REPARTITION DES MEDECINS SELON LA STRUCTURE HOSPITALIERE

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CLASSIFICATION DES INTOXICATIONS

Il existe plusieurs types de classifications. Ainsi la classification selon le mode de survenue de l’intoxication et la classification selon le produit en cause sont les plus courantes.

CLASSIFICATION SELON LE MODE DE SURVENUE

Selon la dose et la durée de l’exposition il existe trois types d’intoxication.

INTOXICATION AIGUË

C’est une intoxication qui résulte de l’absorption d’une dose unique de toxique en une seule fois ou en plusieurs fois très rapprochées sur une période ne dépassant pas 24h. (3).

INTOXICATION SUBAIGUË

C’est une exposition fréquente ou répétée à une substance chimique sur une période de plusieurs jours ou semaines (30).
Ce type d’intoxication peut être observé lors d’une exposition à un toxique d’une durée plus ou moins longue et ne dépassant pas 4 semaines.

INTOXICATION A LONG TERME

Il s’agit d’une intoxication qui résulte de l’absorption longtemps répétée de très faibles doses de toxique qui, individuellement ne sont pas mortelles (19).

CLASSIFICATION SELON LE PRODUIT EN CAUSE

Selon le produit mis en cause lors des intoxications, nous pouvons distinguer
– les intoxications médicamenteuses
– les intoxications par les produits domestiques
– les intoxications par les produits industriels
– les intoxications par les plantes.

INTOXICATIONS MEDICAMENTEUSES

D’après Weill et Lemoigne (45), la diversité de plus en plus grande des spécialités, l’apparition continue de nouveaux principes actifs et l’accroissement permanent de la consommation de produits pharmaceutiques expliquent que les médicaments occupent une place prépondérante dans les intoxications.

INTOXICATIONS PAR LES PRODUITS DOMESTIQUES

Les intoxications par les produits domestiques sont fréquentes et imposent des mesures de prévention sans cesse renouvelées. Dans la majorité des cas, les intoxications intéressent le jeune enfant et le plus souvent sont bénignes, ne justifiant tout au plus qu’une intervention médicale de courte durée.
Les produits en cause sont extrêmement variés et répondent à des compositions également très variables que le type d’utilisation ne permet pas toujours de prévoir, (14).

INTOXICATION PAR LES PRODUITS INDUSTRIELS

Les intoxications par les produits industriels sont surtout liées aux activités professionnelles et nécessitent une protection des sujets exposés et le respect par ces derniers de certaines mesures d’hygiène avant pendant et après l’exposition (9).

INTOXICATION PAR LES PLANTES

Certaines plantes contiennent des principes actifs toxiques. Ces substances peuvent être présentes dans une partie spécifique de la plante ou au contraire dans toutes les parties du végétal.
La toxicité varie d’une plante à l’autre mais aussi en fonction des quantités ingérées, donc des circonstances de l’intoxication.

MECANISME D’ACTION DES TOXIQUES

Les mécanismes d’action des toxiques sont souvent décrits en fonction de la nature de leurs cibles moléculaires. Celles-ci comprennent les enzymes, les transporteurs, les coenzymes, les lipides (44).

ACTION SUR LES ENZYMES

Les enzymes sont des cibles fréquentes pour les toxiques. Les effets sur les enzymes peuvent être spécifiques, c’est l’exemple de l’acide cyanhydrique sur la cytochrome oxydase. La toxicité s’exerce par fixation de l’ion cyanure sur le fer de la cytochrome oxydase. Le blocage de l’activité de cette enzyme de la chaîne respiratoire mitochondriale empêche la réoxydation par l’oxygène de lacytochrome oxydase réduite. La formation d’ATP est ainsi bloquée. Ceci entraîne une anoxie cellulaire (7).

INTERFERENCE AVEC LE TRANSPORT DE L’OXYGENE

Les transporteurs comme l’hémoglobine peuvent être affectés par la fixation préférentielle d’une molécule toxique comme le monoxyde de carbone. Ce dernier peut se lier à l’hémoglobine sur le site de fixation de l’oxygène. Du fait de sa grande affinité pour l’hémoglobine, le monoxyde de carbone inactive ce site et provoque un déficit d’oxygène dans les tissus (7).

ACTION SUR LES COENZYMES

Les coenzymes sont indispensables au bon fonctionnement des enzymes. Leurs concentrations peuvent être diminuées par des toxiques qui inhibent leur synthèse. C’est ainsi que la pyrithiamine peut inhiber la thiamine kinase qui est impliquée dans la synthèse d’un coenzyme la thiamine pyrophosphate (7).

ACTION SUR LES LIPIDES

De nombreux toxiques conduisent au cours de leur biotransformation, à l’apparition de radicaux libres, responsables d’une peroxydation lipidique, facteur de lésions et de mort cellulaire. Ce mécanisme est incriminé à l’origine de la fibrose pulmonaire provoquée par le paraquat (29).
Les ions mercure ou cadmium peuvent se lier également avec les phospholipides,ce qui augmenterait la surface de la membrane et donc altérerait ses fonctions. De même, les solvants et les détergents peuvent provoquer la dissolution des phospholipides membranaires modifiant ainsi leur perméabilité (44).

EXAMENS BIOLOGIQUE ET TOXICOLOGIQUE

L’analyse toxicologique avec identification et dosage du toxique permet seule, de poser avec exactitude, le diagnostic de l’intoxication. Toutefois, la définition du tableau clinique et l’analyse biologique priment sur cette dernière en urgence car elles permettent de mettre en évidence des perturbations du milieu intérieur et/ou l’atteinte d’organes ou de fonctions engageant le pronostic vital et donc d’y pallier. En plus du diagnostic, les analyses biologiques et toxicologiques présentent un double intérêt pronostique et thérapeutique. (24).
L’analyse toxicologique peut porter aussi bien sur des échantillons biologiques tels que les urines, le contenu gastrique (vomissures, produits d’aspiration et de lavage gastrique), le sang, que sur les produits suspects.
Les analyses biologiques regroupent entre autres les examens biochimiques et les examens hématologiques dits standards. Ce sont : la glycémie, les électrolytes sanguins, l’urémie, la créatinémie, le temps de prothrombine, le temps de céphaline activée, l’hémogramme, les transaminases, les enzymes cardiaques et les gaz du sang(9,26).

TRAITEMENT

D’après Descotes et coll. (14), le traitement des intoxications occupe une place importante dans la pratique quotidienne. Il repose essentiellement sur la sauvegarde des fonctions vitales et fait appel à quatre grands types de mesures : le traitement symptomatique, le traitement évacuateur ou traitement de décontamination, le traitement épurateur et le traitement antidotique.

TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE

C’est la prise en charge classique de tout patient en situation critique. Le traitement symptomatique est mis en oeuvre selon l’état clinique du patient et n’exige pas une connaissance précise de l’agent toxique en cause. Le but du traitement symptomatique est de maintenir l’homéostasie physiologique jusqu’à ce que la détoxification soit réalisée, de traiter les défaillances vitales respiratoires et circulatoires en particulier. Il fait appel à des techniques comme le maintien de la liberté des voies aériennes et la position latérale de sécurité en présence de coma, le massage cardiaque externe en cas d’arrêt cardio-respiratoire.
Le traitement symptomatique ne présente pas de spécificité mis à part la prise en compte, dans certains cas, de contre-indication telle que l’administration de certains anti-arythmiques comme la quinidine, la lidocaïne au cours des troubles du rythme dus aux toxiques à effet stabilisant de membranes comme la chloroquine, l’acétabutolol, la carbamazépine, la cocaïne, le dextropropoxyfène (17; 20).

TRAITEMENT DE DECONTAMINATION

Selon Descotes et coll., (14), il comprend la décontamination digestive et la décontamination cutanéo-muqueuse.

DECONTAMINATION DIGESTIVE

Le principe de la décontamination digestive est la diminution de l’absorption des toxiques dans l’estomac (7). Les vomissements provoqués, le lavage gastrique ont été pendant de nombreuses années les traitements appliqués dans les intoxications sans réel fondement scientifique. L’évolution des connaissances a amené les toxicologiques à restreindre fortement les indications de telles approches (43).Cette décontamination digestive peut se faire par vomissements provoqués, lavage gastrique ou par irrigation digestive.
Les vomissements provoqués sont indiqués en cas d’ingestion de toxiques très dangereux, comme la colchicine, la théophylline, depuis moins de 30 minutes. Plusieurs méthodes ont été utilisées. C’est le cas des méthodes mécaniques, de l’utilisation de solutions salines, d’administration de vomitifs comme l’apomorphine et le sirop d’ipéca. Des études réalisées ont montré que des quantités appréciables n’étaient retirées que si les vomissements provoqués survenaient dans un délai inférieur à une heure (32).
Les contre-indications aux vomissements provoqués sont :
– les troubles de la conscience ;
– la diminution du réflexe de toux ;
– l’intoxication par les produits dépresseurs du système nerveux central comme l’amitriptyline, l’imipramine ;
– les enfants de moins d’un an en raison de l’immaturité du réflexe nauséeux ;
– l’ingestion de caustiques ou de substances volatiles.
Le lavage gastrique est réservé à l’ingestion depuis moins d’une heure d’une quantité de toxique susceptible d’engager le pronostic vital (14). Il a pour but d’évacuer grâce à un mouvement d’eau, les toxiques de l’estomac. Le lavage gastrique doit être fait en milieu hospitalier, dans un local où il existe un matériel de réanimation prêt à l’usage et par un personnel entraîné.
Les contre-indications au lavage gastrique sont les mêmes que pour les vomissements provoqués et de façon plus relative en cas de varices oesophagiennes ou de gastrectomie (23).
L’efficacité du lavage gastrique a été remise en cause récemment. En effet une étude prospective de 100 cas a montré que le lavage gastrique permettait seulement d’éliminer en moyenne 6,4 % de la dose ingérée, le délai moyen de réalisation ayant été de 4,4 heures après l’ingestion (39). L’irrigation digestive a été aussi préconisée afin de réduire l’absorption intestinale d’un toxique en diminuant son temps de passage dans l’intestin. Son intérêt repose sur l’administration d’une solution non absorbable de polyéthylène glycol qui cause une diarrhée liquide et réduit l’absorption du toxique en accélérant son transit dans le tube digestif.

DECONTAMINATION DE LA PEAU ET DES MUQUEUSES

Le but de cette décontamination est de réduire le temps de contact du toxique avec la muqueuse contaminée. Elle peut être préconisée en cas de contamination cutanée ou oculaire :
La décontamination cutanée consistera à laver abondamment à grande eau sans frotter pendant au moins 15 minutes pour diluer ou retirer le produit toxique.
Il faudra si nécessaire retirer les vêtements du sujet tout en continuant le lavage. La rapidité et la durée du lavage sont essentielles pour diminuer l’importance des lésions dues aux caustiques et aux autres substances irritantes pour la peau (37).
La décontamination oculaire consiste en un lavage prolongé de l’oeil de la victime sous un jet d’eau à basse pression en écartant les paupières. Ce lavage se fait au mieux avec deux opérateurs et doit être pratiqué immédiatement pendant au moins 15 minutes. La victime doit être examinée par un ophtalmologue même si elle ne souffre pas car des lésions peuvent apparaître par la suite (37).

HEMODIALYSE

L’hémodialyse est une technique qui repose sur la diffusion à travers une membrane semi-perméable de substance à faible poids moléculaire, faiblement liée aux protéines. Elle consiste à épurer le toxique circulant et à diminuer son éventuelle fixation tissulaire. Pour être efficace, l’élimination du toxique doit être augmentée d’au moins 30 % par rapport à la clairance physiologique. Elle est réservée aux intoxications sévères, engageant le pronostic vital, confirmées par des dosages toxicologiques qui permettent en outre de suivre son efficacité. En pratique, elle est utilisée essentiellement dans les intoxications sévères par l’éthylène-glycol, le méthanol, la théophylline, les salicylés, le lithium (14).

DIALYSE PERITONEALE

La dialyse péritonéale est un phénomène passif d’échanges, à travers une membrane naturelle vivante, le péritoine, selon un gradient de concentration, avec un passage des molécules du milieu le plus concentré vers le milieu le moins concentré jusqu’à l’équilibre. Elle est exceptionnellement utilisée en raison de son rôle épurateur limité et ne sera envisagée que lorsque l’hémodialyse n’est pas réalisable (14).

EXSANGUINO- TRANSFUSION

Elle permet la correction des hémolyses et les méthémoglobinémies massives, provoquées par le chlorate de sodium, le nitrobenzène, l’aniline, l’hydrogène arsénié. Son utilisation en pratique est exceptionnelle (14).

TRAITEMENT ANTIDOTIQUE

Selon l’OMS, les antidotes sont des substances capables de contrecarrer l’effet des substances toxiques (46). Selon Baud, l’antidote est un médicament dont l’action spécifique a pu être établie chez l’animal et chez l’homme, capable soit de modifier la cinétique du toxique, soit d’en diminuer les effets au niveau de récepteurs ou de cibles spécifiques, et dont l’utilisation améliore le pronostic vital ou fonctionnel de l’intoxication(6). La plupart des antidotes sont réservés à l’usage hospitalier après une confirmation de l’agent du toxique responsable. Dans certaines situations d’urgence, ce traitement peut être démarré si la symptomatologie est compatible avec le diagnostic suspecté. Selon Bismuth, les antidotes peuvent être classés en quatre groupes en fonction de leur mécanisme d’action(9). Ainsi, il existe:
– les antidotes qui forment un complexe inerte avec le toxique ;
– les antidotes qui empêchent le toxique d’atteindre son récepteur ;
– les antidotes qui déplacent le toxique de son récepteur ;
– les antidotes qui corrigent les effets du toxique.

FORMATION DE COMPLEXE

Les antidotes qui forment un complexe inerte avec le toxique permettent de bloquer l’absorption digestive des toxiques et d’en favoriser l’élimination.

NEUTRALISATION DU TOXIQUE AVANT QU’IL N’ATTEIGNE SON RECEPTEUR

Les antidotes utilisés ici agissent en inhibant la synthèse d’un métabolite plus actif ou en accélérant le système de détoxication.

DEPLACEMENT DU TOXIQUE DE SON RECEPTEUR

Ce mécanisme rassemble les antagonistes compétitifs et non compétitifs.
– Antagonistes compétitifs
Un antagoniste compétitif est un produit capable d’entrer en compétition avec le toxique au niveau de son site d’action. Les antagonistes compétitifs sont des moyens de traitement remarquablement efficaces mais dont le maniement est difficile car lorsqu’ils sont utilisés à trop fortes doses chez des sujets dépendants ils font apparaître un syndrome de sevrage. Il existe donc un risque de surdosage, ceci est parfaitement connu pour le flumazénil et lanaloxone (7).
Le flumazénil (Anexate®) exerce un effet par une inhibition compétitive auniveau des récepteurs centraux des benzodiazépines (10, 42).
– Antagonistes non compétitifs
Un antagoniste non compétitif s’oppose aux effets d’un substrat en se fixant sur un autre site de fixation. La pralidoxime en est un pour les pesticides organophosphorés inhibiteurs des cholinestérases par fixation sur le site estérasique (cationique) de l’enzyme. (4; 8 ; 43).

CORRECTION DE L’EFFET TOXIQUE

Parmi les antidotes qui corrigent les effets d’un toxique on peut citer : Le bleu de méthylène qui agit comme cofacteur dans la réduction intraérythrocytaire de la méthémoglobine, en présence de nicotinamide adénine dinucléotide phosphate (NADPH).

TRAITEMENT PREVENTIF

La plupart de ces intoxications sont évitables par une prévention efficace. Ainsi, chacun, enfants, parents, agriculteurs, instituteurs, ouvriers, agents de santé peut faire quelque chose pour assurer la sécurité chez lui, sur son lieu de travail et dans la communauté (46). Pour y parvenir, certaines mesures préventives peuvent être préconisées selon la nature du toxique. Ainsi, pour les médicaments, il serait fortement recommandé de:
– Placer l’armoire à pharmacie hors de portée de l’enfant, en la plaçant en hauteur, fermée à clef ;
– Disposer à domicile que des médicaments indispensables et non périmés ;
– Bien lire les ordonnances du médecin, ce qui aiderait à éviter les erreurs de dosage.
– Demander conseil à votre pharmacien lorsque vous achetez un produit sans ordonnance ;
– Eviter d’utiliser, des médicaments antérieurement prescrits à quelqu’un de votre famille ou à soi-même
– éviter d’acheter un produit toxique si un produit non dangereux a le même usage ;
– garder les bouteilles d’origine avec leurs étiquettes “originales “ ;
– surveiller les enfants pendant l’utilisation du produit, et surtout faire attention aux appels téléphoniques ou autres qui détournent l’attention.
– – Ranger en particulier, les appâts et les graines traitées par les pesticides à l’écart des aliments de façon à éviter toutes confusions ;
– Utiliser toujours un matériel de protection ce qui empêchera de recevoir des éclaboussures sur les vêtements ou à même la peau ou d’en inhaler lors de la manipulation de certains produits ;
– Eviter de manger, de boire ou de fumer pendant la manipulation de ces produits
– Proscrire toute utilisation de récipients vides pour conserver de la nourriture ou des boissons. En effet il est impossible d’éliminer totalement le pesticide d’une boite (46).
– veiller à l’entretien des différents appareils de chauffage et les manipuler en présence d’une bonne ventilation;
– Bien faire attention aux voitures dans un local fermé (41).
Ainsi, la prévention passe par l’information, l’éducation, la communication avec le public.

L’EPURATION EXTRA RENALE

L’étude montre que seuls 11,76% des médecins décrivent l’épuration extra rénale comme faisant partie du traitement des intoxications.
Seule l’hémodialyse a été citée comme un type de traitement de l’épuration extrarénale.

LE TRAITEMENT ANTIDOTIQUE

Trois des médecins (8,82%) ignorent l’existence du traitement antidotique.
La disponibilité de certains antidotes dans les structures hospitalières est de 41,17%. Les antidotes les plus disponibles sont : l’atropine(insecticies organophosphorés, la N-Acétylcysteine(paracétamol) et la vitamine K(anticoagulant de type antivitamine K)

CONNAISSANCE DU CENTRE ANTIPOISON

94,11% des médecins connaissent l’existence du centre antipoison.
Par contre un seul médecin ne juge pas nécessaire la création d’une structure pour la prise en charge des intoxications.

DISCUSSION

La toxicologie médicale est la discipline qui permet l’étude et le traitement chez l’homme des effets  toxiques liés à la pénétration dans l’organisme de substances étrangères (xénobiotiques) (1). Elle impose une pratique multidisciplinaire qui va se traduire chez les praticiens sanitaires surtout chez les médecins par la difficulté de prendre en charge des patients intoxiqués.
Pour mieux comprendre l’attitude du médecin devant ces cas d’intoxication nous avons mené ce travail d’enquête dans les établissements publics de santé des régions de Kaolack, Diourbel et Touba. L’étude a été menée par entretien direct avec les médecins de ces régions à l’aide d’un questionnaire. Cet entretien direct empêchait les médecins de préparer les réponses à l’avance et avait pour avantage de nous fournir des résultats avec plus d’objectivité. Les difficultés rencontrées ont été mineures et étaient liées à la disponibilité du médecin.
Durant notre étude nous avons pu interroger 34 médecins soit 93% de l’ensemble des médecins de ces structures hospitalières. Ceci montre au-delà de l’aspect toxicologique le déficit accru de médecins dans ces zones et pourrait avoir un impact négatif dans la prise en charge des patients intoxiqués.
L’enquête montre que près de la moitié des médecins soit 44,11% n’ont eu que des notions de base lors de leur cursus universitaire. Cette insuffisance de formation peut justifier la mauvaise qualité de la prise en charge des cas d’intoxication.
Des résultats de notre enquête montrent aussi que 32% des médecins définissaient un toxique comme « une substance nuisible à l’organisme ». Les mêmes résultats ont été retrouvés dans les études de Ly (34).
Un toxique suppose des conséquences nocives pour l’organisme. Mais le fait d’inhaler, de toucher, et même d’ingérer une substance toxique en grande quantité n’entraine pas nécessairement un effet toxique tandis que l’absorption d’une substance en faible quantité peut s’avérer très toxique. Ainsi un toxique peut être lié à sa dose. La notion de dose toxique doit nécessairement apparaitre dans la définition pour que celle-ci soit correcte.
Le plomb était le toxique le plus cité soit 25%. Ceci est contraire aux résultats de Diop (17) qui avait trouvé comme premier toxique un médicament( la chloroquine). la toxicité du plomb survient en général au terme d’une exposition chronique par l’ingestion d’écailles de peintures au plomb, avec certains circuits d’approvisionnement d’eau ou avec l’exposition à une pollution industrielle. Cette dernière est la cause la plus retrouvée ; comme fut le cas à Dakar au quartier de Ngagne DIAW à Thiaroye sur Mer, suite à une série de décès inexpliqués survenus entre novembre 2007 et Février 2008, une étude a été mené et a pu montrer que le plomb était à l’origine de cette intoxication(28). Le nombre de citations élevé pour le plomb peut s’expliquer en outre par le fait que le saturnisme est le type d’intoxication le plus médiatisé ces derniers temps.
En seconde place la soude caustique a été citée avec 17,65% parmi les toxiques les plus rencontrés. La soude caustique communément appelée ‘’khémé’’ par les populations sénégalaises, du fait de sa disponibilité et de son faible coût dans le marché, a trouvé de multiples nouveaux usages au Sénégal. En effet, elle est largement utilisée dans les foyers comme détergent et désinfectant. Elle entre dans la fabrication des savons traditionnels et est utilisée dans la teinture. Son aspect qui rappelle celui du sucre, attire les enfants qui sont les principales victimes. Des résultats similaires sont retrouvés dans les études de Ly, Sidibé et Okono (34 ; 36 ; 41).
Le troisième toxique cité est représenté par les pesticides avec 14,71%.
Les intoxications aiguës aux pesticides sont un problème de santé publique dans le monde, et dans une moindre proportion dans les pays industrialisés (12). Au Maroc, entre 1990 et 2008, la prévalence des intoxications aiguës aux pesticides était égale à 2,27 pour 100 000 habitants, dont près de40 % d’enfants, 55 % ayant entre un et quatre ans (2). Dans les pays développés, c’est l’engouement pour l’horticulture ornementale et les jardins potagers qui entraînent une utilisation importante de produits pesticides dans les familles.
Ce taux élevé d’intoxication aux pesticides retrouvé dans notre travail s’explique par le fait que l’enquête a été réalisée dans une zone très agricole avec une utilisation accrue d’engrais.
Une intoxication a été définie par les médecins comme étant « les effets liés au toxique ». Généralement pour qu’un effet toxique puisse se produire, il faut que l’organisme soit exposé à un toxique et que ce dernier en soit en quantité suffisante pour perturber son fonctionnement. Il faut également distinguer l’intoxication, de l’allergie qui est une réaction indésirable d’organisme à des agents chimiques inoffensifs pour la plupart des individus d’une population donnée.
Divers produits ont été cités comme étant responsables d’intoxication rencontrée par les médecins. C’est ainsi que les produits ménagers ont été les plus cités où ils représentaient 30 % des cas cités (eau de javel et khémé). Ly (34) a retrouvé les mêmes résultats dans ces études. Ce type d’intoxication est le plus souvent accidentel et est liée le plus souvent à un manque de vigilance. Par ailleurs les intoxications médicamenteuses se retrouvaient à la seconde place avec 21% des cas cités.
Les médicaments les plus rencontrés étaient les neuroleptiques (40%) et en second plan venaient le paracétamol avec 32%. Diallo (15), dans son étude avait retrouvé des résultats différents, la chloroquine était le médicament le plus impliqué. Jaeger (1) retrouve aussi des résultats différents par rapport à notre étude. Ce dernier classe le paracétamol en tête dans ces études. Ce taux élevé d’intoxication au paracétamol s’explique par le fait qu’il est l’antalgique-antipyrétique le plus utilisé dans le monde et le principe actif le plus prescrit en médecine de ville comme à l’hôpital. Bien que considéré comme un médicament sûr avec peu d’effets indésirables, le paracétamol en surdosage expose à un risque important de toxicité hépatique. Aux États-Unis et en Angleterre il est la première cause d’insuffisance hépatique aiguë, en France, le médicament le plus souvent impliqué dans les intoxications médicamenteuses volontaires (28).
En Afrique Sidibé (41) avait montré que le paracétamol était la première cause d’intoxication médicamenteuse. Cette prédominance du paracétamol est due au fait qu’il s’agit d’un produit existant sous plusieurs spécialités, sous plusieurs formes et formulations, adapté à tous les dosages et qui est régulièrement prescrit comme antalgique, antipyrétique dans des pathologies courantes.
Il est même décrit comme médicament très accessible car on peut se procurer du paracétamol sans ordonnance et dans la rue.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. GENERALITES
I-1. DEFINITIONS
I.1.1. INTOXICATION
I.1.2. TOXIQUE
I.2. CLASSIFICATION DES INTOXICATIONS
I.2.1. CLASSIFICATION SELON LE MODE DE SURVENUE
I.2.1.1. INTOXICATION AIGUË
I.2.1.2. INTOXICATION SUBAIGUË
I.2.1.3. INTOXICATION A LONG TERME
I.2.2. CLASSIFICATION SELON LE PRODUIT EN CAUSE
I.2.2.1. INTOXICATIONS MEDICAMENTEUSES
I.2.2.2. INTOXICATIONS PAR LES PRODUITS DOMESTIQUES
I.2.2.3. INTOXICATION PAR LES PRODUITS INDUSTRIELS
I.2.2.4. INTOXICATION PAR LES PLANTES
I.3. MECANISME D’ACTION DES TOXIQUES
I.3.1. ACTION SUR LES ENZYMES
I.3.2. INTERFERENCE AVEC LE TRANSPORT DE L’OXYGENE
I.3.3. ACTION SUR LES COENZYMES
I.3.4. ACTION SUR LES LIPIDES
I.4. DIAGNOSTIC DES INTOXICATIONS
I.4.1. L’ANAMNESE
I.4.2. L’EXAMEN CLINIQUE
I.4.3. EXAMENS BIOLOGIQUE ET TOXICOLOGIQUE
I.5. TRAITEMENT
I.5.1. TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE
I.5.2. TRAITEMENT DE DECONTAMINATION
I.5.2.1. DECONTAMINATION DIGESTIVE
I.5.2.2. DECONTAMINATION DE LA PEAU ET DES MUQUEUSES
I.5.3. TRAITEMENT EPURATEUR
I.5.3.1. DIURESE ALCALINE
I.5.3.2. HEMODIALYSE
I.5.3.3. DIALYSE PERITONEALE
I.5.3.4. EXSANGUINO- TRANSFUSION
I.5.4. TRAITEMENT ANTIDOTIQUE
I.5.4.1. FORMATION DE COMPLEXE
I.5.4.2.NEUTRALISATION DU TOXIQUE AVANT QU’IL N’ATTEIGNE SON RECEPTEUR
I.5.4.3 – DEPLACEMENT DU TOXIQUE DE SON RECEPTEUR
I.5.4.4. CORRECTION DE L’EFFET TOXIQUE
I.5.5. TRAITEMENT PREVENTIF
II. METHODOLOGIE
II.1. CADRE D’ETUDE
II.2. MATERIEL ET METHODE
II.2.1. TYPE ET DUREE DE L’ETUDE
II.2.2. POPULATION D’ETUDE
II.2.3. OUTILS DE COLLECTE
II.2.4 METHODE
III. RESULTATS
III.1. REPARTITION DES MEDECINS SELON LA STRUCTURE HOSPITALIERE
III.2. REPARTITION DES MEDECINS SELON LEUR ANCIENNETE
III.3. NIVEAU DE CONNAISSANCE EN TOXICOLOGIE
III.4. CONNAISSANCE RELATIVE A UN TOXIQUE ET EXEMPLE DE TOXIQUE
III.5. CONNAISSANCE RELATIVE A LA NOTION D’INTOXICATION
III.6. PRODUITS RESPONSABLES D’INTOXICATION RENCONTRES PAR LES MEDECINS
III.7. CIRCONSTANCES DES INTOXICATIONS
III.8. DELAI DE PRISE EN CHARGE
III.9. PRESENCE DE DEFAILLANCES D’ORGANE
III.10. BILAN PARACLINIQUE
III.11. PRISE EN CHARGE
III.11.1. TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE
III.11.2. DECONTAMINATION DIGESTIVE
III.11.3. L’EPURATION EXTRA RENALE
III.11.4. LE TRAITEMENT ANTIDOTIQUE
III.12. CONNAISSANCE DU CENTRE ANTIPOISON
III.13. BESOIN EN FORMATION TOXICOLOGIQUE
IV. DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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