Pratiques fragmentaires à travers la matérialité graphique et typographique

Organisation mémorielle de l’écriture de Khadra

D’après les informations que nous fournit le paratexte, nous posons d’emblée les deux textes de Khadra dans la problématique du genre autobiographique.
Il nous semble que la mention générique nous pose quelque difficulté à situer le texte. C’est pourquoi, un examen paratextuel est nécessaire.

La généricité des textes de Khadra en question

Comme nous l’avons signalé plus haut, les deux livres de Khadra présentent une ambiguïté générique. Après les titres, rien n’indique le genre auquel appartiennent les deux textes à une exception près d’une biographie sommaire, ajoutée en première page du livre L’écrivain ainsi que dans l’imposture des mots. En indiquant le nom et le pseudonyme serait-ce une manière de conditionner le lecteur sur ce qui va suivre ? Est-ce le fameux pacte autobiographique auquel fait référence Lejeune ? A priori cela pourrait être effectivement une manière de positionner le texte et le lecteur. Mais estce suffisant pour affirmer que c’est une autobiographie ? Dans ce cas aussi, c’est problématique car dans l’autofiction, il est question de pacte. Dans L’oeuvre de Doubrovsky il s’agit de réaliser « la coexistence d’un pacte fictionnel avec un pacte référentiel » Khadra a choisi un pseudonyme, Comme l’ont fait un bon nombre d’écrivains rappelons seulement George Sand, Marguerite Yourcenar, Nathalie Sarraute, Stendhal, Pierre Loti etc. Choisir un pseudonyme n’est pas un fait anodin pour un écrivain et particulièrement pour Khadra. Nous pensons qu’il a même un rôle important dans sa vie d’écrivain. Il symbolisera peut-être une nouvelle naissance par l’écriture. Il est militaire, son métier ne lui permet pas d’écrire comme il le souhaiterait, alors il prend un autre nom et ainsi, il peut tout à loisir s’adonner à cette activité. Mais alors pourquoi décide-t-il aujourd’hui de révéler son patronyme ? A priori la décision du dévoilement va être l’élément fondateur dans ce qui va suivre. Nous procédons dans un ordre précis pour nous empêcher de nous emmêler les pinceaux, ce sont deux textes qui présentent quelques différences paratextuelles notables. C’est pourquoi nous procédons distinctement cette étude.

Examen générique dans L’écrivain

Le livre ne contient aucune mention générique sur la couverture, après le titre rien n’indique que L’écrivain allait être le récit de la vie de son auteur.
D’ailleurs l’article défini suppose que Khadra raconte la vie d’une personne qui écrit et qui vit de son métier. A ce simple titre, nous saurons d’emblée qu’il est la signature qui devient l’alibi d’un langage de celui qui l’énonce ; celui qui va écrire sera celui qui est désigné par le titre c’est-à-dire Khadra. Or nous verrons que dans le texte, Khadra ne raconte pas son métier d’écrivain mais il raconte comment on a voulu faire de lui un soldat. La question de généricité n’étant pas résolue, nous avons consulté la quatrième de couverture du livre. Une remarque d’Yves Viollier annonce dans La Vie la mention : « (le) roman d’une enfance algérienne » c’est la même expression mise en bas sous le titre. Deux aspects révélateurs apparaissent, dans cette simple phrase nominale: la notion de roman annonce une fiction mais enfance algérienne renvoie à une certaine réalité sociale. L’écrivain est un récit d’« Une enfance algérienne », cela suppose que Khadra parle de lui mais aussi beaucoup des autres. Cette note ajoutée à celle de l’éditeur : « (…) celle d’un enfant de
troupe qui allait devenir ce témoin gênant, cet accusateur, ce grand écrivain.», assimile sans détours, la parole du narrateur à la voix de l’écrivain et du rapport conflictuel dont il est question dans le livre. Il est supposé qu’il va mener un combat incessant, afin de pouvoir se réaliser. L’Ecrivain, c’est un vécu, où les souvenirs sont aussi ceux des autres. Il est un témoin gênant.
Un témoin de ce genre, dans la logique des choses, sera éliminé ou l’on cherchera à le faire. Il faut entendre cette expression symboliquement, en quelque sorte c’est « tuer l’écrivain qui est en lui ».
De plus, si l’on reconsidère l’expression « (le) roman d’une enfance algérienne », ce texte devrait être pris que comme un document historique et sociologique. Or, c’est oublier que la littérature en général, et l’autobiographie en particulier, n’est pas facile à prendre comme un document sociologique, même si on a longtemps considéré Les confessions par exemple, comme un travail de mémoire mis en oeuvre par un historien, on dira de Rousseau qu’il : […] en fit le projet, de vérifier des faits. Il eut même l’intention de donner comme annexe au récit de sa vie, un volume de documents et de lettres. Comme Voltaire l’a fait pour le franchissement du Rhin dans le siècle de Louis XIV, Rousseau pour sa propre vie mène l’enquête.
Considérer un récit de vie comme document ethnographique est un peu erroné car il faudra que le récit raconté soit un document historique donc objectif ne contenant que des informations d’une société donnée. De plus, cela suppose que la vie racontée est un modèle d’une existence commune à toute une communauté. Et enfin, il faudra faire abstraction du fait que c’est un récit de vie d’une personne qui s’inscrit certes dans un ensemble mais qui se démarque par son individualisme.
Mentionner le mot roman suffit-il pour classer ce livre, dans la catégorie générique de l’autobiographie ? L’écrivain est perçu comme un récit autobiographique « en 2001, Yasmina Khadra, un des auteurs de la nouvelle génération de la littérature algérienne d’expression française, fait un récit autobiographique »2 Mais, examinons d’abord ces deux vocables : récit et roman. Il est évident que le mot roman élimine d’emblée l’idée d’autobiographie au sens canonique du terme. Dans ce mot, nous entendons évidemment fiction et donc événements essentiellement non réels ainsi nous placerions indubitablement le livre dans une perspective de fictionnalisation.
Par contre, dans le récit autobiographique, ces deux mots ainsi associés, montrent que le fictif est inexistant et dans le récit les événements racontés sont des faits qui ne mettent pas en doute l’identité du couple auteur – narrateur. Mais, nous pensons que dans une autobiographie dont une part de fiction est intégrée au récit n’altère en rien la véracité des événements réels.
La question est de savoir si dans un roman, nous ne pouvons pas envisager le récit d’une réalité ; celle de l’auteur par exemple ? Nous avons bien vu afficher sur les couvertures la mention de roman et pourtant le contenu est bien la vie de l’auteur, tout porte à le croire en tout cas. Cette situation nous fait penser à des cas similaires celui d’Assia Djebar dans L’amour, La Fantasia1, dans Vaste est la prison troisième volet du « Quatuor algérien » qui explore par la double approche autobiographique et historique l’Algérie dans sa vie tumultueuse. Jaques Attali dans La confrérie des éveillés est un roman dont tous les personnages ont vraiment existé et dont la plupart des événements politiques et personnels auxquels ils sont confrontés ont eu lieu, Rachid Boudjedra dans son roman La vie à l’endroit où l’auteur se livre à un exercice périlleux d’être à la fois l’auteur et le spectateur de sa propre histoire et l’on comprend assez vite que le personnage principal du roman Rac est un peu lui-même et son double. Mohamed Dib dans Laëzza, son livre posthume est conçu sous la forme de recueil de textes, où se déroule le film des souvenirs d’enfance et de jeunesse de l’auteur, il est classé sous la généricité de roman pourtant, il est une sorte d’autobiographie dans lequel l’auteur dresse son propre portrait en revenant sur ses origines. Cet état de fait n’est pas spécifique à la littérature maghrébine, nous le constatons également dans la littérature occidentale pour ne citer que l’oeuvre de Rétif de La Bretonne qui est « directement nourrie de sa vie mais il transforme sans cesse son existence en roman ».
Récit autobiographique, ces deux vocables suggèrent donc, que Khadra a dit toute la vérité et que les événements racontés sont strictement réels et se sont totalement produits comme il les avait racontés. Dans L’écrivain, le narrateur a donc deux postures ; l’écrivain (personne réelle) et le narrateur (ayant deux voix : celle de Khadra et celle de Mohamed Moulessehoul), et c’est cette double identité qui va créer non pas la confusion mais elle sera le projet autobiographique qui conjoint L’écrivain et L’imposture des Mots, puisque l’objectif n’est pas seulement de raconter sa vie mais d’expliquer sa contradiction : le choix cornélien que Khadra devra affronter : son écriture ou sa carrière militaire :
Je m’imaginais avec une plume dans une main, et dans l’autre un fusil ; je ne voyais pas comment amortir une quelconque chute avec les deux mains prises dans deux vocations ennemies. J’essayais de libérer un bras ; c’était comme si je le coupais. 2
Néanmoins, nous tenons à préciser que nous ne rejetons pas totalement, l’aspect autobiographique car nous allons montrer comment l’autobiographie qui constitue la base de départ du récit (parler de soi) sera peut-être infléchie par la dimension purement fictive (mention de roman), et comment l’auteur par sa pratique langagière, affiche justement cette singularité évoquée plus haut. L’écriture ou la vie3? Voilà bien une question qui expose le problème, qui se pose à tout écrivain et particulièrement Khadra :
Toute écriture concerne donc l’écrivain sous la forme non pas d’événements racontés, mais sous celle d’une pratique énonciative. D’une volonté à l’oeuvre qui manifeste un désir ou une exigence qui est à décrypter.
Du sujet de l’énoncé (la vie de l’écrivain) on passe au sujet de l’énonciation (la vie de l’écrivain vivant).
N’ayant pas assez d’éléments, nous sommes allée voir un peu du côté de la presse ce qui est dit au sujet du livre et un élément supplémentaire est venu compliquer les choses ou les résoudre ? Dans l’une des interviews accordée à D. Ait Mansour, du quotidien « Liberté » Yasmina Khadra a dit au sujet de L’écrivain « Lisez L’écrivain, c’est une biographie ». Si nous acceptons l’idée que le terme d’autobiographie suggère l’idée d’une espèce particulière de biographie qui commencerait comme pour certains auteurs, par l’évocation de la naissance, et si Khadra adopte la posture d’un biographe, on se rendrait compte que le modèle dont il est question est assez trompeur : à la lumière des éléments théoriques, on ne peut parler de soi comme d’un autre, ni mener le récit jusqu’au bout ; Chateaubriand est une exception certes, puisqu’il a réussi à mener à bien son récit jusqu’à l’évocation de sa mort. Khadra aurait-il pu adopter la posture d’un biographe dans son texte ? Nous avons cru comprendre qu’il est question d’un récit d’une enfance donc un texte inachevé ; l’histoire s’arrête à la période de l’enfance ou de l’adolescence un peu comme Les Mots de Sartre. Une sorte de biographie dont la suite des événements est sue à travers la presse et non dans le texte. Par conséquent, le récit de sa vie est loin d’être une biographie au sens que lui donnent les théoriciens de la littérature. Il veut faire croire que son récit est dit dans une totale objectivité et surtout englobant tous les événements de sa vie, de toute sa vie. En voulant être « biographe », Y. Khadra a voulu peut être, dire « c’est ma vie telle que je l’ai vécu ». Mais ce n’est pas l’ensemble de sa vie.
Nous verrons que même si son « désir de mettre presque tout de lui-même »2 son autobiographie si s’en est une, est inachevée. Cependant, nous ne pouvons ne pas nous interroger sur les textes récents, où des auteurs décident de ne raconter qu’une partie de leur vie. Si un texte ne contient que partiellement des éléments d’une vie, de quoi sera fait le reste du texte ?
Qu’est ce qui le constitue ? Comment un auteur va-t-il meubler le vide, si son récit ne contient pas l’ensemble de son existence ?
Peut-on considérer « ces autobiographies partielles » comme des autobiographies au sens classique ? Khadra a-t-il réellement raconté une autobiographie ou un roman autobiographique ? Khadra dans une autre interview accordée au journal Le Matin, dira de cette oeuvre « j’ai réinventé le monde qui m’a été confisqué »1, refaire le monde donc pourrait « représenter pour l’écrivain une autre forme de choix.
C’est abandonner la tentative de le comprendre et à plus forte raison de l’expliquer ». Cependant, ce rapport avec le réel ne serait modifié qu’en apparence car son autobiographie en tant que modalité est fondée sur la réflexivité profonde du sujet à lui-même, celle qui consiste à chercher qui il est. En effet, il partirait de cette interrogation existentielle « qui suis-je ? », qui aura pour conséquence immédiate la décision d’écrire. Il s’agit dans notre entreprise d’établir dans quelle mesure l’oeuvre de Khadra retrace des épisodes de sa vie réelle et de retrouver l’élément fondamental et autrement le plus productif : celui de l’écriture. En effet, il importe peu de procéder à un relevé des instances biographiques en vue de chercher la correspondance entre le vécu de l’écrivain et son oeuvre écrite. Une telle procédure manquerait l’essentiel, car quand bien même nous ferions une vérification minutieuse des éléments biographiques, l’activité scripturaire serait l’instance qui permettrait d’explorer le mode de fonctionnement des instances autobiographiques dans le texte de Khadra car vraisemblablement, il s’agit pour cet auteur d’essayer de mériter son statut d’écrivain et de tenter de se défaire d’un passé qui lui pèse.

Examen générique dans L’imposture des mots

Dans le deuxième texte L’imposture des mots, le titre affiche d’emblée une certaine provocation, loin d’être anodin, il annonce une certaine idée de dénonciation. Crier à l’imposture mais celle des mots. Nous pensons à un texte pamphlétaire avec un tel titre. Mais Khadra a-t-il l’intention d’écrire unpamphlet1 ? En examinant la quatrième de couverture seule indication de l’éditeur « (…) un récit lucide et passionné ». Est-ce que cette simple indication, nous permet-elle de ranger le texte dans la catégorie des récits autobiographiques ou à caractère autobiographique ou pamphlétaire? Est-il possible qu’on se contente seulement de mentionner le terme « roman » ou de « récit », une sorte de fourre-tout pour brouiller les pistes : le caractère autobiographique, confus, d’oeuvres qui ne cherchent pas à se donner pour telles mêlant délibérément et librement la fiction au souvenir ? Ce qui va orienter notre recherche c’est ce que dit La libre Belgique en note en quatrième de couverture du livre.
L’imposture des mots est « un récit lucide et passionné de cet étrange et trouble procès, de l’affrontement entre une conscience et une intelligentsia jamais en retard d’une imposture.
Que comprendre du terme récit ? Serait-ce une histoire vraie où toute forme d’invention est à écarter ? Il nous semble évident que le classement de ce texte soit problématique car dans la mention, il est question d’un examen de conscience une chose troublante et complexe qu’est l’introspection. Un vécu pesant semble reposer sur les épaules de cet auteur. Khadra va s’expliquer sans doute avec lui-même d’abord et puis avec les autres. Cette intelligentsia qui est-elle ? Symbolise-t-elle l’Armée algérienne ? Ou une autre force occulte capable d’une imposture ? Mais alors que dire de cet examen intérieur que fait l’auteur ? En quatrième de couverture, l’indication éditoriale indique « Un écrivain, c’est d’abord un homme, une famille, un pays, une vocation.
L’aventure personnelle de Yasmina Khadra vaut tous les romans »,curieusement c’est l’inscription qui aurait convenue au livre L’écrivain. Mais l’éditeur le mentionne pour L’imposture des mots. Aurait-il lancé la couleur ?
Ce texte est une aventure personnelle par conséquent une autobiographie, mais l’inscription « vaut tous les romans » affiche-t-elle une fictivité ?
Si le fil conducteur est cette activité mémorielle, que peut-on dire de son écriture ? Si sa pratique scripturaire est celle de (sur)vie, comme un élément essentiel de la connaissance de soi, peut-on affirmer que son écriture, est une façon particulière d’exister et de désirer (vivre) en tant qu’écrivain ?
Même si la vie de l’auteur représente l’élément fondateur de son texte, le terme récit ne tend pas à rendre ambigu la véracité des souvenirs ni à mettre en doute l’identité du couple auteur-narrateur. Cependant, peut-on dire que

L’imposture des mots, est un récit ?

Une remarque vient s’ajouter à l’inscription éditoriale, en quatrième de couverture du livre L’imposture des mots : « Ce militaire défroqué est devenu, en quelques années, un des meilleurs écrivains de sa génération », il est évident qu’on reconnaisse à cet auteur le rang d’écrivain de grande qualité cela va sans dire, néanmoins dans cette phrase, une inscription a attiré notre attention. Il s’agit de l’expression « défroqué » : un mot qui généralement est employé pour dire qu’un individu renonce à ses habits religieux. Dans le milieu militaire auquel fait référence Khadra dans son texte et dans les interviews, est un peu comme à l’Eglise : une institution aussi rigide que l’aurait été l’Eglise avec les moines et les nonnes. Un moine quitte son habit religieux pour rejoindre le « civil », un écrivain quitte, l’uniforme militaire, il quitte l’institution et par là tout ce qu’elle représente. Il s’en éloigne définitivement. Son départ sera sans retour, Khadra évoquera la vie qu’il a menée en tant que militaire dans un milieu qui revêt d’un caractère religieux, aussi rigide voire dogmatique ; un univers en total incompatibilité avec le métier d’écrivain : « Romancier en Algérie, c’est déjà un chemin de croix, romancier dans l’armée, c’est un chemin en double croix »1 Khadra révèle qu’il avait décidé de quitter l’armée et renoncer à une carrière militaire : on ne voulait pas de lui alors il est parti.
Le mot Défroqué a sûrement été employé dans le sens où l’auteur avait réalisé que sa place n’était pas dans l’armée :
Je vivais dans un univers que je n’acceptais pas, l’univers de l’enceinte militaire, fermé sur sa réglementation, ses ordres, ses instructions et ses dogmes. Un enfant ne pouvait pas accepter ce déluge de notes et d’orientations avec lesquelles même les adultes avaient du mal à s’y faire.
Ce militaire défroqué sera considéré comme un « déclassé par le haut », pour reprendre une expression utilisée par Isabelle Charpentier dans un article consacré à Annie Ernaux. Il sera une sorte de transfuge si l’on peut s’exprimer ainsi.
La classification générique que nous offre le paratexte ne nous donne qu’une infime information des deux textes. Ce que nous savons déjà, c’est qu’il s’agit d’un récit de vie passé au crible par l’auteur lui-même. C’est une expérience personnelle mêlée à d’autres existences.

Présentations des résumés des deux textes

Si la part autobiographique semble manifeste dans les deux textes de Yasmina Khadra et signalée par la plupart des critiques mais aussi confirmée par l’écrivain lui-même (dans ses nombreuses interviews) il n’en demeure pas moins que du point de vue des théories autobiographiques, l’écriture de soi chez cet auteur semble afficher une singularité que nous souhaitons explorer dans ses différentes facettes et caractéristiques. D’ailleurs l’hypothèse d’une autobiographie singulière est suggérée par l’absence de signalement générique des deux livres que nous avons mentionnée plus haut. Cela relève-t-il de la volonté de l’auteur ou celle de l’éditeur ? En tout cas, cette éclipse générique n’est pas sans rappeler le même procédé chez Marcel Proust dans A la recherche du temps perdu. Pour Gérard Genette, cette discrétion s’accorde parfaitement au statut fort ambigu d’une oeuvre à mi-chemin de l’autobiographie et du romanesque. Les deux livres se suivent du point de vue date de parution. En effet, L’écrivain est publié en 2001 et L’imposture des mots parait une année plus tard. Cette précision, nous la relevons seulement pour mettre l’accent sur la polémique qui a eu autour du dévoilement de l’identité de Khadra. Le premier a suscité des remous parmi la critique nationale et internationale, au point où Khadra était obligé de faire « une mise au point, » pour reprendre ses propos lors d’une interview à propos de L’imposture des mots.
Deux textes écrits au tournant décisif, semble-t-il, pour le choix de la carrière de leur auteur. Le constat étant, que les deux textes sont étroitement liés mais nous ne pouvons envisager la même approche pour les raisons que l’un est un récit dans lequel Khadra retrace deux périodes de sa vie : l’enfance et l’adolescence, le second pourrait être lu comme une suite mais pas dans la continuité narrative, mais par le fait qu’il soit une sorte de « plaidoyer ».
Pour nous permettre de comprendre ce qui va suivre, il est nécessaire de présenter le contenu résumé de chaque livre. Comme nous aurons à faire des analyses sur le contenu, il nous semble qu’à ce niveau cette précision s’impose.

La vie singulière de Le Petit Chose

Mohammed Moulessehoul est un jeune garçon âgé de 9 ans, quand il rentre à l’école militaire El Mechouar en 1964 avec son cousin Kader.
Mohammed n’a pas choisi ce destin tout tracé par son père militaire de carrière, il est très vite confronté à l’austérité des lieux et des instructeurs. La rudesse de ce régime va le forger et l’éloigner définitivement de son père pour qui, il a un très grand respect pourtant. Ses parents se séparent définitivement quand il atteint l’âge de 11 ans. Cette séparation va creuser le fossé qui existe déjà avec sa famille. Sa mère, femme résignée et soumise aux traditions, campagnarde, sera ballottée d’une maison à une autre avec ses sept enfants.
Cette situation sera pour Mohammed un véritable enfer, trop fier, il ne va pas voir son père pour lui demander d’y remédier. Il réussit à l’examen d’entrée en sixième et c’est l’ouverture vers un horizon différent : Koléa l’attend où il espère vivre une vie meilleure. Très vite, il est confronté aux désillusions en découvrant sa vocation pour l’écriture et du coup, il comprendra que son chemin est semé d’embûches. Sa destinée de militaire semble incompatible avec le métier d’écrivain. Néanmoins, talentueux dans le domaine artistique, sa vie oscille entre l’espoir et les ennuis. Il sera un artiste persécuté, traqué, accusé injustement, mis aux arrêts parce qu’il est écrivain. Il aura néanmoins à l’école, de nombreux amis qui vont l’aider à surmonter ses difficultés ; dans sa façon d’écrire et dans sa perception du monde. Certains vont marquer son quotidien au point qu’il ne peut les oublier. Leur souvenir est encore vif. Des professeurs vont l’orienter pour certains et d’autres vont vouloir le briser dans son élan. Il tiendra le coup malgré leur mauvais traitement. Il réussit au BAC, son père est aux anges mais cette réussite signifie pour Mohammed la consécration de sa carrière d’écrivain. Néanmoins, son père ne l’entend pas ainsi, écrivain oui mais militaire aussi. Mohammed va devoir faire un choix difficile car il devra tenir compte de deux choses : son devoir de fils obéissant au patriarche qui demande et attend d’être obéit et ses ambitions. Son rêve de devenir écrivain parmi les grands écrivains devra attendre.

