Problématique de la gestion de l’eau

Les eaux de surface

   C’est l’ensemble des eaux localisées à la surface de la terre. Au niveau du delta, ces eaux constituent un réseau hydrographique moins réduit que celui de la haute vallée. Ce réseau comprend principalement le cours du fleuve lui-même, un ensemble de défluents et les canaux d’irrigation. Les défluents les plus importants selon Kane (1997) sont : l’axe Gorom-Lampsar, le Djeuss, Djoudj et de multiples marigots.

Les lacs

   Ils sont au nombre de quatre : le lac de Djoudj, le lac Lamantin, le lac Khar et le lac de Guiers. Le lac de Guiers constitue le plus important par sa taille mais aussi par son rôle. Il est situé près de la commune de Mbane dans la basse vallée du Ferlo. Il couvre une superficie moyenne de 300km2. Le lac est relié au fleuve Sénégal par le canal de la nouvelle Taouey, rectifié en 1975 suite à la création du pont de Richard-Toll. Ce cours d’eau permet l’alimentation en eau douce de la ville de Dakar et des villages qui se trouvent autour de lui. Les eaux du lac sont aussi utilisées pour une irrigation au niveau des aménagements hydro agricoles installés le long du lac. Cependant, les prélèvements sur le lac sont importants. L’agriculture irriguée avec les périmètres privés et les casiers de canne à sucre de la CSS consomment un volume de 172000 m3 par jour. L’usine de Gnith prélève un volume estimé à 65000 m3 par jour alors que celle de Keur Momar Sarr consomme 120000 m3 en 2008. Quant à l’évaporation, elle est de 6,5mm par jour. Les autres prélèvements comme l’abreuvement du bétail et les besoins domestiques sont très faibles (SDA, Octobre 2009). Les autres plans d’eaux sont constitués par les canaux d’irrigation construits par la CSS. Ils servent d’irrigation pour les cannes à sucre mais aussi pour les maraîchers de la zone du delta du fleuve Sénégal.

L’agriculture

   L’agriculture est essentiellement basée sur le système irrigué. L’exploitation agricole est difficile ; car les précipitations y sont très faibles inférieures à 300 mm pour permettre une production agricole sécurisée. Plusieurs systèmes de cultures sont pratiqués dans la région en raison de la diversité des agro écosystèmes : cultures irriguées, cultures sous pluies et cultures de décrue. L’agriculture participe de 50% du secteur primaire régional et 11% de l’économie régionale. La SAED contribue de 73% de la production du riz dans la région de Saint-Louis et à 30% de l’objectif autosuffisance du Sénégal en riz (SRSD de Saint-Louis, 2013). Le département de Dagana occupe une place très importante dans ce secteur d’activité de la région. Selon le tableau 3, le riz constitue la production céréalière la plus importante dans le delta du fleuve Sénégal durant la campagne (2012-2013). Cependant, l’agriculture du delta rencontre de nombreux problèmes qui sont complexes et multiples :
-La salinité : les populations sont condamnées à ne cultiver du riz en superficie importante.
-La faible dimension technique des exploitations.
-Le coût élevé des facteurs de production : les sols sont lourds pour les exploiter, il faut des équipements lourds.
-Les difficultés d’écoulement : il n’existe pas d’infrastructures adéquates pour l’écoulement.
-Le parasitisme : présence d’oiseaux granivores, criquets et ravageurs.
-Les pluies hors- saisons qui provoquent le pourrissement du riz ou la germination précoce.
Pour faire face à ces contraintes, l’attention de l’organisation de la production et le renforcement des capacités à la gestion des risques deviennent plus qu’urgents.

Le commerce et l’artisanat

   Le commerce occupe une place importante dans les secteurs productifs du delta. En effet, les activités agricoles fournissent beaucoup de produits permettant au secteur du commerce d’être pratiqué à tout le temps. Cette commercialisation des produits agricoles notamment le riz et la tomate se heurtent aux difficultés suivantes :
-L’absence de financement
-La cherté des intrants
-L’enclavement des zones de production
-La concurrence du riz importé
-L’aggravation de la fraude
L’artisanat n’était pas développé. Mais avec l’essor des activités, il est devenu un secteur important d’appui à la production, pratiqué souvent par des personnes provenant d’autres zones. Les principales activités sont la menuiserie métallique, la menuiserie de bois, la cordonnerie. Les contraintes des sous-secteurs de l’artisanat résident dans les difficultés d’écoulement des produits artisanaux et d’accès aux matières premières.

Comment se fait la gestion de l’eau dans le delta du fleuve Sénégal ?

   La gestion de l’eau dans le delta est rendue possible grâce à l’intervention de plusieurs organismes. L’OMVS assure la fourniture en eau à travers l’ouverture des vannes du barrage de Diama. Cette ouverture se fait pendant l’hivernage. Ceci permettra de stocker un volume important d’eau pour l’irrigation, la navigation etc. Il faut comprendre que la côte de gestion de Diama en saison sèche a été relevée de 2 mètres en 2000 à 2,10 mètres en 2002 pour satisfaire les demandes croissantes pour l’agriculture irriguée et l’agri business dans le delta du fleuve Sénégal (Mietton & al. 2008) citée par Kamara (2013). L’OLAG créé le 20 janvier 2010 est chargé de gérer les réserves des eaux douces de Dakar Bango et du lac de Guiers. Sa mission repose sur la gestion et la planification des ressources en eau. Pour l’approvisionnement en eau potable au niveau du delta, c’est le service régional de l’hydraulique de Saint-Louis qui détient les pouvoirs de décisions et de manœuvre des ouvrages hydrauliques. Les stations de pompage alimentent en eau douce les usines de traitements de la SDE. Ces eaux seront destinées à l’approvisionnement des différents centres urbains (Saint-Louis, Rosso, Richard-Toll, Dagana etc.). L’usine de traitement de Gnith est gérée par la SONES. Elle dispose d’un laboratoire d’analyse qui effectue quotidiennement les mesures en rapport avec la production d’eau potable. L’usine de Gnith produisait 65000 mètres cubes par jour en eau potable en 2008 alors que l’usine de Keur Momar Sarr fournissait 120000 mètres cubes d’eau potable par jour en 2008 selon la SDA du lac de Guiers. Ceci permettra de renforcer l’approvisionnement en eau de la région de Dakar. La DGPRE quant à elle, assure le suivi des eaux en collaboration avec les autres structures nationales comme le service de la météorologie et des partenaires. Le manque de moyens financiers leur empêche d’assurer une bonne gestion des ressources en eau au niveau du delta du fleuve Sénégal. La Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) est un concept de gouvernance de l’eau dans le but d’améliorer sa gestion en vue d’une utilisation durable des ressources en eau. Depuis 2004, sur le plan national, le Sénégal s’est engagé à travers le Plan d’Actions de Gestion Intégrée des Ressources en Eau du Sénégal (PAGIRE). On note l’appui de la coopération canadienne. L’objectif principal du PAGIRE est de contribuer à la mise en œuvre d’une gestion intégrée des ressources en eau adaptée au contexte national, conforme aux orientations définies par le gouvernement sénégalais pour la réduction de la pauvreté, l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et respectant les principes reconnus au plan international en matière de gestion durable écologiquement rationnelle des ressources en eau (PAGIRE, rapport final, 2007). Au niveau du delta du fleuve Sénégal, le PAGIRE a pour objectif de permettre une meilleure exploitation des ouvrages hydrauliques et des eaux. Au niveau des grands aménagements, l’alimentation en eau se fait à travers une station de pompage et ses eaux sont transportées par des canaux d’irrigation. Ensuite, au niveau des périmètres, nous retrouvons des canaux de drainage qui rejettent les eaux usées dans les dépressions. La gestion de l’eau est transférée à des unions et sections villageoises. La SAED, quant à elle, intervient dans la maintenance des stations de pompage et de drainage. Au niveau des périmètres agro-industriels, la maîtrise de l’eau est plus visible. L’irrigation se fait par goutte- à- goutte. Selon Kamara(2013), l’axe Gorom-Lampsar concentre à lui seul près de 70% des prélèvements liés à l’agriculture irriguée. Ce qui fait qu’ un problème de rejet des eaux usées se pose dans cette zone.

Les autres problèmes liés à la gestion de l’eau

   Parmi ces problèmes, on peut citer les inondations récurrentes au niveau du delta. Pendant l’hivernage, les eaux de pluies occupent certaines maisons. C’est ce qui pousse les habitants à se réfugier au niveau des écoles. Les champs sont aussi occupés par les eaux de pluies. Le quartier de Ndombo alarba dans la ville de Richard-Toll en est un exemple. Il se trouve à côté de la nouvelle Taouey. Pendant, l’hivernage les eaux du cours d’eau débordent au niveau des habitations et des champs. On note aussi l’envahissement des plans d’eaux par la végétation aquatique comme le typha australis. Durant ces dix dernières années, on note une progression très rapide de cette espèce. Ce qui inquiète les populations locales et les autorités publiques. On note une prolifération du Typha de 4% par an entre 1984 et 2010 et le Typha domingensis constitue la principale espèce dominante (Mboup, 2014). Et pourtant Trochain (1956) cité par Mboup (2014) avait constaté la présence de Typha au niveau des marigots de Djeuss et de Lampsar et sur les pourtours du lac de Guiers. Mais cette prolifération du Typha n’a pas occasionné de problèmes majeurs. C’est une espèce qui s’adapte à un taux d’humidité supérieur à 80% et ne supporte pas un taux élevé de salinité ainsi qu’une profondeur d’eau dépassant 1 mètre. Le problème en est que la prolifération du Typha réduit les superficies cultivables et ralentit les écoulements. Les zones de développement du Typha constituent des milieux favorables pour la prolifération d’oiseaux granivores. Il constitue aussi un problème pour les pêcheurs car leur développement les empêche de naviguer. L’installation de l’usine Sen huile-Sen éthanol dans la zone entraine aussi un problème de gestion de l’eau. Selon le rapport d’Oakland Institute en mars 2014, le projet Sen huile-Sen éthanol est un géant qui engloutit des quantités importantes d’eau. Son irrigation à grande échelle dans une zone semi-aride met fortement à contribuer l’eau du lac de Guiers, le seul réservoir dans le bassin inférieur du fleuve Sénégal. Ce qui a rendu même l’asséchement de cette partie du lac qui se trouve dans le Ndiael. Les maraichers de la localité affirment qu’ils n’arrivent plus à irriguer à cause de cette usine.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1. PROBLEMATIQUE
2. CONTEXTE
3. JUSTIFICATION DE LA RECHERCHE
4. LES OBJECTIFS
4.1. L’objectif général
4. 2. Les objectifs spécifiques
6. METHODOLOGIE
6.1. La recherche documentaire
6.2. Le travail de terrain
6.3. Le traitement des données
PREMIERE PARTIE : LES CARACTERISTIQUES DU MILIEU
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DU MILIEU PHYSIQUE
I. Situation géographique et limites administratives
I.1. Situation géographique
I.2. Limites administratives
II. Eléments du climat
II.1. La pluviométrie
II.2. La température
II.3. Les vents
II.4. L’insolation
II.5. L’humidité relative
II.6. L’évaporation
III. La géomorphologie du delta
III.1. Géologie
III.2. Relief
IV. Les sols
V. La végétation
VI : Inventaire des ressources en eau dans le delta du fleuve Sénégal
VI.1. Les eaux de surface
VI. 1.a. Axe Gorom-Lampsar
VI.1.b. Le système Djeuss-Rhad
VI.1.c. Les marigots de Djoudj
VI.1.d. Les lacs
VI.1.e. Le fleuve Sénégal
VI.2. L’hydrogéologie du delta du fleuve Sénégal
VI.2.a. Le maestrichtien
VI.2.b. L’aquifère éocène
VI.2.c. L’aquifère de surface
Chapitre II : LE CADRE HUMAIN ET LES ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES
I. Démographie
I.1. Evolution de la population
I.2. Structure par âge et par sexe
I.3. Répartition spatiale
I.4. L’urbanisation
I.5. Migration
II. Activités socio-économiques
II.1. L’agriculture
II.2. L’élevage
II.3. La pêche continentale
II.4. Le tourisme
II.5. Le commerce et l’artisanat
DEUXIEME PARTIE : LES CONTRAINTES DE GESTION DE L’EAU DANS LE DELTA DU FLEUVE SENEGAL
CHAPITRE I : LES OUVRAGES HYDRAULIQUES, AMENAGEMENTS HYDROAGRICOLES ET GESTION DE L’EAU DANS LE DELTA DU FLEUVE SENEGAL
I. Les ouvrages hydrauliques
I.1. L’ouvrage de Diama
I.2. L’ouvrage de Ross-Béthio
I.3. L’ouvrage de Ronkh
I.4. L’ouvrage de Boundoum
I.5. L’ouvrage de Ndiaoudoune
I.6. L’ouvrage de Dakar Bango
I.7. Le barrage de Makhana
II. Les aménagements hydro-agricoles
II.1. Les grands aménagements
II.2. Les petits périmètres
II.3. Les aménagements intermédiaires
II.4. Les périmètres privés
II.5. Les périmètres agro-industriels
III. Comment se fait la gestion de l’eau dans le delta du fleuve Sénégal ?
Chapitre II: LES PROBLEMES DE GESTION DE L’EAU DANS LE DELTA DU FLEUVE SENEGAL
I. LES FATEURS
I.1. La sécheresse
I.2. Le barrage de Diama
I.3. Le canal de délestage
II. LES PROBLEMES
II.1. Evolution de la qualité des eaux du delta du fleuve Sénégal
II .2.Les problèmes liés à la salinité et à l’accès à l’eau potable
II.3. Le problème des eaux de drainage au niveau du delta du fleuve Sénégal
II.4. Les autres problèmes liés à la gestion de l’eau
TROISIEME PARTIE : IMPACTS ET SOLUTIONS POUR UNE MEILLEURE GESTION DE L’EAU DANS LE DELTA DU FLEUVE SENEGAL
CHAPITRE I : IMPACTS DANS LE MILIEU NATUREL
I. Les conséquences des eaux de drainage
I.1. les conséquences des eaux de drainage sur les activités socio-économiques
I.2. Les impacts écologiques
II. Les impacts sanitaires sur le delta
II.1. La bilharziose
II.2. Le paludisme
CHAPITRE II : ETUDES DES SYSTEMES POUR UNE MEILLEURE GESTION DE L’EAU DANS LE DELTA
I. Les premières tentatives de solutions
I.1. La création de l’émissaire du delta
I.2. Les limites de l’émissaire du delta
II. Les autres essais de gestion de l’eau du delta
II.1. La construction du canal de Krankaye
II.2. L’importance du PEPAM
II.3. Les objectifs du projet Millenium Challenge Account(MCA)
III. Recommandations et Perspectives
CONCLUSION GENERALE

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