RAPPORTS DE GENRE, SEXUALITÉ ET COMPORTEMENT À RISQUE AU VIH/SIDA

RAPPORTS DE GENRE, SEXUALITÉ ET COMPORTEMENT À RISQUE AU VIH/SIDA

Définition et caractéristiques

Scott (2000) définit le concept de genre à partir de deux éléments fondamentaux : « le genre est un élément constitutif des rapports sociaux fondés sur des différences perçues entre les sexes et le genre est une façon première de signifier des rapports de pouvoir » (p. 56). Ces deux éléments seront discutés dans les parties suivantes.

Genre et différences

perçues entre les sexes En ce qui a trait aux différences perçues entre les sexes, il a longtemps été soutenu qu’elles tenaient purement du fait biologique. Cette idée est aujourd’hui fortement contestée non seulement par les chercheuses féministes mais par un ensemble de chercheurs contemporains du domaine social.Le sexe, qui réfère aux substantifs biologiques que sont la femme et l’homme deviendrait genre, féminin ou masculin, par une construction sociale. Le genre ainsi défini, dépasse ce que la femme et l’homme sont sur le plan biologique26. Cependant, les catégories « hommes, mâle (en anglais) ou masculinité » et « femme, femelle (en anglais) et féminité » (Cornwall et Lindisfarne, 1994) renvoient à des conceptions binaires du genre. Celles-ci sont établies à partir de la distinction entre les sexes qui confine les hommes et les femmes dans des rôles sociaux normatifs déterminés culturellement27 et ce dès leur naissance. Ne pas se conformer à ces rôles peut entraîner le rejet ou les représailles. Les 25 Les femmes et les hommes étaient donc perçus comme étant interreliés où les uns ne pouvaient être compris sans l’étude des autres (Scott, 2000). 26 Cette description correspond à une perspective conventionnelle du genre selon Alsop, Fitzsimons, et Lennon (2002). Dans la littérature scientifique, certains auteurs parlent aussi de l’homme et de la femme comme des catégories construites. 27 Les symboles de la femme dans la religion chrétienne sont des exemples culturels et normatifs (Scott, 2000) hommes s’identifient donc davantage au masculin et les femmes au féminin (Alsop, Fitzsimons et Lennon, 2002). Cette explication nous fait constater des particularités tant normatives que culturelles du genre.Par ailleurs, bien qu’il soit possible de caractériser l’homme et la femme à partir de certaines pratiques, attitudes et comportements normatifs, cette conception du genre fait ressortir des catégories dichotomiques qui divisent les femmes et les hommes et empêchent de rendre compte de la multiplicité et de l’hétérogénéité de leurs expériences respectives (Alsop, Fitzsimons et Lennon, 2002). De plus, ce que signifie être une femme ou un homme dans un espace culturel et social donné influencera directement la façon dont sera vécu le genre chez un individu (Alsop, Fitzsimons et Lennon, 2002). L’identité féminine ou masculine peut donc varier d’un endroit à un autre, d’une culture à une autre. Il importe donc de ne pas prendre ces deux catégories pour acquis. Pour éviter d’entrer dans cette dichotomie, il serait préférable de voir ces construits normatifs comme les pôles d’un continuum à l’intérieur duquel les hommes et les femmes s’identifient. Suivant la signification du pouvoir de Foucault (voire section suivante), la subjectivité inhérente au genre conçoit le sujet à la fois comme un élément actif et contraint à reproduire ou à résister à la domination (Whitehead, 2002). De cette manière, une femme peut s’identifier ou non au genre féminin, tout comme l’homme peut en faire autant avec le genre masculin. La construction du genre suit donc, en partie, les aléas d’une identité subjective (Scott, 2000).
Mais le genre serait également changeant dans le temps et l’espace selon les contextes, non seulement sociaux et culturels mais économiques, politiques et historiques. D’autres éléments contribueraient également à donner un genre sexuel, tel que la race, la classe, l’orientation sexuelle, etc. (Alsop, Fitzsimons et Lennon, 2002). Cette particularité propre au genre ferait que sa construction pourrait être vue comme un processus plutôt que comme un rôle social déterminé (Alsop, Fitzsimons et Lennon, 2002) et permettrait d’éviter des conceptions statiques des catégories femme/homme ou féminin/masculin.
En outre, le genre serait construit à partir d’une structure sociale qui divise les genres mais serait « négocié » à partir de la subjectivité de chacun. Pour comprendre comment le genre se construit chez des individus d’un contexte social et culturel donné, Ortner et Whitehead (1985) insistent sur l’importance de connaître leurs propres représentations symboliques de ce que sont un homme et une femme (ainsi que le sexe et la reproduction) par la mise en discours plutôt que d’affirmer connaître ce qu’ils signifient à priori. Alsop, Fitzsimons et Lennon (2002) ajoutent ceci : « Gender is part of an identity woven from a complex and specific social whole, and requiring very specific and local readings » (p. 86). Dans le même sens, le genre pourrait être qualifié de vernaculaire du fait qu’il est « aussi particulier à une population traditionnelle (la gens latine) que l’est son parler vernaculaire » (Illich, 1983, p. 7). Ainsi, sans oublier le fait que certaines normes sociales transcendent les cultures (comme c’est le cas des inégalités sociales de genre), chaque culture, société ou groupe possèderait ses propres normes sociales de genre auxquelles les femmes et les hommes s’identifieraient et qui engendreraient des rapports d’un type ou d’un autre.
Cette diversité dans la construction et la signification du genre nous amène à concevoir ce concept de façon complexe, hétérogène, changeante et même contradictoire. Cette perspective se rapprocherait alors davantage d’une forme théorique postmoderne : « This find echoes in postmodernist theories which are rejecting notions of a coherent unified self, capable of rational reflection and agency, in favour of a model of a self which is fragmented, constantly in a process of formation, constituting itself out of its own selfunderstanding » (Alsop, Fitzsimons et Lennon (2002, p. 81).
Enfin, cette réflexion nous révèle que le genre est à la fois un domaine de subjectivité culturelle (i.e. ce que signifie être une femme ou un homme dans une culture et un contexte donnés) et une variable sociale (i.e. contexte de l’organisation sociale) qui structurent la façon dont une femme et un homme développeront et expérimenteront leur soi (Alsop, Fitzsimons et Lennon, 2002). Il existe donc une pluralité de points de vue à l’endroit des rapports entre les hommes et les femmes ; points de vue qui, selon certains, devraient rester en tensions polémiques plutôt que de former un consensus (Laufer, Marry et Maruani, 2001). Cela permettrait certainement de garder le débat ouvert et vivant

Inégalités sociales et rapports de pouvoir

Les rapports de genre s’avèrent être un élément central et structurant du fonctionnement des sociétés (Laufer, Marry et Maruani, 2001). Ils représentent du même coup un facteur considérable dans l’influence des comportements humains.Ces rapports de genre sont traditionnellement représentés par des rôles masculins et féminins dits complémentaires. Gupta (2000) affirme qu’ils sont néanmoins empreints d’inégalités, et ce, dans de nombreux pays et continents. En effet, d’aucuns reconnaissent aujourd’hui l’existence de rapports sociaux inégaux entre les hommes et les femmes, rapports qui sont observables dans pratiquement toutes les cultures mais à des degrés divers (Edley et Wetherell, 1995; Illich, 1983). De manière générale, la position des hommes et des femmes dans les sociétés ne serait pas la même puisque le pouvoir, du moins un certain pouvoir formel, serait davantage l’affaire des hommes alors que la soumission et la dépendance davantage celle des femmes.Ces inégalités ont particulièrement été abordées à partir de la situation des femmes dans le monde. L’un des principaux traits qui décrit la situation des femmes de façon quasi universelle est leur assignation à la reproduction des enfants et aux travaux domestiques c’est-à-dire aux tâches ménagères, à l’éducation des enfants et à la production d’un travail pour la famille tel que la préparation des repas (FNUAP, 2002). Or, ce travail domestique n’est pas reconnu par les sociétés tout comme celui qu’elles occupent en dehors du foyer qui est généralement subordonné et mal payé (FNUAP, 2000; 2002; Folbre, 2000).Cette illustration dénote en fait de l’organisation des sociétés fondées sur la division sexuelle du travail. Celle-ci justifie la place subordonnée des femmes dans l’ordre patriarcal et leur exclusion au travail « produit » (ou de culture) à partir de leur nature biologique de « reproductrices » et de mère nourricière (Frigon et Kérisit, 2000). Il y a alors « construction d’une « nature féminine », utilisée comme référent absolu pour justifier l’hégémonie masculine dans certaines sphères de production, et cela de façon différenciée selon l’ethnie, la « race » et la classe » (Frigon et Kérisit, 2000; p. 4). Cette « idée de nature » sert d’argument de preuve pour faire croire que la femme est naturellement au service de l’homme alors qu’il s’agit bel et bien de l’appropriation de la classe des femmes, incluant le travail et le corps, par celle des hommes (Guillaumin, 1992)

