Résultats des tests de marche après trois interventions différentes

Fonctionnement de la double-tâche

Pourquoi certaines personnes ont des difficultés à effectuer deux tâches simultanément ? La littérature apporte diverses explications. La majorité des chercheurs soutiennent que l’exécution de tâches simultanées induit une altération de la performance de celles-ci (Pashler, 1994 ; Sigman & Dehaene, 2008). Les théories les plus influentes pour expliquer cette manière de concevoir les doubletâches se nomment « capacity sharing » (partage de capacités), « bottleneck » (goulot) et « cross talk » (diaphonie). Le modèle du partage des capacités (capacity sharing) propose que l’aptitude de traitement et les ressources mentales se divisent entre les différentes tâches. Lorsque plus d’une tâche sont effectuées au même moment, la capacité de traitement des tâches individuelles va diminuer. La performance de chaque tâche distincte s’affaiblit (Pashler, 1994). La théorie du goulot (bottleneck) s’explique grâce au paradigme de la période réfractaire psychologique (PRP). La PRP correspond à la période durant laquelle la réponse du deuxième stimulus est ralentie car le premier stimulus est toujours en traitement. Lorsque deux tâches synchrones demandent un mécanisme complexe, un goulot apparaît. Une ou les deux tâches subiront un retard ou une détérioration de la performance (Pashler, 1994). Le modèle de diaphonie (cross talk) expose que l’interférence dépend du contenu des informations traitées. Normalement, l’exécution de deux tâches concomitantes est facilitée lorsque celles-ci impliquent des inputs semblables. Ces deux informations peuvent être traitées par le même type de moyen de traitement (Pashler, 1994).

Evaluation du risque de biais des articles Pour l’évaluation des articles, nous avons pris la décision de suivre les recommandations du « Cochrane Handbook for Systematic Reviews of Interventions » qui conseille d’analyser le risque de biais et non la qualité de l’article. En effet, les auteurs Higgins et ses collègues (2011) préfèrent évaluer le risque de biais. Ils mettent en évidence que cela permet de juger la qualité de l’étude et de la recherche sousjacente en parallèle. Cette analyse permet d’évaluer le risque des potentiels résultats biaisés, pouvant induire une exagération ou modération de la réalité (Higgins & Green, 2011). Nous avons donc évalué le risque de biais des articles finaux à l’aide de la grille Cochrane risk of bias tool [Annexe III] qui comportent six domaines: la sélection des biais (élaborée de la randomisation et de la dissimulation d’allocation), la performance des biais (qui concerne l’aveuglement des participants et du personnel), la détection des biais (construit de l’aveuglement de l’évaluation des résultats), l’attribution des biais (qui implique les données des résultats incomplètes) et le report des biais (évalué avec le report sélectif). Cette grille comporte un dernier domaine nommé « autres biais », que nous avons décidé de ne pas utiliser car il s’agit d’un item qui n’est pertinent que dans certaines situations. Ce dernier élément s’applique par exemple, pour des circonstances spécifiques, tels que des essais sur des médicaments. Nous avons évalué le risque de biais à l’aide de trois réponses possibles. « Low risk » dans le cas où le risque de biais est évalué comme faible et « High risk » lorsque celuici est élevé. La réponse « Unclear risk » apparaît lors d’une information manquante ou non-évaluable.

Création d’un programme d’exercices

Nous avons premièrement recensé tous les exercices de tâches additionnelles à la marche à partir de la sélection finale de notre scoping review et nous avons ensuite étudié leurs statistiques et le risque de biais de chaque étude. En effet, si le test d’une intervention n’est pas cliniquement significatif, nous avons fait le choix de ne pas l’inclure dans notre programme, ainsi sa valeur P doit être inférieure à 0.05 (P < 0.05), pour que les résultats se rapprochent au mieux des effets observés (Higgins & Green, 2011). En plus de cette analyse, nous avons également sélectionné les articles suite à l’évaluation du risque de biais. Nous avons pris la décision d’exclure les études comportant plus d’un item à haut risque. Nous les avons ensuite intégrées aléatoirement dans un système de tri de cartes, Optimal Workshop, permettant aux experts de hiérarchiser le programme.

Il s’agit d’un système de tri de cartes gratuit pour la conception d’une architecture d’informations. Il permet de découvrir la hiérarchie proposée par les participants afin d’en orienter les créateurs des cartes (Optimal Workshop, n.d.). Ce programme nous a permis de soumettre la liste de toutes les double-tâches sélectionnées à cinq experts. Chaque exercice s’illustre avec une photo démontrant l’exercice, une brève explication de la double-tâche avec des adaptations possibles. Nous avons fait le choix de soumettre cette hiérarchie à une assemblée d’experts afin de la valider et de récolter des informations supplémentaires. Plusieurs études ont utilisé le même procédé, soit par une discussion avec des experts soit par des échanges d’email avec des spécialistes (Mâsse et al., 1998 ; Wuilloud A. & Lauper D., 2016). Nous avons contacté plusieurs physiothérapeutes exerçant en neurologie. Chacun recevait a reçu un explicatif détaillé de notre travail ainsi qu’une marche à suivre [Annexe IV] pour garantir une utilisation optimale du programme internet. De plus, nous avons laissé nos coordonnées pour qu’ils puissent nous joindre en cas de questions. Grâce à leurs expertises, nous avons comparé les hiérarchies proposées et les commentaires. Nous avons recherché les similitudes dans la progression des exercices. Lors de niveaux de progression différents, nous nous sommes concertées pour décider du classement.

Double-tâches choisies

L’étude de Kim (2016) nous a permis de sélectionner une unique double-tâche concernant la marche, qui consiste à coupler la marche aquatique en portant une tasse d’eau. Les tests de cette recherche sont statistiquement significatifs et ne possèdent qu’un item à haut risque de biais, bien qu’elle comporte trois items qui ne sont pas clairs. L’étude de An (2014) met en évidence les bénéfices qu’apportent l’association de la marche sur un tapis roulant avec les tâches additionnelles motrices suivantes: lancer et attraper une balle, poser des anneaux sur des crochets, boutonner et déboutonner un vêtement, tenir une tasse d’eau sans la renverser, prendre et redonner une tasse d’eau. L’addition des tâches cognitives démontrent également une amélioration : discerner des couleurs, accomplir des soustractions, effectuer des raisonnements analogiques verbaux, épeler des mots et compter à l’envers. Nous avons fait le choix de changer les raisonnements verbaux analogiques par des raisonnements verbaux dichotomiques afin d’éviter de devoir en formuler. Toutes les évaluations sont cliniquement significatives bien qu’elles aient toutes un petit effet (SMD < 0.4). L’étude indique deux items à haut risque de biais (dont la double-aveugle) et trois items n’étant pas évaluables. Les double-tâches qu’ont proposées Evans et ses collègues (2009) ne sont statistiquement pas significatives et l’étude comporte deux items à haut risque de biais. Ainsi, nous avons décidé de ne pas les inclure dans notre programme. Finalement, nous avons aussi sélectionné pour notre programme toutes les doubletâches que proposent Yang et ses collègues (2007) car leur programme est cliniquement significatif et représente l’étude la moins biaisée des quatre. Les tâches motrices adjointes à la marche utilisées sont: porter une ou deux balles dans les mains, dribbler avec une balle sur un rythme avec une ou deux mains, shooter avec le pied dans une balle tenue par un filet, dribbler une balle d’une main et porter une balle avec l’autre, tenir une balle d’une main et shooter une balle d’un pied, dribbler une balle avec une main et shooter d’un pied dans une balle, dribbler deux balles avec les deux mains.

Programme final Pour commencer, 100% des double-tâches proposées ont été jugées faisables en neurologie, néanmoins, elles requièrent déjà une certaine maîtrise de la marche sans aide sur terrain régulier. La gêne à classer les exercices par ordre croissant de difficulté correspond à la remarque principale de nos experts. En effet, la diversité des atteintes neurologiques possibles rend la graduation des exercices complexe. La capacité des patients à réaliser les exercices moteurs varie selon leur motricité, leur coordination ainsi que leur tonus et leur spasticité. Les tâches cognitives sont également compliquées à classer, car beaucoup de patients peuvent également souffrir de troubles neuropsychologiques. De manière générale, les experts jugent les exercices sur le tapis roulant trop dangereux par l’imposition du rythme, et déconseillent de l’utiliser avec des patients en phase de réhabilitation, excepté si l’emploi de sangles de sécurité est possible (suspensothérapie). De ce fait, 38% des double-tâches motrices et 100% des double-tâches cognitives ont été jugées non-sécuritaires. Les 62% restants des DTM sont alors sécuritaires. Ces professionnels en neurologie approuvent l’exécution de DT en piscine. En effet, les patients ne ressentent pas le poids de leur corps lorsque celui-ci se trouve dans l’eau, cependant, elles demandent une infrastructure sécurisée et adaptée à chaque patient patient.

Plusieurs propositions individuelles nous ont été faites. La première consiste à réaliser les exercices en trois niveaux de progression d’environnements différents. Tout d’abord, il serait judicieux de commencer en piscine et d’y instaurer plusieurs niveaux de difficultés. 46% des tâches motrices et la totalité des cognitives seraient applicables dans ce milieu. Ensuite, le patient pourrait accomplir la totalité des exercices proposés sur surface normale (en salle) puis lorsque ceux-ci sont maîtrisés, il serait envisageable d’exécuter 46% des DTM et 100% des DTC sur un tapis roulant, à condition qu’il y ait un système de sécurité. La deuxième proposition suggère de séparer le programme en deux parties : une progression d’exercices moteurs et une d’exercices cognitifs.

De ce fait, les personnes ayant des troubles cognitifs pourraient également profiter du programme sans difficultés supplémentaires. Nous avons fait le choix de construire notre programme de cette manière. Il a été soulevé que les patients pourraient être vite démoralisés face à l’échec d’une DT. Le soutien du patient pour faire face à ces défaites est alors important. Or, un expert soulève qu’il est intéressant de proposer des exercices plus difficiles pour que le patient soit motivé par un challenge. En effet, l’utilisation des DT nécessite d’identifier le potentiel émotionnel et moteur du patient. De plus, pour ces professionnels, plus les double-tâches sont fonctionnelles, plus les patients sont concentrés et motivés. Nous avons jugé 38% des DTM et 40% des DTC comme fonctionnelles dans notre programme. Les spécialistes précisent encore que le programme manque d’exercices vestibulaires, nous en avons donc intégrés dans la partie « adaptations » pour quelques exercices moteurs et pour tous les exercices cognitifs.

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Table des matières

1. INTRODUCTION
1.1 CONTEXTE GÉNÉRAL
1.2 CONTEXTE PHYSIOTHÉRAPEUTIQUE
1.3 CADRE THÉORIQUE
1.3.1 MARCHE
1.3.2 MOTOR LEARNING
1.3.3 DOUBLE-TÂCHE
1.3.4 TROUBLES NEUROLOGIQUES
1.4 PROBLÉMATIQUE
2 MÉTHODE
2.1 SCOPING REVIEW DE LA LITTÉRATURE
2.2 STRATÉGIE DE RECHERCHE
2.3 SÉLECTION DES ARTICLES
2.3.1 CRITÈRES D’INCLUSION
2.3.2 CRITÈRES D’EXCLUSION
2.3.3 SÉLECTION DE TEXTES PAR TITRES ET/OU RÉSUMÉS
2.3.4 SÉLECTION DES TEXTES EN VERSION INTÉGRALE
2.3.5 EVALUATION DU RISQUE DE BIAIS DES ARTICLES
2.4 CRÉATION D’UN PROGRAMME D’EXERCICES
3 RÉSULTATS
3.1 STRATÉGIE DE RECHERCHE
3.2 SÉLECTION DES ARTICLES
3.2.1 SÉLECTION DES TEXTES PAR TITRES ET/OU RÉSUMÉS
3.2.2 SÉLECTION DES TEXTES EN VERSION INTÉGRALE
3.3 TABLEAU RÉCAPITULATIF DES ÉTUDES
3.4 EFFETS DES INTERVENTIONS
3.4.1 RÉSULTATS DES TESTS DE MARCHE SANS DT
3.4.2 RÉSULTATS DES TEST MARCHE AVEC DT
3.4.3 RÉSULTATS DES TESTS DE MARCHE APRÈS TROIS INTERVENTIONS DIFFÉRENTES
3.5 COMPARAISON DES INTERVENTIONS
3.5.1 DURÉE DU PROGRAMME ET DES INTERVENTIONS
3.5.2 TESTS DE LA MARCHE
3.5.3 MATÉRIEL
3.6 RISQUE DE BIAIS DES ARTICLES SÉLECTIONNÉS
3.6.1 RANDOM SEQUENCE GENERATION
3.6.2 ALLOCATION CONCEALMENT
3.6.3 BLINDING OF PARTICIPANTS AND PERSONAL
3.6.4 BLINDING OF OUTCOME ASSESSMENT (DETECTION BIAS)
3.6.5 INCOMPLETE OUTCOME DATA
3.6.6 SELECTIVE REPORTING (REPORTING BIAS)
3.7 CRÉATION D’UN PROGRAMME DE DOUBLE-TÂCHE
3.7.1 DOUBLE-TÂCHES CHOISIES
3.7.2 SÉLECTION DES EXPERTS
3.7.3 PROGRAMME FINAL
4 DISCUSSION
4.1 SCOPING REVIEW
4.1.1 RÉSUMÉ DES RÉSULTATS PRINCIPAUX
4.1.2 INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
4.1.3 OUTILS D’ÉVALUATION UTILISÉS
4.1.4 POTENTIELS BIAIS
4.2 PROGRAMME DE DOUBLE-TÂCHE
4.3 LIMITES DU TRAVAIL
4.4 IMPLICATION POUR LA PRATIQUE CLINIQUE
4.4.1 UTILISATION DU PROGRAMME
4.5 IMPLICATION POUR LA RECHERCHE
5 CONCLUSION
6 BIBLIOGRAPHIE
7 LISTE DES FIGURES VI
8 LISTE DES TABLEAUX VI
9 ANNEXES VII

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