RESSOURCES EN EAU ET ECONOMIE RURALE

Les Types d’aménagements

    Dans la gestion des aménagements hydroagricoles, on distingue quatre grands types. Cette distinction se fait selon leurs origines (avec deux grands groupes, l’un composé des aménagements réalisés par la SAED ou sous la supervision de la SAED, l’autre composé des aménagements réalisés hors SAED), d’autre part, pour le groupe des aménagements réalisés par la SAED, sur leur mode de fonctionnement hydraulique (M. Faye et al, inconnu).
❖ Les Grands Aménagements (GA). Constitués généralement d’une taille de plus de 100 hectares, ces aménagements sont divisés en secteurs et quartiers hydrauliques, alimentés par une station de pompage qui permet l’irrigation de l’ensemble de la superficie aménagée et dispose d’un système de drainage. Ces grands aménagements ont été réalisés par la SAED avant d’être transférés aux organisations paysannes souvent regroupées en union de GIE. L’entretien et la gestion demeurent très complexes dans ce type d’aménagement, car composé d’un grand nombre d’irrigants qui doivent s’organiser pour gérer l’ensemble du périmètre (Station de pompage, station d’exhaure, partie commune du réseau d’irrigation et de drainage). La SAED a établi une subdivision de l’aménagement en Unités de Mise en Valeur (UMV), selon le nombre d’organisations paysannes ou exploitants privés disposant de terre à l’intérieur (sur les superficies initialement aménagées par la SAED et/ou sur les superficies en Extension). La Superficie à l’intérieur des aménagements de grandes tailles est de deux types :
– Nette Initiale : la superficie aménagée par la SAED, et  éventuellement réhabilité, nette de toute emprise attribuée à des organisations paysannes ;
– Superficie en Extension : la superficie aménagée par les producteurs eux-mêmes en plus de la superficie initialement aménagée par la SAED.
❖ Les aménagements intermédiaires (AI) Les aménagements intermédiaires sont réalisés par la SAED mais leur gestion est toujours paysanne. Ils sont composés de plusieurs unités autonomes d’irrigation (UAI) et d’une partie commune à ces UAI. La partie commune comprend une station de pompage et des canaux d’irrigation primaires qui alimentent plusieurs UAI, et/ou une station d’exhaure et des canaux de drainage qui drainent plusieurs UAI. Les UAI sont des aménagements de petite Dimension non subdivisés en quartiers, et dont l’alimentation en eau est assurée par pompage avec un GMP. Une organisation à deux niveaux est nécessaire pour la gestion et l’entretien de ces aménagements. Chaque UAI est gérée de manière autonome par une organisation paysanne pour tout ce qui concerne le GMP et le réseau d’irrigation interne de I’UAI. La partie ou les parties Communes, (station de pompage principale, station d’exhaure, canaux primaires, drains Principaux) sont gérées par une organisation regroupant toutes les organisations paysannes des UAI qui dépendent de ces parties communes. Ces aménagements intermédiaires peuvent être divisés selon que les UAI sont liées entre elles par l’irrigation, le drainage ou les deux à la fois dans ce cas on parle d’aménagement intermédiaire par l’irrigation, aménagement intermédiaire par le drainage, aménagement intermédiaire par l’irrigation et le drainage.
❖ Les Petits Périmètres Irrigués SAED (PPI SAED) Souvent constitué d’une superficie inférieure à 50 ha réalisée par la SAED, ces petits aménagements ne sont pas divisés en quartier hydraulique. Ils sont dans la majorité des cas des PIV, (périmètre irrigué villageois) et sont gérés par une organisation paysanne. On trouve aussi dans ce type d’aménagements des PIP (périmètre irrigué priver), sous la responsabilité d’un exploitant privé, seul attributaire.
❖ Les Périmètres Irrigués Hors SAED (PI Hors SAED). Réalisés sans l’appui et le contrôle de la SAED, ces aménagements de taille souvent variable peuvent être de quelques hectares à plus de 100 hectares. Ils sont caractérisés par leur conception simple, sans étude préalable et avec un coût dérisoire et dépourvu de système de drainage, etc. Comme les PPI SAED, leur gestion peut être communautaire (PIV) ou bien d’un exploitant privé (donc des PIP).

Le bétail

     Depuis les années 60, les nouvelles politiques agricoles ont abouti à la création de périmètres irrigués et d’installations d’industries agricoles. Le désengagement de l’Etat en 1985 qui s’en suivit, et le transfert de la gestion des périmètres irrigués aux organisations paysannes ont été les mesures phares de cette époque. Cependant, le secteur de l’élevage n’avait pas été pris en compte dans ce que Tourrand Jean-François appelle « révolution agricole ». On assiste alors à la mise en place de périmètres irrigués sur les espaces pastoraux, la disparition des ressources fourragères de saison sèche et pour couronner les épisodes de famine des années 1972-1973 et de 1983-1984 qui sont autant de facteurs participant au déclin du potentiel pastoral de cette zone. On trouve des ménages dans la Commune qui pratiquent l’élevage familial avec quelques têtes destinées aux événements tels que les baptêmes, fêtes religieuses, etc.

Le coût des investissements

    Du démarrage des semis jusqu’à la récolte, l’exploitant mobilise un ensemble de moyens pour mener à bien son activité. Ces investissements concernent surtout les intrants et le coût hydraulique. Les intrants. Même s’ils sont dans la plupart des cas accordés à crédit aux exploitants néanmoins leurs coûts est exorbitants. C’est pourquoi on rencontre des paysans qui après la récolte et le paiement de leur crédit, se retrouvent avec une faible quantité de leur production ne permettant même pas de couvrir le besoin en nourriture jusqu’à la prochaine campagne. Le Coût hydraulique. Quatre composantes forment le cout hydraulique, il s’agit :
– Amortissement des équipements de pompage et entretien du réseau ;
– Fonctionnement de la station de pompage, du GMP ou du GEP ;
– Redevance FoMAED ;
– Redevance OMVS.
Ce coût hydraulique, avec les intrants, constitue un défi majeur pour les exploitants surtout pour ceux qui se trouvent dans les périmètres de Polo et Ngao.

Analyse des stratégies développées par les exploitants

    Pour faire face aux contraintes, les exploitations familiales n’élaborent pas de vraies stratégies pour des solutions adéquates et durables. Elles se contentent de gérer les problèmes de manière ponctuelle en trouvant des solutions au jour le jour.

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

    La Commune de Ross Béthio fait partie de la région géographique du delta du Sénégal, une zone avec un potentiel agricole considérable pouvant participer à l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire du pays. A l’image de cette espace, Ross Béthio bénéficie d’un accès aux ressources en eau avec l’axe Gorom-lampsar qui alimente les superficies mises en culture dans la délégation de Dagana (SAED). Les différentes politiques de mise en valeur de ces ressources ont considérablement amélioré les activités agricoles. On assiste à l’implication de nouveaux acteurs et la multiplication de périmètres irrigués. Avec l’efficacité du système d’irrigation, la disponibilité de l’eau en quantité n’est plus un problème. Le résultat est sans équivoque ; les rendements, au niveau global, connaissent une hausse exponentielle. De ce succès, Ross Béthio devient, aux yeux des sénégalais la capitale du riz. Cependant, l’image qu’on nous montre à travers les médias, citant la Commune comme un exemple de réussite de la politique agricole de l’Etat cache bien une triste réalité. En effet, la population de la Commune de Ross Béthio est principalement composée d’agriculteurs vivant avec de maigres ressources qui proviennent de la riziculture irriguée. Les exploitations agricoles familiales (EAF) sont très dépendantes du crédit agricole pour mener à bien leurs activités. Le non-respect du calendrier cultural est en partie lié au retard de ce crédit, et est une cause majeure des faibles rendements. On retrouve des problèmes liés à l’accès aux terres aménagées ; la plupart des exploitations actuelles ont été acquises par héritage. Certains chefs de familles qui, sous le poids des contraintes financières, cèdent leurs exploitations moyennant une somme d’argent et après ils vont recourir à la location pour continuer leurs activités. Les nouvelles affectations, qui se font sous certaines conditions, restent hors de portée des locaux qui ont du mal à remplir ces conditions-là. Prenons l’exemple de monsieur Diop, Professeur d’anglais et père de famille de 51 ans que nous avons rencontré lors de nos enquêtes. Né et grandi à Ross Béthio, il possède 0,5ha qu’il a acquis à l’époque de la communauté rurale et pourtant ses nombreuses démarches pour une nouvelle affectation n’ont jamais abouties. L’eau est disponible en permanence, mais les difficultés techniques et financières freinent le développement de la double culture irriguée qui offre une opportunité aux EAF d’étendre leurs activités agricoles toute l’année. L’activité pastorale qui constituait avec l’agriculture les deux piliers de l’économie rurale souffre d’un abandon au profit de la deuxième. Le manque de vision commune des GIE et autres OP locales pour se passer du statut de producteur au statut de producteur, transformateur et fournisseur constitue un handicap face aux réalités du marché. Certaines de ces OP croulent sous le poids de la dette, ce qui mène souvent à leur démantèlement. Face à tous ces problèmes, les chiffres publiés sur les rendements globaux sont à relativiser avec d’une part les gros exploitants et agro-industries et d’autre part les EAF. L’objectif de notre étude qui consiste à comprendre l’impact des politiques de mise en valeur des ressources en eau et des aménagements hydroagricoles sur l’économie rurale confirme bien nos hypothèses. La Commune de Ross Béthio souffre de son propre succès. La convoitise dont elle fait l’objet a mis la population locale hors du jeu de concurrence que se livrent les différents acteurs qui s’accaparent les terres, s’approprient le système de crédit et spéculent sur les prix agricoles. La non intervention de l’Etat s’explique par le modèle agricole véhiculé qui se base sur la libéralisation. Souvent non instruis, les chefs d’exploitations familiales ont du mal à maitriser certaines techniques et planifier le bon fonctionnement de leurs structures. En réalité, ils développent des stratégies de survie non orientées vers le marché. Pour remédier à ces problèmes, il faut, avant toute chose, que l’Etat apporte quelques modifications sur le modèle agricole actuel en s’y impliquant un peu plus. L’assouplissement des nouvelles modalités d’accès aux terres pour la population locale doit relancer les activités agricoles de certains ménages dépourvus de terres cultivables. L’amélioration de la qualité du financement des EAF est d’une nécessité urgente. Il faut aussi accroitre les programmes de développement comme le fonds de relance de la production rizicole du projet Bey Dunde ou les financements à frais partagés du PDMAS (Programme de Développement des Marchés Agricoles du Sénégal). En fin, accroitre la vulgarisation des techniques agricoles qui permettra le renforcement des capacités des EAF. En somme nos recommandations se résument ainsi :
➢ Améliorer le modèle agricole actuel avec l’implication de l’Etat ;
➢ Assouplir les nouvelles modalités d’accès aux terres pour la population locale ;
➢ Améliorer la qualité du financement des EAF ;
➢ Diversifier l’économie rurale en développant une nouvelle forme d’élevage compatible avec la vocation agricole de la Commune.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE ET DIFFICULTES RENCONTREES
ANALYSE CONCEPTUELLE
PREMIERE PARIE : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE 1 : LES COMPOSANTES DU MILIEU PHYSIQUES
1.1 Morphogenèse et modelé
1.2 Les types de sols
1.3 La végétation
1.4 Les éléments du climat
1.4.1 Température et hygrométrie
1.4.2 Les vents
1.4.3 L’insolation
1.4.4 L’évaporation
1.4.5 Pluviométrie
1.5 L’hydrologie
1.5.1 L’axe Gorom-lampsar
CHAPITRE 2 : LA POPULATION ET SA DYNAMIQUE
2.1. Historique
2.2. Caractéristiques de la population
2.3. Evolution de la population
2.4. Répartition de la population
2.4.1. Répartition spatiale
2.4.2. Répartition par âge et par sexe
2.4.3. Répartition ethnique et religieuse
2.5. Niveau d’instruction
2.6. Niveau de vie
DEUXIEME PARIE : LES POLITIQUES DE MISE EN VALEUR DES RESSOURCES EN EAU DANS LA COMMUNE: REFORMES ET INFRASTRUCTURES HYDROAGRICOLES
CHAPITRE 3 : LES REFORMES ET POLITIQUES DE MISE EN VALEUR
3.1. Les reformes et politiques
3.2. Atouts et contraintes de l’agriculture sénégalaise
3.2.1. Les atouts de l’agriculture sénégalaise
3.2.2. Infrastructures structurantes en construction
3.2.3. Les facteurs limitant
3.3. Cadre institutionnel et juridique de la SAED
3.3.1. Contexte
3.3.2. Fonction
CHAPITRE 4 : AMENAGEMENTS HYDROAGRICOLES ET GESTION DES RESSOURCES
4.1. Evolution foncière des terres aménageables
4.2. Les nouvelles politiques agricoles et le désengagement
4.3. Évolution des superficies aménagées
4.4. Les Types d’aménagements
4.5. Organisation des aménagements
4.5.1. Les activités pratiquées
4.5.2. Maintenance des aménagements
4.5.3. La gestion des fonds de maintenance et utilisation des ressources
4.5.4. L’utilisation des ressources
TROISIEME PARIE : ETUDE SOCIO-ECONOMIQUE DES MENAGES DE LA COMMUNE
CHAPITRE 5 : BILAN SOCIOECONOMIQUE DE LA COMMUNE
5.1. Caractérisation socio-démographique
5.1.1. Situation des chefs d’exploitation
5.1.2. Statistiques démographiques des exploitations
5.2. Caractérisation des ressources de l’exploitation
5.2.1. Le foncier
5.2.2. Le matériel agricole
5.2.3. Le bétail
5.2.4. La main d’œuvre
5.3. Caractérisation des activités économiques
5.3.1. Les sources de revenus agricoles
5.3.2. Source de revenus non agricoles
5.3.3. Utilisation des ressources de l’exploitation
5.4. Crédit et épargne
CHAPITRE 6 : CONTRAINTES ET STRATEGIES
6.1. Analyse des contraintes
6.1.1. Le foncier
6.1.2. Le coût des investissements
6.1.3. L’encadrement technique
6.2. Analyse des stratégies développées par les exploitants
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

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