Pourquoi avoir choisi le média scolaire pour l’exercice d’un engagement citoyen?

Pourquoi avoir choisi le média scolaire pour l’exercice d’un engagement citoyen ?

E.M.I et E.M.C : un engagement du M.E.N

E.M.C et Parcours citoyen : le « renouveau » de l’enseignement moral et civique

L’enseignement moral et civique, victime d’un double paradoxe ? C’est en tout cas la question que pose Géraldine Bozec, Maitre de conférences en sciences de l’éducation, dans un rapport scientifique paru en 2016. Paradoxe d’une part d’un enseignement actuellement en proie aux pratiques scolaires fragiles alors que sa place était absolue dans l’école de Jules Ferry et bien plus tard dans les années 1980. Paradoxe d’autre part, puisque les travaux scientifiques relevant de cette question demeurent rares. Malgré ces paradoxes, les nouveaux programmes offrent une ligne de démarcation claire : l’exéducation civique, rebaptisée enseignement moral et civique (E.M.C) depuis 2016 a été élargie audelà de l’apprentissage du fonctionnement institutionnel et constitutionnel du pays. Durant toute sa scolarité, de la primaire au lycée, l’élève inscrit dans son « Parcours citoyen » une réflexion sur des sujets transversaux mêlant le politique au social en passant par l’économie. Des sujets comme la laïcité, la lutte contre les discriminations, le climat, la transition numérique, les réseaux sociaux et bien d’autres sont étudiés dans ce cadre. La transversalité et l’engagement des acteurs de la communauté éducative à travailler en coopération, sont au cœur de la loi pour la Refondation de l’École de la République. Depuis la rentrée 2015, la mise en place de quatre parcours éducatifs témoigne aussi de l’engagement pris par le Ministère de l’Éducation Nationale vis à vis de l’élève. Parmi ces quatre parcours, le Parcours citoyen, étudié par Didier Jourdan, professeur et chercheur en sciences de l’éducation à l’Université Clermont Auvergne France, « est une manière de répondre à la question des modalités de mise en cohérence des diverses expériences éducatives tout au long de la vie ». Mettre en cohérence, donner du sens aux initiatives prises par l’élève dans un cadre extra-scolaire et scolaire, autant de moyens qui visent à valoriser la place de l’engagement à l’école. La création du Parcours citoyen et la refonte de l’E.M.C témoignent également d’une volonté, celle de former l’élève non plus seulement en citoyen mais en personne dotée d’une sensibilité morale et d’un jugement critique. L’engagement de l’élève, quelles que soient ses formes, y est alors valorisé. Constituant le quatrième axe de l’E.M.C, l’engagement assure « la mise en pratique (…) en insistant sur l’esprit d’autonomie, de coopération et de responsabilité vis-à-vis d’autrui » (Eduscol). Au collège, l’engagement de l’élève peut se déployer dans des enseignements transversaux comme les Enseignements Pratiques interdisciplinaires (E.P.I) mais aussi au sein d’instances tels que le Conseil de la vie collégienne (C.V.C), le conseil des délégués ou encore les associations sportives.

Le rôle des clubs, mis en place à l’initiative des personnels de la communauté éducative est aussi un lieu où les élèves peuvent dans un contexte extra disciplinaire, exercer leur citoyenneté.

L’E.M.I au service de l’E.M.C : une éducation qui intègre les nouveaux modes d’expression

