Relation au beau-parent

Relation au beau-parent

Premières études concernant la parentalité

Dans les années 1940, les premiers travaux scientifiques (Baldwin, 1948 ; Baldwin, Kalhorn & Breese, 1945, 1949, cités par Roskam, Galdiolo, Meunier, & Stiévenart, 2015, p.18) concernant les styles éducatifs ont permis de décrire le fonctionnement de familles avec leurs enfants. Ces chercheurs ont pu établir cinq typologies grâce à leurs observations à domicile : Les parents rejetant-passifs ; les parents rejetant-actifs ; les parents indulgents émotionnels ; les parents démocratiques ; les parents dits inclassables. En s’appuyant sur d’anciennes études et en les adaptant, Baumrind (cité par Roskam, Galdiolo, Meunier, & Stiévenart, 2015, p.19) s’intéressa à une nouvelle typologie qui fût largement référencée et publiée vers le milieu des années 1960. Cette théorie s’appuie sur deux dimensions : le soutien et le contrôle, desquels découleront quatre styles parentaux : Le style autoritaire autocratique, le style autoritaire démocratique, le style permissif et enfin, le style indifférent-distant. Ces premières études, qui laissent sous-entendre qu’il existe une association systématique entre deux variables que sont les parents et les enfants, sont largement remises en question dans la deuxième moitié du XXe siècle. C’est alors que la notion de l’influence bidirectionnelle1 dans les relations parent-enfant est lancée par Bell en 1968 (cité par Roskam, Galdiolo, Meunier, & Stiévenart, 2015, p.19). Il explique alors qu’un style  » autoritaire-démocratique « 2 adopté par les parents permet en effet un développement de l’enfant de manière optimale, mais il ajoute qu’il est plus facile également pour les parents d’adopter ce style éducatif lorsque l’enfant est réceptif et présente des comportements positifs.

La variabilité individuelle d’éducation entre parents

Plusieurs facteurs influencent la manière d’éduquer et de percevoir la parentalité. Certains parents adoptent plus facilement une éducation fondée sur la négociation des règles, des interdits tandis que d’autres imposent leur autorité parentale comme étant la base de l’éducation. D’où proviennent ces différences d’éducation et quels sont les déterminants de la parentalité ? Le modèle de Belsky (1984) guide cette recherche de par sa théorie sur les influents de l’éducation : « Les déterminants liés aux caractéristiques du parent lui-même, ceux liés aux caractéristiques de l’enfant et ceux liés au contexte dans lequel le parent exerce sa fonction. » (Roskam, Galdiolo, Meunier, & Stiévenart, 2015, p. 135) Il est donc nécessaire de prendre en compte ces trois facteurs lors d’une intervention éducative dans une famille, car cela permet d’organiser un soutien à la parentalité adéquat. Ce modèle permet de mettre en lumière la complexité des facteurs qui influencent la façon d’agir du parent.

a) Les facteurs liés au parent Des études ont été faites afin de comprendre dans quelle mesure la transmission intergénérationnelle influence les comportements éducatifs du parent. Des éléments concernant le manque d’objectivité possible, les variables et la pertinence conceptuelle ou méthodologique des outils utilisés lors de ces recherches sont à prendre en compte. En effet, il est nécessaire d’adopter une méthode expérimentale longitudinale prospective afin de pouvoir obtenir des résultats sur plusieurs générations. En d’autres termes, cela consiste à étudier les sujets durant la période de sa vie précédant l’apparition de la transmission intergénérationnelle et cela par le biais de plusieurs mesures à travers le temps (Carrat, Mallet, & Morice, 2013-2014). Malgré cela, certains résultats sont quand même apparus.

Une première étude (Chen & Kaplan, 2001, cité par Roskam, Galdiolo, Meunier, & Stiévenart, 2015) met en lumière le manque de comportements chaleureux, de sensibilité et de stimulation envers leurs enfants concernant les femmes qui avaient elles-mêmes connu une éducation autoritaire dans le passé. Une autre étude (Roskam, 2013, cité par Roskam, Meunier & Stiévenart, 2015, p.138), basée sur trois générations de 48 familles, obtient des corrélations significatives entre les générations consécutives et non consécutives autant concernant les évaluations de comportements éducatifs reçus que donnés. Il existe donc des éléments partiellement transmis d’une génération à l’autre, mais comment cela s’opère-t-il ? Tout d’abord, un enfant n’a pas forcément conscience des alternatives possibles au sujet de l’éducation et considère les comportements éducatifs de leurs parents comme étant prototypiques. Ce mécanisme d’observation permettrait d’expliquer les corrélations apparues lors d’études comme celle de Roskam (2013, cité par Roskam, Galdiolo, Meunier, & Stiévenart, 2015, p.138). Aussi, les types de relations interpersonnelles, les opinions des parents et leur participation sociale sont également suspectés de contribuer à la transmission intergénérationnelle comme l’intonation préférentielle de voix utilisée dans la relation parent-enfant.

Des études mettant en lien le pattern d’attachement parental et le pattern d’attachement de l’enfant dans une optique de transmission intergénérationnelle ont interpellé de nombreux auteurs. En effet, la façon dont le parent se représente l’attachement conduirait ce dernier à se comporter de manière plus confiante/sécurisée ou au contraire plus méfiante avec l’enfant. Une étude portant sur l’attachement des mères (Main & Goldwyn, 1985/1994, cité par Roskam, Galdiolo, Meunier, & Stiévenart, 2015, p.142) a révélé que les représentations d’attachement dites  » non-résolues  » ont tendance à adopter des comportements éducatifs inadéquats. Aussi, l’influence des représentations d’attachement parental agit sur les pères qui adopteraient moins de comportements éducatifs visant le contrôle sur l’enfant s’ils se trouvent dans un pattern dit sécure. La personnalité du parent a également un impact important sur les différences individuelles entre parents. En effet, la manière dont l’adulte se représente son environnement, dont il gère ses relations sociales, ses vocations et engagements va déterminer cette différence. Une étude empirique (Prinzie, Stams, Dekovic, Reijntjes, & Belsky, 2009, cité par Roskam, Galdiolo, Meunier, & Stiévenart, 2015, p.143) va mettre en lien les traits de personnalité des parents avec la manière d’éduquer leurs enfants en s’appuyant sur le modèle des Cinq Facteurs1 (van Lieshout, Haselager, Halverson, Kohnstamm & Martin, 1994, cité par Roskam, Galdiolo, Meunier, & Stiévenart, 2015) :

Les impacts d’une transition familiale

Existe-t-il un impact des transitions familiales sur le développement identitaire du jeune ? Lors de premières études sur le sujet, aux environs de 1970, les chercheurs parlaient d’un impact réel sur le comportement, la stabilité et l’anxiété du jeune. Plus tard, les études sont un peu revenues en arrière vis-à-vis de leurs premières recherches de terrain en se rendant compte qu’un certain nombre de facteurs n’avaient pas été pris en considération tels que le revenu familial ou l’adaptation avant la séparation. (Cloutier & Drapeau, 2008, p. 185) Malgré le fait que l’on reconnaît actuellement la non-fatalité de la séparation/recomposition familiale pour le développement et l’adaptation d’un adolescent (« environ les trois quarts d’entre eux ne présentent aucun problème d’adaptation et ne se distinguent pas des jeunes de familles intactes » (Cloutier & Drapeau, 2008, p. 185)), les études démontrent certains changements et complications qui peuvent apparaitre. Selon Hetherington, Bridges et Insabella (1998, cité par Cloutier & Drapeau, 2008, p.185), 20% à 25% des adolescents vivant dans une famille séparée (ou recomposée) « vivraient des difficultés comparativement à environ 10% chez les enfants se trouvant dans des familles biparentales intactes (Cloutier & Drapeau, 2008, p. 185) ».

Les études parlent alors d’un risque, lors de séparation ou recomposition familiale, pour le développement et le bien-être des enfants et non d’une certitude. Cela signifie qu’il existe une « probabilité que des effets négatifs soient observés » (Cloutier & Drapeau, 2008, p. 185). Dans la réalité, les effets sur les adolescents lors d’une séparation ou recomposition familiale sont notamment observés sur « le plan des problèmes extériorisés, incluant l’agression, la désobéissance et les comportements antisociaux (Cyr et Carobene, 2004 ; Hetherington et Kelly, 2002 ; Kelly, 2003 ; Saint-Jacques, Drapeau et Cloutier, 2000, cité par Cloutier & Drapeau, 2008, p.186). Aussi, les notions d’anxiété et de baisse d’estime de soi sont mentionnées, tout en précisant qu’il existe moins de différence entre les enfants selon les structures familiales (Kelly, 2003, cité par Cloutier & Drapeau, 2008, p. 186). « Le tableau ci-dessous résume les principales différences observées entre les jeunes qui ont connu la séparation de leurs parents ou qui ont vécu une recomposition familiale et ceux qui n’ont pas vécu ces transitions sur le plan de différents indicateurs d’adaptation ». (Cloutier & Drapeau, 2008, p. 186)

La recomposition familiale « L’OFS décrit une famille recomposée comme étant formée d’un couple élevant des enfants, dont un au moins est issu d’une relation antérieure. Dans l’ensemble des ménages familiaux qui incluent des enfants de moins de 25 ans, l’OFS établit que 15% sont des familles monoparentales et 5,7% des familles recomposées. Parmi les parents solitaires, 85% sont des mères. » (Le Temps, 2013) Alors que la monoparentalité et la recomposition familiale se dessinent dans le paysage comme étant un modèle familial d’actualité de plus en plus représenté dans notre société actuelle, les sociologues s’y sont intéressés et ne manquent pas d’arguments pour expliquer cette évolution de la famille : « […] l’urbanisation, l’ascension professionnelle des femmes, l’effacement des rôles spécifiques entre les pères et les mères, la dilution du sentiment religieux, la montée de l’individualisme, l’insécurité de l’emploi, la mobilité géographique, les migrations […] » (Sibertin-Blanc, 2003)

Cependant, les enjeux concernant les parents et l’enfant sont encore peu définis. Certaines théories appuient le fait qu’une recomposition familiale n’affecterait que très peu le développement de l’enfant du moment où les places de chaque membre de la famille sont définies. Or, d’autres expriment plus facilement les difficultés d’adaptation à un nouveau mode de vie commune : « La famille recomposée en termes de cycle de vie rend bien l’idée de la complexité de ce groupe chargé « d’histoires « , histoires individuelles, histoires relationnelles, histoires complexes, et dont le principal défi est d’arriver à  » faire groupe  » sans que toutes les composantes du système familial n’aient une histoire commune et partagée » (Visher, Visher, 1990, cité par D’amore, 2010, p.182). Quatre éléments indispensables au vu de la bonne entente et de l’adaptation à la nouvelle famille ressortent fréquemment dans les ouvrages : construire une identité du couple solide et stable ; déterminer et préciser les liens parents/enfants ; « développer des relations adéquates entre les beaux-parents, les beaux-enfants et les beaux-frères et belles-soeurs » (D’Amore, 2010) ; et enfin, conduire les membres de la famille à un sentiment d’appartenance à la nouvelle structure familiale. Ces éléments sont essentiels à l’adaptation à la recomposition familiale et peuvent être mis en difficulté par le passé de chacun des membres de la nouvelle famille. En effet, il existe un réel impact exercé par la manière dont s’est prononcée la séparation du parent avec l’ex-conjoint notamment sur les enfants.

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Table des matières

1 Introduction
1.1 Motivations
1.2 Question de départ
1.3 Objectifs
1.4 Liens avec le TS
2 Cadre théorique
2.1 La parentalité
2.1.1 Définitions de la parentalité
2.1.2 Premières études concernant la parentalité
2.1.3 La variabilité individuelle d’éducation entre parents
2.2 Adolescence : création identitaire à travers la famille
2.2.1 Les styles parentaux, quelles influences ?
2.2.2 Les relations aux parents
2.2.3 Les impacts d’une transition familiale
2.3 La recomposition familiale
2.3.1 Différences de qualités relationnelles selon l’âge et le genre des enfants
2.3.2 L’adaptation
2.3.3 Les freins, les complications
2.4 Intervention dans les familles
2.4.1 Intervenir en fonction des phases d’adaptation
2.4.2 Intervenir lors d’une complication
3 Problématique
3.1 Question de recherche
3.2 Hypothèses
4 Démarche méthodologique
4.1 Terrain d’enquête
4.1.1 Échantillon d’étude
4.1.2 Méthodologie de récolte de données
4.1.3 Méthodologie d’analyse de données
5 Analyse et interprétation des résultats
5.1 Relation au beau-parent
5.2 Craintes et besoins de l’adolescent dans la nouvelle structure familiale
5.3 Place des valeurs du beau-parent dans la nouvelle structure familiale
5.4 Stratégie d’opposition
5.4.1 Finalité recherchée par l’adolescent
5.5 Le comportement ignorant
5.5.1 Évaluation de la stabilité et de l’implication du beau-parent
5.6 Le parent non-gardien
5.6.1 Identification à son parent non-gardien
5.7 Vérification des hypothèses
5.7.1 Hypothèse 1
5.7.2 Hypothèse 2
5.7.3 Hypothèse 3
5.7.4 Hypothèse 4
6 Partie conclusive
6.1 Réponse à la question de recherche
6.2 Difficultés et limites
6.3 Perspectives
6.4 Évaluation des objectifs
6.4.1 Objectif personnel
6.4.2 Objectifs professionnels
6.4.3 Objectif lié à la recherche
6.5 Bilans
6.5.1 Professionnel
6.5.2 Personnel
6.6 Conclusion
7 Bibliographie et Cyberographie
8 Figures et tableaux
9 Annexes
9.1 Formulaire de consentement
9.2 Grille d’entretien

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