Ressources naturelles et conflits dans la littérature

Ressources naturelles et conflits dans la littérature

Sociologues, anthropologues, géographes, juristes, environnementalistes, etc. ont eu à aborder différents aspects de ces conflits à travers une multitude d’études dont celles-ci n’en constituent qu’une infime partie. Somme toute, elles ont abordé des questions qui nous semblent essentielles pour cette présente étude.

Dia (1988) dans sa tentative d’explication de l’origine des conflits fonciers en milieu rural défend la thèse de la primauté de la crise institutionnelle sur celle environnementale. Ainsi, dans une étude intitulée « Socio-logiques et écologie dans la vallée du fleuve Sénégal », il démontre que « l’absence de conflits dans la gestion traditionnelle des terres dans la société Halpular de la vallée s’explique par la fonctionnalité et l’efficacité des arrangements institutionnels qui organisent un accès successif de toutes les catégories socioprofessionnelles à la terre en fonction des modes d’usage liés à l’écologie.» Pour lui les terres sont gérées par un chef de terre ou « jom leydi » et la pêche par un chef des pêcheurs ou « jaltaabe » qui ont une fonction de gestionnaire écologique et politique. Ce sont eux qui organisent les droits d’accès et gèrent les conflits. Rejetant les thèses déterministes, Dia soutient que la rareté des ressources naturelles et les divergences d’usages n’aboutissent à des conflits qu’en l’absence d’instances sociales de régulation reconnues par tous les acteurs. C’est ainsi qu’il explique l’apparition de conflits entre éleveurs, pêcheurs et agriculteurs lorsque l’Etat post colonial a décidé de retirer aux chefs de terres accusés de féodalisme tout pouvoir de régulation et de police.

Dans une autre étude sur le foncier, Dia (2001), analyse trois aspects du conflit à savoir les sources, la nature et les fonctions. C’est ainsi qu’il distingue la source politico-religieuse de la problématique des espaces pastoraux. Pour lui, la colonisation de la forêt de Pata le plus souvent par des allochtones peut être vu comme une partie intégrante du processus d’expansion religieuse et économique de certains marabouts dans les zones fertiles et faiblement peuplées du Sénégal. Pour ce faire, cette classe maraboutique joue le rôle de « courtage politique » basé sur les passe-droits et la corruption. Ceci avec le soutien d’une part de certains fonctionnaires des eaux et forêts qui abusent de leurs pouvoirs en se servant des articles L15, L16 et L17de la loi no 98-03 du 27 décembre 1997 portant Code Forestier et d’autre part de certaines autorités politiques.

D’après lui, la faveur accordée à cette classe maraboutique dans la forêt classée est à l’origine d’une partie des conflits, tandis que l’occupation des anciennes zones pâturées avec des installations qui ne prennent pas en compte l’ aspect pastoral n’a pas manqué d’engendrer des conflits entre éleveurs et agriculteurs Pour ce qui est de la nature des conflits, Dia parle de conflits « réalistes » du fait que la cause n’est rien d’autre que la possession d’un moyen de production à savoir la terre. Donc pour lui, ces conflits sont motivés par la conquête et la conservation d’un moyen de subsistance et/ou de production et qu’ils ne revêtent pas d’aspects ethnocentriques comme certains le présument. Ces conflits cesseraient si les acteurs trouvaient d’autres moyens de parvenir à leurs fins car ces conflits contiennent en eux-mêmes le ou les éléments de leur propre limitation.

Les théories sociologiques du conflit

A l’origine, la sociologie s’est toujours préoccupée de la recherche de l’harmonie, du modèle de société le plus achevé, à partir de la connaissance des modes d’organisation, de fonctionnement et d’évolution de la société globale. Pour ce faire, certains aspects dont la connaissance contribuerait à une meilleure existence de l’homme en société ont été d’une manière ou d’une autre appréhendés par les théoriciens du social. Il en est ainsi du conflit. Le débat sur le rôle du conflit dans les sociétés a o ccupé une place centrale à l’intérieur des sciences sociales et notamment en sociologie au cours des deux derniers siècles. Si la plupart des sociologues s’accordent pour constater que le conflit est inhérent à la vie sociale, deux positions particulières sont repérables (même si une troisième est possible pour certains). Les premiers qui envisagent le conflit comme une relation sociale normale et qui, dans une moindre mesure, en font le moteur de toute société ; alors que d’autres le considèrent comme le symptôme d’un dysfonctionnement.

Dans les philosophies du contrat social, cette première vision du conflit apparaissait déjà avec Héraclite et Homère. Le premier considère que le conflit est le principe ou le père de toutes choses, mais en précisant également qu’il produit l’harmonie, ce qui veut dire qu’il joue le rôle d’un régulateur alors que pour l’autre, c’est par le conflit que les hommes font une distinction entre le juste et l’injuste, entre le bien et le mal. Dans la tradition classique de la sociologie, les théories allant dans ce sens semblent faire légion et tournent autour de la pensée de Marx pou qui, les conflits ne sont pas des accidents de la vie sociale à l’intérieur de chaque société et qu’il existe une permanence des conflits dans toute société. En second lieu, il a mis en lumière le fait que le conflit soit avant tout conflit d’intérêt et qu’au final une ligne de partage va s’instaurer entre ceux qui désirent le changement et ceux qui s’y opposent. De même, la théorie marxiste considère que ce sont les conflits sociaux qui sont le moteur principal du changement social.

Si Marx a le mérite de faire partie des premiers théoriciens en la matière et que les autres n’ont fait que se positionner par rapport à lui, c’est Georges Simmel qui parmi les classiques a le plus abordé le phénomène. Ce dernier à qui nous devons une analyse des différentes formes de conflits, insiste d’emblée sur le fait que le conflit soit une forme de « sociation » car “ la société a autant besoin d’association que de compétition. Loin de se confondre avec une cause [de] dysfonctionnement désastreuse, le conflit est une source de régulation qui traverse et structure une multitude de champs et de formes sociales…, il structure les relations collectives et renforce, quand il ne crée pas, l’identité sociale. ” Parlant des nombreuses causes des conflits dont la haine, l’envie, le besoin, le désir etc. Simmel dans une perspective psychologique soutient d’abord qu’il existe en chacun de nous une pulsion formelle d’hostilité, un instinct naturel d’opposition. Pour lui, le conflit et la contradiction font partie de chaque homme et concoure à créer l’unité de sa personnalité. Toute vie est faite de mouvements, d’échanges, d’interactions, d’oppositions, donc de conflits. Les hommes sont différents et il est difficile de vivre avec des individus qui peuvent avoir des opinions radicalement opposés aux nôtres. Simmel d’expliquer que « si nous ne pouvions nous élever contre ces personnalités, nous pourrions supporter de vivre au milieu d’elles. Cela nous permet de ne pas être passifs, mais au contraire de nous affirmer dans notre relation à l’autre.» .

S’agissant des groupes sociaux, Simmel traite deux phénomènes apparents mais distincts. Il estime tout d’abord que le conflit pose des limites entre les groupes à l’intérieur d’un système social en renforçant la conscience du groupe et en marquant la séparation ; il établit ainsi l’identité des groupes dans ce système. L’auteur est d’avis que les répulsions réciproques maintiennent un système social total parce qu’elles créent un équilibre entre les différents groupes. En bref, pour Simmel, le conflit peut servir à faire disparaître les éléments de désintégration qui surviennent au cours des relations et à rétablir l’unité. Dans la mesure où le conflit résorbe la tension entre les protagonistes, il a d es fonctions stabilisantes et devient un élément de cohésion.

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Table des matières

Introduction
PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL ET METHODOLOGIQUE
Chapitre I : Approches et définitions
I-1- Ressources naturelles et conflits dans la littérature
I-2- Les théories sociologiques du conflit
I-3 Définition des concepts
Chapitre II : Cadre méthodologique
II-1-La recherche documentaire
II-2- L’enquête exploratoire
II-3- Sites et population d’étude
II-4- les études de cas
II-5- les outils de collecte
II-6- La collecte des données
II-6-1- la pré enquête
II-6-2- l’enquête de terrain
II-7- le traitement des données
II-8- les difficultés
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA RBDS
Chapitre III : Le milieu physique
III-1- Le climat
III-2- L’hydrologie
III-3- Les ressources naturelles
III-3-1- Les ressources en eau
III-3-2- les ressources pédologiques
III-3-3- Les ressources fossiles
III-3-4- Les ressources végétales
III-3-5- Les ressources fauniques
III-3-5-1- La faune aquatique
III-3-5-2- La faune terrestre et aviaire
Chapitre IV : Le milieu humain
IV-1- découpage administratif et démographie
IV-2- L’historique du peuplement
IV-3- L’organisation sociale
IV-4- Les activités socio-économiques
IV-4-1- L’agriculture
IV-4-2- La pêche
IV-4-3- L’élevage et les ressources pastorales
IV-4-4- L’exploitation des produits de la forêt
IV-4-5- Les autres activités
TROISIEME PARTIE : ANALYSE SOCIALE DES CONFLITS
Chapitre V : Caractéristiques générales des conflits
V-1- Les conflits latents et les conflits manifestes
V-1-1- Nature des conflits
V-1-2- Localisation
V-1-3- Manifestation
V-2- les conflits potentiels
V-2-1- Nature des conflits
V-2-2- Localisation
Chapitre VI : Les facteurs associés et conséquences
VI-1- Les facteurs associés
VI-1-1- Le foncier
VI-1-2- L’élevage
VI-1-3- L’exploitation du bois
VI-1-4- Les fruits sauvages
VI-1-6- La prédation/déprédation
VI-1-7- La pêche
VI-1-10-La privatisation d’une partie de l’ex forêt classée de Fathala
VI-1-11- L’aire marine protégée (AMP) du bamboung
VI-1-12- La pression autour du noyau (PNDS)
VI-1-13- Le chevauchement des compétences
VI-2- Les conséquences
VI-2-1- Sur les populations et leurs biens
VI-2-2- Sur les ressources naturelles et leur gestion
Chapitre VII : De la résolution des conflits
VII-1- Les mécanismes traditionnels
VII-2- Pourquoi les mécanismes traditionnels ne parviennent plus à prendre en charge efficacement les conflits ?
VII-3- Le recours à la justice dite moderne
VII-4- Des limites de la justice dite moderne dans la prise en charge des conflits ?
CONCLUSION GÉNÉRALE
PROPOSITIONS
Perspectives
BIBLIOGRAPHIE
Annexe

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