Recherches sur la médiation culturelle

Définition du patrimoine

Nous devons principalement à l’ancien Ministre de la Culture Jean-Philippe Lecat les préoccupations actuelles de la nation française vis-à-vis du patrimoine. En effet, il inaugure en 1980 « l’année du patrimoine », « dont le succès conduit Jack Lang à créer « les Journées du Patrimoine » ». C’est lorsque André Malraux fut à son tour Ministre de la Culture qu’il entreprit un inventaire « des richesses artistiques de la France » , qui tend à prodiguer au patrimoine national un rôle notoire dont il n’avait jusqu’alors jamais profité. Le patrimoine se démocratise alors de manière radicale, et tout un capital culturel est mis au jour. Ce dernier point se concrétise notamment grâce à Claude Lévi-Strauss et Isac Chiva, anthropologue contemporain, qui «persuadent le Ministère de l’existence d’un patrimoine immatériel qui ne se limite pas aux arts et traditions populaires et que les ethnologues peuvent déceler et préserver ». S’ensuit une ébullition autour de thématiques nouvelles telles que le patrimoine industriel (navire, gare, bâtiments…), la généalogie et un encouragement muséal caractérisé par « l’ouverture du Centre Pompidou, de la Villette ou du Musée d’Orsay », et même de la Cinémathèque française en 1936. Malgré ces grands changements en faveur de l’expansion et de la popularité nouvelle du patrimoine, ce dernier reste une notion assez abstraite qui englobe bon nombre d’acceptions. En effet, si le patrimoine est le nom donné à ce qui se transmet tel que des traditions, une langue, ou des histoires, il concerne également, comme l’on affirmé Lévi-Strauss et Chiva, l’Histoire, les monuments, le passé et le présent d’une ville, d’un pays, de toute une civilisation. Si l’on devait résumer, « le patrimoine culturel est l’ensemble des composantes matérielles et immatérielles, qu’une société hérite de son histoire et cherche à sauvegarder pour les générations futures ».
Contrairement à l’idée encore malheureusement fort répandue, le patrimoine ne se résume donc définitivement pas à de vieux monuments assimilables à des ruines et construits en des temps immémoriaux desquels nous ne pourrions pas même témoigner. Mais c’est cette image assez répandue et pourtant désuète qui faire pâtir cette ramification culturelle et la fait souffrir d’un manque de fréquentation et de préoccupations à son égard.

La méfiance voire le désintérêt du public envers le patrimoine

Le premier obstacle de ce parcours du combattant réside dans la méfiance voire le désintérêt du public envers certains types de manifestations culturelles, mais surtout patrimoniales. L’idée qui doit cependant poindre du concept du patrimoine est que le présent est ce qu’il est grâce au passé, et que les ambitions pour un futur proche et lointain constituent le moteur d’une civilisation en constante expansion. Ainsi se souvenir que les générations futures pourront se référer à ce qu’était le monde de jadis influence considérablement la façon dont nous construisons notre présent par l’image que nous souhaitons en laisser. Pouvoir jeter un regard rétrospectif sur ce qui s’est déroulé
auparavant permet également de retracer l’Histoire, d’apprendre parfois de nos erreurs, et de s’inspirer de ce qui a été fait pour moduler ce qui est à faire.
Ces notions sont difficiles à faire assimiler mais indispensables pour comprendre les enjeux du patrimoine et de sa préservation. Sensibiliser le plus grand nombre de personnes au patrimoine, c’est assurer la pérennité de la diversité et de l’historicité des cultures du monde. Il est donc essentiel de faire comprendre l’importance de cette ramification de la culture afin qu’elle puisse susciter une curiosité salvatrice pour sa diffusion et sa conservation. Cette précaution permet de déjouer la méfiance du public envers le patrimoine, en lui démontrant l’intérêt culturel qu’il peut receler, à la hauteur de n’importe quel autre pan de la culture nationale, telle que le cinéma, le théâtre, l’architecture ou l’histoire d’un pays .

L’inconfort du public non-averti au sein des structures patrimoniales

Parmi les friands de culture, une catégorie de visiteurs s’avère plus à même de nourrir de préjugés négatifs et donc un certain rejet du patrimoine, qui souffre alors souvent d’une image altérée par ces sentiments de répulsion. Le public non-averti n’a en effet « pas un bagage de connaissances suffisant pour se sentir à l’aise au sein d’un équipement culturel ». Toutes les catégories socioculturelles de la population peuvent être concernées par cette condition : jeunes, scolaires, personnes âgées, personnes seules ou en famille, sont autant de visiteurs susceptibles de ne pas avoir pour habitude de fréquenter des structures culturelles et encore moins patrimoniales.
Une certaine curiosité est évidemment nécessaire pour se rendre à des visites ou ateliers culturels, plus encore pour les manifestations patrimoniales qui subissent globalement une mauvaise réputation. Pourtant, ce sont parfois les publics les plus démunis et ostracisés loin de la culture qu’avèrent les plus ouverts, curieux, assoiffés de connaissance. Pour illustrer cette affirmation, je ferais appel à une expérience que j’ai pu mener en 2017. Lors de mon Contrat Municipal Étudiant avec la mairie de Pau, j’ai été chargée pendant une semaine d’observer un atelier-jeune au centre social du Hameau, au quartier Saragosse. À cette occasion, je me suis fondue dans un groupe d’une dizaine de jeunes issus de ce quartier difficile, âgés de 12 à 18 ans. Avec moi se trouvaient deux encadrants leur ayant donné pour mission de repeindre un local désaffecté qui deviendra le nouveau bâtiment du centre social. J’ai perçu cette activité comme une sorte de restauration d’un patrimoine ayant souffert des affres du temps, puisque la structure était en fait l’ancienne médiathèque du quartier. Elle deviendra alors le nouveau quartier général de ces jeunes, qui n’ont que trop bien compris que le confort et la qualité de leur futur environnement dépendait de la qualité de leur travail pendant cette semaine. Peinture, ponçage, protection furent autant de tâches à effectuer avec précision et sérieux, et qui ne sont pas sans rappeler le travail d’entretien et de restauration d’un bâtiment destiné à être classé en tant qu’élément patrimonial d’une ville, par exemple.

De l’importance de s’adapter aux publics et de l’impliquer dans les visites

J’ai pu constater lors, notamment, des Rendez-vous aux jardins mutualisé avec la Journée des enfants, et bien sûr lors de la Nuit des Musées, l’importance de proposer des activités adaptées aux publics, mais également celle d’impliquer les visiteurs. En effet, tout comme l’on crée des personnages de romans ou de cinéma pour s’attirer l’adhésion et l’empathie du lecteur ou du spectateur, il paraît logique d’organiser des activités auxquelles le visiteur puisse s’identifier afin d’y adhérer à son tour, et d’y investir du temps. Pour cela, comme explicité précédemment, il est nécessaire que le public se sente concerné par ce qui lui est proposé. Y parvenir passe évidemment par l’éveil de la curiosité puis par le maintien de l’intérêt du visiteur. Il faut qu’il ait envie de découvrir ce qui se déroule devant lui, s’y arrête et ose s’y impliquer sur le long terme, et non pas de manière fugace. C’est l’une des difficultés que nous avons rencontrées lors de l’organisation de nos manifestations culturelles. En effet, nos activités ciblaient des activités variées et impliquaient que les visiteurs s’engagent ; pour la Nuit des Musées, le jeu de devinette proposées n’était plus rien sans la participation active des visiteurs qui devaient trouver les réponses. Il en allait de même pour les jeunes visiteurs que nous avons tenté de cibler en adaptant quelques questions à leur niveau, et même en adaptant notre discours et notre éloquence pour amuser les plus jeunes et leur donner envie de briller devant les adultes, tout en acceptant le risque de se tromper. Pour la Journée des enfants, l’un des publics les plus difficiles mais également les plus intéressants grâce aux infinies possibilités de médiation qu’il permet, était justement au rendez-vous.

La relation entre le médiateur et le visiteur : confiance et connivence

Pour clore cette étude sur la médiation culturelle et son rôle au sein de la mairie d’Oloron Sainte-Marie, il faut largement insister sur le lien entre le médiateur et le visiteur, d’une importance majeure.
Lors de visites guidées, j’ai pu remarquer la relation particulière que Virginie pouvait nouer avec les visiteurs. Premièrement, Virginie prend toujours le temps de se présenter, et souvent de présenter le programme de l’activité : si c’est une visite en deux parties, comme à la Nuit des Musées, elle expliquera, lors de la deuxième partie, qu’elle a le plaisir de retrouver quelques visiteurs présents à la visite du Trésor, et prendra le temps de présenter le contexte culturel (en l’occurrence un événement national voire européen) dans lequel sa prestation d’animation s’inscrit. Deuxièmement, elle met un point d’honneur à articuler et à parler à très haute voix, à s’excuser lorsqu’elle bafouille ou perd ses mots, mais surtout, à exprimer son enthousiasme, le plaisir qu’elle prend à effectuer cette visite et à raconter toute une multitude d’anecdotes historiques aux visiteurs. Toujours souriante, le rire facile et maîtrisant son sujet, Virginie ne laisse paraître quasiment aucun défaut et s’avère pourtant proche du public, toujours encline à délivrer une plaisanterie de bon goût, et toujours la première à rire à celles des autres. Cette bonne humeur et l’ambiance bon enfant qui bercent chacune des activités qu’elle anime créent réellement une attente chez les spectateurs qui la connaissent, et pour les autres une surprise d’envergure –tout au moins est-ce ce que j’ai éprouvé lorsque j’ai assisté pour la première fois à l’une de ses visites-. J’ai été littéralement happée par son implication contagieuse et son humour, son sens du détail qui n’empiète pas sur les frontières du pointillisme laborieux et soporifique. Il est évident que Virginie a beaucoup travaillé ses prestations orales et son aisance, afin de donner envie, d’attiser la curiosité, et lui permettant même de développer petit à petit un petit cercle de fidèles visiteurs.

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Table des matières

INTRODUCTION 
PARTIE 1 : RAPPORT DE STAGE
1. PRÉSENTATION DU STAGE 
1.1. Ville et organisme d’accueil
1.2. Motivation et environnement de travail
1.3. Objectifs du stage et projets de missions
2. ENJEUX DU STAGE ET MISE EN SITUATION : ÉTUDE DE CAS DE LA NUIT DES MUSÉES 
2.1. Pratique professionnelle d’une médiation culturelle pour la Nuit des Musées
2.2. Les activités proposées au sein du Trésor de la cathédrale Sainte-Marie
2.3. La répartition des tâches pendant les visites
2.4. La communication et les enjeux des choix graphiques : une identité à définir
2.5. Retours, critiques, remarques sur notre prestation
3. RETOUR D’EXPÉRIENCE DU STAGE : COMPÉTENCES ACQUISES, CRITIQUES, REMARQUES
PARTIE 2 : RECHERCHES SUR LA MÉDIATION CULTURELLE
1. DES PRÉJUGÉS ET UNE CERTAINE FRILOSITÉ VIS-À-VIS DU PATRIMOINE 
1.1. Définition du patrimoine
1.2. La méfiance voire le désintérêt du public envers le patrimoine
1.3. L’inconfort du public non-averti au sein des structures patrimoniales
2. LES FACTEURS D’ATTRACTIVITÉ D’UNE MANIFESTATION PATRIMONIALE
2.1. Les règles de proximité et les enjeux des thématiques abordées
2.2. Diversité des publics et adaptations à ses spécificités
2.3. Interactivité, instruction et divertissement : des règles d’or
3. COMMENT INTÉRESSER LE VISITEUR AU PATRIMOINE GRÂCE À LA MÉDIATION CULTURELLE
3.1. Le rôle de la médiation culturelle au service Patrimoine de la Mairie d’Oloron Sainte-Marie
3.2. De l’importance de s’adapter aux publics et de l’impliquer dans les visites
3.3. La relation entre le médiateur et le visiteur : confiance et connivence
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE

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