Pratique des thérapies traditionnelles

Pratique des thérapies traditionnelles

L’anthropologie de la santé et ses enjeux

Pour tenter de cerner un savoir constitué par l’anthropologie médicale, il faut d’abord dissiper un malentendu.
« Ce malentendu, c’est celui qui consiste à envisager cette discipline comme une branche des sciences médicales qui porterait son attention sur les conceptions culturelles du mal, en vue d’aider, dans leur tâche, les professionnels de la santé. Un tel malentendu aboutit à situer l’anthropologie médicale en marge de ce qui la définit comme anthropologie sociale et culturelle et empêche de comprendre en quoi l’approche de la maladie constitue, pour l’anthropologue, un objet de connaissance comme un autre »
D’un point de vue anthropologique, selon Sylvie Fainzang:
« La santé est tout à la fois autre chose et bien plus que l’envers de la maladie. Elle est un rapport entre l’être physique et psychique, d’un côté, le monde social et politique, de l’autre; rapport qui n’est pas un donné physiologique ou sensible, mais l’expression d’une construction historique ».La maladie est toujours un événement qui exige pour le malade une recherche de cause mais aussi de sens. Bien que, l’état psychique de l’être humain joue un rôle très important auprès de la maladie.

La naissance de l’anthropologie de la maladie

« L’anthropologie de la maladie nait au début des années 80, à la suite des travaux fondateurs d’A.Zempleni et M. Augé. A l’inverse de l’ethnomédecine orientée sur les pratiques »,d’après Bernard Hours, l’ethnomédecine se penche sur les logiques symboliques et les logiques sociales des représentations dans les systèmes cognitifs de la maladie, fondamentalement sociologique et non plus naturaliste, ni médicale, elle présente les rouages de l’efficacité symbolique et thérapeutique de processus sociaux tels que la sorcellerie.
L’anthropologie de la maladie aborde essentiellement la dimension sociale de la maladie.
« Jusqu’en 1995 environ, l’anthropologie de la maladie a joui d’une position très favorable dans la recherche » . L’anthropologie de la maladie a contribué à élargir et à approfondir la connaissance des processus sociaux de gestion de la maladie, en totale indépendance, voire indifférence, à l’égard de la médecine des symptômes.
Au début des années 80, l’ethnomédecine occupait une large part du champ de l’anthropologie médicale en décrivant les pratiques diverses observées lors des travaux de terrain des ethnologues. Cependant, « Cette approche se penchait sur de grands systèmes médicaux (p.ex., les médecines indiennes ou chinoises), identifiant les corpus de connaissance, les logiques culturelles, les pratiques médicales et leurs effets ». En effet, hors des grandes traditions médicales écrites, elle abordait les pratiques culturelles locales liées au traitement de la maladie, à partir de nombreux matériaux ethnographiques produits par des générations de chercheurs et la description monographique de groupes circonscrits (tribus, ethnies…). « Les ressources thérapeutiques locales étaient minutieusement notées, en particulier l’usage des substances naturelles. La notion de médecine traditionnelle était appliquée sans distinction à tout ce qui n’était pas biomédical en termes occidentaux. Les malades ne mettent pas en scène des conduites prédéterminées par un bagage cognitif univoque et homogène ».
Le traitement traditionnel n’était pas basé sur un savoir biomédical, mais sur un savoir ancestral.

Le sens de la maladie

A ce sujet de la maladie : le guérisseur situe à deux niveaux différents sa recherche des causes : celui du “comment“, qui cherche à comprendre, l’origine de la maladie en référence à des causes de type naturaliste, et celui du “pourquoi“, qui s’intéresse au sens profond de l’action de ces dernières, ou plus concrètement a ce qui les a mises en mouvement, et qui regroupe ce que l’on peut appeler les causes non naturelles.
Ces deux niveaux de causes sont en interrelation et nous avons essayé de comprendre comment se fait cette Interaction. Il faut remarquer que les causes naturelles et non naturelles ne sont pas invoquées dans la même proportion dans tous les cas de maladies. L’accentuation de l’un des deux niveaux dépend de deux facteurs principaux: la catégorie à laquelle appartient le guérisseur et le type de symptômes présenté par le malade (plus, parfois, les circonstances qui entourent la maladie).
Dont l’objet de la maladie réside dans la médecine, comme le souligne Ibn khaldoun : « La médecine (Ilm aṭ-ṭibb) a pour objet les maladies et la santé, le médecin ; s’efforce de conserver celle-ci et de soigner les autres, au moyen de remèdes. Il commence par localiser les troubles. Il fixe aussi les thérapeutiques, il imite en cela la nature et il l’aide quelque peu, eu égard à l’indisposition elle-même, à la saison de l’année et à l’âge du malade. Tout cela fait l’objet de la maladie. »
La maladie était souvent une recherche de cause mais au aussi de sens, il se peut qu’une maladie relève des malédictions, où le malade a commis des fautes ; par conséquent Dieu l’a puni par une maladie. De plus, le sens donné à une maladie est souvent liée au système de croyances d’une culture donnée.

Histoire de la médecine traditionnelle

L’anthropologie médicale repose sur le postulat que la maladie (fait universel) est gérée et traitée suivant des modalités différentes selon les sociétés et que ces dernières sont liées à des systèmes de croyances et de représentations déterminés, en fonction de la culture dans laquelle elle émerge. « Bien que cet énoncé n’ait été systématisé que plus tard, on en trouve l’ébauche chez Rivers (1924) dont les travaux sur la médecine magico-religieuse », lui valent d’être considéré comme un précurseur de la discipline.
« L’objet principal des travaux de Rivers a été de cerner la nature des concepts de maladie élaborés par les différentes sociétés. Il a tenté le premier de relier de façon systématique les médecines traditionnelles et d’autres aspects de la culture et de l’organisation sociale. Dans Medicine, Magic and Religion, Rivers montre que les pratiques médicales des sociétés “primitives” découlent de certaines croyances médicales, et qu’elles prennent un sens en fonction de ces croyances. »
A la suite de Rivers l’anthropologie médicale en un domaine à part entière, relevant de l’anthropologie sociale et culturelle.
L’homme depuis son apparition sur terre, les plantes ont toujours fait partie de l’alimentation humaine puisqu’il n’est psychologiquement pas possible pour l’homme de se nourrir exclusivement de produits d’origine animale.

La guérison et la religion musulmane

La guérison avant l’islam

Les discussions informelles avec nos enquêtés attestent qu’avant l’Islam, les kabyles ont su pratiqués certaines thérapies, avec les plantes ou des extraits d’animaux qui sont suivis par quelques pratiques rituelles, là où ils font appel à des Walis ; Les saints. Ces gens à l’époque ont une forte croyance que c’est eux qui les protègent. En plus avant l’islam les kabyles fréquentent trop les sorciers que ce soit, pour trouver le remède chez eux ou des solutions à leurs problèmes, là où ils trouvent le soulagement interne, ou au contraire causé du mal à quelqu’un, dont il réside l’objet de la magie maléfique. Le philosophe Ibn khaldoun cite que : « Le pouvoir magique peut être de trois degrés. La première exerce une influence purement psychique, sans aucun instrument ou recours extérieur : c’est ce que les philosophes appellent la magie (Siḥr) .le second agit à l’aide du « tempérament » (Mizaj) des sphères célestes et des éléments, ou bien par les propriétés des nombres : c’est là l’art des talismans, qui est inférieur au degré précédent. Le troisième exerce une influence dure les facultés de l’imagination. C’est là-dessus que s’appuie cela qui en joue. Agissant sur l’imagination (des spectateurs), jusqu’à un certain point, il l’alimente en fantasmes, images et formes dont il se sert. Puis, il les fait descendre au niveau de la perception sensorielle des assistants, grâce à ses pouvoirs psychiques.»

La guérison après l’islam

L’islam, c’est une religion qui s’est basé sur le Coran, livre saint de l’islam. Texte divin, révélé oralement directement par l’ange Gabriel, (Jibril), en langue arabe, au prophète Mohamed. La parole divine a été révélée par phrases à partir de 612, alors que le prophète avait 40 ans et a duré plus de 20 ans. »
Cette religion a interdit la sorcellerie, qui est considérée comme : « illicite, ou assimilation à Dieu », comme ils disent les musulmans. Ce qui fait les kabyles ont ajoutés à leurs saints, ceux de l’islam, où ils font guérir par la lecture du Coran « Al-Roqya », ce qui rend la religion musulmane est fortement participé.
Les guérisseurs traditionnelles au cours de notre enquête disent ; « qu’il est très important de savoir que notre destin et entre les mains de notre seigneur, il faut avoir la foi et en lui demandant de l’aide et Ich’Allah, il te donne la guérison ». Et aujourd’hui « la majorité des guérisseurs qui sont kabyles ; sont les marabouts. »
Kamel Chachoua souligne que : « […] la source des connaissances des marabouts, qu’elles soient médicales ou autres, réside dans la sainteté. Le titre de marabout est, en effet, une appellation religieuse qui s’applique à certains maitres des Zaouia, lesquels sont donc à la fois professeurs, médecins guérisseurs et chefs religieux.» Donc la source de la guérison chez ces guérisseurs traditionnels marabouts, réside dans la sainteté.

La religion vécus dans les rites

Les rituels se fonctionnent selon la culture, dont la religion est le système qui gère toutes les croyances et les rituelles, dont les rites religieux sont : « […] des procédures plus ou moins stéréotypées ou élaborées composées d’actes , de symboles faisant intervenir souvent des objets , et de paroles parfois issues d’un lointain passé. »
Philippe Laburthe-Tolra Jean-Pierre Warnier les a divisés : « en défenses et perceptions ; en rites de contrôles, comprenant les interdits et les recettes plus ou moins magiques, et en rites commémoratifs ou célébrations, informé par les mythes dont ils reproduisent la situation ou structure ; ils tentent, par la répétition, de créer une sorte de temporalité spécifique, voire peut-être d’échapper à l’écoulement du temps. »

La théorie de la médecine bédouins du « prophète »

Ibn khaldoun souligne à propos de cette dernière que :
« Les traditions relatives au prophète mentionnent une médecine du type bédouin. Elle n’a rien à voir avec la révélation divine. C’était seulement une des coutumes des arabes et, si on la cite ; c’est à propos d’incidents de la vie du prophète, au même titre que d’autres usages de son temps. Quant aux bédouins civilisés, ils ont leur médecine à ceux, fondée surtout sur l’expérience individuelle. Ils la tiennent de leurs cheikhs et des veilles femmes de la tribu .elle peut parfois être bonne. Portant, elle ne repose sur aucune loi naturelle, et sa thérapeutique n’est pas conforme au traitement des humeurs. »
La médecine bédouin fait partie des coutumes arabes, et leurs croyances qui touchent d’autres sociétés dont les kabyles en fait partie.

La problématique de croire à la guérison

« Il y a pas une guérison s’il y a pas une croyance », cette expression on l’entend souvent quand on pose des questions sur la guérison, aux enquêtées ; grand et petit, homme ou femme, ils nous disent ; qu’il y a pas une guérison s’il y a pas croyance. Donc la croyance est un élément très important de la réalisation des cures réalisées par la médecine traditionnelles.
La médecine primitive est en grande partie une médecine spirituelle et se fonde sur la primauté des maladies de l’âme. Les maladies corporelles sont considérées comme des symptômes des maladies de l’âme.
« D’ailleurs, le psychisme semble également jouer un rôle très important dans les cures réalisées par la médecine occidentale […] dont la guérison de troubles avec des « placebos » […] la confiance dans le médecin et la volonté de guérison jouent un rôle capitale. »
Cet élément « guérison », est celui du phénomène de croyance tel qu’il est exprimé par la formule consacrée : « ça ne marche que si l’on y croit ».

 

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction générale
Première partie : Le cadre méthodologique et théorique de la recherche
Chapitre I : La Méthodologique
Introduction
1. Présentation du thème
2. Motivations du choix de thème
3. Objectif de la recherche
4. Délimitation du champ de l’étude
5. Construction de l’objet
5.1Problématique
5.2Hypothèses
5.3Concepts clés
5.4Modèle d’analyse qui représente notre construction de l’objet
6. Méthodes et techniques d’enquête
6.1Les trois phases de la collecte des données
6.2Les techniques d’enquête
7. Présentation du terrain de recherche
8. Les motivations de choix du terrain
9. Présentation de l’enquête du terrain
10.Les difficultés rencontrées au cours de l’enquête
Conclusion
Chapitre II : Théories
Introduction
1. L’anthropologie de la santé et ses enjeux
2. La naissance de l’anthropologie de la maladie
3. Les grandes orientations de la recherche
3.1L’orientation fonctionnaliste
3.2L’orientation cognitive
4. Le sens de la maladie
5. Histoire de la médecine traditionnelle
6. La guérison et la religion musulmane
6.1La guérison avant l’islam
6.2La guérison après l’islam
6.3La religion vécue dans les rites
6.4La théorie de la médecine bédouins du prophète
7. Pratiques rituelles
8. La problématique de croire à la guérison
9. Des thérapeutes, des plantes, et des esprits
9.1La théorie de Nadia Mohia Navet sur « les thérapies traditionnelles»
Conclusion
Deuxième partie : la partie pratique
Chapitre III : Pratique des thérapies traditionnelles
Introduction
1. Rappel sur les pratiques thérapeutiques « rupture ou continuité »
2. Typologies des pathologies
2.1Les maladies saisonnières
2.2Les maladies touchées par des forces nuisibles, ou d’angoisse
2.3Les maladies de l’enfant
2.4Les maladies les plus fréquentent qui touchent les animaux
3. La durée du traitement
4. Pratique de la thérapie traditionnelle, « retour aux sources ou sources des finances »
Conclusion
Chapitre IV : Portraits des tradipraticiens
Introduction
1. portraits des tradipraticiens
1.1Le portrait de la guérisseuse Nadia Adnan
1.2Le portrait de la guérisseuse Khoukha Adnan
1.3Le portrait du guérisseur Hamid Ali
Conclusion
Chapitre VI : Parcours des patients
Introduction
1. Parcours des patients
1.1Le premier cas, Aberbour Kahina
1.2Le deuxième cas, A-Hassina
1.3Le troisième cas, Nekki Karim
1.4Le quatrième cas, Wahiba
1.5Le cinquième cas, C-Ahcen
1.6Le sixième cas, Madi Katia
1.7Le septième cas, Adnan Sylia
1.8Le huitième cas, Djemmad Lamia
1.9Le neuvième cas, Delles Linda
1.10 Le dixième cas, D-Dalila
1.11 Le onzième cas, Chibane Samir
1.12 Le deuxième cas, Zidane Ouardia
1.13 Le treizième cas, D-Karima
1.14 Le quatorzième cas, Chemlal Londja
1.15 Le quinzième cas, Chettah Smail
2. Les trois cas de patients victimes des guérisseurs traditionnels
2.1Le premier cas : Belgasem Malika
2.2Le deuxième cas : deux filles (x)
2.3Le troisième cas : une femme (x)
Conclusion
Chapitre VI : Vivre la maladie au sein de la famille
Introduction
1. L’analyse des représentations que doivent avoir les patients et leurs familles sur la maladie d’un membre de celle-ci. (dans chaque cas, nous avons analysé à la fois les représentations des patients et leurs familles sur la maladie (du patient).)
2. L’analyse des représentations des trois cas de patients victimes des guérisseurs traditionnelles sur leur maladie
Conclusion
CONCLUSION GENERALE

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *