Évaluer les besoins et constituer un groupe de soutien hétérogène

Dans son discours d’ouverture de la conférence de consensus sur la lecture qui s’est tenue en mars 2016 , O. Dezutter rappelait, à l’appui des évaluations PIRLS , que non seulement la France avait une performance en lecture inférieure à la moyenne des pays de l’OCDE mais que les écarts continuaient de se creuser entre les performances en lecture des très bons élèves et celles de ceux en difficulté. Or ses difficultés rencontrées dans les premières années de la scolarité ne sont pas sans incidence sur l’évolution de ces élèves et sur leur réussite par la suite. Ainsi, les études qui ont suivi les cohortes d’élèves pendant plusieurs années montrent que les 15 % d’élèves de 6ème qui connaissent de grandes difficultés dans la maitrise de la langue écrite étaient déjà en difficulté au CP.

Ces constats préoccupants n’ont rien d’inéluctable. Comme cela sera rappelé dans la première partie de ce mémoire, la recherche a montré qu’un enseignement méthodique, précoce, structuré et explicite de la lecture permettait de réduire significativement le taux d’élèves en difficulté.

PRÉSENTATION DU DISPOSITIF: FONDEMENTS THÉORIQUES, OBJECTIFS, DÉROULEMENT

Comprendre la pertinence du dispositif PTAL-PSR exige de faire un état de la connaissance scientifique sur les difficultés d’apprentissage initial de la lecture et sur les méthodes ayant démontré leur efficacité, notamment pour les élèves les plus en difficulté. C’est en effet sur la base de ces connaissances et ces recherches qu’est née l’expérimentation PTAL-PSR.

Les difficultés d’apprentissage de la lecture : synthèse des enjeux et état de la recherche 

Définition et composantes de l’apprentissage de la lecture
Si différentes définitions de l’apprentissage de la lecture ont été données par les spécialistes de cette question, celle de R. Goigoux, paraît consensuelle : « apprendre à lire c’est apprendre à identifier des suites de mots écrits et à en comprendre le sens » . Ce processus d’apprentissage comprend l’acquisition d’une complexe série de compétences, ainsi résumées par Laurent Cros, directeur de la fondation Agir pour l’école, dans son cours donné à Sciences-Po Paris :
– un pôle décodage, qui mobilise la mémoire de court terme, les tâches de dénomination rapide, la conscience phonologique, le code alphabétique et la fluence;
– un pôle accès au sens, qui comprend le vocabulaire, la compréhension, les autres fonctions cognitives verbales et les références culturelles ;
– un pôle attention, constitué de la mémoire de travail.

Les principales causes de difficulté d’apprentissage de la lecture
De nombreux chercheurs et pédagogues se sont intéressés aux obstacles auxquels pouvaient être confrontés les élèves dans leur apprentissage de la lecture. Ils relèvent, de quatre catégories fondamentales :

– les difficultés d’accès à la conscience phonologique, c’est-à-dire de prise de conscience que la parole est constituée de phonèmes : « Il existe une relation forte entre le développement initial de la qualité des représentations conscientes des phonèmes et le succès ultérieur de l’apprentissage de la lecture »
– les difficultés d’acquisition du code orthographique, « surtout quand sont nombreuses les inconsistances graphophonologiques et phonographiques » et l’identification catégorielle des lettres (majuscules/minuscules) et la discrimination des paires de lettres dont l’une est le miroir de l’autre (par exemple : b-d, p-q)
– des troubles à caractère pathologique qui affectent l’apprentissage, comme la dyslexie
– des difficultés de passage du déchiffrage du texte à la compréhension de sa signification : « déchiffrer ne suffit pas si l’on ne possède pas en mémoire une signification associée à l’image acoustique du mot » comme l’indique R. Goigoux. L’élève doit maîtriser un lexique suffisamment étendu pour comprendre les textes qu’il déchiffre. L’environnement social et culturel de l’enfant influe naturellement sur cette maîtrise du vocabulaire.

Les typologies d’élèves en difficulté et les interventions possibles de l’enseignant
Comme l’a souligné J. Ecalle lors son intervention à la conférence de consensus sur la lecture de 2016, il est possible d’identifier plusieurs profils de lecteurs :
– le faible « identifieur », faible « »compreneur» » ;
– le faible « identifieur », bon «compreneur» ;
– le bon « identifieur », faible «compreneur».

A partir de cette typologie, il est possible de proposer des interventions ciblées :
– pour les faibles « identifieurs », il convient de travailler sur les correspondances graphèmes-phonème, c’est-à-dire le décodage ;
– pour les faibles «compreneurs », Jean Ecalle insiste sur les entrainements à la compréhension, avec des textes oraux et écrits, des textes faisant travailler autant la compréhension littérale et implicites.

Mais ces deux aspects de l’apprentissage sont étroitement liés. Le décodage ne doit pas être fait seul car la lecture de texte et les entrainements de compréhension permettent d’augmenter la fluence et la lecture de mots. Il existe ainsi, selon J. Morais, un enchainement en cercle vertueux de ces deux volets de l’apprentissage. Des premières stimulations dès la maternelle permettent d’améliorer significativement les performances des élèves, en particulier celles des plus faibles (études DIPALE de J. Ecalle qui confirment les expérimentations menées à Grenoble par M. Zorman). Il convient par ailleurs de respecter des méthodes d’enseignement progressif. Pour l’enseignant, une fois acquises ces connaissances fondamentales du processus d’apprentissage de la lecture, la difficulté consiste à les traduire dans des exercices pouvant s’insérer dans la vie de la classe. Comme le rappellent R. Goigoux et S. Cèbe, « le temps scolaire n’est pas illimité, il convient de sélectionner les activités qui constituent le noyau dur des apprentissages ».

Les fondements théoriques et pragmatiques du dispositif PTAL PSR 

Né à Paris en 2010, le dispositif PTAL PSR repose sur des recherches et des expérimentations qui ont démontré l’efficience d’une méthode pour accompagner les élèves en difficulté dans l’apprentissage de la lecture.

A l’origine de PTAL PSR, des recherches internationales et les résultats obtenus par le programme PARLER
L’idée de créer ce dispositif se base en premier lieu sur les connaissances scientifiques internationales. Le National Institute of Child Health and Human Development (NICHD) a fait la synthèse de plus de 100 000 recherches sur les politiques de lutte contre l’illettrisme. Les conclusions du rapport rendues en 2000 sont claires :
– la conscience phonologique (capacité à reconnaître, identifier et manipuler les syllabes, et phonèmes du langage parlé) est un pré-requis à l’apprentissage de la lecture.
– L’enseignement explicite du code alphabétique (correspondances graphèmesphonèmes) dès les premiers jours de CP et de façon systématique est déterminant
– Le travail sur la fluence de lecture (précision, rapidité, automatisation) ainsi que sur la compréhension des textes doivent également être au cœur des apprentissages.

Ces études mentionnées montrent ainsi que la performance peut être accrue d’un écart-type lorsqu’on a recours aux bonnes méthodes (avec ces méthodes, seuls 5% des élèves n’apprennent pas à lire). Ces études ont été confirmées par les résultats obtenus par le projet P.A.R.L.E.R de Michel Zorman, mené à Grenoble. Les résultats de ce programme reposant sur des entrainements réguliers sur la conscience phonologique, l’enseignement du code alphabétique et la compréhension sont exceptionnels: la difficulté scolaire a été divisée par deux, ramenant ainsi les élèves des quartiers de ZEP à des niveaux de difficulté inférieurs à la moyenne nationale.

L’expérimentation PTAL PSR est née de la volonté d’articuler médical et pédagogie pour prévenir les troubles des apprentissages langagiers
Dans la poursuite du projet PARLER, une enquête menée par Catherine Robillard entre 2005 et 2008 dans des écoles parisiennes des 18ème, 19ème, 10ème et 11ème arrondissements a permis d’évaluer les troubles de l’apprentissage de la lecture en CE1 et, par conséquent, la nécessité d’intervenir dans ce domaine pour prévenir ces difficultés dès le cycle des apprentissages fondamentaux. Cette enquête menée a montré que 11% des enfants de CE1 présentaient en janvier un retard d’environ un an en lecture. Ces élèves faibles lecteurs ont les mêmes caractéristiques cognitives que les enfants dyslexiques : un déficit en conscience phonologique. Pour faciliter l’entrée dans la lecture des ces élèves, des entrainements en phonologie s’avèrent tout particulièrement importants.

Consciente de la nécessité de détecter les troubles de l’apprentissage le plus en amont pour prévenir les difficultés d’apprentissages de la lecture au CP et au CE1, le médecin Catherine Robillard a souhaité développer à Paris un programme similaire au programme P.A.R.L.E.R., en proposant une collaboration à l’Académie de Paris. Afin de faciliter la mise en œuvre de ce programme expérimental, une conseillère pédagogique a été désignée par l’Éducation nationale pour suivre le dispositif. L’équipe médicale de Paris Santé Réussite en activité au centre de référence du langage (en lien avec l’hôpital du Kremlin Bicêtre), financée par la Ville de Paris, apporte sa connaissance sur les troubles de l’apprentissage pour les détecter et s’assurer qu’une réponse adaptée leur est apportée. Cette équipe experte dans les troubles d’apprentissage du langage est composée d’un médecin, d’orthophonistes, d’ergothérapeutes, et d’une neuropsychologue.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE 1 : PTAL-PSR, UN DISPOSITIF PERTINENT POUR SOUTENIR DES ELEVES DE CYCLE 2 EN DIFFICULTÉ DANS L’APPRENTISSAGE DE LA LECTURE ?
I. Présentation du dispositif: fondements théoriques, objectifs, déroulement
II. Analyse et compréhension des difficultés observées a la rentrée dans ma classe de CE1 nécessitant d’intégrer PTAL PSR
PARTIE 2 : DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE, ANALYSE DE LA MISE EN ŒUVRE DU DISPOSITIF D’OCTOBRE 2015 À MAI 2016
I. Évaluer les besoins et constituer un groupe de soutien hétérogène
II. Proposer des entrainements réguliers et adaptés pour renforcer les compétences en lecture des élèves
III. Se coordonner avec l’équipe pédagogique et médicale pour détecter et lutter contre les troubles de l’apprentissage
PARTIE 3 : ANALYSE DES RÉSULTATS OBTENUS : UN BILAN MITIGÉ.
I. Un dispositif qui a des plus-values certaines
II. Mais qui présente des limites
III. … qui expliquent des résultats en lecture variables selon le profil des élèves accompagnés
IV. Les perspectives d’amélioration
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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