Prise en compte de la trame verte urbaine par les politiques publiques

D’après l’ONU, en 2008, plus de la moitié de la population mondiale est urbaine (Clergeau, 2007). Les prévisions vont dans le même sens : on estime ainsi qu’en 2050 elle atteindra 75% (Mehdi et Di Pietro, 2009). Ce phénomène d’urbanisation croissante présente de nombreux aspects non désirés ; elle va notamment de paire avec un capital écologique en diminution et menace les espaces dits « naturels », aussi bien en milieu rural qu’urbain, ainsi que la faune et la flore qui y résident, regroupés sous le terme de biodiversité.

Pourtant, on observe une demande de plus en plus forte de nature en ville, afin d’échapper à une certaine monotonie et oppression du minéral (Boutefeu, 2001). L’aménagement du territoire a donc le rôle essentiel de concilier cette urbanisation avec la prise en compte de facteurs environnementaux et sociaux majeurs. Les futurs programmes urbains doivent donc s’attacher à fournir une offre de nature équilibrée et répartie au mieux sur le territoire. Il s’agit donc d’un enjeu concernant un grand nombre d’acteurs publics, du pouvoir communal en passant par les services techniques et les intercommunalités. De plus, il faut prendre en compte une évolution dans les motifs de création des espaces verts : on est passé d’une optique esthétique, hygiéniste, à une volonté beaucoup plus fonctionnel, au sens urbanistique et écologique. Comment s’est réalisée cette transition ? Quelle a été l’influence des politiques publiques ?

L’espace vert : une notion duale

Première définition 

La notion d’espace vert est relativement complexe ; en effet, les significations sont diverses, selon le rôle de chacun (urbaniste, écologue, citadin…). Le CERTU (2001) nous donne, dans un premier temps, une définition relativement large, prenant en compte les « parcs, jardins, espaces boisés ou cultivés, publics ou privés, dans les zones urbaines, périurbaines ou rurales ». Mais cette dernière semble mettre de côté un certain nombre d’éléments que nous allons tenter de définir tout au long de cette partie.

L’espace vert est-il naturel ? 

Il existe une certaine dualité dans la notion d’espaces verts. En effet, ces derniers sont considérés par Catherine De Vilmorin, en 1976, comme des espaces «nécessaires au besoin de nature des citadins ». En constituant des discontinuités au sein des espaces densément bâtis, ils semblent être des lieux de détente et de bien être, s’opposant aux fortes contraintes urbaines. Pourtant, le CERTU affirme le contraire lorsqu’il définit un espace vert comme « un milieu dans lequel l’état ou l’aspect des lieux sont contrôlés, régulés, maitrisés par l’activité humaine » (CERTU, 2001). Ainsi, en tenant compte de ces deux visions antagonistes, on peut considérer qu’un espace vert est un hybride, avec un certain degré de nature et d’artificialité.

Relations avec le monde urbain et rural 

Dans sa définition d’un espace vert, le CERTU intègre le milieu rural. Mais il semble difficile de considérer l’existence d’un espace vert en dehors de l’urbain ; d’après Catherine de Vilmorin (1976), la notion d’espace vert est bien « un concept opérationnel de l’urbanisme ». Mais même si l’espace vert sera avant tout vu comme un élément urbain, l’espace rural ne sera pas tout à fait exclu de l’étude. Nous verrons dans un propos ultérieur l’importance qu’a un espace vert pour la « liaison ville-campagne » (De Vilmorin, 1976). En effet, la limite est souvent floue entre le monde urbain et rural : l’espace vert constituerait donc une transition, au sein de ce que les écologues appellent un « gradient urbain-rural », où l’urbanisation diminue à mesure que l’on s’éloigne du centre.

Coexistence du public et du privé 

Un espace vert peut être défini comme public ou privé. Cela renvoie à deux notions. La première concerne la propriété foncière : le terrain appartient soit à un pouvoir public soit à une personne privée. On peut citer l’exemple des jardins publics, des espaces d’accompagnement de voirie ou de bâtiment public… La seconde traite de la fréquentation du public ; un espace vert appartenant à un privé peut faire l’objet d’une ouverture aux citadins. On peut alors lui associer l’adjectif « public » (Mehdi et Di Pietro, 2009). L’espace vert ne fonctionne pas de façon isolée. Il peut constituer l’unité de base d’un certain nombre d’ensembles vastes, utilisant l’adjectif « vert ». Voyons à présent leurs caractéristiques.

Les différents ensembles « verts » 

On peut trouver quatre grands ensembles, définis par Lotfi Mehdi en 2005.
• Le cadastre vert : il s’agit d’un « outil de connaissance » par la mise en œuvre d’« inventaire exhaustif de l’ensemble des strates herbacées, arbustives et arborées des espaces vert » (2005 : p3).
• Le plan vert : il ne s’agit cette fois plus seulement de connaissances mais de mesures concrètes ; il constitue ainsi « un guide des actions communales pour la valorisation de la ville dans son ensemble et l’amélioration du cadre de vie » (2005 : p3).
• La structure verte : elle se situe à un niveau supérieur par rapport au cadastre et au plan. Elle « permet de fixer les stratégies de développement de la trame verte en se référant au plan d’aménagement » (2005 : p3).

Ces trois notions sont relativement peu utilisées dans le langage de l’urbaniste. En revanche, il existe un élément qui ressort davantage parmi les autres, en raison de la forte utilisation que l’on en fait notamment dans les médias, dans le cadre du Grenelle. Comment définir plus précisément cette dernière ?

La trame verte : une notion encore incertaine

La notion de trame verte est relativement difficile à définir ; en effet, selon l’échelle où l’on se place, selon les acteurs concernés et les fonctions qu’elle exerce, on obtient un grand nombre d’interprétations différentes. De plus, elle est souvent confondue avec d’autres éléments tels que la coulée verte en milieu urbain, ou le réseau écologique en milieu extra-urbain. Dans un premier temps, on peut donc choisir une définition relativement simple : la trame verte constituerait l’ensemble des espaces verts d’un territoire urbain (Mehdi, 2005). Mais ce point semble incomplet ; en effet, dans l’ensemble des interprétations, on retrouve toujours une notion de connexion. Une définition plus aboutie est donnée par le Grenelle de l’environnement : la trame verte est alors « un outil d’aménagement du territoire » qui met « en réseau de l’ensemble des espaces verts urbains, naturels et ruraux d’un territoire ». (CERTU, 2001). Mais cette interprétation occulte un élément pouvant engendrer des débats : la fonction attribuée à la trame verte.

Les différentes fonctions de la trame verte 

D’après Laure Cormier et Nathalie Carcaud, « la notion de trame verte ne peut être définie par rapport à des objets, mais par rapport aux fonctionnalités qu’on lui prête » (Cormier et Carcaud, 2009 : p1). Les deux auteurs font alors apparaître deux visions, donnant la priorité à des fonctions différentes. C’est au niveau européen, national et régional que l’on peut observer la première approche. Ici, la notion de trame verte est avant tout écologique, et s’inscrit dans la stratégie paneuropéenne de la diversité biologique (ratifiée par le France en 1996). La préservation de la biodiversité est alors son rôle majeur. Au niveau local, notamment celui des agglomérations et des communes, la trame verte est davantage un outil d’amélioration du cadre de vie. Son rôle est à la fois environnemental, social et économique. Les préoccupations écologiques sont relativement écartées au profit d’un souci d’esthétisme, de loisirs et de transport. Ces notions sont développées et mises en avant depuis de nombreuses années et sont accompagnées d’un certain nombre de projets phares (projet de trame verte associée à un tramway, pistes cyclables telles que « Loire à vélo », éco-quartier…etc.). Mais il est rare, de rencontrer des projets de création d’espaces verts consacrés uniquement à la biodiversité ; celle-ci reste souvent secondaire, aussi bien pour les politiques que pour les citoyens. Or, le local semble être l’échelle la plus pertinente pour mettre en application le principe de trame verte : « la politique des espaces verts, définie au niveau d’une agglomération » (Chateaureynaud, 2003). C’est donc à cette échelle que doivent être élaborées des actions en faveur de la trame verte, tout en s’inscrivant dans le cadre régional, national et européen. La biodiversité doit donc devenir une priorité, au même titre que les autres fonctions, afin que le niveau local s’inscrive véritablement au cœur du Grenelle et plus largement au sein des stratégies de protection de la biodiversité. Dans le cas de l’agglomération tourangelle, le projet de trame verte s’oriente très clairement vers ce point ; au sein du comité de suivi, on précise que « l’objectif de l’étude sur la trame verte et bleue du territoire du SCOT est bien d’enrichir de manière significative le document cadre que constitue le SCOT sur la thématique de la biodiversité » (Etude de caractérisation de la trame verte et bleue de l’agglomération de Tours, Comité de suivi n°1, 2009 : p2). Ainsi, lorsque nous étudierons la prise en compte de la trame verte par les politiques publiques, nous serons particulièrement vigilants sur le degré d’intégration de la biodiversité. Sans pour autant délaisser d’autres éléments essentiels pour l’analyse, cette dernière sera néanmoins l’un des principaux critères de l’étude. Il paraît donc nécessaire de la définir.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
Partie 1 : Contexte général de la recherche
1. De l’espace vert à la trame verte
2. Les politiques publiques
3. Espaces verts et politiques urbaines
Partie 2 : Questions de recherche et hypothèses
1. Deux périodes charnières
2. Deux modes d’intervention privilégiés
3. Question de recherche et hypothèses
Partie 3 : Terrain d’étude et méthodologie
1. Le terrain d’étude
2. Méthodologie
Partie 4 : Analyse des documents d’urbanisme
1. Une définition complexe de l’espace vert
2. Des liens étroits avec l’urbanisation et le bâti
3. Les fonctions attribuées aux espaces verts
4. La prise en compte de l’environnement au travers des espaces verts
Partie 5 : Analyse de la gestion des espaces verts
1. L’organisation du service
2. Les moyens et surfaces
3. La stratégie mise en œuvre
Conclusion
Bibliographie

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *