). Alors que l’utilisation d’une canne, lui permettra de recevoir de l’aide spontanément facilitant ainsi sa participation à la vie en société en tant que personne en situation de handicap (16), (24).

La visibilité de l’ergothérapie dans le domaine de l’aménagement : 

L’ergothérapeute dans sa pratique place la personne au centre de la prise en charge. Il s’intéresse à ses caractéristiques bio-psycho-sociales et environnementales (9), (19), (25). Les urbanistes et les architectes quant à eux axent leurs pratiques professionnelles sur la conception et la réalisation d’espace et d’objets, plaçant ainsi l’environnement au centre de leurs pratiques professionnelles. Cependant ces trois professions ont un but commun, qui consiste à favoriser la participation et la réalisation d’activités dans l’environnement bâti.

Lorsque l’ergothérapeute adapte un environnement, il quitte son rôle de thérapeute, pour devenir un acteur fondamental dans le domaine de l’aménagement (9), (26). Il conçoit un environnement adapté aux demandes des personnes en situation de handicap (9) en collaborant avec les acteurs du bâtiment, dont les urbanistes et les architectes (9,21,27). Dans sa pratique l’ergothérapeute va s’appuyer sur différents modèles conceptuels, dont le MOH. Celui-ci met en avant les éléments physiques, socio-culturels et économiques de l’environnement. Il est composé d’objets utilisés par les personnes lors de la mise en place d’activités, d’espaces dans lesquels elles évoluent et réalisent leurs activités, et aussi des tâches professionnelles qui sont attendues/requises. Si une comparaison est effectuée entre une vision typique de l’architecture et de l’urbanisme à l’ergothérapie, cela amènerait à ne penser qu’aux éléments physique de l’environnement. Cependant il est possible d’établir un lien entre les domaines de l’architecture et de l’urbanisme et ceux mis en avant par le MOH (21), notamment lors de la conception d’espaces où seront réalisées les activités, ainsi que dans le placement et l’utilisation des objets (21,27). En effet en dehors de l’environnement bâti, l’architecte prend également en compte les aspects socio-culturels. Il réfléchit à qui utilisera cet espace et pour quel type d’activités. Il est confronté en permanence à l’environnement politique et économique, qui peuvent être des éléments facilitateurs ou obstacles à sa pratique. L’architecte dans sa pratique, créé des espaces où auront lieu plusieurs occupations, tandis que l’urbaniste organise l’espace autour des occupations et des activités. La conception et l’organisation des espaces sont fortement impactées par la société (21,27), avec une culture et des normes prédominantes correspondant aux personnes valides. Les personnes en situation de handicap éprouvent alors des difficultés à réaliser leurs occupations dans des espaces non adaptés à leurs besoins (21,25,27).

L’ergothérapie, l’architecture et l’urbanisme sont trois domaines différents. En ergothérapie l’individu est au centre de la réflexion (25), alors qu’en architecture et dans l’urbanisme, la pensée se tourne vers le groupe (21,27). C’est pourquoi, dans une volonté de rétablir un sentiment d’égalité et d’équité entre les personnes en situation de handicap et les personnes valides, des partenariats entre architecte, ergothérapeute et urbaniste, mériteraient d’être développés et seraient très enrichissants (9,21,25,27), (19). Ainsi, l’ergothérapeute de par ses connaissances sur le handicap pourrait sensibiliser les autres professionnels aux attentes et besoins des personnes en situation de handicap (9,21,25,27). L’architecte et l’urbaniste élaboreraient une approche plus approfondie des normes en vigueur et pourraient ainsi mieux appréhender le confort des espaces bâtis et leur organisation en faveur des personnes en situation de handicap (21,27). Ils pourraient également évaluer si l’espace permet à ce public de participer aux occupations prévues par le cadre bâti (21,27).

Les évacuations des établissements recevant du public (ERP), dans le domaine de la santé, en cas de catastrophes : 

En cas de sinistres, les ERP dont les établissements de santé, doivent mettre en place rapidement et efficacement des protocoles d’évacuation pour les patients et les soignants (23),(24),(25). Les évacuations de secours doivent être soigneusement planifiées, afin de limiter les temps d’évacuation et permettre au plus grand nombre de personnes d’être secourues des endroits à risques. Une des difficultés rencontrées lors des évacuations d’ERP est l’hétérogénéité de la population (23), (24). On y retrouve des adultes, des enfants, des personnes âgées, des femmes enceintes, des personnes en situation de handicap (23), (24). Il faut donc prendre en considération les caractéristiques de toutes ces catégories de personnes et leurs difficultés. Lors de l’évacuation d’un établissement de santé, différents protocoles d’évacuation peuvent être mis en place. Il peut s’agir d’évacuation interne, c’est-à dire d’un service de l’hôpital vers un autre service/bâtiment du complexe hospitalier (25). Dans ce cas les patients et le personnel soignant restent au sein du complexe hospitalier et sont transférés au sein des locaux de l’hôpital (25). Il y a également le cas d’évacuation externe de l’hôpital. Ce protocole se met en place, si l’ensemble du complexe hospitalier se trouve dans une zone à risque : incendie, ouragan, tremblement de terre, inondation, zone de guerre. Les patients, ainsi que les professionnels, sont évacués de l’hôpital pour être transférés vers des établissements de soins temporaires, ou des hôpitaux se trouvant en dehors de ces zones à risques (23,24,35).