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Table des matières

RÉSUMÉ
ABSTRACT
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : CONTEXTE ET PROBLÉMATIQUE À L’ÉTUDE
1.1 LE BURKINA FASO : APERÇU DU CONTEXTE SOCIAL, POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE
1.2 ASPECT ÉPIDÉMIOLOGIQUE DU VIH/SIDA
1.2.1 Quelques tendances générales mondiales et situation au Burkina Faso
1.2.2 Les travailleuses du sexe et leurs partenaires sexuels : des groupes plus touchés par le VIH/sida
1.3 PHÉNOMÈNE DE LA PROSTITUTION EN AFRIQUE SUB-SAHARIENNE
1.3.1 Des contextes qui favorisent l’émergence du phénomène de la prostitution
1.3.2 Le phénomène de la prostitution : des milieux et des acteurs
1.4 CONTEXTE DU VIH/SIDA DANS LES MILIEUX PROSTITUTIONNELS AU BURKINA FASO ET AILLEURS EN AFRIQUE DE L’OUEST
1.4.1 Les milieux prostitutionnels face au sida: bref exposé sur l’état de la situation au Burkina Faso
1.4.2 La prévention du VIH/sida en milieu prostitutionnel : quelques interventions en Afrique sub-saharienne et d’autres pays en développement
1.4.3 Déterminants environnementaux et comportementaux du VIH/sida en milieux prostitutionnels en Afrique sub-saharienne
1.4.4 Connaissances portant sur des hommes qui fréquentent les travailleuses du sexe en Afrique sub-saharienne
CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUE
2.1 CONCEPT DE GENRE
2.1.1 Bref historique
2.1.2 Définition et caractéristiques
2.2 LE CONCEPT DE SEXUALITÉ
2.2.1 Bref historique
2.2.2 La sexualité : entre le biologique et le social
2.3 GENRE ET SEXUALITÉ : DES CONCEPTS INTIMEMENT LIÉS
2.4 RAPPORTS DE GENRE, SEXUALITÉ ET COMPORTEMENT À RISQUE AU VIH/SIDA
2.5 MODÈLE INTÉGRATEUR, QUESTIONS DE RECHERCHE ET OBJECTIFS
CHAPITRE 3 : MÉTHODE
3.1 MISE EN CONTEXTE ET PRÉPARATION À LA COLLECTE DE DONNÉES
3.2 VOLET 1 : COLLECTE DE DONNÉES QUALITATIVES
3.2.1 Population à l’étude
3.2.2 Outils de collecte de données
3.2.3 Échantillonnage
8 3.2.4 Déroulement de la collecte de données
3.2.5 Analyse des données qualitatives
3.3 VOLET 2 : COLLECTE DES DONNÉES QUANTITATIVES
3.3.1 Population à l’étude
3.3.2 Outil de collecte de données
3.3.3 Échantillonnage et déroulement de la collecte de données
3.3.4 Analyses statistiques
3.4 RÉFLEXION ÉTHIQUE
3.4.1 Contrer les biais possibles au cours de la collecte de données
3.4.2 Questions déontologiques
3.4.3 Indépendance intellectuelle et réponse aux attentes du milieu
3.4.4 Réflexion sur la portée de l’étude
CHAPITRE 4 : RÉSULTATS
4.1. RÉSULTATS QUALITATIF
4.1.1 Rapports sociaux entre les hommes et des femmes
4.1.2 Sexualité des hommes et des femmes
4.1.3 Phénomène de la prostitution
4.1.4 Comportement sexuel : le recours au condom
4.2. RÉSULTATS QUANTITATIFS
CHAPITRE 5 : DISCUSSION
5.1 INÉGALITÉS DE GENRE, SEXUALITÉ ET PROSTITUTION
5.1.1 Les inégalités de genre au cœur de la sexualité et du phénomène de la prostitution
5.1.2 Contexte de précarité socioéconomique : un facteur d’explication des rapports de genre, de la sexualité et du phénomène de la prostitution
5.2 COMPORTEMENT SEXUEL : ÉLÉMENTS DE RECOURS ET DE NON RECOURS AU CONDOM
5.3 PRÉCARITÉ SOCIOÉCONOMIQUE ET INÉGALITÉS DE GENRE : UN CONTEXTE DE VULNÉRABILITÉ AU VIH/SIDA
5.3.1 Vulnérabilité féminine au VIH/sida
5.3.2 Vulnérabilité masculine au VIH/sida
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES.

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