Soutenance mémoire
La théologie ou le mythe par la bible
Heurtant déjà cette ambiguïté entre la frontière du mythe et de la raison, la théologie dans sa définition mélange une sorte de scientificité à l’irrationalité. Elle présente une certaine scientificité par sa possession d’une méthode propre, des critères de vérification rationnels propre à cette discipline, une logique interne et un objet bien déterminé qui est Dieu. La théologie est une discipline qui élabore en termes rationnels une connaissance de Dieu à partir d’une révélation religieuse. Le point de départ de la théologie chrétienne est la supposée révélation de Dieu en JésusChrist, qui est également révélation de son être et de son projet de salut pour l’Homme. Cette révélation est une croyance fondée sur celle des apôtres de Jésus aux paroles de leur maître. Cette croyance des apôtres poussa les premières communautés chrétiennes à justifier et élaborer leur foi en un discours religieux, qui empruntait à la tradition juive et au contexte culturel de l’époque, pour dire la spécificité de leur foi. Ainsi, avant que l’Homme ne parle de Dieu, c’est Dieu qui parle à l’Homme. La possibilité d’une connaissance de Dieu par l’Homme, d’un discours de l’Homme sur Dieu est fondée sur l’existence supposée d’une révélation de Dieu à l’Homme, d’une « parole de Dieu ». Pour les chrétiens, la révélation s’adresse à la raison humaine et la foi, la foi cherche à comprendre ce qu’elle croit. C’est pourquoi que certain appelle la théologie comme « la science de la foi ». Le but de la théologie est donc de faire accéder l’intelligence de l’Homme aux vérités de la foi. La théologie est alors une mise en rapport de l’objet de la foi et de la révélation avec la compréhension du monde, de l’être, de soi-même que représente une culture. La théologie résulte donc du dialogue entre une révélation et une culture. Elle prolonge et transmet intellectuellement et spirituellement les textes qui la fondent. La théologie catholique parle de « lieux théologiques » pour désigner les sources de la connaissance théologique : le théologien y trouve les fondements sur lesquels il peut appuyer sa réflexion. La première source de la théologie est la Bible, la « Parole de Dieu ». Les Écritures représentent l’autorité normative pour l’ensemble de la réflexion théologique, car c’est la « Révélation » qui s’y exprime. Cependant, les protestants lui donneront encore plus d’importance que les catholiques, qui s’appuient également sur la « Tradition », qui est le processus et le contenu de la transmission de la vérité révélée. La théologie n’est pas une science sur le modèle des sciences contemporaines avec les exigences que celles-ci comportent, en particulier parce que son « objet » ultime, Dieu, n’est pas susceptible d’investigation et de vérification empirique. On peut être tenté de lui reconnaître un certain statut scientifique dans la mesure où elle possède une méthode propre, des critères de vérification rationnels, une logique interne et un objet déterminé : Dieu.
Le réfuté ou le chanceux
La montée de la modernité et le développement de la science et de la rationalité a réduit le champ d’action de la religion dans la société en général. L’apparition des autres sciences a fait reculer l’emprise de la religion dans la vie de l’homme où les autres domaines (le politique, le social, l’économie etc.) se sont détachés petit à petit de la justification religieuse et du mythe. Le chef religieux perd de plus en plus d’emprise sur ses membres comme la religion vis-à-vis des hommes. La soumission d’un membre à l’autorité de son berger dépend de l’adhésion de ce dernier à l’institution religieuse. La plupart des grandes religions (catholicisme, protestantisme) est marquée par la stabilité de l’institution religieuse à qui s’adhérent les membres. Le berger fait partie de cette institution, il est le représentant et le garant de cette institution. C’est pourquoi la plupart des membres s’adhèrent dans ces institutions à cause de l’institution non du chef religieux. L’adhésion d’un individu à une religion à cause de son chef religieux est surtout typique des sectes. Aujourd’hui, on rencontre un développement du sentiment individualiste. La montée de ce sentiment rend plus difficile l’exercice de l’autorité pastorale. Le berger est obligé de convaincre chaque membre par différents moyens selon la caractéristique du membre ou du groupe membre. C’est pourquoi, le berger se doit maîtriser des spécialités ou avoir des caractères susceptibles de justifier l’exercice de son autorité à chaque membre de son église. La meilleure utilisation des ressources pré-acquises, les expériences individuelles passées et actuelles, la motivation personnelle du berger déterminent si ce dernier exerce ou subit le pouvoir dans sa paroiss
L’Eglise FJKM Zoara Fanantenanana Ambohipo
L’église FJKM Ambohipo s’est trouvée dans le quartier d’Ambohipo tanàna avant de devenir Zoara Fanantenana. Eglise LMS (London Mission Society) à sa création en 1963, l’église s’est changée en FKM (Fiangonan’i Kristy eto Madagasikara) en 1968 avant de devenir l’église FJKM d’Ambohipo en 1975. L’église s’est déplacée au sud des cités universitaires d’Ambohipo depuis 1991 et devient Eglise FJKM Ambohipo Zoara Fanantenana, avec environ 700 membres à cette époque. Aujourd’hui, l’église compte environ 9000 membres dont la plupart sont des étudiants à l’université d’Antananarivo. On rencontre constant un renouvellement de membres car les étudiants sont souvent des nomades. L’église est tenue par le pasteur RAKOTOBE Rajaonanjato Dodaherisoa, père de deux enfants depuis son déplacement d’Ambohipo tanàna jusqu’à ce jour. C’est-à-dire que ce pasteur est responsable de cette paroisse depuis 17 ans. Après ces cinq années d’étude pastorale à la Faculté de théologie d’Ambatonakanga, le pasteur RAKOTOBE a été immédiatement transféré à l’église d’Ambohipo, d’abord en tant que stagiaire puis il devient le pasteur responsable. Il y a trois messes par dimanche dans l’église et quatre les jours de fêtes. L’église possède toutes les sections existantes au niveau des églises FJKM dont :
Sekoly alahady (Ecole du dimanche)
Sampana Tanora Kristiana (STK) Section Jeunes Chrétiens
Sampana Lehilahy Kristiana (SLK) Section Hommes Chrétiens
Dorkasy: Mouvement Liturgique
Diakona : Diacres
Antokom-pihira : chorale
Fifohazana : section Réveil
Vokovoko manga : Croix Bleue
Eglise FJKM
Comme nous l’avons déjà mentionné, le berger de cette paroisse opte plus sur des justifications plus techniques donc plus rationnelles de l’exercice de pouvoir que sur des vertus seulement religieuses. Cet ancien étudiant en langue malgache à l’université d’Ankatso devenu pasteur s’avère être un bon gestionnaire. La construction de l’église a été réalisée pendant l’exercice de ses fonctions, un édifice ambitieux qui peut contenir 700 membres. Pour ce faire, il a négocié avec certains membres qui ont accepté de prêter la somme pour construire l’église. L’administration a contribué en partie la construction mais la plupart des sources monétaires a été concrétisée grâce au pasteur. Doté d’un sens de négociation, il a été obligé de faire un rapport détaillé et régulier aux créanciers qui ont fini par donner une facilité de remboursement à l’église jusqu’à faire don une partie de la somme. A chaque besoin de gros budget de l’église comme la rénovation du parquet de l’église l’année dernière, le pasteur a demandé la participation de chaque membre. Connaissant la situation de la plupart de ses membres qui sont en général des jeunes et des étudiants c’est-àdire des membres peu fortunés, le pasteur a négocié avec quelques individus hauts placés et des membres fortunés pour compléter la somme requise. Dans l’église FJKM Ambohipo, le berger est souvent plus technique, il multiplie ses relations et ses partenariats, sont des aubaines économiques pour l’église. Avec cette particularité des membres, le berger a crée des centres d’intérêt pour ces derniers pour les retenir dans le rang des ses brebis mais aussi pour attirer les autres dans sa bergerie. Pour les étudiants, l’église a crée un club de langue où les membres peuvent apprendre gratuitement la langue anglaise tous les soirs de 18 à 20 heures sauf le jeudi et le dimanche. L’église organise aussi une campagne d’offre d’emploi souvent le dimanche après midi. Ces offres sont déposées par des chefs d’entreprise qui cherchent des employés chrétiens et surtout recommandés par le pasteur. Ainsi, le pasteur noue des relations avec des dirigeants d’entreprise, à partir de cela il crée un réseau entre ces employeurs et étudiants. Tout le monde trouve un profit dans cette situation, l’employeur trouve un futur employé qualifié et qui bénéficie la confiance du pasteur, l’étudiant trouve un travail et le pasteur gagne le respect de ses membres. Actuellement, nombreux les jeunes étudiants membres de l’église Ambohipo qui cherchent du travail demande aide à son pasteur et lui remet son cv. Ces membres étudiants sont aussi des jeunes, alors l’église organise des activités dont ces jeunes peuvent en tirer profit, ces activités se composent d’activités sportives et culturelles. Aujourd’hui, l’église a des clubs sportifs plus ou moins équipés, une sonorisation complète et des instruments de musiques. L’acquisition de ces matériels vient de l’initiative du pasteur et une participation des membres. En outre, l’église organise des activités spéciales comme une journée cuisine avec chefs Marius, des sorties collectifs en provinces, dernièrement à Tamatave. D’après notre enquête au niveau des membres, ce qui attire le plus les membres dans l’église s’oriente toujours au berger. Il connait très bien ses membres (les jeunes, les étudiants etc.) et leur situation et il répond favorablement à leur attentes tout simplement. Dans l’église FJKM, un jeune membre passe plus de temps dans l’église pour des activités extra-religieuses que le culte du dimanche. Le culte du dimanche ne dure qu’une heure et demi de temps à deux heures et le sermon de 30 à 45 minutes tandis qu’en moyenne un membre passe 5 heures de temps par semaine à l’église. Le pasteur devient naturellement un être spécial, extraordinaire ou un vrai homme de Dieu qui a le sens de l’organisation, de la communication et de négociation.
