Prise en charge orthophonique d’enfants présentant des traits psychotiques

Origine du conte

   Pour P. Lafforgue, les contes proviennent de la tradition orale et trouvent leur origine au coin du feu. En effet, on a découvert qu’à l’époque de la préhistoire, la vie s’organisait autour de deux foyers : un foyer pour la cuisine et un autre utilisé à des fins sociales. C’est autour de celui-ci que se transmettaient les techniques de chasse, de pêche, les secrets médicinaux. C’est là aussi que sont nés les contes. Ceux-ci avaient une fonction sociale de rassemblement mais aussi de transmission. Pendant longtemps, ils étaient destinés uniquement aux adultes et c’était un honneur d’être jugé digne d’en hériter. H. Gougaud considère les contes comme la littérature des illettrés. Ils sont inscrits dans la tradition orale de peuples qui n’avaient pas accès à la lecture ou à l’écriture. Cette tradition orale avait pour but la transmission de l’histoire, des lois, de la littérature orale, mais aussi comme le dit P. Lafforgue, l’enseignement de savoir-faire et l’initiation par des rites. Si les contes ont pu subsister jusqu’à aujourd’hui, c’est selon H. Gougaud justement par leur particularité de ne pas avoir de forme figée : chaque conteur les a nourris, les a enrichis, tout en respectant leur structure, et les a transmis plus loin. On observe pourtant un grand nombre de variantes de contes assez similaires à travers le monde et les époques. Certains pensent que tous les contes sont issus de quelques mythes solaires indoeuropéens et qu’ils ont été diffusés et déformés quand le peuple aryen a émigré vers l’Asie et l’Europe. Il est vrai que l’on retrouve des éléments mythiques dans bon nombre de contes. P. Lafforgue, quant à lui, considère la notion d’inconscient collectif dans cette diversité. En partant de l’hypothèse qu’il existe des images archaïques exprimant un niveau profond de l’inconscient qui serait commun à tout individu, les contes ne sont alors qu’un moyen qui permet d’exprimer ces images archaïques. Cette théorie expliquerait donc la présence d’éléments communs dans des contes de divers pays, éléments archaïques tels que l’angoisse d’abandon, la rivalité fraternelle, la toute puissance du héros, et bien d’autres encore…

Pratique orale du conte

   Comme nous l’avons vu précédemment, le conte prend ses origines à l’oral. On appelle cela le « conte populaire », car il comporte tout un aspect communautaire et traditionnel, tant dans sa création que dans sa transmission au fil des siècles. On peut donc considérer que le conte fait partie de la littérature orale au même titre que le mythe, la légende ou la fable, les comptines, devinettes, proverbes, etc…Mais alors qu’est-ce qui différencie le conte d’autres types de littérature orale ? Un mythe est un récit imaginaire, qui narre les exploits de héros n’appartenant pas au commun des mortels. Ces héros, nommés, sont dotés de pouvoirs quasi-divins. Les mythes ont pour but d’expliquer certains fondements de la société qui les a inventés. Ces récits relèvent du domaine de la croyance, de la mémoire des Dieux et assurent une certaine cohésion au sein de la communauté. Les mythes ont le plus souvent une fin tragique et pessimiste. Une légende est un récit d’exploits de personnages ayant vraisemblablement existé, attaché à un lieu géographique précis. Néanmoins, ces héros, bien qu’humains, sont également dotés de pouvoirs ou d’aides surnaturels, amplifiés au fil de la transmission par les différents narrateurs. Les légendes, tout comme les mythes, font l’objet de croyances.

Approche structuraliste

   Le but des structuralistes est de faire ressortir les particularités du conte merveilleux en l’étudiant sous l’angle de sa structure. V. Propp remet en cause les classifications déjà existantes et propose une  analyse scientifique des contes merveilleux. Il découpe ceux-ci en petites unités et découvre des éléments récurrents et semblables dans différents contes. C’est ce qu’il nomme les « fonctions ». « Par fonction, nous entendons l’action d’un personnage, définie du point de vue de sa signification dans le déroulement de l’intrigue. […] Les éléments constants, permanents du conte sont les fonctions des personnages, quels que soient ces personnages et quelle que soit la manière dont ces fonctions sont remplies »V. Propp considère 31 fonctions différentes : éloignement, interdiction, transgression, demande de renseignements, information, tromperie, complicité involontaire, méfait, manque, appel, début de l’entreprise réparatrice, départ, première fonction du donateur, réaction du héros, réception de l’objet magique, déplacement dans l’espace, combat, marque du héros, victoire, réparation, retour, poursuite, secours, arrivée incognito, prétentions mensongères, tâche difficile, accomplissement de la tâche, reconnaissance, découverte, transfiguration, punition, mariage. (pour plus de détails : cf Annexe II) On ne trouve évidemment pas ces fonctions de façon exhaustive dans l’ensemble des contes. Une seule fonction est obligatoire : un manque ou un méfait que l’on trouve toujours au début d’un conte. Les fonctions peuvent se présenter par paire (ex : interdiction/transgression, interrogation/information, combat/victoire), ou peuvent être isolées (ex : mariage). Un conte suit un nombre de fonctions données. Le conteur doit respecter cette structure, mais est complètement libre de modifier le conte tant qu’il respecte ces fonctions. Enfin, les récits qui sont construits selon une même succession de fonctions sont des contes de même type. Le conte se définit donc pour V. Propp comme un récit dont le déroulement est fait d’une succession de fonctions, en partant d’un manque ou d’un méfait, pour finir avec un mariage ou autre fonction qui permet un dénouement. Entre ces deux extrémités peuvent s’articuler toutes sortes de fonctions intermédiaires. Pour V. Propp, les contes merveilleux du monde entier sont construits selon cette même structure que l’on appelle canonique, et qui comprend deux séquences (une séquence étant le développement d’une fonction). Chaque fois qu’un nouveau manque survient, ou qu’un nouveau méfait est commis, c’est le début d’une nouvelle séquence, jusqu’à la réparation de ce méfait.

La différence entre réalité et fiction

   A la différence du rêve qui symbolise les conflits inconscients de l’être humain sans pour autant apporter de solution, le conte permet de faire un lien entre réalité et fiction. Ainsi, par son ancrage dans la fiction, il permet à l’enfant de se projeter, de s’identifier aux personnages et d’être confronté dans cet imaginaire à des émotions qui le terrasseraient dans la réalité. « Les contes de fées offrent des personnages sur lesquels l’enfant peut extérioriser ce qui se passe dans sa tête de façon contrôlable.»1 « La sorcière qui existe dans les fantasmes de l’enfant angoissé le hantera et lui fera peur. Une sorcière qu’il peut pousser dans un four et brûler vive est plus rassurante : l’enfant sait qu’il est capable de s’en débarrasser. » Cet imaginaire permet à la fois de mettre des mots sur des fantasmes parfois inconscients, mais suggère également des solutions pour faire face à ces angoisses. Ces solutions peuvent être élaborées et reçues par l’enfant parce que justement elles ne sont pas proposées dans la réalité mais dans la fiction et de manière symbolique. A la fin du conte, l’enfant revient à la réalité, mais à la différence du rêve, des processus psychiques sont élaborés entre le préconscient et le conscient. L’enfant peut donc faire la différence entre la réalité et la fiction,  mais profite de cette fiction pour contrôler un peu ce qui le dépasse et trouver des solutions bien réelles pour son quotidien. Il y a ainsi une continuité entre réalité et imaginaire.

Mettre de l’ordre en soi

    B. Bettelheim se base sur la théorie Freudienne du Ça, du Moi et du Surmoi qui, s’ils sont bien intégrés, aboutissent à un équilibre chez l’adulte. Cet équilibre lui permet de concilier l’ordre rationnel avec son inconscient qui peut sembler parfois illogique. Bon nombre de conflits sont dus à la question de l’identité : qui suis-je ? Pour développer sa personnalité, une personne va justement devoir intégrer les différentes tendances contradictoires qui font partie de son être. On trouvera dans certains contes des personnages qui représentent chacun une de ces tendances (qui symbolisent le Moi, le Surmoi ou le Ça). L’enfant peut selon les moments s’identifier en toute liberté à l’un ou à l’autre de ces personnages. Dans d’autres contes, on verra un héros confronté successivement à plusieurs tendances et les intégrer, une à une à sa personnalité, lui permettant de devenir indépendant et adulte. De cette façon, les contes, par leurs personnages sans ambiguïtés, vont encourager l’enfant à mettre de l’ordre en soi, dans son chaos intérieur, à travers les mécanismes d’identification et de projection. Ces récits reconnaissent l’importance et la gravité des conflits et ambivalences de l’enfant. Ils proposent pourtant une solution dans le conte qui amène le Moi et le Surmoi à prendre le dessus sur le Ça, ce qui entraîne la réussite du héros.

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Table des matières

INTRODUCTION
FONDEMENTS THEORIQUES
1. Théorie sur le conte
1.1. Origine du conte
1.2. Qu’est-ce qu’un conte ?
1.3. Travaux et étude des contes
2. Le conte : perspective thérapeutique
2.1. Pourquoi le conte en prise en charge ?
2.2. Utilisation du livre en rééducation
2.3. Utilisation des contes de fées selon Bettelheim
2.4. Intérêt d’une thérapie groupale
3. Perspective psychodynamique de la psychose infantile
3.1. Le développement psychoaffectif : du normal au pathologique
3.2. L’apport de J.-M. Lacan sur l’accès au symbolique
4. Aspects cliniques des psychoses infantiles
4.1. L’angoisse
4.2. La dépersonnalisation
4.3. La déréalisation
4.4. Le langage dans les psychoses infantiles précoces
PROBLEMATIQUE
1. A l’origine
2. 1 ère ambition de l’atelier-conte 
2.1. Premières hypothèses
2.2. Déroulement de l’atelier
3. Ajustements et nouveaux objectifs
3.1. Rencontre
3.2. Objectifs d’une prise en charge orthophonique
3.3. Nouvelles problématique et hypothèses
METHODOLOGIE
1. Structure
2. Population
3. Cadre de l’atelier-conte
4. L’atelier conte
4.1. Première partie
4.2. Deuxième partie
4.3. Pourquoi un album ?
4.4. Quelles histoires ?
5. Matériel
ANALYSES
1. Analyse de V.
2. Analyse de A.
3. Analyse de K.
4. Conclusion globale des observations concernant le conte
DISCUSSION
1. Interprétation des résultats
2. Validation des hypothèses
3. Observations annexes et ouverture
4. Limites du mémoire
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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