Rappels concernant l’éducation artistique et culturelle

Rappels concernant l’éducation artistique et culturelle

L’Education nationale a établi comme une priorité, dans la loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école , le développement de l’EAC ; cette dernière est désormais entendue comme une composante à part entière de la scolarité de tous les enfants. En effet, partant du double constat d’un accès très inégal des élèves aux domaines de l’art et de la culture et de l’importance de cet accès pour le développement personnel de chacun d’entre eux, l’État s’est saisi de la question en incluant dans leur formation générale le parcours d’EAC.
Politique publique partenariale par essence, l’EAC « nécessite une ouverture de l’école à des partenaires variés, aux compétences reconnues, qui enrichissent les ressources de l’institution scolaire. Elle nécessite aussi une ouverture de l’école sur le territoire de vie des élèves, son patrimoine artistique, ses structures culturelles, qui permet de mieux s’approprier ce territoire, en résonance avec la découverte d’œuvres et d’artistes universels issus d’époques et de cultures diverses. »

La notion de parcours

Le parcours d’EAC est un outil de coordination des enseignements et des actions éducatives proposées tout au long de la scolarité qui a pour objectif de lutter contre les inégalités de tous ordres, notamment socioculturelles et géographiques, pour permettre à tous les élèves de se former une culture personnelle plus riche et par là favoriser un meilleur vivre-ensemble. Cette dimension paraît particulièrement importante car le système scolaire français présente des difficultés a combler ces inégalités, comme le montre sa 27ème place mondiale en termes d’équité scolaire, selon le classement du Programme international pour le suivi des acquis des élèves de l’OCDE; la France rencontre ainsi plus de mal que d’autres pays à compenser, en particulier, les effets des appartenances sociales sur les résultats des élèves, notamment en matière de capital culturel.
Adossé aux enseignements scolaires généraux, dont les enseignements artistiques, le parcours d’EAC est construit grâce à la mise en réseau de nombreux acteurs locaux (opérateurs privés comme publics, culturels ou non) dans le but d’ancrer les enfants dans leur environnement culturel proche, et s’articule autour de trois piliers :
– l’organisation de rencontres, directes et indirectes, avec des œuvres et des artistes,
– l’encadrement de pratiques, individuelles comme collectives, dans divers domaines artistiques,
– l’appropriation de connaissances permettant de construire un jugement construit.
La cohérence du parcours repose également sur la complémentarité à construire entre les actions élaborées sur les temps scolaire, périscolaire (immédiatement avant ou après l’école, dont la pause méridienne et le mercredi après-midi) et extrascolaire (le soir, le week-end et pendant les vacances).
Ces éléments issus du référentiel de l’Education nationale mettent ainsi en lumière le caractère intrinsèquement territorialisé de l’EAC, politique publique basée sur des partenariats entre structures locales, éducatives et culturelles ; en découle la nécessité de développer des complémentarités entre actions et entre structures pour former un ensemble pédagogique cohérent adossé aux enseignements généraux dispensés à l’école. Dans cette perspective, la loi de juillet 2013 sur la refondation de l’école a également joué un rôle important, en proposant une refont du socle commun de connaissances qui intègre le parcours d’EAC, et en instaurant la possibilité pour les communes de mettre en place des temps d’activités complémentaires (temps d’activités périscolaires) ; ces derniers représentent une opportunité de développer des actions d’EAC en complémentarité sur les différents temps de l’enfance. Ainsi en 2014, 84 % des communes ayant adopté un Projet éducatif territorial, dispositif contractuel mise en œuvre dans le cadre de cette même loi, proposaient des activités artistiques et culturelles.
C’est ainsi que la volonté politique exprimée par le Pays Voironnais, en particulier par son vice-président à la Culture, Denis Mollière et sa directrice des affaires culturelles, Marie-Lys Courel, de développer l’EAC sur son territoire pose un certain nombre de défis ; politique publique partagée par divers opérateurs publics comme privés, sa mise en œuvre est partenariale par nature. Le contexte actuel, avec notamment la réforme des rythmes scolaires et un mouvement de fonds d’affirmation du fait intercommunal, présente certes une fenêtre d’opportunité intéressante, mais la mise en réseau des nombreux acteurs contribuant à l’éducation culturelle se heurte parfois à des résistances à l’échelle locale.
« Le partenariat, écrivent Marie-Christine Bordeaux et François Deschamps, est toujours en tension entre deux types de risques. D’abord, le risque d’instrumentalisation par le secteur éducatif lorsque celui-ci utilise l’offre culturelle pour les besoins de la pédagogie sans s’intéresser aux ouvertures proposées par une programmation. […]
Ensuite, le risque de culturo-centrisme où la structure culturelle élabore elle-même des propositions pédagogiques à partir de sa programmation sans se soucier des besoins spécifiques des enseignants et des dynamiques culturelles de certains établissements. Et, bien entendu, les risques de substitution de rôles. »
La mise en réseau des acteurs de l’éducation artistique et culturelle se doit ainsi de conserver ce dynamisme dans les partenariats par lesquels elle se déploie, et ce en dépit des aspirations égalitaristes qui caractérisent les politiques de démocratisation culturelle. Cet apparent paradoxe constitue une tension de plus pour l’EAC ; les façons de le résoudre seront en question dans le présent travail.

Présentation générale

Caractéristiques générales du territoire

Situé dans la Région Urbaine Grenobloise (RUG) à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Grenoble, le territoire de la CAPV compte environ 95 000 habitants répartis sur 31 communes désormais, après trois fusions de communes : celle de Paladru et Le Pin, devenues Les Villages du Lac de Paladru, de Saint-Julien de Ratz avec Pommiers-laPlacette (La Sure en Chartreuse) et de La Bâtie-Divisin au nord, qui a rejoint en 2016 la commune nouvelle des Abrets en Dauphiné et fait donc maintenant partie de la Communauté de communes des Vals du Dauphiné. Après Voiron, ville-centre d’un peu plus de 20 000 habitants, les communes de Voreppe (9 500 habitants), Moirans (8 000), Tullins (7 600) et Rives (6 200) représentent autant de pôles urbains secondaires. On note d’emblée que ces pôles urbains sont tous situés dans la moitié sud du territoire, dans la plaine de l’Isère. La moitié nord (composée du Val d’Ainan, du lac de Paladru et des contreforts du massif de la Chartreuse) est quant à elle bien plus rurale, difficile d’accès et moins bien fournie en équipements, notamment culturels, comme on y reviendra bientôt. Voiron concentre la plupart des services et des équipements du territoire et les communes du nord subissent donc un phénomène d’enclavement relatif.
Ces fortes inégalités territoriales représentent un défi important à surmonter dans le cadre de politiques de démocratisation culturelle telles que l’EAC, dont l’un des objectifs principaux représente justement la lutte contre les inégalités de tous ordres pour permettre à chaque enfant du territoire de bénéficier d’une formation scolaire et personnelle de qualité égale ; ainsi que le formule le rapport d’étude de l’OPC : « Cette disparité nord/sud, rendue plus visible encore par les besoins des populations néo-rurales dans le nord du territoire, se traduit par des déséquilibres en termes d’accessibilité des équipements pour les habitants des zones les plus éloignées ou enclavées. L’un des principaux freins à cette accessibilité est la faiblesse des services de transport en commun dans le nord du Pays Voironnais. L’usage de la voiture y est largement prédominant (73 %). Les personnes n’ayant pas de véhicule ou ne conduisant pas – essentiellement les jeunes et les personnes âgées – sont donc très limitées dans leurs déplacements. Le covoiturage apparaît comme une solution pertinente et à développer mais constitue une réponse incomplète aux besoins de mobilité. »

La formation de l’intercommunalité du Pays Voironnais

Le Pays Voironnais en tant qu’intercommunalité s’est construit par prises de compétences successives :
– en 1974 est créé le Syndicat mixte d’aménagement du Voironnais (SMAV), qui s’occupait de la collecte et du traitement des déchets ménagers, de l’alimentation en eau, de l’amélioration de l’habitat et d’actions sociales diverses (RMI, actions en direction de la jeunesse et des personnes âgées, handicaps…) ;
– vingt ans plus tard, en 1994, la formation d’une intercommunalité à proprement parler débute avec l’institution de la Communauté de Communes du Pays Voironnais (CCPV), dont l’action évolue en direction du développement économique, dans le cadre de la loi du 6 février 1992 . Ce changement de statut attribue une autonomie financière et fiscale à l’établissement public de coopération intercommunale (EPCI) ainsi institué ;
– en 2000 est créée la Communauté d’agglomération, un type d’EPCI nouvellement institué par la loi Chevènement et défini comme un ensemble continu et sans enclave comptabilisant plus de 50 000 habitants et comportant une commune-centre de 15 000 habitants au minimum. Ses quatre compétences obligatoires sont : l’aménagement du territoire communautaire, l’égalité des chances et les solidarités (et notamment le volet politique de la ville), l’environnement et le cadre de vie et le développement économique. Au-delà de ces grandes étapes institutionnelles, il est à noter que le Pays Voironnais est un territoire ayant réellement choisi la formation intercommunale, et ce depuis plus de quarante ans maintenant. Dès 1973 en effet, le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (SDAU) de l’agglomération grenobloise, document de planification dont le rôle est proche de celui des Schémas de Cohérence Territoriale (SCOT) actuels, prévoyait la structuration de deux grands pôles urbains autour de Grenoble pour absorber sa forte croissance démographique. Entre 1962 et 1968, son agglomération avait grandi de 70 000 habitants, ce qui représentait la plus forte croissance des grandes villes françaises sur cette période, et les projections du SDAU anticipaient qu’elle atteindrait les 600 000 habitants avant la fin du siècle.
Le schéma d’aménagement entendait en conséquence développer deux pôles d’équilibre pour désengorger l’agglomération grenobloise, dont les possibilités d’étalement sont fortement contraintes par les massifs montagneux qui l’encerclent. Le premier se déployait autour des communes de Crolles, Villard-Bonnot, puis de la plaine de Montmélian-Pontcharra, au nord-est du « Y » grenoblois. Le second pôle envisagé devait se situer près des villes de Voiron, Moirans, Voreppe et Rives pour accueillir 160 000 habitants à terme, nouveaux arrivants que le SDAU prévoyait de loger dans une ville nouvelle bâtie sur le plateau de Charnècles-Saint-Cassien . Cette dernière aurait constitué le pendant, côté grenobloise, de l’Isle-d’Abeau, côté lyonnais, dans le cadre de la métropole d’équilibre Lyon-Saint-Etienne-Grenoble définie par la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR) en 1963. Les élus locaux refusèrent cependant ce projet de ville nouvelle pour lui préférer le développement des communes déjà existantes par la création du syndicat de gestion du SMAV, première étape du rapprochement intercommunal.
Ainsi, et dès les prémisses de la structuration en intercommunalité, c’est une volonté politique qui est à l’origine du rapprochement des communes : le Pays Voironnais ne se fonde en effet ni sur une construction historique partagée, ni sur une entité géographique unique. Pour reprendre les termes de son dossier de candidature Pays d’art et d’histoire, il s’agit d’un territoire palimpseste , dont l’unité a été construite à partir d’une volonté d’indépendance vis-à-vis de l’agglomération grenobloise et de défense d’un modèle de développement original décidé au niveau local, et dans lequel la structure politique a commandé à la formation du territoire.

Intercommunalité et culture

Préfiguration de l’intercommunalité culturelle

Si la proximité de la communauté d’agglomération avec la métropole GrenobleAlpes lui permet de profiter du dynamisme, notamment économique, de son environnement immédiat, elle pose également une difficulté liée à l’affirmation de son identité en tant que territoire. Dans cette perspective, la culture joue un rôle prépondérant.
La vitalité de la vie culturelle locale contribue en effet à affirmer les spécificités du Pays Voironnais vis-à-vis de son encombrante voisine de 450 000 habitants. Aussi, par exemple, l’extension en 2013 du label Pays d’art et d’histoire du Pays du Lac de Paladru – les Trois Vals (obtenu dès 1991) à l’ensemble de la communauté d’agglomération (plus la commune limitrophe de Virieu) a-t-elle pu participer de la construction d’une identité territoriale symbolique par l’affirmation d’un patrimoine propre qui distingue le Pays Voironnais de l’agglomération grenobloise. De même, l’attractivité de la programmation d’un équipement tel que le Grand Angle permet très ponctuellement d’inverser les flux de déplacement en drainant une partie du public habituel des équipements grenoblois.
Bien que la CAPV ne se soit formellement dotée de compétences culturelles que depuis janvier 2017, plusieurs actions menées par la direction des affaires culturelles (DAC) de Voiron ont préparé le terrain à un passage à l’échelle intercommunale, comme me l’a exposé Marie-Lys lors d’un entretien.
Lorsqu’elle dirigeait la salle du Grand Angle notamment, le choix de développer un axe fort autour du développement culturel a été déterminant pour permettre à l’équipement de devenir structurant pour un territoire plus large que la seule commune de Voiron. La création de la Semaine Tous Créateurs, lors de laquelle les projets d’EAC portés sur temps scolaire et périscolaire par l’équipement sont valorisés sur scène, symbolise bien cette volonté de rayonner sur le territoire et de créer des liens entre pratiques professionnelles et en amateur (notamment par le biais du dispositif des Compagnons de route sur lequel on reviendra plus tard). La création du festival Livres à vous en 2009, d’abord piloté par la municipalité de Voiron avant d’être transféré au Grand Angle, devenu établissement public de coopération culturelle (EPCC co-piloté par la CAPV et la ville de Voiron d’abord, puis le Département depuis le 1er jenvier 2017) en 2013, participe de la même dynamique, préfigurant la prise de compétence lecture publique par l’intercommunalité autour des liens tissés entre les médiathèques de Voreppe et de Voiron. Cet événement dépasse le cadre du simple festival, caractérisé par des actions circonscrites dans le temps, en proposant des animations sur l’ensemble du territoire et tout au long de l’année.
L’Observatoire des Politiques Culturelles résume cette construction atypique : « au regard des éléments les plus singuliers de sa situation, la CAPV s’est dotée d’une organisation originale en matière culturelle. Sans attendre une prise de compétences formelle, elle a mis en place des dispositifs qui préfigurent une politique communautaire : la transformation de la salle de spectacles le Grand Angle en un Établissement Public de Coopération Culturelle co-piloté et cofinancé par la ville-centre et l’EPCI, et la création d’un service mutualisé par les deux partenaires (ville-centre et CAPV) en matière de patrimoine. Cette construction atypique est le reflet d’une volonté visant à conforter les ressources de la ville de Voiron pour en accentuer le rayonnement sur le territoire intercommunal tout en réduisant les charges de centralité reposant sur la ville-centre . »

… reflétées par un maillage culturel inégal

Logiquement, ces disparités engendrent des inégalités relativement importantes dans l’aménagement du territoire ;deux équipements communautaires se trouvent dans la partie nord du territoire, le musée archéologique à Charavines et la Grange Dîmière dans les Villages du lac de Paladru. Si le nombre d’équipements culturels gérés ou cogérés par la CAPV est limité, les plus grandes communes que sont Voreppe, Tullins, Moirans et Rives comptent un certain nombre d’équipements qui rendent le maillage culturel de la partie sud du territoire bien plus resserré.
On peut citer parmi ces ressources le cinéma municipal « Art et Plaisirs » de Voreppe, classé salle Art et Essai, ainsi que les nombreuses MJC du territoire, quasiment toutes situées en sa partie sud, qui sont des relais importants en termes de politiques culturelles (celle de Tullins accueille par exemple depuis de nombreuses années des compagnies en résidence) ; elles représentent des partenaires de qualité dans le cadre de l’EAC, mais leur place s’est néanmoins réduite au sein du paysage culturel local, en raison de difficultés financières liées à des baisses de subventions parfois brutales ces dernières années, ainsi que le démonte la liquidation judiciaire, fin 2016, de la Fédération des MJC de Rhône-Alpes. Les MJC ont donc parfois dû resserrer leur champ d’intervention, comme celle de Voiron, qui a été forcée de renoncer à la co-construction d’un certain nombre de projets pour se recentrer sur l’accompagnement à la scolarité.

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Table des matières

Introduction
A- présentation de la missions
B- rappels concernant l’éducation artistique et culturelle les textes de référence
I- La CAPV
A- présentation générale
B- intercommunalité et culture
C- un territoire aux fortes disparités
II- Diagnostic de l’EAC sur le territoire de la CAPV
A- méthodologie de l’état des lieux
B- éléments chiffrés : les grandes tendances
C- les bibliothèques, premiers équipements culturels de proximité
C- conclusion du diagnostic et préconisations
Conclusion 

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