Qu’est-ce que le tonus ?

Qu’est-ce que le tonus ?

Définitions 

Le mot tonus est un mot latin issu du grec « τόνος » qui signifie « tout ligament tendu ou pouvant se tendre » . Si par ligament on entend dans la définition grecque aussi bien la physiologie humaine que des objets comme un câble ou une corde, la définition latine ne retiendra que « tension d’une corde » , omettant toute dimension physiologique du mot. De ce mot tonus ont dérivé plusieurs mots comme tonicité, tonifier ou tonique, tous faisant référence à un état de tension particulier ou à une force physique ou mentale. Bien que certains aient plusieurs sens, ces mots dérivés sont essentiellement utilisés en langue française pour décrire des phénomènes physiologiques qui ont trait au vivant. On a, par exemple, longtemps appelé toniques les remèdes destinés à redonner force et vigueur aux malades, à leur permettre de retrouver un élan vital. L’utilisation courante du mot tonus et de ses dérivés s’est donc éloignée de son sens originel pour s’appliquer essentiellement aux êtres vivants. L’étymologie du mot tonus permet néanmoins de mettre en place la notion d’état de tension que reprend M. JOVER dans la définition qu’elle offre du mot : « Le tonus est un état de légère tension musculaire au repos, résultant d’une stimulation continue réflexe de leur nerf moteur. Cette contraction isométrique (la tension augmente mais pas la longueur du muscle) est permanente et involontaire. Elle fixe les articulations dans une position déterminée et n’est génératrice, ni de mouvement, ni de déplacement. Le tonus maintient les stations, les postures et les attitudes. Il est la toile de fond des activités motrices et posturales » .

Le tonus est donc une contraction de nature réflexe, permanente et involontaire des muscles. C’est un prérequis à toute activité motrice et posturale. Il présente également une dimension psychique et relationnelle importante, et il participe beaucoup à la communication infra-verbale. H. WALLON le décrit comme le premier support des émotions puisque « les émotions sont une formation d’origine posturale et elles ont pour étoffe le tonus musculaire » . Nous développerons ultérieurement cette dimension relationnelle du tonus. Le tonus est donc un élément clé de la sémiologie psychomotrice puisqu’il allie dimension psychique et somatique. F. LEPLAT, psychomotricienne, écrit que « le tonus est l’énergie qui permet au corps de se maintenir par la posture, de se mouvoir par la motricité et de s’émouvoir par ses variations » , reprenant ainsi toutes les dimensions du tonus.

Les niveaux toniques 

Il existe trois niveaux toniques que l’on différencie de manière quantitative les uns des autres : le tonus de fond, le tonus de posture et le tonus d’action. Ces trois niveaux toniques s’étayent les uns sur les autres et sont soumis à des variations constantes en fonction de l’état psychique et/ou physique d’une personne, mais aussi de son âge et de son sexe, le tonus étant lié aux hormones.

– Le tonus de fond : Aussi appelé tonus de base ou tonus passif, le tonus de fond correspond à un état de légère tension isométrique, involontaire et permanente des muscles qui assure le maintien des segments corporels entre eux. Il a une fonction contenante et participe au renforcement du sentiment d’unité corporelle puisqu’il va permettre, avec la proprioception, la constitution d’une « enveloppe tonique » . Étant également le lieu d’inscription des émotions, le tonus de fond joue un rôle important dans l’expressivité des mouvements qu’il soutient. Son évaluation se fait par des mobilisations passives permettant d’observer l’extensibilité musculaire, ce qui nous informe sur la maturation neurologique d’une personne.

– Le tonus de posture : Également nommé tonus d’attitude, le tonus postural équivaut à l’activité tonique minimale nécessaire pour lutter contre la pesanteur et se maintenir en équilibre dans une posture stable. Il a donc, comme son nom l’indique, une fonction posturale et assure « un niveau de tension optimum pour l’action et sert, en tant, qu’appui interne (intégré), de préparation à la contraction dite « phasique » du mouvement » . Le tonus de posture se constitue au fil de la maturation neurologique et s’étaye sur le tonus de fond. Sous commande volontaire pendant les premiers mois de vie, il s’automatise vers 9-10 mois. Par la suite, il est majoritairement sous commande réflexe. Il peut être évalué par le test de résistance à la poussée.

– Le tonus d’action : Il correspond à l’ensemble des « degrés de tension d’un muscle appelé à participer directement ou indirectement à une activité motrice » . Sa fonction est donc de préparer et soutenir la motricité. Son recrutement peut reposer sur un processus conscient ou sur un processus plus ou moins automatisé.

Aspects neurophysiologiques du tonus 

Le tonus musculaire est modulé en réponse à des stimuli internes ou externes par des phénomènes neurophysiologiques complexes. « C’est un système ouvert au monde qui nous environne et mène à notre monde interne, grâce aux voies descendantes du système nerveux central » . Essentiellement involontaires, voire réflexes, le contrôle et la régulation toniques se produisent à plusieurs niveaux : médullaire, sous-corticospinal et corticospinal.

– Le contrôle médullaire : Le tonus musculaire est essentiellement maintenu par le réflexe myotatique, qui siège au niveau de la moelle épinière. A l’origine de ce réflexe on retrouve une structure appelée fuseau neuromusculaire (récepteurs sensibles à l’étirement du muscle qui participent à la proprioception en recevant une double innervation, sensorielle et motrice) qui, par son étirement, va déclencher des influx nerveux amenés jusqu’au neurone sensitif situé dans la corne ventrale de la moelle épinière. Ce neurone sensitif transmet l’information au motoneurone alpha qui, stimulé, renvoie des influx nerveux vers les plaques motrices du muscle, entraînant sa contraction en réponse. L’ensemble de ces structures constituent une boucle monosynaptique appelée arc réflexe, qui permet donc à un muscle donné de s’opposer, en se contractant, à son propre étirement, assurant ainsi la régulation de la longueur de ce muscle. Le réflexe myotatique permet donc de lutter contre les effets de la pesanteur en maintenant un tonus suffisant à l’entretien des postures statiques et dynamiques.

– Le système sous-corticospinal : Aussi nommé système inférieur ou extrapyramidal, c’est un système archaïque issu du tronc cérébral qui permet la régulation involontaire du mouvement. La myélinisation, qui est un « phénomène essentiel pour la vitesse de conduction de l’influx nerveux » , du système souscorticospinal est précoce et s’effectue entre la 24ème et la 34ème semaine de gestation en direction ascendante caudo-céphalique. Ce système comprend plusieurs faisceaux, dont  issus de la formation réticulée, structure qui joue un rôle important dans la régulation tonique en agissant sur l’activité médullaire par le biais des motoneurones gamma. Les motoneurones gamma, qui innervent les fibres intrafusales situées aux deux extrémités du fuseau, vont permettre au fuseau neuromusculaire d’être toujours dans un état de tension suffisant pour repérer l’étirement du muscle. La boucle gamma ajuste et régule ainsi en permanence le réflexe myotatique. La formation réticulée est également impliquée dans le traitement des informations sensorielles et dans la fonction de vigilance, à partir desquels elle module l’état tonique. De nombreux facteurs environnementaux peuvent donc influencer la régulation tonique, comme la température extérieure ou l’intensité sonore.

– Le système corticospinal : Qualifié également de système supérieur ou pyramidal, il est issu du cortex hémisphérique et est responsable de la motricité volontaire. Sa myélinisation se fait en direction descendante céphalo-caudale et proximo-distale, et commence plus tardivement, vers 32 semaines de gestation. Elle se poursuit rapidement jusqu’à 2 ans, puis se prolonge lentement jusqu’à 12 ans. On parle d’encéphalisation pour désigner le passage du système inférieur au système supérieur. Cette encéphalisation se caractérise notamment par un accès, chez le nourrisson, à la motricité volontaire. Ce système a un rôle prédominant dans la motricité fine, gère le tonus des muscles fléchisseurs et participe au contrôle du tonus postural en contribuant à l’inhibition et à l’excitation des motoneurones, modérant ainsi les réactions posturales.

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Table des matières

INTRODUCTION
THEORIE
I- LE TONUS
I.1. Qu’est-ce que le tonus ?
a) Définitions
b) Les niveaux toniques
c) Aspects neurophysiologiques du tonus
d) Evolution du tonus
e) Mécanismes de régulation tonique
I.2. La dimension relationnelle du tonus
a) Le tonus, premier support des émotions
b) Les échanges toniques dans le ventre de la mère
c) Le dialogue tonique, support de la relation
I.3. Les troubles du tonus
a) Notion de trouble
b) L’hypertonie pathologique
c) L’hypotonie pathologique
d) Le cas de la prématurité
II- L’ENFANT, SES PARENTS ET LE PSYCHOMOTRICIEN
II.1. Le rôle des parents
a) Devenir parent
b) Le rôle de la mère selon D.W. WINNICOTT
c) Le rôle du père
II.2. Le rôle du psychomotricien auprès de l’enfant et de ses parents
a) La rencontre en psychomotricité
b) Le cadre thérapeutique et ses fonctions en psychomotricité
c) La relation thérapeutique avec le bébé
d) L’alliance thérapeutique avec les parents et la guidance parentale
CLINIQUE
I- PRESENTATION DU LIEU DE STAGE
I.1. Présentation du libéral
a) Spécificités et modalités d’une prise en charge en libéral
b) Le cabinet libéral
c) La salle de psychomotricité et le matériel
d) La prise en charge à domicile
I.2. Présentation du RPSOF-ASNR
II- PRESENTATIONS CLINIQUES
II.1. Awa
a) Anamnèse
b) Evaluation initiale
c) Ma rencontre avec Awa et sa mère
d) Prise en charge
e) Evaluation finale
II.2. Nadia
a) Anamnèse
b) Bilan psychomoteur
c) Ma rencontre avec Nadia
d) Prise en charge et évolution psychomotrice
DISCUSSION
I- L’IMPACT DES TROUBLES TONIQUES SUR LA RELATION PARENTSENFANT
I.1. Awa et sa mère
a) Retour sur la naissance traumatique d’une mère et sa fille
b) Un dialogue difficile
I.2. Nadia et ses parents
a) Le choc de la maladie
b) L’influence des différentes stimulations
II- INTERETS DE L’INTERVENTION DU PSYCHOMOTRICIEN
II.1. L’intervention auprès du bébé
a) Une mise en jeu du corps
b) En cas d’hypertonie : Awa
c) En cas d’hypotonie : Nadia
II.2. Le soutien à la parentalité
a) La séance de psychomotricité : un espace de rencontre
b) Une ouverture au jeu entre parents et enfant
c) Un moment d’écoute et d’échanges
III- LES LIMITES DE LA PRISE EN CHARGE PSYCHOMOTRICE
III. 1. Liées à l’enfant
III. 2. Liées aux parents
III. 3. Liées au psychomotricien
III. 4. Liées au contexte du cabinet libéral
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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