POPULATION D’ANGUILLE EUROPEENNE ANGUILLA ANGUILLA (L., 1758) DANS LA LAGUNE DU MELLAH

Les échanges d’eau entre la mer et la lagune

      Le bassin versant, avec un périmètre de 56,15 kilomètres, couvre une superficie de 81,45 kilomètres carrés, le site reçoit les eaux des Oueds Riguibet au Nord-Ouest et Laroug au Sud-Ouest. Son régime hydrologique est influencé d’une part, par les mouvements de l’eau marine pénétrant par le chenal, les échanges entre le lac se faisant dans une lente rotation périphérique dans le sens des aiguilles d’une montre, et d’autre part, par les apports directs d’eau douce lors des pluies et, enfin, les eaux charriées par les Oueds. Ceux du Mellah et Laroug au sud, Riguibet au Nord-Ouest et Setha. De plus, une partie de l’eau recueillie dans le bassin versant du Mellah s’infiltre et alimente les nappes souterraines, elles-mêmes en communication probable avec la lagune. L’apport des ruisseaux peut être estimé à environ 20 M m3/an (Messerer, 1999). Le chevelu hydrographique, très lâche, est constitué par 4 ordres de cours d’eau, on note au total une longueur de réseau d’environ 94,89 kilomètres (Messerer 1999). El Mellah se caractérise par une diversité de situations hydrologiques, dont le gradient de salinité lui confère une grande richesse halieutique et limnologique. Il est relié à la mer par un chenal de 900 mètres de long, de 20 mètres de large et d’une profondeur de 0,5 à 2 mètres. L’altitude du Mellah étant au niveau de la mer, le chenal évacue à son niveau moyen, lorsque l’apport des précipitations est important, le trop-plein d’eau douce. Ce phénomène qui s’observe surtout d’octobre à avril permet au lac d’avoir un bilan positif. A l’inverse, pendant la saison chaude, de mai à septembre, la réduction des précipitations et l’augmentation de l’évaporation ont tendance à diminuer le niveau moyen du lac, et on assiste alors à une compensation du volume général par un apport d’eau marine par le biais du chenal. Ce bilan négatif du lac provoque un courant lent, prenant naissance dans la baie du chenal qui, conjugué aux vents dominants Nord-Ouest, circule du Nord au Sud en ce qui concerne la riveEst du lac et du Sud au Nord pour la rive-Ouest, adoptant ainsi un mouvement circulaire en boucle. Les mesures réalisées par Guelorget et al., (1989) et Messerer (1999), ont montré qu’entre le plus bas niveau (en été) et le plus haut (en hiver), l’amplitude pouvait atteindre environ 80 cm.

La macrofaune benthique

      L’inventaire de la macrofaune benthique de la lagune du Mellah réalisé par Draredja et Kara (2004) entre décembre 1997 et décembre 1998 a révélé la présence de 42 espèces (annexe 1): 13 mollusques, 14 polychètes, 12 crustacés et 5 espèces appartenant à des embranchements faiblement représentés, formant le groupe dénommé ’’divers’’. La densité moyenne à l’échelle de la lagune est estimée à 2816,6 ind/m².

L’anguille jaune

       Le stade jaune strictement sédentaire permet notamment à l’anguille de se différencier sexuellement de sorte qu’il soit possible d’évoquer la notion de dimorphisme sexuel (Kushnirov et Degani 1995), la longueur des anguilles mâles étant nettement moindre que celle des femelles pour des âges avancés (Sinha et Jones 1967; Lee 1979; Vollestad et Jonsson 1988; Fernandez-Delgado et al., 1989). La différenciation sexuelle, très labile, apparaît à partir de 15-20 cm et jusqu’à 30 cm. Le déterminisme sexuel est induit par des facteurs écologiques et/ou environnementaux. Il semble exister une répartition géographique différentielle en fonction des sexes : les plus grandes femelles sont dominantes dans les zones situées dans les zones de tête de bassin versant alors que les mâles sont majoritaires dans les zones aval des hydrosystèmes (Haraldstad et al., 1985 ; Vollestad 1992). Enfin, notons que la détermination de l’âge chez l’anguille est très difficile. Les méthodes utilisées font l’objet de nombreuses controverses engendrant, par conséquent, des incertitudes sur la durée de cette phase de croissance. Cependant, des études ont pu montrer que cette phase de sédentarisation correspond à une phase de croissance active et d’accumulation de réserves qui peut durer de 5 à 9 ans dans les eaux françaises (Mounaix, 1992 ; Panfili et al., 1992).

Extraction, conservation et observation des otolithes

      Une section de quelques centimètres au niveau de la mâchoire inférieure, allant jusqu’aux opercules, permet l’isolement et l’accès libre au plancher de la boite crânienne où a été pratiquée une incision a l’aide d’une scie, permettant de retirer les deux sagittas de leurs saccules otiques (fig. 12). Après leur extraction, les otolithes se présentent sous une forme ovale et comprimée latéralement, avec une taille qui demeure toutefois réduite (3 à 5 mm). Elles sont ensuite nettoyées à l’eau et débarrassées de toutes les impuretés, puis séchées avec du papier absorbant, et enfin conservées à sec dans des petits piluliers étiquetés et numérotés Les otolithes sont examinés plongés dans un liquide. Les différents milieux suivants ont été essayés: l’eau, l’éthanol, l’essence de camomille. L’eau n’a pas un bon indice de réfraction, l’éthanol a un bon indice de réfraction, mais il a tendance à abimer les otolithes en cas d’usages répétés. L’essence de camomille fournit aussi de bonnes images bien qu’elle soit légèrement teintée de jaune, mais elle ne présente aucun risque pour l’otolithe. Pour toutes ces raisons évoquées, nous avons choisi l’essence de camomille. Les sagittas sont placés entiers sur la face proximale convexe, dans une petite cuve en verre contenant quelques goutes d’essence de camomille, de façon à couvrir l’otolithe entièrement. L’observation a été faite avec une loupe binoculaire (Gr. x10) sur un fond noir en lumière réfléchie. Les zones opaques sont apparues blanches et les zones hyalines noires. Pendant la manipulation, il peut être nécessaire de faire bouger l’otolithe ou de soulever son bord dorsal pour observer le champ dorsal, afin de l’examiner sous tous ces angles, tout en jouant sur l’intensité de la lumière. L’observation du champ dorsal (face concave) est également nécessaire. Cette opération est répétée une seconde fois, et même une troisième fois si nécessaire, afin de confirmer le comptage.

Structure démographique

      La structure démographique des anguilles de la lagune du Mellah montre qu’elles sont constituées essentiellement de stade jaune (78.50% de l’effectif étudié) dont la taille moyenne est comprise entre 40 et 60 cm (72.74% de la population totale). En effet, les données de la pêche montrent des niveaux de capture d’anguilles jaunes plus important dans les lagunes, les baies et les estuaires que dans d’autres milieux d’eau douce (Moriarty, 1996). Les travaux portant sur des populations d’anguilles américaines Anguilla rostrata dans des estuaires corroborent l’hypothèse de l’utilisation des habitats saumâtres par les anguilles jaunes (Hansen & Eversole 1984, Helfman et al. 1984, Goodwin & Angermeier 2003, Morrison & Secor 2003). Le déterminisme du sexe est vraisemblablement sous dépendance de la densité (Rossi et al. 1988; Kruger, 1999; Oliveira, 2001). Les fortes densités d’individus favoriseraient l’orientation du sexe en mâle pour une plus grande proportion de la population, ce qui est largement observé en conditions expérimentales et en aquaculture (Degani & Kushnirov 1992, Roncarati et al. 1997). En admettant que d’une part, l’orientation du sexe est sous influence de la densité, et d’autre part que la densité des anguilles diminue avec la distance à la mer, on s’attend à ce que la proportion de mâles diminue avec la distance à la mer. Cette tendance est généralement observée à l’échelle des bassins versants, avec une plus grande abondance de mâles dans les estuaires, les lagunes côtières et une prédominance des femelles dans les hauts de bassins versants (Helfman et al. 1987, Goodwin & Angermeier 2003, Morrison & Secor 2003). Cependant, à petite échelle (partie aval du bassin de la Tamise), Naismith & Knights (1990), ont observé que la proportion de mâles est plus faible en aval qu’en amont). Ce résultat concorde avec le notre, dans la mesure où nous avons trouvé un sex-ratio en faveur des femelles (SR = 59.59%).

Conclusion

       La population d’anguille européenne échantillonnée dans la lagune du Mellah entre novembre 2008 à novembre 2009 révèle l’existence d’individus dont la longueur totale est comprise entre 24,5 cm (10g) et 75,8 cm (842g). La taille moyenne dans la population est de 44,81±7,04 cm. Quelle que soit les classes de taille ou les périodes de l’année, les anguilles jaunes sont généralement dominantes, elles représentent 78,34% de l’effectif total. En fonction du sexe, l’échantillon composé de 257 mâles, de 379 femelles et de 108 indifférenciés, montre un sex-ratio globalement en faveur des femelles avec 59,59% (valeur significativement inférieur à 50% car χ ²=23,40 ; p≤0,01). En fonction du temps, la répartition des deux sexes ne montre pas de tendance claire. Sur la base de quatorze caractères morphométriques, nous avons caractérisé la population d’anguille de la lagune du Mellah. Les différentes parties mesurées ne croissent pas toujours de manière isométrique, par rapport à la longueur totale ou à la longueur céphalique. L’allométrie majorante est démontré dans le cas de la longueur céphalique, la longueur de la nageoire pectorale, la longueur du museau, la longueur du mandibule, le diamètre horizontal et vertical de l’œil, la hauteur du corps et son épaisseur. Le reste des caractères présentent une croissance isométrique. Cinq caractères semblent valables pour la distinction entre les mâles et les femelles, il s’agit de la longueur céphalique, la longueur de la nageoire pectorale, le diamètre horizontal de l’œil, la hauteur et l’épaisseur du corps. Ces caractères seraient plus grands chez les femelles. De même, on peut distinguer des différences morphométrique entre les anguilles jaunes et argentées par plusieurs caractères : la longueur de la nageoire pectorale et du mandibule. Ces caractères seraient plus grands chez les stades argentés. Deux méthodes ont servi à déterminer l’âge des anguilles du Mellah : la méthode directe basée sur la lecture des otolithes et la méthode de retrocalcul. L’âge de l’échantillon est compris entre 1 et 8ans, avec une moyenne de 3,06 ± 0,92 ans. Le suivi mensuel de l’accroissement marginal au cours d’un cycle annuel montre la formation d’un seul anneau d’arrêt de croissance qui se forme en avril et devient visible en juin. Le modèle de Von Bertalanffy établi pour les mâles, les femelles et les sexes confondus permet de décrire la croissance linéaire et pondérale d’Anguilla anguilla. De 23,98cm (16,38 g) à 1 an elles passent à 52,38cm (206,25 g) au bout de la cinquième année.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : GENERALITES
1. Le milieu
1.1. Situation géographique
1.2. Le climat
1.3. Bathymétrie
1.4. Sédimentologie
1.5. Hydrologie
1.5.1 Les échanges d’eau entre la mer et la lagune
1.5.2 Courantologie
1.6. Caractéristiques physico-chimiques des eaux
2. Les peuplements
2. 1. Les peuplements planctoniques
2. 2. La macroflore
2. 3. La macrofaune benthique
2. 4. Les poissons
3. Aménagements et exploitation
3. 1. Aménagements
3.1.1Aménagement du chenal
3.1.2 La bordigue
3.1.3 Les installations conchylicoles
3.2. Exploitation
4. Valeurs sociales et culturelles
2. Etat des connaissances sur l’espèce étudiée
2.1 Systématique : Anguilla anguilla (Linné 1758)
2.2. Aire de répartition
2.3. Cycle biologique
2.3.1. Phase de reproduction
2.3.2. Le développement embryonnaire et la phase larvaire
2.3.3. La phase de pénétration en eau douce : le stade civelle
2.3.4. Stade anguillette : phase de colonisation des eaux continentales
2.3.5. L’anguille jaune
2.3.6. Stade intermédiaire
2.3.7. Stade anguille argentée
2.3.8. Phase de migration de reproduction
2.4. Hypothèse de la panmixie
CHAPITRE II : MATÉRIEL ET MÉTHODES
1. Echantillonnage
2. Détermination du stade de développement et du sexe
3. Biométrie
4. Détermination de l’âge individuel des poissons
4.1. Extraction, conservation et observation des otolithes
4.2. Recherche de la périodicité du dépôt de l’anneau d’arrêt de croissance
4.3. Le rétrocalcul des tailles aux différents âges
5. Etude de la croissance
CHAPITRE III : RESULTATS
1. Structure démographique
2. Biométrie
3. Détermination de l’âge
3.1. Lecture directe des otolithes
3.2. Variations de l’accroissement marginal des otolithes
3.3. Le rétrocalcul des tailles aux différents âges
4. Etude de la croissance
4.1. Croissance linéaire absolue
4.2. Croissance relative ou relation taille-poids
4.3. Croissance pondérale absolue
CHAPITRE IV : DISCUSSION
1. Morphologie
2. Structure démographique
3. Age et Croissance
Conclusion
Références bibliographiques
Annexes
Liste des figures
Liste des tableaux

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