Quelques généralités sur les feux de brousse

 Quelques généralités sur les feux de brousse

Les travaux en sciences humaines, portant sur l’utilisation actuelle du feu, ont essentiellement été réalisés par des agropastoralistes ou des géographes. Certains travaux, relativement récents, intègrent le feu comme un facteur à part entière, qui façonne les parcours des zor:.es guinéennes et soudaniennes et qui a permis, et permet encore, de les gérer. Parmi quelques ouvrages, celui de Boudet (1984), ceux de Boutrais (1980) et la thèse de Bruzon (1990) font largement état de la question du feu et ont permis un approfondissement du champ des connaissances sur les fonctions du feu dans l’agriculture ou dans l’élevage. Par contre les études ethnologiques sur les feux de brousse sont relativement rares. Ce champ est dominé essentiellement par quelques travaux de Stéphan Dugast (Dugast, 1999), qui a étudié les feux rituels chez les Bwaba du Burkina Faso. Hormis ces travaux, on peut trouver, de façon parcellaire, quelques passages traitant de la question du feu dans certains ouvrages consacrés plus généralement aux rites et aux coutumes des populations africaines, mais avec peu de références aux feux de brousse proprement dit. On y traite du feu sous l’angle de son héritage culturel et technique et ses objectifs, mais sans rapport directe avec la vie matérielle des communautés .

L’analyse des pratiques des feux met en jeu deux catégories de paramètres: ceux qui sont liés aux activités humaines (agricultures, élevages, chasses) et ceux qui relèvent de l’environnement {humidité des herbes du sol, intensité et direction du vent et humidité relative de l’atmosphère (Bruzon, 1994). Selon le même auteur, les sociétés s’accommodent de deux séries de contraintes physiques qui sont l’espace disponible et accessible (densité humaine, intégration des éleveurs au milieu agricole). En effet, l’hétérogénéité des pratiques dans l’espace et le temps est un élément à prendre en compte comme indicateurs des différentes logiques paysannes sur un même espace. On le pratique comme on le perçoit (Bruzon, 1994).

Feux de brousse selon les géographes

Les géographes ont l’habitude d’étudier les faits qu’ils peuvent observer sur le terrain et privilégient donc souvent les grandes et moyennes échelles lorsqu’ils travaillent sur des processus. L’espace des feux fait référence à l’expression espace géographique, qui s’apparente à une étendue terrestre utilisée et aménagée par les sociétés en vue de leur reproduction (Brunet, 1968). La principale difficulté pour délimiter un espace géographique consiste à choisir le critère qui le caractérise le mieux pour qu’il soit cohérent. Le choix du critère des feux de brousse s’avère intéressant pour deux raisons. La première raison est sa pertinence à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest car ils y sont généralisés. La deuxième raison réside dans leur:; propriétés car ils permettent de caractériser cet espace à la fois d’après des caractéristiques biophysiques et des caractéristiques socioculturelles et d’après leurs interactions. Traditionnellement, la géographie privilégie la moyenne échelle, c’est-à dire l’échelle régionale mais en réalité elle doit souvent faire appel aux autres ordres de grandeurs pour pouvoir interpréter ce cadre d’observation. Le phénomène des feux de brousse permet de montrer toutes les implications de l’échelle d’observation en matière d’analyse. (Dolidon, 2005) .

Dimension agro-écologique des feux de brousse

Dans les zones climatiques comportant une saison sèche et une saison pluvieuse, la végétation est souvent brulée par des feux de brousse pendant les périodes sèches avec des conséquences éCDnomiques et écologiques considérables. A cet effet, la conservation du capital écologique est une nécessité absolue surtout dans un pays comme le Burkina Faso où la dégradation du milieu a atteint des dimensions particulièrement inquiétante. Les feux de brousse causent des dégâts importants sur les ressources naturelles. Ainsi, ils peuvent entraîner la perte de la matière organique, l’épuisement des réserves d’humidité à travers l’évaporation intense, l’érosion et le lessivage du sol, conduisant ainsi à la baisse de la productivité des cultures et du pâturage. Selon (BVE, 2010 : 2), les feux détruisent également de manière sélective la faune et la flore, entraînant une baisse de la biodiversité. Les feux de brousse contribuent aussi grandement à la pollution de l’atmosphère à travers l’émission de gaz à effet de serre. Ainsi, 40 %,16 % et 43 % respectivement des émissions de C02, CH4 et CO sont attribuées aux feux de brousse (BVE, 2010 : 2). Ces gaz affectent les propriétés de l’atmosphère avec un impact direct sur le bilan radiatif de la surface terrestre et le réchauffement climatique.

Rôles et places des feux dans la société traditionnelle

Parmi tous les types de feu pratiqués par les populations africaines, il convient de distinguer deux catégories. La première catégorie concerne les feux aux finalités pratique et rationnelle: ils sont pratiqués par les chasseurs, les éleveurs et les agriculteurs dans le cadre de leurs activités de production. La seconde catégorie concerne les feux rituels et symboliques: ils révèlent des traditions culturelles ou un désaccord vis-à-vis de l’administration et n’ont pas de finalité productive à proprement parler.Ces derniers ont une très importante au sein de la communauté, à la fois spirituelle et politique. «La mise en œuvre de la grande battue, puis de la grande fête qui accompagne chaque mise en œuvre de ce rituel, le feu annuel est pour les Bwaba la grande festivité de l’an nouveau au cours de laquelle sont désamorcées nombre de tensions sociales, comme dans tous les grands rituels cathartiques» (Dugast, 1999: 8). Comme les feux coutumiers permettent d’assurer une certaine cohésion sociale, ils cons!ituent peut-être une manifestation identitaire, au même titre que d’autres règles sociales. Cependant, comme très peu de travaux ont été réalisés sur cette question, cette hypothèse est tout à fait spéculative (Dolidon, 2005). Les feux »symboliques » correspondent aux feux d’altercation. Ils ne sont probablement pas très fréquents mais il est difficile de se faire une idée précise, tant les recherches sont peu nombreuses dans ce domaine. Ces « manières fortes » constituent simplement une façon de protester mais sont aussi révélatrices de certaines divisions sociales (Dolidon, 2005).

En Afrique de l’Ouest, l’utilisation quotidienne du feu dans les activités agricoles et pastorales ainsi que dans les activités domestiques constituent les principaux facteurs d’éclosion des feux. Selon Aubréville (1949) cité par Dolidon (2005) le défrichement et les feux sont responsables du recul de la lisière de la forêt. Il définit en outre sa conception de la désertification, qu’il assimile au concept de savanisation. « L’emprise totale des savanes qui est l’œuvre persévérante de deux seuls fléaux, le défricheur et le feu, amènera des changements climatiques et édaphiques qui n’entraîneront pas en général la mort du pays et de ses habitants, mais qui, s’ils n’aboutissent pas au désert pur et simple, constitueront quand même partout une véritable étape de désertification et pour le moins un manque à gagner pour l’humanité» (Aubréville, 1949 In Dolidon, 2005: 9). Les savanes ne constituent pour que la résultante d’une détérioration de l’environnement originel par les feux et les défrichements, qui pourraient entraîner un processus de désertification.

Les sites sacrés naturels correspondent en général à des sites protégés par de multiples interdits, à l’instar des bois sacrés. Pourtant, certains sites sacrés sont périodiquement mis à feu et rangés par les Bwaba du Burkina Faso dans la même catégorie que les bois sacrés. « La vision que certaines populations africaines ont de leurs sites sacrés « naturels » ne semble pas laisser place à une telle présentation dichotomique, avec d’un côté les sites perpétuellement « protégés », de l’autre les sites périodiquement « détruits » » (Dugast, 1999 : 1). En réalité, les aires de feux comme les bois sacrés font l’objet de certains rituels, qui les rapprochent dans le symbolisme des Bwaba et qui permettent leur appropriation. Plusieurs indices montrent que ces deux types de sites sont considérés sur le même plan par les Bwaba. Par ailleurs, les bois sacrés ne sont pas plus naturels que les aires de feux. En opérant ce type de rituels, ils s’approprient en quelque sorte les forces continues dans des milieux aussi contractés que les forêts ou les aiœs de feux, caractérisées respectivement par un couvert arboré dense et par un tapis herbeux. La vision des européens des bois sacrés et des aires des feux est donc assez éloignée des conceptions des populations africaines qui pratiquent le feu. Ces dernières peuvent être ass(~z diverses mais elles ont un point commun: celui de toujours mêler du social et du symbolique contrairement aux européens qui ont une vision matérialiste. Au-delà d’une simple vision » économique », les feux doivent donc aussi être examinés sous un angle culturel, traduisant des conceptions de la nature très différentes.

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Table des matières

Introduction Générale
1. Contexte et Problématique
2. Objectif général
3. Hypothèses
4. Plan de l’étude
1. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Quelques généralités sur les feux de brousse
1.2. Feux de brousse selon les géographes
1.3. Dimension agro-écologique des feux de brousse
1.4. Rôles et places des feux dans la société traditionnelle
1.5. Feux comme outil de défriche
1.6. Feux comme outil de régénération et de lutte contre la zoonose
1.7. Feux comme outil de chasse
1.8. Apperçus de la société bwa
II. METERIELS ET METHODES
2.1. Présentation de la zone d’étude
2.2. Choix de la zone d’étude
2.3. Enquêtes terrains
2.4. Traitement et analyse des données
III. RESULTATS
3.1. Historique du peuplement des trois villages
3.1.1. Le village de TOUN
3.1.2. Le village de DORA
3.1.3. Le village de TIA
3.2. Les régimes des différents types de pratiques
3.3. Perception des feux de brousse par les populations
3.6. Les indicateurs socioculturels dans la zone d’étude
3.7. Pratiques d’adaptation aux feux de brousse
IV. Discussion
Conclusion générale
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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