Polynucléaire éosinophilie

L’éosinophilie se définit par l’augmentation du nombre de polynucléaires éosinophiles dans le sang circulant au-delà de 0,4G/l [1-3]. Dans les régions tropicales, une éosinophilie voire hyperéosinophilie est souvent associée à une cause parasitaire ou allergique, affections pour lesquelles l’interrogatoire, l’examen clinique et l’examen des selles suffisent pour aider au diagnostic. L’éosinophilie peut se rencontrer également au cours d’affection d’origines très diverses en hématologie, en dermatologie, en oncologie, en maladies infectieuses, en pneumologie ou suite à une prise médicamenteuse [4-6]. A Madagascar, la fréquence des éosinophilies parmi les anomalies de l’hémogramme n’est pas encore bien établie. Cette étude complèterait les données malgaches en termes d’éosinophilie. Ainsi, cette étude a pour principal objectif de décrire les aspects épidémiobiologiques des éosinophilies sanguines et médullaires rencontrées à l’Unité Paraclinique de Formation et de Recherche en Hématologie du CHU-JRA. Secondairement, elle a pour objectifs de déterminer la fréquence des éosinophilies parmi les anomalies de l’hémogramme rencontrées, et de décrire les causes probables d’hyperéosinophilie selon les renseignements cliniques des patients.

RAPPELS 

Généralités 

Le sang est un tissu conjonctif spécialisé dont la substance fondamentale est constituée par le plasma sanguin dans lequel sont répartis les éléments figurés du sang. Cet ensemble est véhiculé dans les vaisseaux sanguins avec un volume total d’environ 5 Litres chez l’homme adulte [7]. Le plasma qui représente 55% du sang total après centrifugation est constitué essentiellement d’eau (50%) et d’élément plasmatiques (5%) que sont les protéines (Albumine, Globulines et facteurs de coagulation) mais aussi de substances non protéiques (nutriments, produits du métabolisme, hormones) [7]. Les éléments figurés sont désignés suivant leur aspect et sont de trois types principaux, les globules rouges ou hématies, les globules blancs ou leucocytes (subdivisés eux-mêmes en leucocytes hyalins ou mononucléaires et leucocytes granuleux ou granulocytes) et les plaquettes ou thrombocytes [8].

Le sang assure la vie de chaque cellule du corps grâce :
– Au transport de l’oxygène, des nutriments, des déchets du métabolisme et des hormones [7].
– A la régulation de la température corporelle, du pH et de l’homéostasie volumique [8].
– A la prévention de la perte sanguine à travers les mécanismes de l’hémostase et plus important encore à la lutte contre les infections de par les mécanismes de l’immunité [9].

Hématopoïèse

Les cellules sanguines ont une durée de vie courte, elles sont détruites et sont remplacées de façon continue. L’ensemble des phénomènes qui concourent au remplacement ininterrompu et régulé de ces éléments figurés du sang est appelé hématopoïèse, il comporte l’erythropoïèse, la granulopoïèse, la lymphopoïèse et la mégacaryopoïèse [8]. Pendant la vie intra-utérine, l’hématopoïèse se passe dans le tissu conjonctif jusqu’au deuxième mois, dans le foie fœtal du deuxième au sixième mois et est exclusivement médullaire après la naissance [10]. Les éléments figurés naissent à partir de cellules souches indifférenciées multipotentes (l’hémocytoblaste) qui siègent dans les cavités médullaires de l’os, c’est le tissu myéloïde ou moëlle osseuse hématogène ou moëlle rouge. Elle se trouve principalement dans le sternum, les côtes, les vertèbres, les os du crâne et les épiphyses proximales de certains os longs [8,11]. Des cellules souches totipentes découlent les progéniteurs qui sont des cellules souches qui se sont engagées dans un lignage cellulaire. Des progéniteurs naissent les précurseurs qui se divisent et maturent pour donner les cellules fonctionnelles qui seront présentes dans le sang périphérique [8,12]. A partir d’une cellule souche multipotente dérive une cellule souche lymphoïde et une cellule souche myéloïde. La cellule souche lymphoïde possède la potentialité de différenciation vers les deux types de lymphocytes (T et B). La cellule souche myéloïde est appelée CFU-GEMM et poursuit son programme de différenciation pour donner naissance à des progéniteurs encore plus engagés  .

Source : Razafimanantsoa F. Les hyperéosinophilies retrouvées à l’UPFR Hématologie du CHU Joseph Ravoahangy Andrianavalona. Thèse de Médecine. Antananarivo 2004 ; n° 6955 : 43p Les progéniteurs perdent progressivement leur capacité d’autorenouvellement au fur et à mesure de leur avancement dans la différenciation. Les précurseurs hématopoïétiques sont les premières cellules morphologiquement identifiables de chaque lignée, ces cellules font l’objet de multiplication et de maturation. Le processus de l’hématopoïèse se fait sous l’action de facteurs de croissance multipotents (GM-CSF pour les Granulocytes neutrophiles et monocytes) et de facteurs de croissance restreints pour les autres cellules (IL-7 pour les lymphocytes, EPO pour les hématies, TPO pour les plaquettes, G-CSF pour granulocytes neutrophiles et M-CSF pour les monocytes). Les précurseurs les plus immatures sont :
– Les myéloblastes qui aboutissent aux polynucléaires.
– Les proérythroblastes qui donnent les érythrocytes.
– Les mégacaryoblastes par lesquels découlent les plaquettes.
– Les lymphoblastes pour les lymphocytes.
– Et les monoblastes pour les monocytes.

Ces précurseurs peuvent être mis en évidence dans la moëlle rouge hématogène et peuvent être explorés par des techniques de ponction-aspiration (myélogramme) et de biopsie (BOM= biopsie ostéo-médullaire) [11,12]. Au terme du processus, seules les cellules matures et fonctionnelles passent dans la circulation sanguine. Ce sont les Erythrocytes, les Leucocytes (Polynucléaires neutrophiles, Polynucléaires basophiles, Polynucléaires éosinophiles et Monocytes) et les plaquettes. Ces cellules assurent des fonctions indispensables à l’entretien de la vie. Les globules rouges transportent l’oxygène vers chaque cellule mais aussi l’hémoglobine qui permet également l’échange d’ions H+ , les globules blancs sont engagés dans la défense générale de l’organisme et les plaquettes sont impliquées dans la coagulation, la vasoconstriction, la chimio-attraction des neutrophiles et la cicatrisation [8,11].

Polynucléaire éosinophile 

Eosinopoïèse

Le polynucléaire éosinophile est une cellule qui dérive de la lignée des cellules souches de la moelle osseuse. Les PNE à la sortie de la moelle osseuse sont généralement à un stade terminal de leur différenciation. Le PNE mature ne possède donc plus la capacité de différenciation cellulaire [14]. Les facteurs qui assurent la différenciation de cette cellule sont l’IL-3, le GM-CSF et plus particulièrement l’IL-5 [15,16]. Les récepteurs pour ces trois cytokines partagent la même chaîne β couplée en dernière avec chacune une chaîne α qui assure la spécificité de la voie de signalisation. L’IL-5 est essentielle à la maturation du polynucléaire éosinophile. Elle stimule les cellules souches de la moelle osseuse pour assurer la production spécifique des PNE et leur maturation en particulier de la production des granules basiques [17,18].

Stades et structures cellulaires

Eosinoblastes
Ce sont des cellules volumineuses, 25 µm de diamètre, le noyau est ovale ou arrondi, pourvu d’un ou de deux nucléoles et la chromatine est fine [11]. Cette cellule contient des vacuoles graisseuses et de petites vésicules achromiques qui représentent l’origine des granulations éosinophiles.

Promyélocytes
Ce sont des cellules volumineuses peu abondantes (0 à 1,5%). Les granulations apparaissent dans les cellules ayant des caractères communs dans les trois lignées de jeunes granulocytes comme la présence de nucléole, d’ergastoplasme, d’une zone de Golgi très développée par condensation et fusion de petites vacuoles issues des canalisations éosinophiles qui sont devenues colorables en commençant par le stade azurophile [11].

Myélocyte éosinophile
Il a les mêmes caractères nucléaires que le myélocyte neutrophile. Les granulations sphériques, volumineuses sont bien individualisées, réfringentes et organisées [8]. La maturation s’accompagne d’un changement de la morphologie ultra structurale des granulations. Le noyau formé surtout d’hétérochromatine, est bilobé. La zone de Golgi est plus petite que dans les stades précédents. Les mitochondries sont moins nombreuses et l’ergastoplasme a disparu. Les granulations matures contiennent des peroxydases. Une protéine constitutive des cristaux de Charcot-Leyden, la lipophospholipase, est présente uniquement dans les granulations sphériques les plus volumineuses et dépourvues de cristal sphériques [11].

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
1. GENERALITES
2. Hématopoïèse
3. Polynucléaire éosinophilie
3.1.Eosinopoïèse
3.2.Stades et structures
3.2.1. Eosinoblastes
3.2.2. Promyélocytes
3.2.3. Myélocyte éosinophile
3.2.4. Polynucléaire éosinophile
3.3.Ultrastructure du polynucléaire éosinophile
3.3.1. Noyau et cytoplasme
3.3.2. Récepteurs membranaires
3.3.3. Actions potentielles des composants cytoplasmiques lors de dégranulation
3.4.Durée de vie
3.5.Répartition tissulaire des polynucléaires éosinophiles
3.6.Recrutement des polynucléaires éosinophiles
3.6.1. Priming
3.6.2. Roulement et adhésion à l’endothélium
3.6.3. Diapédèse transendothéliale
3.6.4. Chimiotactisme vers le site inflammatoire
3.7.Fonctions des polynucléaires éosinophiles
3.7.1. Rôles dans l’homéostasie et la régulation de l’immunité au niveau tissulaire
3.7.2. Réparation et remodelage tissulaire
3.7.3. Médiation de l’interaction hôte-parasite
3.7.3.1.Entretien de l’infection parasitaire
3.7.4. Eosinophiles et allergie
3.7.4.1.Rôles des éosinophiles dans les phénomènes allergiques
3.7.4.2.Réaction anaphylactique
4. Etiologies des hyperéosinophilies
4.1.Etiologies médicamenteuses et toxiques
4.2.Etiologies allergiques
4.3.Etiologies parasitaires
4.4.Pathologies d’organe et maladies systémiques
4.5.Cancers
4.6.Pathologies hématologiques
4.7.Syndrome hyperéosinophilique
5. Hémogramme
5.1.Définition
5.2.Réalisation
5.2.1. Phase pré-analytique
5.2.2. Phase analytique
5.2.3. Phase post-analytique
5.2.3.1.Lignée rouge
5.2.3.2.Autres lignées
6. Myélogramme
6.1.Réalisation
6.2.Myélogramme normal
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
1. Méthodes
1.1.Site de l’étude
1.2.Type de l’étude
1.3.Population d’étude
1.3.1. Critères d’inclusion
1.3.2. Critères de non-inclusion
1.3.3. Critères d’exclusion
1.4.Durée de l’étude
1.5.Période de l’étude
1.6.Variables étudiées
1.7.Modes de collecte et d’analyse des données
1.8.Calculs et tests statistiques utilisés
1.9.Limite de l’étude
1.10.Matériels et techniques utilisés
1.10.1. Phase pré-analytique
1.10.2. Phase analytique
1.10.2.1. Hémogramme
1.10.2.2. Médullogramme
1.10.3. Phase post-analytique
1.10.3.1. Interprétation des résultats des hémogrammes
1.10.3.2. Interprétation des médullogrammes
2. Résultats
2.1.Résultats généraux
2.2.Eosinophilie sanguine
2.2.1. Répartition des éosinophilies sanguine selon l’âge et le genre
2.2.2. Analyses univariées de la répartition des éosinophilies sanguines selon les paramètres d’étude
2.2.2.1. Selon les tranches d’âge
2.2.2.2.Selon les services demandeurs
2.2.2.3.Selon les renseignements cliniques
2.2.2.4.Selon le taux d’éosinophiles
2.2.3. Analyses bivariées de la répartion des éosinophilies sanguines en fonction des variables d’étude
2.2.3.1.Selon l’âge et les taux d’éosinophile
2.2.3.2.Selon le genre et le taux d’éosinophile
2.2.3.3.Selon les renseignements cliniques et les taux de PNE
2.2.4. Anomalies hématologiques associées aux éosinophilies
2.3.Eosinophilie médullaire
2.3.1. Résultats généraux
2.3.2. Analyses univariées des éosinophilies médullaires en fonction des paramètres d’étude
2.3.2.1.Selon les tranches d’âges
2.3.2.2.Selon les services demandeurs
2.3.2.3.Selon les renseignements cliniques
2.3.2.4.Selon le pourcentage de la lignée éosinophile médullaire
2.3.2.5.Selon les résultats des médullogrammes
2.3.3. Analyses bivariées de la répartition des éosinophilies médullaires selon les paramètres d’étude
2.3.3.1.Selon les renseignements cliniques et les pourcentages des éosinophiles médullaires
2.3.3.2.Selon les résultats des médullogrammes et les valeurs des éosinophilies
2.3.3.3.Selon les résultats des médullogrammes et la présence d’éosinophilie sanguine
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
1. Considérations générales sur les éosinophilies
2. Eosinophilie sanguine
2.1.Aspects démographiques des éosinophilies sanguines
2.1.1. Fréquence des éosinophilies sanguines
2.1.2. Eosinophilie sanguine et genre
2.1.3. Eosinophilie sanguine et âge
2.2.Aspects cliniques
2.2.1. Circonstances de découverte des éosinophilies sanguines
2.2.2. Aspects étiologiques des éosinophilies
2.2.2.1.Eosinophilie et Parasitoses
2.2.2.2.Causes allergiques et réactionnelles
2.3.Aspects biologiques
2.3.1. Taux d’éosinophile
2.3.2. Autres perturbations hématologiques
3. Eosinophilie médullaire
3.1.Aspects démographiques
3.1.1. Fréquence
3.1.2. Eosinophilie médullaire et genre
3.1.3. Eosinophilie médullaire et âge
3.2.Aspects cliniques des éosinophilies médullaires
3.2.1. Circonstances de découverte
3.2.2. Etiologies des éosinophilies médullaires
3.2.2.1.Eosinophilie médullaire et hémopathies aigues et chroniques
3.2.2.2.Eosinophilie médullaire et hyperplasie médullaire
3.2.2.3.Eosinophilie médullaire et plasmocytose médullaire
3.2.2.4.Eosinophilie médullaire et métastases
3.2.2.5.Eosinophilie médullaire et syndrome d’activation macrophagique
3.2.2.6.Eosinophilie médullaire isolée
3.3.Aspects biologiques des éosinophilies médullaires
3.3.1. Taux d’éosinophile
3.3.2. Les anomalies associées
SUGGESTIONS
CONCLUSION

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