Ressources alimentaires agricoles et agro-industrielles disponibles pour l’alimentation ovine au Sénégal

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Importance socio-économique et nutritionnelle du mouton

L’élevage des ovins assure plusieurs fonctions socioéconomiques dans la vie des populations locales au cours des manifestations sociales (baptême, funérailles, mariages, fêtes diverses). Le cheptel ovin représente 33,9 % du cheptel total (ANSD, 2017), assure plus de 18 % de la couverture des besoins en viande de la population et joue un rôle certain dans la réalisation de l’autosuffisance alimentaire en produits carnés. En effet, la brièveté de leur cycle de reproduction, leur bonne adaptation aux conditions du milieu, en font une réserve facilement exploitable pour la satisfaction de besoins domestiques. En milieu rural, cet élevage (petits ruminants) représente l’une des principales activités génératrices de revenus pour les femmes et les jeunes. La vente des petits ruminants facilite la gestion des périodes de soudure et l’acquisition des intrants pour l’agriculture et permet aux ménages de faire face à leurs dépenses quotidiennes (Fadiga, 1990). Outre la production de viande et de lait, les petits ruminants sont exploités pour leur peau. En 2014, près de 4 772 tonnes de cuirs et peaux ont été exportés selon l’ANSD.
L’Enquête Sénégalaise Auprès des Ménages (ESAM) en 2005, confirme que le bétail constitue une richesse essentielle au Sénégal (ANSD, 2005). Au niveau national, 68 % des ménages sénégalais possèdent du bétail ; ce taux est de 90 % dans le monde rural et de 52 % en milieu urbain. Le système de production est généralement extensif avec des troupeaux mixtes dominés par les petits ruminants. Ces derniers remplissent une fonction socio-économique plus opérationnelle pour servir de contrepartie aux approvisionnements en denrées de base, et même à l’accès à un élevage de bovin réputé plus prestigieux.
Sur le plan social, les dons de moutons sont assez fréquents et servent à renforcer les liens sociaux entre individus ou entre familles (Diaw, 1995). C’est pour cette raison que l’objectif premier de l’élevage des ovins est de fournir des animaux pour les abattages pratiqués à l’occasion des cérémonies ou pour les dons.

Importance religieuse et culturelle du mouton

Le Sénégal est un pays composé de plus de 90 % de musulmans. Dans la perpétuation du sacrifice d’Abraham, chaque fidèle musulman responsable doit immoler un mouton. Pour la population musulmane du Sénégal, le bélier est l’animal de sacrifice privilégié lors des fêtes religieuses et des manifestations sociales (baptêmes, mariages, funérailles, accueil d’hôtes, etc.). Il faut bien sûr insister sur l’importance toute particulière de la fête de l’Aïd-el-kébir, appelée Tabaski, à l’occasion de laquelle chaque chef de famille doit sacrifier un animal, de

SITUATION DE L’ELEVAGE OVIN AU SENEGAL

préférence un ovin, mâle entier de robe blanche ayant au moins deux dents d’adultes (environ 18 mois) (Thior, 2013). Selon l’ANSD, plus de 362 727 têtes de moutons ont été importés en 2015 du Mali et de la Mauritanie, car le gap national n’arrivait pas à satisfaire la demande pendant cette période ; ce qui démontre l’importance de cette fête au Sénégal. À cela, il faut ajouter les croyances religieuses et traditionnelles (protection contre le mauvais sort, par exemple) qui, souvent, motivent la pratique de cet élevage.
Au Sénégal, plusieurs zones agro-écologiques sont distinguées dont chacune est caractérisée par un système d’élevage avec des réalités socioéconomiques différentes. Le système d’élevage se définit comme l’ensemble des techniques et des pratiques mises en œuvre par une communauté pour faire exploiter dans un espace donné, des ressources végétales par des animaux en tenant compte de ses objectifs et des contraintes du milieu (Lhoste, 1993). Les systèmes traditionnels sont définis par le degré de dépendance du ménage ou de l’unité de production vis-à-vis du bétail ou des produits de l’élevage, soit en tant que source de revenus, soit en tant que source d’aliments. On distingue selon Wilson (1992) parmi les systèmes de production qui sont décrits, le pastoralisme, l’agropastoralisme et les systèmes modernes (intensifs ou semi-intensifs qui nécessitent de gros besoins en capital).

Système Pastoral

Le système pastoral est caractéristique des zones sahéliennes. Les ovins sont généralement élevés en troupeau bispécifique (ovin-caprin) par les Peuls. Les animaux d’une même concession sont regroupés en troupeaux de grande taille (24 têtes en moyenne) et sont conduits tous les matins au pâturage par des enfants ou de jeunes hommes (Faugère et al., 1990a). Selon ces auteurs, vers la fin de la saison sèche, avec la disparition du couvert herbacé, les éleveurs pratiquent une complémentation à base d’arbustes et d’arbres émondés, de gousses d’acacia et de paille de brousse. Toutefois, du fait du grand nombre d’animaux et de la croyance selon laquelle les ovins sont moins sensibles au déficit alimentaire que les bovins, le niveau de complémentation est faible (Faugère et al., 1990a). L’abreuvement se fait au niveau des sources d’eau temporaires et permanentes (mares, puits et forages). L’habitat dans la plupart des cas est un enclos d’épineux où le troupeau passe la nuit. Il sert également à garder dans la journée des jeunes sujets non sevrés au moment où les autres sont au pâturage (Missohou et al., 2000). Le pastoralisme est localisé au Nord du pays dans la zone sylvo-pastorale et dans la partie Nord du bassin arachidier. Dans ce système, plus de 50 % du revenu et plus de 20 % de la consommation énergétique alimentaire du ménage proviennent directement du bétail (Wilson et al., 1986). Ce système concerne 32 % des bovins et 35 % des petits ruminants du cheptel sénégalais (NISDEL, 2004). Les difficultés majeures qui rendent vulnérable le système sont les sécheresses, la dégradation des ressources, mais aussi certaines épizooties.

Système Agropastoral

Le système agropastoral est pratiqué par des agropasteurs sédentaires qui associent l’élevage à d’autres activités agricoles et commerciales. Il est celui des Wolofs et des Sérères sédentaires dont 10 à 50 % du revenu brut du ménage provient des animaux ou des produits de l’élevage et 50 % ou plus de l’agriculture (Wilson et al., 1986). Les éleveurs de moutons sont habituellement sédentaires, mais des déplacements s’observent parfois et se font, en général, sur de courtes distances. Le stade ultime dans lequel l’élevage sédentaire est associé à l’agriculture est celui où le fumier est utilisé pour accroître les rendements des cultures (Pagot, 1985). Les troupeaux de concessions sont souvent de petite taille (moins de 10 têtes dans 45 % des concessions en climat soudanien et dans 68 % des concessions en climat soudano-guinéen) et appartiennent en majorité (jusqu’à 75 % des effectifs ovins) aux femmes. Pendant la saison sèche (novembre à mai-juin), ils divaguent librement sur l’ensemble du finage et exploitent les parcours naturels et résidus de culture.
Une complémentation à base de fanes de légumineuses, de restes de cuisine est possible, mais les quantités distribuées aux ovins sont très faibles. Pendant l’hivernage, pour éviter les dégâts aux cultures, ils sont soit gardés au piquet sur les parcours naturels, les jachères et au bord des routes, soit confiés à un berger collectif. La mise au piquet le matin et l’abreuvement deux à trois fois par jour sont à la charge des femmes. Les animaux passent la nuit sous les toits des cases ou dans des abris le plus souvent couverts (Faugere et al., 1990b; Moulin et al., 1994). Ce système se rencontre dans les climats soudaniens et soudano-guinéens précisément dans le Bassin arachidier, la vallée du fleuve Sénégal, au Sud et Sud-Est du pays qui sont des zones agricoles. Ces zones accueillent régulièrement les troupeaux transhumants en provenance du Ferlo ou zone d’élevage pastoral pendant la période de soudure. Le système agropastoral concerne 67 % des effectifs de bovins et 62 % des petits ruminants (NISDEL, 2004). Bien qu’il soit aussi extensif, il se distingue par son intégration à l’agriculture et à sa moindre dépendance des parcours et par des performances zootechniques, légèrement meilleures que celles du système pastoral.

Systèmes modernes (semi-intensif et intensif)

Les systèmes semi-intensifs et intensifs d’embouche ovine se développent dans la zone périurbaine de Dakar (zone des Niayes), dans le Bassin arachidier et dans la Vallée du fleuve Sénégal. Ces systèmes portent sur environ 1 % des bovins et 3% des petits ruminants (NISDEL, 2004). L’élevage de mouton à Dakar est un phénomène social de grande importance : près d’une maison sur deux, pratique l’élevage de mouton. Les principaux éleveurs sont les chômeurs, les retraités, les femmes au foyer, les commerçants, les salariés ou de véritables professionnels (Fadiga, 1990). Tous les membres de la famille participent à l’entretien des animaux (Ba, 2004) avec des effectifs assez modestes ; parfois une dizaine de têtes de moutons, qui sont gardés dans la maison et nourris de reste de repas de la famille (Dia, 1979). La nuit, les animaux sont rentrés dans les hangars ou enclos pour les mettre à l’abri des voleurs. L’alimentation est essentiellement composée de fanes d’arachide, de déchets domestiques et de sous-produits agro-industriels qui offrent de meilleures perspectives à l’embouche ovine.
Cependant, contrairement à cette tendance, les travaux de Sall (2007) ont montré que l’élevage est géré à 96 % par les hommes qui sont à 76 % de profession libérale. La concentration de la demande dans les villes suscite le développement de pôles de production relativement intensifiés tout autour.
Ces pôles ont une forte orientation commerciale et voient l’intervention de nouveaux opérateurs économiques qui se distinguent des éleveurs traditionnels. Selon Tourrand (1987), le système intensif est caractérisé par deux types d’élevage : l’élevage de case pratiqué dans le Bassin arachidier, les Niayes, en zones urbaines et dans la Vallée du fleuve Sénégal en raison du manque de pâturages et l’élevage intensif dont la stratégie consiste à acquérir des animaux maigres et à les engraisser sur une courte période.
Les races ovines rencontrées au Sénégal sont caractéristiques des grandes zones bioclimatiques tropicales du Sud du Sahara ; il s’agit des races Touabire, Peulh-peulh, Waralé ou Métis, Djallonké (Doutresoulle, 1947). Certaines races de la sous-région telles que le Bali-Bali et le Ladoum sont introduites au Sénégal par les éleveurs pour les croiser avec les races locales.

Mouton Maure à poils ras ou Touabire

Le mouton Maure à poils ras ou mouton Touabire se rencontre dans toute la Mauritanie avec une prédominance dans la zone sahélienne et saharienne (Kane, 1995). Il a son berceau en Mauritanie. Au Sénégal, son aire géographique est le Nord du pays à partir du 15ème parallèle, mais actuellement il se retrouve vers le centre Sud du pays (Bassin arachidier) où il est élevé comme mouton de case. D’après Doutressoule (1947), le mouton Touabire présente les caractéristiques suivantes:
• il est hypermétrique, convexiligne et longiligne. Il atteint une hauteur au garrot de 65-90 cm avec 75-90 kg pour les mâles contre 65-80 cm pour les femelles et un poids de 45-50 kg. Sa tête forte présente un profil convexe accusé chez les mâles et habituellement aussi chez les femelles. L’extrémité de la face est plus fine, avec un museau étroit. Ce mouton présente de grands yeux avec un procès sus-orbital saillant ;
• les cornes sont habituellement présentes chez les mâles et surtout de section triangulaire et courbée vers l’arrière puis vers l’avant. Elles sont habituellement absentes chez les femelles. On note parfois la présence de pendeloques (rares) chez les deux sexes, habituellement longues et minces. Le cou est mince et long chez la brebis, assez fort chez le bélier. Le garrot est saillant, le dos long, ensellé, l’épaule plaquée et droite, la poitrine assez haute, mais serrée et ovalaire ;
• la croupe est avalée avec des cuisses hautes et plates. La queue est plate et n’atteint pas la pointe des jarrets. Sa robe est variable, souvent blanche ou à fond blanc plus ou moins tachetée de noire ou de roux. Les mâles ont souvent une manchette de poils plus longs sous le fanon (figure 5). Le rendement carcasse de la race atteint 40 à 45 %.
En raison de sa phénotypie recherchée, cet animal est souvent choisi comme mouton de case destiné au sacrifice de la TABASKI.

Mouton Maure à poils longs

Le mouton maure à poils longs est un animal eumétrique, convexiligne, longiligne. Sur le plan morphologique, il ressemble au Touabire, mais son pelage est constitué par une toison uniformément noire, parfois tachée de blanc, formée de longs poils raides sur un duvet léger (Charray et al., 1980). Les poils sont plus ou moins longs, de 4 à 7 cm, durs, inégaux, se superposant par couches (figure 6). C’est un animal à format plus réduit mesurant 0,65 à 0,75 m au garrot avec un poids qui varie entre 30 et 35 kg. Il demeure un animal relativement rare.

Mouton Peul-peul

Le mouton peul-peul appartient au groupe des moutons du Sahel occidental et est très répandu dans la zone sylvopastorale et la vallée du fleuve Sénégal. C’est la race la plus commune au Sahel. Il présente les caractéristiques suivantes (Faugere et al., 1988) :
• sa taille moyenne est de 0,65 à 0,75 m avec un corps mieux charpenté que le mouton Maure. Le mouton Peul peut atteindre un poids variant de 30 à 50 kg. C’est un animal convexiligne, longiligne et eumétrique ;
• sa tête est forte et longue chez le mâle, plus fine chez la femelle. Le front est plat et large, avec en général une petite dépression centrale. Le chanfrein est convexe mais moins accentué que chez les races maures. Les cornes sont très développées chez le mâle, portées horizontalement au niveau du front avec des pointes dirigées en dehors ; celles de la brebis sont fines et longues. Les arcades orbitaires sont peu saillantes ;
• les oreilles sont étroites, minces, longues et tombantes. La nuque est dépourvue de bourrelet chez le bélier. Le cou est musclé sans crinière ni camail, fort chez le mâle, mince chez la brebis.
• le garrot est saillant avec un dos légèrement plongeant, un rein court et large. La croupe est inclinée et ronde chez les sujets gras ; la queue fine atteint le jarret. Les sabots sont larges et noirs avec un pelage ras. La robe est claire mais souvent tachetée de noir, bicolore noir et blanc ou unicolore acajou (figure 7).
Le mouton Peul-peul est un bon animal de boucherie. I1 prend facilement la graisse interne et de couverture. Le rendement en viande varie de 48 à 50 %. La chair est tendre et savoureuse. La brebis est moins une bonne laitière que la brebis Maure (0,10 à 0,25 l/j). La lactation dure de 5 à 6 mois (Faugere et al., 1988) .

Mouton Bali-Bali

Le mouton Bali-bali est originaire du Mali et du Niger (Charray et al., 1980). C’est un animal de grande taille et peut atteindre 0,85 m au garrot. Les femelles ont une taille au garrot qui varie entre 0,65 et 0,75 m et les mâles entre 0,75 et 0,85 m. Leur poids varie entre 45 et 65 kg respectivement pour les femelles et les mâles, mais peut atteindre voire dépasser 100 kg à l’âge adulte dans certaines conditions d’alimentation. Dans ses caractéristiques actuelles, le Bali-bali est le fruit d’une sélection qui a considérablement amélioré les races Peul du bassin du Sénégal et du Niger (Fall, 2002). Son profil est convexe, les cornes sont développées et les oreilles sont longues et tombantes avec un bourrelet à la nuque (figure 8). Le cou est développé, mais ne possède ni crinière, ni camail. La robe est blanche ou bicolore avec un pelage ras. Il est élevé particulièrement pour sa grande aptitude bouchère avec un rendement carcasse de 50 % à l’abattage (Decka, 2003).

Mouton Djallonké

Le mouton Djallonké est une race trypanotolérante et très prolifique. Cette race connaît la même distribution géographique que le bovin N’dama. Cette trypanotolérance lui permet de survivre dans les milieux infestés de mouches tsé-tsé, vecteurs des trypanosomes. On le rencontre au Sud du Sénégal, en Casamance et dans les zones forestières humides. C’est un mouton hypométrique, rectiligne et médioligne avec une très petite taille de 40-60 cm ; les mâles pèsent entre 25-30 kg et les femelles entre 20 et 25 kg. Il se caractérise par une robe blanche qui est le plus souvent pie noire ou pie rousse (Fadiga, 1990).
Le pelage est ras, mais le mâle porte une crinière et un camail important (figure 9). Le mouton Djallonké est élevé pour sa viande de bonne qualité et sa facilité d’engraissement. Il est surtout élevé à Dakar pour des considérations mystico-religieuses (Fadiga, 1990).

Mouton Métis ou Waralé

Les métis sont surtout représentés par les waralés. Le Waralé est issu du croisement entre les races Touabire et Peul-peul avec tous les degrés de sang possibles et une grande variabilité de robe et de format. En pratique, le Waralé recouvre tous les moutons ne présentant pas les caractères de Touabire et du Peul-peul tels que décrits plus haut. Les éleveurs du Ferlo pensent que lorsque le mâle est Peul-peul, les descendants des deux sexes sont armés de cornes et quand le mâle est Touabire, seuls les descendants mâles possèdent des cornes (Dia, 1979). Le Waralé est fréquemment retrouvé dans le centre du pays (bassin arachidier). Sa hauteur au garrot varie de 0,65 à 0,85 m et sa robe est généralement nuancée entre le blanc, le noir et le roux. Le poids moyen se situe entre 40 et 50 kg et le rendement carcasse est de 55 %. Il est moins haut que le Touabire et moins trapu que le Peul-peul (Dia, 1979).

Mouton Ladoum

Le Ladoum appartient au groupe des moutons maures à poils ras dont l’origine est très discutée. Doutressoule (1947) pense que le Soudan est le berceau de ce qu’il appelle la race du Soudan Ovis aries soudanica qui serait ensuite passé du Soudan en Egypte, puis en Perse et en Asie mineure. Dans les gravures rupestres découvertes au Sahara, Ovis longipes, le mouton à tête busquée, à membres longs et forts, à poitrine étroite, à croupe courte et oblique, rappelle bien le mouton de grande taille qu’est le Ladoum (figure 10). Il serait introduit au Sénégal à partir de Kayes au Mali en provenance de la région mauritanienne voisine du Hodh el Gharbi habitée par la tribu Ladem. Selon les éleveurs du REIT (Rassemblement des Eleveurs Intensifs de Thiès), le Ladoum est le résultat d’une sélection effectuée par un éleveur depuis 1975 sur son troupeau de Touabire. Une étude sur la caractérisation génétique des races ovines sahéliennes confirme que le Ladoum est une sous-population de Touabire ; les différences phénotypiques nettes observées et les liens de parenté semblent renseigner sur le fait que le Ladoum est la race sélectionnée (Sadio, 2010). En considérant la classe d’âge de 19-24 mois comme l’âge adulte et en se basant sur la hauteur au garrot, le périmètre thoracique et le poids vif, le Ladoum peut être classé dans les moutons de grand format (Sall, 2007). Le mouton Ladoum se caractérise par une bonne ossature, un bassin large et un chanfrein bien convexe. Les femelles présentent souvent des cornes et des mamelles fortes. Le Ladoum est hypermétrique et longiligne avec une hauteur au garrot moyenne de 105 ± 3,56 cm chez le mâle et 88,8 ± 6,11 cm chez la femelle. La longueur du corps est de 93,5 ± 2,08 cm pour le mâle et de 83,2 ± 8,07 cm pour la femelle (Sada, 2007). Le dimorphisme sexuel est très marqué et la présence de cornes est très remarquée chez les femelles (62,93 %). La robe est généralement blanche ou blanche avec des plaques noires (figure 10).

Mouton à Laine

Les moutons à laine se rencontrent le plus souvent dans la région de Dakar. Ils sont dispersés dans une population de métis sans cesse grandissante du fait de l’importation d’animaux du Maroc ou d’Arabie Saoudite (Seibou, 1996). Le mouton à laine est un animal rectiligne, médioligne, eumétrique. C’est une race qui ne supporte pas les climats humides. Animal d’assez grande taille, il est peu musclé et donc mauvais animal de boucherie. Il mesure de 0,60 à 0,80 m au garrot pour un poids chez le mâle un peu inférieur à 40 kg. La tête est large avec le chanfrein bien bombé. Le mâle porte des cornes très développées et en spires. La brebis présente de petites cornes qui sont le plus souvent absentes. Le mouton à laine est assez un mauvais animal de boucherie avec un rendement carcasse de 40 % à l’abattage. La robe est souvent blanche avec des variantes pie-roux ou noir (Seibou, 1996).

Sélection et gestion de la reproduction des ovins

Malgré les conditions d’élevage particulières qui empêchent une sélection rigoureuse et efficace à cause des saillies qui peuvent se faire au hasard à l’occasion des rencontres au niveau des points d’eau, certains éleveurs, néanmoins procèdent cependant à un choix de leurs reproducteurs. Le bélier peut être choisi dans le troupeau même ou dans les effectifs voisins (Sow, 1981). Dans le premier cas, la sélection se fait sur ascendance par exemple une mère (bonne laitière, fécondité élevée, conduite facile) et un père (bélier à longues cornes, grosse tête, queue longue, dos plat, aplombs solides, robe bicolore dont avant-main noire et arrière-main blanche). Dans le second cas, le jugement ou la sélection du bélier se fait suivant sa conformation. Les ovins reproducteurs sont donc choisis selon les performances de leurs ascendants et leurs propres qualités maternelles. Vu le grand format des Touabires, certains éleveurs les croisent avec les moutons Peul-peul (Fall, 1981).
En élevage traditionnel, la saillie est souvent continue, le bélier est mis en permanence avec les brebis. Dans certains troupeaux, les éleveurs avertis pratiquent une lutte contrôlée en vue de regrouper les agnelages en fin saison des pluies. Dans ces conditions, soit le bélier est retiré du troupeau pendant les périodes de reproduction pour être introduit en mars-avril ; soit il est présent en permanence dans le troupeau, mais subit une sorte de déviation du pénis et une réduction de la lumière du fourreau pendant les périodes hors reproduction (Sow, 1981).
Les brebis sénégalaises sont potentiellement fécondes que la plupart des races élevées en pays tempérés. Elles n’ont généralement pas de chaleurs saisonnières, leur cycle tend à prendre le type continu. Mais au niveau villageois, les conditions d’environnement et de conduite du troupeau défavorables contribuent à diminuer les performances reproductrices des femelles locales. Une insuffisance de gestion conduit à conserver un trop grand nombre de femelles improductives. Ce fait est aggravé par les pénuries alimentaires qualitatives (en vitamines A et E, en Phosphore) qui occasionnent de faux anœstrus masquant les chaleurs (Dia, 1979).

Paramètres de reproduction

Puberté et cycle sexuel

La puberté correspond à l’observation du premier comportement œstral de la jeune agnelle. Elle survient chez l’agnelle entre 6 et 12 mois et est, selon Garba (1986), influencée par des facteurs génétiques et environnementaux comme l’alimentation, la race, le poids, la saison de naissance. Quant au cycle sexuel, qui est l’intervalle entre deux chaleurs consécutives, est en moyenne de 17 jours chez la brebis, et peut varier entre 15 et 19 jours selon les races, l’âge, les individus et la période de l’année. Les chaleurs ont lieu vers le neuvième jour et durent 24 à 72 h, pour une moyenne 36 h (Fall, 1983). Chez la race Djallonké, l’âge à la détection du premier œstrus chez la femelle se situe en général entre 5 et 13 mois (Adu, 1975 ; Ginisty, 1976) à un poids vif moyen de 15,0 ± 2,1 kg (Kabuga et Akowuah, 1991) ; la durée moyenne du comportement d’œstrus chez la brebis Djallonké varie selon les auteurs, entre 30 (Adu, 1972 ; Boly et al., 1992) et 44 heures (Toure et al., 1995) avec des écarts très importants. Cette durée est influencée par l’âge des brebis et le mois de l’année.

Durée de gestation et l’âge au premier agnelage

La durée de gestation est en moyenne de 154 jours ±1 jour avec de légères variations en fonction de la race et la taille de la portée (CRZ Dahra, 1986). Les portées simples ont une gestation plus longue que les portées multiples. Les jeunes femelles ont généralement une durée de gestation plus courte. Quelques variations de la durée de gestation chez la brebis Djallonké ont été rapportées : 149 ± 2 jours (Boly et al., 1993), 147 à 157 jours (Tawah et Mbah, 1993). Chez la brebis Peul-peul, l’âge moyen au premier agnelage varie entre 11 et 16 mois (Charray, 1980) et 11 à 14 mois chez le mouton Djallonké selon Rombaut (1976).

Intervalle entre agnelage

L’agnelage est l’activité physiologique qui termine la gestation et conduit à l’expulsion du fœtus. Il est de 341,9 jours chez la brebis Peul-peul, mais s’allonge à partir du cinquième agnelage (Sow et al., 1985). Cependant, ce facteur est fortement influencé par l’état corporel de l’animal. Ainsi d’après Haumesser (1980), l’amélioration de l’alimentation des femelles réduit l’intervalle entre agnelage. Chez la brebis Djallonké, cet intervalle peut varier de 220 à 360 jours et est influencé nettement par les conditions d’élevage, notamment la saison et le niveau alimentaire (Gbangboche et al., 2005). Selon ces derniers, des valeurs moyennes de 6 à 9 mois sont généralement rapportées par Rombaut et Van Vlaenderen (1976), Rombaut (1980), Amege (1983), Tuah et Baah (1985) et Charray (1986).

Taux de fertilité et de fécondité

Le taux de fertilité est le rapport entre le nombre de femelles ayant mis bas et le nombre de femelles mises à la reproduction. La fécondité est le nombre de nouveau-nés sur le nombre de femelles mises à la reproduction. Le taux moyen de fertilité est de 77,2 % et 80,5 % et celui de fécondité est de 86,7 % et 95 %, respectivement chez les femelles Peul-peul et Touabire (Lo, 1989).

Taux de mortalité

Le tableau V ci-dessous, montre que quel que soit l’âge et le mode de naissance considérés, la mortalité chez les Touabire est supérieure à celle des Peul-peul (Tchamitchian et al., 1987) et la période la plus défavorable à la viabilité des agneaux est celle de la saison sèche froide qui va de décembre à février (Lo, 1989).

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I: SYNTEHSE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I: GENERALITES SUR LE SENEGAL
I. GENERALITES SUR LE SENEGAL
Milieu physique
I.1.1 Situation géographique
I.1.2 Superficie et sols
I.1.3 Relief
I.1.4 Climatologie
I.1.5 Végétation
I.1.6 Potentialités Hydrauliques
Milieu humain
I.2.1 Données démographiques
I.2.2 Organisation Administrative
I.2.3 Données économiques
I.2.4 Secteur Agricole
I.2.4.1 Agriculture
I.2.4.2 Elevage et cheptel national du Sénégal
I.2.4.2.1 Elevage des Bovins
I.2.4.2.2 Elevage des Caprins
I.2.4.2.3 Elevage avicole
I.2.4.2.4 Elevage des Porcins
I.2.4.2.5 Elevage des Equidés
I.2.4.3 Pêche et aquaculture
CHAPITRE II: SITUATION DE L’ELEVAGE OVIN AU SENEGAL 
II. SITUATION DE L’ELEVAGE OVIN AU SENEGAL
Evolution et répartition de l’effectif du cheptel ovin
Contribution des ovins à la production de viande
Importance du mouton au Sénégal
II.3.1 Importance socio-économique et nutritionnelle du mouton
II.3.2 Importance religieuse et culturelle du mouton
Caractérisation des systèmes de productions des ovins au Sénégal
II.4.1 Système Pastoral
II.4.2 Système Agropastoral
II.4.3 Systèmes modernes (semi-intensif et intensif)
Races ovines exploitées
II.5.1 Mouton Maure à poils ras ou Touabire
II.5.2 Mouton Maure à poils longs
II.5.3 Mouton Peul-peul
II.5.4 Mouton Bali-Bali
II.5.5 Mouton Djallonké
II.5.6 Mouton Métis ou Waralé
II.5.7 Mouton Ladoum
II.5.8 Mouton à Laine
Performances zootechniques des races ovines exploitées
II.6.1 Sélection et gestion de la reproduction des ovins
II.6.2 Paramètres de reproduction
II.6.2.1 Puberté et cycle sexuel
II.6.2.2 Durée de gestation et l’âge au premier agnelage
II.6.2.3 Intervalle entre agnelage
II.6.2.4 Taux de fertilité et de fécondité
II.6.2.5 Taux de mortalité
II.6.3 Paramètres zootechniques de croissance
II.6.3.1 Poids à la Naissance
II.6.3.2 Poids au Sevrage
II.6.3.3 Poids Adulte
Ressources alimentaires agricoles et agro-industrielles disponibles pour l’alimentation ovine au Sénégal
II.7.1 Ressources énergétiques
II.7.1.1 Pâturages naturels
II.7.1.2 Grains de céréales
II.7.1.3 Résidus de récolte de céréales
II.7.1.4 Sous-Produits de meunerie
II.7.1.5 Sous-Produits de rizerie
II.7.1.6 Sous-produits de brasseries
II.7.1.7 Sous-produits de canne à sucre et de sucrerie
II.7.1.8 Fanes de légumineuses
II.7.1.9 Coque d’arachide
II.7.2 Ressources riches en protéines
II.7.2.1 Tourteaux d’arachide
II.7.2.2 Sous-produits de coton
II.7.3 Sources de minéraux et de vitamines
Principales pathologies ovines au Sénégal
II.8.1 Maladies infectieuses bactériennes
II.8.2 Maladies infectieuses virales
II.8.3 Maladies parasitaires
Commercialisation des ovins
II.9.1 Marchés ou circuits de commercialisation
II.9.1.1 Marchés des zones de productions/Primaires
II.9.1.2 Marchés de transit/Secondaires
II.9.1.3 Marchés de consommation/Terminaux
II.9.2 Professionnels du sous-secteur
II.9.2.1 Producteurs
II.9.2.2 Intermédiaires
II.9.2.3 Prestataires de services
II.9.3 Modalités de commercialisation
II.9.4 Prix
II.9.5 Taxes
Contraintes de l’élevage ovin
II.10.1 Contraintes climatiques
II.10.2 Contraintes alimentaires
II.10.3 Contraintes génétiques
II.10.4 Contraintes sanitaires
II.10.5 Contraintes socio-économiques
PARITE II: PARTIE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I: MATERIEL ET METHODES
I. MATERIEL ET METHODES
Cadre de l’étude
PRESENTATION DE LA REGION DE MATAM
I.2.1 Données géophysiques
I.2.1.1 Situation Géographique
I.2.1.2 Relief et sols
I.2.1.3 Climat et Végétation
I.2.1.4 Potentialités Hydrauliques
I.2.2 Données démographiques
I.2.3 Données socio-économiques
I.2.3.1 Agriculture
I.2.3.2 Elevage
I.2.3.3 Pêche
I.2.3.4 Transport et commerce
ZONES, CIBLES ET PERIODE D’ETUDE
MATERIEL DE COLLECTE ET D’EXPLOITATION DES DONNEES
METHODOLOGIE D’ETUDE
I.5.1 Revue documentaire et élaboration de la fiche (questionnaire) d’enquête
I.5.2 Phase d’enquête exploratoire et de test du questionnaire
I.5.3 Phase d’enquête de terrain
I.5.3.1 Taille de l’échantillon
I.5.3.2 Collecte des données
I.5.4 Traitement et analyse statistiques des données
CHAPITRE II: RESULTATS, DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
II. RESULTATS, DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
II.1.1 Statut socio-économique des éleveurs
II.1.1.1 Caractéristiques socio-culturelle des éleveurs
II.1.1.2 Caractérisiques socio-économique des éleveurs
II.1.2 Caractéristiques du cheptel, de l’habitat et du matériel d’élevage
II.1.2.1 Types d’élevage et races exploitées
II.1.2.2 Composition et taille des troupeaux
II.1.2.3 Elevage associé
II.1.2.4 Logements ou habitats d’élevage ovin
II.1.2.5 Matériels d’élevage ovin
II.1.3 Conduite de l’élevage et de l’alimentation des ovins
II.1.3.1 Modes d’élevage des ovins
II.1.3.2 Conduite de l’alimentation des ovins
II.1.3.2.1 Alimentation en élevage transhumant
II.1.3.2.2 Alimentation en élevage traditionnel « amélioré »
II.1.3.2.3 Alimentation en stabulation permanente
II.1.3.2.4 Abreuvement des ovins
II.1.4 Gestion de la reproduction et de la santé du troupeau
II.1.4.1 Méthodes de reproduction en élevage ovin à Matam
II.1.4.2 Saisons de lutte et de mises-bas en élevage ovin à Matam
II.1.4.3 Paramètres de reproduction chez les ovins
II.1.4.4 Gestion de la santé du troupeau ovin
II.1.4.4.1 Dominantes pathologies et traitements
II.1.4.4.2 Prophylaxie médicale et sanitaire
II.1.5 Valorisation des produits et sous-produits des élevages ovins à Matam
II.1.6 Contraintes liées au développement de l’élevage ovin à Matam
II.1.6.1 Contraintes techniques et socio-économiques
II.1.6.2 Contraintes climatiques et alimentaires
II.1.6.3 Contraintes génétiques et sanitaires
II.1.6.4 Contraintes organisationnelles
DISCUSSION
II.2.1 Statut socio-économique des éleveurs
II.2.2 Caractéristiques du cheptel, de l’habitat et du matériel d’élevage
II.2.2.1 Races élevées et élevage associé
II.2.2.2 Taille et composition des troupeaux
II.2.2.3 Logements et matériel d’élevage ovins
II.2.3 Conduite de l’élevage et de l’alimentation
II.2.3.1 Modes d’élevage ovins
II.2.3.2 Conduite de l’alimentation des ovins
II.2.3.3 Abreuvement des ovins
I.2.4 Gestion de la reproduction et de la productivité du troupeau
II.2.5 Gestion de la santé du troupeau
II.2.6 Valorisation des produits des élevages ovins
II.2.7 Limites de l’étude
RECOMMANDATIONS
II.3.1 Formation et encadrements des éleveurs
II.3.2 Amélioration de l’alimentation
II.3.2.1 Préservation et valorisation maximale des pâturages naturels, résidus agricoles et sous-produits agro-industriels
II.3.2.2 Promotion de culture fourragère et d’hydraulique pastorale
II.3.3 Amélioration de la santé du troupeau
II.3.4 Amélioration de la reproduction et de la productivité du cheptel
II.3.5 Organisation et appuis aux éleveurs de moutons
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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