Eglise et liberté individuelle
Cette démocratie peut se traduire par la liberté individuelle du membre par rapport à son berger ou l’autonomie de l’église face à l’organisation religieuse (ministère). Dans les deux conditions le simple membre ou l’église isolée ne doit pas se sentir menacé par l’autorité du berger ou du ministère et ne se sent pas désavantagé par rapport à autrui. La délimitation du pouvoir du berger y est pour quelque chose, c’est-à-dire qu’il est indispensable de déterminer la frontière du champ d’action du berger et du ministère, sachant cette frontière, le membre sait où est la limite de l’emprise du berger par rapport à ses actions et tente de raisonner ce dernier s’il transgresse cette frontière. La démocratie dans l’église est l’atténuation de la violence symbolique exercée par le berger mais comment cette démocratie pourrait elle être effective ? Dans toute organisation il y a toujours conflit ainsi le berger joue le rôle d’intermédiaire et de régulateur social. Comme nous l’avons déjà susmentionné, le berger doit exercer une certaine autorité pour gérer à bien son église. Ainsi, il doit concilier exercice de pouvoir et liberté individuelle ce qui est parfaitement difficile pour un homme. Or, si un pouvoir est légitimé et contrôlé, l’acceptation ou plutôt la soumission des membres à cette autorité est sans contestation et naturelle. Malgré un abus de pouvoir du berger, les membres considéreront que l’exercice du pouvoir de ce dernier est légitime et légale. De ce fait, le terme de démocratie peut présenter une certaine ambigüité entre les différents agents. Les membres d’une église peuvent ressentir une certaine liberté vis-à-vis de son berger ou une église vis-à-vis de son ministère or les autres pensent le contraire. Démocratie veut dire aussi liberté pour chacun de s’adhérer à une organisation cultuelle et religieuse, ce qui implique aussi la liberté de création librement ces organisations cultuelles ou religieuses. C’est le principe du pluralisme religieux. Avec les valeurs morales et religieuses véhiculées par l’église Jesosy Mamonjy, le berger s’implique davantage dans la vie individuelle de ses membres. Le berger joue le rôle de gardien des traditions religieuses qui représentent la nature de l’église. Il est strict par rapport à ces traditions mais comme l’adhésion à cette église est due à un volontariat déterminé de chaque membre, la soumission à ces règles spéciales n’est pas considérée comme un fardeau. La déviance par rapport à ces règles établies n’est pas courante dans l’église. Ce qui montre l’exercice de pouvoir du berger. Pendant notre enquête, nous avons rencontré une dépendance plus ou moins forte des membres à son berger. L’avis de ce dernier est fréquemment réclamé pendant notre passage là-bas. L’absence d’hiérarchie fixe (qui varie selon les paroisses) dans l’église demande la présence permanente du chef de l’église. La relation de dépendance est plus visible chez les Jesosy Mamonjy, cela est du par la relation étroite entre le pasteur et ses membres mais aussi par le nombre restreint de ces membres.
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Table des matières
Introduction
Choix du sujet
Choix du terrain
Problématique
Objectifs
Objectif général
Objectifs spécifiques
Hypothèses
Méthodologie
Echantillonnage
Technique d’enquête
Concepts et instruments d’analyse
Déroulement de l’enquête
Phase de l’enquête
Problèmes rencontrés et limites de l’étude
Chapitre 1 : Ambition ou vocation ?
1- La théologie ou le mythe par la bible
1.1- Les discours mythiques
1.2- Les discours techniques
2. Profil du berger
2.1- Les conditions de réussite d’un berger
2.2- Les atouts
2.3- Le réfuté ou le chanceux
3. Organisation religieuse
3.1- L’église comme système
3.2- Conflit d’intérêt
4. Différence au niveau des institutions religieuses
4.1- Spécificité de la FJKM
4.2- Spécificité de Jesosy Mamonjy
5. Le métier du berger
5.1- Entre détermination humaine et volonté divine
Chapitre 2 : Besoin de réussite oblige
1. Présentation du terrain
1.1 L’Eglise FJKM Zoara Fanantenanana Ambohipo
1.2 Le Jesosy Mamonjy Ambohipo
2. Conquête de pouvoir par le mythe
3. Renforcement du pouvoir par la technique
4. Mythe et raison combinaison parfaite pour le pouvoir religieux
5. Exercice de pouvoir, passage obligé
Chapitre 3 : Entre pouvoir et impuissance
1. La violence du pouvoir
2. Le pouvoir de la persuasion
3. Eglise et démocratie
3.1 Eglise et liberté individuelle Eglise et liberté individuelle
3.1 Laïcité
4. Pouvoir religieux et mondialisation
4.1 Pluralisme religieux
4.2 Syncrétisme religieux
5. Vers un environnement politique et religieux de conciliation
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Résumé
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