REFLEXIONS SUR LES PHENOMENES INTERCULTURALITAIRES EN CONTEXTE DE DEVELOPPEMENT URBAIN

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Evolution urbaine en Europe

L’urbanisation n’est pas un phénomène nouveau; elle a commencé au Moyen-âge sous l’impulsion de l’évolution spatiale des territoires et la complexité de la division sociale du travail. Au départ, il s’agissait simplement d’un processus social qui a été provoqué par la volonté humaine de s’établir ensemble pour diverses raisons, notamment de sécurité, de ressemblance sociale et culturelle sur un même territoire. En effet, l’urbanisation est un processus historique toujours en constante évolution. Nous allons donc essayer de retracer cette évolution, notamment en Europe et déterminer comment s’est opérée d’une manière générale cette urbanisation.
Certes, l’évolution des villes peut ne pas être identique, mais les éléments qui provoquent les changements tant sur le plan spatial et social sont en général de même nature. Cette évolution est provoquée en effet par la transformation des besoins humains. Ici, nous avons choisi de prendre l’exemple de l’Europe, parce que les civilisations européennes ont connu une évolution historique qui a beaucoup marqué notre planète. C’est une réalité urbaine tangible. A cet égard, l’Europe constitue un terrain d’observation favorable pour l’analyse des processus de développement urbain et d’intégration territoriale.

Europe antique

Historiquement l’Europe antique se situe à la période des civilisations de l’écriture autour de la Méditerranée et au Moyen-Orient, c’est-à-dire la période allant du 35ème siècle avant Jésus-Christ (-3500 à -3000) jusqu’au 5ème siècle (300 à 600) après Jésus-Christ (Delorme, 1973). En effet, cette période a beaucoup marqué l’histoire urbaine de l’Europe. Notons que dans notre approche, l’Europe antique se réduit principalement à l’Antiquité gréco-romaine. C’est dans ce cadre que l’évolution urbaine sera retracée. Ce qui est sûr c’est que l’urbanisation de l’époque n’était pas accélérée comme c’est le cas dans plusieurs pays notamment dans ceux en développement comme Madagascar. Le commencement du processus coïncide bien avec les réalités territoriales, sociales et politiques.
A Athènes et à Rome, par exemple, l’urbanisation a été amorcée de façon délibérée et étudiée. Les imposantes infrastructures urbaines (les places des marchés, les édifices administratifs et politiques, etc.) illustrent une volonté des Grecs et des Romains de créer une véritable cité urbaine dotée des institutions publiques compatibles avec les besoins du cadre de vie des populations. Les Cités-Etats grecques ont connu d’importantes évolutions tant sur le plan des échanges commerciaux, du développement des rapports sociaux, et du progrès dans l’organisation socio-politique, etc. En effet, ils ont commencé à développer des caractéristiques urbaines au travers de l’évolution des activités des populations. Les citadins de l’Europe antique se sont reconvertis progressivement vers des activités urbaines (commerces, politiques, religion). Les gouvernants avaient pressenti des besoins imminents de l’organisation de la Cité-Etat selon une organisation d’une ville et de ses territoires. Et la division du travail devenait davantage plus claire.
A l’époque, l’urbanisation connaissait une évolution progressive. La technologie n’aurait pas été tellement avancée pour provoquer une accélération disproportionnée et incompatible avec les réalités urbaines comme c’est le cas de plusieurs villes contemporaines, notamment dans les pays en développement. En effet, l’évolution urbaine avait été également accompagnée des infrastructures et de l’organisation socio-politique permettant de répondre aux besoins du cadre de vie de l’époque. Il s’agissait surtout d’ériger des villes dans lesquelles les besoins de sécurité, de mise en place des institutions financières et économiques plus structurées, de l’établissement des structures de règlementation sociale (lois, constitution) et les besoins d’organiser la société face à la diversité sociale et culturelle avaient conduit les gouvernants à aménager des espace urbains pour accueillir les commerces, les institutions politiques et religieuses.
Les Cités- Etats grecs (Athènes, Sparte, Rome) se sont transformées en de véritables villes européennes antiques. A partir de là, l’urbanisation de l’Europe a institué un repère spatio-temporel très important pour l’équilibre urbain européen (aménagement territorial, infrastructures, etc.). La formation de la ville comme Athènes avait permis d’assurer les interconnectivités entre les anciens Cités-Etats. Ce mouvement d’urbanisation entamé à l’époque amorçait le début de la grande construction et reconstruction de la société européenne, notamment en termes de rapports sociaux. A partir de là, de nouveaux liens sociaux sont nés entres les individus et les groupes tribaux et ethniques peuplant la cité. C’est-à-dire un nouveau vivre-ensemble vient de naître sous l’influence de l’évolution du territoire et des institutions publiques. De l’autre côté, une démarcation claire s’est dessinée entre les populations rurales et celles urbaines. Dans ces Cités-Etats la ruralité a été remplacée par un autre concept : l’urbanité.
L’urbanisation en Europe date de l’Antiquité suite à la mise en place de Cités-Etats grecques. En fait, en se référant à cette évolution urbaine on se rend vite compte que la ville a constitué dès le départ un levier important pour favoriser les rapports sociaux entre les divers individus et groupes. Par ce statut, elle offre aux populations urbaines la possibilité de se regrouper afin de construire et reconstruire un vivre-ensemble intercultutalitaire. Bref, l’Europe antique a pu développer un processus d’urbanisation fondée sur la volonté des peuples de vivre ensemble.
Pour devenir de véritables villes, un processus assez long a démarré au début de la sédentarisation des populations grecques. L’urbanisation ne s’était pas opérée dès que cette sédentarisation a été acquise. Mais, il y avait d’abord l’évolution des besoins et de la vision des dirigeants ou des patriarches de l’époque. Les rapports sociaux et la conception de la territorialité ont évolué. C’est-à-dire, le processus a commencé par une villagisation, puis s’en suive la construction des Cités-Etats pour arriver en fin à la mise en place des villes.

Période médiévale

Le Moyen-Âge est une époque de l’histoire qui se situe entre le 5ème siècle jusqu’au 15ème siècle. Il se place donc entre l’Antiquité et l’époque moderne de notre ère. L’Europe médiévale était très mouvementée notamment en termes d’urbanisation. A part les villes qui se sont constituées dans l’Antiquité, de nouvelles villes européennes ont été également construites. En effet, c’est dans cette période que l’évolution urbaine en Europe a connu un tournant important. L’urbanisation a commencé à connaître une certaine accélération. Plusieurs villes ont été érigées spontanément suite à l’augmentation importante du nombre d’habitants.
Les villes d’Europe sont de plus en plus nombreuses. Et un essor urbain considérable a marqué cette époque. L’évolution démographique a beaucoup influencé l’urbanisation de l’Europe médiévale. En effet, les progrès techniques auraient peut-être contribué indirectement à l’accélération de l’urbanisation. Ici, l’urbanisation a évoluée et l’importance de la population pousse les gouvernants à construire de toute pièce les villes en milieu rural. Il ne s’agit plus de l’évolution des villages qui a provoqué la constitution des nouvelles villes, mais des pratiques spontanées ont fondé les nouvelles constructions. L’urbanisation devient un processus court et non accompagnée d’une organisation socio-politique bien planifiée. C’est seulement en constatant l’augmentation des populations (exode rural) que les gouvernants ont été contraints de faire construire des villes. Des villes médiévales spontanées sont construites en Scandinavie comme les cas de Trondheim, en 997, Oslo et Bergen, en 1048, en Allemagne, Lübeck, en1143, Dresde, en 1216, Berlin, en 1235, au Pays- Bas, Amsterdam, au 13ème siècle, en Pologne, Cracovie et Poznan, au 12ème siècle, Varsovie, au 14ème siècle (Brulez, 2011). C’est à cette époque que l’urbanisation a pris un autre aspect relatif à l’accélération. Le processus ne dispose plus de temps suffisant afin de permettre au système urbain de s’épanouir.
L’aménagement du territoire, les infrastructures et le cadre de vie des citadins supposent pour une urbanisation harmonieuse un raccordement bien planifié et étudié. Cela signifie que l’urbanisation doit être mise en oeuvre selon une politique bien établie et réaliste. Parce que la réalité urbaine elle-même doit être connue et prise en compte dans la politique de l’urbanisation.
L’accélération due aux progrès techniques dans les Cités-Etats antiques ne doit pas à elle seule déterminer la vitesse du processus pour l’urbanisation. Sinon, le risque de voir les citadins dépassés par la réalité de leur propre ville sera important. En effet, dans les villes antiques, le temps imparti au processus d’urbanisation a permis aux gouvernants, d’une part, de faciliter l’ajustement technique et socio-politique de la gestion de la cité et d’autre part, aux populations de se familiariser au nouveau contexte de l’urbanité.
L’Europe médiévale a connu une relative stabilité politique et sociale due à la mise en place des organisations socio-politiques compatibles aux contextes de l’époque. La paix sociale et l’émergence d’un nouveau mode de vie dans les villes ont significativement attiré les populations des campagnes à rejoindre les anciennes villes antiques, mais également les nouvelles villes médiévales. Au 13ème siècle, la population des plus grandes villes d’Europe telles que Paris, Venise, Milan, s’approche de 100000 habitants (Dutour, 2003).

Le système urbain et les contacts des civilisations

La ville est un système qui a besoin d’un équilibre, malgré les changements qui peuvent s’opérer à l’intérieur. En tant que système elle est constituée par de nombreux éléments qui interagissent entre eux et réagissent également avec le monde extérieur. En fait, le système urbain se définit ici comme la réunion des éléments constitutifs (paramètres social, culturel, économique, politique, etc.) pour former un ensemble urbain. Il s’agit donc d’analyser si tous les éléments du système sont réunis, de quelle façon ils sont réunis et de voir s’il y a un réel équilibre sur l’ensemble (dynamique urbaine).
L’équilibre du système urbain est très important pour le développement urbain. Sur le plan économique, il y a certainement des conditions plus complexes, mais du moins on peut croire que le déséquilibre d’un système entraîne naturellement l’écroulement de l’ensemble. Enrichi par l’histoire de l’évolution des villes, nous nous proposons d’analyser maintenant le mécanisme qui détermine le fonctionnement des villes. A travers cette analyse nous espérerons parvenir à identifier les sources de difficultés rencontrées par certains pays d’Afrique et Madagascar, et comprendre également comment se sont constitués au sein de ce système urbain les espaces de rencontres et de contacts entre les différentes communautés, voire entre les civilisations.

Afrique et Madagascar

L’urbanisation en Afrique et à Madagascar connaît un rythme assez rapide entraînant parfois un impact négatif sur le fonctionnement et sur l’équilibre du système, voire sur développement urbain. En effet, cette rapide urbanisation de ces derniers temps a une influence sur l’évolution de la dynamique urbaine (évolution du paysage, de l’environnement) et a provoqué ainsi l’apparition de nouveaux défis, entre autres au niveau de l’ajustement des infrastructures de base par rapport au cadre de vie des citadins : travaux d’assainissement, d’adduction d’eau, de trafic urbain, de l’éducation, etc. Ce qui signifie que dans l’ensemble l’urbanisation n’est pas toujours compatible avec les besoins et avec les réalités profondes des conditions de vie des populations. Les infrastructures de base n’arrivent pas dans la plupart des cas à suivre l’évolution du paysage et du cadre de vie des populations. D’où le déséquilibre caractéristique de l’urbanisation en Afrique et à Madagascar. Selon le Programme d’évaluation et de réponse rapide du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement et de l’Organisation des Nations-Unies-Habitat, les centres urbains en Afrique se développent beaucoup trop rapidement que dans le reste du monde (UNEP, 2011). Aujourd’hui, la population urbaine de l’Afrique se situe à 414 millions d’habitants et passera à 1, 2 milliards en 2050 (ONU, 2012). Sur le plan démographique, cette galopante augmentation de la population ne permet pas au système urbain en général de l’Afrique, notamment sub-saharienne, de trouver l’équilibre qui pourrait stabiliser les processus de développement urbain. Nairobi, la plus grande ville du Kenya, a connu par exemple une croissance démographique urbaine très rapide et sa population est passée de 119.000 habitants en 1948 à plus 3.100.000 aujourd’hui (Neyroud, Les villes actuelles). Malgré ce risque de déséquilibre du développement urbain, le système urbain de l’Afrique et de Madagascar a toujours constitué un important espace géographique abritant les contacts et les rencontres des civilisations. Les peuplements africains sont généralement constitués suite aux diverses rencontres entre les civilisations (arabisées, européanisées).
A part les points noirs qui caractérisent l’urbanisation africaine d’aujourd’hui, l’Afrique et Madagascar ont, en tout cas, évolué selon le même processus que celui suivi en Europe. Comme dans toutes les dynamiques urbaines, les villes africaines et malgaches sont constituées également de systèmes urbains qui peuvent servir de lieux de rencontres entre différentes civilisations. Ici, il est toujours important de rappeler que ces contacts sociaux font partie intégrante du système urbain africain. Et la fragilité de ce dernier ne provient que d’un déséquilibre qui peut être engendré par l’accélération du processus. Les systèmes urbains africains se remarquent ainsi par deux principaux caractères : diversité et controverse.
C’est grâce à l’urbanisation que l’Afrique et Madagascar sont parvenus, quelles qu’aient été les aléas, à construire des espaces géographiquement et socialement favorables à la formation de la diversité sociale et culturelle. Il s’agit avant tout d’espaces nés de la dynamique urbaine elle-même. Des aménagements et des définitions physiques et imaginaires des territoires appuient et renforcent davantage la valeur de la notion de territorialité dans les communautés urbaines, tananarivienne comprise.

Les relations interculturelles et « interculturalitaires »

L’interculturalité est un phénomène socio-culturel qui a toujours marqué la société humaine depuis les premières civilisations. Elle a connu des évolutions successives dans le temps et dans l’espace. La forme de l’interculturalité dans la période antique a été différente de celle de l’Europe d’aujourd’hui. En fait, les rencontres et les rapports entre les civilisations et les groupes socio-culturels en milieu urbain peuvent prendre des apparences différentes si ceux-ci ont lieu dans un contexte rural. Mais c’est surtout au niveau des villes que ces rencontres sont de plus en plus complexes et difficiles à saisir. Et maintenant l’interculturalité constitue un sujet pluridimensionnel sur lequel pourrait reposer les solutions aux problèmes du développement urbain.
Les relations entre différentes cultures sont souvent perçues de deux manières : la première consiste à présenter l’interculturalité comme une alternative incontournable permettant de valoriser la diversité culturelle, tandis que la seconde insiste sur le fait que les relations entre les cultures ne doivent pas se résumer au renforcement des identités culturelles pour permettre et pour mettre en place une coexistence viable au sein de la diversité. Et c’est en raison de ces diverses perceptions que nous pensons utile de bien décrire la nuance entre deux adjectifs qui reviennent souvent afin de mieux qualifier les relations entre les cultures : « interculturel » et « interculturalitaire ».
Certes, le terme interculturalitaire ne se rencontre pas dans le langage courant, mais nous avons fait le choix de l’utiliser pour mieux exprimer l’importance des rapports entre cultures dans un contexte d’interculturalité. Les relations interculturelles qualifient plutôt des présences et des contacts simples entre les cultures. Tandis que les relations interculturalitaires reprennent sémantiquement l’importance des dimensions interactionnelles à l’intérieur des rapports entre les cultures. En fait, c’est uniquement en contexte de multiculturalité que le qualificatif « interculturel » semble pertinent. Il ne permet pas de décrire l’état des relations entre cultures ; il n’indique que l’existence de relations entre elles, alors que les relations « interculturalitaires » mettent plutôt l’accent sur la réciprocité, sur l’intensité et sur l’interpénétration des rapports entre les cultures. En contexte d’interculturalité ces relations interculturalitaires caractérisent la fusion et les échanges entre les divers groupes sociaux et culturels en présence.

Du bipolarisme mondial à la mondialisation : deux systèmes planétaires interculturels

L’idéal de l’universalité sociale et culturelle a toujours marqué l’histoire et l’évolution des civilisations. Depuis les philosophes antiques jusqu’aux stratèges économiques et politiques d’aujourd’hui, les tentatives d’universalisation des valeurs sociales, économiques et culturelles ont laissé des empreintes importantes sur l’histoire de la société humaine. Le développement du concept du cosmopolitisme a été un signe fort dans le processus d’universalisation des normes et des valeurs citoyennes. Toutefois, deux systèmes interculturels ont réussi à imposer leurs principes au niveau planétaire. Il s’agit en premier lieu du système socio-politique et culturel qui a tenté de diviser le monde en deux grands blocs, et actuellement un autre système, qui est la mondialisation, essaie d’unifier les sociétés humaines autour d’une seule communauté planétaire.
Ces deux systèmes planétaires interculturels tentent tour à tour de restaurer une nouvelle idée sur l’universalité. En effet, l’émergence des deux blocs dans la période d’après la Deuxième guerre mondiale constitue une étape importante dans l’histoire de l’idéologie de l’universalité. Certes, le bipolarisme revêt davantage des enjeux stratégico-politiques ; et l’objectif visé par ces deux blocs (Est et Ouest) a été de mettre en place deux mondes politiques et culturels opposés et dont les propagandes culturelles ont été largement diffusées.
Après l’échec de cette tentative, on se trouve actuellement au coeur d’un autre phénomène interculturel qui est celui de la mondialisation. Elle tente de mettre en place un système de villagisation planétaire à travers des diffusions et des échanges culturels au niveau mondial. La mondialisation constitue alors un phénomène interculturel qu’il faut prendre en considération dans l’étude du développement urbain. Les effets de la mondialisation sont vécus quotidiennement, surtout en milieu urbain. Elle devient incontournable, et a réussi à s’ériger en un système de référence planétaire. Il ne s’agit plus maintenant d’éviter ce phénomène. L’essentiel est de savoir comment faire face à ses impacts négatifs, notamment pour les pays en développement. Les retards dans la maîtrise des technologies de pointe qui caractérisent aujourd’hui les pays en développement poussent ces derniers à devenir des acteurs passifs dans le système. En général, ils subissent la mondialisation.

La période d’après la Deuxième guerre mondiale

La période qui se situe entre 1945 et 1989 a été singulière à cause de l’opposition entre les deux blocs : l’Est et l’Ouest. Le bloc de l’Est, avec en tête, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, regroupe les pays n’ayant pas la même idéologie que ceux du bloc de l’Ouest. Les problématiques idéologiques de l’époque ont été fondamentalement opposées sur le plan politique, économique, social et culturel. Tandis que le bloc de l’Ouest dirigé par les Etats-Unis a voulu mettre en place une idéologie libérale fondée sur l’influence culturelle occidentale. En effet, sur le plan politique et économique, il s’agissait d’un affrontement idéologique entre le capitalisme et le socialisme. Cependant, il faut souligner que quel que soit le système économique, politique, …, à mettre en place, il y a toujours ce problème de fond relevant de l’aspect culturel. La culture est très complexe et à la fois fragile. Quand Huntington évoque le choc des civilisations cela nous ramène effectivement aux problématiques culturelles (Huntington, 1997).
L’idée d’expansion capitaliste et communiste a été, avant tout, basée sur la volonté des deux blocs à étendre leurs emprises culturelles respectives au niveau mondial. Ce qui nous amène à affirmer que les deux systèmes politiques et économiques cachent d’autres réalités, incarnées par un expansionnisme culturel, voire même civilisationnel. Dans le bloc de l’Ouest comme dans celui de l’Est des relations interculturelles particulières se sont développées en vue de renforcer la puissance économique, politique et culturelle. Les deux blocs revendiquent ainsi, d’un côté, le monopole de la culture communiste, et de l’autre côté, celui de la culture capitaliste. Cette situation atteste encore une fois le rôle central de la culture dans le système social humain. Les problèmes liés au terrorisme et aux affrontements entre les Américains et certains groupes extrémistes n’auraient-ils pas leurs racines dans des problématiques culturelles ?
Les tentatives pour imposer les deux cultures ont été remarquables dans les deux camps. En fait, la liberté individuelle, l’ « American way of life18 », préconisée par le bloc de l’Ouest et la lutte contre la domination du capital, mise en exergue par le bloc de l’Est n’étaient que des expressions purement culturelles. La culture a toujours occupé une place importante au sein des deux blocs. Le terme « guerre froide » a caché des enjeux culturels à partir desquels l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques et les Etats-Unis ont essayé d’orienter leurs démarches économiques, politiques et stratégico-militaires.
Il faut également rappeler que les rapports culturels entre les deux systèmes ont été très tendus, à l’intérieur même de chaque système ; l’essentiel a été de pouvoir regrouper un nombre le plus élevé possible de pays adhérents. L’objectif culturel de chaque bloc a été de construire une culture commune entre les pays. Les relations interculturelles ont été plus ou moins fortes à l’intérieur de chaque système. Il s’agissait donc de mettre en place deux systèmes interculturels qui fonctionnaient selon des normes et des valeurs liées respectivement aux blocs de l’Est et de l’Ouest.
Le système oriental s’articulait, notamment sur le plan culturel, autour du principe qui attribue davantage de considération aux intérêts communs au détriment des intérêts individuels. Bien qu’occulté par les discours politiques et économiques le communisme renferme, avant tout, des expressions culturelles. L’idée de l’abolition de la propriété privée de moyens de production à l’avantage de la propriété collective devenait une valeur culturelle à laquelle devaient adhérer les populations. Certes, à l’époque la tendance a été de relever uniquement les dimensions politiques, économiques et sociales de ces systèmes, mais en profondeur, la question culturelle apparaît incontournable. En tout cas, il faut rappeler que le même objectif, qui est l’instauration des normes et valeurs communes, avait largement inspiré les deux camps.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I: L’EVOLUTION DES VILLES ET LES RENCONTRES DES CIVILISATIONS
Chapitre 1 : Aperçu historique sur la formation et l’évolution des grandes villes mondiales
Chapitre 2 : Les concepts d’interculturalité et de multiculturalité
Chapitre 3 : La ville d’Antananarivo et son évolution historique
Conclusion partielle
PARTIE II : PROBLEMATIQUES D’UNE PERSPECTIVE DE DYNAMIQUE MULTICULTURALISTE
Chapitre 4 : De la notion socio-culturelle de fihavanana à une coexistence multiculturaliste
Chapitre 5 : De la montée du communautarisme
Chapitre 6 : Phénomènes sociaux et politiques autour de la dynamique interculturalitaire
Conclusion partielle
PARTIE III : REFLEXIONS SUR LES PHENOMENES INTERCULTURALITAIRES EN CONTEXTE DE DEVELOPPEMENT URBAIN
Chapitre 7 : Pour une nouvelle pratique de migration et de vivre-ensemble
Chapitre 8 : Des actions de réformes
Chapitre 9 : Interculturalité et développement urbain
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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