Quels rites pour les adolescents ?

Quels rites pour les adolescents ?

Le développement de l’identité

« Pour établir son identité personnelle, l’adolescent doit pouvoir établir son bilan personnel qui lui donnerait des réponses à quelques questions cruciales : qui suis-je ? D’où est ce que je viens ? Où vais-je ? » (Cannard, 2015, p.192). Ces questions, seul le jeune peut y répondre mais il peut bénéficier du soutien de son entourage, qui lui donnera des repères sur son histoire, sa lignée et les valeurs transmises. Cannard (2015) met en avant que toutes les personnes présentes dans l’entourage du jeune durant son enfance et son adolescence, lui donneront des éléments d’identification plus ou moins importants. Dans la construction identitaire, Cannard (2015) distingue des caractéristiques objectives comme le sexe, l’ADN, la date de naissance, la description biographique, etc., mais ces éléments ne prennent sens que lorsqu’il y a une élaboration psychologique. Il y a donc une transformation de ces caractéristiques en éléments subjectifs, propres à chaque personne. De nombreux questionnements sont présents, à son sujet et aux rôles qui l’attendent. « L’adolescent doit intégrer les expériences dans le but de construire un sentiment identitaire stable et cohérent. » (Cannard, 2015, p.194). Cette étape lui permet donc de se différencier des autres, de ce qui est établi dans la société et va lui permettra de trouver sa place dans le monde.

Durant ces conflits identitaires, Canard (2015) observe que les adolescents remettent en question les valeurs et les principes des parents afin de construire leur propre identité. Quant à l’attachement, celui des parents est bien sûr important, mais on constate que celui au groupe de pairs devient de plus en plus imposant. « Toutefois, presque toutes les recherches confirment que le sentiment de bien-être ou de bonheur d’un adolescent est davantage lié à la qualité de son attachement aux parents qu’à la qualité de son attachement aux pairs (Greenberg, Siegel et Leitch, 1983 ; Raja, McGee et Stanton, 1992) » (Bee & Boyd, 2012, p.277). Les adolescents accordent donc une grande importance aux pairs et aux personnes qui compose leur entourage.

« Il regarde intentionnellement dans le « miroir social » pour obtenir de l’information d’une part sur les standards à internaliser, d’autre art sur ce que sont les attitudes et opinions des autres vis-à-vis de lui-même (il peut apprendre ainsi à mieux se connaître). » (Cannard, 2015, p.210). C’est une comparaison entre « l’image de soi » (image que nous renvoie notre corps) et « l’image sociale de soi » (l’image que les autres nous renvoie de soi) qui donnera au jeune sa valeur personnelle, ce qu’on appelle également estime de soi (comment la personne s’accepte, se respecte et s’aime en tant que personne). En conclusion, on peut dire que « Construire son identité, c’est apprendre à se connaître et à connaître les autres, c’est interagir avec son environnement en répondant aux exigences du milieu. » (Cannard, 2015, p.226).

Les relations avec les parents Cannard (2015) nous fait remarquer qu’en ce qui concerne la structure familiale, des changements sont nettement observables aujourd’hui. La famille nucléaire n’est plus le modèle unique. Cannard (2015) constate également que le noyau familial peut se construire de différentes manières et faire intervenir beaucoup plus d’acteurs que dans le noyau nucléaire connu auparavant. La belle-mère ou beau-père, les enfants des unions précédentes de ces personnes donnent, selon Cannard (2015), des interactions nouvelles et d’autres dynamiques à la vie de famille. L’autonomie peut être définie de la manière suivante selon Cannard (2015) : acquérir « de nouveaux attachements dans lesquels l’adolescent n’a plus besoin de ses parents pour gérer son fonctionnement psychique tout en continuant de se nourrir de ses appartenances premières (lien de filiation). » (Cannard, 2015, p.232).

C’est donc la capacité de penser, ressentir et prendre des décisions de manière autonome. C’est donc vis-à-vis de la famille que cela se passe, mais, il y a également les pairs ainsi que les membres en dehors de la famille. Selon Cannard (2015) l’autonomie varie selon les âges, on voit que les adolescents à partir de seize ans, ont plus de liberté. Les filles quant-à-elles, auront toujours moins de liberté que les garçons. Pour se sentir autonome, Cannard (2015) expose que l’adolescent ne doit pas se sentir abandonné au contraire, il doit se sentir relié et lié aux autres et aux parents.

« Même lorsque les adolescents adhèrent aux normes ou principes éducatifs parentaux, il est légitime pour eux d’exprimer des besoins, des désirs, et des buts qui diffèrent de ceux des leurs parents. » (Cannard, 2015, p.239). On constate ici que les adolescents sont dans une phase où le conflit est nécessaire et normal. Il est important que de part et d’autre, les parents comme les adolescents, comprennent les règles et attentes de chacun. Cannard (2015) émet l’importance de prendre en considération que les adolescents sont « …dotés de capacités cognitives croissantes qui les poussent à interpréter et à contester les exigences de leurs parents… » (Cannard, 2015, p.239). Les conflits sont donc présents pour tester les limites et les liens familiaux. C’est également une amorce de séparation avec les parents, ils sont donc nécessaires pour acquérir une autonomie. Toujours selon Cannard (2015), les adolescents ont donc besoin que les parents mettent un cadre et des limites pour savoir qu’ils tiennent à eux et qu’il y a de l’amour entre eux. Il est également discuté de la bonne distance qu’ils doivent avoir ; entre le parent trop présent (surveillance des amis, des messages, etc.) qui ne permet rien et celui qui est laxiste (aucun cadre et aucun intérêt pour son enfant et ses soucis) et qui provoque des prises de risque chez l’adolescent.

