Référentiel des compétences de l’éducation sociale

Définition de la parentalité

Selon Barras, la parentalité est un concept qui « englobe l’ensemble des fonctions parentales qui répondent aux besoins physiques, psychiques et sociaux de l’enfant » (Barras, 2009, p. 19). D’autres auteurs rajoutent qu’elle s’inscrit tout d’abord dans la sphère privée étant donné qu’elle permet de comprendre l’ensemble des rôles parentaux, des fonctions parentales et des relations intrafamiliales. Elle touche également la sphère publique puisqu’elle aide à définir et à décrire l’ensemble des dispositifs de soutien aux parents (Terrisse, Larivée, & Kalubi, 2008). Pour Martin, la notion de parentalité renvoie à la condition de parent et aux pratiques parentales. Il soulève également que celle-ci demeure encore très peu définie, c’est pour cela qu’elle permet bien des usages et que diverses définitions et idées existent à ce sujet. Il ressort plusieurs autres concepts qui découlent de celui-ci. Il parle donc de « mono-parentalité », de « beau-parentalité », d’ »homo-parentalité », de « grand-parentalité ».

Ces notions relativement récentes permettent de parler de « pluri-parentalité ». Elles nous montrent également que la place de parent peut être occupée et assumée par une ou plusieurs personnes qui pourraient remplir les fonctions parentales et qui ne sont pas forcément les parents biologiques (Martin, 2003). Théry distingue trois niveaux différents de la parentalité : domestique, biologique et généalogique. Le parent domestique est celui qui élève l’enfant à son domicile. Le biologique détermine le lien biologique qu’il y a entre l’enfant et son parent, c’est donc le géniteur (Saliba Sfeir, 2013). Enfin, « le parent généalogique est celui que le droit désigne comme tel » (Théry, 1998, cité par Saliba Sfeir, 2013, p. 16). Ce troisième axe coïncide alors avec la notion de parenté (décrite dans le point suivant) puisqu’il renvoie à une place juridique (Saliba Sfeir, 2013). Enfin, nous pouvons dire que ces trois niveaux de la parentalité nous montrent que l’éducateur, la famille d’accueil ou un proche de la famille peut également faire office de parent. Ce concept est donc très complexe et distingue plusieurs personnes engagées auprès de l’enfant. En effet, l’enfant peut alors avoir trois types de parents différents.

Quant à Houzel (2007), il définit la parentalité à partir de ses fonctions qui se déploient selon trois axes : l’exercice de la parentalité, l’expérience de la parentalité et la pratique de la parentalité. Ce dernier axe se rapproche beaucoup des propos de Martin puisque sa définition de la parentalité renvoie aux pratiques parentales. Ces trois notions englobent la parentalité mais ne sont pas dissociables entre elles. L’exercice de la parentalité correspond à l’identité de la parentalité. C’est-à-dire qu’elle définit les cadres nécessaires pour qu’un groupe ou une famille puisse se développer sereinement. C’est donc en quelque sorte les droits et les devoirs de la fonction parentale. L’autorité parentale est alors incluse dans cette idée. La notion d’expérience de la parentalité, quant à elle, renvoie à l’attachement, aux ressentis. C’est donc là que se joue la relation affective entre les parents et leurs enfants. Ce deuxième axe vise alors le niveau psychologique du lien parent/enfant. Enfin, la pratique de la parentalité concerne les tâches qui incombent à chacun des parents comme par exemple : les soins, les interactions, la pratique éducative, etc. Chaque fois qu’un enfant est séparé de sa mère ou de son père, ces pratiques sont déléguées à d’autres personnes (Houzel, 2007). Sellenet reprend les trois composantes de Houzel et souligne qu’elles sont influencées par différents contextes tels que familial, social, économique, affectif, culturel, juridique et institutionnel. Elle soulève également que la modification de l’un de ces axes entraîne des réajustements chez les autres (Sellenet, cité par Office de la Naissance et de l’Enfance, 2012). Pour Sécher, « éduquer un enfant, c’est donc à la fois en avoir le droit – axe de l’exercice -, et entretenir des relations affectives avec lui – axe de l’expérience -. C’est aussi bien sûr « s’en occuper » » (Sécher, 2011, p. 30).

Compétences parentales

Les parents doivent remplir plusieurs tâches auprès de leurs enfants, mais certains ont des difficultés à les accomplir. Ils doivent donc apprendre à utiliser leurs ressources afin de pouvoir au mieux prendre soin de leurs enfants. D’ailleurs, plusieurs auteurs nous montrent que tous les parents ont des compétences en eux, même s’ils ne s’en rendent pas toujours compte. Pour Sécher, la plupart des parents sont en difficulté dans certains domaines alors que dans d’autres ils possèdent des compétences (Sécher, 2011). Effectivement, d’après Jésu, les familles ont des ressources même en situation de grande précarité ou de fragilité. En effet, les parents connaissent leur enfant bien mieux que les professionnels puisqu’ils ont suivi les étapes de la construction de sa personnalité depuis sa naissance. Ils peuvent donc aider les éducateurs à formuler des hypothèses permettant de donner du sens aux conséquences de ces incidents et participer à la recherche de moyens de remédier aux difficultés identifiées (Jésu, 2007). Selon Ausloos, la famille a de l’expérience et des compétences parce qu’elle a essayé de nombreuses solutions en vivant non seulement des échecs, mais aussi des réussites (Ausloos, 1990, cité par Ausloos, 2013). Il indique également qu’ « une famille ne peut se poser que des problèmes qu’elle est capable de les résoudre (sic) » (Ausloos, 2013, p. 29).

Nous pouvons donc effectuer un lien avec la théorie de Houzel sur les trois axes de la parentalité (expérience, exercice et pratique). Les familles, comme le dit Ausloos, ont de l’expérience étant donné qu’elles ont vécu un certain nombre d’années avec leur enfant (Ausloos, 2013). Elles ont donc un rôle affectif envers l’enfant et remplissent plusieurs fonctions parentales (Houzel, 2007). Or, lorsque leur enfant est placé, les parents perdent la pratique de la parentalité. En effet, ce rôle est désormais joué par l’équipe éducative qui est au quotidien avec le jeune et qui remplit certaines tâches comme les soins, l’acquisition des différents apprentissages, etc. Guay explique que les membres d’une famille passent beaucoup de temps ensemble, ils s’influencent les uns les autres et ils doivent affronter des problèmes tels que le budget ou l’éducation des enfants (Guay, 2009). Sécher rajoute qu’il existe différents évènements qui fragilisent les parents comme la perte d’emploi, la maladie, l’isolement, les difficultés financières, etc. (Sécher, 2011). Face à ces nombreuses sources de stress, ils inventent des stratégies adaptatives ou aggravent leurs difficultés. La majorité des adultes ont les capacités nécessaires pour assumer leur rôle afin d’éduquer leurs enfants, mais plusieurs facteurs comme l’influence des pairs, le handicap ou les différents modèles familiaux peuvent empêcher les parents d’actualiser leurs compétences (Guay, 2009).

Suppléance parentale

La suppléance parentale étant l’une des missions des éducateurs travaillant en institution, il nous a paru pertinent de la développer plus en profondeur. Durning a été l’un des premiers auteurs à définir ce concept à la fin des années 1980. Il propose de désigner la suppléance familiale comme étant un type d’intervention socio-éducative consistant pour les éducateurs à accomplir plus ou moins temporairement à la place des parents les actes éducatifs et nécessaires à la vie quotidienne sans forcément se substituer à ceux-ci. Il la définit également comme étant « l’action auprès d’un mineur visant à assurer les tâches d’éducation et d’élevage [autrement dit, la pratique de la parentalité selon Houzel] habituellement effectuées par les familles, mises en oeuvre partiellement ou totalement hors du milieu familial dans une organisation résidentielle » (Durning, 1986, cité par Fablet, 2010, p. 12). Le mot suppléance a été choisi pour nommer ce concept pour de multiple raisons. Tout d’abord parce qu’en ayant recours à un terme comme substitution il y aurait l’idée du remplacement. Or, dans la suppléance familiale, il y a bien un manque à combler mais l’équipe éducative est là en supplément, en aucun cas en substitution de la famille (Fablet, 2010). En effet, l’idée est la suivante : au lieu d’intervenir à la place des parents, en se substituant à eux, les éducateurs les remplacent seulement dans les aspects où ils sont défaillants.

La suppléance vise donc à fournir à l’enfant ce qui fait provisoirement défaut au sein de son milieu familial (Sécher, 2011). La fonction de suppléance s’oppose donc à celle de substitution, elle est « exercée par des personnes déléguées pour accomplir une partie des fonctions parentales » (Sécher, 2011, p. 25). En effet, en reprenant les trois axes d’Houzel, nous remarquons que les familles conservent souvent leurs droits et devoirs envers leurs enfants et qu’elles ont établi une relation affective avec eux. Les parents exercent donc toujours l’exercice et l’expérience de la parentalité. L’équipe éducative est alors, comme cité plus haut, présente pour remplir l’axe qui est défaillant chez les parents, c’est-à-dire la pratique de la parentalité. Elle remplirait donc seulement cet axe-là. De plus, « la notion de suppléance invite les institutions à considérer que la plupart des parents en difficulté ne le sont que dans certains domaines et qu’ils possèdent malgré tout des compétences » (Sécher, 2011, p. 26). Cette idée a effectivement beaucoup été développée par Ausloos qui préconise que tous les parents ont des compétences. Enfin, la suppléance parentale ainsi comprise a une durée limitée et a comme objectif le retour au foyer familial (Sécher, 2011).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

1. Introduction
1.1 Questionnement
1.2 Motivations
1.3 Lien avec le travail social
1.4 Objectifs
1.5 Problématique initiale
2. Cadre théorique
2.1 Famille et parentalité
2.1.1 Définition et évolutions de la famille
2.1.2 Parentalité
2.1.3 Compétences parentales
2.1.4 Différents modèles familiaux
2.2 Parcours du parent d’enfant placé
2.2.1 Intervention de la protection de l’enfant
2.2.2 Décision du placement
2.2.3 Objectifs du placement
2.2.4 Parentalité partielle
2.2.5 Vie sans enfant
2.3 Professionnels
2.3.1 Rôles et fonctions de l’éducateur
2.3.2 Référent éducatif
2.3.3 Référentiel des compétences de l’éducation sociale
2.3.4 Interventions possibles
2.3.5 Suppléance parentale
2.3.6 Soutien à la parentalité entre émancipation et contrôle
2.4 Relation entre les parents et les éducateurs
2.4.1 Création du lien de confiance
2.4.2 Partenariat et collaboration
2.4.3 Co-éducation
2.4.4 Relations conflictuelles
2.5 Travail avec les familles
2.5.1 Participation de la famille au projet individualisé
2.5.2 Maintien du lien entre les parents et les enfants
2.5.3 Objectif du retour au foyer familial
2.6 Synthèse du cadre théorique
3. Problématique de recherche
3.1 Question de recherche
3.2 Hypothèses
3.3 Liens entre la théorie et les hypothèses
3.3.1 Première hypothèse
3.3.2 Deuxième hypothèse
3.3.3 Troisième hypothèse
4. Méthodologie
4.1 Population cible
4.2 Prise de contact
4.3 Terrain de recherche
4.4 Protection des données
4.5 Technique de récolte de données
4.5.1 Construction de la grille d’entretien
4.5.2 Remaniement de la grille d’entretien
4.5.3 Déroulement des entretiens
4.6 Démarche de l’analyse
5. Analyse
5.1 Quotidien professionnel
5.2 Missions en lien avec la collaboration
5.3 Types de famille
5.4 Ressources parentales
5.5 Perception du placement
5.6 Rôles des parents
5.7 Rôles des éducateurs dans le soutien parental
5.8 Référence
5.9 Moyens utilisés pour collaborer avec les parents
5.10 Attentes des parents
5.11 Attentes des éducateurs
5.12 Retour au foyer familial
5.13 Lien entre collaboration et retour à la maison
5.14 Évaluation du soutien à la parentalité
5.15 Améliorations
6. Résultats
6.1 Hypothèses
6.1.1 Première hypothèse
6.1.2 Deuxième hypothèse
6.1.3 Troisième hypothèse
6.2 Question de recherche
6.3 Pistes d’action
7. Conclusion
7.1 Bilan de la recherche
7.2 Bilan personnel
8. Références
9. Annexes
9.1 Annexe 1 – Grille d’entretien
9.2 Annexe 2 – Résumé du tableau d’analyse

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *