PRISE EN CHARGE DU GLAUCOME PRIMITIF A ANGLE OUVERT, DU DEPISTAGE AU TRAITEMENT

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DEFINITION ET CLASSIFICATION DES GLAUCOMES

La définition du glaucome a beaucoup évolué au cours des dernières décennies mais il n’y a toujours pas de consensus mondial. D’abord défini par une pression intraoculaire élevée, cette dernière a ensuite été identifiée comme un facteur de risque du glaucome. La définition actuelle selon l’American Academy of Opthalmology est « le GPAO est une neuropathie optique chronique progressive de l’adulte où la PIO et d’autres facteurs encore inconnus contribuent à la maladie et pour qui, en l’absence d’autres causes non identifiables, il existe une atrophie caractéristique du nerf optique et une perte des cellules ganglionnaires et de leurs axones » (6). La définition actuelle de l’European Glaucoma Society est quant à elle : « Une neuropathie optique chronique progressive qui a comme particularité commune des modifications morphologiques de la tête du nerf optique et des fibres nerveuses rétiniennes en l’absence d’autres maladies oculaires ou de pathologies congénitales. Des pertes progressives des cellules ganglionnaires rétiniennes et du champ visuel sont associées à ces modifications »
(7). Selon l’OMS le glaucome peut être considéré comme « un groupe de pathologies oculaires ayant en commun une perte acquise caractéristique des cellules ganglionnaires rétiniennes, à des niveaux au-delà de la perte normale due à l’âge, et à une atrophie correspondante du nerf optique » (8) qui note aussi que l’absence de consensus mondial est une perte fondamentale pour la recherche sur le glaucome. Pour cette thèse, nous allons nous appuyer sur la définition française qui est selon l’Haute Autorité de Santé : « Le glaucome est une neuropathie localisée au niveau de la papille optique, lieu de rassemblement des fibres visuelles rétiniennes. Sa définition est anatomo-clinique : il se caractérise par l’association d’une atrophie du nerf optique (l’excavation du nerf optique étant le premier signe visible) et d’une altération du champ visuel, une pression intraoculaire (PIO) élevée ou normale. Bien que l’élévation de la pression intraoculaire soit un facteur de risque majeur, une personne ayant une hypertonie oculaire ne peut être considérée comme ayant un glaucome si les deux autres signes pathognomoniques ne sont pas associés » (9).
Dans cette pathologie, les terminaisons nerveuses du nerf optique sont abimées au niveau de la rétine et le nerf optique perd progressivement ses fibres. Il en résulte une atteinte progressive irréversible du champ visuel. Cette atteinte peut néanmoins être ralentie par des traitements si le diagnostic est réalisé avant la perte des fibres optiques.

Classification

Le glaucome peut se manifester sous une multitude de formes. D’après le dernier rapport de la HAS sur le glaucome (9) on peut établir un classement selon les trois types majeurs du glaucome : le glaucome à angle ouvert, le glaucome à angle fermé et le glaucome congénital.

Les glaucomes à angle ouvert

Dans les glaucomes à angle ouvert, la structure de l’angle irido-cornéen est ouvert, l’humeur aqueuse est donc en contact avec le trabéculum, c’est la texture même du trabéculum qui devient imperméable (glaucome primaire) ou alors une cause mécanique qui obstrue le trabéculum (glaucome secondaire).

Glaucome primaire à angle ouvert

Dans le glaucome primaire à angle ouvert, l’humeur aqueuse a accès au trabéculum, c’est la structure du tissu du trabéculum qui ne remplit plus ses fonctions physiologiques.
Il existe deux formes de glaucome primaire à angle ouvert :
-­‐ Le glaucome primitif à angle ouvert (GPAO) ou à pression intraoculaire élevée : Le trabéculum devient de moins en moins perméable ce qui conduit à l’augmentation de l’humeur aqueuse dans l’œil et donc à l’augmentation de la pression intraoculaire.
-­‐ Le glaucome à pression normale ou sans élévation de pression : Dans cette forme, il existe une atteinte du nerf optique et une altération du champ visuel sans que la PIO augmente.
BOULAIN Audrey ½ Prise en charge du glaucome primitif à angle ouvert, les traitements actuels 28

