Radama II et la liberté religieuse

Radama II et la liberté religieuse

Le nouveau Roi Rakotondradama prend le nom de Radama II et proclame, le 1er Septembre 1861, la liberté de conscience. Ce qui permettra aussi bien aux protestants qu’aux catholiques d’oeuvrer pour promouvoir leurs religions respectives. En conséquence :
• les protestants fondent les trois Eglises mères en continuation des travaux qu’ils ont entrepris sous Radama I et Ranavalona I ;
• les catholiques, nouveaux venus, s’installent à Antananarivo. Les pères fondent une école pour les garçons et les soeurs Saint Joseph de Cluny une école pour les filles. En 1868, Tananarive aura quatre paroisses.

L’environnement était, certes, plus favorable aux missionnaires et à l’expansion de leur œuvre mais c’est une situation qui n’est pas exempt de difficultés, surtout pour les missionnaires. D’une part, la ville d’Antananarivo est priorisée au détriment des autres régions, les missionnaires se concentrent sur Antananarivo et laissent les missions des autres régions sans remplaçants. D’autres parts, les rivalités entre Français (qui représentent le catholicisme) et Britanniques (qui représentent le protestantisme) s’installent.

L’après Radama II 

Les changements opérés dans le cadre de la politique libérale du Roi Radama II ne feront qu’aboutir à l’assassinat de ce dernier par les traditionalistes la nuit du 11 au 12 Mai 1863. En effet, la politique du roi se présente comme une rupture soudaine et radicale vis-àvis de la tradition , tradition qui faisait la légitimité et de la culture et du pouvoir royal. Par la suite, son épouse Rabodo sera proclamée Reine sous le nom de Rasoherina et le pouvoir sera conservé par le premier ministre Rainilaiarivony . Traditionaliste, la Reine se montre néanmoins indifférente au christianisme. Par contre, le traité selon lequel les étrangers peuvent posséder des terres à Madagascar sera annulé contre le paiement d’une indemnité de 1.200.000 Francs aux Français. Cela affectera les relations avec les Français (= catholiques) au profit des britanniques (=protestants) surtout au sein de la famille royale .

Ce n’est pas pour autant que la liberté religieuse sera délaissée car le 27 Juin 1865, un traité sur cette même liberté religieuse des missionnaires et des Malgaches sera renouvelé avec la Grande-Bretagne. A la mort de la Reine en 1867, le premier Ministre Rainilaiarivony fait proclamer reine la princesse Ramoma sous le nom de Ranavalona II. Celui-ci fait d’ailleurs en sorte que la couronne se déclare comme tenante de la religion protestante. Par conséquent, le couronnement de la Reine se fait sur les bases de la religion chrétienne avec notamment le remplacement des Sampy par la Bible.

Le mode d’action de l’Eglise catholique 

Bien que de confessions différentes, les missions adoptent plus ou moins les mêmes pastorales , notamment en ce qui concerne les publications en langue Malgache, la scolarisation des enfants et les œuvres de charité. Tout cela, accompagné de l’édification de solides constructions qui, souvent, marquent considérablement le paysage d’un village ou d’une ville.

Les principes du christianisme commencent à profondément s’installer dans la vie quotidienne des malgaches surtout en milieu urbain au point qu’ « un homme s’exposait au mépris s’il n’était au moins nominalement chrétien. L’assistance au service était un impératif de la sociabilité urbaine  ». Quant aux zones rurales : « la silhouette d’un village ne se concevait plus que prolongée d’une ou deux flèches : sans ces marques, il devenait un hameau  ».

Par la suite, la guerre Franco-Malgache à partir de 1883 sera une étape où s’affirmera (temporairement) l’autonomie religieuse des malgaches. Ces époques laissent effectivement transparaître une plus grande autonomie des mouvements religieux par rapport aux missionnaires étrangers comme conséquence du départ de  Chez les catholiques, l’absence des missionnaires aura comme résultat une prise de responsabilité de la part des catholiques malgaches. Par conséquent, et la vie paroissiale et l’Eglise catholique dans sa totalité seront pris en charge et organisées par les laïcs. Toutefois, cette autonomie des laïcs catholiques cessera à l’aube de la colonisation. En 1895, avec le retour des français, les laïcs malgaches sont considérés seulement comme des collaborateurs, ce qui évincera les laïcs de leurs rôles dans l’organisation de l’Eglise locale pour n’être plus « (…) perçus que comme des auxiliaires (…)  ». Cet état de chose , cependant, est loin de constituer un blocage à l’apostolat des missionnaires, dont la mission légitimée par la conférence de Berlin, réalisent un retour en force avec la colonisation. La conférence de Berlin voit en effet la colonisation comme « (…) l’obligation chrétienne de civiliser les peuples (…)  ». Par la suite, la colonisation sera marquée par un fort développement des œuvres missionnaires, malgré des débuts timides.

