Recherche des freins à l’évaluation des risques cardio-vasculaires

Une planification inadéquate

   Les difficultés administratives liées à la faculté ont été le premier frein mis en évidence. Les étudiants reprochaient le manque de communication concernant les dates et les lieux des journées de formation et de recrutement. « on aurait dû avoir plus de communication avec la fac » (E5 P3 L39). Le surnombre d’étudiantssur les terrainssemblait également être un frein en comparaison au nombre de participants, entrainant ainsi une redondance chez les personnes abordées (E13 P2 L19 à 21). Quatre étudiants ont souligné le manque d’encadrement lors de leurs journées d’évaluation. L’absence d’interne sur le terrain était un facteur de découragement, notamment lorsqu’ils devaient faire face à des situations complexes (E1 P11 L145 à 147; E4 P2 L23 à 25). Par ailleurs, un chercheur a remarqué une diminution du nombre de personnes recrutées lorsque les interventions se déroulaient sur le même lieu. « 2ème jour au même endroit, il y a donc moins de gens au fur et à mesure de l’après-midi, ils arrivent au compte-goutte » (JB9 P1 L4 à 5 ).

Une diffusion inadaptée

   La faible médiatisation du projet représentait un frein à l’évaluation des FDRCV dans le pays COB. En effet, la plupart des personnes interrogées n’était pasinformée du projet, ni de la venue des étudiants (E1 P4 L43 à 44 ; E12 P2 L44). « Nous, sur Pontivy, on n’a pas entendu parlé spécialement de l’intervention » (E7 P2 L15 à 16). La diffusion tardive des publicités sur le projet a été un facteur limitant d’après les étudiants (E4 p13 L191 à 192 ). Cette notion a aussi été relevée dans le carnet de bord d’un des chercheurs. « Il y a eu peu d’informations sur notre venue. Selon le pharmacien, cela fait seulement 2 jours que la commune de Plouguernevel diffuse l’information de notre venue » (JB2 P1 L6 à 7). Quant au format publicitaire, il a été jugé parfois trop petit (E4 P13 L190 à 191) ou inadapté à la population concernée (E7 P11 L143 à 144).

Du matériel parfois inadapté et peu attractif

   Concernant le matériel, les évaluateurs ont relevé un dysfonctionnement des tablettes sous la pluie les empêchant de poursuivre leur interrogatoire (E10 P2 L30 à 31). Trois d’entre eux ont eu des difficultés lors de la manipulation des tablettes, notamment pour écrire les identifiants ou pour sélectionner des données (E4 P4 L52 à 53 ; E6 P7 L97 à 98). Le transport du matériel était aussi peu pratique car jugé encombrant, en effet chaque évaluateur disposait d’une tablette, de feuilles d’information ainsi que d’un mètre – ruban (E4 P13 L181 à 182). Qui plus est, beaucoup d’étudiants ont mentionné des défauts dans le questionnaire représentant ainsi un obstacle à l’évaluation des FDRCV. Il a été jugé souvent imprécis, incomplet, parfois subjectif ou encore désorganisé ; notamment auprès des personnes âgées qui nécessitaient souvent une reformulation des questions. « Après les questions c’était pas toujours facile. Des fois, c’était très large » (E6 P2 L23 à 24 ). « on a essayé quand même de rendre les choses plus explicites sur certains passages où c’était moyen » (E3 P7 L94-95). Concernant les stands, ils semblaient être sous exploités. Ils n’étaient souvent pas mis en valeur et non attractifs pour la population. « l’idée du stand était pas mal mais il n’était pas assez visible, je pense que les gens ne voyaient pas ce que c’était comme stand » (E1 P10 L 133 à 134). L’emplacement des stands a également été critiqué par les chercheurs et a constitué un code du carnet de bord. Ils étaient souvent mal situés et donc non visibles entrainant une diminution du nombre de personnes recrutées (JB6 P1 L2 à 3; JB10 P1 L10).

