Que serait la vie quotidienne dans un monde de basses technologie ?

La démesure de notre monde et l’importance de la technologie

Qu’est-ce que la démesure ?

Depuis toujours, nous évoluons dans une société où les monuments historiques et les grands bâtiments prennent une place importante.
Ils sont essentiels à voir ou à visiter quand nous entrons dans un site ou pays encore inconnu. Les sept merveilles du monde par exemple, rendent un hommage à la perfection formelle de l’architecture. Mais ces puissants bâtiments qui représentent certes, une prouesse technique remarquable, sont aussi un symbole qui hiérarchise les bâtiments. Ils sont qualifiés de puissance émotionnelle et poétique et on y porte une certaine admiration. Ils laissent une trace durable dans le territoire en osant la démesure et on voudrait, aujourd’hui, dans notre société toujours grandissante, comprendre pourquoi il était nécessaire de démontrer une telle puissance à travers l’architecture.
Si nous remontons dans l’histoire ancienne, à n’importe quels endroits dans le monde et à toutes époques, la puissance des empires et des royaumes se démontrait par cette expression d’architectures et de grandes réalisations. On pourra souvent les qualifier d’immenses et même, de démesurées. Mais si nous aimons les visiter, quand on y réfléchit, le désir d’expression de puissance de ces empires est démentiel.
Cette puissance était, ou est toujours, une symbolique pour montrer aux voisins, sa supériorité. Dans notre société occidentale, avec les églises et les cathédrales, il s’agissait de montrer la puissance de la religion dans la ville et de réaliser une performance technique, en s’élevant toujours plus haut, tout en se rapprochant de Dieu. Dans notre société plus moderne, on pourra retrouver la volonté de toucher le ciel avec les « gratte-ciel » si bien nommés et la CN Tower à Toronto au Canada, par exemple.
Les hommes, poussés par leur vanité, développent une imagination phénoménale et réalisent des prouesses techniques pour démontrer, grâce à leurs constructions monumentales, leur puissance et leur domination sur autrui, parfois excessive ou même cruelle. Les jeunes générations sont également désireuses d’une architecture remarquable qui impressionne. Elles sont dans un modèle de puissance et de représentation qui fait monter la compétition et elles trouvent dans la démesure, un tremplin à leur imagination et à leurs nouvelles créations.
Parfois, certains architectes cherchent dans leurs créations, à laisser une empreinte visible et personnelle, ce qui augmente encore un peu plus le panel des bâtiments construits pour l’image plutôt que pour leur fonction.
Ensuite, vient la période des 30 Glorieuses que l’on connait tous. Ces trente années de forte croissance économique, d’industrialisation de masse et de relogement de la population après les dégâts de la guerre, ont permis une amélioration des conditions de vie dans la plupart des pays développés. Cette période a été une révolution porteuse de changements économiques et sociaux majeurs. Cependant, au niveau de l’architecture et de l’urbanisation, ces constructions en masse n’ont pas intégré le développement durable dans leur plan d’extension des villes.
La consommation et même la surconsommation ont entrainé, dans les années qui ont suivi cette période, des excès démesurés. Jusqu’à aujourd’hui, nous vivons dans une société où nous plaçons notre habitat comme objet primordial, exigeant qu’il soit accueillant, confortable mais aussi luxueux et souvent au-delà de nos besoins. Nous nous habituons à de grandes surfaces, à de la haute technologie dans tous les coins de notre logement… sans forcément penser aux conséquences sur
l’environnement. Ne faudrait-il pas maintenant repenser intelligemment nos volumes, nos technologies et nos architectures pour répondre aux enjeux de développement durable auxquels nous sommes obligés de faire face aujourd’hui ?