L’écrivain en discussion

Yasmina Khadra, quitte le Mexique vers une destination inconnue mais pourtant si mythique : Paris. Dès le début de son livre, il est hanté par ses personnages ; ils lui rendent visite la nuit. Moment de la journée tant redoutépar Yasmina ou devrait-on dire le commandant ? Ses personnages sont morts mais si vivants lorsqu’ils partagent avec lui quelques moments. Ils traversent les frontières de l’au-delà pour l’épauler dans sa quête de la vérité ou doit-on dire de lui-même ? Ils traversent les frontières éditoriales (Zane Haj Maurice…) pour l’accabler ou se moquer de lui. En Dieu créateur, il réussit à se débarrasser de certains d’entre eux après de longs efforts, d’autres personnages sages viennent le réconforter ou lui ouvrir les yeux sur certaines vérités qu’il refusait de voir en face. Il se bat avec son autre Moi, le commandant, il s’attend à une reconnaissance pour son talent mais déchoit très vite. Il se rend compte qu’en fait, le mal vient des entrailles, de ses frères et non des occidentaux ! Les Algériens jaloux ? Ou déstabilisés par cet écrivain qui raconte cette réalité qui les frappe en plein visage parce qu’elle est vraie tellement vraie qu’on le prend souvent pour un fou, un sanguinaire sadique.
Son récit, sous le pseudonyme va justement permettre à certains de vouloir à tout prix, le dévaloriser, à dénigrer son talent, et dans cette déception grandissante, le narrateur prend conscience des véritables valeurs, de se retrouver avec son autre Moi avec qui, il décide de reprendre le chemin. Le narrateur se réconcilie avec le commandant car à un moment, il se rend compte que cette entité, cette identité fait partie de lui, et qu’il ne peut  l’occulter.

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Table des matières

Introduction générale
1. Chapitre I : Autour de l’écriture autobiographique de Yasmina Khadra
Conclusion
2. Chapitre II : Organisation mémoriel le de l’écriture de Khadra
2.1. La généricité des textes de Khadra en question
2.1.1. Examen générique dans L’écrivain
2.1.2. Examen générique dans L’imposture des mots
2.2. Présentions des résumé s des deux textes
2.2.1. La vie singulière de Le Pet Chose
2.2.2. L’écrivain en discussion
2.3. Pratiques fragmentaires à travers la matérialité graphique et typographique
2.3.1. Les fragments à l’échelle typographique dans L’écrivain
2.3.2. Les fragments typographiques dans un plaidoyer ?
2.3.3. Mohamed Moulessehoul alias Yasmina Khadra
Conclusion
3. Chapitre III : Autobiographie sublimée par la fiction 
3.1. Les voix en strates vers organisation polyphonique des deux textes
3.1.1. Type de voix dans l’oeuvre
3.1.1.1. Je regardant je
3.1.1.2. Il- auditeur- biographique
3.1.1.3. Je en nous collectif
3.1.1.4. Je autobiographique et son double (tu)
3.1.2. Fic on et imagina on à travers les dialogues
3.1.2.1. Originalité du retour du personnage
3.1.2.2. Les personnages Fictions
3.1.2.2.1. Les personnages référentiels
3.1.2.2.2. Les dialogues fictions
3.1.2.2.3. Dialogue argumenta fictifs
3.1.2.2.4. Ainsi Parlait Zarathoustra
3.1.2.3. Le temps de la narra on
3.1.2.3.1. Le récit prédicf
3.1.2.3.2. Les Prolepses
Conclusion
4. Chapitre IV : Ecriture fragmentaire et réminiscence à l’échelle du livre 
4.1. La narra on par bribes dans l’oeuvre de Khadra
4.1.1.1. Le soliloque d’un écrivain
4.1.1.2. Autocitation matériels au de la fragment a on dans l ’oeuvre
4.1.1.2.1. Autocitation dans L’écrivain
4.1.1.2.2. Autocitation dans L’ imposture des mots
Conclusion
4.1.2. Typologie des parques inter textuel les dans l’écriture de Khadra
4.1.2.1. Le répertoire d’un écrivain- lecteur
4.1.2.2. Les intertextes dans l’oeuvre Yasmina Khadra
4.1.2.2.1. La cita on
4.1.2.2.2. La référence
4.1.2.2.3. L’allusion
4.1.2.2.4. Imitation ou Palimpseste ?
Conclusion
4.1.3. Dimension esthétique de l’oeuvre de Khadra
4.1.3.1. Symbolique de l’espace urbain
4.1.3.2. La symbolique religieuse
5. Conclusion générale 
6. Bibliographie
Les livres de L’auteur 
Autres romans (autobiographiques) 
Ouvrages théoriques 
Articles et ouvrages en ligne
Articles de revues 
Revue de presse et journaux en ligne
Thèses Magistère, Doctorat 
Périodiques

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