Christianisme et colonisation

Une période conflictuelle entre les chrétiens de différentes confessions caractérise les premiers temps de la colonisation française. Profitant de leur position de puissance coloniale, les français assoient leur domination et font de manière à affaiblir l’emprise britannique donc protestante à Madagascar : à l’instar du choix du français comme langue d’enseignement. Les premiers temps de la colonisation se présentent ainsi comme propice à l’expansion catholique. On y verra l’arrivée de différentes congrégations catholiques françaises un peu partout dans les villes de  Madagascar (les lazaristes à Fort Dauphin en 1896, les pères de la Salette sur les Hautes Terres en 1899,etc.) Cependant, l’expansion des missions chrétiennes bute contre les mouvements nationalistes, notamment le mouvement Menalamba qui connaît un fort activisme à partir des années 1895 et qui reste un des mouvements nationalistes les plus marquants de cette époque. Les modesLe Christianisme et les représentants coloniaux français à Madagascar  d’action des Menalamba se manifestent surtout par : l’exécution des missionnaires étrangers, la destruction des instruments de culte et l’incendie des temples.

Le Christianisme et les représentants coloniaux français à Madagascar 

Alors que le Général Joseph Gallieni se montre d’abord réticent face au protestant, il finira par appliquer « (…) une stricte neutralité et une politique de réelle équité dans toutes ses affaires avec les missions ». De 1905 à 1910, Victor Augagneur, succésseur de Gallieni, aura, contrairement à ce dernier une politique anticléricaliste. L’ouverture de nouveaux bâtiments de culte sera ainsi interdite, la fermeture des écoles tenues par les missions proclamée en 1906 et l’interdiction de la publication de la revue catholique « Iraka  ». Si Augagneur agit de la sorte c’est qu’il « est parfaitement convaincu que l’anticléricalisme est utile à l’occupant pour remporter sa lutte politique tout autant pour servir la liberté des consciences  ». Picquié, succédant à Augagneur, poursuivra cette politique anticléricaliste jusqu’à en dissoudre des associations chrétiennes. Cependant en 1913, la promulgation du décret sur l’organisation des cultes redonnera de l’air aux poumons de la mission apostolique. Ce décret est en effet fondé sur :
● la liberté de conscience et de culte ;
● la laïcité de l’Etat ;
● le respect et l’organisation de chaque culte.

