RUITS EXOTIQUES DE MASSE / FILIERE DE NICHE

RUITS EXOTIQUES DE MASSE / FILIERE DE NICHE

La filière Banane d’exportation

Le bananier est une herbe géante qui appartient à la famille des musacées et dont la taille varie de 2 à 9 m selon les variétés. Le faux tronc est en réalité constitué de gaines foliaires. À sa base, on trouve une tige souterraine à partir de laquelle sont issus les rejetons qui deviennent les nouveaux jeunes bananiers (ODEADOM, 2007).
Un bananier ne produit qu’un seul régime de bananes pouvant dépasser 30 kg ; celui-ci est composé de 200 à 250 fruits ou doigts, regroupés en 18 à 22 mains. Le premier cycle de production est de 9 à 12 mois. Pour se développer, le bananier a besoin de chaleur (température de 25° à 40°) et de pluies en alternance avec un fort ensoleillement, correspondant au climat des zones tropicales et subtropicales. (ODEADOM, 2007)
La banane est un fruit climactérique (qui peut mûrir après avoir été cueilli sous l’effet de l’éthylène). Les fruits cueillis verts sont exportés et envoyés dans des mûrisseries pour y rester entre 4 à 10 jours, la durée pouvant varier en fonction des besoins du marché.
Conservées à une température entre 18°C et 20°C, les bananes achèvent ainsi la transformation de leur amidon en sucre, prennent leur couleur jaune caractéristique et renforcent leur arôme (Lescot, 2004).
Le commerce bananier international repose essentiellement sur un seul groupe variétal, les bananes Cavendish qui correspond à 56% de la production mondiale à côté des autres bananes de type dessert ou des bananes à cuire (plantains) qui sont principalement autoconsommées et ne sont donc pas considérées dans la filière d’exportation. L’unicité variétale et la standardisation permettent aux opérateurs internationaux d’arbitrer leurs expéditions entre différents marchés d’importation de manière instantanée (Loeillet, 2005).
Selon Thierry Lescot, chercheur du CIRAD spécialisé dans les systèmes de culture des bananes et plantains, la variété Gros Michel était la principale variété commercialisée dans les années 1960. Cependant, elle a connu un sort funeste à cause de sa fragilité à la maladie de Panama. Dû à sa résistance, la banane Cavendish, a remplacé le Gros Michel, en dépit de sa plus grande fragilité lors des phases de manipulation. Elle est consommée comme dessert dans les pays producteurs et importateurs, cependant sa consommation connaît une forte saisonnalité : la concurrence des fruits de printemps est notamment un facteur influençant la consommation de ce fruit.

Le fruit de la passion

Le fruit de la passion pousse sur une liane grimpante qui peut mesurer plusieurs dizaines de mètres de longueur. Originaire d’Amérique Centrale, les fruits sont ronds, violets ou jaunes et mesurent de 5 à 6 cm de diamètre. La pulpe est jaune foncée, parsemée de nombreuses graines noires. Connue aussi sous le nom de Maracuja ou Grenadille, cette plante pousse dans les climats tropicaux ou subtropicaux humides (Gerbaud, 2008).
Le nom générique de « fruit de la passion » regroupe de multiples espèces dont peu donnent lieu à une exploitation commerciale. La variété la plus communément commercialisée sur les marchés européens est Passiflora Edulis Sims, avec des fruits pourpres ou violets. La deuxième variété est Passiflora Edulis Flavicarpa, variété jaune, très aromatique et avec un jus acide. Quelques autres types de fruits de la passion sont également disponibles sur les marchés européens, telles que la Naranjilla ou Granadilla (coloration externe orange) (Gerbaud, 2008).
Le fruit de la passion se conserve bien durant 3 à 5 semaines à une température comprise entre 5,5 et 7°C et une humidité relative de 80 à 85%. Cependant, en vieillissant l’épiderme devient obligatoirement ridé sans que la qualité de la pulpe n’en soit affectée. En rayon, sa tenue est fonction de son stade de maturité, en général si le fruit est déjà mur, elle ne dépassera pas six jours (Laville, 1994).
La production commence 6 à 9 mois après la date de semis et la plante n’est productive pendant 3 à 5 ans. Les premières récoltes deviennent régulières à 12-16 mois. Les rendements varient en fonction de la variété mais surtout de la densité de plantation : en moyenne de 10 à 20 tonnes par hectare (Samson, 1980).

Identification des différences des deux filières

Dans les caractéristiques intrinsèques au produit : la banane est un produit très standardisé. Seulement une variété est commercialisée ce qui lui permet d’être quasiment assimilable à une «commodité » agricole, c’est à dire à une matière première homogène. De plus, la caractéristique «climactérique » propre de la banane lui permet d’être un produit stockable et dont les qualités organoleptiques s’améliorent au fil du temps (jusqu’à la maturation du produit). De son côté le fruit de la passion est hautement périssable et le stockage limité. Il n’est pas climactérique et son apparence externe ne fait que se dégrader au fur et à mesure de sa maturation (épiderme devient ridé), même si la pulpe garde toutes ses caractéristiques organoleptiques.
Au stade production : d’une part, même si la banane est d’origine tropicale, des zones de production existent au sein de l’Union Européenne, ce qui permet à certaines origines de bénéficier de préférences commerciales. Quant au fruit de la passion, sa production est entièrement extérieure à l’UE. D’autre part, les quantités produites sont largement différentes : 46 millions de tonnes pour la banane contre 800 000 tonnes pour le fruit de la passion (soit la production de fruit de la passion ne représente que 2% de la production mondiale de bananes en volume).
Conditionnement : les bananes sont conditionnées dans des colis de 18,5 kg, qui est une mesure internationale standard. Les fruits de la passion pourpres sont conditionnés dans des moindres quantités (2kg) dans différentes sortes de présentations (carton plateau ou à rabats d’environ 20 x 30 cm, ou fruits lités sur un rang ou dans des cartons plateaux ou à rabats ou alvéolés).
Transport : maritime pour les bananes, aérien pour le fruit de la passion. 30% du prix d’importation de la banane est dû au fret contre 55% à 68% pour le fruit de la passion.
Importation : 90 0004 tonnes importées de fruit de la passion par l’UE (on pourrait l’estimer à 9 000 en divisant par le nombre de produits compris dans la catégorie) contre 5 300 000 tonnes pour la banane.
Activités liées : fort investissement des groupes importateurs dans le marketing, volonté de différenciation et stratégies promotionnelles pour la banane en Europe. Fort investissement en recherche scientifique pour l’amélioration des variétés étant donné le poids de la filière bananière dans les pays producteurs.
Réglementation : réglementation stricte de l’OCMB pour la banane, quotas et frais tarifaires (dans le but de protéger les productions intra UE). Absence de quotas ou de frais tarifaires pour le fruit de la passion mais requiert des certificats phytosanitaires avec souvent des Limites Maximales de Résidus de pesticides très strictes. Les exigences des cahiers des charges de la GMS sont croissantes mais applicables à tous les produits.
Dans la structure de la filière : l’essentiel du commerce de la banane repose sur des filières intégrées, où des grandes multinationales possèdent des terres et sont même propriétaires du fret. Le commerce du fruit de la passion est effectué surtout par des filières conventionnelles d’importation et a plutôt recours à des agents.
La consommation : forte saisonnalité de la consommation du fruit de la passion. Plus stable pour la banane mais également avec des évolutions en fonction de la saison.
La banane est un fruit pratique, de « snacking » pouvant être mangé directement, alors que le fruit de la passion est utilisé dans l’élaboration d’autres plats nécessitant une préparation préalable et ne pouvant pas être consommé directement. Problèmes des consommateurs vis à vis du temps de préparation, du savoir faire nécessaire et de l’aspect physique du produit.
Prix de détail : 16 € le kg de fruit de la passion contre 2€ maximum pour la banane
Marge de la grande distribution : entre 40 et 50% pour la banane et 176% pour le fruit de la passion.

Description théorique de la filière papaye

Le papayer est originaire d’Amérique Centrale et des Caraïbes, c’est une herbe arborescente de 1 à 5 m de haut au tronc fibreux et spongieux. Le fruit est ovoïde. Selon les variétés, il mesure de 10 à 35 cm de long et de 7 à 15 cm de diamètre. A maturité il est de couleur jaune vert à jaune oranger. La chair est orangée ou rouge. Elle renferme de nombreuses petites graines noires. La plante pousse sous les climats chauds à pluviométrie abondante, fleurit et fructifie toute l’année (Laville, 1994).
Comme la banane, la papaye est un fruit climactérique. Elle peut être cueillie vertmature, mais le point exact de cueillette est peu aisé à déterminer. Elle ensuite murir à l’éthylène (Laville, 1994).
Il s’agit d’un fruit fragile qui demande beaucoup de soins à la cueillette et lors du transport. La définition du point de récolte et l’efficacité de la logistique vont déterminer la satisfaction des standards de maturité requis par le marché cible. La papaye qui lors de la récolte est déjà mure, ou qui n’a pas encore atteint une certaine coloration jaunâtre sera rejetée ou aura un moindre prix (Gerbaud, 2008).
Les papayes vert-mature sont conservées 3 à 4 semaines à 10°C et 90% d’humidité relative ; mûres elles ne peuvent être stockées que 2 semaines et cela à 8°C et 90% d’humidité relative. L’atmosphère contrôlée est peu utilisée et peu efficace sur la physiologie des fruits et favorise les pourritures (Laville, 1994). Des températures inférieures à 8°C, avant d’atteindre la maturité totale sont nuisibles au fruit. La pulpe peut se décolorer et le processus de maturation peut même être interrompu.

L’échantillon choisi, la méthode des entretiens semi-directifs

Pour compléter les informations théoriques trouvées lors de nos recherches bibliographiques nous avons effectué des entretiens semi-directifs avec des experts du secteur importateur des fruits et des légumes.L’entretien semi-directif consiste à poser des questions prédéfinies dans un guide d’entretien tout en laissant l’interlocuteur libre de ses réponses, il n’a pas à effectuer un choix parmi des solutions proposées ni n’est tenu à suivre une trame stricte qui ne laisserait pas de place à la spontanéité. L’enquêteur est également libre de formuler les questions à sa guise, de poser des questions supplémentaires pour obtenir des précisions. La « bonne question » est à trouver d’après ce qui a été dit par l’enquêté, elle n’est pas forcément issue du guide d’entretien (Kaufmann, 1996). Nous avons toutefois tenté de suivre au mieux la formulation des questions à tous les interlocuteurs dans un souci d’homogénéité afin de que toutes nos questions puissent être évoquées.
La démarche que nous avons suivie s’inscrit dans une perspective compréhensive, c’est-à-dire que nous sommes partis de l’observation des faits (dans notre analyse théorique) pour ensuite construire notre analyse en fonction du matériel obtenu (Kaufmann, 1996). On notera entre autres la nécessaire rupture de la hiérarchie entre un enquêté qui se soumettrait aux questions et catégories de l’enquêteur, qui se bornerait à y répondre « sagement ». Par ailleurs, l’enquêté doit sentir l’empathie de son interlocuteur, en d’autres termes : il doit ressentir son propre intérêt au regard des informations qu’il délivre. En ce qui concerne la neutralité de l’enquêteur, il ne suffit pas de rester imperméable aux demandes d’approbation ou de réaction car il est nécessaire pour construire un débat ou dialogue de confronter des positions (Kaufmann, 1996). Dans ce cas l’enquêté ne se contentera plus de propos « de surface » et l’échange pourra progressivement devenir intéressant. Enfin il faut garder à l’esprit que tout discours produit par entretien est co-construit par l’intervieweur et l’interviewé en fonction des enjeux de la communication et des interactions qui ont lieu lors du dialogue.

Comparaison banane / fruit de la passion / papaye

Grâce à la comparaison de l’analyse de la filière papaye et celles du fruit de la filière de niche et de masse nous constatons tout d’abord des similarités entre les filières de la papaye et du produit de niche à différents niveaux :D’une part, à l’image du fruit de la passion, les zones de production de la papaye sont exclusivement extra communautaires tandis que la banane peut provenir également de zones intra communautaires. Par conséquent, la législation d’importation européenne concernant tantôt la papaye et le fruit de la passion n’impose aucune barrière tarifaire ni quantitative à l’importation de ces produits, alors que dans le cas de la banane les barrières et quotas sont en place justement pour protéger les filières de production européenne.
De plus, nous constatons qu’à l’image de notre filière d’importation de niche, la filière d’importation de papayes n’est pas spécialisée. C’est-à-dire, ce sont des importateurs de fruits exotiques en général qui importent le produit et qui font appel à des agents et à d’autres intermédiaires. La filière intégrée ne concerne que la banane, produit de masse. Egalement, la papaye peut être assimilable au fruit de la passion dans le sens où ces deux produits sont peu présents dans les linéaires de la GMS et n’ont pas beaucoup d’investissement marketing.
Finalement, nous remarquons une faible consommation globale par le consommateur européen moyen et une méconnaissance sur la préparation de ces deux fruits.
Par conséquent, nous pouvons dire que la filière papaye est assimilable à celle de niche en ce qui concerne la consommation, le marketing et les structures de la filière d’importation.
Cependant toutes les caractéristiques ne sont pas typiques de la filière de niche. La papaye présente des caractéristiques entre le produit de masse et de celui de niche.
D’une part, les quantités produites dans le monde et importées dans l’UE sont supérieures à celle du fruit de la passion mais ne sont pas pour autant proches d’atteindre celles de la banane. De plus, nous avons pu constater que la consommation de la papaye demeure désormais faible de manière globale, mais elle est beaucoup plus stable que celle du fruit de consommation de niche. Ainsi, une partie de la population serait « fidélisée » et consommerait de manière stable ce produit.
Il existerait une tendance vers des investissements plus conséquents au stade de production (création de plantations industrielles et investissement dans la recherche pour l’amélioration variétale). Finalement, le transport maritime est utilisé en parallèle au transport aérien ce qui expliquerait partiellement les prix de détail qui sont inférieurs à celui du fruit de niche mais demeurent très élevés par rapport à celui de masse.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
1. PRESENTATION DU TRAVAIL 
1.1. OBJECTIFS
1.2. METHODOLOGIE
1.2.1. L’analyse théorique
1.2.2. L’analyse empirique
1.2.3. La méthode de l’analyse des filières
2. ANALYSE COMPAREE : FRUITS EXOTIQUES DE MASSE / FILIERE DE NICHE
2.1. PREMIERES DEFINITIONS
2.2. CHOIX DES PRODUITS MODELES
2.2.1. Hypothèses
2.2.2. Produits importés
2.2.3. Prix stade de gros
2.2.4. Modèles
2.3. ETUDE DES MODELES
2.3.1. La filière Banane d’exportation
2.3.1.1. Délimitation de la filière
2.3.1.2. Schéma de la filière
2.3.1.3. Analyse comptable de la filière : La formation du prix de la banane
2.3.1.4. Organisation de la filière : environnement institutionnel
2.3.2. Le fruit de la passion
2.3.2.1. Délimitation de la filière
2.3.2.2. Schéma de la filière
2.3.2.3. Analyse comptable de la filière : la formation du prix
2.3.2.4. Organisation de la filière : environnement institutionnel
2.4. IDENTIFICATION DES DIFFERENCES DES DEUX FILIERES
2.5. BREVE CONCLUSION DE L’ANALYSE COMPARATIVE
3. APPLICATION AU CAS DE LA PAPAYE
3.1. DESCRIPTION THEORIQUE DE LA FILIERE PAPAYE
3.1.1. Délimitation de la filière
3.1.2. Organisation de la filière : environnement institutionnel
3.2. ANALYSE EMPIRIQUE – L’AVIS DES EXPERTS
3.2.1. L’échantillon choisi, la méthode des entretiens semi-directifs
3.2.2. Résultats
4. ANALYSE COMPARATIVE BANANE/FRUIT DE LA PASSION/ PAPAYE 
4.1. ANALYSE PAPAYE
4.2. COMPARAISON BANANE / FRUIT DE LA PASSION / PAPAYE
4.3. RESULTATS EXPLORATOIRES
5. ANALYSE STRATEGIQUE 
5.1. LES STRATEGIES EXISTANTES
5.2. ANALYSE SWOT
6. CONCLUSION GENERALE, RECOMMANDATIONS

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *