Répartition de la population exploitant le sel dans le village de Keur Mbouki

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La revue documentaire

Le sel a fait l’objet d’étude dans plusieurs pays, plusieurs écoles et universités dans le monde en général et en Afrique plus particulièrement. Au Sénégal, plusieurs étudiants et professeurs ont mené des études sur cette problématique. Dans le cadre de notre étude, une recherche documentaire élargie a été effectuée, pour passer en revue le maximum d’écrits traitant la question du sel des populations à Keur Mbouky et surtout leurs conséquences socio-économiques et sanitaires.
Cette étape revêt une importance capitale d’autant plus qu’elle permet une meilleure compréhension du sujet. Dans une logique de recherche scientifique, on est rarement le premier à entreprendre. Alors la question qui fait objet de cette étude aurait été partiellement ou intégralement traitée par nos prédécesseurs ou par des structures nationales et/ou internationales dans notre champ d’étude ou dans les zones ayant les mêmes caractéristiques géographiques et sociales. Notre recherche documentaire s’est d’abord orientée sur des ouvrages généraux ayant traits au sel de manière générale (Stocker 1945)6 et au fleuve Saloum en particulier. Ce passage nous a semblé incontournable pour avoir une vision éclairée du problème général de la recherche mais également de mieux nous rapprocher de notre cible. Cette phase a couvert toutes les étapes de notre recherche et visait dans un premier temps à capitaliser les connaissances théoriques utiles pour l’orientation théorique à donner au travail, pour l’élaboration et l’exécution des différentes phases de la recherche, puis dans une seconde phase, à faire le traitement des informations collectées. Par conséquent, nous nous sommes rendus dans les centres de documentations et bibliothèques universitaires et des structures de recherche installées sur le territoire national. Il s’agit donc :
 de la bibliothèque du département de géographie;
 de la Bibliothèque Centrale de l’UCAD (BU)
 de la Direction de la Prévision Statistique(DPS) ;
 de la bibliothèque du GERAD ;
 de l’IFAN;
 de la DAT;
 de la Bibliothèque de L’ENEA
 de la Biblothèque de l’ENDA Tiers Monde
 Conseil Rural de Keur Mbouki
 Internet

Enquêtes et collecte des données

Echantillonnage
Les données, qui ont fait l’objet de notre étude, ont été collectées au niveau de la localité en question mais surtout avec l’aide du conseil rural dirigé avec comme secrétaire M. Cissokho qui nous a fourni beaucoup de données au niveau de Keur Mboucki. Après la réduction de notre champ d’étude, nous avons choisi d’étudier le village de Keur Mbouki en question comme partie intégrante de la communauté du même nom. Nous avons pris ce village et le critère de choix est l’influence du sel sur la population. Tous les foyers de ce village ont été enquêtés. Ce qui fait un total de 1974 personnes sur une période de 30 jours.

TRAVAIL DE TERRAIN

A ce niveau, les démarches générales mises en œuvre s’appuient essentiellement sur l’observation et l’écoute de toutes les catégories d’acteurs concernés par le développement rural. Cependant un accent est mis particulièrement sur un questionnaire présenté aux agriculteurs et l’observation de ce qu’ils font; ce sont eux qui vivent au quotidien les réalités des transformations économiques techniques et sociales. Nous nous sommes davantage intéressés aux hommes et aux femmes concernés par la mise en valeur de l’environnement socio-économique : les paysans, les ouvriers agricoles et les grossistes de produits agricoles. Nous n’avons pas négligé les techniciens de l’agriculture rencontrés sur le terrain auxquels nous avons soumis un guide d’entretien élaboré au préalable. Nous avons essayé d’éviter les préjugés liés aux apparences que donnent la description des interlocuteurs (services étatique, projet…) car notre but est la connaissance du milieu, de ses pratiques et de ses changements.
Notre approche est longuement expliquée à nos interlocuteurs (chefs de village, exploitants agricole) et réexpliquée sur les parcelles à l’occasion des différentes enquêtes. Elle nous a permis de dissiper ce qui pourrait être un malentendu c’est-à-dire être considéré comme un technicien venu apporter des solutions toutes faites aux problèmes des paysans dans leurs pratiques quotidiennes.
Dans cette démarche, nous nous sommes appuyés, au le plan anthropologique, sur le livre de Jean Pierre Olivier De SARDAN intitulé « la politique de terrain ». Sa mise en pratique nous a ouvert des portes qui autrement nous seraient fermées.
Les investigations de terrain ont été effectuées en deux phases :

La pré enquête :

Elle s’est déroulée du 4 au 5 février 2012 et elle nous a permis de bien mener notre étude et de faire un travail correct. C’est pourquoi nous avons jugé nécessaire de faire une décente sur le terrain pour compléter ces informations. Cette opération nous a permis de tester le questionnaire et de le réajuster afin de susciter les bonnes réponses.

L’enquête proprement dite :

Elle s’est déroulée du 16 au 17 mars 2012. C’est un travail qui nous a permis de vérifier nos hypothèses de recherche. Elle a été menée à partir des questionnaires et des guides d’entretien. Le questionnaire : L’enquête comporte trois grands types de questionnaires avec des questions ouvertes et fermées, etc.
Un questionnaire destiné pour chaque maison : il a permis de connaitre les raisons qui ont motivé
l’installation des 10 ethnies notamment les 184 familles (source : Danfa 2012).
Un questionnaire destiné aux jeunes filles et garçons : il nous a livré des informations sur les relations avec leurs familles au village et les difficultés rencontrées dans l’exploitation du sel.
Un questionnaire destiné aux membres de familles exploitant le sel : il nous a permis de connaitre l’influence économique du sel à Keur Mbouky.
Les guides d’entretien
Une variété de guides d’entretiens a été élaborée et proposé :
Un guide d’entretien destiné aux conseillers ruraux (M.Cissokho) : pour mesurer l’implication de la collectivité locale.
Un guide d’entretien destiné aux chefs de villages (Mr.Niane)
Un guide d’entretien destiné aux présidents d’associations et aux personnes ressources du village.
Un guide d’entretien destiné au sous préfet
En outre, il est important de signaler qu’un entretien libre a été mené avec les responsables des structures scolaires pour mesurer la participation de l’exploitation du sel dans le développement des différents secteurs.

Le traitement des données

Le traitement de l’ensemble des données collectées s’est fait avec des logiciels comme Word pour la saisie des textes, Excel pour la gestion, l’analyse et le traitement graphique, Sphinx pour la construction et le dépouillement du questionnaire, Arc-Views pour la caractérisation du paysage et Arc-Gis pour la confection des cartes.
Les difficultés rencontrées
Dans le cadre de notre étude, nous avons rencontré des difficultés qui sont d’ordre financière et matériel (manque de moyens de transport).
L’autre difficulté majeure à laquelle nous sommes confrontés est la réticence de certaines autorités locales (conseil rural) à se prononcer sur certaines questions qu’elles considèrent sensibles.
Ce travail des données collectées a été très important parce qu’il nous a permis de mieux cerner les disparités entre les différentes ethnies de Keur Mbouki.
Ainsi grâce à la réalisation de tableaux statistiques et de diagrammes circulaires on a pu identifier les inégalités socio-économiques des populations de Keur Mbouki.

Géomorphologie de la région

L’étude de la géomorphologie, de l’évolution et de la sédimentologie des terrains salés du Sine Saloum s’est intéressée au secteur compris entre l’embouchure, le “haut Saloum” et le Sine. Ils ont donné naissance à une ancienne zone deltaïque.
Le Quaternaire récent, plus particulièrement la transgression du Nouakchotten, reste prépondérant dans la compréhension des terrains salés du Sénégal, dont la forte extension à l’intérieur des terres s’est amplifiée avec la péjoration du climat et la forte pression anthropique.
Le milieu étudié, qui comprend un parc national, offre plus d’une thématique. En végétale des opportunités (composition sableux et dépressions effet, une grande variété physiographique mangroves, étagement des tannes, cordons inter cordons), et le type de dynamique hydrologique complexe, restent mal connus.

Présentation

Le système estuarien du Sine Saloum est situé entre 13°35′-14°10′ nord et 16°23′ 18″ ouest. Caractéristique d’un milieu d’une originalité multiple et complexe, il intègre en amont un réseau hydrographique en partie fossile du Sine, du Saloum. Le delta et ses bordures sont composés de terres salées dites tannes dans la terminologie locale.

Le domaine, tel qu’il est connu.

L’étude la plus ancienne consacrée à la rivière Saloum a cent ans (COFFINIERE DE NORDECK, 1885). Le fleuve a très tôt retenu l’attention des colonisateurs. Ainsi, certains gouverneurs de l’époque ont consacré des études à la navigabilité du fleuve. Ils pensaient par ailleurs, que certains chenaux du Saloum communiquaient avec le fleuve Gambie, alors que les autres n’étaient que de simples marigots.
L’étude de la navigabilité vers Kaolack avait toujours soulevé le problème des bancs sableux, à un moment où l’arachide s’affirmait comme principale culture destinée à l’exportation vers la métropole. A partir du milieu du XIX siècle, les rapports des gouverneurs reprennent le thème des difficultés posées par la barre en perpétuelle modification. Aujourd’hui, les marées exceptionnelles débordent de l’océan et se déversent dans le Saloum par cet étranglement que représente l’ancienne embouchure. Quant aux deux pointes de Niodior, l’évolution est tantôt soudée au continent pour donner le secteur abrité dit “baie des Mamingos», tantôt l’une ou l’autre y est isolée pour donner un îlot. En somme, toute une série d’imprécisions relatives à une connaissance générale, soit de la genèse, soit de l’évolution récente du système et leur incidence se retrouve dans la difficulté à appréhender certains aspects des divers éléments constitutifs du paysage.

L’évolution au quaternaire.

La plupart des travaux ayant porté sur le secteur manque de précisions quant au Quaternaire. Le Quaternaire récent demeure la période la mieux connue qui concerne surtout l’évolution. Lors de la période Post Inchirienne, dite Ogolienne (13000 ans BP), il se serait produit un épisode sec suite auquel devait se constituer le réseau hydrographique du Sine Saloum
Lors de la phase humide qui a suivi. C’est la seconde phase d’entaille (13000 8000 ans BP). C’est à cette période que le delta aurait été mis en place (MICHEL. 1970), par les trois fleuves (. Il se serait produit un épisode sec entre 8000 et 6000 ans BP, suivi d’une transgression marine dite du Nouakchottien, qui aurait atteint son niveau le plus élevé vers 5500 BP. Au cours de laquelle la mer envahit les basses vallées du Sine et du Saloum.
Au retrait, (période post-Nouakchottien), la mer abandonne au fur et à mesure des cordons sableux successifs vers 4000 ans BP. (DIOP., SALL. 1976;DIOP. 1978) Par la suite, il se produit un comblement des lagunes inter cordons et on passe ainsi, avec les cordons dunaires, l’édification des !les du Saloum.

Milieu physique

Le relief et les sols

Le relief, essentiellement plat, comporte quelques zones dépressionnaires au Nord-est, composées de bas-fonds et de vallées. De nombreuses mares temporaires sont parsemées sur l’étendue de la Communauté Rurale, particulièrement dans les parties basses. Les sols sont en grande partie composés de deck et deck-dior. On y retrouve aussi des dior et des tannes, avec de faibles superficies. Ces sols sont ainsi répartis :
– les deck : 60 %,
– les deck-dior : 28 %,
– les diors : 11 %,
– les tannes : moins de 1 %.
Les deck : qu’on retrouve dans les zones de dépression, possèdent une grande capacité de rétention en eau grâce à leur fine texture argileuse. Localisée essentiellement au Nord-est de la Communauté Rurale dans les zones de Lougal et Ngordjilène, ils sont très propices aux cultures maraîchères et à celles du sorgho.
Les deck-dior : constituant une transition entre les sols decks et diors, ils sont aptes à une large gamme de culture (mil, arachide, maïs, sorgho, manioc, ….).
Les diors : très propices aux cultures céréalières et arachidières font cependant l’objet d’une dégradation de plus en plus aiguë occasionnée par les érosions, surtout éoliennes, qui soustraient au sol tout son potentiel en éléments fertilisants.
Les tannes : inaptes à l’agriculture du fait de leur fort taux de salinisation, ils sont essentiellement localisés dans la zone de Keur Mboucki et un peu dans la zone de Diamal, le long du bras de mer.

Le Climat

De type soudano-sahélien, il est caractérisé par une saison des pluies de 03 à 04 mois et une saison sèche de 08 à 09 mois. Située entre les isohyètes 700 et 800 mm, la pluviométrie qui s’étale de juin à octobre est très variable. Durant la période 2000 à 2009, elle a évolué en dents de scie, avec un maxima de 1 008 mm en 2005 et un minima de 458,4 mm en 2007. La dernière décennie (2000-2009) a enregistré une moyenne pluviométrique de 672,2 mm.

Les ressources végétales et fauniques

La végétation en générale de la Communauté Rurale est composée d’espèces herbacées et ligneuses (arbustives et arborées). Le potentiel végétal relativement important est répertorié au niveau du parc agro forestier, de la forêt classée de Birkelane et des aires mises en défens.
Le parc agro forestier dominé par Cordyla Pinata renferme d’autres espèces comme :
– Acacia sourour,
– Acacia albida,
– Sclerocarya birrea,
– Adansonia digitata,
– Prosopis africana,
– Anogeissus leiocarpus,
– Strycuos spinosa,
– Borassus aethiopum,
– Bombax costatum,
– Acacia tortilis,
– Acacia nilotica,
– Balanites aegyptiaca,
– Acacia senegal,
– Guiera senegalensis,
– Icacina senegalensis,
– Zizyphus mauritiana.
La forêt classée est dominée par Cordyla Pinata. D’autres espèces y sont inventoriées comme :
– Adansonia digitata,
– Sterculia setigera
– Combretum aculeathum,
– Guiera senegalensis,
– Pilostigma reticulata,
– Diospyros mespiliformis,
– Balanites aegystiaca,
– Acacia albida,
Les espèces herbacées, relativement diversifiées, constituent l’essentiel des réserves fourragères. Elles sont principalement composées de :
– Digitaria ciliaris,
– Dactiloctenium aegyptiaca,
– Cenchrus bittorus,
– Chloris prieuril,
– Zornia glochidiata,
– Indigofera astragalina
– Iponica coptica,
– Jaquemontia tamnifolia,
– Corchorus trideus,
– Mitracarpus villosus,
– Antropogon gayanus.
La faune recensée est principalement composée de :
– rongeurs (écureuils, lièvres, rats, …),
– reptiles,
– chacals,
– singes,
– hyènes.
Pour l’avifaune, on rencontre surtout des :
– oiseaux granivores,
– pigeons,
– perdrix,
– pintades.

Les ressources en eau

Elles sont composées, pour le village de Keur Mboucki, des eaux de ruissellement, de celles souterraines et de celles du bras de mer (prolongement du delta du Saloum).
L’essentiel des eaux de surface est constitué des mares temporaires disséminées sur toute l’étendue du terroir et des points d’eau situés aux bas-fonds du Nord-est et dans le prolongement de la vallée. En période hivernale, ils permettent l’abreuvement du bétail et la satisfaction de certains besoins domestiques. Leurs capacités de rétention des eaux restent cependant très variables en fonction de la pluviométrie et des dimensions des mares.
Le bras de mer constitue aussi une importante étendue d’eau de surface avec une teneur en sel si forte qu’elle permet une exploitation saline.
Les eaux souterraines sont pour l’essentiel composées du maestrichtien, capté entre 300 et 350 m par les 04 forages de la Communauté Rurale. La nappe phréatique avec des profondeurs variant entre 40 et 60 m alimente les puits traditionnels du village.

Le Fleuve Saloum

A partir de Kaolack, le fleuve Saloum dessine un tracé qui borde Kahone et les villages suivants : Palado, Parassel, Ngath Nawdé, Keur Massaer, Keur Mbouky et termine son cours en aval de Birkelane. Ainsi la moyenne vallée du Saloum, de Palado jusqu’à Birkelane, présentant comme une zone inondable par les marées exceptionnelles. En saison sèche, les eaux peu profondes se retirent et s’évaporent sous l’effet d’une forte chaleur. Les tannes deviennent blanchâtres et s’assèchent superficiellement ; la teneur en sel marin étant accrue sur les remontées salines. Ils sont pratiquement couverts de croutes salines8 sur toute leur étendue.

Situation du secteur

En plus de l’éducation formelle (école française), celle non formelle est dispensée dans Keur Mboucki à travers quelques classes d’alphabétisation fonctionnelles et quelques « daaras » et écoles arabes.

Les écoles françaises

Le village compte 2 écoles primaires publiques, un Collège d’Enseignement Moyen (CEM) et une Case des tout-petits.
Tandis que les écoles primaires publiques comptent 14 classes physiques, le CEM et la Case des Tout-petits sont flambants neuf.
Le personnel enseignant est constitué d’instituteurs titulaires et de volontaires au niveau du primaire. Au CEM, outre le principal et les 2 surveillants, il est recensé 9 contractuels et 2 fonctionnaires.

Les « daaras » et écoles arabes

Seul 1 daara et une école arabe ont été recensés dans le village de Keur Mbouki. L’impact positif de l’alphabétisation fonctionnelle est tel que sa pérennisation devient un enjeu de développement socio-économique. Ainsi l’implication du conseil rural permettrait-il de développer un partenariat qui aiderait à appuyer le plus grand nombre d’acteurs en vue de leur offrir les aptitudes à jouer un rôle plus important dans le contexte de lutte contre la pauvreté.
La généralisation de l’enseignement arabe dans les écoles françaises aiderait davantage à le formaliser et la création d’écoles franco-arabes pourrait aider à relever considérablement le taux de scolarisation.

Situation des groupes cibles vulnérables

Ces groupes, constitués des femmes, des enfants, des jeunes, des vieux et des personnes vivant avec un handicap, méritent une attention particulière dans l’élaboration et la mise en œuvre des processus de développement local.

Les femmes

Malgré leur poids démographique, elles ne sont pas assez impliquées dans les instances de décisions du fait de l’ancrage socioculturel ; ce qui entraîne souvent la faible prise en compte de leurs préoccupations spécifiques. De plus en plus conscientes du rôle qu’elles doivent jouer pour améliorer leurs situations, les femmes, à partir des regroupements villageois, ont mis en place des systèmes d’autofinancement basés sur les cotisations aux fins d’allouer des crédits rotatifs à leurs membres. Ainsi, plusieurs d’entre elles ont pu s’activer dans le petit commerce, l’embouche. Ces regroupements constituent aussi des cadres villageois de concertation qui ont permis le renforcement de la cohésion sociale et la solidarité.
Les femmes sont aussi confrontées à d’autres difficultés relatives celles-là à la santé maternelle et à la surcharge des travaux domestiques.
L’absence de planning familial, avec les grossesses rapprochées comme corollaire, constitue un facteur de dégradation de la santé des mères et de leurs enfants.
Au niveau des activités agricoles, la présence féminine est estimée à plus de 60 % de la main d’œuvre.
Dans l’exploitation du sel, très contraignante avec des moyens de fortune, les femmes représenteraient 70 % des acteurs à la base.
L’allègement des travaux des femmes reste une grande préoccupation à laquelle très peu de solutions ont été jusque-là apportées.

Les jeunes

Malgré un poids démographique qui représente plus de 50 % de la population, les jeunes sont très peu visibles dans les actions de développement de la Communauté rurale.
Outre les activités agropastorales jugées difficiles et peu rentables, les jeunes s’adonnent aussi à l’exploitation du sel qui constitue une autre source de revenus.
L’exode massif : Cette mobilité, qui touche autant les hommes que les femmes, les élèves comme les acteurs économiques, a accentué l’utilisation de la main d’œuvre féminine et infantile dans les champs.
Le sous-emploi étant l’une des principales causes de ce phénomène s’explique par :
– le non valorisation du potentiel des cultures de contre saison,
– la faible qualification professionnelle,
– le non prise en compte de la promotion de la jeunesse par les partenaires dans leur appui au développement.
Leur manque d’initiatives et leurs préférences pour les centres urbains comme Kaolack, Kafrine, Dakar, Banjul et autres, expliquent aussi cette situation.
Le village est aussi insuffisamment équipé en infrastructures de jeunesse.

Les enfants

A part le secteur de l’éducation qui prend le plus en compte cette catégorie, World Vision, dans un Programme de Renforcement Nutritionnel, s’intéresse à la tranche d’âge allant de 00 à 05 ans avec beaucoup de réussite dans la correction de l’insuffisance pondérale.
Malgré une bonne politique de scolarisation, avec des capacités d’accueil encore satisfaisantes, on constate un fort taux de déperdition chez les filles du fait de la surcharge des travaux domestiques et des mariages précoces.
Les enfants constituent une frange très importante de la main d’œuvre agricole et en paient la contrepartie dans la qualité de leurs apprentissages scolaires. Ils sont aussi souvent exposés à des accidents dans les champs.
L’inexistence de locaux appropriés pour abriter la case des tout-petits peut constituer un obstacle à la volonté des autorités de développer les capacités mentales de la tranche des 02 à 05 ans en vue de mieux les préparer aux aptitudes d’un apprentissage de qualité.
La plupart des adolescents, surtout ceux qui ne fréquentent plus l’école, font du petit commerce dans le louma de Birkelane et participent à l’extraction du sel, en plus de leurs activités agricoles. L’inscription des enfants dans les registres d’état civil se fait très rarement dans les délais conseillés. Les affluences dans les audiences foraines édifient le mieux sur dans ce domaine.
Le faible taux de scolarisation, dans cet environnement fortement influencé par les daaras, constitue un obstacle à l’atteinte des OMD auquel il faudrait des solutions conformes aux réalités socioculturelles locales.
Les points relatifs à la santé des enfants sont traités dans le diagnostic de ce secteur.
Le bien-être de l’enfant constitue une préoccupation universelle à laquelle s’attèle World Vision en s’appuyant sur leurs familles et leurs communautés.

Les vieux et les personnes vivant avec un handicap

Déchargés de certains travaux et exemptés d’impôts, les vieux jouent néanmoins d’importants rôles au plan social, de par leur sagesse et leur expérience. En retour, ils sont très peu impliqués dans le développement du village et leurs préoccupations spécifiques ne sont pas toujours prises en compte.
Les personnes vivant avec un handicap sont victimes de l’iniquité dans la répartition des ressources communautaires. Leurs capacités à assurer leur autonomie faciliteraient leur intégration sociale.
Considérée comme les couches les plus vulnérables, cette population mériterait de bénéficier des programmes spécifiques retenus dans le DSRP 2 et destinés à les appuyer dans leurs difficiles conditions d’existence.
L’importance de cette diversité de la population du village de Keur Mbouki reste l’un des atouts qui va développer les activités économiques tel que l’élevage, l’agriculture ainsi que l’exploitation du sel. La restructuration des services sociaux de base pourra réussir à améliorer et à protéger la population de Keur Mbouki.
Conclusion partielle
Avec ces conditions topographiques, pédologiques et climatiques propices aux activités agricoles, sa position géostratégique et l’influence de l’affluant du fleuve Saloum qui donne à la population autochtone du sel le village de Keur Mbouki se place parmi les zones les plus attrayantes de la région de Kafrine.
La présence d’une diversité ethnique et la proximité avec le marché hebdomadaire de Birkelane constituent aussi des facteurs d’attraction des populations qui augmentent de façon proportionnelle.

Rôle des GIE et l’implication des organismes non-gouvernementales

La place du sel dans l’alimentation humaine a incité les autorités du ministère de la santé et les partenaires de ce secteur à l’utiliser comme moyen pour sensibiliser les populations dans la lutte contre les troubles dus aux carences en iode.
Avec l’iodation du sel qui est devenue obligatoire, les producteurs, à l’instar de leurs autres pairs, ont bénéficié de l’appui conséquent de l’Etat et de ses partenaires pour aider à la correction de problèmes de santé publique.
Ainsi, avec l’appui de l’UNICEF, six (6) GIE regroupant des producteurs locaux ont été mis en place en 1996 pour organiser cette activité porteuse d’intérêts humanitaires.
D’autres partenaires comme le PAM (Programme Alimentaire Mondial), MI (Initiatives pour les Micronutriments), la CLM (Cellule de Lutte contre la Malnutrition) et WV (World Vision) appuient les GIE de producteurs de sel.
En plus de la fourniture d’iodate, ces partenaires ont beaucoup aidé à l’équipement de ces organisations. Ainsi, quatre (4) GIE ont bénéficié de six unités d’iodation. Il s’agit de ceux de :
– Keur Mboucki, 1 unité, avec une capacité de 6 tonnes/heure ;
– Ndiayène Waly, 2 unités, avec une capacité de 10 tonnes/heure chacune ;
– Thicatt Wolof, 2 unités, avec des capacités de 6 et 10 tonnes/heure ;
– Keur Massaer, 1 unité, avec une capacité de 10 tonnes/heure.
Seuls les GIE de Touba Khadama et Ngongane ne disposent pas encore d’unités d’iodation.
En outre, les GIE sont dotés de :
– 6 groupes électrogènes pour les besoins en énergie,
– 6 machines à coudre destinées aux emballages
– 3 abris pour les unités d’iodation,
– 1 magasin de stockage.
Ces GIE bénéficient aussi de facilités dans l’acquisition d’emballages industriels standards.
Une piste latéritique réalisée avec l’appui du PNIR permet un accès plus facile des gros porteurs aux principaux abords du bras de mer.
Il existe aussi une fédération des GIE d’exploitants de sel des régions de Kafrine et Kaolack, présidée par une personne ressource locale (l’actuel chef de village de Ndiayène Waly).
Des missions d’appui et d’évaluation sont régulièrement effectuées conformément aux termes de référence de ce partenariat.
Le sel iodé, qui est devenu un produit à forte valeur ajoutée, sert autant à la consommation nationale qu’à l’exportation vers les pays de la sous-région.
Cette filière, qui constitue un des piliers de l’économie locale, connait des faiblesses, des menaces et des difficultés qui pourraient réduire les importants résultats attendus.
Les unités d’iodation pour le traitement de toutes les quantités de sel extraites sont très peu fréquentées par les exploitants qui opèrent, dans leur quasi-totalité, sans respecter les normes de qualité. L’iodation manuelle avec des produits non certifiés, à laquelle ils recourent pour des raisons économiques, ne permet pas toujours d’obtenir un produit fini homogène et de qualité.
Les difficultés d’accès à ces unités sont souvent évoquées, de même que leur lenteur dans le traitement et les multiples manutentions qui en découlent, alors que les « clandestins » procèdent de manière plus rapide et moins coûteuse (iodation directe sur les amas, emballage sur place et livraison).
La forte concurrence des nombreux exploitants individuels remet en cause la viabilité des GIE qui se trouvent aussi dans l’impossibilité de fournir, sur le sel, des données statistiques fiables et indispensables.
L’érosion éolienne qui accélère l’ensablement du bras de mer constitue une menace sur ce cours d’eau qui n’a jamais fait l’objet de dragage.
L’insuffisance, voire l’inexistence de moyens d’exploitation d’envergure tels que des motopompes, des tracteurs, des camions, etc., constitue des facteurs très limitant.
La réorganisation de cette filière est devenue une urgence à laquelle il faudra s’atteler.
La tenue d’un forum sur les enjeux de l’exploitation du sel permettrait à toutes les parties prenantes, sans exclusive, d’échanger sur les points les plus saillants afin d’amener cette filière à son meilleur niveau de performance.

DEUX ACTIVITES ECONOMIQUES

L’agriculture une activité prioritaire

Essentiellement portée sur celle sous pluie et à un degré moindre sur le maraîchage, l’agriculture constitue la plus importante activité économique exercée par plus de 90 % de la population active.
Son impact sur le plan social et sur les autres activités économiques est tel qu’il est indispensable de leur porter une attention particulière. Considérée par tous comme le meilleur moyen de réduire la pauvreté, la relance de l’agriculture doit permettre que celle-ci ne soit plus essentiellement destinée à l’autoconsommation.

Les cultures sous pluie

Elles concernent principalement celles céréalières ou vivrières, celles dites de rente et celles de diversification.
Les céréales constituent pour l’essentiel, l’aliment de base de la population et occupent une place très importante en milieu rural. Le mil souna, en plus d’être la principale culture vivrière, est devenu depuis quelques années une importante source de revenus. Il représente près de 65 % des productions locales.
Les cultures de rente, avec l’arachide qui représente près de 30 % de la production agricole et les pastèques 02 %, contribuent de moins en moins à l’amélioration des revenus des populations. Les difficultés de la filière arachide, depuis les intrants jusqu’à la commercialisation en sont la cause. Quant à la pastèque, elle est exploitée par une minorité, à une faible échelle, avec des fortunes diverses.
Les cultures de diversification, constituées du niébé, du « bissap », du manioc, du sésame et du tabanani, représentent près de 03 % des productions et connaissent un niveau d’évolution assez timide.
Les statistiques agricoles n’étant pas encore disponibles à l’échelle du village, l’évolution des productions agricoles ne pourrait être analysée qu’au niveau des indicateurs globaux de l’ancien département de Kafrine dont dépendait l’ex Communauté Rurale de Birkelane qui couvrait les localités de l’actuel village de Keur Mboucki.
La moyenne pluviométrique enregistrée durant la décennie 2000-2009 est de 672,2 mm avec un maxima de 1008,0 mm en 2005 et un minima de 458,4 mm en 2007.
Le diagnostic de l’agriculture sous pluie a aussi porté sur :
– les sols,
– les intrants,
– le matériel agricole,
– la commercialisation des récoltes.
Les sols, marqués par un appauvrissement avancé dû aux phénomènes érosifs et aux pratiques culturales inadaptées, ont fait l’objet d’une analyse dans la rubrique « ressources pédologiques » (GRN).
Les intrants concernent :
– les semences qui sont de qualité peu performante, distribuées avec retard, pour des quantités insuffisantes,
– les engrais et les produits phytosanitaires jugés parfois inefficaces et difficiles d’accès.
Le matériel agricole, vétuste, insuffisant et faiblement renouvelé.
Ces problèmes sus évoqués sont communs à presque toutes les entités agricoles du pays et leur conséquence n’est autre que la baisse constante des rendements, avec ses corollaires (pauvreté, exode, etc.).
Pour les sols, la mise en œuvre des actions prévues par le PLD aiderait à leur restauration progressive.
Quant aux intrants et matériels agricoles, les organisations locales, par le biais du syndicat des agriculteurs, envisagent de mieux s’impliquer, avec l’appui des partenaires, en vue d’atténuer les principales contraintes relevées.
Les recommandations suivantes ont été formulées :
• appuyer le syndicat des agriculteurs pour un élargissement de son champ d’actions. Il interviendrait dans la sélection et la distribution des semences et autres intrants, servirait de facilitateur pour le renouvellement du matériel agricole et intégrerait aussi les structures de commercialisation des produits agricoles.
• renforcer les capacités des artisans locaux pour l’entretien et la maintenance du matériel agricole.
La commercialisation
Le mil, principale production agricole du village, est depuis toujours normalement écoulé au niveau des différents loumas avec des fluctuations qui obéissent aux lois du marché. Sa commercialisation ne connait pas les mêmes difficultés que celles de l’arachide. Ainsi, de plus en plus, il devient l’une des principales sources de revenus agricoles, après la couverture des besoins alimentaires. En plus des acteurs commerciaux traditionnels, les GPF s’intéressent davantage à ce produit facile à conserver et à écouler.
L’arachide, dont les prix sont tributaires des cours mondiaux, a connu de sérieuses difficultés de commercialisation depuis plus d’une décennie du fait des mutations survenues dans la filière. Les paysans se retrouvent presque dans l’impossibilité de tirer financièrement profit de leur production, à temps voulu et au meilleur prix.
La commercialisation de l’arachide, ayant toujours été un des temps forts du monde paysan, est devenu si contraignante que sa culture ne subsiste que par l’accroissement des quantités transformées, les besoins d’autoconsommation (huile, pâte et autres compléments alimentaires) et l’importance de la production fourragère.
Du fait des nombreuses difficultés liées à son exploitation, on note une réduction constante de ses superficies emblavées et de ses productions au profit du mil dont la filière mérite d’être organisée, avec les acteurs locaux, pour mieux contribuer au développement économique local.

Le maraîchage

Le maraîchage, qui porte essentiellement sur les productions de piment, tomate, aubergines, gombo, salade, etc., y est pratiqué.
Ces périmètres sont clôturés et irrigués par des puits traditionnels.
Ce sous-secteur, qui offre pourtant de réelles opportunités de création d’emplois et d’amélioration des revenus des populations, est sous exploité. Le manque d’appui pour les aménagements (clôtures, irrigation, intrants, matériels, etc.) a constitué un obstacle à la valorisation de ce potentiel.
Des études devront être menées pour permettre à ce sous-secteur de contribuer au développement local. Celles-ci déboucheront sur :
– l’identification des parties du village prioritaire au vue de leur potentiel,
– l’organisation des populations concernées pour mieux les accompagner,
– l’inventaire des besoins en investissement,
– l’appui à la mise en œuvre des plans d’exploitation.
La relance de l’agriculture, un des moyens de réduire la pauvreté, passera par sa modernisation et son intensification. Cela suppose :
– le renforcement de l’organisation des agriculteurs à travers son syndicat,
– la diversification agricole,
– la mécanisation comme solution aux facteurs limitant,
– l’association des cultures et l’introduction de l’arboriculture à forte valeur ajoutée dans les champs,
– la facilitation des conditions de financement des acteurs (CNCAS, PMIA, etc.).
Aussi, la pratique de la chaîne cohérente de production agricole permettrait de diversifier et d’améliorer les revenus des paysans qui s’étaleraient sur toute l’année. Cette chaîne pourrait, entre autres, regrouper :
– l’agriculture sous pluie,
– l’arboriculture fruitière,
– le maraîchage,
– les cultures de diversification comme le manioc

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Table des matières

LISTES DES SIGLES ET ACRONYMES
Introduction Générale
Situation Géographique du village de Keur Mbouki
I. Contexte et justification
Problématique
II.1. Objectifs
II.2. Hypothèse de recherche
Méthodologie
III.1. La revue documentaire
III.2. Enquêtes et collecte des données
III.3. Le traitement des données
CHAPITRE 1 : LE CADRE PHYSIQUE
1- Présentation du site
2- Historique
4- Milieu physique
4.1 Le relief et les sols
4.2 – Le Climat
4-3- Les ressources végétales et fauniques
4.4- Les ressources en eau
4.5. Le Fleuve Saloum
CHAPITRE 2 : LES HOMMES ET LEURS ACTIVITES
1-Etude de la population de Keur Mbouky
1.1. Répartition de la population
I.2. Répartition ethnique des familles
I.3. Evolution de la Population de Keur Mbouky
Structure de la population
Caractéristiques de l’habitat
Le Zonage du village de Keur Mboucki
SITUATION DES SERVICES SOCIAUX DE BASE
1- Santé
2- Accès à l’eau potable
3. Education
3-1- Situation du secteur
3-2- Les écoles françaises
3-3- Les « daaras » et écoles arabes
V- Situation des groupes cibles vulnérables
1-Les femmes
2- Les jeunes
3-Les enfants
4- Les vieux et les personnes vivant avec un handicap
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : LA FILIERE DU SEL
I- Evolution de l’exploitation du sel
II- Rôle des GIE et l’implication des organismes non-gouvernementales
CHAPITRE II : DEUX ACTIVITES ECONOMIQUES
I. L’agriculture une activité prioritaire
1.1. Les cultures sous pluie
2. Le maraîchage
II- L’Elevage
3.1 Alimentation et abreuvement du bétail
3.2 Santé animale
3.3 Sécurité du bétail
Conclusion Partielle
CHAPITRE 1 : L’exploitation du sel
I-Répartition de la population exploitant le sel dans le village de Keur Mbouki
II- Processus de mise en place du sel
III -Production du sel
2- La vente
CHAPITRE 2 : IMPACT DU SEL DANS LE VILLAGE DE KEUR MBOUKI
I- Importance Economique
II- Les Conséquences liées à la Santé
III- Les impacts environnementaux
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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