Quelle évolution historique de l’élève dans le temps ?

Quelle évolution historique de l’élève dans le temps ?

Avant de s’intéresser aux pratiques à mettre en œuvre dans la classe, je m’intéresse aux éléments qui construisent le devenir élève. Une approche historique sur la formation de l’élève nous permettra ensuite d’analyser les attendus des programmes actuels puis de définir la notion d’élève du point de vue de Meirieu. Alors qu’il n’existait jusqu’à la fin du XIXème siècle, que des maisons d’asiles pour enfants, c’est en 1881 que la loi Jules Ferry définit l’école « maternelle » publique comme une institution à part entière, laïque, gratuite et non obligatoire. C’est à Pauline Kergomard que l’on doit, en France, les premiers apports sur les besoins spécifiques du jeune enfant. Elle préconise le respect de l’enfant et le jeu comme forme naturelle de l’apprentissage. En 1887, les institutrices sont formées en Écoles Normales spécifiques à l’école maternelle. L’enfant est capable d’apprendre et il faut nourrir sa curiosité. A l’époque, devenir élève n’est pas la priorité de l’école maternelle. Il s’agit de prendre en compte les capacités des enfants pour les ouvrir au monde qui les entoure. Au début du XXème siècle, le développement des sens, du corps et de l’hygiène est privilégié sans toutefois intégrer les apprentissages que l’on connaît aujourd’hui. C’est seulement en 1977, qu’une circulaire indique que la pédagogie doit être centrée sur l’enfant, « acteur de ses apprentissages ». Le rôle éducatif de l’école maternelle commence à se dessiner. En 1985, les programmes scolaires précisent que toutes les potentialités de l’enfant doivent être prises en compte afin de lui permettre de réussir à l’école et dans la vie. L’année suivante, les apprentissages se précisent dans quatre domaines d’activités (éducation physique, expression orale et écrite, expression artistique et sciences). Trois objectifs sont clairement identifiés : scolariser, socialiser et faire apprendre. On se rapproche de l’idéologie de la maternelle d’aujourd’hui où l’enfant vient à l’école pour apprendre tout en prenant en compte ceux qui l’entourent, enfants et adultes. En 1989, la loi d’orientation met l’enfant au centre du système éducatif, alors sectionné en plusieurs cycles d’apprentissages. En 1995, des programmes spécifiques font de la maternelle la base du système scolaire, complémentaire à l’éducation familiale. L’objectif est clairement de préparer à l’école élémentaire. Cela implique de conditionner l’enfant de maternelle à la posture d’élève attendue en école élémentaire. Les programmes de 2002 illustrent bien cette volonté en créant deux axes forts : la maîtrise du langage et l’éducation civique. Le « Vivre ensemble » apparaît comme premier objectif dans les programmes scolaires. Les programmes de 2008, bien que fortement réduis en termes de contenus, établissent le « Devenir élève ». Du vivre ensemble au devenir élève, s’allient des compétences communes : construire sa personnalité au sein de la communauté scolaire, comprendre et s’approprier les règles du groupe, échanger et communiquer dans des situations variées. L’apport du devenir élève permet d’associer le vivre ensemble à la notion de savoir. L’élève devient autonome, sait dire ce qu’il apprend. Alors que la définition de l’élève se précise progressivement dans les programmes, que prévoit le dernier Bulletin Officiel de 2015 sur le devenir élève ?

Quelle place pour l’élève dans les instructions officielles ? 

Les nouveaux programmes de 2015 combinent les deux préceptes de vivre ensemble et de devenir élève, décryptés précédemment. La section concernée s’intitule « Une école où les enfants vont apprendre ensemble et vivre ensemble ». Ces programmes s’inscrivent dans un cadre national particulier où le vivre ensemble réapparaît comme une priorité de l’École de la République. L’école fonde les bases de la citoyenneté en faisant respecter les règles et la laïcité. Elle s’inscrit parfaitement dans une pluralité de cultures parmi lesquelles les enfants vont évoluer. A l’école maternelle, « l’enfant est appelé à devenir élève ». On comprend qu’une progression sur tout le cycle 1 est à envisager par les équipes pédagogiques pour atteindre au mieux cet objectif. Les attendus en termes de devenir élève sont explicités de la sorte : repérer les rôles des adultes, s’approprier la fonction des différents espaces et respecter les règles de vie. Dès l’école maternelle, les enfants participent au débat collectif pour construire leur pensée sur des sujets de société tels que l’égalité entre les filles et les garçons. Ainsi, l’école assure les principes de la vie en société. Deux objectifs sont cités : connaître les fonctions de l’école et se construire comme personne singulière au sein d’un groupe. Notons que le terme «élève » n’apparaît que neuf fois dans le programme contre plus de deux-cents fois pour le terme « enfant ». L’enfant est donc au cœur des programmes, l’élève, lui, se construit au long de sa formation. L’élève ne doit pas se réduire à sa fonction d’écolier sous peine de mettre à distance l’enfant qui le caractérise, omniprésent. Cette réflexion de terminologie a son importance quand on sait que les jeunes enseignants doivent employer le mot « élève » dans leurs présentations orales et écrites (lors du CRPE par exemple). La connivence entre ces deux termes est donc relative, prendre en compte l’élève de petite section c’est considérer l’enfant qui va progressivement construire cette posture. Pour cela, il faut se détacher du contenu purement didactique et pédagogique dans les préparations pour y intégrer certains autres critères comme l’attitude d’élève attendue dans une situation d’apprentissage. En effet, être élève c’est aussi savoir répondre aux attendus de l’école, de la société. C’est le processus de socialisation primaire, à savoir, la transmission des valeurs et des normes dans le but d’intégrer l’individu à la société et à son environnement social.

Le socle commun de connaissances, de compétences et de culture consacre tout un domaine à la « Formation de la personne et du citoyen ». Bien qu’il concerne les élèves à partir du CP, l’école maternelle se doit de suivre les différents axes du socle pour préparer au mieux les élèves à la vie en société. Apprendre la vie en société, respecter les choix d’autrui et se former moralement et civiquement participe à la construction du futur citoyen et ce, dès la maternelle. Au cycle 1, cet apprentissage s’effectue à travers le respect des règles de vie, l’adaptation de soi dans un groupe hétérogène et l’initiation aux débats collectifs. L’école assure ainsi l’acquisition des principes de la vie en société. Mais entre l’élève et le futur citoyen, l’école renonce-t elle bien au formatage et à la normalisation des enfants ? Philippe Meirieu nous livre sa vision de l’élève pour y répondre.

Vers une définition de l’élève : l’élève-sujet

Philippe Meirieu définit l’élève comme élève-sujet . Selon lui, l’élève doit être capable de vivre dans le monde qui l’entoure sans pour autant en être le centre. Il prend sa place dans le groupe et accepte de s’intégrer dans un collectif solidaire. Il prend conscience que chacun peut s’impliquer dans ce groupe et prendre part à un projet commun. L’élève sait estimer les conséquences de ces choix sur lui, les autres et la société. Il prend plaisir à apprendre et comprendre les phénomènes qui l’entourent en distinguant ce qu’il fait de ce qu’il apprend. Être élève c’est aussi accepter l’avis de l’autre envers soi et adopter un comportement réflexif.

C’est être capable de s’investir pleinement dans la tâche proposée en intériorisant les exigences qui lui sont demandées. L’élève doit savoir distinguer le savoir et le croire. Il transfert ses pulsions grâce aux expressions artistiques, physiques ou scientifiques. Cependant, les enfants subissent la pression du monde de consommation dans lequel ils vivent. Être à l’école pour avoir un métier, accomplir ses études, gagner sa vie pour consommer, autant d’inquiétudes qui forgent une tension constante pour « réussir ». Or, Meirieu précise bien dans son article qu’ « il faut s’opposer de toutes ses forces à la réduction de l’individu à ses pulsions archaïques instrumentalisées par la machinerie marchande ».

Être élève ne relève pas seulement de la faculté à recevoir un enseignement, l’ambitieuse définition que nous dépeint Meirieu est bien plus complète. C’est à l’école de guider l’élève afin qu’il s’approprie chacune de ses capacités qui forgeront à terme le citoyen de demain. C’est bien cela que l’on doit retenir en tant qu’enseignant, apprendre aux élèves à devenir élèves c’est leur faire prendre conscience qu’ils sont un dans un ensemble et que chacun d’eux enrichie ses connaissances grâce à des compétences qui leur sont propres. Les enseignants aident les enfants à s’élever et à grandir. Alors comment résiste -t-elle à l’infantilisation des élèves ? Intéressons-nous à la section des petits pour comprendre dans quel contexte ils se construisent en tant que personnes.

La petite section, un cas d’école

Gestion de classe

La première scolarisation en école maternelle implique de nombreux changements pour les enfants. La gestion de classe des petits reflète les particularités de ce niveau. Nous verrons qu’ils sont confrontés aux normes de l’école très rapidement et que l’implicite généré accentue les inégalités entre les élèves notamment dans le domaine du langage. Former les enfants à devenir élèves s’intègre lors des apprentissages mais plus généralement dans la gestion de la classe. Pour cela, l’enseignant doit installer un climat de confiance entre lui et ses élèves mais aussi entre les pairs. Si les élèves se sentent à l’aise dans leur classe, leur comportement sera adapté à celui de l’école et propice aux apprentissages.

Germain Duclos, psychoéducateur Québécois, s’est intéressé au développement de l’enfant et à l’estime de soi. Dans son ouvrage, l’enfant de trois ans éprouve des besoins particuliers. Il imite l’autre car il se sent rassuré de savoir comment réagir à une situation. L’imagination des petits demande sans cesse à être alimenter. Les jeux symboliques sont sources d’exploration des rôles de chacun, ils sont très sollicités par les enfants. L’enfant de trois et quatre ans est en quête de réponses à ses questions. Il intériorise progressivement les règles sociales. Son besoin de socialiser se traduit par l’affection qu’il éprouve envers les adultes plus ou moins proches de lui et par la création d’amitiés suscitant la socialisation des enfants. Passer du statut d’enfant unique qui a toute l’attention demandée par ses deux parents au partage d’un adulte avec 27 autres enfants relève d’un réel défi pour un élève de petite section. Fortement égocentré, il va apprendre dans son nouvel environnement à vivre avec les autres, à partager. L’école maternelle est une école bienveillante qui veille à l’épanouissement des enfants dans leur nouvel espace de vie. Les enfants doivent s’adapter à un nouveau rythme alternant le temps scolaire et périscolaire. La relation affective entre l’enfant et l’enseignant ou les autres adultes de l’école est très présente et importante pour le jeune enfant. Sa vision de l’école s’établit dès sa première année de scolarisation. Le regard porté sur chacun a un impact immédiat sur l’attitude des élèves. Il faut prêter une attention égale pour tous, ne pas se focaliser sur les élèves difficiles qui demandent plus d’attention et à être rassurés. Si l’école, au contraire, les rejette en les excluant systématiquement de la classe ou du groupe par exemple, la confiance est rompue, l’élève se dit qu’il n’est pas fait pour l’école. Or notre objectif c’est la réussite de tous en prenant en compte les différences de chacun. Chaque jeune enfant a besoin d’être entouré avec précaution et bientraitance. Gérer une classe de petite section est donc une tâche complexe qui consiste à créer un climat favorable à l’apprentissage.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. De l’enfant à l’élève : apprendre à apprendre avec les autres
I.1. L’élève, un statut particulier
I.1.1. Quelle évolution historique de l’élève dans le temps ?
I.1.2. Quelle place pour l’élève dans les instructions officielles ?
I.1.3. Vers une définition de l’élève : l’élève-sujet
I.2. La petite section, un cas d’école
I.2.1. Gestion de classe
I.2.2. De l’implicite dès l’entrée à l’école
I.2.3. Le lien avec l’acquisition du langage
I.3. Éviter les malentendus, quelles solutions ?
I.3.1. L’étayage : l’enseignant, médiateur des apprentissages
I.3.2. Vers un enseignement explicite
I.3.3. L’estime de soi, une variable indispensable
I.4. Les domaines du devenir élève
I.4.1. Vivre ensemble
I.4.2. Devenir autonome
I.4.3. Apprendre à apprendre
II. Former les élèves de petite section : expérimentation en classe
II.1. Enquête empirique
II.1.1. Présentation du terrain
II.1.2. Choix de la méthode
II.1.3. Formulations des hypothèses
II.2. Exemples des dispositifs mis en place pour apprendre à devenir élève
II.2.1. Les règles de vie
II.2.2. Le tutorat
II.2.3. Les responsabilités
II.2.4. L’estimomètre et autoévaluation
II.2.5 Un exemple de séquence « explicite »
II.3. Retour sur les hypothèses de départ
II.3.1. Règles de vie
II.3.2. Le tutorat
II.3.3. Les responsabilités
II.3.4. L’estimomètre et autoévaluation
II.3.5. Un exemple de séquence « explicite »
II.4. Perspective
CONCLUSION
ANNEXES

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