En amont de l’E.M.C et du parcours citoyen, le M.E.N a instauré l’Éducation aux médias et à l’information (E.M.I). Le contenu des programmes de l’E.M.I peut être lu à la lumière du Parcours citoyen et de l’E.M.C. Le préambule de présentation de l’E.M.I sur le site internet Eduscol est sans équivoque sur la place accordée à la citoyenneté : « L’objectif d’une éducation aux médias et à l’information est de permettre aux élèves d’exercer leur citoyenneté dans une société de l’information et de la communication, former des « cybercitoyens » actifs, éclairés et responsables de demain » (Eduscol). L’engagement citoyen ne peut faire abstraction d’une nouvelle réalité qui est celle de la société de l’information et de la communication. La sensibilité morale de l’élève se façonne désormais au gré de ses pratiques numériques et des informations qui peuvent circuler sans qu’il y ait forcément d’accompagnement. L’Éducation aux médias et à l’information vise à pallier cette autonomisation subie par l’élève afin de le guider et de l’accompagner dans la formation de son jugement critique. La création d’une éducation aux médias pour pallier les écueils de la société de l’information et de la communication n’est pas une invention française. Le concept de « translittératie » (de l’anglais transliteracy) a été le fruit d’une réflexion foisonnante dans les pays anglo-saxons depuis les années 1980. L’E.M.I fait encore l’objet de nombreux travaux scientifiques, comme ceux d’Alton Grizzle et de Jagar Singh, parus en 2016 et intitulés « Les 5 lois de l’E.M.I selon l’Unesco ». Ces cinq lois peuvent se résumer en cette formule lapidaire : « l’information, la communication, les bibliothèques, les médias, les technologies, l’Internet sont au service du citoyen ». La cinquième loi de Grizzle et Singh retient davantage l’attention des enseignants puisque l’E.M.I y est définie et théorisée : il s’agit d’une expérience « dynamique [qui] s’achève une fois que l’ensemble des connaissances, compétences et attitudes ont été assimilées, de même que l’accès, l’évaluation, l’utilisation, la production et la communication de contenus informatifs, médiatiques et technologiques. » La réussite d’un tel cheminement est d’autant plus cruciale que le premier axe de l’E.M.I tel qu’il est conçu en France met l’accent sur la capacité de l’élève à devenir « producteur » – au sens strict du terme – de son propre engagement citoyen. Alors que les nouveaux modes d’expression se font désormais en ligne, un engagement citoyen réussi, comme le conçoit l’Institution scolaire, ne peut alors que s’accomplir dans le statut du « prosommateur » modèle :

l’élève consomme et analyse des contenus informationnels qui l’influencent dans la création de ses propres contenus. L’acquisition d’un tel statut renvoie dès lors à l’accomplissement des trois axes constituant l’E.M.I, qui, rappelons-le, se rattache au socle commun de connaissances, de compétences et de culture : d’une part, comprendre et analyser les médias et les réseaux dans toutes leurs dimensions, d’autre part, rechercher l’information pertinente en évaluant les sources, et enfin, opérer une pratique citoyenne des médias. Parmi les pratiques scolaires prises en exemple, il en est une qui revient comme un leitmotiv à la fois sur les sites institutionnels tels qu’Eduscol ou le site du Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (CLEMI) mais aussi sur ceux des professionnels de l’information. La mise en oeuvre d’un média scolaire est communément citée et encouragée puisqu’il permet à la fois de travailler d’une part sur la consommation de l’information et donc du jugement critique ; et d’autre part sur la production de l’information ; ce qui revient à travailler sur l’expression d’un engagement citoyen.

Le rôle du professeur-documentaliste dans cette démarche citoyenne : retour sur le référentiel et sur la circulaire

Comme tous les autres acteurs de la communauté éducative, le professeur-documentaliste a un rôle à jouer dans le cadre de l’E.M.C et de l’E.M.I. Toutefois, son rôle est crucial dans la mise en œuvre de l’E.M.I et dans le lien qui unit ces deux « enseignements »  . Le référentiel des compétences propres aux professeurs-documentalistes les désignent comme « maitre[s] d’oeuvre par tous les élèves d’une culture de l’information et des médias ». Face à la « redocumentarisation du monde» (Salaün, 2012) et au brouillage des frontières du numérique, le professeurdocumentaliste est l’un des garants d’une triple littératie : celle de l’éducation aux médias, de l’éducation à l’information et celle de l’éducation aux TIC (Serres, 2012). Ces trois littératies sont d’autant plus importantes qu’elles façonnent le cyber-citoyen et le citoyen d’aujourd’hui. La circulaire sur les fonctions et missions du professeur-documentaliste insiste également sur cette transmission d’une culture de l’information et des médias, en précisant les modalités de cette mise en œuvre. L’E.M.I peut ainsi faire l’objet d’une progression, en intervention seule, ou en coanimation avec d’autres disciplines. La transversalité est également abordée du point de vue des ressources, des méthodes et des outils ; et cela pour contribuer au développement de l’esprit critique dans une société en proie à la multiplicité des sources d’information. La prise en compte des pratiques informationnelles des élèves s’avère ainsi à la fois complémentaire et primordiale. Car comment le professeur-documentaliste, lui-même professionnel de l’information de la documentation peut-il espérer pouvoir inscrire son action d’E.M.I sans prendre préalablement en compte les pratiques numériques et informationnelles des élèves ? Comment évaluer le degré de citoyenneté de l’élève pour faire évoluer sa démarche et son engagement ? Une compréhension du monde, de ses évolutions numériques semble être alors nécessaire.

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Table des matières

Introduction
1. Pourquoi avoir choisi le média scolaire pour l’exercice d’un engagement citoyen?
1.1. E.M.I et E.M.C : un engagement du M.E.N
1.1.1 E.M.C et Parcours citoyen : le renouveau de l’enseignement moral et civique
1.1.2 L’E.M.I au service de l’E.M.C : une éducation qui intègre les nouveaux modes d’expression
1.1.3 Le rôle du professeur-documentaliste dans cette démarche citoyenne : retour sur le référentiel et sur la circulaire
1.2. Le média scolaire, en connivence avec les pratiques des adolescents ?
1.2.1 Définition du concept de « pratique informationnelle »
1.2.2 Regard sur les pratiques informationnelles des jeunes
1.2.3 Regard sur les pratiques numériques de loisirs des jeunes
1.3. Le format du « club », cadre informel qui n’existe que par l’engagement des élèves
1.3.1 Mise en place d’un club scolaire : volonté des acteurs et engagement des élèves
1.3.2 L’importance des clubs dans l’acquisition des compétences psycho-sociales
1.3.3 Détourner les objectifs et les compétences : un équilibre nécessaire à la survie du projet
2. Comment permettre aux élèves de faire preuve d’engagement citoyen
2.1. Proposer, ne pas imposer
2.1.1 Cerner les attentes des élèves
2.1.2 Laisser aux élèves le choix de leur média
2.1.3 Laisser libre cours aux sujets des élèves
2.2 La pratique, au centre de l’engagement
2.2.1 L’apprentissage par la pratique
2.2.2 Mise en retrait de la figure de l’enseignant
2.2.3 Le droit primordial à l’erreur : accompagnement et médiation
2.3. Des sujets d’articles, révélateurs des pratiques informationnelles des adolescents et d’une pensée critique
2.3.1 Une pensée réflexive sur les pratiques informationnelles
2.3.2 Des sujets en prise avec l’actualité
2.3.3 Un média scolaire, représentatif de la parole collégienne ?
3. L’heure des bilans
3.1. Une méthodologie à réviser ?
3.1.1 Des idées foisonnantes, une production peu abondante
3.1.2 Un parti pris méthodologique à interroger
3.1.3 Les représentations du média scolaire chez l’adolescent
3.2 Un développement des compétences
3.2.1 Une priorité aux apprentissages au détriment des échéances
3.2.2 Des automatismes en termes d’éducation aux médias et à l’information
3.2.3 Une autonomisation des élèves
3.3 Bilan d’un engagement en termes de participation
3.3.1 Un renouvellement des inscrits et une augmentation des inscriptions
3.3.2 Un intérêt néanmoins sélectif
3.3.3 Engagement des acteurs de la communauté éducative
Conclusion
Bibliographie

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