Quelle place pour l’espace dans l’analyse des mobilites ?

Les distances 

La distance est une notion essentielle de la géographie, surtout dans l’étude des mobilités. Ce terme, qui désigne l’intervalle observé entre deux points, sous-tend une relation entre les lieux…

Distances mathématiques

Considérons un ensemble quelconque de lieux ; une fonction réelle définit sur L est une fonction distance, si et seulement si elle satisfait les quatre conditions suivantes (quelque soit A, B, C appartenant à L) :
● non négativité (d(A,B) ≥ 0)
● identité (d(A,B) = 0 ≡ A = B)
● symétrie (d(A,B) = d(B,A))
● inégalité triangulaire (d(A,B) < d(A,C) + d(C,B))

Une distance est décrite dans une métrique donnée. Parmi les distances les plus fréquemment employées en géographie, on peut citer :
● La distance euclidienne, définit dans un espace euclidien donc isotrope, à courbure constante et nulle en tous points (la norme p = 2). Dans un espace de Minkowski avec sphère unitaire convexe et symétrique : la distance de Manhattan (rectilinéaire ; p = 1), la distance dominante, et la distance circumradiale.
● La distance quadratique ou du χ2 , qui mesure l’espace entre un point observé et un point attendu, par application du théorème de Pythagore, les valeurs étant prises sur les deux axes orthogonaux ; elle est utilisée pour la mesure de la variance et de l’écart-type d’une distribution.
● La distance angulaire : angle des directions des deux points observés.

Sa valeur ne change donc pas dans le temps. La distance mathématique est objective mais le sens qu’on lui donne peut varier ; et bien qu’elle soit un facteur explicatif fort, elle ne reste qu’une caractéristique structurelle d’une situation qui peut influencer les processus mais qui n’est pas un processus par elle-même. Il faut donc interpréter constamment le sens qu’on lui donne sachant que ces interprétations peuvent être multiples. En effet, la distance mathématique va être pondérée par ce que l’on appelle la distance générale.

Distance générale

La distance géographique se mesure de plusieurs façons :
● La distance linéaire (ou « à vol d’oiseau ») correspond à la longueur du segment de droite reliant le point origine et le point destination.
● La distance réelle : c’est la distance réellement parcourue en empruntant les différentes voies de communication…
● La distance-temps : en « durée horaire », elle varie selon le moyen de locomotion et la nature du réseau viaire ; elle dépend aussi des contraintes de vitesse.
● La distance-coût : en euro, c’est le coût réel ou apparent du transport. Selon les types de déplacements, le coût ou le temps est privilégié…
● Les distances cognitives (ou mentales ou perçues) : dans un espace de Riemann, courbe et dans lequel la sphère de référence est un ellipsoïde variable, ce sont des représentations psychologiques, individuelles ou collectives. « La distance est alors révélée par les comportements plutôt qu’établie à priori, selon une échelle identique pour tous les individus » .
● La distance sociale, empruntée aux sociologues, met en avant les difficultés de contact entre des groupes sociologiquement, culturellement ou ethniquement différents. Ces difficultés peuvent finir par étirer les distances…

Aussi, d’après le Certu, les distances linéaires et les distances réelles permettent-elles de réaliser des analyses différentes et complémentaires. Par exemple, l’étude de la compétitivité en temps de déplacement des différents modes se fera à partir des distances à vol d’oiseau [« combien de temps faut-il pour se rendre d’un point A à un point B distants de X kilomètres (à vol d’oiseau) à pied, à vélo, en voiture, en transport en commun… »]. Par contre, les analyses portant sur les coûts, les consommations énergétiques ou les émissions de polluants sont menées à partir des distances réellement parcourues.

