Présence du loup en Normandie du Moyen-âge au début du XX -ème siècle

Les loups et les humains en Normandie : d’un déclin historique à une recolonisation moderne

Nous pourrions presque introduire ce paragraphe par « il était une fois». Maintes fois personnifié dans les contes et les légendes, le loup est ancré dans notre culture et l’imaginaire collectif.
Prédateur jugé cruel et sanguinaire, les contes les plus célèbres – inspirés de la culture orale – enseignent la peur du loup dès le plus jeune âge. Parmi eux, celui du Petit Chaperon rouge dont le dénouement tragique doit apprendre aux enfants à obéir à leurs parents et à ne pas faire confiance aux inconnus. Les représentations de Canis lupus sont également nombreuses dans la religion, la mythologie, la peinture et même en psychanalyse où l’animal est associé au désir et aux pulsions sexuelles. Des théories révèlent d’ailleurs qu’un message subtil se glisse derrière la morale puritaine du conte de Charles Perrault. Naïve et innocente, le Petit Chaperon rouge accorde sa confiance au grand méchant loup qui parvient alors à la séduire : le canidé est personnifié en prédateur sexuel.
Dans les légendes et les folklores, l’image du loup n’est guère plus élogieuse et entretient l’angoisse générée par l’animal. Les exemples les plus populaires sont ceux du loup-garou et de la Bête du Gévaudan. La première est une créature féroce, mi-loup mi-humain, qui dévore ceux qui se trouvent sur son passage les nuits de pleine lune. Le deuxième est un animal monstrueux qui aurait fait une centaine de victimes dans la Lozère actuelle au XVIII-ème siècle. Les croyances autour du loup, ainsi que leurs différentes versions, sont nombreuses et variées et chacune d’entre elles peut constituer à elle seule un véritable sujet d’étude. Ici, il s’agit simplement de replacer le contexte dans lequel s’inscrit le loup et de montrer qu’à travers notre culture, le loup a souvent été un animal diabolisé auquel on attribuait des intentions malsaines, perverses et machiavéliques. Dans la langue française, on trouve des références au canidé à travers des expressions comme « avoir une faim de loup», « se jeter dans la gueule du loup» ou encore « crier au loup» qui attestent une fois de plus de sa triste réputation. Ce tour d’horizon des représentations du loup dans notre culture nous amène à émettre l’hypothèse que la peur enseignée et entretenue dès l’enfance pourrait inconsciemment expliquer les relations toujours conflictuelles entre Canis lupus et Homo sapiens. Dans les territoires où le loup réapparait après plus d’un siècle d’absence, la nouvelle fait grand bruit. Au mieux les humains ont perdu l’habitude de vivre avec le prédateur, au pire ils ignorent que des loups peuplaient leurs terres avant eux. Aussi, le loup est depuis toujours un animal prédisposé à la rumeur dont les ressources sont infinies. Autrefois colportées par la culture orale, les rumeurs sont aujourd’hui transmises dans les médias qui alimentent ainsi l’imaginaire populaire et influent sur la mémoire collective. De toute évidence, les discours relayés ne s’appuient pas tous sur des savoirs scientifiques et sur une connaissance précise de l’espèce.
Dans ce premier chapitre, nous proposons de rappeler que les terres normandes ont accueilli des loups jusqu’au XX-ème siècle. Nous étudierons les relations que nous entretenions alors avec eux.
Ensuite, nous analyserons les contextes socio-territorial et paysager actuels de la Normandie afin de connaître les changements et les usages du territoire qui peuvent expliquer le retour du loup dans la région. Enfin, nous nous intéresserons à l’aspect géopolitique du loup pour tenter de comprendre dans quelles mesures son retour peut être instrumentalisé et avoir des répercussions sur sa gestion. Notre zone d’étude se situant en Seine-Maritime, nous porterons une attention particulière à ce département au cours de nos recherches.

Présence du loup en Normandie du Moyen-âge au début du XX -ème siècle

Actuellement associés aux paysages de montagnes, on oublie et parfois même on ignore que les hurlements des loups raisonnaient autrefois dans les campagnes normandes. La cohabitation avec les grands prédateurs est aujourd’hui au cœur des débats, mais nous verrons que l’ origine de la discorde entre humains et loups est le fruit de plusieurs siècles d’histoire. Nous reviendrons également sur la place et le rôle des déclarations d’attaques de loups sur l’humain. Si la question des loups anthropophages n’est pas l’objet de notre étude, il convient de lui consacrer quelques lignes pour mettre en confrontation différents points de vue scientifiques et mieux comprendre les représentations que nous avons de l’espèce. Rappelons que depuis le retour des loups dans le Massif alpin au début des années 1990, il n’existe aucun cas documenté d’attaque sur l’humain.
Cette approche à travers l’Histoire va nous permettre d’analyser notre passé avec l’espèce pour mieux comprendre le présent et interroger l’avenir de nos relations avec les loups.

Les loups en Normandie

L’historien Jean-Marc Moriceau, professeur à l’Université de Caen, a mené une enquête rétrospective sur la présence des loups en Normandie du Moyen- Âge au début du XX -ème siècle. Ses recherches approfondies dans les documents d’archives permettent d’estimer les populations de loups et leur répartition au cours des sept derniers siècles. Les grands espaces boisés, la densité d’ongulés sauvages, l’importance de l’élevage et les méthodes de conduitedes troupeaux domestiques étaient des facteurs qui pouvaient expliquer la présence permanente de l’espèce dans le Massif armoricain et le Bassin parisien. Au XIV -ème et XV -ème siècle, les registres de captures de loups attestent la présence de l’espècedu Pays d’Auge au Pays de Caux, de la Suisse Normande aux forêts de Roumare et de Rouvray, de la plaine de Caen aux vicomtés de Coutances, Valognes et Carentan. Les loups semblent partout jusqu’au XVII -ème siècle où l’on commence à observer un déclin des populations dans certains secteurs de la région. Au XVIII -ème siècle, dans les départements du Calvados et de la Manche qui subissent une forte pression cynégétique et le défrichement, la présence du loup est devenue anecdotique. À l’inverse, les populations de loups semblent se maintenir dans le reste de la région où certains massifs forestiers subsistent (Roumare, La Londe, Rouvray, Brotonne, Eu, Bray et Eawy).
Toutefois, les loups et l’ensemble de la faune sauvage voient leurs habitats se transformer et s’amoindrir au profit d’une agriculture grandissanteau cours du XIX -ème siècle. De plus, la « politique de gestion » du loup s’accentue dans les départements normands de l’Orne et de la Manche qui demandent à majorer les primes de gratification aux loups, ce qui renforce la lutte contre Canis lupus.
Les travaux de l’historien permettent également de mesurer l’impact des loups sur les troupeaux domestiques. Les récits d’attaques sur des volailles, des ovins, des bovins et même de s équidés sont nombreux. L’habitat des loups se confond avec le territoire des humains et les usages qu’ils en font. La forêt offre à Canis lupus et Homo sapiens des ressources alimentaires et constitue également un garde-manger pour les troupeaux domestiques. La présence abondante des loups représente un risque pour l’élevage normand et la concurrence alimentaire génère des conflits entre les deux consommateurs. Par conséquent, les loups sont des animaux nuisibles pourchassés par tous les moyens et des primes sont accordées à ceux qui œuvrent à leur destruction. Battues, pièges, armes à feu et empoisonnement sont la « politique de gestion » de l’époque. François Ier officialise même au XVI -ème siècle une institution spécialement dédiée à la destruction des loups : la louveterie. Suite à des abus sur le versement des primes, cette institution disparaît en 1787 pour être de nouveau établie dix ans plus tard sous Napoléon Ier . Leurs têtes mises à prix depuis le Moyen- Âge, les loups perdent la guerre face aux humains et le dernier loup de Normandie aurait été tué dans l’Eure en 1889.
Cependant, le Groupe Mammalogique Normand fait état de deux loups tués au début du XX -ème siècle : le premier à Hénouville en Seine-Maritime en 1912 (Pigeon, 1983) et le deuxième dans l’Orne à Bazoches-au-Houlme en 1916 (Chauvry, 2003) . Depuis ces dernières données, il n’existait pas de preuve officielle de la présence du loup en Normandie jusqu’à son retouravéré en Seine-Maritime en novembre 2019. Toutefois, si l’on prend en compte la capacité de dispersion et la discrétion de l’espèce, peut-on exclure que des loups aient exploré les terres normandes sans que nous nous en apercevions ? Une photographie prise dans le Marais Vernier en décembre 2017 (figure 2) avait suscité des interrogations chez les naturalistes et les scientifiques quant à la présence de l’espèce dans le département de l’Eure. Toutefois, l’image ne permet pas d’identifier assurément un loup.
Malgré une probable absence physique en Normandie pendant plus d’un siècle, l’histoire des loups reste fortement imprégnée dans la région et la mémoire de Canis lupussubsiste dans les cinq départements normands, notamment à travers des lieux-dits comme Chanteloup, La Fosse au Loup ou encore Le Loup Pendu. Dans la partie suivante, nous vous proposons de centrer notre analyse historique sur le département de la Seine-Maritime, terrain d’étude de ce travail de recherche.

Les loups en Seine-Maritime

L’étude de la toponymie en Seine-Maritime illustre l’empreinte laissée par Canis lupusdans le département normand. Elle nous renseigne sur l’histoire des relations des humains avec les lieux à travers les âges. Grâce à la base de données FANTOIR , nous avons extrait les voies et lieux-dits dont la toponymie fait référence au loup. Ainsi, nous avons recensé plus de 100 voies, lieux-dits et communes qui rappellent aujourd’hui la présence du loup en Seine-Maritime. Les points des voies et lieux-dits sont placés dans les limites administratives de leur commune respective, leur localisation ne correspond pas à leurs coordonnées GPS précises. Nous avons pensé que cette rigueur n’était pas essentielle. Ici, nous souhaitons seulement montrer l’abondance des références aux loups dans la toponymie seinomarine. De plus, pour les secteurs fortement représentés, cela facilite la lecture de la carte. Nous avons choisi de classer les noms de lieux en cinq catégories selon les informations qu’ils évoquent : la présence de l’espèce, les hurlements des loups, les élémets topographiques, la religion et la chasse aux loups.
Au premier regard, on observe sur la carte (figure 3) une distribution éparse des toponymes en « loup» et en « leu», ancienne désignation de l’animal en langue française. On remarque une concentration de ces derniers dans le Pays de Caux et le Vexin. Nous avons recensé cinquante lieux dits relatifs à la topographie. Les mares sont citées dix-neuf fois, on peut imaginer qu’il s’agissait de plans d’eau où les loups s’abreuvaient. Parmi les autres éléments topographiques, on retrouve les sentes, les sentiers ou les cavées (chemins creux) et les vals ou vallées ainsi que les bois qui pourraient être des lieux historiquement marqués par la fréquentation de l’espèce. Le nom de la commune d’Oudalle est l’exemple d’un toponyme faisant à la fois référence aux loups et à la topographie : d’origine scandinave, issu de l’ancien norrois « ulfr» signifiait « loup » – son évolution normande a donné « Ouve » – et de « dalr » à l’origine du mot normand « dalle » dont le sens serait aujourd’hui « val ».
Nous avons dénombré vingt-huit voies et lieux-dits ainsi qu’unvillage qui évoquent la présence des loups « Rue aux Loup», « Ferme aux Loups» ou encore « Louvetot», formé à partir du latin « lupus » et d’une langue scandinave « topt» qui signifie « ferme». Parmi les autres toponymes, on trouve, « Au Louvre», formation gallo-romaine qui signifierait « endroit fréquenté par les loups». D’autres toponymes tels que « Rue de Louviers » et « La Louveterie» pourraient – en plus de faire référence à la présence des loups – être des allusions à la chasse aux loups. Nous avons d’ailleurs localisé onze toponymes lupins sur la carte dont la majeure partie se trouve dans le Pays de Caux et dans le Vexin, régions agricoles marquées par cette activité. Citée à quatre reprises, la « Fosse aux Loups» était peut-être un dispositif utilisé pour attraper le prédateur. Quant au « Chêne au Loup» et au « Loup-Pendu », il est probable qu’ils rappellent le hausse-pied, piège formé d’un collet utilisé pour saisir une partie du corps de l’animal et le pendre d’où peut-être d’autres toponymes comme « Sente du Pied de Loup». La « Rue du Dernier Loup» évoque probablement le dernier individu tué à une époque dans le département.
Nous avons également repéré douze toponymes, dont une ville, faisant référence aux hurlements des loups, tous formés à partir des mêmes racines : « leu » et « cante», forme normanopicarde de « chante». Elles donnent les noms de « Canteleu» et « Cantelou» qui désignent probablement les lieux où l’on pouvait entendre chanter les loups. Ici, une question nous apparait : animal craint et méprisé, pourquoi parle-t-on de «chant» – qui donne un sens poétique – plutôt que d’employer le verbe « hurler» ?
Lors de nos recherches, nous avons découvert un seul hagiotoponyme : Saint-Leu, dans la commune de Maromme. Il existe également une chapelle Saint-Leu à Nolléval, mais il s’agit là des deux références à la religion que nous avons trouvées. Nous pouvons peut-être relier ce toponyme à Loup de Bayeux, un évêque qui aurait combattu un loup monstrueux au III-ème siècle et considéré depuis comme protecteur des bergers et des moutons.
Cette présentation des toponymes lupins en Seine-Maritime exprime des lacunes et des limites et ne ferait sans doute pas l’unanimité parmi les linguistes. En effet, l’ensemble des données est sans doute incomplet, mais témoigne de l’importance de l’empreinte des loups dans la toponymie seinomarine. Pour perfectionner notre enquête, nous aurions également pu nous intéresser à la toponymie des cours d’eau, des forêts etc. Certains toponymes présentent des ambiguïtés et mériteraient des vérifications et une étude bien plus approfondie. Simples observateurs, nous nous sommes heurtée pendant nos travaux à la difficulté de déchiffrer les toponymes et à la variété possible des explications, ce qui nous a parfois conduits à émettre des hypothèses. L’identité de l’animal étant parfois utilisée comme patronyme, certaines expressions comme « Leloup » pourraient désigner la propriété de quelqu’un. Nous pensons qu’il serait intéressant de donner une suite à ces recherches afin de percer les secrets et les mystères des toponymes seinomarins, notamment entravaillant à différentes échelles et en s’intéressantà la microtoponymie. De plus, d’autres pistes de travail se sont dessinées lors de nos recherches et nous aurions aimé avoir le temps de répondre à de nouvelles interrogations : pourquoi n’avons-nous pas trouvé de toponymes en référence aux loups enragés qui ont pourtant tristement marqué les mémoires ? Serait-il pertinent de comparer la représentativité des autres animaux sauvages, notamment le renard et le blaireau, dans la toponymie normande ?

Enquête dans les pas du loup : à la rencontre des propriétaires et des éleveurs ovins

Printemps 2020 en Normandie, les journaux locaux et régionaux titrent à propos d’attaques sur des ovins en Seine-Maritime, dans le Pays de Bray. Dans la nuit du 7 au 8 avril à Londinières, le coupable présumé est pris en photo par un appareil automatique. Le 12 avril, les clichés sont transmis à l’OFB, établissement public en charge du suivi scientifique de l’espèce. Le 17 avril, le Groupe Mammalogique Normand (GMN) rend les photos publiques et l’information est reprise au niveau national. Le cabinet du Préfet de Seine-Maritime publie alors dans la soirée un communiqué de presse annonçant qu’un loup a probablement été identifié. Les ressemblances avec certaines races de chiens domestiques sèment la confusion et les experts désignentavec prudence un grand canidé, accordant ainsi le bénéfice du doute au prédateur. L’administration invite les seinomarins à signaler les observations suspectes et les attaques sur les troupeaux domestiques. Mi-mai, un second communiqué informe d’une coordination relative à l’hypothèse de la présence d’un loup en Seine Maritime suite au signalement d’une quinzaine de prédations. Deux réunions d’informationont lieu avec les acteurs du territoire : maires des communes concernées par les attaques, Office National des Forêts (ONF), Chambre d’agriculture (CA 76), Fédération Départementale des chasseurs (FDC 76), Office Français de la Biodiversité (OFB 76) et Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM 76) pour informer et présenter les premiers dispositifs d’accompagnement. Une procédure d’indemnisation des éleveurs professionnels est initiée.
L’arrivée probable de Canis lupus interroge et intrigue. Certains imaginent difficilement un loup parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour prospecter le pays brayon et s’y établir. De l’incompréhension naissent alors des rumeurs et le bruit court que le loup serait en réalité un individu échappé du parc Rêve de Bisonssitué à Muchedent, à seulement quelques dizaines de kilomètres du cercle de prédation. L’OFB et la DDTM se rendent alors sur place, contrôlent les installations du par c et confirment la présence au complet de l’effectif de loups, éloignant ainsi l’hypothèse d’une fuite.
Pendant l’été 2020, les prédations se poursuivent, parfois entrecoupées de périodes d’accalmie. Le 21 juillet, la préfecture publie un nouveau communiqué confirmant la présence du loup dans le département de la Seine-Maritime. Il informe que des analyses ADN sont en cours et que « les services de l’État, au travers d’un partenariat renforcé et efficace entre la direction départementale des territoires et de la mer et l’OFB, sont pleinement mobilisés pour accompagner au mieux les éleveurs concernés par les prédations, et se rendent rapidement disponibles en cas de signalement». Au-delà du régime d’indemnisation déjà mis en place, une réflexion sur les moyens d’effarouchement et de protection des troupeaux domestiques est menée.
Lors d’un constat d’attaque à Mesnières-en-Bray, les agents de l’OFB trouvent des poils qu’ils envoient aulaboratoire agréé ANTAGENE. Les analyses révèlent en septembre 2020 qu’il s’agit d’un loup mâle issu d’unelignée italo-alpine. Face à la répétition des prédations pendant la période estivale, des crédits d’urgence sont débloqués afin de venir en aide aux éleveurs professionnels. À l’automne, le loup semble s’être déplacé dans l’Oise et la Somme jusqu’à ce que de nouvelles attaques soient constatées dans des communes de la couronne de Rouen en janvier 2021, puis dans le Pays de Bray en février 2021. L’OFB et la DDTMrecensentau total 55 attaques sur des troupeaux domestiques et plus de 100 ovins prédatés entre novembre 2019 et février 2021.

Justification, présentation de la zone d’étude et méthode

La Boutonnière du Pays de Bray : d’oasis de verdure à système de polyculture ?

La carte à la page précédente (figure 15) contextualise la zone d’étude et les évènements liés à notre enquête de terrain. Elle présente les prédations avérées sur les troupeaux domestiques et les attaques connues sur les cervidés recensées par les agents de l’OFB. On remarque une concentration des attaques à l’est du département, au nord du Pays de Bray, puis des attaques éparses dans le Pays de Caux, le Petit Caux et à proximité de la Picardie. Nous avons donc délimité notre zone d’étude en fonction de la localisation des attaques du loup : celles-ci se sont concentrées au nord du Pays de Bray, dans le bassin versant de l’Arques, principalement dans les vallées de la Varenne et de la Béthune .
Dans une moindre mesure, notre terrain d’étude s’étend au Petit Caux et à la frontière picarde. Situé dans le nord-est de la Normandie, le Pays de Bray est à cheval sur les départements de la Seine-Maritime et de l’Oise. Il se caractérise par sa géologie, on parle de la Boutonnière du Pays de Bray. David Gaillard, géographe à l’Université de Caen la définit comme une « vaste dépression qui s’étend de Dieppe à Beauvais, d’environ 70 km de long et d’à peu près 15 km de large». Il explique que « des soulèvements tectoniques ont formé le Pays de Bray en générant un soulèvement vers le haut des couches géologiques. Ces dernières ont été soumises à l’érosion, plus ici qu’ailleurs, et très vite, ces couches géologiques ont été arasée. Toutes les couches d’argiles et de sables qui étaient en dessous ont été érodées à leur tour. On se retrouve alors avec une forme de dépression alors qu’au départ, on aurait dû avoir une forme de dôme».

La forêt d’Eawy et la forêt d’Eu

Le paysage brayon est marqué par les 6550 hectares de la forêtdomaniale d’Eawy , dans une zone de transition entre le Pays de Caux et le Pays de Bray, entre les vallées de la Béthune et de la Varenne (figure 15). Eawy est un dérivé du substantif eve/eweissu du latin aquaet fait référence à l’eau. S’il ne coule aucune rivière dans la forêt, l’eau y est omniprésente (précipitations importantes, sol gras et humide, présence de nombreuses mares). Gérée par l’Office National des Forêts, Eawy est composée de six massifs distincts : le grand massif d’Eawy, le Pimont, le Croc, les Basses Brehoulles, les Nappes et Croixdalle (figure 26). Peuplée de chênes par le passé, la forêt d’Eawy a été excessivement exploitée pour la construction des charpentes, les mâts des navires et l’éner gie des industries du verre de la vallée de la Bresle, si bien qu’au XIX-ème siècle, les grands défrichements l’ont réduite à peau de chagrin. Les forestiers choisissent alors de planter des hêtres dont la croissance rapide est un atout économique. La replantation excessive fait d’Eawy l’une des plus grandes hêtraies de France. Seulement, cette espèce végétale ne laisse aucune place aux autres et le paysage est très homogène. Les massifs de la forêt sont entrecoupés de clairières qui sont aujourd’hui cultivées et offrent un paysage simplifié.
Touristique, la forêt d’Eawy est un site très aménagé et compte de nombreux itinéraires de randonnée. Elle abrite également une faune sauvage abondante et diversifiée (cerf élaphe, chevreuil, sanglier etc.) d’où une activité de chasse très présente. En plus de la chasse à tir, la forêt d’Eawy accueille la chasse à courre. À la fois lieu de promenade et de chasse, l’activité cynégétique et les pratiques de chasse sont critiquées et la forêt devient parfois le théâtre d’ affrontements entre chasseurs/veneurs et anti-chasse.
La forêt d’Eawy est également marquée par l’exploitation forestière qui forme parfois des cicatrices dans le paysage. Là encore, il existe une opposition entre ceux qui dénoncent une surexploitation et l’ONF qui se veut rassurant en expliquant maitriser la situation en suivant les plans de gestion nécessaires à la sylviculture.

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Table des matières

LISTE DES ACRONYMES 
INTRODUCTION GÉNÉRALE 
Chapitre 1 : Les loups et les humains en Normandie : d’un déclin historique à une recolonisation moderne 
1.1 Présence du loup en Normandie du Moyen-âge au début du XX -ème siècle
1.2 Etude des contextes socio-environnemental et paysager actuels en Normandie
1.3 Le loup : animal géopolitique et médiatique
Chapitre 2 : Enquête dans les pas du loup : à la rencontre des propriétaires et des éleveurs ovins 
2.1 Justification, présentation de la zone d’étudeet méthode
2.2 Premières prédations de loup avérées en Seine-Maritime depuis plus d’un siècle: attitudes et
réactions
2.3 Des prédations chez les particuliers et les éleveurs : proposer des solutions adaptées
2.4 Retour du loup : colère pour certains, tolérance pour d’autres … curiosité de tous
Chapitre 3 : Enquête dans les pas du loup : à la rencontre des différents acteurs du territoire
3.1 Rencontre avec les maires
3.2 Rencontre avec les syndicats agricoles et le monde cynégétique
3.3 Rencontre avec les associations de protection de la nature et de la faune sauvage
Chapitre 4 : Identifier les zones de tensions potentielles pour une gestion intelligente du loup 
4.1 Les caractéristiques biogéographiques de la Normandie
4.2 Laméthodologie du diagnostic
4.3 Les dispositifs de protection
CONCLUSION GÉNÉRALE 
BIBLIOGRAPHIE 
TABLE DES MATIÈRES 
TABLE DES FIGURES 
ANNEXES

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