Nous mesurons tout aujourd’hui, des volumes de transactions à la bourse, aux taux de cholestérol, de la densité de l’air en particules fines au moral des ménages. Mais plus nos sociétés se livrent à cette frénésie de mesures, moins elles se révèlent aptes à respecter la mesure, au sens de juste mesure. Comme si les mesures n’étaient pas là pour nous aider à garder la mesure mais, au contraire, pour propager la folie des grandeurs.
La richesse matérielle a toujours fait l’objet d’une fascination extrême et par là même, d’une recherche à l’exhiber. Molière, dans L’Avare, montrait déjà à travers le personnage d’Harpagon une passion pour l’or, l’abondance, les jardins luxuriants… Aujourd’hui, le rapport à la richesse devient ambigu puisqu’une partie de la population devient critique vis-à-vis des richesses excessives. Ces inégalités développent une fascination pour la consommation qui est devenue universelle puisque l’idéal égalitaire et le goût de la réussite se sont démocratisés. Chacun aspire à vivre mieux, à consommer davantage. La quête de la richesse est devenue légitime pour tous.
Etant donné le monde dans lequel on vit, on peut se demander si un monde sans démesure est envisageable. Cependant, un monde démesuré serait-il encore un monde ? En effet, il est bien de reconnaître que la démesure affecte aussi bien les hommes dans ce qu’ils sont, dans ce qu’ils font, dans ce qu’ils pensent, que le lieu qu’ils habitent.
Le rôle premier d’un logement est d’abriter les humains et de les protéger du monde extérieur. Les nouvelles technologies permettent une élévation du niveau de confort. Mais, si nous pouvons réaliser tout cela avec des réductions extrêmement importantes d’énergie grise (énergie nécessaire de la production au recyclage), d’émissions de gaz à effet de serre, tout en apportant un soin à notre planète et des réductions de coût, pourquoi ne pas s’y intéresser ?
Il est important de se demander maintenant, en connaissant l’origine de la démesure de notre monde, comment et pourquoi les hautes technologies ont toujours répondu aux besoins d’un monde en perpétuelle croissance ? Dans le cadre des objets de consommation ou de l’électroménager, cette théorie de la surpuissance est toujours la même. Nous souhaitons avoir des objets de plus en plus puissants, toujours plus rapides et performants.
La croissance démographique s’est accompagnée d’une augmentation de la consommation énergétique. Mais les énergies primaires fossiles s’épuisent.
Les inégalités entre les richesses ont développé une fascination pour la consommation qui est donc devenue universelle comme on a pu le dire précédemment. De plus, pour répondre aux fortes demandes, des modèles d’organisation et d’entreprises se sont mis en place au cours du XXème siècle pour la mise en oeuvre de gains de productivité dans les usines.
On se souvient du fordisme qui a contribué à la très forte croissance économique de l’époque et soutient la productivité. La division du travail et la standardisation des produits a permis cette augmentation de productivité. Par la suite, on découvre une consommation de masse qui accentue le devoir de surproduction des usines. L’autonomisation des machines à partir des années 60 a permis de combler cette consommation toujours croissante. De ce fait, les hautes technologies, avec la mise en place des machines, ont permis de faciliter la vie quotidienne des gens et également, de diminuer la pénibilité au travail dans les usines. Grâce à la standardisation des pièces, à l’autonomisation des machines, on assiste à une hausse de la consommation et donc à une baisse du coût de production. Cependant, avec l’économie de main-d’oeuvre et de surfaces, le travail ouvrier est de plus en plus répétitif et monotone. Les hautes technologies de ces machines ont donc répondu à cette société du XXème siècle en perpétuelle croissance.
Les hautes technologies ou technologies de pointe, communément appelées « high-tech », sont des techniques considérées comme les plus avancées de l’époque actuelle. Faiblement employée dans les années 70, ce terme permet aujourd’hui au département marketing de vanter toutes les qualités de leurs produits dernier cri. On retrouve cependant les techniques de pointe dans les domaines de l’aérospatiale, des biotechnologies, de la robotique, des technologies de l’information…
Ces hautes technologies regroupent aussi des innovations réalisées en matière de diminution de volume de stockage et de rapidité du traitement de l’information grâce au numérique et aux nouveaux moyens de la télécommunication. À vouloir toujours devenir de plus en plus performantes, plus rapides, plus design, les hautes technologies ne cessent de s’améliorer, à une vitesse incroyable que même les consommateurs ne peuvent plus suivre. Les hautes technologies approuvent donc et aident à développer cette société de surconsommation, qui est à mon avis, vouée à l’impasse. Elles tombent, elles aussi dans la course à la compétition, à la recherche du « toujours plus ».
Dans le cas des grandes entreprises, l’innovation et la créativité pour inventer de nouveaux produits est primordiale pour faire face à la concurrence vive provenant des pays voisins ou émergents. L’innovation est pour certains, considérée comme une question de survie et est une course. En effet, l’entreprise qui innove aujourd’hui sera demain dans le peloton de tête, et c’est comme ça que fonctionne notre monde… de ce fait, les entreprises sont toujours en compétition et en quête de nouveaux produits, pour rester en tête. De plus, l’Homme est plein d’imagination et a toujours eu envie de créer pour améliorer, et continuer toujours d’inventer. Pour rester dans la course, il faut donc inventer toujours plus performant et plus rapide, et de ce fait, on remarque que les hautes technologies ont répondu une fois de plus aux besoins d’un monde en perpétuelle croissance.
Enfin, à chaque pénurie, les hommes ont toujours trouvé une solution pour y pallier, en apprenant à vivre un peu différemment et en concentrant leurs recherches sur de nouvelles manières de consommer et de devenir plus performant. Par exemple, dans le cadre de l’épuisement des ressources, les innovateurs ont trouvés les nouveaux outils de la transition énergétique comme les éoliennes, les panneaux solaires ou encore les voitures électriques. Et tous sont encensés par les tenants de la « croissance verte » comme des alternatives écologiques aux énergies fossiles mais tous carburent aux métaux rares. Or, ces métaux pour les hautes technologies demandent une énergie et une consommation conséquente de matières premières pour les extraire alors qu’ils sont présents en quantité infime dans la croûte terrestre. Il faut prélever des tonnes de roches pour les isoler, ce qui est très consommateur d’énergie et de matières premières. Les nouvelles innovations de la « croissance verte » posent donc des questions sur les réelles économies que nous faisons, qui, au vu des chiffres, ne sont pas moindres en impact environnemental.
En effet, l’américain John Peterson, avocat spécialiste des batteries, est parvenu au constat que sur l’ensemble de son cycle de vie, une voiture électrique génère trois quarts des émissions carbone d’une voiture alimentée au pétrole. Les hautes technologies ont toujours su répondre aux besoins de l’innovation, de l’invention et de la création que ce soit en cas de pénurie ou pour suivre le rythme effréné et compétitif de notre société. Mais, si cela nourrit l’économie et la croissance de notre monde, cela nourrit également ce paradoxe de « croissance verte ».

Évolutions des technologies

Récit de deux femmes des XXème et XXIème siècles

Pour comprendre l’évolution des technologies et également l’importance que certaines ont pu avoir vis-à-vis des technologies, j’ai décidé au cours de mon travail de recherche d’interroger deux femmes qui ont traversé l’évolution exponentielle du XXème siècle mais qui ont aussi vécu la prise de conscience environnementale mise en place depuis plusieurs années maintenant. Le but était de comprendre pourquoi la plupart des femmes (en ayant conscience de la place de la femme dans notre société d’hier, c’est pour cette raison que j’ai interrogé des femmes ; dans une société future, ce facteur de genre ne devrait pas influencer mes cibles d’interview), concernant l’électroménager dans la cuisine, sont toujours tant accrochées à certains appareils.
De ce fait, j’ai interrogé une femme de 89 ans, Jeanne, (qui se trouve être ma grand-mère) pour comprendre son histoire à travers la seconde guerre mondiale et le renouveau des années 60 tant dans la société que dans l’urbanisme, ou les technologies. Dans un deuxième temps, j’ai interrogé une femme de 58 ans, Sylvie, qui a traversé une partie du XXème siècle en pleine croissance durant son enfance, et qui a, d’une façon ou d’une autre, appliqué par mimétisme des habitudes que ses parents ont eues durant la période d’après-guerre. Sylvie, a aussi eu cette prise de conscience il y a une vingtaine d’années concernant l’environnement, ce qui lui donne une vision différente de ce à quoi Jeanne peut prétendre. Jeanne est née le 1er avril 1929 à Brest, et a grandi dans un appartement d’une seule pièce avec ses parents. En juin 1940, Brest est bombardé et les allemands arrivent pour occuper la ville étant donné que c’est un important port militaire, ce qui fait de cette ville un endroit stratégique pour les deux camps. A ce moment-là, Jeanne et son frère sont envoyés dans un château en-dehors de la ville, pour les mettre à l’abri des premiers bombardements aériens. Elle reviendra provisoirement à Brest dans le logement familial au moment du décès de son père le 4 décembre 1940, puis retourne au château rapidement et jusqu’au 1er avril 1943. Cette même année, elle rentre donc à Brest dans le logement familial qui était un appartement de deux grandes pièces, changement dû au remariage de sa mère avec son beau-frère.
En 1943, la population est en partie évacuée, les écoles sont fermées en raison du grand nombre de bombardements. De ce fait, la famille recomposée donc, a dû suivre un ordre d’évacuation de la ville et s’est réfugiée dans la campagne. Ils ont déménagé trois fois en quelques mois.
Lorsque Brest est libéré en septembre 1944, la famille est prioritaire pour avoir un baraquement parce que son père était employé de la ville et son beau-père travaillait à l’arsenal. De ce fait, ils ont obtenu un baraquement, qui s’appelait le Bragen, dès la fin de l’année 1944 ou au début de l’année 1945. Les baraquements étaient soit dans le centreville de Brest, sur les anciennes ruines des bombardements, soit juste en périphérie de Brest, comme une banlieue immédiate.
Lorsque Jeanne se fiance en 1947, elle habite toujours dans le baraquement, et y est restée jusqu’en juin 1949. Dès le début de son mariage, elle a été hébergée par la famille de son mari, dans une seule pièce, puis, en 1951 ou 1952, ils ont déménagé dans un deux pièces jusqu’à leur premier enfant en juin 1953. Le reste de sa famille est resté dans le baraquement jusqu’en 1960, date à laquelle ils sont retournés dans l’appartement familial fraîchement reconstruit. Etant donné le travail de son mari à la SNCF, Jeanne a beaucoup déménagé dans sa vie, jusqu’à s’installer pour leur retraite dans une maison en Basse-Normandie, au bord de la mer.
Après le récit de vie de ma grand-mère, on peut comprendre rapidement que ses conditions de confort ont beaucoup évolué au long de sa vie.
Issus de la classe moyenne, voire ouvrière, son mari et elle ont réussi à suivre les avancées technologiques de leur temps. Dans le baraquement le Bragen, ma grand-mère partageait deux pièces avec toute sa famille (six personnes) sans baignoire. Les baraques américaines avaient une baignoire mais les gens ne s’en servaient pas parce qu’« ils mettaient du charbon dedans… ou ils avaient des lapins… tu vois, parce qu’on n’était pas habitué à ça… ». Même si les toilettes étaient à l’extérieur, pour une baraque provisoire, en attendant la reconstruction de Brest, les conditions de confort étaient correctes. C’est à ce moment-là que la première machine à laver de la famille est arrivée, mais ce n’était pas vraiment la machine à laver que l’on peut espérer maintenant : « Une machine à laver le linge, mais qui essorait qu’à rouleaux, qui fallait passer dans les rouleaux, et puis là, l’eau c’était l’eau qui revenait dans les parois, tu vois… Y’avait rien qui tournait dans cette machine à laver-là… C’était l’eau qui remuait, y’avait des systèmes dans les parois qui te faisaient remuer l’eau et puis alors, elle essorait avec les rouleaux, bon… Ça lui a permis de ne pas aller au lavoir, parce que moi, j’ai été au lavoir aussi, tu sais… ». Même si la machine était très succincte et sûrement pas réellement pratique par rapport à ce que l’on connaît d’aujourd’hui, au moins, cela a permis d’arrêter de laver son linge dans les lavoirs, pour plus de confort en le lavant chez soi. Plus
tard, quand elle a rencontré son mari, pour communiquer avec lui alors qu’il était parti pour son service militaire, le téléphone n’existait pas et il fallait lui écrire une lettre tous les jours.
Ce premier niveau de confort était une première étape dans sa vie et c’est après, lorsqu’ils se sont installés au-dessus d’une crêperie avec son mari qu’elle a reçu sa première machine à laver qu’elle me décrit de cette manière : « elle consommait beaucoup d’eau, mais elle faisait « toc toc toc », ça battait, ça battait… Y’avait pas de couvercle, le linge était blanc, ah ça c’était blanc, je t’assure… Mais ça consommait beaucoup d’eau… ». Un seul évier pour la vaisselle et la toilette et pas de salle de bain, une gazinière pour cuisiner mais pas d’appareils électroménagers, de ce côté-là, on ne voit pas une grande évolution entre la baraque et ce premier logement.
Grâce au métier de son mari, travaillant pour la SNCF, ils ont beaucoup déménagé ce qui leur a aussi permis, d’une certaine façon, de profiter de l’évolution des objets au fur et à mesure. Pour le début des années 60, et ayant connu la misère de la guerre, il est logique que chaque nouvel élément sortant des magasins soit à la mode et que les consommateurs, toujours à la quête de plus de confort, cherchent à les acquérir sans attendre. Elle me dira même au cours de notre entretien, à propos de différents modèles et de l’évolution : « ça a évolué, et puis on changeait, on changeait, quand on trouvait quelque chose de plus moderne… […] pas tous les ans, mais quand j’avais envie de changer, et ben voilà, on changeait… […] y’avait tellement de progrès dans tout… ».
Même si leur première maison avait des toilettes sèches et ne possédait pas, à cette époque-là, un bon niveau de confort (l’absence de consommation d’eau grâce aux toilettes sèches n’était pas du tout une question à cette époque), chaque amélioration du confort et donc, chaque modernisation qui lui donne une vision différente de ce à quoi Jeanne peut prétendre. Jeanne est née le 1er avril 1929 à Brest, et a grandi dans un appartement d’une seule pièce avec ses parents. En juin 1940, Brest est bombardé et les allemands arrivent pour occuper la ville étant donné que c’est un important port militaire, ce qui fait de cette ville un endroit stratégique pour les deux camps. A ce moment-là, Jeanne et son frère sont envoyés dans un château en-dehors de la ville, pour les mettre à l’abri des premiers bombardements aériens. Elle reviendra provisoirement à Brest dans le logement familial au moment du décès de son père le 4 décembre 1940, puis retourne au château rapidement et jusqu’au 1er avril 1943. Cette même année, elle rentre donc à Brest dans le logement familial qui était un appartement de deux grandes pièces, changement dû au remariage de sa mère avec son beau-frère.
En 1943, la population est en partie évacuée, les écoles sont fermées en raison du grand nombre de bombardements. De ce fait, la famille recomposée donc, a dû suivre un ordre d’évacuation de la ville et s’est réfugiée dans la campagne. Ils ont déménagé trois fois en quelques mois.
Lorsque Brest est libéré en septembre 1944, la famille est prioritaire pour avoir un baraquement parce que son père était employé de la ville et son beau-père travaillait à l’arsenal. De ce fait, ils ont obtenu un baraquement, qui s’appelait le Bragen, dès la fin de l’année 1944 ou au début de l’année 1945. Les baraquements étaient soit dans le centreville de Brest, sur les anciennes ruines des bombardements, soit juste en périphérie de Brest, comme une banlieue immédiate.
Lorsque Jeanne se fiance en 1947, elle habite toujours dans le baraquement, et y est restée jusqu’en juin 1949. Dès le début de son mariage, elle a été hébergée par la famille de son mari, dans une seule pièce, puis, en 1951 ou 1952, ils ont déménagé dans un deux pièces jusqu’à leur premier enfant en juin 1953. Le reste de sa famille est resté dans le baraquement jusqu’en 1960, date à laquelle ils sont retournés dans l’appartement familial fraîchement reconstruit. Etant donné le travail de son mari à la SNCF, Jeanne a beaucoup déménagé dans sa vie, jusqu’à s’installer pour leur retraite dans une maison en Basse-Normandie, au bord de la mer.
Après le récit de vie de ma grand-mère, on peut comprendre rapidement que ses conditions de confort ont beaucoup évolué au long de sa vie. Issus de la classe moyenne, voire ouvrière, son mari et elle ont réussi à suivre les avancées technologiques de leur temps. Dans le baraquement le Bragen, ma grand-mère partageait deux pièces avec toute sa famille (six personnes) sans baignoire. Les baraques américaines avaient une baignoire mais les gens ne s’en servaient pas parce qu’« ils mettaient du charbon dedans… ou ils avaient des lapins… tu vois, parce qu’on n’était pas habitué à ça… ». Même si les toilettes étaient à l’extérieur, pour une baraque provisoire, en attendant la reconstruction de Brest, les conditions de confort étaient correctes. C’est à ce moment-là que la première machine à laver de la famille est arrivée, mais ce n’était pas vraiment la machine
à laver que l’on peut espérer maintenant : « Une machine à laver le linge, mais qui essorait qu’à rouleaux, qui fallait passer dans les rouleaux, et puis là, l’eau c’était l’eau qui revenait dans les parois, tu vois… Y’avait rien qui tournait dans cette machine à laver-là… C’était l’eau qui remuait, y’avait des systèmes dans les parois qui te faisaient remuer l’eau et puis alors, elle essorait avec les rouleaux, bon… Ça lui a permis de ne pas aller au lavoir, parce que moi, j’ai été au lavoir aussi, tu sais… ». Même si la machine était très succincte et sûrement pas réellement pratique par rapport à ce que l’on connaît d’aujourd’hui, au moins, cela a permis d’arrêter de laver son linge dans les lavoirs, pour plus de confort en le lavant chez soi. Plus tard, quand elle a rencontré son mari, pour communiquer avec lui alors qu’il était parti pour son service militaire, le téléphone n’existait pas et il fallait lui écrire une lettre tous les jours.
Ce premier niveau de confort était une première étape dans sa vie et c’est après, lorsqu’ils se sont installés au-dessus d’une crêperie avec son mari qu’elle a reçu sa première machine à laver qu’elle me décrit de cette manière : « elle consommait beaucoup d’eau, mais elle faisait « toc toc toc », ça battait, ça battait… Y’avait pas de couvercle, le linge était blanc, ah ça c’était blanc, je t’assure… Mais ça consommait beaucoup d’eau… ». Un seul évier pour la vaisselle et la toilette et pas de salle de bain, une gazinière pour cuisiner mais pas d’appareils électroménagers, de ce côté-là, on ne voit pas une grande évolution entre la baraque et ce premier logement.
Grâce au métier de son mari, travaillant pour la SNCF, ils ont beaucoup déménagé ce qui leur a aussi permis, d’une certaine façon, de profiter de l’évolution des objets au fur et à mesure. Pour le début des années 60, et ayant connu la misère de la guerre, il est logique que chaque nouvel élément sortant des magasins soit à la mode et que les consommateurs, toujours à la quête de plus de confort, cherchent à les acquérir sans attendre. Elle me dira même au cours de notre entretien, à propos de différents modèles et de l’évolution : « ça a évolué, et puis on changeait, on changeait, quand on trouvait quelque chose de plus moderne… […] pas tous les ans, mais quand j’avais envie de changer, et ben voilà, on changeait… […] y’avait tellement de progrès dans tout… ».

QUELQUES SOLUTIONS EXPÉRIMENTÉES AILLEURS

Corentin donne l’exemple d’un réchaud à économie de bois qui s’appuie sur la double combustion du bois. En effet, le bois, quand il chauffe à plus de 400°C, émet un gaz qui sort par les trous de la chambre de combustion et brûle en priorité le bois : cela s’appelle la pyrolyse du bois.
Ce mécanisme divise par sept la consommation en bois et par quatre l’émission de fumées toxiques. Ce mécanisme aurait permis de sauver du bois et d’éviter peut-être aussi l’invasion de termites sur son bateau. Corentin de Chatelperron évoque ensuite les recherches d’étudiants indiens qui ont développé un système très ingénieux pour recycler des déchets plastiques en carburant. Il s’agit d’une cocotte-minute dans laquelle on met des déchets plastiques. Grâce à un système pour monter la température à plus de 400°C, le plastique émet un gaz qui est ensuite filtré. Après condensation, il se crée un carburant proche du gasoil. Etant donné la quantité de plastiques que l’on rejette dans nos océans, cette technique permettrait de transformer ce déchet en une ressource doublement intéressante (élimination de déchets et création de carburant).
Un autre exemple propose une bouteille que les cyclistes peuvent recharger en pédalant grâce à des panneaux solaires reliés à un petit radiateur qui émet du froid. L’humidité créée à partir de l’air passant par le radiateur se condense, et donc, goutte après goutte, cela remplit la gourde. On peut aussi utiliser un appareil à osmose inverse qui permet de dessaler l’eau de mer en eau douce, mais cela consomme une trop grande quantité d’énergie, et surtout, c’est un trop long processus.
Corentin de Chatelperron aurait pu gagner beaucoup de temps sur son bateau grâce à un système semblable à ceux utilisés par les cyclistes.
On peut également citer le système de culture à petite échelle de micro-algues comestibles qui, comme la chlorelle ou la spiruline, sont extrêmement concentrées en vitamines et minéraux et qui permettent donc de lutter contre la malnutrition.

« Low-tech Lab »

Avec ce constat, Corentin de Chatelperron, voulant mettre plus d’énergie dans la recherche et l’innovation sur les technologies qui pourraient répondre aux besoins de base, propose une meilleure diffusion de ces technologies et souhaite également poursuivre ses recherches. Avec toute cette palette de technologies, il espère que beaucoup pourront y accéder et les réaliser avec les moyens dont chacun dispose, mais aussi selon les besoins, les ressources, la culture et le savoir-faire qui se trouvent sur le territoire donné. Le but est de tenir compte du territoire mais également que les technologies s’adaptent au développement local.
Il s’agit de « partager des technologies au niveau global pour stimuler le développement au niveau local ».
Pour un monde plus juste, plus équitable et qui respecte mieux la nature, l’association Gold of Bengal a mis en place une plateforme de recherche collaborative sur les low-tech. Cette plateforme met en réseau des entrepreneurs locaux (qui sont en position d’évaluer les besoins et les ressources du lieu) et des ingénieurs, des chercheurs ou des « débrouillards » et également des entreprises, pour construire des prototypes et développer des pistes de recherche. Les entreprises, qui produisent du matériel très « high-tech », sont elles aussi capitales, puisque les innovations low-tech sont généralement des déclinaisons d’innovations high-tech.
Cette plateforme, appelée le « Low-tech Lab », encourage la création de communautés locales pour que les outils développés soient en accord avec les besoins de chacun. Le Low-tech Lab est donc une plateforme de recherches et de documentation (habitat, alimentation, énergie, hygiène), qui présente des tutoriels concernant les low-tech et qui vise à les promouvoir.

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Table des matières

REMERCIEMENTS
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
La démesure de notre monde et l’importance de la technologie
Évolution des technologies
Pourquoi avons-nous besoin de changer et vers quoi avons-nous besoin d’aller ?
La démesure pousse à changer
Entre nécessaire et superflu
Que serait la vie quotidienne dans un monde de basses technologie ?
Corentin de Chatelperron : du Bangladesh à l’expédition Nomade des Mers
Vivre en autonomie
Repair Café, entre solidarité et recyclage
Échanger, troquer, rendre un service
Le passage du monde high-tech au monde low-tech
Pourquoi sommesnous réticents ?
Do it yourself

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