Facteurs associés ou non à la croissance post-traumatique

Le niveau d’exposition et les pertes associées

À partir des réponses des répondants à différentes questions en ce qui a trait aux stress et aux différentes pertes vécues lors du déraillement du train, il a été possible de classer les répondants en trois catégories : soit les répondants ayant un niveau élevé d’exposition (42,4 %), un niveau modéré (56,5 %), ou aucune exposition à la tragédie (1,2 %). Les répondants ayant un niveau élevé d’exposition ont vécu à la fois des pertes sur le plan humain (des craintes pour leur vie ou celle d’un proche, la perte d’un proche ou des blessures), sur le plan matériel (délocalisation ou dommages à leur domicile) et considèrent que le déraillement du train a été un évènement stressant ayant engendré des impacts négatifs dans leur vie (perception subjective de la tragédie). Pour leur part, les répondants modérément exposés ont subi deux des trois pertes ci-haut mentionnées (humaines, matérielles ou subjectives), tandis que les répondants non exposés n’ont subi aucun de ces trois types de pertes.

La santé physique

Les répondants devaient répondre à une question sur la perception de leur état de santé physique. Ils avaient quatre choix de réponses (excellent, très bon, passable ou mauvais). Ils ont également dû estimer si leur état de santé s’était amélioré, détérioré ou resté stable depuis le déraillement de train. Enfin, des questions permettaient de savoir si les répondants avaient consulté un médecin de famille et un médecin spécialiste dans la dernière année précédant l’enquête.

Les modes de gestion de la catastrophe

Les répondants devaient déclarer s’ils étaient fortement en accord, un peu en accord, fortement en désaccord, un peu en désaccord ou impartial vis-à-vis de leurs capacités à : voir aux besoins de la maison, rassurer les membres de leur famille, reprendre un rythme de vie normale, faire face à ses émotions, maintenir un bon moral, demander de l’aide, faire face à d’autres évènements stressants et négocier avec le gouvernement et ce, depuis le déraillement du train.

La perception de l’environnement

Des questions ont également été formulées pour obtenir des informations quant à la perception des répondants concernant leur environnement. Plus précisément, il a été demandé aux individus si leur sentiment d’appartenance à leur communauté, leur sentiment de sécurité ainsi que leur qualité de vie au sein de ce milieu de vie s’étaient améliorés, détériorés ou restés stables depuis le déraillement de train. Il leur a également été demandé s’ils étaient satisfaits ou non de leur vie de quartier.

Contenu des instruments de collecte des données qualitatives de l’étude

Les entrevues semi-dirigées avaient principalement pour but de répondre au deuxième objectif de l’étude, c’est-à-dire d’identifier les changements positifs du déraillement de train dans les différentes sphères de vie des répondants selon le point de vue de ces derniers. Pour ce volet qualitatif, un guide d’entrevue composé de 63 questions ouvertes a été utilisé. Ces dernières permettaient de recueillir des informations concernant le point de vue des 85 répondants sur plusieurs thèmes et sous-thèmes. Cependant, pour ce mémoire, seuls certains sous-thèmes de la huitième partie du guide d’entrevue, nommée « Processus d’adaptation et de résilience » ainsi que de la neuvième partie intitulée « Pour les répondants ayant des enfants à la maison » ont été retenus (voir annexe 3).
Les questions sur la perception de changements positifs et négatifs dans les domaines suivants ont été utilisées dans ce mémoire : les relations familiales (conjugales, parents/enfants, famille éloignée), la vie personnelle (habitudes de vie, croyances, valeurs, traits de caractère, façon de se voir et de voir sa vie), les changements perçus dans la vie professionnelle (perte d’emploi, de commerce, nouvel emploi, etc.) et les changements perçus dans la vie sociale et récréative (relations avec les autres et loisirs).

Analyse des données quantitatives de l’étude

Pour l’analyse des variables catégorielles, plusieurs séries de croisement de données avec des tests du Khi-carré (Chi-Square) ont été réalisés à l’aide du logiciel Statistical Package for the Social Sciences (SPSS 24). Ces tests ont permis de comparer les répondants en fonction de la présence ou non de croissance post-traumatique par rapport aux différentes variables indépendantes nommées précédemment. De plus, les résultats des participants aux différentes échelles utilisées dans le questionnaire ont été regroupés en catégories, en s’appuyant sur les points de césure suggérés dans les écrits. Le test t a été utilisé pour la comparaison des moyennes des variables continues suivantes : la résilience, la détresse psychologique et le soutien social. Ces tests statistiques ont été réalisés par Geneviève Fortin, assistante de recherche et étudiante à la maîtrise en travail social à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Toutefois, l’entrée des données sur Excel, l’analyse des résultats et la rédaction ont été réalisées par l’auteure de ce mémoire. Enfin, les résultats n’ont pas toujours été calculés sur l’ensemble des 85 répondants, car quelques personnes n’ont pas répondu à toutes les questions du questionnaire ou parce que ces questions ne s’appliquaient pas à elles. Toutefois, lorsque le nombre de répondants change, celui-ci est indiqué dans les tableaux.

Analyse des données qualitatives de l’étude

La codification des entrevues s’est terminée à l’automne 2017. Une analyse thématique à l’aide du logiciel NVivo 11 a ensuite été privilégiée pour analyser le discours des 85 citoyens de Lac-Mégantic ayant participé à une entrevue semi-dirigée au sujet des changements positifs ayant opéré dans les différents domaines de leurs vies depuis la catastrophe ferroviaire.
« Un thème est un ensemble de mots permettant de cerner ce qui est abordé dans l’extrait du corpus correspondant, tout en fournissant des indications sur la teneur des propos » (Paillé et Mucchielli, 2012, p. 242). Cette technique d’analyse permet, à travers une démarche de recherche de sens, de dégager des thèmes globaux ou de tendances générales, des entrevues semi-dirigées, afin de ressortir les grandes idées de celles-ci (Paillé et Mucchielli, 2012). Après avoir réalisé plusieurs lectures des transcriptions des discours (verbatim) afin de s’approprier le contenu, des catégories ont été isolées puis comparées entre elles afin de réaliser des regroupements et des ajustements entre les thèmes. La retranscription des verbatim et une première catégorisation sur le logiciel NVivo 11 ont été effectuées au préalable par deux assistants de recherches engagés pour l’étude de Maltais et al. (2015- 2020). Ce premier travail a été discuté par l’auteure de ce mémoire et a fait l’objet de modifications préalablement validées par la directrice de mémoire. Ainsi, l’analyse s’est éloignée au maximum du biais de subjectivité dans la thématisation.
La thématisation se transforme en cours d’analyse, certains thèmes apparaissant, d’autres disparaissant, des fusions ou des subdivisions ayant lieu. Concrètement, ceci signifie qu’après la thématisation d’une première portion du corpus, les efforts de raffinement et de regroupement deviennent de plus en plus importants.
L’analyse va générer une grande diversité de thèmes en début de démarche de thématisation, mais assez rapidement, une certaine récurrence se présente et des regroupements s’imposent (Paillé et Mucchielli, 2012, p. 260). Après avoir catégorisé le contenu des entrevues semi-dirigées en ce qui a trait aux retombées positives de l’expérience traumatique en fonction des différents domaines de vie des participants, le discours des répondants a été de nouveau catégorisé, mais cette fois-ci à l’aide des cinq sous-échelles répertoriées par Tedeschi et Calhoun dans le Posttraumatic Growth Inventory (1996). Cela a permis d’établir des liens entre les connaissances antérieures et cette étude tout en qualifiant certains résultats quantitatifs.
Après avoir réalisé la schématisation de l’essentiel des propos abordés dans les entrevues semi-dirigées, il a été possible de décrire de manière exhaustive l’étendue et la diversité des perceptions des répondants en ce qui a trait aux retombées positives du déraillement de train dans leur vie. Il a également été possible de repérer des éléments qui sont à l’origine de ces changements positifs, toujours selon le point de vue des répondants.
Afin de décrire le plus objectivement possible les perceptions des participants, un grand nombre de témoignages ont été utilisés dans la présentation des résultats. De plus, afin d’éclairer les connaissances sur la question du caractère réel ou illusoire des changements positifs, la perception des répondants en ce qui concerne les changements chez un tiers a également été intégrée à l’analyse et présentée dans les résultats. Finalement, dans un souci de ne pas minimiser les impacts négatifs que peut avoir une telle tragédie, l’analyse thématique des changements négatifs chez ces 85 personnes a également été réalisée afin de résumer l’état de ces conséquences négatives dans les différents domaines de vie des répondants.

Considérations éthiques

Cette étude a été validée par deux comités d’éthique avant que la collecte des données puisse débuter. Ainsi, pour la réalisation de cette recherche, un certificat éthique a été délivré par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie – Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (numéro de référence : 92017-544) (voir annexe 5) et un autre a été émis par l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) (602.21.12) (voir annexe 6). L’intégrité des droits et libertés des personnes interrogées n’a donc pas été compromise. Lors du déroulement de l’étude, chaque participant a donné son consentement libre et a été informé des mesures de confidentialité liées à la recherche, et ce, à trois reprises : au début et après l’entretien téléphonique et encore une fois au début de l’entrevue semidirigée (voir les annexes 1 et 2). Par ailleurs, aucune contrainte n’a été imposée aux répondants. Ils ont eu la possibilité de ne pas répondre à certaines des questions ou de mettre fin aux divers entretiens à tout moment s’ils le souhaitaient. Tous les documents sont gardés dans un lieu sécurisé et l’auteure de ce mémoire a signé une déclaration d’honneur concernant le respect de la confidentialité des données recueillies.

RÉSULTATS

Dans un premier temps, les résultats en ce qui concerne le volet quantitatif sont exposés. Ils permettent d’identifier les facteurs qui sont associés ou non à la croissance posttraumatique et d’apporter des informations sur les résultats obtenus par les répondants sur le Posttraumatic Growth Inventory (PTGI, Tedeschi et Calhoun, 1996). Dans un deuxième temps, l’analyse du discours des répondants est présentée. Les perceptions quant aux retombées négatives et positives liées au déraillement de train, les éléments qui sont à l’origine des changements positifs et d’autres faits saillants sont alors décrits.

Résultats du volet quantitatif de l’étude

Une fois les caractéristiques sociodémographiques de l’ensemble des répondants exposées, cette section présente les facteurs associés ou non à la croissance post-traumatique.
Pour conclure cette première section, des informations sont apportées sur la répartition des participants en fonction des scores obtenus dans les cinq domaines au PTGI (Tedeschi et Calhoun, 1996).

Caractéristiques sociodémographiques de l’ensemble des répondants

Indépendamment de la présence ou non de croissance post-traumatique, parmi les 85 répondants, 49 sont des femmes (57,6 %) et 36 sont des hommes (42,4 %). La plupart des participants sont âgés de 50 ans ou plus (75,3 %) et la moyenne d’âge est de 58 ans. Le plus jeune a 22 ans, tandis que le plus âgé a 88 ans. Lors de l’enquête, la majorité des participants ont déclaré vivre avec d’autres personnes (63,5 %). Presque la moitié des répondants sont retraités (44,7 %) ou occupent un emploi rémunéré (44,7 %). De plus, la majorité des participants ont obtenu un diplôme de niveau collégial ou universitaire (67,1 %), tandis que moins du quart ont complété leurs études secondaires (22,4 %). Finalement, plus de la moitié des participants avaient un revenu annuel compris entre 30 000 et 79 000 $ (58,3 %) au moment de la collecte des données.

Facteurs associés ou non à la croissance post-traumatique

Dans cette section, les 46 répondants faisant preuve de croissance post-traumatique, c’est-à-dire les personnes ayant obtenu un score de 57 ou plus au Posttraumatic Growth Inventory (PTGI, Tedeschi et Calhoun, 1996), sont comparés aux répondants qui ne se retrouvent pas dans cette situation (n=39). Des informations sont alors apportées sur leurs caractéristiques sociodémographiques, leur niveau d’exposition et les stress vécus lors du déraillement du train, les modes de gestion de la catastrophe, leur état de santé physique et psychologique post-désastre, leurs habitudes de consommation d’alcool et la prise de médicaments. Par la suite, les deux groupes de participants sont comparés quant aux impacts positifs et négatifs du déraillement de train dans leur vie personnelle, familiale, sociale et professionnelle. Finalement, la perception de l’environnement et le niveau de soutien social des répondants sont également documentés en fonction de la présence ou non de croissance post-traumatique.

Les caractéristiques sociodémographiques

Sur les 46 personnes qui ont une croissance post-traumatique, la plupart sont des femmes (73,9 % vs 26,1 %). Ainsi, sur l’ensemble des caractéristiques sociodémographiques à l’étude, seul le genre est statistiquement significatif en fonction de la présence ou non de croissance post-traumatique (p < 0,01). En effet, le tableau 4 démontre qu’il n’y a pas de différence significative en fonction de l’âge, du statut marital, de la principale occupation, du dernier niveau de scolarité complété et du revenu annuel entre les deux groupes de répondants. Toutefois, bien que cela ne soit pas statistiquement significatif, les personnes présentant une croissance post-traumatique sont moins nombreuses à être mariées ou à vivre en union libre (47,8 % versus 61,5 %) et elles sont plus nombreuses à être célibataires (21,7 % versus 17,9 %) ou veuves (13,6 % versus 2,6 %). De plus, les répondants qui font preuve de croissance post-traumatique sont un peu plus nombreux à travailler à temps plein (41,3 % versus 33,3 %) et à gagner entre 30 000 et 79 000 $ par an (65,2 % versus 50,0 %) comparativement à ceux qui ne font pas preuve de croissance post-traumatique.
Le tableau 5 permet à nouveau de constater que les femmes (69,4 %) sont significativement plus nombreuses que les hommes (33,3 %) à faire preuve de croissance post-traumatique (p < 0,01). De plus, les femmes sont significativement plus nombreuses que les hommes à avoir déclaré des améliorations dans le domaine des relations avec les autres (55,1 % vs 25,0 % ; p < 0,01) et dans celui des changements spirituels (46,9 % vs 22,2 % ; p < 0,05). Bien que ces résultats ne soient pas significatifs, les femmes ont également plus tendance que les hommes à estimer qu’elles apprécient davantage la vie (51,0 % vs 33,3 %), qu’elles ont découvert des forces personnelles (18,4 % vs 8,3 %) et que de nouvelles possibilités ont fait surface dans leur vie (30,6 % vs 19,4 %). Les femmes rapportent aussi des scores moyens plus élevés que les hommes dans chacun des cinq domaines du Posttraumatic Growth Inventory (PTGI, Tedeschi et Calhoun, 1996). Il est également intéressant de relever que chez les femmes, ce sont dans les domaines des relations avec les autres (55,1 %), l’appréciation de la vie (51,0 %) et les changements spirituels (46,9 %) que l’on retrouve les plus hauts pourcentages de répondantes faisant preuve de croissance post-traumatique. Tandis que chez les hommes, l’ordre où l’on retrouve le plus de répondants ayant obtenu des scores permettant de conclure à la présence de croissance post-traumatique sont : l’appréciation de la vie (33,3 %), les relations avec les autres (25 %) et les changements spirituels (22,0 %).
Par ailleurs, le tableau 5 indique que le score moyen total obtenu au PTGI s’élève à 55,63 pour un score pouvant aller de 0 à 105 points et que plus de la moitié des répondants (54,1 %) font preuve de croissance post-traumatique. Sans tenir compte du genre des répondants, les trois domaines dans lesquels l’on retrouve le plus de répondants faisant preuve de croissance post-traumatique sont l’appréciation de la vie (43,5 %), les relations avec les autres (42,4 %) et les changements spirituels (36,5 %). Ainsi, ces répondants ont un niveau plus élevé de gratitude envers la vie et ont effectué des changements en ce qui concerne les priorités de la vie qui compte le plus pour eux. Ils ont aussi vécu une plus grande proximité avec les membres de leur entourage et ont développé de nouvelles compétences relationnelles.
Enfin, ces répondants ont une spiritualité plus profonde et une meilleure compréhension de celle-ci.

Le niveau d’exposition au déraillement du train

Aucune différence significative n’existe entre les répondants qui font preuve de croissance post-traumatique et ceux que ne se retrouvent pas dans cette situation en ce qui a trait à leur niveau d’exposition au déraillement du train et aux différents stress vécus liés à cet évènement (tableau 6). Ainsi, indépendamment de la présence ou non de croissance posttraumatique, la majorité des répondants ont été fortement (42,4 %) ou modérément (56,5 %) exposés à la catastrophe. De plus, lors du déraillement du train, 65 répondants ont craint pour leur propre vie ou celle d’un proche (76,5 %). Parmi ces 65 personnes, plus d’un sur deux ont craint pour leur propre vie (55,4 %) et la plupart ont craint pour la vie d’un proche (81,5 %). De plus, un répondant sur deux a été relocalisé de manière temporaire ou définitive, après le déraillement de train (47,1 %). La majorité des répondants n’a toutefois pas vécu le décès d’un proche (62,4 %) ni la perte ou des dommages à sa demeure (81,2 %), ou encore la perte d’un emploi (83,5 %). Finalement, la plupart des répondants sont régulièrement exposés au centre-ville détruit, depuis la tragédie (85,9 %).

Les modes de gestion de la catastrophe

Le tableau 7 permet de remarquer que les personnes faisant preuve de croissance posttraumatique semblent avoir éprouvé un peu moins de difficultés à gérer les impacts négatifs du déraillement du train, car ces derniers sont significativement plus nombreux que ceux ne faisant pas preuve de croissance post-traumatique à avoir été capables de reprendre un rythme de vie normale (78,3 % vs 51,3 % ; p < 0,01) et à faire face à d’autres évènements stressants (91,3 % vs 69,2 % ; p < 0,05). Bien que ces autres différences ne soient pas significatives, les résultats démontrent aussi que les personnes ayant une croissance post-traumatique sont un peu plus nombreuses à avoir demandé de l’aide (75 % vs 50 %), et à avoir été capables de négocier avec le gouvernement (55,6 % vs 41,4 %) à la suite de la catastrophe technologique.

L’état de santé physique

Aucune différence significative entre les deux groupes de répondants n’existe quant à leur perception de leur état de santé physique (tableau 8). Indépendamment de la présence ou non de croissance post-traumatique, la majorité des répondants (84,7 %) estime avoir une excellente ou très bonne santé. De plus, au cours des douze derniers mois précédant cette étude, les personnes rencontrées ont majoritairement consulté leur médecin de famille (82,4 %) ou un médecin spécialiste (51,8 %). Toutefois, bien que ce ne soit pas statistiquement significatif, les participants qui présentent une croissance post-traumatique sont presque deux fois plus nombreux que les personnes ne se retrouvant pas dans cette situation à estimer que leur niveau de santé s’est amélioré au cours des trois années ayant précédé l’enquête (13,0 % vs 7,7 %).

L’état de santé psychologique

Parmi les variables de santé psychologique mesurées, le tableau 9 met en lumière que seule la présence d’un deuil compliqué est significativement et négativement liée à la croissance post-traumatique (p < 0,05). En effet, parmi les 32 endeuillés ayant complété une entrevue semi-dirigée, la majorité des personnes qui ne présentent pas de croissance posttraumatique vivent un deuil compliqué (71,4 %), tandis que la plupart des personnes présentant une croissance post-traumatique ne se retrouvent pas dans cette situation (77,8 %).
Rappelons que le deuil compliqué est caractérisé par un deuil persistant et intense qui cause des problèmes de fonctionnement social chez les individus confrontés à la mort d’une personne (Shear, 2015). Il se distingue du deuil normal par une persistance de différents symptômes au-delà de 12 mois suivant le décès d’un proche (American Psychiatric
Association, 2013 ; Shear, 2015). Une peine intense et une douleur émotionnelle en réponse à la mort, une détresse réactionnelle face à celle-ci (ex. incapacité ou torpeur émotionnelle à propos de la perte) ainsi qu’une rupture sociale et identitaire (ex. difficulté ou réticence à maintenir des intérêts depuis la perte ou à se projeter dans le futur) font partie des symptômes caractéristiques du deuil compliqué mentionnés dans le DSM-5 (APA, 2013).
Le tableau 9 permet aussi de constater que, bien que ce ne soit pas statistiquement significatif, les répondants présentant une croissance post-traumatique sont un peu plus nombreux que les personnes ne se retrouvant pas dans cette situation à présenter un risque élevé ou modéré de trouble de stress post-traumatique (65,2 % vs 53,8 %). Ces individus sont également un peu plus nombreux à avoir un niveau élevé de résilience (95,7 % vs 89,7 %).
Finalement, indépendamment de la présence ou non de croissance post-traumatique, le tableau 9 indique qu’au moment de la collecte des données, un nombre non négligeable de répondants présentaient des troubles de l’humeur (17,6 %) ou d’anxiété (20,0 %) diagnostiqués par un médecin. Par ailleurs, plus du tiers (35,3 %) présentaient un niveau élevé de détresse psychologique. Le même pourcentage de personnes (35,3 %) ont vécu un épisode dépressif au cours des douze derniers mois précédant l’enquête. Malgré la présence de ces problèmes psychologiques, seulement un quart des répondants ont consulté un psychologue ou un travailleur social (27,1 %) au cours des douze derniers mois précédant la collecte des données. De plus, la plupart des répondants ont un niveau élevé de résilience (92,9 %), avec un score moyen total s’élevant à 30,24 sur une échelle allant de 0 à 40 points.

Les habitudes de consommation d’alcool et de prise de médicaments prescrits ou non

Aucune différence significative n’existe entre les deux groupes de répondants en ce qui concerne l’abus d’alcool et la prise de médicaments non prescrits par un médecin, tout comme la consommation d’anxiolytiques et d’antidépresseurs (tableau 10). Cependant, sans que cela ne soit significatif, les répondants présentant une croissance post-traumatique sont un peu plus nombreux à abuser d’alcool au moins une fois par semaine (13 % vs 5,1 %) ou plus d’une fois par semaine (6,5 % vs 0,0 %). Indépendamment de la présence ou non de croissance post-traumatique, le tableau 10 démontre également qu’une minorité des répondants a déclaré avoir abusé d’alcool au cours des douze derniers mois, que ce soit au moins une fois par semaine (9,4 %) ou plus d’une fois par semaine (3,5 %), et à estimer que leur consommation d’alcool a augmenté au cours des trois dernières années précédant l’enquête (14,1 %). Ils sont également une minorité, indépendamment de la présence ou non de croissance post-traumatique, à avoir consommé des anxiolytiques (17,9 %) ou des antidépresseurs (21,2 %) au cours des douze derniers mois et à avoir augmenté leur consommation de médicaments non prescrits (16,5 %) depuis le déraillement du train.
En ce qui a trait à leur vie sociale (tableau 13), les participants qui ont une croissance post-traumatique sont un peu plus nombreux, sans que cela soit statistiquement significatif, à estimer une augmentation de la fréquence de leurs relations avec les membres de leur entourage (26,1 % vs 15,4 %), de la qualité de leurs relations sociales (39,1 % vs 17,9 %) et de la fréquence de leurs loisirs (34,8 % vs 17,9 %). Par ailleurs, bien que cela ne soit pas non plus significatif, les répondants qui présentent une croissance post-traumatique sont moins nombreux que ceux qui n’en présentent pas, à avoir maintenu une stabilité au sujet de laqualité de leurs relations (47,8 % vs 64,1 %).
Quant à la vie professionnelle (tableau 14), sans que cela soit statistiquement significatif, les individus présentant une croissance post-traumatique sont un peu plus nombreux à avoir constaté des améliorations dans leurs relations avec leurs collègues de travail (16,1 % vs 10 %) et avec leur employeur (20,7 % vs 5,6 %) ainsi que dans leur rendement (29,4 % vs 9,5 %) et dans leur motivation au travail (32,4 % vs 13,6 %). Par ailleurs, ces personnes sont aussi plus nombreuses à avoir déclaré que leurs relations avec les autres employés (12,9 % vs 5 %) ainsi que leur rendement au travail (23,5 % vs 14,3 %) se sont détériorées. De plus, les participants présentant une croissance post-traumatique sont également plus nombreux (15,2 % vs 10,3 %) à avoir augmenté leur nombre de jours de congé de maladie depuis la catastrophe. Ils sont également plus nombreux à déclarer que leur niveau de stress au travail a augmenté depuis cet évènement (32,6 % vs 15,4 %). Par ailleurs, les répondants qui ont une croissance post-traumatique sont moins nombreux à avoir déclarer une certaine stabilité dans la vie professionnelle après le déraillement de train, que ce soit au sujet de leurs relations avec les autres employés (71,0 % vs 85,0 %), de leurs relations avec l’employeur (65,5 % vs 83,3 %), du rendement au travail (47,1 % vs 76,2 %), ou encore du niveau de stress au travail (54,3 % vs 79,5 %). Finalement, indépendamment de la présence ou non de croissance post-traumatique, la majorité des répondants ne perçoivent pas de
changements après le déraillement de train en ce qui concerne les relations avec les autres employés (76,5 %), les relations avec l’employeur (72,3 %), le rendement au travail (58,2 %), le nombre de jours de congés de maladie (80 %) ou encore le niveau de stress au travail (65,9 %).

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Table des matières
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES 
INTRODUCTION 
CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUE À L’ÉTUDE
1.1 Concept de catastrophes
1.2 Conséquences à la fois négatives et positives d’une catastrophe
1.3 Définition de la croissance post-traumatique
1.4 Pourquoi s’intéresser au concept de croissance post-traumatique ?
1.5 Description de la ville de Lac-Mégantic et de la MRC du Granit
1.6 Conséquences de la catastrophe ferroviaire de Lac-Mégantic sur la population de la MRC du Granit
CHAPITRE 2 : RECENSION DES ÉCRITS 
2.1 D’une catastrophe peut découler des changements positifs
2.1.1 Changements positifs dans la vie personnelle
2.1.2 Changements positifs dans la vie familiale et sociale
2.1.3 Changements positifs dans la vie récréative et communautaire
2.1.4 Changements positifs dans la vie professionnelle
2.2 Facteurs liés à la croissance post-traumatique
2.2.1 Facteurs pré-traumatiques
2.2.2 Facteurs péri-traumatiques
2.2.3 Facteurs post-traumatiques
2.3 Apparition et durée des retombées positives
2.4 Limites des études existantes
CHAPITRE 3 : CADRE DE RÉFÉRENCE 
3.1 Modèle du fonctionnement descriptif de la croissance post-traumatique
3.2 Croissance post-traumatique : des changements positifs réels ou illusoires ?
3.3 Approche bioécologique
CHAPITRE 4 : MÉTHODOLOGIE 
4.1 Type de recherche
4.2 But, objectifs spécifiques et hypothèses de recherche
4.3 Population à l’étude, échantillon et méthode d’échantillonnage
4.4 Mode de collecte des données
4.5 Contenu des instruments de collecte des données quantitatives de l’étude
4.6 Contenu des instruments de collecte des données qualitatives de l’étude
4.7 Analyse des données quantitatives de l’étude
4.8 Analyse des données qualitatives de l’étude
4.9 Considérations éthiques
CHAPITRE 5 : RÉSULTATS 
5.1 Résultats du volet quantitatif de l’étude
5.1.1 Caractéristiques sociodémographiques de l’ensemble des répondants
5.1.2 Facteurs associés ou non à la croissance post-traumatique
5.1.3 Répartition des répondants en fonction de leurs réponses aux 21 items du Posttraumatic Growth Inventory (PTGI, Tedeschi et Calhoun, 1996)
5.2 Résultats du volet qualitatif
5.2.1 Changements négatifs et positifs perçus par les répondants
5.2.2 Changements négatifs en fonction des différentes sphères de la vie
5.2.3 Origines des changements positifs
5.2.4 Changements positifs en fonction des différentes sphères de la vie
5.2.5 Changements positifs en fonction des cinq domaines répertoriés par Tedeschi et Calhoun (1996) dans le Posttraumatic Growth Inventory
5.2.6 Autres faits saillants dans les témoignages
CHAPITRE 6 : DISCUSSION 
6.1 Croissance post-traumatique des citoyens de Lac-Mégantic plus de trois ans après la catastrophe
6.2 Facteurs associés à la croissance post-traumatique
6.2.1 Facteurs pré-traumatiques
6.2.2 Facteurs péri- et post-traumatiques
6.3 Diverses retombées positives décrites par les répondants
6.4 Changements positifs réels ou illusoires ?
6.4.1 Éléments en faveur de la conception de Tedeschi et Calhoun (2004)
6.4.2 Éléments en faveur de la conception d’autres auteurs
6.5 Forces et limites de l’étude
6.6 Recommandations pour les futures recherches
6.7 Implications pour la pratique en travail social
CONCLUSION 
RÉFÉRENCES 
ANNEXES
ANNEXE 1 : Formulaire de consentement adressé aux participants après le questionnaire administré par téléphone
ANNEXE 2 : Formulaire d’informations et de consentement adressé aux participants au début des entrevues semi-dirigées
ANNEXE 3 : Parties du guide d’entrevue utilisées pour ce mémoire
ANNEXE 4 : Le Posttraumatic Growth Inventory (PTGI, Tedeschi et Calhoun, 1996)
ANNEXE 5 : Certificat éthique délivré par le CIUSSS de l’Estrie
ANNEXE 6 : Certificat éthique délivré par l’Université du Québec à Chicoutimi

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