Malgré le fait que la complexité des évacuations varie d’une évacuation interne à une évacuation externe, des points similaires et indispensables aux deux évacuations peuvent être observés (24),(25). L’annonce d’une évacuation d’urgence provoque généralement un sentiment d’angoisse, que ce soit pour les patients que pour les équipes soignantes (23,24,36). Un des points clés pour maîtriser ce sentiment de panique, est la communication. Les équipes en interne, doivent communiquer entre elles, afin de s’organiser et planifier les protocoles d’évacuation (23,24). Les professionnels de santé, doivent également rassurer les patients sur les raisons de l’évacuation, les protocoles et le déroulé des évacuations. En effet une grande partie des personnes hospitalisées, présentent des déficiences temporaires ou définitives, qui peuvent limiter leurs capacités cognitives, occasionnant de l’inquiétude ou de l’incompréhension face à la situation d’urgence (24). D’autres, peuvent se retrouver en difficulté pour se déplacer, engendrant ainsi un sentiment d’angoisse (24). La communication doit donc se faire entre les services, dans le cas d’une évacuation interne, afin d’organiser les transferts des patients (24), (25), (28,29) et entre les différents hôpitaux dans le cas d’une évacuation externe (24), (25), (28,29).

Afin de faciliter la planification des évacuations de secours, les personnels de santé doivent avoir été sensibilisés aux situations d’urgence. Une équipe formée sera en mesure d’évacuer et de faire évacuer les lieux rapidement et de façon sécurisée (24), (25). Ainsi, l’accompagnement des personnes en situation de handicap sera mieux organisé en vue d’une évacuation simultanée des personnes en situation de handicap et des autres patients (24). En dehors des protocoles de secours la disposition architecturale d’un hôpital peut également jouer un rôle de facilitateur ou d’obstacle en cas d’évacuation interne (37). En diminuant la distance à parcourir entre les services, les personnes en situation d’handicap présenteront moins de difficultés pour se déplacer. Des largeurs de couloir adaptées aux fauteuils roulants faciliteront les déplacements d’un service à un autre (37,38). Tout comme la mise en place d’une signalétique claire et visible, qui permettra de savoir comment et où se diriger (37).

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Table des matières

Introduction
1. Contexte
2. Présentation du thème
2.1. Populations étudiées
2.2. Etablissements étudiés
2.3. Situations d’urgences étudiées
2.4. Champs disciplinaires
2.5. Terminologie
3. Enjeux et intérêts en ergothérapie
4. La revue de littérature
4.1. Méthodologie
4.1.1. Lieux et dates des études
4.1.2. Etats des lieux de la recherche
4.2. Analyse critique de la revue de littérature
4.3. Synthèse de la revue de littérature
4.4. Axes de corroboration
4.5. Axes de complémentation
4.6. Axes de confrontation / opposition
5. Enquête exploratoire
5.1. Les objectifs visés
5.1.1. Objectifs généraux
5.1.2. Objectifs spécifiques
5.2. La population ciblée (avec les critères d’inclusion et d’exclusion)
5.2.1. Critères d’inclusion
5.2.2. Critères d’exclusion
5.3. Les sites d’exploration
5.4. Le choix de l’outil de recueil de données
5.5. La construction de l’outil (Cf. annexe 4)
5.6. Le déroulement
5.6.1. Test de faisabilité
5.6.2. Diffusion du questionnaire
5.6.3. Le choix des outils d’analyse des données
6. Analyse des résultats de l’enquête exploratoire
6.1. Accords de confidentialité
6.2. Section à titre individuel (Cf. annexe 5)
6.3. Du point de vue des bénéficiaires (Cf. annexe 5)
6.4. Selon votre expérience
6.5. Axes d’amélioration
7. Analyse critique de l’enquête exploratoire
8. Présentation de la question initiale de recherche
9. Cadre conceptuel
9.1. Ergothérapie et environnement
9.1.1. L’environnement
9.1.2. La participation occupationnelle
9.1.3. L’impact de l’environnement sur la participation occupationnelle
9.2. Accessibilité de l’environnement
9.2.1. L’accessibilité
9.2.2. Adaptation de l’environnement
9.2.3. Aménagement de l’environnement
9.2.4. Accessibilité universelle : L’ergothérapeute et ses partenaires
10. Question et objet de recherche
11. Méthode et recherche
11.1. Méthode différentielle
11.2. Hypothèses formulées
11.3. Les variables
11.4. Population étudiée
11.4.1. Critères d’inclusion
11.4.2. Critères d’exclusion
11.5. Echantillonnage
11.6. Site d’exploration
11.7. Choix de l’outil de recherche
11.8. Déroulement de la recherche
11.8.1. Test de faisabilité de la recherche
11.8.2. Mise en place de la recherche
11.8.3. Choix des outils de l’analyse des données
12. Résultats
12.1. Analyse des résultats
13. Discussion
13.1. Interprétation des résultats
13.2. Critique du dispositif de recherche
13.3. Intérêts, limites et apports de la recherche dans la pratique de l’ergothérapie
13.4. Transférabilité des connaissances acquises à la pratique de l’ergothérapie
13.5. Perspective et ouverture de recherche
Bibliographie
Annexes

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