En ce qui concerne la distance topologique, « [elle] est mesurée sur un réseau ramené au dessin abstrait d’un graphe par le nombre d’arêtes nécessaires pour passer d’un sommet à un autre » . Elle est utilisée pour trouver le plus court chemin, ou pour chercher une localisation optimale pour des équipements de service…

Distance et espace

De nombreux calculs sont fait sur l’accessibilité des lieux dans certaines conditions (aller et retour dans la journée par exemple). Le géographe examine aussi des distances maximales acceptables, ou acceptées :
● pour les migrations quotidiennes du travail
● pour les déplacements d’achat, qui sont en partie fonction de la rareté et du coût du service attendu
● pour la dispersion des habitants, qui est liée à la forme d’organisation sociale, à la nature des activités…

De plus, « dans les études de mobilité […] la proximité se mesure moins en terme de distance physique que par les possibilités de contact, d’information ou de familiarité avec les lieux. On peut ainsi utiliser les différentes mesures de la distance pour définir et mesurer l’accessibilité d’un lieu, comme la somme des distances qui le séparent de tous les autres, pondérées par le coût, le temps ou la difficulté de franchissement de chacune » .

Déplacement et mobilité 

Les déplacements sont inhérents à l’homme, aux sociétés humaines, et plus largement à toute forme de vie animale sur Terre. Ce besoin de se mouvoir se traduit de diverses manières dans l’espace : circulation, échanges de biens, de personnes, d’informations…

Aussi pouvons-nous distinguer trois types de déplacements [V. Kaufmann, 2008] :
● les déplacements forcés
● les déplacements de service
● les déplacements de loisir.

En ce qui concerne la mobilité, c’est « le nombre de déplacements réaliser par un individu au cours d’une journée » [LET , 2000]. Se déplacer dans l’espace est donc l’une des propriétés de la mobilité.

Les déplacements

Au sens strictement mathématique, tout mouvement d’un corps, quel qu’il soit, s’apparente à un déplacement. Toujours en mathématique, le déplacement est une grandeur vectorielle résultant de la différence entre le vecteur position au temps initial et le vecteur position au temps final. Il est indépendant de la trajectoire. A l’inverse, le mouvement est corrélé à la trajectoire qui est rectiligne. Il apparaît donc que le déplacement est une résultante d’un mouvement réalisé : je me suis mu, donc je me suis déplacé. Mais le fait de quitter une pièce pour se rendre dans la pièce d’à côté peut-il être considéré de la même façon que quitter son pays natal pour aller s’installer sur un autre continent ? Il n’existe pas ou peu de termes cadrant précisément les différentes échelles de la mobilité. Le plus connu et le plus caractéristique est celui de migration. Définit comme le fait de partir d’un endroit dans le but de s’installer à un autre constitue l’une des plus petite échelle de la mobilité. Cependant, le terme est aussi employé à des échelles plus grandes, pour les déplacements domicile -travail par exemple, appelés « migrations pendulaires»…

Dans le cadre de l’étude des mobilités, on parlera de déplacement pour tous les mouvements quotidiens qui nécessitent l’utilisation des infrastructures publiques.

La mobilité en géographie

La mobilité fait référence à une idée de mouvement, de déplacement (physique ou non). Plusieurs notions géographiques semblent donc étroitement liées au concept de mobilité.

Définition

Le mot mouvement, qui se trouve être dans la racine étymologique du terme, occupe effectivement une place importante dans la définition de la mobilité. R. Brunet la définit comme une « forme du mouvement qui s’exprime par le changement de position (spatiale ou sociale) ». On parle bien de l’expression d’un mouvement dans l’espace mais aussi d’une mobilité sociale des individus. La première fait appel aux déplacements (la mobilité peut être observée à des échelles et des degrés différents; cf. § 2.1 Les déplacements), alors que la seconde fait référence à une mobilité non physique…

Les acteurs de la mobilité étant les individus mais aussi les objets (qu’ils soient physiques ou non), on peut distinguer trois types d’espaces :
● l’espace physique où circulent les personnes et les biens matériels
● l’espace virtuel où circulent les flux d’informations (réseaux téléphoniques, internet…)
● l’espace social dans lequel l’individu voit son statut évoluer.

D’autre part, la mobilité est très dépendante de l’aptitude qu’ont les personnes (et les biens) à se déplacer : alors que nous parlons des acteurs, le contexte socio-spatial n’est pas à négliger car les mobilités sont au cœur de la société.

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Table des matières

Introduction
PREMIERE PARTIE QUELLE PLACE POUR L’ESPACE DANS L’ANALYSE DES MOBILITES ?
Chapitre 1 Les distances
1.1 Distances mathématiques
1.2 Distance générale
1.3 Distance et espace
Chapitre 2 Déplacement et mobilité
2.1 Les déplacements
2.2 La mobilité en géographie
2.2.1 Définition
2.2.2 Les évolutions du concept
Chapitre 3 Le concept d’« espace vécu »
3.1 La genèse du concept
3.2 L’« espace vécu »
3.2.1 Le concept
3.2.2 Les variations personnelles de l’espace vécu
3.2.3 Classification des espaces
3.2.4 La région en tant qu’espace vécu
3.3 Les évolutions de ce concept
Chapitre 4 Perceptions et représentations
4.1 La perception spatiale
4.2 Les représentations spatiales
4.2.1 Origines
4.2.2 Le concept
4.2.2.1 Les théories de la représentation
4.2.2.2 Objets et méthodes
Conclusion
DEUXIEME PARTIE ÉTUDIER LES TRANSPORTS, OU PREVOIR LE TRAFIC ?
Chapitre 1 Panorama des méthodes d’enquêtes existantes
1.1 Principales données disponibles en France
1.1.1 Les enquêtes du CERTU : centre d’Etudes sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques
1.1.1.1 L’enquête ménage déplacement « standard CERTU »
1.1.1.1.1 Objectif
1.1.1.1.2 Population cible
1.1.1.1.3 Méthode d’échantillonnage
1.1.1.1.4 Questionnaire
1.1.1.2 L’Enquête Déplacement Ville Moyenne CERTU
1.1.1.2.1 Méthode d’échantillonnage
1.1.1.2.2 Modes d’enquête
1.1.1.3 Les Enquêtes Ménages Déplacements sur de grands territoires (Nantes, Grenoble et Toulouse)
1.1.2 Les Enquêtes Cordon et bord de route
1.1.2.1 Objectif
1.1.2.2 Questionnaire
1.1.3 Les comptages routiers
1.1.4 Bases de données transports collectifs
1.1.5 Les enquêtes de l’INSEE
1.1.5.1 L’Enquête Nationale Transports INSEE/INRETS
1.1.5.1.1 Modes d’enquête
1.1.5.1.2 Organisation
1.1.5.2 Les Recensements de l’INSEE
1.2 A l’étranger
1.2.1 En Belgique
1.2.1.1 Mode d’enquête MOBEL
1.2.1.2 Enquête régionale wallonne
1.2.2 Au Canada : l’enquête déplacements sur la Grande Région de Montréal
1.2.2.1 Mode d’enquête
1.2.2.2 Organisation
1.2.3 Autres exemples d’enquêtes déplacements à l’étranger
Chapitre 2 Problèmes et limites des enquêtes actuelles
2.1 Généralités sur les différents modes de recueils de données
2.2 Critique sur le fond
Synthèse
TROISIEME PARTIE PROPOSITIONS METHODOLOGIQUES POUR DE NOUVEAUX BESOINS
Chapitre 1 Pistes de réflexion
1.1 Révision du modèle logistique
1.2 Nouvelle approche, nouvelles notions
1.3 Approche critique
Chapitre 2 Mise en application
2.1 Objet d’analyse
2.1.1 Choix de la population
2.1.2 Choix de l’aire d’étude
2.2 Modes d’enquête
2.2.1 Mise en œuvre
2.2.2 Le questionnaire
2.2.2.1 Présentation
2.2.2.2 Structure du questionnaire
Partie 1 – Caractéristiques de la mobilité et possibilité de déplacement
Partie 2 – Fiche transport
Partie 3 – Fiche individu
2.3 Traitement et analyse des données
2.3.1 Codage des données recueillies
2.3.2 Base de données
Conclusion
Conclusion générale

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