Si en France, la séparation de l’Eglise et de l’Etat (1905) a engendré des résistances et de nombreuses tensions, à Madagascar, la promulgation de la séparation se révèle favorable à l’action missionnaire dans la colonie Malgache. Les actions missionnaires connaîtront par la suite un regain d’activité. Les missionnaires subjuguent par leur compétence d’homme éclairé et donnent par cela une grande valeur de leur personne aux yeux de chrétiens, ceux-la seront jusqu’à être assimilé à des « Ray aman-dreny ». Tout comme la mission chrétienne, ils s’imposent.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1. Choix du thème
2. Problématique
3. Plan de travail
4. Techniques utilisées
5. Hypothèse
PREMIERE PARTIE APPROCHE SCIENTIFIQUE DU RELIGIEUX
CHAPITRE I : HISTORIQUE
1. Le christianisme à Madagascar
1.1 L’implantation protestante à Madagascar : un contexte favorable
1.2 La mission catholique à Madagascar : difficile implantation (1820-1861)
1.3 Radama II et la liberté religieuse
1.4 L’après Radama II
1.5 Le mode d’action de l’Eglise catholique
2. Christianisme et colonisation
2.1 Le Christianisme et les représentants coloniaux français à Madagascar
2.2 Les soucis de la mission catholique à Madagascar au cours de la colonisation
2.3 L’Eglise catholique au service de la nation
3. L’après 1960, l’apport de Vatican II
3.1 L’expansion catholique continue
3.2 Les laïcs après Vatican II
3.3 L’œcuménisme
4. Les conciles œcuméniques : un bref aperçu historique
4.1 Le concile de Nicée (325 A.D) : le concile qui divinisa Jésus christ
4.1.1 La raison du concile
4.1.2 Les Décisions du concile
4.2 Le concile de Constantinople (381)
4.2.1 Les raisons du Concile
4.2.2 Les Décisions importantes du Concile
4.3 Le concile d’Ephèse 431
4.3.1 Les raisons du Concile
4.3.2 Décision du concile
4.4 Le concile de Trente (1545-1563)
4.4.1 Les décisions du concile
4.5 Le concile Vatican I (1869-1870)
4.5.1 Les décisions du concile
4.6 Le concile Vatican II : l’inimaginable (1963-1965)
4.6.1 Les décisions du concile
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE
1 Karl Marx
1.1 Le rôle narcotique de la religion
1.2 Conséquence de cette transposition
2. Pierre Bourdieu
2.1 Le champ
2.2 Le fonctionnement d’un champ
2.3 La domination effet de structure
2.4 Le champ religieux
3. Emile Durkheim : Faire de la sociologie une science autonome
3.1 Les faits sociaux
3.1.1 Les faits sociaux sont extérieurs à l’individu
3.1.2 Les faits sociaux sont contraignants
3.1.3 Les faits sociaux sont des choses
3.2 Définir un fait social : cas du phénomène religieux
3.2.1 Définir la religion par le surnaturel
3.2.2 Définir la religion par la croyance en des divinités
3.2.3 Partir des croyances et des rites pour trouver une définition de la religion
3.2.4 Comment définir le sacré et le profane
4. Eglise catholique et culture
4.1 L’inculturation : un renouveau pour le catholicisme
5. Evolution historique du catholicisme
DEUXIEME PARTIE ETUDE SOCIOLOGIQUE DE LA RELIGION CATHOLIQUE
CHAPITRE III : ETUDE STATISTIQUE
1. Rappel de la problématique et de l’hypothèse
2. A propos des questionnaires
2.1 Le questionnaire des laïcs
2.2 Le questionnaire des religieux
3. Les enquêtes menées sur les laïcs
3.1 Présentation de la population d’enquête
3.2 Le niveau d’étude
3.3 La fréquentation d’école catholique
3.4 L’adhésion aux associations à caractère religieux
3.5 Le niveau de connaissances religieuses des laïcs
3.6 Quelques fondement de la religion catholique actuelle
3.7 La pratique religieuse
3.8 La connaissance du nombre de sacrements
3.8.1 Les sacrements en question
3.9 La connaissance des conciles œcuméniques
3.10 La connaissance du concile Vatican II
3.11 La connaissance de la hiérarchie de l’Eglise
3.12 La connaissance de la position des laïcs dans l’organisation de l’Eglise actuelle
4. Confirmation de l’hypothèse de départ
4.1 Les résultats d’enquêtes
4.2 Le faible niveau de connaissances religieuses des laïcs
4.3 La vie paroissiale des laïcs
4.4 Les encycliques
4.4.1 A propos des encycliques
4.4.2 Les encycliques au sein de quelques paroisses d’Antananarivo
5. Les religieux et les antécédents sociaux de la vocation religieuse
5.1 Caractéristique de la population d’enquête
5.2 Le milieu de provenance des religieux
5.3 La taille des familles des religieux
5.4 L’occupation des parents au moment de l’engagement religieux
5.5 Les religieux viennent de famille proche de la religion
6. Le Profil type du religieux
7. Essai d’analogie
7.1 Partant de l’alchimie
7.2 De la vocation à la transmutation
CHAPITRE IV : LA DOMINATION SYMBOLIQUE DANS LE CHAMP RELIGIEUX
1.Etre catholique
2. Recours à la religion
TROISIEME PARTIE PROSPECTIVES
CHAPITRE V : L’ETAT ACTUEL DES CHOSES
1. Vatican et œcuménisme
2. Depuis Vatican II
CHAPITRE VI : RESULTATS DE CET ETAT DE CHOSE
1. Des laïcs peu satisfaits de leur religion
2. Le manque de connaissances religieuses des laïcs
3. Le manque de connaissance des religieux
4. Concernant la séparation de l’Eglise et de l’Etat
5. Sur l’école, la foi et la raison
6. La femme et le catholicisme
7. Le synode des laïcs: et l’homme créa le divin, à son image
CONCLUSION GENERALE

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *