Qualité de vie l’influence de concepts psychologiques 

Vulnérabilité et bien-être, deux conceptions étroitement liées

Lorsque nous associons le terme « bien-être » à la vulnérabilité, nous parlons plus précisément du bien-être mental, appelé aussi bien-être psychologique. Ce dernier dépend non seulement des ressources psychiques d’un individu et de son comportement mais aussi du contexte social et économique dans lequel il se trouve et de l’environnement dans lequel il évolue. Ces déterminants s’influencent mutuellement et peuvent à la fois protéger le bien-être psychologique de l’individu ou se présenter comme une menace (OMS, 2012).
Au travers du précédent schéma, nous avons pu constater que les facteurs qui influencent positivement le bien-être psychologique sont également les facteurs que nous avons mis en lumière précédemment s’agissant de la vulnérabilité. En effet, ces facteurs sont donc à la fois susceptibles de créer des situations de vulnérabilité chez un individu mais également susceptibles de le protéger et d’améliorer son bien-être psychologique. Des menaces ou des perturbations dans le bien-être psychologique d’un individu peuvent être préjudiciables à ses capacités et à ses choix (OMS, 2012). Elles peuvent placer l’individu en situation de vulnérabilité, si sa qualité de vie baisse, que ce soit en société ou dans son propre foyer.
Pour mieux comprendre la corrélation entre les facteurs influençant le bien-être psychologique et les facteurs qui suscitent l’apparition de situation de vulnérabilité, nous avons repris un tableau de l’OMS (2012) qui regroupe d’un côté les facteurs préjudiciables au bien-être qui sont donc des facteurs de vulnérabilité et de l’autre côté les facteurs favorables au bien-être.
Les risques ou menaces pour le bien-être psychologique se manifestent tout au long de la vie d’un individu. Comme nous avons pu le constater précédemment, nous ne sommes pas tous exposés aux risques et donc à la vulnérabilité de la même façon. Une des premières raisons est qu’aux principaux stades de développement de la personnalité, l’exposition à certains risques peut être préjudiciable pour le bien-être psychologique des individus, que ce soit quelques années après voire même quelques décennies (OMS, 2012). Cette inégalité d’exposition peut-être également liée à « une faiblesse, une déficience, une hypersensibilité spécifiques » (Bouisson, et De Boucaud, 2003, p. 491), à des accidents de vie, ou à la personnalité comme nous pouvons le constater dans le tableau ci-dessus.
D’autre part, comme nous avons pu le constater, l’environnement social fait partie des facteurs de vulnérabilité. « C’est d’abord la société qui vulnérabilise les individus et non l’inverse » (Brodiez-Dolino, 2016, p. 8). Autrement dit, les facteurs de vulnérabilité peuvent être extrinsèques. Néanmoins, des facteurs intrinsèques tels que le stress, l’anxiété, la dépression, une mauvaise image de soi,le névrosisme, le mal-être sont tous des facteurs et symptômes psychologiques qui engendrent de la vulnérabilité chez les individus. Ces facteurs sont d’autant plus présents lorsqu’un individu est exposé à des problèmes de santé physique et/ou des problèmes de santé mentale. Il existerait donc bien un lien étroit entre vulnérabilité et bien-être psychologique. Si l’on prend pour exemple l’obésité, dans le cas des problèmes de santé physique, celle-ci affecte le niveau d’estime de soi (Berdah, 2010). A l’inverse, un niveau d’estime de soi bas peut entrainer des troubles du comportement alimentaire, par conséquent le niveau d’estime de soi peut avoir des répercussions sur les solutions thérapeutiques pour vaincre l’obésité (Fossati, Rekier & Golay, 2004). Dans le cas des problèmes de santé mentale, une image négative de son corps peut avoir de lourdes conséquences psychopathologiques et psychosociales comme des problèmes alimentaires, de l’anxiété sociale, des dépressions ou encore un faible niveau d’estime de soi. Dans son étude, Berdah (2010) soulignait le fait qu’une femme obèse avec une mauvaise image de son corps présente un risque élevé de dépression.
Or notre société actuelle génère parfois beaucoup de stress que ce soit chez un public jeune, adulte ou sénior et génère aussi un certain nombre de normes s’agissant de l’apparence physique ou du comportement à avoir en société. Les personnes qui ne rentrent pas dans les « codes » d’apparence physiques, ou qui présentent quelques « troubles mentaux », sont la cible de nombreuses stigmatisations et discriminations qui entrainent elles-mêmes la baisse d’estime de soi et impactent négativement le bien-être des individus. En d’autres termes, des problèmes de santé, qu’ils soient physiques ou mentaux, peuvent avoir des répercussions sur le bien-être psychologique des individus.
Labbe et al. (2007) ont également démontré le lien existant entre vulnérabilité et bien-être psychologique. L’objectif de cette étude menée par ces auteurs était de mesurer les rôles que jouent l’instabilité de l’emploi et la catégorie sociale sur les inégalités de santé et la vulnérabilité sociale. La population étudiée est composée de 540 860 personnes consultant des centres d’examen de santé financés par l’assurance-maladie. S’agissant des outils, l’instabilité de l’emploi est mesurée par les catégories emploi stable/non stable et temps plein/partiel. La vulnérabilité sociale est définie par un score basé sur 11 questions qui donne le score EPICES7. Les données de santé utilisées sont la santé perçue, l’obésité, la maigreur et le diabète. D’après cette étude, des relations statistiquement significatives entre l’instabilité de l’emploi et les indicateurs étudiés sont systématiquement observées. Plus les conditions d’emploi sont défavorables, plus les risques de vulnérabilité sociale et d’inégalités de santé sont élevés. Les risques pour les situations d’emploi instable/temps partiel, comparés à l’emploi stable/temps plein, sont multipliés, selon les indicateurs (obésité, santé perçue, maigreur et diabètes), par 1,16 à 2,48 chez les hommes et par 1,22 à 2,25 chez les femmes. Les auteurs mettent également en avant le fait que ces effets sont différents selon les catégories sociales. Plus les catégories sociales sont défavorisées, plus l’instabilité à l’emploi est élevée. Par exemple, chez les femmes de la catégorie ouvrière, les risques relatifs des conditions d’emploi varient de 2,99 à 4 pour l’obésité et de 3,70 à 6,51 pour le diabète. Or, pour la catégorie des cadres, les valeurs correspondantes sont inférieures. En conclusion, la santé et la vulnérabilité sociale sont significativement associées à l’instabilité de l’emploi. La précarité des conditions d’emploi amplifie les inégalités de santé ce qui peut s’avérer défavorable pour le bien-être psychologique et placerait donc certains individus en situation de vulnérabilité. Ces résultats sont d’ailleurs en concordance avec l’analyse de l’OMS (2012) pour qui les maladies et la précarité faisaient partie des facteurs préjudiciables au bien-être psychologique.
En conclusion, le public bénéficiaire du DIPS est, dans un sens, hétérogène puisque les individus ne viennent pas forcément de la même structure sociale et n’ont pas le même parcours de vie, et dans un autre sens, homogène, puisque leurs caractéristiques, aussi variées soient-elles, sont toutes des facteurs propices aux situations de vulnérabilité et à la surexposition aux menaces. Comme nous avons pu le constater, cette exposition à diverses menaces n’est pas propice au développement personnel et au bien-être des individus. Ainsi, compte tenu du large panel de risques affectant le bien-être psychologique, les moyens pour minimiser ces risques doivent être mis en place à différentes échelles et dans différents secteurs. Selon l’OMS (2012), des stratégies globales existent telles que : le développement de ressources psychiques aux stades du développement de la personnalité (l’estime de soi par exemple), l’instauration de conditions de vie qui permettent le développement psychosocial, la lutte contre la discrimination et la promotion des droits ou encore la promotion des interactions positives entre groupes sociaux. Ces stratégies sont transversales dans le sens où elles peuvent être mises en place dans différents domaines et donc applicables dans le champ des activités physiques.

Qualité de vie : l’influence de concepts psychologiques

Selon l’OMS (1993), la qualité de vie est « la perception qu’a l’individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. C’est un concept très large, influencé de manière complexe par la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales, ainsi que sa relation aux éléments essentiels de son environnement »8 (p. 4). La qualité de vie englobe donc à la fois des éléments objectifs, des éléments subjectifs, des éléments physiques et des éléments d’ordre cognitifs et sociaux. Elle implique « à la fois certaines conditions de vie objectives et la façon dont chaque individu perçoit et utilise ses ressources pour se réaliser » (Bruchon-Schweitzer, 2002, p.50). En 2014, l’INSEE se positionne également sur le même type de définition : « La qualité de vie recouvre plusieurs dimensions. Certaines sont qualifiées d’objectives, comme la situation matérielle, la santé physique ou l’équilibre émotionnel, l’isolement social… ; d’autres sont plus subjectives, telle la satisfaction que l’on retire de son existence. » (p. 199).
Au travers de ces différentes définitions, nous notons que le concept de qualité de vie est une notion très vaste. Il parait difficile de la mesurer dans son ensemble. Il semble donc nécessaire de n’étudier que certains indicateurs spécifiques à celle-ci pour l’aspect qualitatif de notre recherche.
Dans la littérature, les chercheurs orientent leurs travaux sur la question de la qualité de vie vers des facteurs tels que la satisfaction de vie, le bonheur, l’anxiété, les émotions, l’estime de soi ou encore la dépression. Cette orientation se porte aussi bien sur des populations sans difficultés particulières que sur des populations en situation de vulnérabilité, atteintes de déficiences physiques ou mentales. Au vu des caractéristiques de notre public, l’estime de soi et la satisfaction de vie semblent être les deux variables les plus pertinentes à analyser dans le cadre de notre étude, c’est pour cela que nous avons choisi d’y apporter un éclairage tout particulier.

Le bien-être

Comme mentionné auparavant, l’Organisation Mondiale de la Santé (2006) définit la santé comme « Un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. ». Cependant, même si la notion de bien-être apparaît, celle-ci n’est pas clairement définie.
Dans leur étude, Breda et Goyvaerts (1999) postulent que le bien-être est « la mesure dans laquelle non seulement les besoins « primaires » comme l’alimentation, l’habillement, la santé et le logement sont satisfaits, mais aussi la mesure dans laquelle l’individu participe à la vie sociale, prend part à la culture et les valeurs en vigueur, et peut s’épanouir pour développer une personnalité autonome, faisant face aux contraintes sociales. » (p. 106). Manderson (2005a), considère que le bien-être est une construction sociale qui va au-delà de la santé. Pour ces auteurs, le bien-être intègre un sentiment de satisfaction, de contentement, d’accomplissement personnel et existentiel. Par conséquent, le bien-être serait à caractère variable selon les moments de la vie qu’ils soient situationnels ou temporels.
En réalité, ce que veulent nous dire Breda et Goyvaerts (1999) c’est que chaque individu se doit d’adopter une stratégie de développement social pour s’assurer un certain bien-être. En ce sens, la participation sociale des individus, leur intégration à la vie collective et leur émancipation grâce au développement d’un sentiment d’appartenance sont trois stratégies de développement social.
D’autre part, certains auteurs tels que Seligman et coll (2004), pensent que l’on atteint le bien-être ou le bonheur grâce à trois processus que sont les émotions positives, l’engagement et le sens de l’existence. Les émotions positives compensent les effets des émotions négatives au niveau physiologique (Ong et Allaire, 2005) et permettent d’accélérer la récupération face à des évènements stressants (Tugade et coll., 2004). Elles sont orientées vers des espaces temporels différents (Seligman et coll, 2004) : le passé (faisant référence aux émotions telles que la gratitude et le pardon), le présent (faisant référence aux émotions telles que le plaisir et la pleine conscience), et le futur (faisant référence aux émotions telles que l’espoir et l’optimisme). L’engagement quant à lui, correspond à la poursuite active d’un but important pour l’individu lui-même et qui mobilise ses ressources psychologiques personnelles comme la force de caractère, l’intelligence psychologique, la disposition à la pleine conscience, le sentiment d’efficacité personnelle, l’empathie, l’estime de soi, etc.). Enfin, s’agissant du sens de l’existence, pour Seligman et coll (2004), cela correspond à «la poursuite d’un but abstrait dépassant largement l’individu » (p. 4). Ces trois processus, indépendants, ne sont pas investis de la même façon selon les individus. Seligman et coll (2004) parlent de « vie pleine et entière » (full life) lorsque ces processus sont fortement investis par ces derniers.
Au regard de ces quelques définitions sur le bien-être, nous pouvons constater qu’au-delà de l’objectivité de certains faits et facteurs de vie, le ressenti de l’individu et son implication dans sa vie semble être également pris en compte dans la mesure de celui-ci.

Les facteurs du bien-être

En 2011, TNS Qual+9 a réalisé une enquête qualitative dans 15 États membres de l’Union Européenne afin d’examiner la question du bien-être des citoyens au sein de chaque Etat. 35 discussions de groupe, d’une durée de deux heures, ont été menées entre février et mars 2010. Les résultats de ces discussions ont été analysés au niveau national, puis comparés au niveau européen. Cette enquête met en évidence 9 types de facteurs influençant le bien-être selon les répondants de l’enquête. Cinq de ces facteurs ont été identifiés par tous les groupes interrogés et font donc partie de la liste définitive globale établie par TNS Qual+. Nous pouvons y trouver l’emploi, la santé, les temps libres, la satisfaction professionnelle et la situation financière personnelle. A ces facteurs s’ajoutent également le logement, la famille, les amis et l’éducation qui sont aussi des facteurs mentionnées par la quasi-totalité des groupes (seul un ou deux groupes ne les ont pas mentionnés).
Cette liste reprend donc les réponses de tous les groupes s’agissant des facteurs influençant le bien-être. Afin de comprendre au mieux l’apparition de ces facteurs, TNS Qual+ met en évidence les facteurs sous-jacents à chaque catégorie évoqués lors des groupes de discussion. Nous pensons qu’il est important d’insister sur le fait que chaque facteur sous-jacent à chaque catégorie que nous allons énoncer ressortent d’une pensée globalement commune à tous les répondants.

Bien-être subjectif

o Effets positifs ou négatifs de l’humeur sur le bien-être et inversement, le bien-être ressenti peut affecter l’humeur. Cet élément dépend en majeur partie du caractère et de la vision que chacun a de sa vie.
o La chance, le destin, le terrain génétique et la personnalité sont des facteurs « incontrôlables » qui peuvent influencer le bien-être subjectif.
o La satisfaction atteinte par le fait de se sentir bien avec soi-même, de croire en soi et ses valeurs, de se réaliser et de réussir peut contribuer au bien-être. Le développement et l’évolution personnelle influence également positivement le bien-être.
o Le bien-être pourrait résulter d’un ensemble de valeurs que l’individu peut partager avec son entourage, d’une bonne ouverture d’esprit, ou encore de l’altruisme dont nous pouvons faire preuve.
o L’importance de la liberté de choix individuel (idée qu’il est important de vivre/s’intégrer au sein d’une société où chacun est libre de faire ses propres choix, et où l’autonomie est valorisée), mais aussi l’importance de se donner des objectifs à accomplir et d’être ambitieux.

Situation économique et professionnelle

o Pour jouir d’un certain bien-être, les répondants accordent une très nette importance à l’argent : « l’argent est considéré comme la condition du bien-être et comme le moyen d’accéder à d’autres facteurs contribuant au bien-être, comme le fait de participer à des activités culturelles, acheter des livre, une maison, pratique un sport ou un passe-temps, etc. » (TNS Qual+, 2011, p.8).
o L’argent permet de subvenir à des besoins basiques tels que l’accès au logement, l’alimentation, les vêtements, etc, et contribue au bien-être famililal puisque ce facteur peut éviter le manque de ressources élémentaires.
o Les répondants évoquent également les dépenses « non essentielles » qui contribuent néanmoins à un certain bien-être. En effet, la possibilité de se faire plaisir et de faire plaisir aux autres, de se laisser aller à une passion, ou encore de voyager sont des éléments qui sont bien souvent associés à la notion d’argent mais qui sont des facteurs à part entière quant à la condition d’accès au bien-être.
o Le travail est donc essentiel pour avoir accès à des revenus. Néanmoins, même si le simple fait de travailler peut contribuer au bien-être, la satisfaction professionnelle (pouvoir travailler où nous le souhaitons tous en étant satisfait de ce que nous faisons) n’en est pas moins un élément encore plus important.

Le bien-être et ses conceptions

Après de nombreuses lectures sur cette notion, nous avons pu constater que le bien-être dit « objectif » n’est que très peu défini contrairement au bien-être dit « psychologique » et « subjectif ». En opposition à ces derniers, le bien-être objectif ne serait pas lié à un sentiment personnel ou à un ressenti. Celui-ci dépendrait d’avantage des ressources physiques, économiques et matérielles, dont dispose un individu.
La notion de bien-être objectif est liée à la notion de prospérité, d’abondance, de développement et de richesse (Breda et Goyvaerts, 1999). Ainsi, le concept de bien-être objectif est entrevu comme le fait de « disposer de suffisamment de ressources pour réaliser des conditions de vie satisfaisantes selon ses propres préférences. Ici, le bien-être est donc considéré comme une situation de liberté positive: il s’agit des possibilités dont chacun dispose pour opérer des choix concernant l’organisation de sa vie » (Breda et Goyvaerts, 1999, p. 106). Autrement dit, la notion de bien-être objectif englobe non seulement les aspects matériels de la vie comme le logement ou les revenus, mais également les aspects non matériels tels que l’autonomie, ou la participation à la vie économique, politique, et environnementale. L’objectivité consiste finalement à prendre en compte les attributs sociaux et matériels, dans les outils que nous utilisons, qui favorisent ou qui nuisent au bien-être d’un individu.
Michalos (1983), dans son étude sur la satisfaction de vie et le bonheur d’une communauté rurale du nord, tente de mesurer la satisfaction de vie de ses membres, appliquée à une douzaine de domaines de la vie (santé, finance, logement, famille, amis, travail, religion, loisirs, transports et services gouvernementaux etc.), pour les hommes et pour les femmes. Pour cet auteur, la satisfaction de vie peut s’analyser selon trois processus différents.
Cette méthode d’analyse de la satisfaction de vie est donc basée sur la consommation actuelle d’un individu et l’écart qui se trouve entre sa consommation passée, la consommation d’autrui et ce que l’individu souhaiterait posséder. Plus l’écart entre les différents paramètres est important, moins le niveau de bien-être sera élevé. A l’inverse, moins l’écart entre les différents paramètres est important, plus le niveau de bien-être sera élevé.
Pour Michalos (1983) le premier processus est le meilleur prédicteur de la satisfaction de vie car il ne prend en compte que l’individu et sa situation actuelle, contrairement aux deux autres processus qui tiennent compte d’autres variables, comme la convoitise, la jalousie, la nostalgie ou le regret, pouvant influencer la satisfaction de vie. Nous pouvons constater que dans les trois cas, bien que certains facteurs comme la consommation, soient des facteurs objectifs, l’auteur tient tout de même compte de facteurs subjectifs. Le processus du but d’accomplissement en est l’exemple même puisque l’auteur prend en compte la perception de l’individu sur sa consommation réelle et sur ce qu’il voudrait avoir. De plus, chaque individu est différent. Ces derniers n’ont pas les mêmes besoins, et ne se satisfont pas des mêmes choses. Ainsi, même si la méthode de Michalos (1983), se base sur des critères d’analyse objectifs, les résultats émergeants de celle-ci prennent en compte des facteurs subjectifs, qui sont constitutifs de la personnalité de chaque individu.
L’utilisation d’indicateurs objectifs repose sur l’hypothèse que le bien-être dépend d’un ensemble de besoins qui sont communs à tous les individus et qui peuvent être identifiés par des experts (Prince et Prince, 2001). En revanche, chaque individu est différent et ne perçoit pas les événements de vie de la même manière. Il semblerait donc que la « subjectivité » soit un concept clé à utiliser dans la mesure du bien-être.
Nous en arrivons donc à la conclusion que dans un cas, ce n’est pas le bien-être en lui-même qui est objectif mais les paramètres utilisés pour le mesurer. En effet, les outils de mesure basés sur des paramètres concrets tels que la qualité du sommeil, l’autonomie réelle, le revenu, ou la consommation, sont des outils ayant une approche objective du bien-être et non des outils permettant de mesurer le « bien-être objectif ». A contrario, dans l’autre cas, il semblerait que les outils de mesures qui s’appuient sur des facteurs qui varient selon les individus tels que les perceptions, les ressentis, les émotions positives ou négatives, sont des outils ayant une approche subjective du bien-être et qui permettraient de mesurer le « bien-être subjectif ». L’objectivité semble dépendre des paramètres utilisés pour mesurer le bien-être tandis que la subjectivité semble être elle-même un paramètre à prendre en compte dans la mesure du bien-être. Et finalement le “bien-être” serait la moyenne des paramètres objectifs et des perceptions personnelles. En d’autres termes l’indice global de “Bien-être” pourrait prendre en compte les paramètres objectifs et les perceptions individuelles.

Approche psychologique et subjective

A travers nos différentes lectures, nous avons pu constater que le bien-être est utilisé sous différentes appellations ce qui ne simplifie pas la clarification de ce concept. Dans la littérature scientifique, les termes les plus fréquemment utilisés sont le « bien-être » (Danna & Griffin, 1999), le « bien-être affectif » (Warr, 1990 ; Daniels, 2000), le « bien-être émotionnel » (Diener & Larsen, 1993), le « bien-être psychologique » (Ryff & Keyes, 1995 ; Massé et al., 1998a) et le « bien-être subjectif » (Diener, 1984, 1994 ; Eid & Larsen, 2008).
L’ensemble des termes évoqués ci-dessus sont parfois utilisés sans qu’ils ne soient tenu compte de leur apport théorique. Par exemple, le bien-être psychologique est parfois utilisé pour désigner un ensemble d’émotions positives et négatives (Berkman, 1971a), or ce concept ne se base pas unique sur les affects. Nous ne retiendrons donc que les termes bien-être psychologique et bien-être subjectif dans un souci de compréhension des processus. En effet, ces derniers sont explicitement utilisés pour illustrer deux conceptions que sont l’approche hédonique et l’approche eudémonique.
Ainsi, au regard des différentes approches qui entourent le « Bien-être », il nous semblait nécessaire d’apporter des précisions sur certains termes inhérents à l’état psychologique. La définition de ces termes est parfois confuse, ce qui nous pousse à les utiliser de manière interchangeable sans forcément respecter leur véritable signification. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur les travaux de Voyer et Boyer (2001) qui portent sur une analyse conceptuelle comparative du bien-être psychologique. Ces auteurs ont établis une hiérarchie des différents construits sur l’état psychologique. Nous nous baserons sur cet outil pour expliquer les différents termes et concepts constitutifs de ce dernier.

Bien-être psychologique

Bradburn (1969) considère que le bien-être psychologique correspond à la prépondérance des affects positifs sur les affects négatifs. Le sentiment de compétence, l’estime de soi, les relations affectives, l’optimisme et le bonheur, sont pour lui des dimensions clés pour mesurer le bien-être psychologique d’un individu. Pour Bryant et Veroff (1982), la perception de soi, le sentiment de bien-être, les symptômes de détresse et l’adaptation d’un individu à différents domaines tels que le mariage, la parentalité ou le travail, sont des dimensions qui définissent le bien-être psychologique. Les dimensions citées par ces auteurs sont essentiellement affectives. A la même période, des auteurs comme Andrews et McKennell (1980) vont considérer que la cognition a un rôle aussi important que l’affectif dans l’évaluation du bien-être psychologique et ils vont soutenir que l’évaluation cognitive d’un individu face à ses buts et sa vie est importante pour déterminer le bien-être psychologique. Ainsi, ils suggèrent de distinguer l’affectif et le cognitif pour définir le bien-être psychologique. D’autres auteurs vont apporter leur soutien en proposant des variables telles que le soutien social et l’influence du réseau (House et Khan, 1985) ainsi que la notion de contrôle sur sa vie (Reich et Zautra, 1981) ; considérées comme des variables importantes dans la mesure et la variation du bien-être psychologique. Dans leurs travaux portant sur l’activité, l’autonomie et le bien-être psychologique chez les personnes âgées, Rousseau, Denis et Dubé (1993) ont quant à eux envisagé le bien-être psychologique comme un concept quadridimensionnel. La première dimension fait référence aux caractéristiques personnelles. La deuxième dimension observe le stress personnel et environnemental. La troisième dimension se rapporte au facteur cognitif. Et la quatrième et dernière dimension s’intéresse aux variables relationnelles.
Suite à ces travaux, Ryff et Keyes (1995) proposent une définition du bien-être psychologique composée de six dimensions qui englobe les principales dimensions mentionnées dans les travaux ci-dessus.
Ainsi, un individu qui répond positivement à ces six dimensions aura un niveau de bien-être psychologique élevé. A l’inverse, si l’individu ne répond pas positivement à ces six dimensions, il aura un niveau de bien-être psychologique faible.
Cette conception du bien-être est associée à l’approche eudémonique du bien-être. L’approche eudémonique fait référence à des notions de réalisation de son plein potentiel (Ryff, 1995) et d’autodétermination (Ryff & Singer, 1998a). Autrement dit, le fait de vivre en accord avec ses propres valeurs est au coeur du bien-être. L’approche eudémonique conceptualise le bien-être en termes de relations positive avec les autres, de maitrise de sa vie et du contrôle de son environnement, d’acceptation de soi, d’autonomie, de but dans la vie et de développement personnel. A travers la définition de cette approche, nous pouvons constater que celle-ci est en effet fortement influencée pas les travaux de Ryff et Keyes (1995). Cette approche ne considère pas le bien-être comme un concept qui varie simplement selon les affects positifs et négatifs auxquels un individu est exposé mais comme un concept qui prend en compte des composantes aux plans comportemental, psychologique et physiologique. Le bien-être pourrait ainsi être décrit non par l’absence de manifestations négatives, mais plutôt par la seule présence de manifestations positives. Ainsi, les processus conduisant au bien-être consisteraient à créer de bonnes relations interpersonnelles, de bonnes relations d’attachement ou de vivre dans un milieu favorisant le bien-être.

Bien-être subjectif

Plus tard, Diener (1984) va introduire la notion de « bien-être subjectif », non pas en opposition au bien-être psychologique mais comme un approfondissement du concept. C’est d’ailleurs un concept qui intéresse de nombreux chercheurs. Nous disposons donc d’une large documentation sur ce propos grâce aux travaux de chercheurs comme Brief et al. (1993), Diener (1984, 1994), Diener et al. (1999), Feist et al. (1995) ou encore Lucas et al. (1996), qui ont travaillé non seulement sur une définition du bien-être subjectif mais également travaillé sur le développement d’outils permettant de le mesurer.
Ce sont les travaux de Diener débutés dans les années 80 qui font aujourd’hui référence et qui ont permis de mettre en avant la notion de bien-être subjectif. Selon cet auteur, le bien-être subjectif apparait comme un phénomène tridimensionnel dont les dimensions ne sont pas corrélées. La première dimension concerne la satisfaction dans la vie, c’est-à-dire le jugement d’ensemble d’une personne sur sa vie à un moment donné (vécu personnel). La deuxième dimension concerne la présence de sentiments ou d’affects positifs ressentis sur un intervalle de temps. Puis la troisième dimension concerne l’absence de sentiments ou d’affects négatifs sur un intervalle de temps. « La mesure des réactions négatives telles que la dépression ou l’anxiété donne une image incomplète du bien-être des personnes et il est impératif de mesurer également la satisfaction de la vie ainsi que les émotions positives » (Diener, 1994, p. 103). Même si ces trois dimensions sont des composantes séparées du bien-être subjectif, elles nécessitent toutes trois de juger, de mesurer et/ou d’évaluer les réussites de sa vie (pour la satisfaction de vie) et les expériences gratifiantes (pour les affects positifs ou l’absence d’affects négatifs).

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Table des matières

Remerciements 
INTRODUCTION 
PARTIE 1 : LE CADRE THEORIQUE 
CHAPITRE 1 : La vulnérabilité
CHAPITRE 2 : Qualité de vie : l’influence de concepts psychologiques
1. Le bien-être
2. L’Estime de Soi
CHAPITRE 3 : La pratique physique : un outil au service du bien-être ?
CONCLUSION CADRE THEORIQUE
PARTIE 2 : METHODOLOGIE 
1. Participants
2. Les instruments de mesure
3. Protocole expérimentale
PARTIE 3 : RESULTATS 
DISCUSSION 
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 
ANNEXES
Abstact 

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