Présence, formes et enjeux du démoniaque dans le roman catholique de l’entre-deux-guerres

Le démoniaque dans la littérature de l’entre-deux-guerres

     La manière dont le mal apparaît dans la littérature va considérablement évoluer au début du XXe siècle, comme le souligne Robert Muchembled dans Une histoire du diable : « La courbe du déclin [de Satan], née au XVIIIe siècle, s’accentu[e] alors ». On assiste à la réapparition de la figure de « Satan » dans la littérature non plus sous la forme d’un émissaire mauvais, mais sous celle, plus intérieure, du démoniaque. Jusqu’ici le diable était figuré dans la littérature et les arts comme une réalité extérieure à l’homme. Entre 1850 et 1950, il s’est ainsi opéré un phénomène d’intériorisation : le mal apparaît moins comme un agresseur extérieur de l’homme que comme profondément ancré en lui. Le démoniaque n’est plus un être hideux, repoussant, malodorant mais un humain dont les motifs sont troubles. Le Robert spécifie Moyen Age, « démon » fait double emploi avec « diable » mais peu à peu, « démon » s’est spécialisé dans les emplois sérieux, de nature philosophique ou théologique, tandis que le terme « diable » se retrouve dans des expressions figurées ou familières. C’est pourquoi l’adjectif « démoniaque » correspond davantage aux figures de Bernanos, Mauriac et Green plutôt que ceux de « diabolique » (« qui tient du diable, qui se rapporte au diable ») ou de « satanique » (« de Satan, propre à Satan, inspiré ou possédé par Satan »). Au XXe siècle, l’attention s’oriente lentement vers la part sombre de la personnalité humaine au détriment de la figure classique du Malin : L’homme moderne privilégie des formes non hiérarchiques d’explicitation du réel. Le Mal, en définitive, qu’il soit de nature circonstancielle (la maladie, la catastrophe) ou personnelle (la faute, le mal intentionnel) ne se comprend plus comme l’effet de l’action d’une puissance satanique extérieure, mais s’explique par la détermination d’un milieu, par le produit d’influences croisées dont le point de rencontre est l’obscur inconscient de l’individu. La tentation, le mensonge, la tromperie, la révolte, l’homicide, la haine et l’esclavage du péché : telles sont les caractéristiques principales du démoniaque que nous allons étudier. Les figures démoniaques sont possédées non au sens strict et tel que les décrit le Rituel, mais elles sont envahies par des inspirations démoniaques. Le démoniaque se caractérise par une intériorisation du satanique et par un degré d’intensité : les figures démoniaques sont en effet des êtres qui pèchent par excès. Il convient toutefois de reprendre la distinction de Bernanos qui différenciaient deux « chemins de la perdition » : « Le premier est d’aimer le mal plus que le bien, pour les satisfactions qu’il rapporte. C’est le plus court. L’autre est de se préférer soimême au bien et au mal, de rester indifférent à tous deux. C’est le plus long, c’est celui dont on ne revient pas ». Les deux types de démoniaques seront étudiés dans ce travail, même si nous insisterons davantage sur le second type. On observe que le démoniaque va marquer la période de l’entre-deux guerres et notamment l’œuvre de Bernanos, Mauriac et Green. Ainsi, la littérature de l’entre-deuxguerres exprime la détresse causée par la guerre, véritable « mal du siècle » qui constitue « une interrogation sur la condition humaine, sur la valeur et le sens de l’existence, et c’est un aspect majeur de la crise que traverse alors, comme on l’a vu déjà sur d’autres plans, l’humanisme traditionnel »10. C’est pourquoi nous nous intéressons particulièrement à cette période de la littérature dont la délimitation peut sembler arbitraire puisque les dates font référence à des événements historiques et non littéraires. Toutefois, la littérature de l’époque, que l’on a baptisée « l’entre-deux-guerres », porte le poids de ces deux événements qui l’enserrent : la Première Guerre mondiale qui vient de s’achever et la Seconde Guerre qui se profile. Or, les écrivains de cette période, si riche en bouleversements, ont été fortement sollicités et marqués par l’Histoire. La Première Guerre mondiale apparaît comme une césure et a laissé une empreinte très profonde dans les esprits. En effet, la guerre marque la crise des valeurs et des principes qui s’étaient révélés impuissants devant la catastrophe et étaient destinés à disparaître. Pierre-Henri Simon présente cette période en tant qu’ « âge théologique » : « [L]es années 20 et 30 apparaissent comme l’expression d’un âge métaphysique, et parfois même théologique […] le rameau de la littérature d’inspiration chrétienne, que nous avons vu se développer constamment depuis 1880, devait porter ses fruits les plus savoureux et les plus forts. ».11 Sous le coup des malheurs qui frappent le monde comme jamais auparavant, certains écrivains se mettent en quête d’un refuge spirituel : Henri Ghéon en 1916, Pierre-Jean Jouve en 1924, Gabriel Marcel en 1925, Julien Green pendant la Première Guerre mondiale, et François Mauriac en 1928. Les intellectuels opèrent ainsi « un retour à l’Église »12, ce qui suscite un certain nombre de débats.

Aux origines du démoniaque

      Afin de bien cerner le « démoniaque », il convient de remonter aux origines de ce terme qui signifie « [ce] qui a rapport au[x] démon[s]; qui présente certains attributs du [des] démon[s] »31. « Démon » signifie en grec, « divinité », « génie » par opposition à theos, un dieu en personne. Le « démon » est une entité surnaturelle à laquelle les mythologiques grecques, mais aussi la Bible32, ont attribué les caractéristiques de divinité, de génie, de puissances ou d’esprits célestes personnifiés. La conception du démon socratique comme voix intérieure, prohibitive, invisible, n’aura d’impact que bien après. Plus tard, le daïmon est mis en rapport avec le destin criminel, funeste d’un homme, d’une famille ou même d’une ville, comme nous le verrons ultérieurement dans ce travail. Dans la Bible grecque – nommée La Septante – on trouve beaucoup de mots hébreux différents par daïmon parmi lesquels « sed » (uniquement au pluriel « sedim »), qui désigne un génie protecteur33, et dont le sens a évolué à l’époque talmudique pour désigner « un faux dieu, un esprit malin »34. Le Dictionnaire encyclopédique de la Bible relève d’autres termes hébreux qui sont traduits par « démon » ou « démons » dans la Septante : Le nom de Gad (Is 65, 11), de Qeteb, responsable de l’insolation (Ps 91,6), le mot elîlîm, « néant », au Ps 96, 5 sont rendus dans la LXX par « démon » ou « démons ». Il en va de même pour siyyîm, « chats sauvages » ou autres animaux nocturnes, en Is 34,14 et de seîrim, « boucs », en Is 13, 21. Ces traductions reflètent en partie des traditions s’inspirant de la mythologie helleniste. D’autres génies ou dieux de l’A.T sont souvent considérés comme des demons. C’est notamment le cas de Lilith (Is 34,14; Jb 18, 15 correction), un genie feminine néfaste, de Mot (Is 28, 25. 18 ; Jr 9, 20 ; Os 13, 14; Jb 18, 13; 28, 22; Ct 8,6), le dieu syro-cananéen des Enfers, de Deber, dieu de la Peste (Ha 3,5; Ps 91, 5 s) de Résheph, un des grands dieux du panthéon syro-cananéen, d’Azazel, qui joue un rôle dans le rituel du jour des Expiations (Lv 16,8.10.26) Ainsi, daïmon et daïmonion possèdent dans la langue grecque ancienne des sens variés : néant, Dieu, animaux nocturnes. Mais cela évolue quelques siècles avant Jésus, lorsque le judaïsme va être considérablement marqué par le manichéisme des Perses et des Mésopotamiens. Progressivement, la diversité, l’ambiguïté des entités surnaturelles s’estompent au profit d’une représentation manichéenne : deux camps opposes s’affrontent, celui de Dieu et celui des « esprits du mal ». On voit apparaître alors une identification de ces « esprits du mal » par des noms propres tels que Bélial, Béliar, Satan, Mastemâh, et autres : « Et les fils d’Éli étaient des fils de Bélial, ils ne connaissaient pas l’Éternel »36. Le monde « démoniaque » se présente comme une armée innombrable de forces ou d’êtres supranaturels, sous l’autorité de Satan37, du Diable38 ou de Béelzéboul39. Le « démon » est donc un agent du « Malin » : il est mauvais, répandant partout dans le monde le mal et la désolation. Ainsi pour la Septante et le Nouveau Testament, le « démon » est une force nécessairement maléfique, source de maladie, d’avilissement et de mort. Et c’est bien cette dimension que l’on retrouve dans la définition du terme de « démoniaque » qui, selon le Dictionnaire de théologie catholique, désigne « les personnes dont le corps par une permission de Dieu, est livré, plus ou moins complètement, à l’influence du démon »40. Le Nouveau Testament fournit de nombreux exemples de ce que l’on nomme la possession démoniaque ; d’ailleurs le mot « démoniaque » y est employé pour la première fois. Les Évangiles synoptiques (Évangiles de saint Matthieu, de saint Marc et de saint Luc) relatent de nombreux passages où Jésus chasse les démons qui ont pris possession du corps humain. Ces démons sont appelés de différentes manières : esprits impurs, mauvais esprits, esprits méchants ou esprits de démons. Ils portent aussi le nom de la maladie ou des infirmités qu’ils infligent : esprit muet ou sourd par exemple. Les démons peuvent produire toutes sortes d’idées, de sentiments, d’obsessions et d’attitudes nuisibles. Dans l’Évangile selon saint Marc, l’homme possédé vit dans des tombeaux, pousse des cris d’animaux, ne porte pas de vêtement, vit essentiellement la nuit et seul. Et aussitôt que Jésus eût débarqué, vint à sa rencontre, des tombeaux, un homme possédé d’un esprit immonde : il avait sa demeure dans les tombes, et personne ne pouvait plus le lier, même avec un chaîne ; car souvent, on l’avait lié avec des entraves et avec des chaînes, mais il avait rompu les chaînes et brisé les entraves, et personne ne parvenait le dompter. Et sans cesse, nuit et jour, il était dans les tombes et dans les montagnes, poussant des cris et se tailladant avec des pierres. L’homme possédé n’a pas de nom unique (comme le sauvage) ; son nom est « Légion »43 , c’est-à-dire multiple, il n’est pas une personne. Il faut aussi voir dans ce nom une référence au paganisme romain puisque « légion » désigne le nom de l’armée romaine qui occupe le territoire. Le possédé est toujours situé dans une ambiguïté, un entre-deux : entre la vie et la mort, entre l’humain et l’animal, entre le jour et la nuit. Jésus dit ainsi au démon « sors de cet homme », afin de séparer, de distinguer l’humain de ce qui ne l’est pas. Il se donne donc pour mission de guérir ce que les Évangiles appellent les « démoniaques ». Le second récit de possession est l’esprit muet que les disciples ne sont pas parvenus à chasser44: « Quand l’esprit muet s’empare de lui, il le jette à terre et il écume, grince des dents et devient raide ». La possession démoniaque devient ici véritable tentation morbide : « Souvent il l’a jeté [l’enfant] soit dans le feu soit dans l’eau pour le faire périr ». Les cas de possession démoniaques, si spectaculaires chez Marc, disparaissent chez Jean. En revanche Jésus est accusé d’avoir un démon, ce qui dans un sens métaphorique signifie d’être fou. La mythologie grecque a profondément marqué le démon du Nouveau Testament, en particulier à travers Hermès, le messager des dieux et également celui qui mène les morts dans l’inframonde, et surtout à travers son fils, Pan46. Il va transmettre au diable un certain nombre de caractéristiques physiques, tels que des pattes de bouc, des cornes sur le haut du crâne et parfois des ailes de chair, mais aussi moraux. Attaché au dieu Dionysos, Pan