Représentations sociales des étudiants de Guadeloupe sur le BTS et l‟influence du stage professionnel sur la construction de leur projet professionnel

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La place des femmes en BTS

Le système de l‟enseignement supérieur en France se caractérise par une part prédominante des femmes : 55,3 % en 2013 (RERS, 2014), et 55,1% en 2015 (Algava et Lièvre, 2016). En BTS, les femmes représentent globalement 48% des effectifs (y compris les BTSA), et plus précisément 12,5% en secteur primaire, 25,9% en BTS du secteur secondaire et 61,6% dans le secteur tertiaire en 2015 (RERS, 2016). Les formations de BTSA du secteur primaire, présentent le taux d‟étudiantes femmes le moins élevé, soit 41,4% contre 58,6% en STS hors STSA (graphique 1.5.).
Graphique 1.5 : part des femmes dans les STS et les STSA en 2012/2013 Source : RERS (2014) Cette même différence de représentation des femmes et des hommes se retrouve entre les établissements publics (47,8% de femmes) et privés (55,6% de femmes) (graphique 1.6). Ceci tient au fait que les établissements privés proposent moins de formation relevant du secteur secondaire que du secteur tertiaire.

Les trajectoires des étudiants en BTS

Le Centre d‟études et de recherches sur les qualifications (Céreq) a réalisé une enquête en 2004 auprès d‟une cohorte d‟étudiants inscrits en BTS et d‟une cohorte d‟étudiants inscrits en DUT11. Les résultats de cette enquête ont révélé une trajectoire inégale selon ces deux voies d‟enseignement selon les quatre types de « parcours » : le décrochage avant le terme de la formation, la sortie directe de l‟étudiant vers le marché du travail, la réorientation en cours de formation et la poursuite d‟études (tableau 1.2).
En l‟occurrence, pour le public qui nous intéresse – les étudiants inscrits en STS – le décrochage prématuré ainsi qu‟une insertion professionnelle directe après l‟obtention du diplôme sont les deux principales issues caractérisant le parcours de ces jeunes dans l‟enseignement supérieur. Ce « décrochage étudiant », en particulier dans les formations supérieures courtes (STS et IUT), est au centre des préoccupations des instances politiques. Demuynck et Pécresse (2011) l‟attribuent aux problèmes d‟orientation des étudiants, d‟organisation et de fonctionnement du système de formation français qui ne permet pas à l‟étudiant d‟« accéder à la formation qui lui correspond le mieux ». L‟objectif poursuivi par les instances politiques est de limiter l‟orientation par défaut de l‟étudiant et favoriser sa réussite. L‟augmentation du nombre de places destinées aux « bacheliers les plus fragiles »– les bacheliers professionnels et les bacheliers technologiques – est une disposition prévue par la loi sur l‟enseignement supérieur et la recherche adoptée le 22 juillet 2013 (graphique 1.2). Par ailleurs, les étudiants diplômés du BTS s‟insèrent en majorité immédiatement après leur formation (Céreq, 2004, 2010) contrairement aux titulaires d‟un DUT qui constitue une voie plus ouverte à la poursuite d‟études (Céreq, 2010) : la poursuite d‟études vers des diplômes d‟un niveau plus élevé que le BTS est envisagée par une minorité d‟étudiants en STS : 14%
Les auteurs prennent appui sur l‟enquête « Génération 2004 » du Céreq. des étudiants en BTS alors que ce taux s‟élève à 42% du côté des étudiants en DUT13 (tableau 1.2). Après cette présentation institutionnelle et générale du BTS en France, nous présentons quelques traits caractéristiques dans le point suivant du territoire de l‟étude qu‟est la Guadeloupe ainsi qu‟une description du paysage du brevet de technicien supérieur sur cette région.

Présentation socio-économique de la Guadeloupe

Nous commençons cette présentation par un regard sur la situation géographique et politique de la Guadeloupe puis un aperçu de la situation démographique de la Guadeloupe. En effet, cette dernière est marquée par une transition rapide d‟une population jeune, en croissance démographique, vers une population plus âgée à la fois pour des raisons de migration et de diminution de la natalité. Ensuite, nous tournons alors vers une présentation rapide de l‟économie de la Guadeloupe et de sa population active. En effet, nous pensons que ces éléments peuvent influencer les choix des étudiants de BTS sur leur avenir professionnel. Enfin, nous présenterons quelques éléments relatifs aux particularités dans le domaine fiscal et douanier de la Guadeloupe, dont nous pensons qu‟ils peuvent interférer avec les prescrits du diplôme.

La géographie et la démographie de la Guadeloupe

Nous débutons par quelques repères géographiques et politiques sur la Guadeloupe afin de situer et d‟appréhender le fonctionnement de cette région ultrapériphérique européenne. Ensuite, nous précisons quelques éléments sur les évolutions démographiques de la Guadeloupe dont le vieillissement de la population et le phénomène migratoire des jeunes guadeloupéens en sont des faits marquants.

Quelques repères géographiques et politiques

La Guadeloupe est une région monodépartementale de l‟Outre-mer français de 1628 km², situé à 6 700 km de l‟Hexagone, environ 200km de la Martinique (45 minutes d‟avion, 3 à 5 heures de bateau) et 1400 km de la Guyane (voir Annexe 2). Sur le même territoire se superposent une région et un département qui se distinguent par leurs compétences, élément récemment renforcé par la récente loi NOTRe qui a supprimé la clause générale de compétence des départements et des régions14.
Par ailleurs, la Guadeloupe est intégrée au sein de la communauté européenne, en tant que région ultrapériphérique européenne, selon l‟article 349 du Traité sur le fonctionnement de l‟Union européenne. Ce statut permet l‟adaptation de certaines dispositions du droit communautaire ainsi que des politiques de l‟Union « aux caractéristiques et contraintes particulières de ces régions (en particulier les surcoûts) générées notamment par leur éloignement, leur insularité, leur climat, leur faible superficie et leur dépendance économique vis-à-vis d‟un nombre limité de produits15. ». Enfin, la Guadeloupe, comme les autres départements d‟Outre-mer, n‟est pas située dans l‟espace Schengen, ce qui créé notamment des particularités dans le contrôle des voyageurs aux frontières.
Antérieurement, deux communes intégrées de la Guadeloupe (également appelées les îles du Nord), Saint-Martin et Saint-Barthélemy, sont devenues depuis le 15 juillet 2007 des collectivités d‟outre-mer. Néanmoins, l‟académie de Guadeloupe étend son action sur ces deux collectivités pour organiser et régir le service éducation de l‟État16. 1.2.1.2. Faits démographiques Après une croissance démographique sensible jusqu‟à la fin des années 2000, la population de la Guadeloupe marque une phase de stagnation puis un recul, cependant moins sensible et plus tardif que celui de la Martinique, alors que la population de la Guyane continue de croitre très rapidement (graphique 1.8).

Caractéristiques socio-économiques majeures de la Guadeloupe

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Muñoz Marin peut dire que les Grandes Antilles sont des « terres de statistiques flatteuses et de réalités déprimantes »25. Ces mots, que l‟on peut partiellement reprendre pour la Guadeloupe, nous servirons de fil conducteur pour aborder la question des caractéristiques majeures de l‟économie de la Guadeloupe. Nous effectuerons d‟abord un retour sur le mouvement social de 2009 en ce qu‟il est caractéristique de la situation de ce territoire, mouvement que l‟on pourrait comparer à celui qu‟a connu la Guyane en 2017. Nous présentons ensuite quelques aspects historiques et actuels de l‟économie de la Guadeloupe.

Retour sur le mouvement social de 2009

Au début de l‟année 2009, les Antilles françaises, essentiellement la Guadeloupe et la Martinique ont été paralysées par une mobilisation sociale, à l‟initiative du collectif « Liannaj Kont Pwofitasyon» (désormais LKP) pour la Guadeloupe, dont le nom créole est souvent traduit par « collectif contre l‟exploitation à outrance ». Les principales revendications portaient sur la baisse des prix de certains produits (tels que le carburant, l‟alimentation, téléphonie mobile, internet), des services (par exemple les services bancaires) ainsi que la revalorisation des bas salaires avec une augmentation immédiate de 200 euros nets, mais également sur une remise en cause plus globale du modèle de société « post colonial » dans lequel la Guadeloupe vit. Durant un mois et demi de grève générale en Guadeloupe, durée qui témoigne « une ampleur inégalée par rapport aux précédentes crises qu‟ont connu les deux Départements Français d‟Amérique » (IEDOM, 2009), ce mouvement social a dénoncé un rapport de domination et de pérennisation du modèle de l‟économie de plantation via un hymne libertaire et populaire : « la gwadloup sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo, yo pé ké fè sa yo vlé an péyi an nou26 ». Les caractéristiques de cette mobilisation sociale en font un phénomène « historique dans toute l‟acception du terme : historique car inédit… historique car porteur d‟un potentiel énorme et gros de promesses » (Sainton, 2009, p.39). En effet, non loin de n‟être qu‟un mouvement syndical, il a aussi été un mouvement social et philosophique qui fait l‟objet depuis, de nombreuses analyses. Alvarez (2012, p.11) y voit « une stratégie de dénonciation d‟un modèle d‟entreprise fondé sur une configuration historique des rapports sociaux et raciaux ». Si certains voient dans ces évènements l‟amorce d‟une mutation de la société (Birota, Domi et Tanic, 2009), d‟autres, comme Dahomay (2009), y repèrent l‟expression des « pathologies » dont souffre la société guadeloupéenne. Selon Daniel (2009), ces mouvements sociaux ont marqué le retour de la question sociale et ont révélé l‟envergure du malaise qui touche les Antilles et l‟inadéquation des solutions apportées par l‟État. Après 42 jours de blocage complet de la Guadeloupe, la signature de l‟accord Bino27 marque la fin de la mobilisation. L‟accord « Jacques Bino » du 26 février 2009, est un accord régional interprofessionnel relatif aux salaires en Guadeloupe qui précise en préambule que « la situation économique et sociale actuelle existant en Guadeloupe résulte de le pérennisation du modèle de l‟économie de plantation » et prévoit une augmentation mensuelle nette de 200 euros sur les bas salaires. L‟article 2 de cet accord prévoit que les employeurs adhérant aux organisations patronales signataires, bénéficient d‟une aide [financière] de l‟État et des collectivités locales pour cette prime mensuelle à verser à leurs salariés. L‟article 5 du présent accord précise le délai de la contribution de l‟État à 36 mois et des collectivités locales à 12 mois. Au terme de cette échéance, les employeurs devront alors assumer intégralement l‟augmentation de salaire de 200€ nets. Pourtant, l‟arrêté du 3 avril 2009 portant l‟extension de l‟accord « Jacques Bino », à toutes les entreprises de Guadeloupe, exclu l‟article 5 qui prévoyait que l‟augmentation de salaire serait à la charge des employeurs au-delà de trois ans. Si le mouvement du LKP est né dans une conjoncture économique et financière internationale défavorable, avec une augmentation sensible des prix en Guadeloupe, l‟origine du mouvement est en lien avec une montée de maux profonds et structurels dont souffre la Guadeloupe. Nous proposons donc d‟établir un bref historique de l‟économie guadeloupéenne, de la période coloniale jusqu‟au projet de loi sur l‟égalité réelle (2017).

L‟histoire économique de la Guadeloupe de la période coloniale à la régionalisation

Christophe Colomb fit la « découverte » de la Guadeloupe au début du mois de novembre de l‟an 1493, lors de son voyage d‟exploration du monde antillais (Adelaide-Merlande, 1994). C‟est au cours du XVIIe siècle que l‟histoire institutionnelle de la Guadeloupe s‟amorce, avec la colonisation européenne des îles de la Caraïbes. En 1635, les deux plus grandes îles des Petites Antilles, la Guadeloupe et la Martinique, furent colonisé par les Français. La Guadeloupe devint le point de départ des expéditeurs vers les îles proches. Ainsi, en 1648 les Français colonisèrent entièrement Saint-Barthélémy, puis Saint-Martin qu‟ils partagèrent alors avec les Néerlandais. Enfin en 1652, les français prirent possession des îles des Saintes et de Marie Galante (Adelaide-Merlande, 1994).
Au départ, l‟organisation française fut construite autour de Compagnies28 qui assurèrent la mise en oeuvre du système colonial, à travers la défense du territoire, lui-même, du commerce, l‟implantation de colons et de main d‟oeuvre (Adelaide-Merlande, 1994, p.87). L‟État intervint auprès des Compagnies, uniquement pour donner sa caution politique. À partir de l‟an 1649, et cela jusqu‟en 1664, les seigneurs propriétaires eurent la responsabilité de l‟organisation coloniale française. Puis en 1674, les territoires furent placés sous la responsabilité directe du domaine royal (Adelaide-Merlande, 1994). Blérald (1986, p.25) précise l‟organisation coloniale initiale mise en place : « Les formes initiales de la pénétration coloniale, à la Guadeloupe et à la Martinique, procèdent d‟un double impératif : peupler et occuper. Pour favoriser l‟implantation de migrants français, la couronne de France choisit d‟attribuer, à titre gratuit, la terre en usufruit privé à quiconque décide de la défricher. Ainsi, au départ, la colonisation des îles revêt la forme de l‟appropriation privée du sol et de ses ressources. Quant à la condition des personnes, l‟unique différenciation notable s‟établit entre, d‟un côté, ceux qui possèdent au départ les moyens de financer leur « establissement » et reçoivent en conséquence une concession en tant que colons et, de l‟autre, ceux qui faute d‟autonomie financière arrivent aux Antilles moyennant un contrat d‟engagement de 36 mois au service d‟un colon à charge de rembourser le coût de leur transport : d‟où le nom d‟ « engagés ». Au terme de leur contrat, ces derniers percevaient un pécule qui, dans les premiers temps, permit à beaucoup de s‟établir, à leur tour, comme colons. ».
Un fruit de l’histoire : l’octroi de mer L‟octroi de mer constitue une imposition spécifique à la Guadeloupe, la Guyane la Martinique, ainsi qu‟à Mayotte et à la Réunion, dont l‟origine remonte à la période coloniale (Baert, 2015). Profondément « associée à l‟histoire de ces territoires » (Aglaé, n.d), cette imposition a d‟abord été créée en Martinique, où elle est perçue des 1670, puis supprimée par l‟État pendant la Révolution et l‟Empire. Elle est ensuite rétablie en 1819 en Martinique et ensuite étendu dans les autres régions de l‟Outre-mer citées ci-dessus de 1825 à 1878.
L‟octroi de mer a fait depuis l‟objet de nombreux débats et de remaniements, notamment dans la période récente afin de tenir compte des règles communautaires européennes. Portant à l‟origine sur les seules opérations d‟importations de biens (octroi de mer externe), elle a été étendue depuis aux livraisons de biens fabriqués localement (octroi de mer interne), dans des limites étroitement encadrées, au nom d‟un principe d‟égalité prôné par l‟Europe. Ainsi les biens fabriqués localement bénéficient de taux zéro ou réduits pour maintenir leur compétitivité : la décision du Conseil n°940/2014/UE43, qui régit le régime d‟octroi de mer actuellement en vigueur autorise « l‟instauration d‟un différentiel de taux entre les biens produits localement (octroi de mer interne) et les biens identiques importés (octroi de mer externe) afin de permettre aux économies ultramarines de compenser les handicaps structurels auxquelles elles doivent faire face »44.
L‟objectif premier de l‟octroi de mer est de protéger la production du territoire, en rendant les produits locaux plus compétitifs que les produits importés. Mais il bénéficie surtout aux collectivités locales auxquelles il est reversé via un système de dotation globale, constituant pour ces collectivités des recettes fiscales qui représentent « plus du quart de leurs recettes de fonctionnement »45. Ainsi, l‟octroi de mer permet à l‟État d‟assurer une part importante des dépenses de politiques publiques locales de ces régions.

Les BTS tertiaires en Guadeloupe

Cette filière technologique courte et professionnelle de l‟enseignement supérieur, constitue un outil de pilotage public régional destiné à mieux répondre aux besoins de l‟économie locale : « L‟objectif est d‟ouvrir des filières là où il y a des besoins sur le marché du travail, quand bien même tous les jeunes futurs diplômés de ces filières ne feront pas le choix de travailler dans leur spécialité de formation. » (Lemistre, 2015, p.36)
Il en résulte que l‟environnement dans lequel se déroule la formation est, a priori, aussi celui de l‟intégration professionnelle des lauréats du BTS. Par conséquent, dans un contexte socio-économique régional où le taux de chômage des moins de 25 ans est élevé et s‟accompagne de l‟exode d‟une jeune main-d‟oeuvre qualifiée hors de la région, se dessine la question de l‟insertion professionnelle de ces jeunes en Guadeloupe. Ainsi, si d‟un point de vue réglementaire, l‟ouverture d‟une spécialité de BTS se fait par arrêté ministériel après avis des « commissions professionnelles consultatives compétentes » (code de l‟éducation, article D643-2) la réalité de terrain parait différente. Un des professeurs enquêtés au cours de l‟étude (E-CM) dévoile en effet les mécanismes à l‟oeuvre au plan local. D‟abord, il confirme l‟importance du rôle des organisations professionnelles « qui sont des partenaires importants, c‟est-à-dire […] avec lesquelles on va échanger pour savoir ce qui est porteur, ce qui est demandeur […] ». E-CM, après avoir évoqué l‟académie dans son rôle de porteur de projet, précise également le rôle de la région « qui est un acteur important » car « elle va financer les installations ». L‟effet du dynamisme de l‟établissement, et de la liaison avec les entreprises est également souligné par ce professeur qui précise qu‟« un établissement […] qui souhaite rayonner et qui souhaite offrir une palette de formations très large […] va faire une étude d‟impact, une étude d‟environnement pour savoir si dans le coin [respiration] il y a des entreprises. » (E-CM). Ainsi, même si la décision finale appartient au Ministère compétent, l‟importance des acteurs locaux se confirme en Guadeloupe dans les propositions d‟ouverture de spécialités de BTS, dans la lignée de Lemistre (2015). Nous nous intéressons en particulier aux sections de BTS dans lesquelles les sciences économiques et de gestion occupent une place importante car ce sont celles qui forment aux emplois du secteur tertiaire. Comme nous l‟avons remarqué plus haut, l‟économie guadeloupéenne est dite « tertiarisée ». Le choix des sciences de gestion a été opéré au regard des dispositions légales et réglementaires particulières, notamment en matières sociales et fiscales (Boudine, 2002) existant dans les Outre-mer, impactant la gestion des entreprises dans lesquelles les techniciens supérieurs sont susceptibles de travailler et, en tout cas vont réaliser leurs stages professionnels. Dans cette sous partie nous ferons état des BTS présents en Guadeloupe au moment où nous avons débuté l‟étude, c‟est-à-dire durant l‟année universitaire 2012/2013. Nous présenterons ensuite les BTS présentant une forte composante en sciences économiques et de gestion.

Un regard sur l’institution BTS en Guadeloupe

Rappelons que notre étude propose d‟observer et analyser l‟interaction entre le BTS, formation professionnelle courte dont les prescrits sont nationaux, et le contexte socio-économique de la Guadeloupe. Nous commençons par préciser l‟importance que revêt cette formation en Guadeloupe.

Déroulement de l‟enquête de terrain

Au niveau d‟un Centre d‟Information et d‟Orientation (CIO) local, il a été difficile d‟obtenir une liste des formations de BTS réellement ouvertes en Guadeloupe. Par exemple, nous avons constaté que les dossiers présentés au grand public listant les BTS correspondent à l‟offre de formations de la Picardie et non celle de la Guadeloupe. Nous avons donc pris le parti de contacter chaque établissement supposé dispenser ces formations pour croiser les informations. Ceci a permis d‟établir que 34 BTS sont « ouverts » (tous secteurs d‟activités confondus), pour l‟année 2012/2013, moment où nous avons commencé cette étude.

Un aperçu régional du BTS au début de l‟étude

En 2010, en Guadeloupe, 740 femmes et 560 hommes se sont présentés à l‟examen du BTS, soit 1300 candidats au total, dont 57% sont des femmes. Parmi eux, 717 ont été admis à l‟examen. Le taux global de réussite est de 55%. Il a progressé de 17 points en cinq ans. De plus, 47% des candidats sont des bacheliers technologiques et 27% sont des bacheliers généraux ; autrement dit, 74% des candidats présents à l‟examen sont issus de baccalauréats technologiques et généraux. C‟est le baccalauréat général qui offre le plus de chance de réussite au diplôme comme l‟indique Jiounandan (2011) : « environ 68% des bacheliers généraux décrochent leur BTS ». Les Sections de Techniciens Supérieurs concentrent en leur sein plus de la moitié de ces candidats. Le secteur tertiaire (services) attire plus de candidats que le secteur secondaire (production). D‟après Jiounandan (2011) : « […] contrairement au niveau national, en Guadeloupe, les chances de succès sont toujours plus élevées dans le domaine des services que dans celui de la production, même si l‟écart de réussite entre les deux domaines a diminué (0,6 points) par rapport à 2009 » En définitive, les candidats issus de filières de baccalauréats généraux et préparant leur BTS sous statut scolaire au sein d‟une STS, sont ceux qui enregistrent les résultats les plus élevés en Guadeloupe. Nous avons présenté dans l‟annexe 3, les listes des formations des BTS du secteur tertiaire. On y retrouve d‟une part les différentes voies d‟accès à ces formations et d‟autre part, le répertoire des établissements les proposant. Dans cette logique, ont été présentées en annexe 4 les listes des formations de BTS du secteur secondaire. Enfin, en annexe 5 est présentée, l‟unique formation du secteur primaire. Dans l‟annexe 6, sont présentées les listes actualisées des formations de BTS actuellement ouvertes dans le secteur tertiaire. Ainsi, comme l‟indique le graphique 1.11, au moment où nous avons commencé cette étude en Guadeloupe : 62% des BTS proposés, visent à intégrer professionnellement les lauréats dans le secteur économique tertiaire, 35% des BTS proposés, visent à intégrer professionnellement les lauréats dans le secteur économique secondaire et 3% des BTS proposés, visent à intégrer professionnellement les lauréats dans le secteur économique primaire.

Les effets des stages professionnels sur la construction des projets professionnels et les décisions des étudiants

Le troisième objectif général de cette enquête consiste à identifier l‟impact de la confrontation au tissu socio-économique régional lors du stage professionnel dans la construction du projet professionnel de l‟étudiant et sur ses décisions futures. Pour ce faire, nous nous sommes directement intéressés aux sujets en cherchant dans quelle mesure ils se regroupaient en profils ou « clusters » et quelle évolution ces clusters pouvaient présenter. Méthode d’analyse En premier lieu, nous avons réalisé une analyse détaillée des statistiques descriptives des données de chacun des questionnaires (des questionnaires Q2 à Q4). Une première lecture des statistiques descriptives puis des tests T par échantillons appariés (comparaisons des moyennes, distribution) nous a permis d‟identifier les propositions de la question 3 qui révèlent plus de différences entre les questionnaires de Q2 à Q4. Afin d‟être le plus précis que possible, nous avons donc soumis l‟ensemble des propositions constituant cette question 3 au test de Cluster de nuées dynamiques par ANOVA. Ceci nous a alors permis de retenir les items qui maximisent les différences entre les sujets des clusters obtenus (illustration 4.4).

Résultats et analyse des résultats au sein de la cohorte assistant de manager

Nous exposons dans cette partie les conditions de passations des questionnaires en BTS assistant de manager (désormais BTS AM) puis la présentation et l‟analyse des résultats selon le même plan  que celui adopté pour le BTS tourisme.

Conditions de passation des questionnaires

L‟administration du Lycée des Droits de l‟Homme de Petit-Bourg, dans lequel est proposée cette formation, a accepté notre démarche en nous dirigeant vers des professeurs référents de la classe concernée. Les professeurs ont à leur tour donné une suite favorable à la demande de passations de questionnaire qui s‟est effectuée pendant les heures de cours. Comme au sein de la cohorte tourisme, au préalable de la passation du premier questionnaire nous avons procédé, devant les étudiants concernés, à l‟explicitation des objectifs de la recherche et des modalités retenues pour préserver l‟anonymat des étudiants (conformes à celles utilisées au sein de la cohorte tourisme). Conformément au protocole d‟enquête décrit plus précisément au paragraphe 3.1.2, trois questionnaires ont été passés au sein de la cohorte assistant de manager assurant le suivi durant les deux années de formation. Passation du premier questionnaire Q1 La passation a eu lieu le lundi 02 décembre 2013 de 11h00 à 11h30 en salle R-25 du Lycée de petit-bourg DDH. Il s‟agit d‟une grande salle de cours disposant d‟un espace doté de postes informatique fixes situé au fond de la salle. Les étudiants entamaient une nouvelle activité à notre arrivée : certains étaient sur poste informatique tandis que d‟autres utilisaient leur ordinateur portable personnel. Les deux professeures présentes le temps de la passation sont nos deux interlocutrices principales au sein de cette spécialité de BTS. Cinq étudiants ont été absents ce jour (E-A118, E-A103, E-A101, E-A113, E-A104) et n‟ont pas pu remplir le questionnaire en présentiel. L‟un de ces étudiants (E-A104) étant blessé (fracture/opération au genou) : l‟une des deux professeures a affirmé que nous ne pourrions pas rencontrer ce dernier dans l‟immédiat. Elle nous a proposé de lui envoyer le questionnaire par mail. Le questionnaire lui a été envoyé le mardi 03 décembre dans la matinée et il nous l‟a retourné le 03 décembre dans la soirée. Pour les autres étudiants, la professeure nous a proposé de leur laisser quelques exemplaires du questionnaire pour qu‟elle les leur remette en présentiel le lendemain en précisant qu‟il fallait respecter les limites de temps. Dans ces cas précis, les noms des étudiants ont été inscrits sur les exemplaires afin de pouvoir assurer le suivi individuel des sujets. Ces derniers ont pu être récupérés au lycée le vendredi 06 décembre 2013. Un questionnaire n‟a pas été rempli totalement par l‟un des étudiants (E-A118) qui ne semble pas être totalement investi dans le BTS aux dires d‟une des professeures : « de toute façon cet étudiant, tantôt il vient, tantôt il ne vient pas ! ».

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Table des matières

Introduction
1. Le brevet de technicien supérieur : du cadre national à la situation en Guadeloupe
1.1. Le Brevet de Technicien Supérieur dans l‟enseignement supérieur français
1.1.1. Le cadre général et réglementaire du BTS
1.1.2. L‟organisation des prescrits nationaux
1.1.3. La place du BTS dans le système éducatif français
1.2. Présentation socio-économique de la Guadeloupe
1.2.1. La géographie et la démographie de la Guadeloupe
1.2.2. Caractéristiques socio-économiques majeures de la Guadeloupe
1.2.3. L‟Emploi en Guadeloupe
1.2.4. Quelques particularités du régime fiscal et douanier dans les régions d‟Outre-mer
1.3. Les BTS tertiaires en Guadeloupe
1.3.1. Un regard sur l‟institution BTS en Guadeloupe
1.3.2. LES BTS tertiaires à forte composante en sciences de gestion
2. Le cadre théorique
2.1. Des conceptions et représentations sociales aux rôles des stages dans la formation supérieure
2.1.1. Les conceptions et les représentations sociales
2.1.2. Le rôle et l‟importance des stages professionnels dans la formation supérieure
2.2. Contextualisation didactique
2.2.1. Contexte, contextualisations, effets et objets de contexte
2.2.2. Prescrits à ancrage contextuel
2.3. Problématique et stratégie de recherche
2.3.1. Problématique
2.3.2. La stratégie d‟enquête
3. Conceptions et pratiques déclarées de professeurs d‟économie-gestion de BTS en Guadeloupe, sur la contextualisation didactique
3.1. Matériel et méthode
3.1.1. Une enquête auprès de professeurs expérimentés
3.1.2. Le choix de l‟entretien semi-directif
3.1.3. Présentation de la grille d‟entretien.
3.1.4. Techniques d‟analyse des données
3.2. Présentation des résultats
3.2.1. Parcours professionnel des enquêtés et cadre des entretiens
3.2.2. Présentation des réponses aux entretiens
3.3. Analyse transversale des résultats
3.3.1. Les conceptions et les pratiques déclarées des professeurs en matière de contextualisation
3.3.2. Les conceptions des professeurs sur les étudiants
3.3.3. Stages et insertion professionnelle des étudiants
3.4. Discussion partielle
3.4.1. Le BTS du secteur tourisme
3.4.2. Le BTS assistant de manager
3.4.3. Limites et enjeux de la contextualisation
3.5. Conclusion partielle
4. Représentations sociales des étudiants de Guadeloupe sur le BTS et l‟influence du stage professionnel sur la construction de leur projet professionnel
4.1. Présentation des enquêtes
4.1.1. Objectifs, hypothèse générale et questions de recherche
4.1.2. Stratégie d‟enquête
4.1.3. Technique de recueil des données
4.2. Présentation des résultats en BTS tourisme
4.2.1. Conditions de passation des questionnaires
4.2.2. Résultats et analyse des résultats au sein de la cohorte tourisme
4.3. Résultats et analyse des résultats au sein de la cohorte assistant de manager
4.3.1. Conditions de passation des questionnaires
4.3.2. Résultats et analyse des réponses aux questionnaires
4.4. Discussion partielle
4.4.1. Quelques caractéristiques de la population enquêtée
4.4.2. Les représentations sur la formation
4.4.3. Les cohérences entre le choix d‟un BTS et le parcours envisagé après le BTS
4.5. Conclusion partielle
5. Le phénomène d‟abandons en BTS assistant de manager
5.1. La question du décrochage en BTS
5.2. Présentation de la méthodologie
5.2.1. Techniques de recueil des données
5.2.2. Techniques d‟analyses des données
5.3. Présentation des résultats
5.3.1. Caractéristiques des sujets et déroulement des entretiens
5.3.2. Présentation des réponses aux entretiens
5.4. Synthèse des résultats
5.5. Discussion partielle
5.6. Conclusion partielle
6. Discussion générale
6.1. Synthèse des résultats
6.2. Le fonctionnement du BTS en Guadeloupe
Conclusion

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