Quelques éléments géographiques du Soudan occidental

L’Afrique est marquée pendant longtemps par un morcellement en petits Etats jalousement protégés par des frontières nées des caprices et intérêts des colonisateurs. Etudier son histoire, c’est comprendre justement sa géopolitique et sa civilisation à l’époque précoloniale. L’histoire africaine, racontée pendant longtemps par l’érudition étrangère, a fait l’objet d’une interprétation fallacieuse. Certains paradigmes de cette érudition occidentale notamment, ont symbolisé l’Afrique comme un espace de primitifs et de barbares. La position la plus radicale à cet égard est celle qui consiste à nier son histoire. Hegel déclarait que:« L’Afrique n’est pas une partie historique du monde. Elle n’a pas de mouvements, de développements à montrer, de mouvements historiques en elle. Ce que nous entendons précisément par l’Afrique est l’esprit a historique, l’esprit non développé, encore enveloppé dans des conditions de naturel.» Coupland écrivait: «jusqu’à D. Livingstone, on peut dire que l’Afrique proprement dite n’avait pas eu d’histoire. La majorité de ses habitants étaient restés, durant des temps immémoriaux, plongés dans la barbarie. Tel avait été semble-t-il, le décret de la nature. ils demeuraient stagnants sans avancer ni reculer. » .

A l’encontre de ces auteurs nous pensons que tout peuple à sa façon d’exercer le pouvoir, ses manières de vivre particulières et ses façons de s’habiller. Ce qui constitue sa civilisation. L’aspect politique démontre à partir de l’époque médiévale africaine, que ce continent a révélé une organisation politique bien structurée. Cette organisation politique apparaît clairement dans l’expression du pouvoir. Ce qui lui confère une originalité digne d’être citée dans l’histoire. En effet, le pouvoir politique s’exprimait au niveau des rites d’intronisation des souverains et des insignes représentant la puissance et la vitalité, incarnées par la classe dirigeante politique. De ce point de vue il intégrait dans les emp1res du Soudan, des aspects symboliques.

Les empires du Ghana, du Mali et du Songhay qui sous- tendent notre sujet, constituaient des systèmes politiques bien structurés. Cependant leur origine présente plusieurs conceptions dont leur particularité est qu’elles sont liées à des légendes. D’où un des éléments de notre problématique. De la légende du serpent Bida au Ghana, à celle du poisson terrorisant les population de Koukia ( Songhay) en passant par le miracle de Soundjata à la bataille de Kirina, la fondation des grands empires que connurent le Soudan est truffée de mysticisme et de merveilleux. En revanche ces aspects rapportés par la tradition orale sont tempérés dans notre réflexion par un apport des recherches qui se sont souciées d’une démarche scientifique. Ainsi la confrontation des thèses sur la question des origines, nous a permis d’avoir une vue large de cette question.

Par ailleurs il faut noter que notre réflexion tourne autour de ce que l’on peut appeler le Moyen Age Africain. C’est une période qui a fait l’objet de plusieurs interprétations. Il est vrai que la délimitation de cette phase de 1 ‘histoire en Afrique conduit à des divergences entre les chercheurs. En effet, si pour certains, l’époque médiévale africaine coïncide avec «L’ère des grands empires comme le Tékrur, le Ghana, le Mali, le Joolof ou le Songhay, tous relativement bien connus pour leur prospérité et leur puissance. . Pour d’autres, elle commence << aux débuts de l’ère chrétienne >> ou aussi « avec l’islamisation,. de l’Afrique Noire.

Bref, devant cette multitude d’interprétations, nous allons retenir la séquence historique allant du VIIIe jusqu’ au XVIe qui inaugura les grands empires Soudanais. Pendant cette période les africains ont édifiés des systèmes politiques bien structurés. Ces dernières assurèrent l’équilibre social et développèrent un commerce intense avec les populations du nord de l’Afrique (commerce transsaharien). La forme du pouvoir était marquée par la structure étatique de type monarchique. Le pouvoir était entre les mains d’une seule personne, un monarque (empereur ou roi selon). La succession se faisait par héritage, marquée dans certains cas par des conflits. Le symbolisme de ce pouvoir apparaissait à travers les rites et les insignes royaux. Chez les songhay le pouvoir des Askia était très attaché à la tradition du maintien des antiques emblèmes de la royauté. Le principal attribut du pouvoir royal s’exprimait par le « din toûri », signifiant « tison éteint». Il symbolisait le premier feu allumé dans le pays et son détenteur est considéré comme le maître du feu et de la terre. Les générations de rois se transmettaient cet emblème du pouvoir. D’où le nom de« maître du sol.)). Les rites du sacre des empereurs comportaient l’idée de la puissance du dépositaire du pouvoir à travers les apparats royaux. Le cheval, le trône, la coiffure, l’anneau sont autant d’insignes qui traduisaient la force de l’autorité impériale. Si nous prenons un exemple à savoir, le Ghana, l’un des plus vieux empire historique de l’Afrique Noire, l’empereur incarnait toute l’expression du pouvoir par ses insignes. Ses accoutrements étaient spécifiques et le différenciaient des gens du peuple n’ayant droit qu’à des ports de pagnes. Au Mali le« Pempi » ou • bembé ,. le siège d ‘ébène, l’arc du Mansa étaient des insignes forts du pouvoir aussi comme le faucon d’or qui surmontait son parasol impérial. Dans le registre de la collecte des informations concernant notre sujet, nous avons mis l’accent d’abord sur les sources arabes qui ont décrit certaines organisations politiques dans cette partie de l’Afrique. Cet espace, est appelé par les auteurs arabes, le Bilad Al Sudan (pays des noirs). Il est compris entre le Nil et l’atlantique au sud du sahara. Notre attention a été focalisée plus sur les écrits d’Ibn Hawkal, d’Al Umari, d’Ibn Batouta, d’Al Balai et de Léon l’Africain. Ces auteurs arabes nous donnent d’importantes informations sur ce Bilad Al Sudan. Signalons qu’aucun de ces derniers, à l’exception d’Ibn Batouta et de Léon l’Africain n’a été sur place. Pour les autres, les informations qu’ils nous donnent ont été des informations de seconde main tirées des caravaniers commerçants qui ont effectivement été dans le pays des noirs et des africains islamisés qui vont à la Mecque. Cependant l’intérêt de leurs œuvres résident dans le fait qu’ils ont été les  premiers à décrire la géographie, les ethnies et l’histoire du Bilad Al Sudan. De ce point de vue même s’ils n’ont pas été des témoins oculaires, leurs contributions représentent des sources importantes. Ils deviennent indispensables à toute étude qui s’inté resse à l’époque médiévale africaine dans sa partie Soudanaise.

Présentation générale de l’Espace Soudanais

Quelques éléments géographiques du Soudan occidental 

L’Afrique de l’Ouest représente un vaste territoire. Elle est limitée de l’Ouest et au Sud par l’Océan Atlantique, au Nord par le désert du Sahara, à l’Est et au Sud Est respectivement par les Etats du Tchad et du Cameroun. Elle est composée de plusieurs unités naturelles (Le Sahara, Le Sahel, Le Soudan et les régions forestières). Dans le souci de bien circonscrire notre sujet, nous avons focalisé notre réflexion sur la région soudanaise, précisément le Soudan occidental .Cette région a été le théâtre de systèmes politiques bien structurés. Il en est ainsi des empires du Ghana, du Mali et du Songhay. Ces grands empires soudanais constituent les exemples qui sous tendent notre réflexion. Avec les lignes qui suivent nous allons essayer de faire une brève présentation de cet espace avec deux principaux aspects: les aspects naturels et les aspects humains.

Aspects naturels

Dans cette partie nous essayerons de présenter de façon synthétique et très brève la géographie physique. Celle-ci décrit les éléments naturels de l’espace Soudanais principalement le relief, le climat et l’hydrologie. Notons que la clémence du milieu naturel de cette partie de l’Afrique de l’Ouest a favorisé l’émergence des empires. L’immensité de l’espace et l’abondance de cette ressource précieuse qu’est l’or, ont été des éléments fondamentaux dans la consolidation des systèmes politiques de l’époque considérée. Le relief est dominé par des plateaux in clinés vers des cuvettes. La structure de ces plateaux présente un socle de roches cristallines. Les cuvettes sont localisées d’Ouest en Est par le bassin sénégambien. Les montagnes sont isolées. Nous avons au sud ouest de la Guinée, le Fouta Djallon et au sud ouest vers la Côte d’Ivoire il y a le mont Nimba entre le Nigeria et le Cameroun. Il y a aussi le massif l’Adamao et le mont Bang. En Afrique de l’Ouest les montagnes sont souvent le point de départ de plusieurs cours d’eau. Par exemple, la source du fleuve Sénégal et du fleuve Niger se trouve dans les montagnes du Fouta Djallon.

Le climat a la particularité d’être chaud presque partout. Mais sur le plan pluviométrique on distingue deux grandes parties :
✓ Une zone humide qui se trouve au nord du lOe parallèle dans les régions du Golf de Guinée. Les régions peuvent recevoir 1200 à 1800 mm 1 an pendant la saison des pluies qui dure près de 9 mois. Il s’agit du domaine de la forêt.
✓ Dans la zone sèche les quantités de pluie diminuent progressivement vers le nord. La durée des pluies pendant la saison sèche varie de 3 à 6 mois. Les quantités de pluies reçues vont de 300 à 900 mm 1 an. C’est le domaine de la steppe.

Aspects humains

Il s’agit dans ce registre de faire un bref résumé de ce qu’on peut appeler la géographie humaine qui étudie l’homme et ses activités (au sein du milieu naturel précédemment décrit par la géographie physique). Dans ce sens nous allons nous appesantir beaucoup sur l’aspect économique qui nous semble révélateur dans le Soudan occidental au Moyen Age. Avant l’expansion musulmane, les économies ouest africaines connaissaient un essor considérable. Avec la croissance de la demande en or du monde musulman vers les VIlle et XVIe siècle, on nota une impulsion de ce qu’on appelle le commerce transsaharien. Le rôle des routes caravanières au Sahara fut toujours important dans l’histoire des empires du Soudan.

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Table des matières

Introduction générale
Première partie : Présentation générale de l’Espace Soudanais
Chapitre 1 : Quelques éléments géographiques du Soudan occidental
A  Aspects naturels
B Aspects humains
Chapitre II : Importance du commerce transsaharien dans la consolidation de la puissance des empires Soudanais ( Vllle au XVIe siècles)
A Ghana
B Mali
C Songhay
Deuxième partie: Cadre politique
Chapitre 1 : Les systèmes politiques Soudanais (Vllle au XVIe siècles)
A Le Ghana
1. Origine
2.0rganisation politique
B Le Mali
2.0rganisation politique
C Le Songhay
1. Origine
2. Organisation politique
Chapitre II : L’analyse du concept de pouvoir en Afrique Soudanaise du Ville au XV’Ie siècles
A Le concept de pouvoir
a) La notion de monarchie
B Le pôle central du pouvoir
1. L’empereur
1.1. L’empereur du Ghana
1.2. L’empereur du Mali
1.3. L’empereur du Songhay
C Les pôles secondaires du pouvoir
l.1 Les collaborateurs de l’empereur du Ghana
1.2 Les collaborateurs de l’empereur du Mali
1.3 Les collaborateurs de l’empereur du Songhay
D Les modes de succession au pouvoir
1. Les successions pacifiques
2. Les successions conflictuelles
Troisième partie: Représentation symbolique des insignes du pouvoir dans les empires Soudanais VIlle au XVIe siècles
Chapitre 1 : Les insignes à travers les objets
A Les objets symbolisant la grandeur et la magnificence de l’empereur
1. Le siége royal
2. Le palais
3. Les habits royaux
4. Les coiffures et les parures
5. Le din touri
Conclusion générale

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