Questions au sujet de la contraception et de l’orientation sexuelle

Fréquence du recours au contrôle gynécologique et au frottis

   Le recours au contrôle gynécologique et au frottis est inégalement réparti dans la population féminine suisse. On observe simultanément une sur-consultation et une sous-consultation dans différents segments de la population. La Société suisse de gynécologie recommande actuellement, sauf facteur de risque particulier,d’effectuer un frottis de dépistage pour le cancer du col de l’utérus une fois tous les 2 ans entre 21 et 29 ans et une fois tous les 3 ans entre 30 et 69 ans. Une majorité de femmes entre 25 et 49 ans disent cependant le faire chaque année (Office fédéral de la santé publique 2015), ce qui a conduit plusieurs médias à dire durant l’été 2015 qu’environ un million de frottis seraient pratiqués en trop chaque année dans notre pays. Malgré cela, on observe que certaines catégories de femmes consultent moins souvent que ce qui est recommandé. C’est notamment le cas des femmes plus âgées ou avec un niveau de formation plus faible ou des femmes étrangères de certaines nationalités (Bischoff, Fontana et al. 2009). Ces disparités conduisent certaines personnes à proposer d’organiser des programmes de dépistage systématique du cancer du col de l’utérus, comme cela se fait déjà dans de nombreux cantons pour le dépistage du cancer du sein. Des études ont en effet montré que les différences de recours au frottis de dépistage selon la catégorie socio-économiques sont plus faibles dans les pays où des programmes de dépistage existent, par rapport aux pays où ce dépistage se fait de manière opportuniste, comme c’est le cas en Suisse (Walsh, Silles et al. 2011). Il est possible que les recommandations de dépistage soient prochainement modifiées en Suisse, certains experts estimant que l’examen cytologique devrait être complété voire remplacé par le test ADN du HPV (Petignat, Bouchardy et al. 2006; Vassilakos, Catarino et al. 2015).Un nombre important de recherches internationales se sont penchées sur la fréquence du recours au frottis et au contrôle gynécologique chez les lesbiennes. Les premières recherches ont généralement été effectuées auprès de lesbiennes à l’aide de recrutements opportunistes et sans groupe de contrôle de femmes hétérosexuelles. Ces recherches indiquaient presque systématiquement un recours moins fréquent chez les lesbiennes que chez les femmes hétérosexuelles. Ces différences ont été peu à peu confirmées lors de l’introduction de questions sur l’orientation sexuelle dans des enquêtes en population générale (Kerker, Mostashari et al.2006; Tjepkema 2008; Fish 2009; Waterman and Voss 2015).Dans une récente enquête menée aux USA (Agenor, Krieger et al. 2014) le recours à un frottis dans les 12 derniers mois était de 68,5% chez les femmes s’identifiant comme hétérosexuelles,64,5% chez celles s’identifiant comme bisexuelles, mais de seulement 43,3% chez celles s’identifiant comme lesbiennes.

 Le recours était également plus faible chez les femmes n’ayant pas eu de partenaire sexuel durant les 12 derniers mois. Ces différences persistent après ajustement de différents facteurs socio-économiques et est très lié au fait d’avoir ou pas accédé à des services de santé sexuelle et reproductive. Matthews a par exemple montré dans une étude menée aux USA auprès de 550 lesbiennes et 279 femmes hétérosexuelles que les lesbiennes rapportaient des premières relations sexuelles plus précoces et un plus grand nombre de partenaires sexuels (hommes et femmes confondus) que les femmes hétérosexuelles, mais, même si elles étaient dans cette recherche aussi nombreuses à avoir effectué au moins un frottis cervical durant leur vie, elles étaient moins nombreuses à le faire de manière régulière (Matthews,Brandenburg et al. 2004). Peu de recherches ont été menées en France sur ce thème. Une exception est l’analyse effectuée par M.-J. Saurel-Cubizolle et Brigitte Lhomond des données de l’enquête nationale sur les violences envers les femmes en France menée en 2000 (Saurel-Cubizolles and Lhomond 2005). Dans cette analyse, on voit que les femmes ayant eu au moins une partenaire féminine au cours de leur vie ont eu un premier rapport sexuel plus tôt que celles n’ayant eu que des partenaire masculins (16,7 ans en moyenne contre 18,5 ans), plus d’agressions sexuelles au cours de la vie (24,6% contre 11,5%) et davantage de partenaires (36,4% rapportent plus de 10 partenaires au cours de leur vie contre 5,2%). Par contre, cette étude ne montre pas de différence statistiquement significative concernant l’absence de consultation gynécologique dans les 12 derniers mois entre ces deux groupes (35,6% contre 30,8%).

 Une deuxième étude plus récente a été effectuée en combinant les données quantitatives de l’enquête « Contexte de la sexualité en France » (CSF) 2006 et des entretiens avec des femmes ayant des partenaires féminines (Chetcuti, Beltzer et al. 2012). Les données de la CSF montrent que 8% des femmes n’ayant eu que des partenaires féminines durant les 12 derniers mois n’ont jamais eu recours à des soins gynécologiques alors que ce pourcentage est d’environ 1% chez les femmes ayant eu des  partenaires hommes ou des deux sexes. Les entretiens montrent que certaines ont vécu ou anticipent des réactions négatives lors de consultations gynécologiques et souvent ne pensent pas ou plus avoir besoin de consulter si elles n’ont que des partenaires femmes.

La visibilité et ses effets sur la satisfaction et la régularité du suivi

  Les médecins n’interrogent que rarement leurs patients sur leur orientation sexuelle (Makadon 2011). C’est également le cas en Suisse comme cela a été montré pour les hommes (MeystreAgustoni, Jeannin et al. 2011). Comme la question n’est le plus souvent pas posée, à moins que la patiente ne prenne l’initiative d’en parler, il est donc assez courant que la consultation soit menée en présupposant que la patiente est hétérosexuelle. Il est même possible que cette hétérosexualité présumée soit plus fréquente pour les femmes que pour les hommes. Dans une étude menée en Nouvelle-Zélande (Neville and Henrickson 2006), 83,2% des femmes lesbiennes ou bisexuelles interrogées ont dit que les soignants présupposait toujours ou habituellement qu’elles étaient hétérosexuelles alors que la proportion était de 65,8% chez les hommes gays ou bisexuels. Les femmes étaient également plus nombreuses (71,7%) que les hommes (64,7%) à avoir dévoilé leur orientation sexuelle à leur médecin et à rapporter une réaction d’inconfort de la part de celui-ci/ou celle-ci (11,4% contre 6,1%). Plusieurs études ont montré que lorsque le médecin est au courant de l’orientation sexuelle de sa patiente cela peut avoir des effets positifs sur le recours au soin (Steele, Tinmouth et al. 2006). Mosack (Mosack, Brouwer et al. 2013) a par exemple montré que les femmes lesbiennes, bisexuelles ou queer disant que leur médecin était au courant de leur orientation sexuelle étaient plus satisfaites de leur médecin et plus à l’aise pour parler avec lui de santé sexuelle que celles dont le médecin ignorait l’orientation sexuelle.

  Dans l’étude de Tracy (Tracy, Schluterman et al.2013) on peut voir que les lesbiennes qui ont un gynécologue qui est au courant de l’orientation sexuelle sont plus de deux fois plus nombreuses à faire régulièrement des frottis que celles dont le gynécologue ignore leur orientation. A l’inverse, nombreuses sont les lesbiennes qui disent avoir retardé le moment de consulter parce qu’elles étaient inquiètes de la réaction de leur médecin par rapport à leur orientation sexuelle (van Dam, Koh et al. 2001). Un grand nombre de lesbiennes pensent qu’il est important que leur médecin ait connaissance de leur orientation sexuelle afin d’avoir l’impression de pouvoir être elles-mêmes et de construire une relation de confiance. Cette visibilité est vue comme encore plus importante lorsque la raison de la consultation médicale est d’ordre gynécologique ou liées à des événements où l’orientation sexuelle est vue comme pertinente (par exemple trouble dépressif lié au processus de coming out ou suite à une rupture amoureuse). (Bjorkman and Malterud 2007) Le fait de prendre l’initiative de dévoiler son orientation sexuelle à un médecin est souvent perçu comme une prise de risque, car les lesbiennes anticipent que la réaction pourrait être plus ou moins négative ou qu’elles pourraient ensuite être moins bien soignées. Ceci explique pourquoi certaines préfèrent choisir leur médecin en suivant les conseils de leurs amies et connaissances homosexuelles ou en se référant, lorsqu’elles existent, à des listes de médecins lesbian-friendly. Faute de savoir a priori si le médecin qui va les recevoir est ouvert ou non à la question de l’homosexualité, elles vont rechercher des indices, que ce soit dans la salle d’attente ou dans les attitudes et paroles du médecin pour savoir si le contexte est sûr ou non pour se dévoiler. Les réactions positives ou négatives vécues suite à un coming out en contexte médical auront un impact sur la relation de confiance entre la patiente et son médecin et sur la prédisposition de celle-ci à se dévoiler ultérieurement auprès d’autres professionnel-le-s de la santé.

   Les femmes qui sont le plus à l’aise avec leur orientation sexuelle et qui pensent que celle-ci est pertinente dans le contexte de la consultation seront évidemment plus enclines à dévoiler leur orientation sexuelle. En tous les cas, le ou la professionnel-le de santé peut grandement faciliter le dévoilement des patientes lesbiennes. Voici quelques éléments qui ont été identifiés comme facilitants (Eliason and Schope 2001; St Pierre 2012) :
 Environnement perçu comme sûr : absence d’homophobie et signes d’ouverture comme symboles gays et lesbiens, matériel d’information adapté aux minorités sexuelles dans la salle d’attente,…
 Assurance de la confidentialité du traitement des informations
 Questions sur l’orientation sexuelle dans le formulaire d’admission ou durant l’anamnèse La population des femmes lesbiennes est diverse, y compris en termes d’expression de genre. Il semblerait que les lesbiennes et femmes bisexuelles s’identifiant comme « butch », c’est-à-dire ayant une apparence plutôt masculine rapportent des visites gynécologiques moins fréquentes, déclarent plus souvent être visibles en tant que lesbiennes auprès de leur gynécologue, disent plus souvent avoir été mal soignées et accordent plus d’importance au fait de trouver un médecin lesbian-friendly que les femmes s’identifiant comme « femme » qui ont une expression de genre plutôt féminine (Hiestand, Horne et al. 2007). Il est à noter que ces différences ne s’observent pas en ce qui concernent les soins en médecine générale, en santé mentale ou à l’hôpital. Il semblerait donc que la gynécologie, en tant de spécialité s’adressant spécifiquement aux femmes, pose des difficultés particulières aux personnes ayant une anatomie partiellement ou totalement féminine, mais un genre ou une expression de genre masculins ou atypiques.

Le suivi de grossesse lors de maternités lesbiennes

   La question des familles homoparentales a reçu une attention croissante depuis quelques décennies (Nay 2016). Les recherches se sont beaucoup focalisées sur le développement des enfants élevés par deux mères ou deux pères afin de déterminer si la présence d’un père et d’une mère était indispensable pour le développement psycho-affectif harmonieux d’un enfant ou si deux parents de même sexe pouvaient offrir un cadre tout aussi propice. L’immense majorité de ces recherches montrent que les enfants élevés par deux parents de même sexe se développent de manière comparable aux enfants élevés par deux parents de sexe différent. Les lesbiennes peuvent avoir des enfants dans différentes configurations familiales : Ceux-ci peuvent être issus d’une précédente union avec un homme ou avoir été adoptés (la Suisse autorise l’adoption par une personne seule de 35 ans ou plus, mais l’interdit aux personnes liées par un partenariat enregistré). Ils peuvent aussi avoir été conçus dans un projet de couple avec une autre femme, que ce soit en coparentalité avec un homme ou un couple gay, grâce à un donneur de sperme connu ou en ayant recours à une insémination à l’étranger (en Suisse le recours à une insémination avec donneur est réservé aux couples hétérosexuels mariés souffrant de problèmes de fécondité). En effet, comme cela a été montré en France (Jouannet and Spira 2014), ce n’est pas parce que la procréation médicalement assistée n’est pas autorisée pour les couples lesbiens dans un pays que celles-ci renoncent à leurs projets de fonder une famille.

  Un nombre assez important d’études existent sur la question de l’insémination et de la place du donneur dans les maternités lesbiennes (par exemple : (Ravelingien, Provoost et al. 2015)). Par contre, il semble qu’il y ait moins de recherches sur le suivi de grossesse chez les lesbiennes par les gynécologues/obstétriciens.Dans une recherche menée au Royaume-Uni sur ce thème (Wilton and Kaufmann 2001) il a été relevé que parfois les gynécologues posent des questions qui sont perçues comme potentiellement déplacées sur le père de l’enfant (« Quel est le nom du père ?», « Comment êtes-vous devenue enceinte ?»,…) et qu’il est important d’associer la partenaire au suivi de grossesse et aux cours de préparation à l’accouchement.La question de la visibilité en tant que couple lesbien et l’inclusion de la partenaire dans le suivi de la grossesse et de l’accouchement sont très importantes pour que tout se passe bien, tout comme le fait que l’équipe de l’hôpital où se déroulera l’accouchement ait été informée à l’avance. Les questions légales et le fait que les formulaires ne prévoient souvent pas ce type de configuration familiale peuvent également être un sujet de préoccupation. De petits signes de soutien et d’attention de la part du personnel soignant peuvent aussi faire une très grande différence (Buchholz 2000;Larsson and Dykes 2009; Dahl, Fylkesnes et al. 2013).

Lesbiennes

   La consultation gynécologique est souvent associée à la question de la contraception et aux rapports hétérosexuels. Les participantes aux groupes focus qui ont eu des rapports avec des hommes ou prévoyaient d’en avoir semblent avoir vu la consultation comme une évidence, que ce soit pour obtenir la pilule ou par peur des infections sexuellement transmissibles. Cette « évidence » n’existe pas pour celles qui n’ont pas ou plus de rapports sexuels avec des hommes, car il n’y a alors pas de risque de grossesse et les relations sexuelles sont le plus souvent perçues, à tort, comme « sûres » en ce qui concerne les IST, dont les HPV.

  De plus, si les mères et familles encouragent souvent les filles lorsqu’elles ont un copain ou pourraient en avoir un à aller chez le ou la gynécologue, notamment pour éviter une grossesse, il est possible que cet encouragement ne se fasse pas ou moins auprès des jeunes filles qui ont dévoilé leur homosexualité. Certaines lesbiennes vont donc attendre très longtemps avant d’aller faire un premier contrôle gynécologique, voire ne jamais en faire. Chez ces femmes, la crainte d’être jugée par le médecin pour ne pas être venue consulter plus tôt est bien présente. Le fait de présenter des symptômes est une motivation de premier ordre pour aller consulter. Certaines ont même émis l’hypothèse que les lesbiennes consulteraient surtout dans ce cas-là et moins souvent de façon préventive que les femmes hétérosexuelles. Le fait de prendre soin de soi, de faire régulièrement des examens préventifs pour éviter des complications fait aussi partie des motivations importantes pour consulter, mais ce souci semble plus présent chez les femmes d’âge moyen que chez les plus jeunes, ce qui reflète sans doute une perception différente de sa propre santé en fonction de l’âge. Le premier contrôle est aussi vu comme une étape importante dans la vie d’une femme. Pour certaines, le contrôle gynécologique est aussi perçu comme une étape en vue d’avoir des enfants. Le fait de prendre soin de soi et de son corps nécessite une estime de soi suffisante et celle-ci pourrait être plus basse chez certaines lesbiennes. Certaines pourraient aussi avoir de la peine à accepter leur corps de femme, ce qui peut augmenter l’appréhension vis-à-vis d’un examen gynécologique. D’autres obstacles généraux comme des questions d’organisation, de priorités et la peur de découvrir que l’on a un problème de santé sont aussi présents.La crainte d’être jugée sur son orientation sexuelle et la difficulté à en parler, particulièrement lorsque l’on commence à vivre une orientation homosexuelle après un parcours hétérosexuel plus ou moins long, sont bien présentes. La question du choix du ou de la gynécologue est donc très importante.

  Nombreuses sont les femmes qui recourent à des listes de gynécologues lesbianfriendly ou au bouche-à-oreille pour trouver un médecin ouvert à la thématique de l’homosexualité féminine. Le fait de savoir que le ou la gynécologue est a priori ouvert-e facilite la démarche d’aller consulter.  Les lesbiennes sont également très attentives aux éventuels signes d’ouverture (ou, a contrario, de fermeture) dans le cabinet (p.ex. visuels ou documents sur des thématiques LGBT dans la salle d’attente) et dans le langage verbal et non-verbal du médecin. Elles souhaiteraient que celui-ci ne présuppose pas que toutes ses patientes sont hétérosexuelles et pose des questions ouvertes sur l’orientation sexuelle (p.ex. avez-vous un ou une partenaire ?). Si des cas de maltraitance de nature homophobe existent malheureusement, la plupart des expériences négatives rapportées relèvent plutôt de maladresses ou de réactions inadéquates en grande partie liées au manque de sensibilisation et de formation des médecins sur la thématique. Les lesbiennes aimeraient aussi être davantage informées durant la consultation sur les actes effectués par le ou la gynécologue ou sur les raisons de faire ou pas telle ou telle chose. Les gynécologues devraient être à l’aise avec la thématique de l’homosexualité/bisexualité et, s’ils ne le sont pas, orienter la patiente vers un ou une collègue qui l’est. Ils devraient être suffisamment informés pour pouvoir soutenir des personnes en phase de questionnement par rapport à leur orientation sexuelle et pouvoir, au besoin, les orienter vers des ressources communautaires. Les participantes souhaiteraient aussi que les gynécologues soient mieux informés aux sujets des risques d’IST entre femmes et qu’ils prennent l’initiative d’en parler, car les lesbiennes ne sentent souvent pas concernées par cette question. La question des IST  chez les lesbiennes devrait aussi être abordée de manière systématique durant les cours d’éducation sexuelle. Dans le domaine de la santé sexuelle, il est important d’utiliser des termes aussi précis que possible pour éviter les interprétations erronée et s’assurer que la patiente a bien compris. Les participantes trouvent tout à fait normal que le médecin ne sache pas tout, mais attendent de celui-ci qu’il puisse le dire lorsqu’il ne sait pas quelque chose et fasse preuve d’une forme de curiosité bienveillante. En ce qui concerne les campagnes d’information/sensibilisation sur le frottis, les contrôles gynécologiques et les IST, la visibilité des lesbiennes dans des campagnes grand public est vue comme essentielle, ne serait-ce que pour montrer que cette population existe. Cette visibilité est aussi vue comme importante sur d’autres thèmes, par exemple dans les campagnes sur le cancer du sein. Le type de communication peut être différent s’il s’agit d’une campagne grand public ou communautaire, mais le message doit être clair et compréhensible par le plus grand nombre. L’humour est intéressant, mais ne doit pas être au détriment de la clarté du message. Il est important de combiner prévention ET message positif (p.ex. faire un frottis permet de détecter à temps un cancer du col de l’utérus ET est  une façon de prendre soin de soi).

  Lorsque l’on utilise des portraits  dans une campagne, il faut faire attention à la question de la représentativité et si possible, décliner la campagne avec plusieurs visuels. Le fait que les checkpoints ne soient pas ouverts aux femmes est perçu comme discriminatoire. Les participantes disent qu’il y a un besoin de structures où l’on sait qu’il y a des personnes bien formées sur la thématique de la santé sexuelle des lesbiennes et de leur santé en général et qui ne les jugeront pas. Cela comblerait également un manque qui reste bien réel tant que les médecins ne seront pas mieux formés et informés sur le sujet. De telles structures à bas seuil sont vues comme particulièrement importantes pour les jeunes (éventuellement aussi pour les hétérosexuel-le-s) et les femmes en questionnement et pourraient être des ressources communautaires aussi pour d’autres thématiques que le VIH et les IST. Comme ces structures existent déjà, il semble assez facile aux yeux des participantes d’élargir l’offre aux = femmes. Cependant plusieurs obstacles à un possible élargissement ont aussi été évoqués : la question du financement, les lesbiennes ne recevant pas d’argent des fonds liés au VIH, le fait que les lesbiennes semblent peu se préoccuper de leur santé sexuelle, ce qui risque de limiter leur utilisation de ce genre de service et la nécessité d’adapter la communication autour des Checkpoints pour éviter une image potentiellement stigmatisante liée aux prise de risque.

Gynécologues

  Toutes les gynécologues rencontrées ont dit avoir des patientes lesbiennes et 3 sur 4 avaient déjà suivi des grossesses dans le cadre de couples lesbiens. La plupart ont exprimé le souhait que les lois suisses évoluent en ce qui concerne la reconnaissance des projets parentaux des couples lesbiens. Une seule pose systématiquement la question du sexe des partenaires. Les autres ne le font pas, principalement parce que cela ne fait pas partie de leurs habitudes, mais semblent éventuellement prêtes à modifier leur pratique. Lorsque l’orientation sexuelle est connue, toutes la font figurer dans le dossier. Certains aspects du suivi gynécologique sont vus comme similaires chez les femmes de toutes orientations sexuelles. Il s’agit notamment du dépistage du cancer du sein (examen et mammographie), des règles douloureuses, etc. Une gynécologue a également précisé que, bien que pouvant se manifester un peu autrement, les problèmes et les violences dans le couple concernaient aussi les lesbiennes. A contrario, les questions liées aux infections sexuellement transmissibles, à la contraception et aux projets de grossesse sont vues comme différentes chez les lesbiennes, tout comme les éventuelles difficultés psycho sociales en lien avec le coming out et les discriminations et préjugés qui existent encore par rapport à l’homosexualité. Certaines ont dit pratiquer un peu « au feeling » en ce qui concerne le suivi gynécologique des lesbiennes, c’est-à-dire sans avoir de connaissances formelles et la plupart ont souligné le manque d’informations officielles de type guidelines sur la prise en charge gynécologique, le HPV et les autres IST chez les lesbiennes.

  Elles sont d’avis que le premier contrôle gynécologique devrait avoir lieu à peu près au même moment pour les lesbiennes et pour les femmes hétérosexuelles et, par la suite, à une fréquence comparable. Les gynécologues rencontrées paraissaient au clair sur le fait que les relations sexuelles entre femmes comportent un risque de transmission d’IST, mais leur connaissance des moyens de protection et de réduction des risques entre femmes semblait un peu plus floue. Toutes ont dit que la question de l’homosexualité féminine n’avait jamais été traitée durant leur cursus de formation de base, mais quelques-unes ont émis l’hypothèse que cela avait peut-être changé. Elles pensent qu’il est important que cette thématique soit incluse dans la formation des gynécologues (formation de base + modules facultatifs de formation continue) et dans les congrès. Une d’entre elles a dit qu’il serait aussi bien de sensibiliser les assistantes médicales à cette question. Le fait d’avoir des documents sur la thématique à laisser dans la salle d’attente ou à transmettre aux femmes concernées est vu comme très utile. Plusieurs ont dit qu’en principe les gynécologues devraient être accueillant-e-s envers toutes les patientes, quelle que soit  leur orientation sexuelle, mais que ce n’est dans les faits pas toujours le cas. L’existence de listes de gynécologues « lesbian-friendly » est vue positivement, mais elles devraient si possible être liées à des possibilités de se former sur cette thématique.

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Table des matières

I. Introduction
II. Objectif et hypothèses
III. Population étudiée
1. Définition
2. Estimation du nombre de femmes concernées
IV. Méthode
1. Cadre
2. Commission d’éthique et patronage de Santé Sexuelle Suisse
3. Lesbiennes
a. Choix de la méthode
b. Recrutement
c. Profil des participantes
d. Déroulement
e. Analyse des données
4. Gynécologues
a. Choix de la méthode
b. Recrutement
c. Profil des gynécologues
d. Déroulement
e. Analyse des données
V. Données suisses et internationales
1. Besoins des lesbiennes en matière de suivi gynécologique
2. Fréquence du recours au contrôle gynécologique et au frottis
3. Expériences, satisfaction et attentes en matière de suivi gynécologique
4. La visibilité et ses effets sur la satisfaction et la régularité du suivi
5. Communication entre les professionnel-le-s de santé et leurs patientes lesbiennes
6. La place de l’homosexualité féminine dans la formation des gynécologues
7. Le suivi de grossesse lors de maternités lesbiennes
VI. Résultats
1. Patientes lesbiennes
a. La première consultation
b. Pourquoi y aller (ou pas) ?
c. Craintes en lien avec l’orientation sexuelle
d. Le choix d’un « bon » gynéco
e. Les signes d’ouverture dans le cabinet
f. Questions au sujet de la contraception et de l’orientation sexuelle
g. Soutien en phase d’acceptation de son orientation sexuelle
h. Le manque de formation sur la thématique
i. Des lesbiennes immunisées face aux infections sexuellement transmissibles ?
j. De la maladresse à la maltraitance
k. Aborder la thématique à l’école
l. Expériences autour de la maternit
m. Comment motiver les lesbiennes à y aller ?
n. Evaluation de différents visuels
o. Les Checkpoints, un modèle pour les femmes ?
2. Gynécologues
a. Patientes lesbiennes et expérience de suivi de grossesse
b. Question sur l’orientation sexuelle et traitement de cette information
c. Aspects similaires ou différents des autres patientes
d. Infections sexuellement transmissibles et premier contrôle gynécologique
e. Formation, congrès, guidelines et autres documents
f. Préjugés et listes de médecins « friendly »
g. La question du choix des mots
VII. Synthèse
1. Lesbiennes
2. Gynécologues
VIII. Discussion
IX. Limites
X. Recommandations
XI. Références
XII. Annexes
1. Annonces pour le recrutement des participantes aux groupes focus
2. Questionnaire pour les participantes aux groupes focus
3. Guide de modération pour les groupes focus
4. Formulaire de consentement
5. Questions focus-groupes
6. Lettre aux gynécologues
7. Questions pour les gynécologues

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