est le dieu de la nature et de la sexualité débridée dans les religions païennes. Satan a ainsi notamment hérité de sa dimension de personnification du désir sexuel immodéré. Les chrétiens ont associé l’image de Pan à une menace pour l’ordre moral et religieux, c’est pourquoi ils ont repris les caractéristiques de Pan pour créer l’image du diable. Présenter aux croyants un être monstrueux, immoral et dépravé face à la bienveillance et à la beauté de Dieu était un moyen de dégoûter les croyants des vices de la chair. Le démoniaque peut donc se définir comme les caractéristiques de Satan, intériorisés à l’Homme. Pour préciser les caractéristiques du démoniaque, il faut donc s’intéresser à la figure de Satan. Cette dernière est plutôt discrète dans l’Ancien Testament : elle n’apparaît que dans trois livres. Le mot « satan », nom commun en hébreu, signifie « adversaire ». Le mot sera employé pour désigner une fonction, à savoir celle d’un ange chargé de surveiller ou d’accuser les hommes désobéissant à Dieu. Une tradition très ancienne, qui réinterprète les mythes de Canaan, voisin d’Israël, en fait une sorte de procureur qui a pour rôle de mettre en accusation le peuple juif devant le tribunal de Dieu. Ainsi, le nom commun « satan » deviendra propre, le Satan: il n’apparaît de façon très nette que dans le Livre de Job47. Satan est le détracteur, éprouvant plaisir à semer le soupçon sur le bien que loue Dieu : « Est-ce pour rien que Job craint Dieu ? […]. Mais étends la main et touche à ses biens ; je te jure qu’il te maudira en face! »48. Le Livre de Job est fondamental pour comprendre la maturation de Satan dans le judaïsme. L’auteur veut y réconcilier le Dieu d’Israël avec l’existence du mal. Celui-ci, comme il est alors coutume de le penser, ne serait pas forcément une punition mais ferait partie intégrante de la création. Le diable s’intègre dans un rapport renouvelé entre Dieu est l’homme : il est lié à Dieu, puisque celui-ci est créateur tout-puissant, mais Dieu n’en est pas responsable.

Georges Bernanos

      Bernanos aussi admire Baudelaire mais sans doute beaucoup moins que Julien Green. Michel Estève explique que l’on trouve chez Bernanos quelques motifs communs à Baudelaire : « Bernanos devait nécessairement découvrir chez Baudelaire un autre thème dominant de son œuvre romanesque : le cœur de l’homme conçu comme un champ de bataille entre Dieu et Satan, l’homme tour à tour fasciné par l’appel du bien et du mal. Dans cette perspective, Sous le Soleil de Satan, illustre Mon cœur mis à nu. Il y a dans tout homme, écrit Baudelaire, à toute heure, deux postulations simultanées, l’une vers Dieu, l’autre vers Satan” »153. Jean-Loup Bernanos raconte comment son père organisait des lectures en famille le soir après dîner : « Racine, Corneille, Molière, Homère, Chateaubriand, Hugo, Balzac, Baudelaire, Ronsard, mais aussi Péguy, Bloy, Flaubert, Barbey d’Aurevilly, Dumas, Cendrars, Claudel et bien d’autres encore »154. Bernanos est un grand admirateur de Barbey d’Aurevilly qu’il a beaucoup lu, comme l’explique Max Milner dans Georges Bernanos. Le jeune Bernanos se nourrissait en effet essentiellement des auteurs du XIXe siècle. Bernanos lui-même, dans un entretien avec Frédéric Lefèvre, cite l’auteur des Diaboliques comme un de ses « maîtres »156 avec Villiers et Bloy. Cette influence se ressent dès les premières nouvelles écrites par Bernanos qui rappelle, comme le signale Monique GosselinNoat et Bérangère Morichaud-Airaud, Barbey d’Aurevilly. On retrouve chez Bernanos cette même vision du monde d’où découle dans un second temps l’image des personnages. De nombreux points communs rapprochent les personnages bernanosiens de leurs homologues aurevilliens. Bernanos commente ainsi le satanisme de Barbey d’Aurevilly : Voyez au contraire, dans quel milieu le grand Barbey a placé ses vampires félins. Comme l’a montré magnifiquement Léon Bloy, l’auteur des Diaboliques prend les âmes les plus fortes, les plus complètes. Il verse en elles, jusqu’au nœud de la gorge, des passions d’enfer. Il les maintient dans un milieu où elles sont contraintes au mensonge. Il les repousse de plus en plus dans le mensonge et l’imposture, jusqu’à ce qu’elles en connaissent l’effroyable félicité, jusqu’à ce qu’elles soient réduites comme à se dévorer ellesmêmes… Ah ! si le diabolisme est en effet quelque part, il est là. 157 Ce motif du mensonge se retrouve dans l’œuvre entière de Bernanos. Vallery-Radot, ami de Bernanos, explique que l’histoire de Mouchette « a la couleur d’un de ces Diaboliques de Barbey d’Aurevilly »158. Le catholicisme – « la vérité absolue »159 – leur donne la possibilité d’explorer lucidement l’univers des passions. Les deux écrivains « soumettent ainsi leur vocation de romancier à une perspective apologétique qui, dépassant l’analyse psychologique, ouvre le récit sur la métaphysique, la théologie, le surnaturel »160. Barbey d’Aurevilly et Bernanos accordent une grande place dans leur œuvre au fantastique et au surnaturel. Ils veulent faire percevoir la réalité du mal, devenu irréel pour le monde : « le champ d’exploration romanesque commun à Barbey et à Bernanos est un univers où interfèrent constamment la nature et le surnaturel. C’est dans cet univers à double registre que Dieu et Satan luttent, que le ciel et l’enfer se répondent, fascinant le cœur de l’homme ».

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
PREMIÈRE PARTIE : LES RACINES DU MAL : UNE TYPOLOGIE DU DÉMONIAQUE
CHAPITRE 1 : TRANSMISSION, FILIATION ET MODÈLES DU DÉMONIAQUE
I. Les « affinités électives »
A. Julien Green
B. Georges Bernanos
C. François Mauriac
II. L’héritage littéraire du démoniaque
A. Le diable chez Baudelaire
B. Les diaboliques de Barbey d’Aurevilly
C. Les démoniaques de Dostoïevski
III. Destins croisés
A. François Mauriac et Georges Bernanos
B. Julien Green et François Mauriac
C. Georges Bernanos et Julien Green
CHAPITRE 2. LES ŒUVRES DE FRANÇOIS MAURIAC, GEORGES BERNANOS ET JULIEN GREEN SOUS LE SOLEIL DU DÉMONIAQUE
I. Une manifestation psychologique
II. Une manifestation surnaturelle
III. Une manifestation invisible
CHAPITRE 3. UNE SOCIÉTÉ INFERNALE : LES DÉMONIAQUES
I. Les représentants de la vie privée
A. Les hommes
1. L’adolescent
2. Le mari
3. Le père
B. Les femmes
1. Deux figures démoniaques bibliques : Ève et Lilith
a. Ève
b. Lilith
2. Les femmes démoniaques
a.L’adolescente
b. L’épouse
! La femme mariée, veuve ou divorcée
! La femme non mariée
c. La mère
II. Les représentants de la vie sociale
A. La vie civile
1. La noblesse
2. Les notables
a. Les médecins et psychiatres
b. Les écrivains
c. Les enseignants
3. La petite bourgeoisie
4. Le peuple
a. Les employés
b. Les domestiques
B. La vie religieuse
C. Les marginaux
CHAPITRE 4. LES TRAITS CARACTÉRISTIQUES DES PERSONNAGES DÉMONIAQUES
I. La désignation des personnages démoniaques
A. Une désignation incomplète
B. Les pseudonymes et les surnoms des personnages démoniaques
C. Un nom instable
D. Les jeux de mot s’inscrivant dans la logique onomastique
1. Les noms transparents
2. Les noms ironiques
3. Les noms opaques
II. La caractérisation des personnages démoniaques
A. Des êtres beaux mais dangereux
B. Des êtres mi-hommes mi-bêtes
C. Des êtres sans âge
D. Des êtres mi-hommes mi-femmes
E. Des êtres difformes
III. Les attributs des personnages démoniaques
A. La voix
B. Le regard
C. Le rire
D. La rousseur
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
DEUXIÈME PARTIE : METTRE EN ŒUVRE LE DÉMONIAQUE : LE TRAGIQUE ET SES ENJEUX
CHAPITRE 1. L’HÉRITAGE TRAGIQUE
I. L’héritage antique : Œdipe
II. L’héritage biblique
A. Caïn
B. Le Juif errant
CHAPITRE 2. ÊTRE DÉMONIAQUE : UN TRAGIQUE INTÉRIEUR
I. Des êtres fautifs
A. Des révoltés
1. La révolte totale
2. La révolte contre l’ordre moral
3. La révolte contre leur époque
B. Des criminels
1. Des êtres sadiques
2. Des meurtriers et des assassins
C. Des être curieux
II. Un être seul
A. Le manque originel
1. Sans racine
2. Sans famille
3. Sans amour
a. Pater familias
b. Alma mater
B. L’incommunicabilité
1. La solitude
2. Le silence
C. L’absence de Dieu
1. Le manque de foi
2. La mauvaise foi
III. Un être prisonnier
A. Les lieux tragiques
1. La maison
a. Un espace fermé
b. Un intérieur vicié
2. La chambre
B. L’espace intérieur : une geôle
CHAPITRE 3. VERS UN MOUVEMENT TRAGIQUE : L’IMPOSSIBLE ISSUE
I. La perception du destin et du tragique
A. L’hérédité
B. Le destin comme force irréversible
C. L’ironie tragique
II. Une fausse issue : le mensonge
A. La fuite dans le mensonge
1. Le jeu de rôle des démoniaques
2. La tricherie sociale
3. Le rêve : un autre mensonge
B. Un langage ambigu
C. L’amour du mensonge
D. Le dédoublement et la folie
1. Le motif du double
2. De l’amour du mensonge à la folie
III. L’extérieur : un néant absolu
A. L’appel du lointain
1. La fenêtre
2. La fugue
B. La ville : « une Babylone moderne »
C. L’errance : un non-lieu
CHAPITRE 4. LES SEULES ISSUES DU DÉMONIAQUE
I. La manifestation de tensions et contradictions
A. Les démoniaques : des êtres fissurés
B. Des personnages dissonants
!. Dans leurs relations amoureuses et familiales
2. Dans leur statut social
3. Dans leur sexualité
4. Dans leur vie quotidienne
5. Dans leur religion
II. Le néant
A. La tentation du désespoir
B. L’ennui
C. La chute du démoniaque
III. La mort
A. Des morts-vivants
B. La hantise de la mort
C. Le suicide
IV. Le salut
A. L’absence de remords
B. La lucidité
C. La grâce comme issue au tragique
1. Aux sources de la grâce : la pensée janséniste
2. Le salut possible : la réversibilité des mérites et la confession
3. Le statut ambigu du salut des démoniaques
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE
TROISIÈME PARTIE : REPRÉSENTER LE DÉMONIAQUE: UNE CRISE DE LA PAROLE ROMANESQUE ?
CHAPITRE 1. UNE NARRATION DE LA PERTE
I. La fonction référentielle mise à mal
A. Le statut ambigu du personnage démoniaque
B. La voix romanesque
1. La troisième personne, un signe de possession du démoniaque
2. L’intervention de la première personne : une tentative de repossession ?
a. La confession
b. La lettre
c. Le journal
C. Un espace-temps réaliste ?
1. La pauvreté des repères chronologiques
a. Un temps historique vague
b. L’influence de la Première Guerre mondiale
2. La déconstruction de la temporalité
a. Un temps narratif imprecise
b. Un temps intérieur
II. Des récits lacunaires
A. Les non-dits
1. Dans l’énonciation
2. Dans la narration
B. Une rhétorique du secret
C. Une écriture de tous les excès : les cris et les pleurs
D. Les ellipses
1. Les ellipses du narrateur-personnage
2. Les ellipses du narrateur-témoin
E. L’absence de transition
F. L’absence de logique
1. La modalité interrogative et le lexique de la confusion
2. L’aposiopèse et l’anacoluthe
III. Des romans de la subjectivité : l’apport du monologue intérieur
A. Aux sources du monologue
1. Vers une définition du monologue intérieur
2. Le contexte d’apparition du monologue intérieur
B. La mise en œuvre du monologue intérieur chez Green, Mauriac et Bernanos
1. Le monologue comme expression de la comédie sociale
2. Les monologues comme expression de la conscience déchirée
3. Le monologue comme expression de l’obsession
4. Le monologue comme expression de la folie
CHAPITRE 2. UNE POÉTIQUE DE LA CRISE
I. Un monde chaotique
A. Des figures fugitives et elliptiques
B. La crise : de son origine à l’explosion
C. Une action resserrée
D. Le jeu des structures : entre répétition et circularité
II. Une parole tumultueuse
A. Le dialogue comme exposition du conflit
B. Le dialogue comme nœud du conflit
1. Des scènes de reconnaissance
2. Des scènes d’inoculation du mal
C. Le dialogue comme dénouement du conflit
III. Le temps perturbé
A. Le temps immobile
1. Le passé aboli
2. La permanence du présent
3. Le futur inexistant
B. Le souvenir comme revenant
C. Un temps à rebours
D. La fréquence
1. Le récit itératif chez Mauriac et Green
2. Le récit singulatif bernanosien : un temps apocalyptique
CHAPITRE 3. UNE NARRATION DU MYSTÈRE
I. Cet obscur envahissement du démoniaque : le « fantastique » chez Green, Mauriac et Bernanos
A. Des auteurs à la lisière du fantastique
B. Et du roman policier
II. Le glissement vers l’inquiétude
A. L’objectivité apparente ?
B. Une période historique inquiète
C. Les enjeux de l’incipit
1. Des incipits oniriques
2. Des incipits retardés
3. Des incipits inquiétants
III. La poétique du fantastique
A. Une rhétorique de l’indicible
1. L’impossibilité à dire
2. L’indétermination et l’approximation
3. Les comparaisons
4. L’ombre du « on »
5. Les démonstratifs
B. Une narration du doute
C. Le silence
D. L’écriture du surnaturel
1. Entre cout-circuit
2. Et labyrinthe
a. Une poétique du ressassement
b. Une rhétorique de la négation
E. Isotopie du bizarre, de l’étrange et du mystère
IV. De l’inquiétude au rêve : le règne de l’onirisme
A. Isotopie de l’inquiétude : une isotopie du démoniaque
1. L’effondrement et l’engloutissement du monde
2. L’eau
3. Le feu
B. La « réalité fantastique » ou la déréalisation du récit
1. La nature dénaturée
2. Nuit et mystère
3. Les phénomènes atmosphériques
C. Un univers d’apparence, d’illusion et de rêves : l’onirisme chez Bernanos, Mauriac et Green
1. Les véritables « récits de rêve »
2. Les rêves intégrés au récit : la confusion entre le rêve et la réalité
3. Le rêve du récit : le brouillage total entre le récit et le rêve
CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE
CONCLUSION GÉNÉRALE
ANNEXE : CHRONOLOGIE DES PRINCIPALES ŒUVRES DE BERNANOS, MAURIAC ET GREEN MENTIONNÉES
BIBLIOGRAPHIE

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