Production, extraction et séchage de larves de mouche domestique

Cycle de développement de la mouche domestique

   Le cycle biologique des mouches est divisé en quatre stades distincts : œuf, larve (asticot), pupe et adulte.
Œufs : La mouche pond ses œufs un à un et les empilent en petits tas (Figure 1). Normalement, la mouche domestique femelle pond entre 75 à 150 œufs à la fois et répète le processus plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle ait pondu un total d’environ 500 œufs au cours de sa vie. Les œufs sont de couleur blanche et de forme allongée et ovale. Leur développement est optimal dans des fientes de 40 à 70 % d’humidité. Le temps d’éclosion de l’œuf diminue avec des températures élevées. Souvent, plusieurs mouches pondent leurs œufs à proximité les unes des autres, de sorte qu’il peut y avoir un grand nombre de larves et de pupes au même endroit. Les mouches femelles doivent avoir accès à une nourriture appropriée pour produire des œufs (Robertson et al., 2015).
Larves : Selon Lubac (2006), les larves évoluent en trois stades (Figure 1). De couleur blanche à blanc crème, les larves passent par ces différents stades tout en se nourrissant de matière organique en décomposition. La durée des stades larvaires diminue quand la température augmente. Les larves possèdent des capteurs sensoriels qui leur permettent de percevoir leur environnement (odeur, température, humidité, composants chimiques et lumière) et de se déplacer vers les sites les plus favorables à leur survie. Les larves de stade 1 préfèrent les lieux humides et tendent à être lucifuges. Quant aux larves de stade 3, elles migreront vers un milieu plus sec et plus lumineux. Les larves peuvent survivre plusieurs jours à 2°C. Cependant, en dessous de 10°C, elles ne devraient pas s’empuper. En hiver, les larves sont capables de migrer vers des zones plus chaudes pour poursuivre leur développement. Les jeunes larves recherchent des températures élevées (30 à 37°C), alors qu’une larve plus âgée préférera des températures plus faibles afin d’atteindre son optimum de pupaison. La température maximale létale de la larve n’est pas précisément connue mais avoisine 46°C et varie en fonction du stade de développement.
Pupes : Appelée puparium, l’enveloppe de la pupe est tout d’abord de couleur blanc crème puis s’assombrit rapidement pour devenir brun rougeâtre, puis presque noir (Figure 1). La pupaison a lieu fréquemment en surface des tas de fientes plutôt sèches. En fin de stade, le puparium se rompt de manière circulaire à son extrémité antérieure grâce aux efforts de la jeune mouche. L’augmentation de la température provoque une diminution de la durée de pupaison. Il existe cependant des seuils en dessous de 11°C et au-dessus de 38°C où le développement s’interrompt (Lubac, 2006).
Adultes : D’après Lubac (2006), la mouche adulte (Figure 1) a une durée de vie variant entre deux à trois semaines en été et deux à trois mois environ en hiver. Posées sur une surface plane, elles régurgitent et défèquent laissant des taches punctiformes jaune paille et d’autres plus sombres. Les mouches adultes se posent le plus souvent dans les endroits lumineux des bâtiments. Elles sont capables de se disperser en volant sur des distances jusqu’à 20 km de leur lieu d’émergence. Mais, la présence de haies d’arbres, type bocage, aux environs des bâtiments limite la progression des mouches dans l’environnement. Les femelles peuvent se distinguer des mâles par leur taille parfois plus grande et par l’écart entre leurs yeux plus élevé. Tous les stades de développement de la mouche sont tués lors d’une exposition prolongée à 50°C (Lubac, 2006).

Généralités sur les Calliphoridae

   La famille des Calliphoridae contient les mouches communément observée autour des cadavres et des excréments, pendant les mois chauds d’été. Elle a la même classification systématique que celle des Mucidae. C’est un très grand groupe de mouches de taille variant entre 4 à 16 mm, que l’on peut considérer comme robustes avec un vol bruyant et rapide. De nombreuses espèces de cette famille possèdent des reflets bleus ou vert métallique, parfois argentés avec une abondante pilosité dorée (genre Pollenia). La tête et le corps possèdent de longues soies. Les mâles ont des yeux qui se touchent alors que ceux des femelles sont nettement séparés. (Byrd et Castner, 2010). Le genre Calliphora regroupe 200 espèces. Deux espèces se rencontrent dans le monde entier: Calliphora vicina et Calliphora vomitoria (mouche bleue ou mouche à viande). La mouche bleue est légèrement plus grande que la mouche domestique. Les mouches bleues aiment voler en groupe et lorsqu’une mouche détecte un excrément où pondre, elle émet des phéromones pour prévenir ses congénères. L’activité de l’adulte est restreinte à une température inférieure à 12°C et optimale entre 15 et 25°C. La femelle dépose ses œufs, de préférence, à l’abri de la lumière. Les œufs sont blancs ou jaunes de 0,6 à 1,5 mm de long ayant un peu l’aspect d’un grain de riz. La femelle pond en général 150 à 200 œufs par ponte et autour de 2 000 tout au long de sa vie (Lemonnier et al., 2012).

Production d’asticots de Musca domestica

   Selon Hardouin et al. (2000), l’élevage des asticots est simple et peu coûteux. En effet, il s’agit d’exposer en plein air du substrat organique qui peut être constitué de nombreuses sortes de déchets organiques (fumier, fientes, drêches, déchets ménagers, contenu de panse, etc.) contenu dans des récipients (seaux, pots, etc.). Ce milieu doit être assez humide pour que la mouche ponde ses œufs sur ce substrat. Pour assurer un développement optimal des larves, l’approvisionnement en eau doit être quotidien, mais de telle sorte à ne pas inonder le substrat. La récolte peut avoir lieu 3 à 5 jours après ponte selon la région. Il faut récolter les asticots au troisième stade, juste avant la transformation en pupe, qui ne possède pas d’intérêt nutritionnel. Le dernier stade est caractérisé par une migration des larves vers le milieu le plus sec (Blanchot, 1991). Musca domestica se caractérise par un très fort taux de reproduction. Une expérience menée en République Démocratique du Congo a montré qu’en 5 jours, une centaine de mouches ont produit entre 1500 et 1800 asticots par décimètre-cube de drêche de brasserie fraîche. Sur cette période, le substrat est passé de 7 à 10 % de matière sèche, de 30,6 à 60,1 % de protéines brutes totales et de 1,6 à 6,8 % de matières grasses. Les asticots peuvent ainsi être soit directement distribués aux monogastriques et aux poissons en tant que complément protéique de production, soit apportés avec leur substrat dont la qualité a été améliorée, notamment en protéines (Hardouin et al., 2000).

Facteurs influençant la production des asticots

   Plusieurs facteurs influencent la production des asticots. Nous avons entre autres :
– L’humidité : les œufs des mouches domestiques ont besoin de beaucoup d’humidité. Le développement des larves nécessite une humidité relative de plus de 97 % (Nzamujo, 1999). L’étude de Lubac (2006) a montré que le développement des œufs est optimal à des taux d’humidité ambiant compris entre 40 et 70 % ;
– La température : la durée du cycle de reproduction de la mouche domestique est fonction de la température. Plus la température est élevée, plus l’œuf éclot rapidement. Le pourcentage d’œufs éclos est maximum entre 15 à 40 °C. En dessous de 8 °C et audessus de 42 °C, tous les œufs meurent avant l’éclosion. La température la plus favorable pour le développement des larves est de 35 °C (Keiding, 1986) ;
– Les saisons : la productivité baisse en saison sèche et pendant l’harmattan (Bouafou et al., 2006). Au fur et à mesure que la température baisse et que les jours raccourcissent (automne), les mouches adultes qui sont à l’extérieur ralentissent leur métabolisme, arrêtent de pondre des œufs et cherchent un abri. Elles se faufilent à  l’intérieur des fissures et des petites ouvertures des bâtiments pour y passer l’hiver jusqu’à ce que les températures augmentent au printemps. Les mouches sont diurnes (elles sont actives pendant les heures de clarté). À l’approche de la nuit, elles ont tendance à chercher des endroits où se mettre au repos (Robertson et al., 2015) ;
– La nutrition des mouches : les mouches domestiques absorbent des aliments liquides ou semi-liquides. Elles se nourrissent aussi d’aliments solides, mais elles doivent d’abord les amollir avec de la salive régurgitée. Elles régurgitent la salive qui prédigère les aliments solides, puis elles aspirent les matières liquéfiées avec leurs pièces buccales. Les mouches sont particulièrement attirées par les aliments qui contiennent du sucre (mélasse) et des protéines comme les aliments pour volailles (Robertson et al., 2015) ;
– Les types de substrats et d’attractifs : selon Bouafou et al. (2006), les ordures d’origine animale ont de bonnes productivités en asticots (30- 62 %), tandis que les ordures d’origine végétales telles que la semoule de manioc, les épluchures de manioc, de banane et d’igname ont des productivités très faibles en asticots. Plus la quantité d’attractifs est élevée, plus les mouches sont nombreuses et plus le nombre de larves produites est important (Nzamujo, 1999) ;
– La technicité : selon Nzamujo (1999), la compétence de l’opérateur peut aussi affecter la quantité de larves produites ;
– Les prédateurs : les asticots ont pour prédateurs les rats, les lézards, les margouillats, les fourmis, les oiseaux et d’autres vertébrés insectivores (Nzamujo, 1999).

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

   Il ressort au bilan de nos travaux que l’amélioration de l’aviculture traditionnelle passe d’abord par l’amélioration de l’alimentation, surtout une alimentation équilibrée et riche en protéines sans oublier aussi les soins vétérinaires. Dans le sens de trouver une source de protéines moins chère et accessible à tous les agro-éleveurs, nous avons mené des travaux sur les asticots de mouches reconnus comme une source importante de protéines animales pour l’aviculture traditionnelle. L’objectif de nos travaux était de contribuer à l’amélioration de l’alimentation de la volaille au Burkina Faso par l’identification des techniques de production, d’extraction et de séchage des larves de mouches. Cette étude a révélé que peu d’aviculteurs dans la région des Hauts-Bassins et celle des Cascades utilisent les asticots dans l’alimentation de la volaille. Cela est lié au manque d’information, de formation et de sensibilisation sur l’opportunité à saisir afin d’améliorer la productivité et la compétitivité de l’aviculture traditionnelle dans ces localités. Des essais réalisés en station ont permis d’identifier parmi les substrats et les récipients testés, ceux qui produisent mieux les asticots de mouches. Il ressort que la fiente de volaille est un très bon substrat de production et que les récipients en plastique constituent les meilleurs contenants pour la production des asticots. Des méthodes d’extraction et de séchage ont aussi été évaluées. La méthode des tamis est la plus efficace pour l’extraction des asticots. Pour le séchage, l’exposition des asticots au soleil sur des sacs, des sachets plastiques ou des plateaux en fer permet de les sécher en deux ou trois jours en fonction de la quantité. La production et l’utilisation contrôlée des asticots de mouches apparaissent ainsi comme un facteur important pour le développement de l’aviculture traditionnelle au Burkina Faso. Pour cela, en perspective, nous pensons qu’à la suite de nos travaux, il est nécessaire de :
– Vulgariser les techniques de production et d’utilisation des asticots dans les différentes régions du Burkina Faso ;
– Etudier la composition chimique des asticots séchés en fonction des différentes méthodes de séchage afin d’identifier celles qui conservent mieux les nutriments ;
– Trouver d’autres méthodes d’extraction simples et efficaces des asticots ;
– Mettre au point des méthodes de conservation des asticots, simples, efficaces et utilisables en milieu paysan.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I. Généralités sur la mouche domestique (Musca domestica L.)
1.1. Classification taxonomique
1.2. Morphologie
1.3. Cycle de développement de la mouche domestique
1.3.1. Œufs
1.3.2. Larves
1.3.3. Pupes
1.3.4. Adultes
1.4. Ecologie
1.5. Importance
II. Généralités sur les autres types de mouches
2.1. Généralités sur les Calliphoridae
2.1. Généralités sur la mouche soldat noire
III. Utilisation des asticots de mouches dans l’élevage de la volaille
3.1. Production d’asticots de Musca domestica
3.2. Facteurs influençant la production des asticots
3.3. Composition chimique des asticots
3.4. Méthodes d’extraction des asticots dans les substrats
3.5. Techniques de séchage des asticots
3.6. Utilisation des asticots par l’homme
3.6.1. Utilisation des asticots dans l’alimentation de la volaille
3.6.2. Autres utilisations des asticots
CHAPITRE 2 : MATERIEL ET METHODES
I. Présentation de la zone d’étude
1.1. Présentation des sites d’enquête
1.1.1. Régions et villages enquêtés
1.1.2. Evolution de la production de la volaille dans ces régions
1.1.3. Population enquêtée
1.2. Présentation du site d’expérimentation
II. Matériel d’étude
2.1. Matériel technique utilisé pour les enquêtes
2.2. Matériel technique utilisé pour la production des asticots
2.3. Autre matériel
III. Méthodologie
3.1. Etude de la perception des agro-éleveurs sur la production et l’utilisation des asticots dans l’alimentation de la volaille
3.1.1. Choix des sites d’enquêtes
3.1.2. Déroulement de l’enquête
3.2. Choix du site d’expérimentation
3.3. Etude de l’influence des substrats sur la production des asticots
3.4. Etude de l’influence des récipients sur la production des asticots
3.5. Conception de techniques d’extraction des asticots
3.6. Conception de techniques de séchage des asticots
3.7. Analyse statistique des données
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSION
I. Résultats
1.1. Perception des agro-éleveurs sur l’utilisation des asticots
1.1.1. Caractéristiques socio démographique des enquêtées
1.1.2. Espèces de volaille rencontrées dans les villages
1.1.3. Composition de l’alimentation de la volaille
1.1.4. Connaissance des asticots par les agro-éleveurs
1.1.5. Récipients, substrats et attractifs utilisés pour la production des asticots
1.1.6. Méthode de production et d’utilisation des asticots dans les villages
1.1.7. Appréciation des asticots comme nourriture dans l’élevage de la volaille
1.1.8. Avantages et contraintes liés à la production et à l’utilisation des asticots
1.1.9. Disponibilité des substrats dans les villages
1.1.10. Raisons d’abandon de certains producteurs d’asticots
1.2. Influence des substrats et des récipients sur la production des asticots
1.2.1. Influence des substrats sur la production des asticots
1.2.1.1. Influence des substrats bruts
1.2.1.2. Influence des substrats fermentés
1.2.1.3. Influence des substrats mélangés à la fiente de volaille
1.2.1.4. Influence des substrats plus les déchets de poissons frais comme attractif
1.2.1.5. Influence des substrats plus le soumbala comme attractif
1.2.1.6. Influence de tous les différents types de substrats confondus
1.2.2. Influence des récipients sur la production d’asticots
1.2.3. Extraction des asticots
1.2.4. Séchage des asticots
1.2.4.1. Temps de séchage des asticots
1.2.4.2. Aspect des asticots séchés
II. Discussion
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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