Rage expérimentale du chien viverrin

Rage expérimentale du chien viverrin

ÉTUDE GÉNÉRALE DE LA RAGE ET DE L’IMPLICATION DU CHIEN VIVERRIN DANS LE CYCLE ÉPIDÉMIOLOGIQUE DE CETTE MALADIE

Les effets de la rage étaient probablement déjà bien connus des égyptiens et de toute l’Antiquité, notamment chez les chiens des bergers et bon nombre des grands écrivains de cette époque, tels Virgile ou Ovide, la citent dans leurs écrits. Mais leurs connaissances se limitaient alors aux effets de la rage et à son caractère incurable et non à son origine. Ainsi pensaient-ils que la rage était un phénomène d’origine surnaturelle tant sa pathogénie était mystérieuse et sa symptomatologie épouvantable. C’est avec Hippocrate que cette hypothèse d’origine divine de la rage sera rejetée. Deux observations essentielles sont néanmoins notées au cours de l’Antiquité : les atteintes nerveuses engendrées par la rage chez l’Homme avec Démocrite qui parle « d’incendie des nerfs » et l’hydrophobie avec Polybe, qui nomma la rage d’un mot grec signifiant « fuit l’eau ».

Entre les descriptions cliniques des auteurs de l’Antiquité et le XIXème siècle, avec Pasteur, les connaissances sur la rage évoluèrent peu, à part en matière de contagion durant la Renaissance (Fracastor). Ce n’est qu’avec les travaux de Pasteur que la recherche sur la pathogénie et la prévention de la rage fera un bond en avant, avec l’élaboration d’un vaccin pour l’animal en 1884, puis pour l’homme en 1885 (MOREAU, 1985). Bien que la Rage soit une maladie connue depuis longtemps, elle n’en reste pas moins d’actualité, causant toujours un nombre très élevé de décès chez l’homme dans de nombreuses régions du monde en particulier en Afrique et en Asie et des pertes économiques dans les cheptels, notamment en Amérique Latine où les bovins sont exposés à la transmission du virus RABV par des chauves-souris hématophages.

Répartition mondiale de la rage animale et importance en santé publique

La Rage est une maladie virale présente sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique. Elle touche actuellement plus de 150 pays et territoires (Figure 1). C’est une zoonose mortelle et cette encéphalite virale tue chaque année plus de 55 000 personnes (cas déclarés) dans le monde, principalement en Asie et en Afrique (ces 2 continents recensent 95% des cas humains mondiaux). La rage est une maladie négligée qui touche souvent des populations pauvres et vulnérables dont les décès sont rarement notifiés, ce qui entraine une forte sous-estimation du nombre réel de victimes et rend la lutte antirabique plus difficile (WHO, 2013).

Le virus de la rage peut infecter toutes les espèces de mammifères et on peut identifier différents variants au sein de l’espèce RABV, chacun étant étroitement adapté à un vecteur/hôte particulier. Ainsi, dans l’espèce RABV, chez les animaux domestiques, le chien, Canis lupus familaris, est l’hôte principal (HOLMALA et KAUHALA, 2006). Il est le réservoir et vecteur principal du virus rabique, causant la majorité des cas humains. Dans la faune sauvage, les principaux réservoirs sont, pour les canidés, les différentes espèces de renards, les coyotes, les chacals, et les chiens viverrins (cf. Figure 2). Les loups sont également vecteurs de virus rabique pour l’Homme et les animaux mais, du fait de leur faible nombre, ne peuvent pas être considérés comme un réel réservoir. Les mangoustes, ratons laveurs et mouffettes sont également susceptibles d’être vecteurs du virus. Enfin, les rongeurs et les lagomorphes sont de bons modèles de laboratoire pour étudier la rage mais ils ne semblent pas jouer un rôle dans l’épidémiologie de la maladie, tout comme les mammifères herbivores. Pour finir, les oiseaux peuvent être infectés expérimentalement, mais aucun cas de rage naturelle n’a jamais été documenté chez ces espèces (RUPPRECHT et al., 2002).

La rage sylvatique terrestre a été éradiquée de nombreux pays de l’Europe Occidentale grâce à des campagnes de vaccination orale (HOLMALA et KAUHALA, 2006). Néanmoins, cette maladie reste au premier rang des zoonoses mortelles en nombre de cas dans plusieurs pays d’Afrique et d’Asie ([www.oie.int] 2013). Même dans les zones où la rage terrestre est éradiquée, il ne faut pas en négliger la surveillance, notamment du fait des changements continus au sein des populations animales et du risque d’introduction. En effet, certaines migrations ou introductions d’espèces nouvelles peuvent permettre la réintroduction du virus dans des zones auparavant indemnes. Tel pourrait être le cas du Chien viverrin qui a colonisé l’Europe de l’Est au cours des 50 dernières années et qui occupe une part de plus en plus importante dans le nombre de cas de rage dans la faune sauvage en Europe orientale. Les cas de rage recensés dans la faune sauvage en Europe en 2012 sont représentés sur la Figure 3.

Eléments de virologie concernant le virus de la rage Le virus de la rage appartient à l’ordre des Mononegavirales, à la famille des Rhabdoviridae (du grec «Rhabdos » : baguette, faisant allusion à la forme en bâtonnet de ces virus) et au genre Lyssavirus (du grec « lyssa » : folie, rage, en raison des symptômes qu’entraîne cette maladie) (CHANTAL et BLANCOU, 1985). Tous les rhabdovirus ont une apparence soit bacilliforme (particule cylindrique aux extrémités coniques), soit en balle de fusil (une extrémité ronde et l’autre plane ou concave). La plupart des rhabdovirus végétaux sont connus comme bacilliformes alors que la forme en balle de fusil domine parmi les rhabdovirus animaux (IWASAKI, 1985). Le virus rabique possède un génome à ARN négatif simple brin non segmenté. L’ensemble des virus possédant un tel génome forme l’ordre des Mononegavirales, comprenant 4 familles : Filoviridae, Paramyxoviridae, Bornaviridae et Rhabdoviridae. Les Rhabdoviridae infectent de très nombreux hôtes, allant des insectes aux poissons et aux mammifères.

Cette famille est divisée en 4 genres principaux : Vesiculovirus, Lyssavirus, Ephemerovirus et Novirhabdovirus (RUPPRECHT et al., 2002). L’espèce type du genre Vesiculovirus est le Vesicular Stomatitis Virus (VSV). Le VSV est le virus à ARN négatif le plus étudié et sert ainsi de modèle aux Rhabdoviridae. En dépit du fait que le virus rabique est souvent comparé au VSV, d’importantes différences permettent de les différencier. La première différence se situe au niveau de leur tropisme, le virus rabique étant bien plus neurotrope que le VSV. Une autre différence concerne les réponses à l’infection virale in vitro : le VSV induit une réelle inhibition des synthèses au sein des cellules macrophagiques alors que le virus rabique montre un faible effet inhibiteur ou une absence d’effet inhibiteur. De plus, le cycle de réplication du virus rabique est beaucoup plus lent que celui du VSV (TORDO et POCH, 1988). L’analyse phylogénétique des séquences nucléotidiques du gène de la nucléoprotéine permet de distinguer au sein du genre Lyssavirus 12 espèces différentes, dont les caractéristiques sont résumées dans le tableau suivant (Tableau 1).

Cycle viral (cf. Figure 5)

Le cycle du virus rabique est intra-cytoplasmique. Les Lyssavirus peuvent utiliser différents composants de la surface des cellules pour pénétrer dans la cellule hôte, incluant les récepteurs nicotiniques à l’acétylcholine, les récepteurs au facteur de croissance des nerfs à faible affinité et des gangliosides (RUPPRECHT et al., 2002). Après liaison avec le récepteur de la cellule cible, le virus entre dans la cellule par endocytose. L’environnement acide de l’endosome provoque une modification de la conformation de la protéine G du virus, permettant ainsi la fusion de l’enveloppe virale et de la membrane cellulaire. La ribonucléoprotéine (composant actif de la transcription et de la réplication) est alors libérée dans le cytoplasme et constitue le brin matrice pour l’expression des gènes viraux et la réplication virale par l’ARN polymérase (complexe polymérase L-P). La transcription et la réplication virales ont lieu dans les corps de Negri qui sont des corps d’inclusion formés durant l’infection virale. Lors de la transcription, un ARN positif et 5 ARN messagers coiffés et polyadénylés sont synthétisés. La réplication produit des nucléocapsides contenant un ARN complet négatif qui servira à produire un ARN positif. Lors de la synthèse, le génome et l’anti-génome créés sont encapsidés par la protéine N. La ribonucléoprotéine néo-synthétisée sert de matrice pour une transcription secondaire ou est transportée vers la membrane cellulaire pour un assemblage avec les protéines M et G afin de produire de nouveaux virions. Ce cycle de réplication virale se fait en 18 heures pour le virus de la rage, RABV.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

TABLE DES MATIERES
TABLE DES ILLUSTRATIONS
LISTE DES ABREVIATIONS
PREMIERE PARTIE : ÉTUDE GÉNÉRALE DE LA RAGE ET DE L’IMPLICATION DU CHIEN VIVERRIN DANS LE CYCLE ÉPIDÉMIOLOGIQUE DE CETTE MALADIE
Généralités sur la rage
Répartition mondiale de la rage animale et importance en santé publique
Eléments de virologie concernant le virus de la rage
Classification
Structure du virus rabique
Cycle viral
Pathogénie de la rage chez les carnivores
Mode de transmission du virus
Etapes de l’infection et excrétion du virus
Signes cliniques
Rôle du Chien viverrin dans l’épidémiologie de la rage
Généralités sur le Chien viverrin
Systématique
Morphologie et anatomie
Mode de vie
Aire de répartition originelle et aire d’extension du chien viverrin
Rôle du chien viverrin dans l’épidémiologie de la rage selvatique
Etat des lieux des cas de rage chez le chien viverrin en Europe
Dissémination du virus rabique par le chien viverrin
Transmission inter-espèces
Rage expérimentale du chien viverrin
Sensibilité au virus rabique de cette espèce (virus de chien viverrin)
Sensibilité au virus rabique d’origine vulpine
DEUXIEME PARTIE : ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE LA PATHOGÉNIE DE LA RAGE CHEZ LENCHIEN VIVERRIN ET DE SON EXCRÉTION SALIVAIRE
Données expérimentales antérieures
Protocole CnV 2007
Protocole CnV 2008
Protocole CnV 1
Protocole CnV 2
Matériel et méthodes protocole CnV3
Animaux
Inoculation
Suivi des animaux
Traitement des prélèvements – Analyses
Résultats
Paramètres de l’infection chez les chiens viverrins inoculés par voie intramusculaire par une souche de virus rabique isolée chez le chien viverrin
Mortalité en fonction de la dose de virus inoculé
α. Létalité en fonction de la dilution du stock
β. Délai de survenue de la mort en fonction de la dose inoculée
Incubation et symptomatologie
Excrétion salivaire du virus
Sérologie
Diffusion centrifuge du virus
Bilan des inoculations
Transmission du virus aux animaux contacts
Mortalité des animaux contacts
Durée maximale d’incubation et symptomatologie des animaux contacts
Délai de mortalité des animaux contacts
Excrétion salivaire
Sérologie
Diffusion centrifuge du virus
Comparaison des paramètres de l’infection des chiens viverrins inoculés lors du protocole CnV3 et des animaux contacts
Mortalité des chiens viverrins
Durée de la phase clinique
Excrétion salivaire du virus
Sérologie
Diffusion centrifuge du virus
Discussion
Sensibilité du chien viverrin au virus rabique isolé du chien viverrin
Infection expérimentale
Infection naturelle
Délai de mortalité et phase clinique
Excrétion salivaire du virus
Recherche du virus dans les organes
Réaction immunitaire humorale
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *