Principes de la dégradation des zones récifales

Récifs coralliens

Biologie des coraux

Les récifs coralliens sont composés de squelettes ou de coquillages des organismes marins qui s’appellent Hermatypes. Ces derniers incluent tous les organismes qui créent les squelettes calcaires, comme les Madréporaires, les Algues Calcaires, les Mollusques et les Éponges. Mais les organismes les plus importants appartiennent aux Phylum des cnidaires (ACHITUV, 1990). Les organismes qui appartiennent au Phylum des Cnidaires ont des structures simples qui sont composées d’une partie extérieure qui s’appelle l’ectoderme, et d’une partie intérieure qui se nomme l’endoderme (BRANCH 1994). Donc, pour les coraux uniquement, deux parties sont à distinguer telles, le squelette calcaire de l’extérieur et le polype à l’intérieur (WEINBERG, 1996). La partie vivante, le polype, est un petit animal sessile sous forme tubulaire avec deux bouts au niveau de chaque extrémité. L’un de ces derniers sert de fixation et l’autre de bouche. Les coraux secrètent une substance dure, le carbonate de calcium, par lequel se forme le squelette autour de l’animal. Cette partie dure et morte supporte le polype qui se trouve à l’intérieur (BRANCH, 1994).

Les coraux sont aussi des Anthozoaires coloniaux (BRANCH, 1994). Ils se connectent l’un à l’autre par un tissu commun appelé le coenosarc (WIJGERDE, 2009). Donc, les formes diverses, massives, et vibrantes à la pensée des récifs coralliens sont en fait les squelettes calcaires des organismes de coraux. Ainsi, la formation des récifs coralliens commence quand un polype de coraux s’attache au substrat dur, comme une pierre ou un coquillage vide.

Principes de la dégradation des zones récifales

L’hyper sédimentation affecte directement le développement des récifs coralliens et provoque le remblayage des niches écologiques du platier interne. Cela accroît aussi la teneur en éléments nutritifs et favorise la prolifération des algues (RANAIVOMANANA, 2006). De plus, les pollutions domestiques et agricoles entraînent un changement de la composition chimique des nappes phréatiques. Ce changement se traduit ensuite par des phénomènes d’eutrophisation qui induisent une diminution de la calcification des coraux. De même, l’eutrophisation favorise la disparition des espèces régulatrices et la destruction directe des colonies coralliennes. Par exemple, la raréfaction des Mollusques entraîne l’infestation des récifs coralliens par certains groupes de Cnidaires non constructeurs et des Astérides tels les Acansther placii.

Interrelation entre l’écosystème récifal corallien avec les organismes vivants ou les espèces halieutiques

De nombreux poissons récifaux entretiennent des liens très étroits avec le substrat corallien. La structure physique de leur habitat, l’architecture, jouent un rôle important dans l’écologie de nombreuses espèces. Le corail crée une matrice dont les interstices et les cavités offrent des refuges à de nombreuses espèces de poissons contre la prédation. Enfin, le corail est lui-même une ressource pour les poissons corallivores, tels que certains Chaetodontidae.

Les poissons de la famille des Chaetodontidae (poissons-papillons) figurent parmi les poissons ayant la plus forte dépendance vis-à-vis de la structure de leur habitat. De nombreux membres de cette famille se nourrissent de polypes coralliens. En raison de leurs exigences alimentaires, la répartition spatiale des Chaetodons corallivores est supposée être directement liée à celle des coraux. Toute atteinte à la vitalité des coraux doit donc se répercuter sur la distribution et l’abondance de leurs prédateurs. A l’inverse des coraux, ces poissons peuvent fuir les secteurs perturbés pour des zones récifales où le corail est en bonne santé. Outre ses effets sur les espèces corallivores, une réduction de la couverture corallienne semble affecter les espèces fortement dépendantes de la complexité architecturale du substrat. SANO et al.(1984b) ont ainsi observé une diminution d’abondance des planctophages, des omnivores et des herbivores, suite à la destruction expérimentale de massifs de coraux branchus. Bref, une réduction de la couverture corallienne s’accompagne d’une diminution de l’abondance et de la diversité des poissons. A part les poissons, beaucoup d’autres espèces halieutiques ont aussi besoin du récif corallien pour vivre. Les poulpes, les concombres de mer, les crevettes, les langoustes, les étoiles de mer vivent dans cet écosystème. En effet, les poulpes et les concombres de mer utilisent les trous ou les cavités au niveau du récif corallien pour se refugier, se nourrir et pondre. En outre, plusieurs types de crevettes vivent dans les piscines formées par les récifs coralliens. Par ailleurs, plusieurs espèces de langoustes séjournent dans les cavités des récifs coralliens qu’elles explorent à la recherche de nourriture. Les œufs sont transportés sous l’abdomen de la femelle langouste. Ils éclosent en de petites larves qui dérivent avec l’ensemble du zooplancton jusqu’à ce qu’elles s’installent dans un nouvel espace du récif. Enfin, l’étoile de mer bleu vif, Linckia laevigata, est couramment observée sur les récifs coralliens du Pacifique. Et l’étoile de mer épineuse, Acanthaster plancii, se nourrit de coraux. Son estomac s’étend en dehors de son corps, sur les polypes des coraux qui sont digérés.

Etat de santé du récif corallien au niveau des sites d’étude

Grand récif de Toliara (Ankiembe Bas)

La thèse de PICHON (1978) a montré que les coraux vivants sont moyennement abondants à abondants voire très abondants, comme le cas des Porites, au niveau du platier interne construit. Mais selon la recherche faite par RASOARILALAO (2001), la plupart de ces espèces ont disparu. La destruction des coraux vivants au niveau du platier récifal signifie la disparition progressive du Grand Récif. La perturbation de la faune et de la flore est bien ici évidente (VASSEUR, 1988). Cette situation entraîne une perte d’abris et d’aliments pour de nombreux animaux marins tels que poissons, crustacés, échinodermes, mollusques et cnidaires (RASOARILALAO, 2001). CHABANET (1994) a signalé que le taux de recouvrement en corail mort est un facteur limitant pour l’abondance du peuplement ichtyologique. C’est le cas à Toliara avec la diminution du nombre d’espèces et d’individus des poissons recensés en 1997 par rapport à celui observé avant 1970 (RASOARILALAO, 2001).

Beheloka 

En général, les sites les plus riches en diversité au niveau de cette zone sont les « hauts fonds » extérieurs à des profondeurs supérieures à 20 m. En effet, ils sont épargnés du blanchissement des coraux. Aussi, ils ne sont pas vraiment exposés aux activités humaines et/ou aux impacts de ces dernières. Plus explicitement, ils sont dans une zone qui est difficilement accessible par les pêcheurs traditionnels. De plus, ils ne sont pas directement souillés par les pollutions issues des activités des villageois. Par conséquent, ces sites peuvent jouer un rôle de pôle de recolonisation des coraux, suivis des « pentes externes » et du « platier interne ». Par contre, les sites les plus pauvres sont ceux situés sur platier ou glacis externe avec moins de dix espèces. Il apparaît ainsi que les récifs et coraux en bon état de santé sont particulièrement bien représentés au Nord et au Sud de Beheloka, et dans l’extrême Sud (RANAIVOMANANA et al., 2009).

Salary

La santé corallienne reste avant tout tributaire de la profondeur des eaux (blanchissement). Des traces de résultats d’un blanchissement corallien de 1998 ou de 2004 ont été observées sur la physionomie de plusieurs coraux de la pente externe de la zone Salary Nord (surtout à Tsiandamba et Salary). La faible capacité de résilience corallienne du site de Salary est due à l’importance en couverture algale sur la pente externe de Salary (RANDRIAMANANTSOA et al., 2010). Les coraux sont en bon état de santé sur la pente externe qu’au niveau du platier épi récifal.

Andavadoaka
Le blanchissement des coraux entre 1998 et 2000, tout au long de la côte Sud – Ouest, a été aussi perceptible à Andavadoaka. Toutefois, les récifs frangeants présentent le plus grand nombre d’espèces. Ils sont suivis par les récifs barrières et enfin le platier récifal. Certes, le corail mort dans la région d’Andavadoaka est recouvert d’une couverture d’algues, après 5 à 7 ans des événements de blanchissement, avec quelques recrues (HARDING, 2006).

Comparaison de l’état de santé actuel du récif corallien au niveau des sites d’étude

La comparaison des ouvrages publiés par différents auteurs a permis de diagnostiquer l’état de santé actuel du récif corallien au niveau des sites d’étude . Il a été apprécié par rapport à un certain nombres de paramètres tels : le niveau de vitalité des peuplements caractéristiques (taux de recouvrement corallien du substrat), la notion d’équilibre écologique, l’état de dégradation globale des zones prospectées, l’importance des peuplements de substitution et/ou la disparition d’espèces et la prolifération d’espèces spécifiques (Acanthaster plancii) ou  d’espèces indicatrices de perturbation (Algues vertes filamenteuses, Echinodermes,…) (RANAIVOMANANA et al., 2009). Mais pour que la qualification soit à la fois qualitative (dégradé, bon, moyen,…) et quantitative, la comparaison par le taux de couverture en coraux au niveau de chaque site s’avère nécessaire et indispensable.

ASEAN (Association of South East Asian Nations) a défini qu’à un degré de couverture en coraux inférieur à 25%, l’état de santé du récif corallien est qualifié dégradé. A partir du degré de couverture corallienne de 25%, l’état de santé est jugé moyen (WILKINSON et al., 1984).

Le bon développement des récifs coralliens exige au moins une bonne luminosité et une clarté importante de l’eau. Ces critères constituent des conditions siné qua none pour la photosynthèse des Zooxanthelles. Les oxygènes fournis par ces algues forment un besoin vital pour les coraux. Or, les déchets d’origines anthropiques et climatiques entraînent une hyper sédimentation des zones récifales. Ils provoquent aussi le remblayage des niches écologiques du platier interne. Par conséquent, l’eutrophisation inhibe le phénomène de photosynthèse des algues qui vivent en symbiose avec les coraux et induit une diminution de la calcification de ces derniers. De même, elle favorise la disparition des espèces régulatrices, telles les Mollusques, au profit de celles qui agissent au détriment des coraux. Entre autres, les Cnidaires non constructeurs, les Astérides comme les Acansther placii, les espèces d’algues envahissantes y figurent. Cependant, beaucoup de produits marins entretiennent des liens très étroits avec le substrat corallien, comme les poissons, les poulpes, les concombres de mer, les crevettes, les langoustes. Si telle est la généralité sur les coraux qu’en est-il de l’état de santé du récif corallien de Madagascar ? Le Grand Récif de Toliara est l’écosystème corallien de Madagascar le plus étudié. Une analyse temporelle plus poussée sur l’état de santé va permettre de prévoir l’année probable du commencement de la dégradation. Ainsi, le Grand Récif Corallien de Toliara est encore bon en 1978 selon PICHON. Mais il a commencé à être sujet d’une dégradation progressive vers le début des années 80. VASSEUR a pu donner l’affirmation ci-dessus en 1988. Vers les années 90, CHABANET (1994) a signalé un état de dégradation plus poussé. Ceci est justifié par RASOARILALAO (2001). Actuellement, une évolution vers une situation positive n’est pas à espérer vu l’intensification des pressions anthropiques et l’insuffisance des mesures pour la protection. Pour les trois autres villages, des études sur l’évolution de l’état de santé du récif corallien n’ont été palpables qu’après le phénomène de blanchissement des coraux en 1998 et en 2000. Seules quelques récupérations ont été observées au niveau des zones faiblement accessibles aux activités humaines. Les situations vers les années 80 et début des années 90 n’ont pas été évoquées. Même si le cas des trois villages n’est pas vraiment identique à celui de la ville de Toliara, la dégradation pour l’ensemble de la région du SudEst a commencé vers les années 80. Ainsi, l’état de santé actuel du récif corallien au niveau du platier récifal des quatre villages est dégradé voire très dégradé. La couverture corallienne est inférieure à 25%. C’est au niveau de la pente externe et du haut fond que les récifs coralliens trouvent leur bonne forme. Bref, ces états de connaissance permettent de capitaliser les résultats des recherches déjà faites sur le domaine d’étude. Ces derniers peuvent servir d’arguments et de supports des recherches ultérieures. De même, ils permettent d’orienter ces dernières vers l’analyse de nouvelles problématiques intéressantes et pertinentes. Pour y parvenir, la mise en place d’une méthodologie et l’utilisation des matériels appropriés s’avère une condition siné qua none. Ainsi, le chapitre suivant va décrire les matériels et les méthodes adoptés.

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Table des matières

Introduction
Partie I : Etat des connaissances
1. Récifs coralliens
1.1. Biologie des coraux
1.2. Principes de la dégradation des zones récifales
1.3. Interrelation entre l’écosystème récifal corallien avec les organismes vivants ou les espèces halieutiques
2. Etat de santé du récif corallien au niveau des sites d’étude
2.1.1. Grand récif de Toliara (Kiembe Bas)
2.1.2. Beheloka
2.1.3. Salary
2.1.4. Andavadoaka
2.1.5. Comparaison de l’état de santé actuel du récif corallien au niveau des sites d’étude
Conclusion partielle
Partie II : Matériels et méthodes
1. Problématique
2. Hypothèses
3. Objectifs
4. Méthodologie de travail adoptée
4.1. Reconnaissance de terrain
4.2. Descente sur terrain proprement dite
4.2.1. Moyens de s’assurer de la fiabilité des données
4.2.2. Approches adoptées pour la collecte de données
4.2.3. Méthodes utilisées pour les évaluations économiques de chaque ménage
4.2.4. Méthode de traitement des données
5. Matériels utilisés
5.1. Personnes enquêtées et personnes ressources
5.2. Outils de travail
5.3. Zones d’étude
6. Avantages et limites de la méthodologie de travail et des techniques de
collecte des données
7. Limites de l’étude
Conclusion partielle
Partie III : Résultats
Chapitre I : Activités de la population et leurs impacts sur le récif corallien
1. Techniques de pêche au niveau des sites d’étude
1.1. Pêche à pied ou « mihake »
1.2. Pêche à la ligne ou « maminta »
1.3. Pêche aux filets ou « mihaza »
1.4. Pêche à la senne de plage
1.5. Plongée en apnée ou « magnirike »
1.6. Relation entre techniques de pêche et écosystème corallien
2. Engins les plus utilisés
3. Organisation journalière des pêcheurs pour l’activité pêche
4. Lieux de pêche
5. Perception des pêcheurs sur l’état de santé actuel du récif corallien et sur les causes de la dégradation de cet écosystème
Chapitre II : Vie économique et sociale des pêcheurs
1. Vie économique
1.1. Production au sein de chaque village
1.1.1. Capture journalière des pêcheurs en produits marins
1.1.2. Quantité des produits destinés à la vente
1.2. Circuit général des produits halieutiques
1.3. Revenu moyen journalier de chaque ménage
1.4. Dépenses journalières des pêcheurs
1.5. Solde
2. Vie sociale de la population
2.1. Consommation en protéine animale de la population littorale de la Région Sud-Ouest
2.2. Education des enfants
2.2.1. Taux d’alphabétisation des enfants
2.2.2. Niveau d’étude des enfants
2.2.3. Causes de la non scolarisation/déperdition scolaire des enfants
Conclusion partielle
Partie IV: Discussion
1. Récifs corallienss, un écosystème
2. Techniques de pêche destructrices, prépondérantes au niveau des sites d’étude
3. Dichotomie entre développement des activités halieutiques et protection de l’écosystème corallien
4. Ambigüité sur le terme Vezo et utilisation des engins de pêche destructeurs par toutes les ethnies, y comprises les Vezo
5. Pêcheurs, conscients de la contribution directe et importante de leurs activités halieutiques sur la dégradation du récif corallien
6. Capture, en relation avec la gravité de la dégradation de l’écosystème corallien
7. Protection directe du récif corallien, indispensable pour sauvegarder cet écosystème
8. Atténuation de la surexploitation de l’écosystème corallien pour regagner son équilibre
9. Economie et vie sociale des pêcheurs en relation avec la capture
10. Cercle vicieux sur la dégradation de l’écosystème corallien dans la vie des pêcheurs
11. Diminution de la dépendance actuelle et dans le futur de la population vis-à-vis de la pêche, une condition siné qua none pour la protection de l’écosystème corallien
Conclusion partielle
Conclusion

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