Un manque de compétences

   Tous les étudiants ont mentionné les difficultés à recruter des participants, que ce soit pour convaincre la population de participer au questionnaire ou pour obtenir les coordonnées des personnes à risque modéré de MCV. « c’était pas toujours évident de vendre les choses parce que ben, on a beau dire que les personnes peuvent arrêter quand elles veulent tout ça, bah le but du jeu c’est quand même qu’elles aillent au bout et je pense que ce n’était pas forcément évident d’embaucher des gens oranges dans le truc quoi » (E2 P4 L49 à 52). Outre l’abord des personnes, les nombreux refus parfois qualifiés de « violents » ont été mis en avant et ont été un frein à la poursuite des journées de recrutement. « C’était vraiment un refus franc et quand c’est les premières journées quand tu te prends ça dans la figure, tu ne sais pas comment réagir » (E4 P1 L2 à 4 ). Ils éprouvaient également des difficultés dans la gestion des personnes à haut RCV. L’annonce du risque élevé de MCV ainsi que les réactions qui s’ensuivaient étaient souvent appréhendées (E10 P1 L9 ; E10 P1 L5 à 7). Les discussions hors-sujets ont été difficiles à gérer d’une part car les évaluateurs avaient du mal à recentrer la conversation sur les FDRCV (E7 P3 L32 à 33), d’autre part car les étudiants redoutaient certaines questions (notamment celles sur la dépression) pouvant aboutir à des discussions personnelles parfois compliquées (E7 P7 L98). Cinq étudiants ont mentionné manquer de connaissances médicales pour l’évaluation des FDRCV. Ils semblaient avoir des difficultés à répondre aux interrogations et à rassurer les personnes interviewées. « Parce-que des fois ils me posaient des questions et je savais pas forcément leur répondre » (E5 P15 L202 à 204). L’évaluation des FDRCV s’est également heurtée aux manques d’aptitudes communicationnelles des étudiants. Ils avaient fréquemment des difficultés à se faire comprendre et à s’adapter aux personnes interrogées (E1 P8 L113 à 115 ; E4 P4 L60). Certains étudiants expliquaient leur difficulté par leur manque d’expérience professionnelle. En effet, tous étaient en troisième année de médecine ou en première année IFSI et n’avaient pas encore réalisé de stage hospitalier au contact des patients (E11 P4 L55 à 58). De la même manière, un étudiant expliquait ses difficultés communicationnelles par son manque d’expérience dans le domaine du recrutement (E3 P8 L119 à 120). Les étudiants se jugeaient également peu convaincants pour délivrer les messages de prévention des MCV (E2 P1 L10 à 11). Un autre évaluateur ne se sentait pas légitime de promouvoir des conseils auxquels il n’adhérait pas : « Enfin on disait c’est bien de faire du sport et tout, mais en soit on se regardait et on se dit même nous des fois on fait des trucs qu’on ne devrait pas faire donc c’est compliqué de dire aux gens quoi faire. » (E11 P7 L96 à 98). L’adhésion aux messages de prévention était aussi plus compliquée lorsque l’étudiant réalisait des évaluations en groupe (E10 P7 L100 à 102 ; JB7 P1 L16 à 18).

Des difficultés relationnelles

  Comme vu précédemment, l’abord des personnes a été ressenti comme un frein important par les étudiants qui ont eu le sentiment de manquer de préparation (E5 P3 L34 à 35). « j’ai l’impression qu’on était pas trop préparé à les aborder comme ça… » (E12 P1 L23). Les questionssur l’humeur et la dépression ont été également perçues comme difficiles à aborder avec des inconnus car ils avaient du mal à gérer les émotions des personnes (E11 P3 L31 à 32 ). A l’inverse, une étudiante a mentionné avoir éprouvé des réticences à aborder des proches car elle craignait d’être jugée et de manquer d’objectivité (E4 P8 L110 à 112). Enfin, un autre évaluateur a aussi reconnu ne pas interroger des personnes qu’il jugeait d’apparence à risque faible de MCV. « Au bout d’un moment on finissait par cibler les gens qui nous paraissaient un peu trop en bonne santé ou trop sportif, on n’allait pas forcément leur demander en premier » (E1 P4 à P5 L56 à 58).

Des interactions sociales parfois violentes

   Les évaluateurs ont souligné la violence verbale exprimée par la population. Pour eux, elle représentait un des freins principaux à la poursuite des évaluations. Ils ont dû faire face à l’agressivité verbale des personnes. « c’est plus la manière dont les gens refusent des fois qui est un peu plus violente par moment » (E1 P7 L 87 à 88). Certains évaluateurs ont dû essuyer des remarques déplacées (E5 P7 L96 à 98), racistes (E13 P1 L4 à 5) ou ont reçu des reproches sur le système de santé notamment concernant le manque de médecin dans la région. « Par exemple, il y en avait qui nous disaient bah oui ici on a pas de médecin, je leur disais bah oui je sais bien, mais après nous on peut rien faire. » (E7 P3 L34 à 36).

Ambiance festive et manque d’intimité

   Le manque d’intimité a été mentionné à de nombreuses reprises par les étudiants. En effet, sur certains lieux, il n’y avait pas de salle dédiée ce qui ne favorisait pas la confidentialité des échanges et donc la discussion (E4 P6 L80 à 81 ; E5 P21 L291 à 292). Pour finir, d’après un des chercheurs, les étudiants se sentaient moins impliqués quand l’ambiance était festive. « Les étudiants ont tendance à se cacher dans les coins d’ombre ou aller chercher à boire au bar ça ne les aide pas pour dépister, ils sont très durs à motiver aujourd’hui »

Les étudiants

   Le manque de sensibilisation des évaluateurs se traduisait par un manque de connaissance (32), un manque de formation théorique (33)(27) et pratique ainsi qu’un manque de volonté (34). Ces résultats soulignent la nécessité d’améliorer les connaissances théoriques et pratiques des évaluateurs (35). De plus, le manque d’expérience professionnelle des étudiants du service sanitaire s’était traduit par des difficultés à promouvoir la santé auprès de la population cible. Etant au début de leur cursus professionnel, ils n’avaient eu que peu de relation avec les patients et manquaient de pratiques sur l’évaluation des MCV. Une étude croate en 2008, relevait que la connaissance des FDRCV ainsi que des traitements des MCV était médiocre chez les étudiants en début de cursus et restait insuffisante chez les étudiants diplômés (36). On pourrait donc s’attendre à des lacunes à long terme concernant l’identification et la modification des FDRCV. Par ailleurs, il y a peu d’études portant sur le statut des étudiants en santé dans l’évaluation de la santé publique. Paradoxalement, le statut d’étudiant apparaissait comme un facilitateur à l’évaluation des FDRCV dans la thèse menée en parallèle (37). Ainsi, les futures données de la littérature pourront peut être permettre d’explorer cette hypothèse. Enfin, le défaut d’accompagnement des sujets à haut RCV soulignait la difficulté des étudiants du service sanitaire dans la gestion de ces patients. Ces résultats étaient confirmés par l’étude observationnelle et prospective du Dr Ferrière, ajoutant à cela, les difficultés à répondre aux objectifs des recommandations nationales (38). Paradoxalement, les individus à haut RCV témoignaient souvent un désintérêt face aux MCV et ne bénéficiaient pas d’une prise en charge optimale (39). Ainsi, une sensibilisation et une prise en charge plus approfondies permettraient d’une part d’impliquer cette population à haut risque et d’autre part atténuerait les difficultés des étudiants à gérer ces situations complexes (40) (41).

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Table des matières

I. REMERCIEMENTS
II. RESUME
III. LISTE DES ABREVIATIONS
IV. INTRODUCTION
V. MATERIEL ET METHODE
A. Méthode
B. Echantillonnage
C. Entretiens
D. Analyse des données qualitatives
VI. RESULTATS
A. Entretiens
B. Echantillonnage
C. Analyse thématique des résultats
D. Freins liés à l’organisation
1. Une planification inadéquate
2. Une formation insuffisante
3. Une diffusion inadaptée
4. Du matériel parfois inadapté et peu attractif
E. Freins liés aux étudiants
1. Un manque de compétences
2. Personnalité
3. Des difficultés relationnelles
F. Freins liés à la population
1. Préjugés
2. Désintérêts
3. Des interactions sociales parfois violentes
G. Freins liés à l’environnement
1. Des évènements inadaptés
2. Météorologie
3. Ambiance festive et manque d’intimité
H. Freins liés aux caractéristiques du projet
1. Le refus des mensurations
2. Les limites du projet
I. Perspectives d’amélioration
VII. DISCUSSION
A. Résultats principaux
B. Forces et limites de l’étude
1. Limite de l’étude
2. Force de l’étude
C. Les apports de la littérature
1. L’organisation
2. L’environnement
3. Les étudiants
4. La population
5. Le refus dans la population féminine
D. Les perspectives
1. Implication dans la pratique clinique
2. Implication dans l’enseignement
3. Implication dans la recherche
VIII. CONCLUSION
IX. BIBLIOGRAPHIE
X. ANNEXES
SERMENT D’HIPPOCRATE

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