Relation systèmes de production, dégradation des ressources naturelles et savoir-faire des femmes

Relation systèmes de production, dégradation des ressources naturelles et savoir-faire des femmes

Problématique et justificatifs de recherche

En Algérie, elles sont peu nombreuses les recherches s’occupant des savoir-faire traditionnels en particulier ayant trait à la transformation et à la commercialisation des produits de terroir conçus à partir des poils de dromadaires produits en Algérie. En effet, le dromadaire est essentiellement considéré actuellement comme étant un animal de production de viande et de lait (Faye et al., 2014). Le poil de camelins en tant que sous-produit de l’élevage était limité jusqu’à une époque récente à la confection de la tente des nomades et autres produits à faible valeur marchande (Adamou, 2009). Toutefois, les poils de dromadaires ont connu une nouvelle valorisation dans les régions steppiques notamment à Djelfa. Une région, considérée comme étant le berceau des activités artisanales et de production d’étoffes en poils de dromadaires pour lesquelles il subsiste une très forte demande (Kanoun, 2017). Cependant, ces sociétés rurales et agropastorales, comme dans l’ensemble du monde méditerranéen ont subis des mutations sociales, économiques et démographiques. De même, les conduites et les systèmes d’élevage ont connu de nombreux changements. Tout d’abord, les solidarités intrafamiliales se sont distendues et le territoire pastoral a connu plusieurs aménagements, restructurations, diversifications d’usages et d’accès aux ressources. En conséquence, les éleveurs ont dû s’adapter à de multiples perturbations, qui ont induit des transitions à la fois socioculturelles et techniques.

Depuis ces évolutions, il a été constaté que cette situation a vulnérabilisé les savoir-faire ancestraux en particulier ceux utilisés dans le « Tissage Ouabri  » Aiguiga. Il est loisible de constater que ce patrimoine n’est souvent pas assez préservé d’une déperdition éventuelle. En effet, il n’est viable que par rapport à la permanence de la production des matières premières destinées à la confection de ce type de produit. Le risque de disparition de ce type d’artisanat s’avère regrettable pour l’économie familiale des ménages agropastoraux ainsi que pour la place assignée de la femme dans ces sociétés. Notre travail de recherche s’intéresse à l’impact du changement des pratiques d’élevage tenus pour responsables d’une pression accrue sur les ressources naturelles ayant influencé la disponibilité des matières premières qui constituent la base fondamentale pour la production des étoffes Ouabri de type Aiguiga. A partir de cette problématique, le questionnement général de notre recherche porte sur les facteurs de risques jouant sur ces sociétés agropastorales confrontées de nos jours à une dévalorisation, voir même à une déperdition progressive de leurs savoir-faire liés à la production des étoffes en poil local de dromadaire en l’occurrence le poil Aiguiga. En d’autres termes : Est-ce que ce patrimoine pourra-t-il être maintenu et revalorisé par ces sociétés qui évoluent dans un contexte en mutation et exposées à de nombreuses perturbations ? De cette réflexion, il en résulte en priorité la question de recherche principale suivante :

Démarche centrée sur la systémique Historiquement, cette approche remonte aux années 1970 quand la recherche en agronomie fut amenée à faire le constat que les agriculteurs n’adoptaient pas automatiquement les innovations techniques proposées et ne répondaient pas toujours à la règle selon laquelle ils cherchent à maximiser leur profit (Dobremez et Bousset, 1996). Cela a conduit les chercheurs à s’orienter vers des approches tenant compte de la complexité de l’exploitation agricole. Dans le cadre d’une démarche scientifique, toute réflexion méthodologique se base sur des concepts et des hypothèses éprouvées (Dedieu et al., 2008). Pour la filière Tissage traditionnelle l’enjeu est de taille, eu égard à son poids économique dans la sécurité alimentaire des zones arides et semi-arides. La définition des concepts et la clarification de leur contenu constituent un préalable à la démarche proposée. Celle-ci doit permettre d’appréhender la vulnérabilité en milieu agropastoral à la fois dans sa complexité et dans sa globalité, en intégrant « la perception et les représentations locales ».

Selon Nadeau (1999), leur compréhension exige non seulement une maîtrise de certains outils empiriques, mais elle renvoie à une réflexion épistémologique. A cet effet, la recherche a été conduite suivant l’approche systémique en partant du fait que le sujet étudié est d’une certaine complexité (Lhoste, 1984; Landais 1992 et 1994 ; Daget et Godron, 1995). Cherchant à voir comment les femmes et leurs savoir-faire (système social) influaient sur l’état de la production des étoffes Ouabri (matières premières) et comment elles s’adaptaient aux nouvelles conditions de la filière qui en résultaient, l’option choisie nous paraissait judicieuse. Il ne s’agit pas de reprendre ici dans le détail l’histoire et les caractéristiques des approches systémiques, nous donnerons seulement à ce sujet quelques repères bibliographiques. Selon, Le Moigne 1984 et Lapierre 1992… L’approche systémique étant « la science de l’étude des systèmes », il convient en premier lieu de préciser qu’un système (dont l’éthimologie vient du grec: tenir ensemble) se définit comme »

Pour tenter de caractériser l’approche systémique, nous citerons deux références. Pour Wallisier (1977) il s’agit « d’une problématique originale de pensée et d’action » et selon Le Moigne (1984) « d’un ensemble de méthodes de conception de modèles intelligibles des phénomènes perçus dans leur complexité ». En effet, dans un monde de plus en plus ouvert et globalisé, nous sommes confrontés à un afflux d’informations et de connaissances de plus en plus important. La démarche classique de compréhension du monde rural, que ce soit dans les disciplines scientifiques « dures » ou les sciences humaines, repose sur une approche analytique centrée sur le réductionnisme, le souci du détail, la rationalité et la simplification. Or, ce mode de raisonnement simplificateur n’est pas l’idéal pour appréhender la complexité du monde rural. Pour certains auteurs, une autre approche est nécessaire (qui compléterait mais ne remplacerait pas nécessairement la précédente):

La rétroaction comme mécanisme de base

Selon Brossier (1987); Baron (2002) et Dedieu et al (2008), le phénomène de rétroaction, découvert notamment au travers du croisement des travaux de Wiener et Rosenblueth, est une notion tout à fait centrale, sinon la notion fondamentale, en approche systémique. Dans tout système, les entrées sont transformées en sorties par le transformateur. Les entrées résultent de l’influence de l’environnement sur le système, et les sorties de l’action du système sur l’environnement. On appelle alors boucle de rétroaction, ou feedback loop en anglais, le mécanisme qui renvoie à l’entrée du système, sous forme de données, les résultats d’une transformation ou d’une action dépendant de la sortie : les boucles de rétroaction positives et négatives. Les processus à la base de ce fonctionnement finalisé et adaptatif repose sur l’articulation des boucles de rétroaction positives et des boucles de rétroaction négatives, sous la pression permanente de l’environnement extérieur. Selon Bertalanffy (2002) tout système présente donc deux types fondamentaux d’existence et de fonctionnement, le maintien et le changement. Dans le premier cas, ce sont les boucles négatives qui assurent la stabilité, alors que dans le second, c’est la domination des boucles positives qui entraînent le changement. La coexistence de ces deux dynamiques au sein de tout système permet au système de sauvegarder sa survie.

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Table des matières

CHAPITRE I. Introduction général
Introduction
CHAPITRE II. Cadre théorique et définition des concepts
1.Introduction
2.Démarche centrée sur la systémique
2.1. Les concepts de base de l’approche systémique
2.1.1. Représentation des systèmes
2.1.2. Structure des systèmes
2.1.3. Variables de flux et variables d’état – « Stock and Flow
2.1.4. La rétroaction comme mécanisme de base
2.2. Le passage de la pluridisciplinarité à l’interdisciplinarite
2.3. Quelques méthodes systémiques
2.3.1. La triangulation systémique
3.Les approches et les outils mobilisés pour cette étude
3.1. Les méthodes d’Évaluation Rurale Participative (ERP) : recours à l’approche « Systèmes d’Analyse sociale » (SAS
3.2. Approche genre : une méthodologie d’analyse et de compréhension
3.3. Approche filière : un outil d’analyse complémentaire
3.3.1. Atouts et limites de l’approche filière
4.Typologie : une approche pour simplifier une réalité complexe
4.1. Typologie
4.2. Modélisation systémique
5.Quelques définitions
5.1. Les femmes rurales
5.2. Pastoralisme
5.3. Agropastoralisme
5.4. Artisanat traditionnelle et savoir-faire
5.5. Produit de terroir et terroir
5.6. Indication géographique
5.7. Résilience et développement humain durable
5.8. Vulnérabilité et capabilités
5.9. Famille ou ménage
5.9.1. Réduite (ou ménage
5.9.2. Hybride
5.9.3. Elargie
CHAPITRE III. Méthodologie et outils de travail
1.Introduction
2.Démarche systémique et une prise en compte de la dimension genre…
3.Les outils méthodologiques
3.1. Premier thème : Relation systèmes de production, dégradation des ressources naturelles et savoir-faire des femmes
3.1.1. Profil historique combiné à la ligne du temps
3.1.2. Matrice de notation et de priorisation combinée à la méthode des scores
3.1.3. Cartes des ressources
3.1.4. Images satellitaires et fonctionnalités du SIG
3.1.5. Données secondaires
3.1.6. Focus group
3.1.7. L’arbre des problèmes
3.1.8. Le diagramme des activités
3.1.9. Le diagramme des activités
3.2. Deuxième thème : caractérisation des savoir-faire des femmes liés à la transformation des poils de dromadaires
3.2.1. Taille du groupe et sélection des participants pour l’organisation des focus groupe
3.2.2. Déroulement et évaluation des Focus-groupe
3.2.3. Validation des informations
3.2.4. Limites et contraintes
3.2.5. Recours à l’analyse statistique
3.2.5.1. Choix des variables opérationnelles
3.2.5.2. Analyse descriptive univariée
3.2.5.3. Analyse statistique bivariée
3.2.5.4. L’analyse de Covariance multi variée : Modèles linéaires généralisés
CHAPITRE IV. Contexte de production des étoffes en poils de dromadaires et profils des ménages de la filière Ouabri
1.Introduction
2.La région de Djelfa : un réservoir de savoir-faire
3.Dynamique territoriale : des obstacles au développement de l’élevage de dromadaires et à la production de la matière première
3.1 Développement agricole et conversion des parcours
3.2. Occupation des terres de parcours : régression de la superficie des parcours
4.Des événements climatiques extrêmes : des sécheresses saisonnières et répétitives
5.Evolution de l’élevage de dromadaires: régression et délocalisation des effectifs
5.1. Régression et délocalisation des effectifs steppiques
5.2. Une forte concentration des effectifs de dromadaires sur les territoires désertiques
6.L’artisanat au niveau de Djelfa et profils des ménages enquêtés
6.1. Statut et rôles des femmes dans la société pastorale
6.2. Les pôles de production des étoffes Ouabri Aiguiga
6.3. Caractéristiques sociodémographiques et typologie des ménages
6.4. Préférences des artisanes en matière de production d’étoffes
Politique et programmes de développement à l’égard des métiers et des produits de l’artisanat
Conclusion
CHAPITRE V. Impacts de l’altération des ressources naturelles, et da la mutation des pratiques d’élevage sur les savoir-faire des femmes: Quelle lecture
1.Introduction
2.Raréfaction des ressources naturelles et développement de l’agropastoralisme: causes et conséquences des ces avènements
3.Impacts de la mutation des pratiques d’élevage sur la production de l’artisanat des femmes
3.1. Effets de la monétarisation des ressources fourragères et de la sédentarisation sur les activités artisanales
3.2. Conséquences de la mobilité actuelle des troupeaux sur les activités de tissage……
3.3. Evolution de la production des étoffes Ouabri: une hausse de production à base de poils importés
3.4.Evolution de la production des étoffes en poil Aguiga
3.5. Faible disponibilité du Ouabar Aiguiga
4.Conséquences de l’éloignement de la sphère de décision : un risque sur les ressources génétiques animales
5.L’inégalité entre femme et homme : un facteur de vulnérabilité à l’égard des femmes
Conclusion
CHAPITRE VI. Commercialisation des étoffes Ouabri : Une source de revenu pour les ménages
1.Introduction
2.Le marché de l’étoffe Ouabri de Messaâd
3.Les producteurs de la matière première et principaux acteurs de la confection de l’étoffe
4.Spécificités des circuits de commercialisation des étoffes et Qashabiya.
5.Les acteurs des pratiques commerciales de la filière : diversité d’acteurs et de circuits de commercialisation
5.1. Les acteurs de la sphère familiale
5.2. L’acteur intermédiaire : Dallal, un acteur clé de la filière Tissage Ouabri
6.Efficacité économique de la filière « Etoffe Ouabri « : Source de revenu et d’emplois
7.Conséquences de l’informel des flux nationaux et internationaux sur la filière
8.Valeurs ajoutées générées par la filière Tissage Ouabri Aiguiga…………
Conclusion
CHAPITRE VII. Discussion générale et pistes de développement de la production des étoffes
1.Introduction
2.Faible implication de la jeune génération dans la préservation des savoir-faire traditionnels
3.Conséquences de la faible production des poils de dromadaires du type 4.Aiguiga: dévalorisation sociale du travail des femmes
5.Une population d’artisanes particulièrement vieillissante : tendance au gaspillage du capital humain
6.Pratiques commerciales et valeur ajoutée : un processus informel et inéquitable
7.Dislocation de la cellule familiale élargie: montée de l’individualisme
Emergence de la sous-traitance
8.Les risques de maladies et absence de politique de la sécurité sociale à l’égard des artisanes
9.Quelques pistes de solutions pour contribuer à la pérennité et la permanence des étoffes Ouabri locales
9.1. Indication géographique (IG) : une piste pour valoriser les produits associés au terroir (tradition, savoir-faire et ressources naturelles)
9.2. Comment améliorer la disponibilité Ouabar Aiguiga
Conclusion
Conclusion générale
Références bibliographique
Résumés de thèse

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