Dire « non » relève, selon Cannard (2015), une solidité psychique du parent, car ce sont des attaques que les adolescents font, lorsqu’ils affirment qu’ils n’ont pas besoin de leurs parents. Il est encore mis en évidence par Cannard (2015), que les parents doivent trouver un juste milieu, entre l’interdit et la permission, afin de laisser faire à l’adolescent ses expériences. Le langage et la discussion sont les meilleurs outils pour trouver ce juste milieu et permettre à chaque parti de convaincre, argumenter autour d’un sujet. En conclusion, grâce aux diverses informations de Cannard (2015), on peut avancer que les adolescents sont donc partagés entre le désir d’émancipation et la peur de la perte de l’amour parental. C’est une période où tout, ce qui constitue le lien créé durant l’enfance, est remis en jeu au travers de conflits et de tests des limites. Face à cette tension, Cannard (2015) expose deux positionnements possibles : un soutien dans cette prise d’indépendance, qui peut créer des angoisses autant chez le parent que chez le jeune, ou une opposition des parents empêchant le jeune de vivre de ses propres ailes. L’adolescent en quête d’identité ne parviendra à l’autonomie qu’au travers d’une modification des relations intrafamiliales, tout en gardant un sentiment de « loyauté » envers ses parents et son histoire familiale.

Les relations avec les pairs Cannard (2015) met en évidence que les adolescents ont, durant la puberté, tendance dans un premier temps à avoir des relations duelles puis plus ils grandissent, plus ils se regroupent entre pairs sous forme de groupes plus ou moins formels. Ces groupes peuvent être nommés de différentes manières : amis, bandes, cliques ou encore réseaux d’amis2. Le groupe est un lieu de socialisation (Processus par lequel l’enfant intériorise les divers éléments de la culture environnante (valeurs, normes, codes symboliques et règles de conduite) et s’intègre dans la vie sociale3.) selon Cannard (2015) car le jeune passe beaucoup de temps avec ces personnes. Ici c’est donc, bien le temps passé qui compte et non la relation en elle-même. « Donc, le groupe est socialisateur simplement parce qu’il permet à l’individu de devenir autonome. » (Cannard, 2015, p.272). Concernant le groupe, différentes caractéristiques sont mises en exergue par Cannard (2015). Il se définit donc sous plusieurs éléments, notamment en délimitant le « dedans » du « dehors », en ne notant aucune différence entre les membres du groupe. Le groupe est présent pour dissimuler l’angoisse du jeune par rapport à qui il est « Quand on ne sait pas qui on est, il est parfois plus facile, comme le dit Erikson (1968), de dissimuler cette incertitude quant à soi-même dans la certitude du groupe. » (Cannard, 2015, p.274).

En conclusion, le groupe selon Cannard (2015) prend une part importante dans la construction de l’identité et la socialisation des adolescents. Elle émet également que l’adolescent trouve dans le groupe, un idéal du Moi (idéal auquel on veut arriver) provisoire qui permet de restaurer son estime de soi tout en restant à distance des conflits émotionnels présents autour de lui. Ce groupe peut également devenir un lieu d’influence très important et de donc un lieu de déviance (caractère qui s’écarte de la norme4) si le jeune s’engage dans des groupes extrémistes. « Pour construire une identité qui lui est propre, l’adolescent va devoir sélectionner et rejeter certains éléments des différents modèles qui l’entourent, en particulier ses pairs qui vont avoir une grande importance à ses yeux. » (Cannard, 2015, p.294) cette citation permet donc d’observer dans ces groupes, un processus d’individualisation qui s’opère en s’affiliant à ces autres jeunes mais également en prenant une distance et une autonomie. On retrouve ici le processus d’autonomisation qui se passe dans la famille.

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Table des matières

Avant-propos
1.1 Motivations et liens avec le travail social
1.2 Question de départ et problématisation
1.3 Objectifs
2 Cadre conceptuel
2.1 L’adolescence
2.1.1 L’adolescent d’hier et d’aujourd’hui :
2.1.2 Définition
2.1.3 Les défis de l’adolescence
2.1.4 Adolescents placés en institution
2.2 Les rites
2.2.1 Introduction
2.2.2 La structure
2.2.3 Les fonctions du rite
2.2.4 Définition
2.2.5 Quels rites pour les adolescents ?
2.2.6 Les rites en foyer
2.3 Le quotidien
2.3.1 Introduction
2.3.2 Définition
2.3.3 La structure du quotidien
2.3.4 Le quotidien en internat
3. Hypothèses
3.1 Hypothèse 1
3. 2 Hypothèse 2
4. Démarche méthodologique
4.1 Terrain d’enquête : le foyer La Chaloupe
4.2 Population du foyer
4.3 La démarche :
4.3.1 L’observation
4.3.2 Ethique méthodologique
4.4 Situations observées
4.4.1 Le « colloque des jeunes »
4.4.2 Le processus d’admission d’un résident
5 Analyse des données
5.1 Le « colloque des jeunes » et le processus d’admission : des rites ?
5.2 Le « colloque des jeunes » : quelle fonction du rite ?
5.2.1 Le « colloque des jeunes » quel(s) rôles dans le quotidien institutionnel ?
5.3 Le processus d’admission d’un résident : quelle fonction du rite ?
5.3.1 Le processus d’admission d’un résident dans le quotidien institutionnel
6. Vérification des hypothèses
7. Conclusion
7.1 Réponse à la question de recherche
7.2 Limite du travail de recherche
7.3 Evaluations des objectifs de recherche
7.4 Pistes d’actions professionnelles
7.5 Nouveaux questionnements
7.6 Bilan personnel et professionnel
9. Bibliographie
10. Annexes
Annexe 1 : Grilles d’observation pour « le colloque des jeunes » et le processus d’admission d’un résident

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