Glaucome secondaire à angle ouvert

Ces formes sont nombreuses mais beaucoup moins fréquentes.
-­‐ Glaucome pigmentaire : Il est provoqué par une accumulation de pigment provenant de la face postérieure de l’iris qui obstruent le système d’écoulement de l’humeur aqueuse.
-­‐ Glaucome pseudo-exfoliatif : Il est provoqué par la production et le dépôt anormal de matériel fibrillaire pseudo-exfoliatif au niveau du trabéculum. Il en résulte une altération de la filtration de l’humeur aqueuse par obstruction mécanique.
-­‐ Glaucome post-traumatique : Après un choc, l’accumulation d’hématies dans l’angle irido-cornéen peut engendrer une altération de la filtration de l’humeur aqueuse au niveau du trabéculum.
-­‐ Glaucome cortisonique : L’administration de corticoïdes par voie locale (pommade ophtalmique, collyre) ou par voie systémique à fortes doses pendant une période prolongée peut engendrer une élévation de la pression intraoculaire.

Les glaucomes à angle fermé

Ils peuvent être primaires ou secondaires, l’occlusion de l’angle par l’iris peut être chronique, intermittente ou aigue. Les glaucomes chroniques par fermeture de l’angle associent un angle irido-cornéen étroit, la présence de goniosynéchies, une atteinte du nerf optique et un déficit du champ visuel (9).
Pour rappel, le trabéculum se situe à l’angle ou l’iris et la cornée se rejoignent. Cet angle mesure 45° et pour que l’humeur aqueuse soit filtrée, elle doit entrer en contact avec le trabéculum. Plus l’angle sera étroit, moins l’humeur aqueuse parviendra au trabéculum. Dans les glaucomes à angle fermé l’iris s’appose contre le trabeculum et l’obstrue.
Contrairement aux formes de glaucome à angle ouvert où la pression augmente progressivement et lentement, dans les formes de glaucome aigu à angle fermé, la pression augmente en quelques heures. Dans la plupart des cas, la crise aiguë du glaucome est très douloureuse (maux de tête, vertiges, nausées, vomissements, œil rouge et déformé), il s’agit d’une urgence médicale car le patient peut perdre la vue définitivement.
Il existe deux formes de glaucome à angle fermé : le glaucome primitif par fermeture de l’angle ou glaucome aigu par fermeture de l’angle (GAFA) et les glaucomes secondaires à angle fermé.

Les glaucomes congénitaux

C’est une forme rare du glaucome dont l’apparition survient avant 3ans. On parle de glaucome infantile précoce chez le nouveau-né, de glaucome infantile chez l’enfant et de glaucome juvénile chez les enfants de plus d’un an.
Les glaucomes les plus fréquents dans le monde sont le GPAO et le GAFA avec des répartitions différentes selon les ethnies. Pour les caucasiens le plus fréquent est le GPAO, c’est celui que nous allons étudier tout au long de cette thèse.

PHYSIOPATHOLOGIE DU GPAO

Le GPAO est une neuropathie chronique, progressive engendrant une excavation de la papille suite à une destruction des fibres optiques. Longtemps asymptomatique (ce qui peut conduire à un retard de diagnostic), elle conduit ensuite inexorablement à une altération du champ visuel pouvant évoluer vers la cécité en l’absence de traitement. La neuropathie glaucomateuse est une pathologie complexe, génétique et multifactorielle dont les mécanismes restent à ce jour très mal compris.
Cependant deux principales hypothèses biomécaniques peuvent en expliquer les signes cliniques : la théorie mécanique liée à l’augmentation de la pression intraoculaire (hypertonie intraoculaire) et la théorie vasculaire liées au flux sanguin dans la portion laminaire de la tête du nerf optique (TNO) (1).
Selon la théorie mécanique, l’hypertonie intraoculaire, due dans le cas du GPAO à un défaut de perméabilité du trabéculum, entrainerait un remodelage de la structure de la tête du nerf optique (TNO) à l’origine de la destruction des cellules rétiniennes (10). La papille ou TNO est un point faible dans l’enveloppe cornéosclérale, ce serait le site principal des lésions des axones des cellules ganglionnaires rétiniennes (CGR) dans le glaucome (11). En cas d’augmentation de la PIO, les tissus de la lame criblée s’étirent, se compressent et se réarrangent au sein de la tête du nerf optique (12). La compression de ces tissus entrainerait une compression des axones des CGR et ainsi la destruction des fibres nerveuses rétiniennes.
Selon la théorie vasculaire, des dysrégulations vasculaires au sein du nerf optique aggraverait les atteintes histologiques et cliniques de la neuropathie optique glaucomateuse. L’hypoperfusion du nerf optique serait due à la réduction de la pression de perfusion oculaire et/ou atteinte de l’autorégulation vasculaire. De nombreuses études rapporte une pression de perfusion oculaire diminuée chez les patients atteints du glaucome (13). Une meilleure connaissance des réponses vasculaires au cours du GPAO permettraient d’identifier des cibles thérapeutiques.
Les recherches de ces dernières décennies se focalise essentiellement sur la neurodegenescence rétinienne glaucomateuse en étudiant les mécanismes impliqués dans la mort par apoptose. L’amélioration de nos connaissances sur ces mécanismes pourrait ouvrir la voie à de nouvelles thérapies neuroprotectrices.
Ils existent plusieurs voies permettant de mettre en jeu le processus d’apoptose (mort cellulaire programmée) :
-­‐ La voie extrinsèque via les récepteurs membranaires TNF-a . L’activation du récepteur va, via une cascade de réactions, induire une apoptose. Il a été montré une surexpression de TNF-a dans la rétine et le vitré chez les patients atteint du glaucome (14). La voie extrinsèque fonctionne aussi avec le récepteur Fas/CD95 où le fas-ligand vient se lier. Le complexe fas/Fas-ligand est impliqué dans certaines réactions inflammatoires et dans le contrôle de la prolifération et de l’apoptose cellulaire.
-­‐ La voie intrinsèque (voie mitochondriale) : la mitochondrie assure la chaine respiratoire cellulaire et permet donc à la cellule de survivre. Sa perméabilité est assurée par la famille Bcl-2. La perméabilisation pathologique de la membrane mitochondriale libère des protéines apoptotiques telles que le cytochrome c. Cette perméabilisation pathologique pourrait être induite par l’élévation de la PIO et l’ischémie de la tête du nerf optique (15).
Outre les mécanismes mis en jeu lors du processus de l’apoptose, quatre facteurs majeurs d’agression favorisant la neurodégénérescence rétinienne glaucomateuse ont été à ce jour identifiés (figure8) (16):
-­‐ La carence en neurotrophines :
Les neurotrophines sont des protéines de bas poids moléculaires qui régulent le développement, la viabilité et les fonctions des neurones. Les quatre principales neurotrophines d’origine neuronale sont le nerve growth factor (NGF) ; le brain-derivedneurotrophic factor (BDNF) ; la neurotrophine 3 (NT-3) ; la neurotrophine 4/5 (NT-4/5)
La majorité des neurotrophines sont d’origine centrale, elles sont synthétisées au niveau du colliculus pour les CGR puis transportées de façon rétrograde le long de l’axone jusqu’à la terminaison nerveuse. Un déficit de ce transport rétrograde serait à l’origine de la privation en neurotrophines (17). Une étude de 2000 a montré chez les rats que l’élévation de la PIO inhibait le transport axonal de BDNF (18).
Une perspective de thérapie serait donc un apport en neurotrophines. Un apport complémentaire de BDNF par injection intravitreene ou par transfection de vecteurs viraux améliorerait la morphologie, la fonction et la survie des cellules ganglionnaires rétiniennes (19).
Il a été montré sur une étude de 3 patients glaucomateux en 2009 que l’apport de NGF par voie topique réduirait l’apoptose neuronale et améliorerait la fonction visuelle (20).
La complexité des voies de signalisations (l’équilibre entre la viabilité et l’apoptose des cellules ganglionnaires rétiniennes) en réponse à l’apport de neurotrophines et la variabilité d’expression des récepteurs TrK à la surface des CGR fait obstacle aujourd’hui à la généralisation de telles thérapeutiques. Les recherches se tournent vers le complexe neurotrophine/ récepteur BDNF/Trk. Dans la rétine, deux autres facteurs neurotrophiques ont été identifiés comme acteurs potentiels de l’apoptose au cours du glaucome : le ciliary neurotrophic factor (CNTF) et le glial cell line-derived neurotrophic factor (GDNF).
Le CNTF se lierait aux récepteurs CNTF-a et favoriserait la survie des cellules ganglionnaires rétiniennes en activant la voie de signalisation STAT3 (21). En expérimentation, l’apport de CNTF exogène par transfection virale aurait permis de protéger la neuro rétine lors d’ischémie et d’hypertonie chez l’animal, voire de favoriser la repousse axonale (22). Une thérapie associant un apport de CNTF et de BDNF favorisait ainsi la survie des CGR et la repousse axonale de manière complémentaire.
-­‐ L’excitotoxicité du glutamate:
Le glutamate participe à la neurotransmission entre les photorécepteurs et les cellules bipolaires d’une part, et à la neurotransmission entre les cellules bipolaires et les CGR d’autre part. Sa recapture neuronale s’effectue majoritairement par les récepteurs NMDA. L’hypothèse de l’excitotoxicité est basée sur le fait qu’un excès de glutamate provoquerait une mort cellulaire des CGR par activation des signaux pro-apoptiques (17).
Certaines études ont montré une augmentation du glutamate dans le vitré chez les patients atteints du GPAO (23). Cependant, d’autres études n’ont pas réussi à identifier cette élévation. Nos connaissances dans l’éventuel rôle d’un excès de glutamate dans la neurodégénerescence des CGR sont encore minces. Actuellement, l’apport de mémantine par voie orale (antagoniste des récepteurs NDMA) s’est soldé par un échec (24) mais une étude expérimentale sur des souris montre qu’une administration intravitreene de Mémantine après une dégénérescence du nerf optique a un effet glioprotecteur sur le nombre d’astrocytes rétinien (25). De plus une étude de 2017 montre que l’activation des récepteurs mGlu1 joue un rôle clef dans la dégénérescence des CGR et encourage l’étude de ces récepteurs (26).
-­‐ Le stress oxydant et l’ischémie:
Le stress oxydant résulte d’un excès d’espèces réactive de l’oxygène (= ROS = Reactive oxygen species) secondaire à une dysfonction mitochondriale. Les ROS dégradent les protéines et l’ADN conduisant à une mort cellulaire. Dans le GPAO, l’HIO et les troubles de la perfusion du nerf optique contribuerait aux stress oxydants rétinien. Certaines ROS et les dommages intracellulaires qui en résultent ont été identifié chez l’animal et chez certains patients atteints de GPAO (27). La mitochondrie, en situation d’hypoxie, est à l’origine d’une cascade de réaction conduisant à la sécrétion d’érythropoïétine, de la protéine Hsp-27 et de VGF. Des concentrations élevées de ces derniers ont été retrouvés dans l’humeur aqueuse de patients atteints de GPAO (28). Les cellules disposent de nombreux mécanismes antioxydants dont la dysfonction pourrait jouer un rôle dans la neurodegenerescence rétinienne.
Le bleu de méthylène est un neuroprotecteur aux propriétés antioxydantes directes au sein de la mitochondrie. Il pourrait à l’avenir être utilisé contre la neurodegenescence rétinienne. Les études en sont à l’état expérimental chez l’animal (29).
-­‐ L’activation gliale:
Les astrocytes, composante de la macroglie, sont physiologiquement en étroite relation avec les cellules ganglionnaires rétiniennes. L’activation de la macroglie est caractérisée dans le glaucome par la prolifération et l’hypertrophie cellulaire (astrocytose), l’expression de marqueurs d’activation et la dérégulation de l’expression de certains gènes en rapport avec la sécrétion et la dégradation de la matrice extracellulaire (30). L’ensemble de ces altérations astrocytaires provoquerait un remodelage pathologique de la TNO responsable d’une ischémie rétinienne par compression vasculaire comme vu précédemment. Les astrocytes seraient aussi sensibles à certaines molécules retrouvées en excès dans la pathologie glaucomateuse : le monoxyde de carbone (NO), certaines interleukines, le TNF-a et les endothélines. Il a été montré que l’excès d’endothéline-1 entrainerait une ischémie et une mort neuronale chez l’animal (31).
Les cellules gliales de Müller ont un rôle déterminant dans la régulation de l’homéostasie rétinienne (32). Elles assurent une protection neuronale en condition physiologique en produisant des anti-oxydants et des neurotrophines, en régulant le flux d’ions et d’eau et en recyclant le glutamate. Dans le GPAO, l’élévation de la pression intraoculaire induirait une activation cellulaire, une dérégulation de leurs fonctions protectrices physiologique, voir la sécrétion de facteurs neurotoxiques (NO, TNF et a 2macroglobine) (33).
Une activation de la microglie (ensemble des cellules immunes rétiniennes) a été détecté chez l’homme glaucomateux (34). Cela entrainerait une sécrétion de facteurs neurotoxiques (NO, TNFa , endothélines et interleukines) et un default de clairance des débris cellulaires et radicaux libres. Une future stratégie thérapeutique sera l’inhibition de cette activation.
Une approche globale de ces processus permettra de développer une stratégie thérapeutique neuroprotectrice et anti-inflammatoire.

Prévalence du GPAO

Les glaucomes sont la deuxième cause mondiale de cécité derrière la cataracte. Ils constituent la première cause de cécité irréversible.
Il est difficile d’établir une épidémiologie car il n’y a pas de consensus sur la définition même du glaucome. Sa définition a changé au cours des dernières décennies : au début du XXème siècle seule la pression intraoculaire était considérée alors que maintenant on prend en compte également les anomalies du champ visuel et de la papille optique.
Depuis 2002 les études de prévalence se reposent sur la définition du glaucome selon l’ISGEO (International Society for geographical and epidemiological Ophtalmology) (35) qui est :
-­‐ Catégorie 1 (atteinte de la structure et de la fonction) : anomalies structurales avec cup/disc ratio (CDR) ou asymétrie du CDR > 97,5e percentile de la population normale, ou un anneau neurorétinien < 0,1 CDR entre 11 heures et 1 heure ou 5 heures et 7 heures associées à des anomalies fonctionnelles du champ visuel consistantes avec un glaucome.
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-­‐ Catégorie 2 (atteinte sévère de la structure sans preuve fonctionnelle) : si un champ visuel est non fiable ou non réalisé, anomalies structurelles avec CDR ou asymétrie du CDR > 99,5e percentile de la population normale. Pour les catégories 1 et 2, les atteintes oculaires entrainant un déficit du champ visuel ou une modification de l’excavation autres que le glaucome doivent être éliminée.
-­‐ Catégorie 3 (papille non vue, champ visuel impossible) : acuité visuelle basse (inférieur à 2/10) et PIO > 99,5e percentile, ou évidence de chirurgie du glaucome, ou documentation antérieure sur dossier médical.
La prévalence du glaucome varie selon les études de 0,71 à 7 % (1).

Incidence du GPAO

Le principal facteur de variation est l’origine ethnique ce qui peut s’expliquer probablement par les différences génétiques et environnementales. D’une façon très globale selon une méta analyse combinant les résultats de 46 études publiées en 2006 la prévalence du GPAO est estimée à 2,1 % (IC95 % ; 1,6-2,7) pour la population caucasienne, 4,2 % (IC95 % : 3,1-5,8) pour la population noire et 1,4 % (IC95 % : 1-2) pour la population asiatique (36).
D’après une étude publiée dans l’Arch Ophtalmol en 2004, la prévalence du glaucome augmente avec l’âge. En effet chez les sujets blancs, la prévalence du glaucome chez les sujets de 50 à 54 ans est de 0,89 %, puis de 2,16 % chez les 70 à 74 ans et 6,94 % chez les 80 ans et plus.
Chez les sujets noirs, la prévalence du glaucome est de 2,24 % chez les 50 à 54 ans, 5,89 % pour les 70 à 74 ans et 9,82 % chez les 80 ans et plus (Figure9) (37). Au vu de la population vieillissante, le glaucome va, de par sa prévalence croissante et son coût, devenir une préoccupation majeure de santé publique.
Dans une étude française de 2006 (38), l’analyse de régression logistique a montré que l’âge et une augmentation de la pression intraoculaire (PIO) était positivement associé au risque de survenue d’un glaucome. Une PIO supérieure à 21 mmHg est observée chez 10,1 % des hommes et 6,4 % des femmes. Cette prévalence augmente avec l’âge : de 5,3 % pour les hommes âgés de 18-39 ans à 15,5 % chez les plus de 59 ans (Figure10). Pour les femmes la prévalence passe de 3 % chez les 18-39 ans à 7 ,5 % chez les plus de 59 ans. Le diagnostic de glaucome était établi chez 2,2 % des hommes et 3 % des femmes. La prévalence du glaucome est de 0,8 % chez les hommes les plus jeunes et 5,7 % chez les plus âgés (respectivement dans la même classe d’âge de 0,6 % et 4,7 % pour les femmes). Cette étude confirme l’augmentation de la PIO avec l’âge, et la nature liée à l’âge des deux affections que constituent l’hypertonie oculaire et les glaucomes à pression élevée.

Les facteurs de risques du GPAO

Les facteurs de risques du GPAO sont nombreux et complexes. Ils n’influent pas tous au même stade de la maladie, un facteur de risque favorisant l’apparition du glaucome n’aggrave pas forcément la pathologie une fois développée. Nous pouvons classer les facteurs de risques en trois catégories : Les facteurs de prédispositions chez un sujet sain, les facteurs de risques d’apparition chez un sujet hypertone et les facteurs d’aggravation du glaucome (39). Outre l’âge et l’hypertonie oculaire (cf 5.2), d’autres facteurs de risques du glaucome ont été identifiés :
-­‐ Origine ethnique :
L’origine ethnique est un fort facteur prédisposant (cf 5.2) mais ne semble pas être un facteur de risque de progression (40).
-­‐ Les antécédents et facteurs génétiques :
Plusieurs études ont montré une corrélation positive entre l’apparition du glaucome et antécédents familiaux (41) (42). Une étude de 2007 montre que la famille apparentée du premier degré d’une personne atteinte du glaucome a 22 % de chance de développer un glaucome tandis que le risque est de 2 à 3 % dans la population générale (43). L’existence d’antécédents familiaux ne semble pas pour autant être un facteur de progression du glaucome (44). Différents gènes ont été identifiés tels que la mutation du gène de la myociline que l’on retrouve plus fréquemment chez les patients atteints du glaucome dont le rôle n’est pas encore élucidé.
-­‐ Le rapport excavation/disque optique (C/D) élevé :
Un rapport d’excavation/disque optique > 0,7 est associé à un risque d’apparition du glaucome multiplié par 7,9 (IC95% : 4,4 ; 14,1) (41). Une étude a montré que la présence d’une hémorragie peripapillaire serait un facteur d’aggravation du GPAO (45). Selon une étude datant de 2005, l’existence d’un disque optique suspect, défini par un rapport C/D > 0,6 et/ou une hémorragie peripapillaire et/ou une asymétrie des rapport C/D, serait corrélé à un risque de progression du glaucome 2,9 fois plus élevé (IC95% : 1,34 ; 6,30) (46).
-­‐ L’épaisseur cornéenne < 588µm :
Les techniques de mesures de la PIO (tonomètre à aplanation, tonomètre à air) sont sensibles à l’épaisseur de la cornée : les mesures effectuées sur une cornée fine peuvent être sous-estimées. Partant de ce principe, les patients ayant une cornée fine peuvent être exposés à un risque plus important d’apparition et de progression du glaucome en raison d’un traitement hypotonisant insuffisant (39).
-­‐ La myopie :
Le risque d’apparition du glaucome semble plus élevé chez les patients myopes (47). Il a été montré que chez des patients hypertones, les myopes avait un risque d’apparition du glaucome 1,5 plus élevé que la population normale (IC95% : 1,0 : 2,2) (48). Cependant la myopie ne semble pas avoir d’influence sur la progression de la maladie (39).
-­‐ Syndrome exfoliatif:
Le risque de développer un glaucome est augmenté en cas de syndrome exfoliatif (41). Il a été également montré que la présence d’un syndrome exfoliatif était un risque d’aggravation du glaucome avec un risque de dégradation du champ visuel multiplié par 2,2 (IC95% : 1,31 ; 3,74) (49).
-­‐ Le diabète:
Les études sur la corrélation entre diabète et glaucome sont contradictoires. Certaines ont trouvé un risque d’apparition du GPAO plus élevé chez les diabétiques (50) (51) tandis que d’autres n’ont pas trouvé de corrélation entre les deux pathologies (41). Les études s’accordent toutefois à considérer que le diabète n’est pas un facteur aggravant du GPAO (40).
-­‐ L’hypothyroïdie:
Les études sur l’association entre hypothyroïdie et glaucome sont très controversée : la plupart n’ont trouvé aucun lien entre les deux (52) mais quelques études suggèrent un lien possible (53).
-­‐ L’hypertension artérielle:
L’hypertension artérielle, contrôlée ou non, est un facteur d’augmentation de la pression intraoculaire (54). Cependant, le rôle de l’hypertension artérielle comme facteur d’apparition du glaucome n’est pas clair : certaines études suggèrent une corrélation entre une hypertension artérielle et le GPAO (55) tandis que d’autres n’y voient aucun lien significatif (56).
Des études sur la pression de perfusion, définie comme la différence entre la pression artérielle et la pression intraoculaire, ont toutefois montré qu’une pression de perfusion basse était un facteur important d’apparition du glaucome (57).

Tonométrie ou mesure de la pression intraoculaire :

Le principe est de déterminer le tonus oculaire en appliquant une dépression sur la cornée. La technique de référence est la tonométrie à aplanation de Goldmann. Une PIO > 21mmHg est considérée comme élevée. Selon une étude (58), la VPP de la pression-intraoculaire utilisée comme test diagnostic du glaucome varie de 0,09 à 0,48. Cela est lié au fait que le glaucome ne se développe pas chez tous les sujets présentant une HIO.
De plus il est important de noter que différents éléments influent sur la PIO : le cycle circadien, l’épaisseur de la cornée, la prise de toxiques, la pression artérielle systolique, l’âge, l’exercice physique pré-examen et enfin la posture du patient lors de l’examen.

Exploration de la tête du nerf optique :

Le degré de l’atteinte du nerf optique permet de guider les objectifs du traitement initial.
Il peut être observé via divers examens :
L’ophtalmoscopie ou fond d’œil permet d’examiner l’aspect, la forme, la couleur de la papille. La papille, réunion des fibres optiques, est un disque à bord nets présentant une excavation physiologique. L’augmentation de cette excavation, signe du glaucome, peut être mesurée par le rapport cup/disc (rapport de la largeur de l’excavation sur la largeur de la
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papille). Le risque de développer un glaucome à 5 ans est élevée lorsque le rapport cup/disc (C/D) est > 0,7. Le VPP du ratio cup/disc pour le diagnostic du glaucome varie de 0,06 à 0,41 (58). Cependant chez les ophtalmologistes expérimentés, l’examen de la papille au fond d’œil aurait une sensibilité et une spécificité élevées (0,90).
L’exploration automatisée de la tête du nerf optique via la polarimétrie par balayage laser (GDx-NFA), la tomographie par cohérence optique (OCT), la tomographie par balayage laser (HRT) :
Le tomographie confocale par balayage laser (HRT) utilise un balayage laser pour obtenir des coupes frontales et calculer une topographie moyenne du disque optique.
Le GDx-NFA, basée sur la propriété de biréfringence des fibres rétiniennes, permet d’en mesurer l’épaisseur.
L’OCT permet de mesurer l’épaisseur du nerf optique et des fibres nerveuses rétiniennes. C’est une technique basée sur la réfraction de rayons lasers ce qui permet de visualiser des structures anatomiques en coupe avec une précision de 5 à 10 µm. L’imagerie rétinienne par OCT permet de réaliser une analyse quantitative de l’épaisseur de la couche des fibres du nerf optique mais également d’autres structures potentiellement touchées dans le glaucome comme la surface de l’anneau neuro-rétinien, le volume de l’excavation. Ces valeurs quantitatives, comparées à une base de données normative permettent de poser le diagnostic et de réaliser un suivi évolutif des paramètres avec le temps. Au niveau de la tête du nerf optique, les premiers paramètres modifiés dans le glaucome sont l’épaisseur verticale de l’anneau rétinien, la surface globale de l’anneau rétinien (représenté sur la figure 11 par l’aire de l’ANR) et le rapport vertical C/D (Figure11). Au niveau des fibres nerveuses rétiniennes, les paramètres qui permettent d’évaluer le stade du glaucome sont l’épaisseur des fibres rétiniennes dans la zone temporale inférieure, l’épaisseur des fibres rétiniennes dans le quadrant inférieur et l’épaisseur moyenne des fibres rétiniennes. (Figure12) (59). D’après le rapport de la HAS de 2007 c’est une technique qui a une forte efficacité (forte sensibilité, forte spécificité) pour le diagnostic du GPAO, cette efficacité augmente avec la gravité de la maladie (60). Du fait de la simplicité et de la rapidité de ce test, il est devenu le test de référence avec l’examen du champ visuel.

Examen du champ visuel ou périmétrie :

Le champ visuel est la partie de l’espace qu’un œil peut percevoir autour du point qu’il fixe. L’examen de ce champ permet de cartographier cet espace et donc de repérer un éventuel point noir ou scotome. Il existe deux sortes de périmétrie (61):
La périmétrie cinétique : Réalisée à l’aide l’appareil de Goldmann., la technique repose sur la projection d’un point lumineux de taille et d’intensité lumineuse donnée déplacé de la périphérie vers le centre jusqu’à la visualisation de ce point par le patient. La manœuvre est répétée plusieurs fois sur différents méridiens sur 360°. La sensibilité et la spécificité de cette méthode sont élevées et la reproductibilité est forte.
La périmétrie statique : Dans cette méthode le point lumineux est fixe mais l’intensité lumineuse est augmentée jusqu’à sa perception par le patient. C’est une méthode plus précise mais plus longue.

Gonioscopie ou examen de l’angle irido-­‐cornéen :

Cette technique permet d’évaluer la structure de l’angle irido-cornéen et donc de préciser le type de glaucome. Elle repose sur l’utilisation d’un verre de contact et d’une lampe à fente permettant la visualisation de l’angle irido-cornéen.

Réflexions sur la pertinence d’un programme national de dépistage

La prévalence du glaucome étant relativement basse en France (0,4 à 9 % avant 60 ans, 3 à 23 % à partir de 80 ans), il convient de réfléchir à la nécessité d’un programme national de dépistage systématique dans la population générale. Si la nécessité d’un traitement instauré précocement n’est pas à remettre en cause, il n’a pas été montré un réel bénéfice à instaurer un traitement chez des patients à un stade infraclinique (HIO mais pas de lésions). En 2006, la HAS n’a pas évaluée pertinent de mettre en place un programme national de dépistage. Pour améliorer la performance du dépistage, il faudrait qu’il soit instauré dans une population cible où la prévalence du glaucome est supérieure à celle de la population générale. (Populations connues dans le cas du GPAO : myopes, antécédents familiaux cf facteurs de risques)

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Table des matières

PREMIERE PARTIE : QU’EST-CE QUE LE GLAUCOME ?
1. PHYSIOLOGIE DE L’OEIL
1.2 Les membranes du globe oculaire
2. DEFINITION ET CLASSIFICATION DES GLAUCOMES
2.1. Définition
2.2. Classification
3. PHYSIOPATHOLOGIE DU GPAO
4. CLINIQUE
5. EPIDEMIOLOGIE
5.1 Prévalence du GPAO
5.2 Incidence du GPAO
5.3 Les facteurs de risques du GPAO
DEUXIEME PARTIE : PRISE EN CHARGE DU GLAUCOME PRIMITIF A ANGLE OUVERT, DU DEPISTAGE AU TRAITEMENT
1. DEPISTAGE DU GPAO
1.1 Rappels statistiques
1.2 Méthodes de dépistage du glaucome
2. TRAITEMENT DU GPAO
2.1 Traitement médicamenteux
2.2 Les traitements physiques
2.3 Les traitements chirurgicaux
TROISIEME PARTIE : RÔLE DU PHARMACIEN D’OFFICINE DANS LE GPAO
1. ROLE D’INFORMATION POUR LE DEPISTAGE
2. ROLE DU SUIVI DU PATIENT
2.1 Observance du patient
2.2 Les pistes pour améliorer l’observance
2.3 Un point sur la problématique des conservateurs dans les collyres
3. CONSEILS ASSOCIES AU PATIENT
3.1 Conseils généraux devant tout patient glaucomateux
3.2 Conseils pour limiter les facteurs de risques
3.3 Automédication chez le patient glaucomateux
3.4 Conservation des collyres
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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